8 SEPTEMBRE 1914
I)
« Un
prêtre Allemand, blessé et fait prisonnier à la bataille de la
Marne, est mort dans une ambulance Française où se trouvent des
religieuses. Il leur a dit : « Comme soldat, je devrais garder
le silence, comme prêtre, je crois devoir dire ce que j’ai vu :
Pendant la bataille, nous étions surpris d’être refoulés car
nous étions légion comparés aux Français, et nous comptions bien
arriver à Paris. Mais nous vîmes la Sainte Vierge toute habillée
de blanc, avec une ceinture bleue, inclinée vers Paris… Elle nous
tournait le dos et, de la main droite, semblait nous repousser. »
Un
officier allemand : « Si j'étais sur le front, je serais
fusillé, car défense a été faite de raconter, sous peine de mort
ce que je vais vous dire : vous avez été étonnés de notre recul
si subit quand nous sommes arrivés aux portes de Paris. Nous n'avons
pas pu aller plus loin, une Vierge se tenait devant nous, les bras
étendus, nous poussant chaque fois que nous avions l'ordre
d'avancer. Pendant plusieurs jours nous ne savions pas si c'était
une de vos saintes nationales, Geneviève ou Jeanne d'Arc. Après,
nous avons compris que c'était la Sainte Vierge qui nous clouait sur
place... Le 8 septembre, Elle nous repoussa avec tant de force, que
tous, comme un seul homme, nous nous sommes enfuis. Ce que je vous
dis, vous l'entendrez sans doute redire plus tard, car nous sommes
peut-être 100.000 hommes qui l'avons vue. »
Deux
officiers allemands blessés sont accompagnés par une infirmière.
Entrés à l’hôpital, ils aperçoivent une statue de la Vierge de
Lourdes et l’un d’eux s’écrie : « Die Frau von der Marne ! »
(Oh ! La Vierge de la Marne !). Son compagnon lui désigna
l’infirmière afin qu’il se taise car elle les écoutait. Elle
tenta vainement de les faire parler. »
« Le
8 septembre 1914, à 10 heures du matin, à l'intérieur de la
chapelle Notre-Dame des Armées, 4 impasse des
Gendarmes, à Versailles, la Mère de Dieu apparaît
soudainement à Marcelle Lanchon, 23 ans à l'époque, future
religieuse (sœur Marie-France). L'apparition lui donne le
message suivant, en locution : « Si, en union avec mon
divin Fils, j'aime toutes les nations qu'il a rachetées de son Sang,
vois comme je chéris particulièrement ta chère patrie. Mon Fils
désire que l'on fasse des images et des statues me représentant
ainsi, et qu'on m'invoque sous le vocable de Reine de France. Si
l'on répond à ce nouveau désir de son divin Cœur, la France
redeviendra tout particulièrement mienne. Je la prendrai à jamais
sous ma maternelle protection et mon Fils se plaira à répandre sur
elle d'abondantes bénédictions. » Puis elle se mit à prier
Jésus-Christ : « Mon Fils, pardonnez-lui, elle vous aime
toujours puisqu'elle n'a jamais cessé de m'aimer. » Au cours
de cette même journée du 8 septembre, la Vierge apparaît une
seconde fois « environnée de nuages ». Ses pieds
semblent posés sur la moitié d'un globe terrestre ; le mot
« France » est inscrit sur la gauche de cette vision.
Elle est vêtue d'un manteau bleu, fleurdelysé, bordé
d'hermine blanche, les mains jointes. Subitement, elle ouvre son
manteau, découvrant une robe blanche et une ceinture bleue retombant
en écharpe tricolore...
Le 8 septembre 1914, est aussi le jour où eut lieu ce que l'on a appelé « le miracle de la Marne » (Première bataille de la Marne où le Maréchal Foch donna à chacun de ses soldats une image du Cœur de Jésus à porter sur eux), pendant la Grande Guerre : les Allemands étaient arrêtés aux portes de Paris... » Ces paragraphes sont empruntés à une de mes amies que je remercie MNC.
Le 8 septembre 1914, est aussi le jour où eut lieu ce que l'on a appelé « le miracle de la Marne » (Première bataille de la Marne où le Maréchal Foch donna à chacun de ses soldats une image du Cœur de Jésus à porter sur eux), pendant la Grande Guerre : les Allemands étaient arrêtés aux portes de Paris... » Ces paragraphes sont empruntés à une de mes amies que je remercie MNC.
II)
Plus
à l'Est, Joffre retire le 15e C.A. de la 2e Armée pour l'intercaler
entre la 3e et la 4e Armée.
La 23e I.D. Allemande avance en direction du Meix -Tiercelin, soutenu par le 19e A.K. vers Humbauville.... Et c'est pourquoi les opérations du 2e corps sont, à partir de ce moment, étroitement solidaires de celles de l'armée Sarrail...
La 23e I.D. Allemande avance en direction du Meix -Tiercelin, soutenu par le 19e A.K. vers Humbauville.... Et c'est pourquoi les opérations du 2e corps sont, à partir de ce moment, étroitement solidaires de celles de l'armée Sarrail...
Le
2e corps de l'armée Langle de Cary au massif de Maurupt. Il faut
expliquer maintenant ce que l'ennemi prépare contre le point de
suture des 2 armées pour le 8 au matin.
« Si
une armée se défend sur l'Argonne, elle est menacée d'être
tournée à Revigny par un adversaire venant du sud, si elle se
défend sur la Marne, elle est menacée d'être tournée, au même
point, par un adversaire venant du nord. »
Le
général Gérard a ordonné à sa 4e division de se fortifier sur
l'excellente position de Maurupt-le-Montoy et de prendre, de là,
sous le feu de son artillerie, tout ce qui débouche au nord et au
sud de la voie ferrée. La 3e division (général Cordonnier) a prêté
le 72e d'infanterie à la 4e pour défendre Maurupt. Mais, dans la
nuit, le 18e bataillon de chasseurs a dû se replier à l'est de
Maurupt... Pargny est évacué... La plaine est laissée à l'ennemi.
Est-ce
la brèche qui s'ouvre ? Heureusement des éléments Français ont pu
s'arrêter et se consolider sur les premières rampes boisées.
Sur
un autre front … Première offensive du 15e Corps ces deux
Divisions (29e et 30e) sont maintenant complètement en position et
prennent l’offensive. Dès le matin, la 29e attaque à l’ouest de
Vassincourt vers Revigny. L’offensive est un échec et la division
reprend position au sud ouest de Vassincourt dans les bois de
Couvonges.
Dans
l’après midi, la 30e Division progresse dans la vallée de la
Saulx et se positionne devant Mognéville vers 23 heures. A l’est
de Vassincourt, le 5ème Corps est en difficulté sous des
bombardements puissants et doit céder du terrain en se repliant vers
Louppy-le-Petit et Lisle-en-Barrois.
Maurupt :
4h30
La
4e Cie rejoint le 1er bataillon qui occupe la lisière nord des
bâtiments de la tuilerie et de la carrière qui s’étend jusqu’au
Montoy. Pendant toute la matinée, violent bombardement qui cause des
pertes sensibles.
5h00...
La canonnade ennemie s’engage vers la gauche du C.A. et surtout vers le 17e C.A. Ce dernier doit tenir, pour permettre l'arrivée du 21e C.A, qui doit entrer en ligne vers 11 heures. Le 21e C.A. nouvellement constitué (1ère Armée), doit couvrir une brèche d'une vingtaine de kilomètres à l'Ouest (Mailly le Camp) vers la 9e Armée du Général Foch... L'artillerie Allemande continue à couvrir d'obus, la cote 201.... Le 50e R.I. s'installe sur la cote 184, à 500 mètres d'Humbauville, il est lié au 63e et 138 R.I. vers la cote 194 (Nord-Ouest d'Humbauville).
La canonnade ennemie s’engage vers la gauche du C.A. et surtout vers le 17e C.A. Ce dernier doit tenir, pour permettre l'arrivée du 21e C.A, qui doit entrer en ligne vers 11 heures. Le 21e C.A. nouvellement constitué (1ère Armée), doit couvrir une brèche d'une vingtaine de kilomètres à l'Ouest (Mailly le Camp) vers la 9e Armée du Général Foch... L'artillerie Allemande continue à couvrir d'obus, la cote 201.... Le 50e R.I. s'installe sur la cote 184, à 500 mètres d'Humbauville, il est lié au 63e et 138 R.I. vers la cote 194 (Nord-Ouest d'Humbauville).
5h35
Les A.P. du Btn du 78e qui tient la cote 130 (Sud-Ouest de Courdemanges), sont très vivement attaqués dès 4 heures et bousculés. Le Bataillon lui même est refoulé. Pour réoccuper cette importante position, le Général de Brigade ordonne à un Bataillon du 107e d’attaquer dans la direction générale de la cote 130.
Les A.P. du Btn du 78e qui tient la cote 130 (Sud-Ouest de Courdemanges), sont très vivement attaqués dès 4 heures et bousculés. Le Bataillon lui même est refoulé. Pour réoccuper cette importante position, le Général de Brigade ordonne à un Bataillon du 107e d’attaquer dans la direction générale de la cote 130.
5h40
Le 108e est violemment attaqué sur tout son front. Il tient toujours dans Courdemanges, néanmoins ordre est donné au 126e R.I. de se porter vers la cote 130 (1 km Sud-Ouest du Château de Beaucamp), et de faire soutenir d’abord par un Btn la gauche de la première ligne. Le 100e R.I. est porté à hauteur de « Les Rivières » et maintenu à la disposition du Général de Division.
Le 108e est violemment attaqué sur tout son front. Il tient toujours dans Courdemanges, néanmoins ordre est donné au 126e R.I. de se porter vers la cote 130 (1 km Sud-Ouest du Château de Beaucamp), et de faire soutenir d’abord par un Btn la gauche de la première ligne. Le 100e R.I. est porté à hauteur de « Les Rivières » et maintenu à la disposition du Général de Division.
6h15
Le Colonel Cdt la 47e Brigade fait savoir du Château de Beaucamp que le 108e étant fortement engagé, 2 Cies du 107e lui sont envoyés pour soutenir son action... Le 107e ayant déjà une Cie dans le Château de Beaucamp, il ne reste plus au Général de Brigade que 5 Cies disponibles. Le Général Cdt la 47e Brigade juge la situation sur le front sérieuse... L’artillerie ennemie en particulier tire avec une violence extrême.
Le Colonel Cdt la 47e Brigade fait savoir du Château de Beaucamp que le 108e étant fortement engagé, 2 Cies du 107e lui sont envoyés pour soutenir son action... Le 107e ayant déjà une Cie dans le Château de Beaucamp, il ne reste plus au Général de Brigade que 5 Cies disponibles. Le Général Cdt la 47e Brigade juge la situation sur le front sérieuse... L’artillerie ennemie en particulier tire avec une violence extrême.
7h30
Maurupt
est attaqué. Mais Gérard n'a pas que cet unique souci. Au même
moment la poussée Allemande pèse sur son centre dans la région
d'Écriennes - Favresse et menace de prendre la route nationale à
Thiéblemont - Farémont pour tourner, plus à l'ouest encore, le
massif de Maurupt. On n'a que le temps de jeter la 7e brigade en
travers de l'avance ennemie : Mais, partout, ce sont des régiments
ou des brigades qui tiennent tête à des divisions, un corps contre
trois !...
7h40
Un aviateur est envoyé en reconnaissance pour situer exactement les positions des batteries Allemandes. La cote 130 (Sud-Ouest de Courdemanges) n’a pu être enlevé et le 108e dans Courdemanges est obligé de céder... Un Btn du 107e a dû être envoyé à son secours... Le Colonel Cdt la 47e Brigade attend l’arrivée du 126e pour s’efforcer de reprendre la cote 130 et Courdemanges.
Un aviateur est envoyé en reconnaissance pour situer exactement les positions des batteries Allemandes. La cote 130 (Sud-Ouest de Courdemanges) n’a pu être enlevé et le 108e dans Courdemanges est obligé de céder... Un Btn du 107e a dû être envoyé à son secours... Le Colonel Cdt la 47e Brigade attend l’arrivée du 126e pour s’efforcer de reprendre la cote 130 et Courdemanges.
8h00
A l'Est, le village d'Haussignemont est bombardé, un obus éclate sur le P.C. du 87e R.I, le Commandant Imard, les Capitaines Robardey, Lamy, et 8 soldats sont tués.
A l'Est, le village d'Haussignemont est bombardé, un obus éclate sur le P.C. du 87e R.I, le Commandant Imard, les Capitaines Robardey, Lamy, et 8 soldats sont tués.
9h30
Nouvelles
de Maurupt. Le village a subi une très violente attaque, le massif
menacé par l'ouest, l'est encore plus par l'Est.
Si
le 5e corps (de l'armée Sarrail) pouvait prendre de flanc l'ennemi,
ou mieux encore, si le 15e corps arrivait et secondait l'effort
héroïque imposé au 2e corps !
10h00
Le clocher de l'église de Maurupt tombe sous les obus Allemands. Le village subit un bombardement intense.
Le clocher de l'église de Maurupt tombe sous les obus Allemands. Le village subit un bombardement intense.
10h20
Le
Général Cdt l’Armée est venu en personne pour affirmer
l’inéluctable nécessité de tenir mordicus sur les positions
assignées ce matin. C’est aujourd’hui la lutte d’usure. Des
armées Allemandes attaquent sur tout le front. A tout prix ce front
doit demeurer inviolable. On se fera tuer sur place plutôt que de
reculer d’un pied. La manœuvre offensive préparée par le Cdt de
l’armée ne pourra s’exécuter que si le front demeure fortement
tenu. Chaque soldat devra être prévenu de la grandeur de la mission
qui lui est confiée et savoir que le sort du pays sera décidé dans
la bataille engagée depuis deux jours. Le Général a pleine
confiance dans l’énergie de chacun pour repousser tous les assauts
qui pourront être livrés, et gagner la victoire. » Signé :
Descoings...Au même moment le général von Tscheppe s'exprimait :
« Le but poursuivi par nos marches longues et pénibles, est
atteint. Les principales forces Françaises ont dû accepter le
combat, après s'être continuellement repliées. La grande décision
est indiscutablement proche, demain, la totalité des forces de
l'armée Allemande...devront être engagées sur toute la ligne de
Paris à Verdun ! »
10h50
L'artillerie Française couvre d'obus la cote 208 (Nord de la Certine), qui est aussitôt évacuée par l'infanterie Allemande, néanmoins celle-ci gagne du terrain par le ravin boisé entre ces deux côtes (201 et 208). Le 7e R.I. se replie sur les fermes Mont-Torlor et Grandes-Perthes.
Au même instant, un obus percute un arbre près du Commandant du régiment. Un éclat arrache le bras du Lieutenant de Castelnau, puis ricoche et emporte la tête d’un sergent. Le Lieutenant mourra un peu plus tard à la Ferme des Grandes-Perthes. Lieutenant de Castelnau, fils du Général.
L'artillerie Française couvre d'obus la cote 208 (Nord de la Certine), qui est aussitôt évacuée par l'infanterie Allemande, néanmoins celle-ci gagne du terrain par le ravin boisé entre ces deux côtes (201 et 208). Le 7e R.I. se replie sur les fermes Mont-Torlor et Grandes-Perthes.
Au même instant, un obus percute un arbre près du Commandant du régiment. Un éclat arrache le bras du Lieutenant de Castelnau, puis ricoche et emporte la tête d’un sergent. Le Lieutenant mourra un peu plus tard à la Ferme des Grandes-Perthes. Lieutenant de Castelnau, fils du Général.
11h00
Des
obus arrivent de la droite prenant la position en enfilade le
commandant Baumel donne l’ordre d’évacuer la tuilerie et de se
rassembler au sud de Maurupt à la lisière du bois. Le mouvement
s’opère sous un bombardement intense et le bataillon est à peine
rassemblé que l’ordre d’occuper Maurupt est à nouveau donné.
Les 3 premières Cies sont envoyées à l’est du village, la 4e Cie
se dirige sur Montoy d’où elle chasse quelques patrouilles
ennemies.
11h40
Les avions partent de nouveau en reconnaissance vers Huiron et la voie ferrée jusqu’au tunnel. La Compagnie du Génie organise les environs de la Ferme des Perthes et la bande boisée au Nord-Est jusqu’à l’Étang des Herbins.
Les avions partent de nouveau en reconnaissance vers Huiron et la voie ferrée jusqu’au tunnel. La Compagnie du Génie organise les environs de la Ferme des Perthes et la bande boisée au Nord-Est jusqu’à l’Étang des Herbins.
11h45
Les attaques de la 47e Brigade dirigées sur 130 Courdemanges, et 153 Mont-Moret, n’ont pu progresser et nos troupes se maintiennent avec peine à la lisière Nord de Châtel-Raould où nous ne disposons plus de réserve, le dernier Btn du 126e devant être lancé vers la cote 153 sur lequel l’infanterie Allemande progresse et menace notre artillerie. L’attaque de l’ennemi est des plus violente.
Les attaques de la 47e Brigade dirigées sur 130 Courdemanges, et 153 Mont-Moret, n’ont pu progresser et nos troupes se maintiennent avec peine à la lisière Nord de Châtel-Raould où nous ne disposons plus de réserve, le dernier Btn du 126e devant être lancé vers la cote 153 sur lequel l’infanterie Allemande progresse et menace notre artillerie. L’attaque de l’ennemi est des plus violente.
12h00
« Nous
tenons encore le village » mais le 72e n'est plus sur les
lieux... L'ennemi a occupé les pentes de la colline... La 5e brigade
va reprendre le terrain perdu... A ce moment, on reçoit une missive
du grand quartier général : « L'ennemi, qui a dû retirer ses
armées de droite devant nos armées de gauche, porte, aujourd'hui,
un effort désespéré sur la 4e armée.
Toutes
ses forces paraissent engagées... Donc, la 4e armée doit tenir à
tout prix jusqu'à ce que l'effort décisif puisse être produit à
la gauche même de cette armée... « Rien n'est clair. Le 2e
corps a le plus lourd de la charge et de la responsabilité. S'il se
laisse enfoncer, la partie, gagnée ailleurs, peut encore être
perdue ici. La journée s'avance, les renforts n'arrivent pas. Et
voici que des bruits fâcheux commencent à circuler : L'ennemi, à
droite, a atteint Vassincourt... Au Maurupt, la retraite du 72e a
provoqué un fléchissement général....
12h45
Le Général Cdt le C.A. dirige le 300e vers la cote 178 (800m Nord des Grandes Perthes), pour soutenir le 17e C.A. qui est très vivement attaqué, la 33e Div. résiste, mais la 34e Div. cède dans les bois au Sud de la ferme de la Certine. Le 326e est mis à la disposition du Colonel Cdt la 47e Bde, est porté de Les Rivières vers le Nord-Ouest pour coopérer à l’attaque dirigé sur 153 Mont-Moret (Sud-Est Courdemanges) Vers l'Est, le 72e R.I. charge à la baïonnette les Allemands installés dans le village de Maurupt.
Le Général Cdt le C.A. dirige le 300e vers la cote 178 (800m Nord des Grandes Perthes), pour soutenir le 17e C.A. qui est très vivement attaqué, la 33e Div. résiste, mais la 34e Div. cède dans les bois au Sud de la ferme de la Certine. Le 326e est mis à la disposition du Colonel Cdt la 47e Bde, est porté de Les Rivières vers le Nord-Ouest pour coopérer à l’attaque dirigé sur 153 Mont-Moret (Sud-Est Courdemanges) Vers l'Est, le 72e R.I. charge à la baïonnette les Allemands installés dans le village de Maurupt.
3h30
La
fortune tourne : l'attaque de la 5e brigade a réussi, la retraite
est enrayée, les positions perdues sont réoccupées...
13h40
Un ballon Allemand plane depuis 1 heure à une dizaine de kilomètres de la ferme de « La Certine ».
Un ballon Allemand plane depuis 1 heure à une dizaine de kilomètres de la ferme de « La Certine ».
14h00
Beaucoup plus à l'Est, le 120e R.I. est attaqué à la lisière des bois face à Sermaize. Il se replie en direction de « La Colotte » et demande au 6e Hussard, stationné à Trois-Fontaine, de le soutenir.
Beaucoup plus à l'Est, le 120e R.I. est attaqué à la lisière des bois face à Sermaize. Il se replie en direction de « La Colotte » et demande au 6e Hussard, stationné à Trois-Fontaine, de le soutenir.
15h00
Le retour offensif sur la cote 153 (Mont Moret) organisé par la 6e Bde Coloniale a échoué, car l’intervention du 326e n’a pas été attendue.
Le récit de l'agent de liaison Barethie apporte quelques précisions sur l'intervention du 326e R.I.
Le retour offensif sur la cote 153 (Mont Moret) organisé par la 6e Bde Coloniale a échoué, car l’intervention du 326e n’a pas été attendue.
Le récit de l'agent de liaison Barethie apporte quelques précisions sur l'intervention du 326e R.I.
16h00
Un
détachement envoyée sur Maurupt ne revient pas... Le soir la Cie
dans l’impossibilité de rester à Montoy violemment bombardé, se
reporte à la lisière du bois et rejoint le bataillon au sud est de
Maurupt vers 22heures... Le commandant Muzart du bataillon est tué
pendant l’attaque du Montoy... Le 2e bataillon occupe ses positions
de la veille quand au matin, l’ennemi débouche en force d’Etrepy
et oblige la 8e Cie qui aurait repris Pargny, à se replier sur son
ancienne position... Bientôt le 1er BCP rétrograde si nettement et
sans que le régiment en soit prévenu, que la droite du 2e bataillon
est entièrement débordée, dans la tranchée de droite de la 7e
Cie, les hommes tirent fort en arrière tuant ainsi beaucoup de monde
chez l’ennemi qui s’avance à découvert en lignes suivis de
fractions par quatre ( ?)... Le commandant du bataillon donne l’ordre
de repli, le mouvement se fait sous un bombardement violent et le
bataillon se reforme à la lisière nord du bois de Maurupt. Bientôt
l’ordre de reprendre Maurupt arrive et les 5 et 7e Cie en sont
chargées de concert avec les Cies du 1er bataillon... Maurupt est
repris et dépassé avant que l’ennemi puisse s’y installer. Les
deux autres Cies du bataillon rejoignent par sections mais on ne peut
enlever la tuilerie que d’ailleurs l’ennemi évacue dans la nuit.
Les pertes du bataillon sont très sensibles...
16h15
L’attaque du 126e R.I. sur la cote 153 commence à se faire sentir. Celle du 326e R.I. bien appuyée par 2 groupes d’Artillerie, un du 12e C.A., et un du C.C. progresse également, et à la chute du jour vers 18 heures, la cote 153 est enlevée. La position est couverte de cadavres Allemands témoignant de l’énergie avec laquelle l’ennemi s’est défendu, 3 mitrailleuses lui sont enlevées.
L’attaque du 126e R.I. sur la cote 153 commence à se faire sentir. Celle du 326e R.I. bien appuyée par 2 groupes d’Artillerie, un du 12e C.A., et un du C.C. progresse également, et à la chute du jour vers 18 heures, la cote 153 est enlevée. La position est couverte de cadavres Allemands témoignant de l’énergie avec laquelle l’ennemi s’est défendu, 3 mitrailleuses lui sont enlevées.
19h00
Le 50e R.I. est attaqué dans le village d'Humbauville. La journée a été extrêmement dure...
Le 50e R.I. est attaqué dans le village d'Humbauville. La journée a été extrêmement dure...
A
la fin de la journée du 8, le général Gérard résume cette
terrible lutte dans le rapport adressé au général de Langle de
Cary :
« Le
corps tient toujours sur tout le front. Mais les troupes du Maurupt
sont à l'extrême limite de la résistance... D'autre part, une
colonne ennemie se serait glissée, par la vallée de la Saulx, à
l'est de Cheminon, menaçant la droite du 2e corps d'armée... Le
général Gérard demande avec instance l'intervention immédiate du
15e corps d'armée ( « Après avoir causé avec le général,
je me rendis auprès des batteries installées à proximité du
village de Maurupt-le-Montoy)... Ce n'est pas dans les batteries que
l'on court le plus de dangers. Je ne crois pas avoir perdu, pendant
la bataille, plus de deux officiers aux batteries... En revanche, un
seul coup de canon tuait, dans une maison en arrière, le colonel
Aubry, du 29e régiment, qui venait de montrer depuis 15 jours des
qualités militaires hors ligne, ainsi que son adjoint le capitaine
Armand, officier de premier ordre... Cependant nos troupes cèdent
peu à peu le terrain... Blesmes, Sermaize ont été enlevés par les
Allemands, mais nous tenions toujours ferme sur les hauteurs qui
dominent l'Ornain. Général BON...
...Billets
d'un mutilé... Les journées de la Marne. Le général L... fut
blessé par le même obus. V.-R. Deville, Carnet de route d'un
artilleur, p. 112. ). Avec ses effectifs réduits, ses régiments
disloqués, sa lutte aveugle dans les bois, il n'était pas fier....
Il l'eût été s'il eût pu apprécier la grandeur du service que,
en tenant au Maurupt, le 2e corps venait de rendre au pays... »
III)
Le
duc de Wurtemberg pèse de tout son poids sur cette articulation de
la bataille. Son 8e corps a été entraîné, il est vrai, dans le
courant de l'offensive de von Hausen, et il combat autour de
Vitry-le-François. Mais déjà son 8e corps de réserve a la face
tournés vers l'est selon la direction de la « progression
inébranlable » sur la Haute-Moselle, et son 18e corps de
réserve y sont lancés en plein, pressant ainsi obliquement sur le
corps Gérard. Écrasé sous le nombre, celui-ci a dû céder à
Sermaize et se replier dans le massif de Maurupt et dans les bois qui
couronnent les dernières collines protégeant Bar-le-Duc... Sermaize
perdu, c'est Revigny tourné et Bar-le-Duc en immédiat danger.
Wurtemberg est résolu à frapper à coups redoublés, le 8 au matin.
D'ailleurs,
le kronprinz fait dire qu'il n'est plus en mesure de progresser et
« qu'il attend d'abord l'avance de la 4e armée ». La
journée du 8 va donc être ici aussi, la journée critique...
A
4 heures du matin, le duc de Wurtemberg lance tous ses éléments
disponibles du 18e de réserve (général von Steuben) à l'assaut de
cette position. En fait, c'est ce corps et le 18e corps actif
(général von Schenck) qui ont le rôle décisif, le 8e corps de
réserve (général von Egloffstein), plus à l'ouest, se porte sur
Thiéblemont - Farémont. Nous rappelons que le 8e corps, formant la
droite du duc de Wurtemberg, est accroché à la fortune de l'armée
von Hausen et lutte face au sud-ouest, très mal en point d'ailleurs,
et ayant affaire au corps colonial et au 12e corps Français.
Voici
donc 3 corps d'armée du duc de Wurtemberg qui, secondant l'armée du
kronprinz, poussent obliquement sur le 2e corps Français avec le
dessein de tourner Revigny au sud et de forcer la route de
Reménécourt – Mognéville - Vassincourt, sur Bar-le-Duc... Et
n'oublions pas qu'au même moment, le kronprinz attaque droit en
direction nord-sud de Laimont à Vassincourt. Ainsi, tous les corps
Allemands convergent et enfoncent un épieu formidable au point des
forces Françaises qui ont commencé à plier... L'Ornain est
franchi... Le canal de la Marne au Rhin est franchi.
L'ennemi
va paraître, de partout, sur les hauteurs qui entourent Bar. Du fond
de la plaine de Fains, quand on imagine l'apparition des forces
Allemandes sur toute la circonférence du cirque, on peut considérer
Bar-le-Duc comme perdu...
Sur
le champ de bataille, à 4 heures du matin, l'aube d'une journée
pluvieuse et chaude se lève, grise et triste. On se bat depuis 2
jours, la troupe est épuisée, un peu découragée aussi parce
qu'elle ne voit pas d'issue et qu'elle sent l'ennemi supérieur en
nombre et débordant de partout. Gérard a demandé de l'appui à
droite et à gauche... Mais toutes les forces sont engagées, aucune
n'est disponible. Un seul rayon de lumière dans cette matinée
obscure : le haut commandement a promis, pour le cours de la journée,
l'intervention du 15e corps, qui arrive de l'armée Castelnau. Le 18e
bataillon de chasseurs s'étant replié pendant la nuit à l'est de
Maurupt, Pargny ayant été évacué et la ligne du chemin de fer
forcée, le général Gérard a donné l'ordre à la 4e division de
tenir Maurupt à tout prix... Maurupt, c'est l'entrée du massif,
c'est la maîtrise sur la vallée, c'est le verrou qui doit fermer la
porte devant la manœuvre Allemande s'efforçant de tourner
Bar-le-Duc. « Il est inadmissible, dit l'ordre du général
Gérard, que ce point d'appui, étant donnée sa force naturelle, ne
puisse tenir avec deux bataillons de chasseurs, un bataillon du 128e
et les deux groupes d'artillerie de la division.
Le
général se tiendra en personne sur les lieux, si Maurupt est
évacué, il le reprendra coûte que coûte. Un régiment de la 3e
division, le 72e, est maintenu provisoirement à Maurupt. « Ces
instructions révèlent un sens tactique très sûr, nous savons, en
effet, d'autre part, que, du mouvement tournant ordonné au duc de
Wurtemberg, dépend le succès de la manœuvre du kronprinz.
Sur
le reste le 8e corps de réserve, après avoir franchi la voie ferrée
à Blesmes, n'a plus rien fait : Il a échoué nettement devant
Favresse et a perdu beaucoup de monde sans oser même s'en prendre au
village. Nous avons un tableau extrêmement expressif de cette
journée dans un carnet de route allemand : « Mardi 8
Septembre.
5h45
Les
canons nous donnent le bonjour (à la ferme de Tournay, à proximité
de la voie ferrée et de Reims-la-Brûlée). Le bataillon se poste en
avant par-dessus la voie et la route, la compagnie se déploie vers
les hauteurs. Ma section (15e division de réserve du 8e corps de
réserve) passe devant la compagnie de mitrailleuses n° 30. Sur nous
sifflent les balles venant de gauche.
21h30
L'attaque
de l'ennemi cesse. Le Général von Hausen précise « l’aile
gauche du 19 A.K. est contrainte de renoncer à sa marche sur
Chatelraould, en raison de pertes considérables, et se trouve
réduite à résister dans Courdemanges ». Dans la nuit le 19e A.K.
envisage de s’emparer des batteries Françaises établies au
village les Rivières-Henruel. Le 8e A.K. précise que ce plan ne
sera pas possible, compte tenu de l’éloignement de ces batteries
(4 Km). Le plan est abandonné.
A
leur point de vue, les Allemands peuvent se croire en bonne voie. Le
18e corps de réserve est entré à Mognéville et ce n'est qu'à la
fin de la journée qu'il y a trouvé les chasseurs le 112e
d'infanterie appartenant au 15e corps qui arrive... Une
contre-attaque de la 29e division Française a été bousculée à
Vassincourt et rejetée dans les faubourgs de Bar-le-Duc jusqu'à
Robert-Espagne et Véel, la plaine de Fains est menacée... En même
temps, le 18e corps Allemand a occupé Maurupt-le-Montoy (115e) et
s'est glissé à Cheminon-la-Ville (118e)...
Deux
avions Allemands explorent toute la position ennemie. Nous essuyons
un feu terrible d'artillerie, des obus à balles. Les hommes prient
tout haut. La 3e section se retire, le régiment n° 30 a beaucoup de
pertes et nous arrive par bonds. Je n'entends plus de l'oreille
gauche. Je ne peux plus penser, mais tiens ferme mon chapelet,
j'essaie de prier et je suis hors de sens. Les nerfs me refusent le
service, je ne puis plus bouger. C'est ainsi que nous passons toute
la journée, la nuit, nous nous retranchons plus loin et recevons du
riz. Mon estomac n'est plus en ordre, je souffre ( Journal de
campagne d'un officier Rhénan, communiqué par M. de Dampierre. ). »
Le
8e corps, fait la jonction avec l'armée von Hausen qui est engagé
dans les combats livrés par celle-ci pour Vitry-le-François et la
trouée de Mailly, nous avons dit sa situation le 8 au soir. Elle n'a
rien de reluisant. Il avait eu toutes les peines du monde à
déboucher sur le terrain... Dans l'ensemble, Wurtemberg continue à
se déclarer satisfait... Ses succés en direction de Revigny,
Bar-le-Duc, c'est-à-dire dans la direction principale, entretiennent
ses espérances. Mais s'il a vu les choses dans leur réalité, il a
trouvé plutôt des raisons de s'inquiéter. Attaquant avec 3 corps
le seul 2e corps du général Gérard, il l'a fait plier, oui, mais,
sur aucun point, il ne l'a enfoncé... Ses troupes ont à peine
franchi la voie ferrée et si elles ont débordé de quelques
kilomètres à l'est, le massif de Maurupt n'a pas cédé, et c'est
un pieu solide où s'accroche la défense Française... Et le
kronprinz, qui compte sur l'avance du duc de Wurtemberg pour avancer
de son côté !... Et la fameuse manœuvre de la « progression
inébranlable » qui dépend de ce même mouvement ! On
progresse, mais si peu ! Et le but est si loin ! Succès à l'est
avec, comme partout, échec à l'ouest... Mais quoi ! on est engagé,
il faut aller jusqu'au bout. L'adversaire parait à bout de souffle,
le 9, on occupera Bar-le-Duc, alors, on aura le terrain libre devant
soi. En route pour les 80 kilomètres ! Tous les espoirs se
reportaient donc sur la journée du 9...
IV)
Sarrail,
qui combat sur un front de près de 70 kilomètres, est loin d'avoir
la force nécessaire pour enserrer l'ennemi. C'est lui qui, au
contraire, est menacé d'encerclement. Le danger est double pour son
armée : Ou d'être coupée de Verdun, ou que la trouée de Revigny
livre passage aux armées du kronprinz et du duc de Wurtemberg et la
rejette elle-même vers le nord. Appuyé sur l'Argonne, Sarrail a,
sans doute, une grande force puisqu'il tient les terres hautes, mais,
derrière l'Argonne, la Woëvre commence à livrer passage à des
colonnes ennemies et, si celles-ci suivent le Rupt de Mad, elles
peuvent venir jusqu'à Saint-Mihiel prendre à revers la pointe
méridionale du croissant... Selon les vues du grand quartier
général, le véritable péril est là pour Sarrail. A la rigueur,
on pourrait relâcher les contacts avec la place de Verdun qui, bien
munie et bien commandée, est en force pour se défendre. Mais, à
tout prix, il faut les maintenir au-dessus de la trouée de Revigny
avec l'armée de Langle de Cary et le 2e corps (Gérard). Sur ce
point, d'ailleurs, les ordres du général en chef sont formels...
« Ordre
n° 4180, 7 septembre : La 3e armée ne doit pas se laisser couper de
la 4e, mais se tenir en liaison avec la droite de cette armée qui,
elle-même, assure la liaison avec la droite de la 9e armée. »
« Ordre
n° 4375, 8 septembre, 20 heures : La 3e armée ne doit pas se
laisser couper de la 4e armée. Cette prescription est essentielle.
Elle est donc autorisée à replier sa droite au besoin. »
Ces
derniers mots indiquent que, si c'est nécessaire, la 3e armée peut
rester au besoin sans liaison étroite avec le camp retranché de
Verdun. C'est le fameux ordre tant discuté comme une volonté
manifeste « d'abandonner Verdun ». Il s'agit, de toute
évidence, d'une disposition momentanée ou, plus exactement, d'une
simple éventualité...
Avant
tout, ce qui importe, pour s'opposer au rôle que le plan de Moltke
assigne à l'armée du kronprinz, c'est de ne pas laisser celle-ci
arriver à Bar-le-Duc...
« Ordre
n° 4366 : La 3e armée est avisée de l'envoi par la 2e armée à
Commercy d'une brigade tirée de Toul et destinée à opérer contre
les forces ennemies signalées en Woëvre. »
Tout
compte fait, Sarrail voit sa force se consolider peu à peu... Le
kronprinz est résolu à en finir tout de suite, de concert avec
l'armée du duc de Wurtemberg. Il sait qu'il n'a plus une minute à
perdre. A cette date du 8 au matin, la grande bataille est arrivée à
un point critique. Si l'on ne gagne pas Bar-le-Duc, ce jour même, la
manœuvre de la « progression inébranlable » échouera,
il sera trop tard, sans doute, pour y revenir les jours suivants...
Ce
coin de la grande bataille de la Marne présente un caractère
spécial : Il s'agit du rôle respectif des armées de campagne
agissant à proximité des places fortes, et des places fortes
appuyant les armées de campagne. Le kronprinz ayant négligé Verdun
file vers le sud, comme von Kluck, négligeant Paris. Mais de même
que Paris a jeté Maunoury dans la bataille, de même Verdun y a jeté
les divisions de réserve qui combattent avec Sarrail...
La
différence consiste en ceci : von Kluck, comprenant de bonne heure
qu'il ne passera pas, s'est retourné contre Paris, tandis que le
kronprinz s'est attardé sur Bar-le-Duc... Il sera obligé de lâcher,
lui aussi, mais plus lentement, et il s'accrochera plus longtemps au
terrain... Finalement, Verdun comme Paris sera sauvé... Mais
l'Allemagne sera obligée d'y revenir, un jour ou l'autre... Verdun
deviendra le clou de la guerre... Avoir manqué Verdun sans avoir
gagné Paris, c'est, de toute évidence, la faute capitale du haut
commandement Allemand...
Pour
le moment, le kronprinz considère à peine Verdun, il ne voit qu'une
chose : filer vers le sud... Comment ne passerait-il pas ?... Il
occupe déjà Revigny et, pour franchir les quelques kilomètres qui
le séparent de Bar-le-Duc, il dispose, en somme, de 3 corps de
l'armée du duc de Wurtemberg (8e de réserve, 18e et 18e de
réserve), de la 4e division de cavalerie, de 4
corps
de sa propre armée (6e, 13e, 16e, 6e de réserve). Tout cela
s'engouffre, comme dans un entonnoir, par les routes venant de
Châlons, de Sainte-Menehould, de Varennes...
Sarrail
ne dispose, outre le 2e corps de l'armée de Langle de Cary qui
combat avec lui, que de deux corps actifs : 5e corps, 6e corps, et de
la 7e division de cavalerie, cependant le 15e corps arrive, en outre,
le groupe de divisions de réserves du général Pol Durand, retenu,
il est vrai, en partie pour la défense de Verdun, est aussi à sa
disposition... Mais, surtout, il a Verdun ! Verdun est une vigie
puissante qui, de partout, surveille la plaine et qui peut, à
l'heure opportune, agir de ses artilleries ou de sa garnison sur les
arrières ou le flanc de l'ennemi... Telle est la véritable mission
des places fortes. Au point de vue de l'art militaire, cette bataille
de l'Argonne est une leçon qu'il y a lieu de comprendre et d'étudier
avec soin...
Le
kronprinz, étroitement resserré dans le couloir entre Argonne et
Aisne, a échelonné ses corps les uns derrière les autres en
direction de Bar-le-Duc, et la place de Verdun a agi utilement sur
ses communications dans les journées du 6 et du 7. Quoiqu'il touche
au but, il ne l'a pas atteint. Mais il pense que, pour la journée du
8, avec l'intervention du duc de Wurtemberg, il passera... En tout
cas, pour plus de sûreté, il monte en même temps un autre projet.
Il s'agit de la fameuse surprise ménagée depuis longtemps par le
haut commandement Allemand...
En
vue de seconder l'offensive vers le sud, on a préparé une offensive
subsidiaire qui, débouchant dans le dos de Sarrail par la trouée de
Spada, forcera la Meuse à Saint-Mihiel et viendra jeter sa force
dans celle de l'armée du kronprinz, par Chauvoncourt et
Pierrefitte... Mais il faut aller au-devant de ce courant et lui
ouvrir la voie : le nouveau projet du kronprinz est donc de dédoubler
son offensive et de la porter, en partie, sur la Vaux-Marie -
Pierrefitte, pour, précisément, faire le chemin à ces forces
auxiliaires...
La
manœuvre du kronprinz sur l'Argonne pour cette journée difficile se
présente donc ainsi : Tandis que sa cavalerie (4e corps) et ses deux
corps de droite (le 6e et le 13e) appuyés sur l'armée du duc de
Wurtemberg, continuent la « progression inébranlable »
sur Bar-le-Duc, son corps de gauche, le 16e, fait un à-gauche dans
la direction de la Meuse vers la Vaux-Marie et
Rambercourt-aux-Pots... Cependant le 5e corps (von Strantz) arrivera
par la trouée de Spada, tentera de forcer les passages de la Meuse
au sud du fort de Troyon, réduisant l'obstacle que présente ce
fort, et menacera Verdun d'un complet encerclement... C'est mettre
beaucoup de fers au feu a la fois... De très bonne heure, le 8
septembre, l'armée du kronprinz cherche à percer entre le 5e et le
6e corps, c'est-à-dire entre Mussey et Fains... Le 15e corps va donc
porter son effort sur ce point, pour consolider toute cette partie du
front...Le général Herr a enfin obtenu ce qu'il demande avec tant
d'insistance, des batteries de 155 à tracteur qu'il installe
aussitôt au sud-ouest de la cote 309, et, en plus, 2 avions... Le
voilà donc en mesure de faire, à son tour, beaucoup de mal à
l'ennemi, avec ses avions, il a des yeux. Voici que le champ de
bataille ennemi s'illumine devant lui...
Au
moyen de ces avions, le général arrive à faire régler très
exactement le tir sur :
1°
des avant-trains et colonnes légères de munitions au sud de
Pretz-en-Argonne.
2°
une ligne de 12 batteries d'artillerie légère se trouvant le long
de la route de Sommaisne à Beauzée.
3°
5 batteries d'artillerie lourde dans le ravin au sud-ouest de
Pretz-en-Argonne.
4°
des batteries lourdes aux environs de « masse d'arbres »
(800 mètres au nord de Pretz),
5°
3 groupes de tranchées d'infanterie reconnues l'une vers la cote
285, une autre à mi-chemin entre Sommaisne et la station, la
troisième au sud de Beauzée... Quel cirque de feu installé ainsi
autour du 6e corps ! Mais maintenant on peut répondre et user de
l'avantage des hauteurs et de la situation centrale qu'occupe le 6e
corps...
4h00
une brigade du 5e corps, de concert avec la brigade Carbillet,
reprend Vassincourt. Le front du 5e corps s'étend alors de
Vassincourt à Lisle-en-Barrois, passant par Neuville-sous-Orne,
Bois-Bugné, Louppy, Villotte-sous-Louppy. Front extrêmement étendu
et qui a, en plus, la lourde tâche de couvrir Bar-le-Duc... II est
vrai que le corps se sent désormais étayé par le 15e corps qui,
peu à peu, se développe sur la ligne de front. A droite, la liaison
s'établit par la 17e brigade placée provisoirement sous les ordres
du 6e corps. Le kronprinz porte son effort maximum juste à cette
jonction. Tout est prêt pour le recevoir mais il a l'avantage de
l'initiative, et la supériorité du nombre.
6h00
Le
mouvement de l'ennemi se déclenche entre Contrisson et Vassincourt.
La 19e brigade abandonne Vassincourt et se replie sur Mussey.
Neuville-sous-Orne est perdu par le 46e régiment. Et voilà que le
15e corps, ignorant du terrain, paraît vouloir s'en tenir à
protéger définitivement la plaine devant Bar-le-Duc.
12h00
Il
commence à s'y fortifier et à s'y creuser des tranchées... C'est
alors que le général Sarrail, dans une vue claire de la situation,
prescrit au général d'Espinasse de prendre sous son commandement
toutes les troupes qui se trouvent sur la rive sud de l'Ornain et
d'attaquer droit au nord, avec toute sa 30e division, l'ennemi qui,
par un mouvement tournant, tente de sortir du bois des
Trois-Fontaines et de s'acheminer par le sud-ouest vers Bar-le-Duc.
13h00
Tir
avec les batteries à tracteur sur les colonnes de munitions, elles
se réfugient vers Pretz-en-Argonne, mais tombent sous le feu de
l'artillerie divisionnaire... Elles n'osent plus avancer (tant pis si
les munitions font défaut au front).
14h00
Le
général Sarrail a dirigé de ce côté une partie de sa 7e division
de cavalerie.
La
17e brigade se prépare à entrer en action par un tir puissant de
son artillerie. La 18e brigade est renforcée de deux batteries de
155, deux batteries d'artillerie de campagne du 15e corps, et enfin
appuyée par la 58e brigade (29e division du 15e corps).
15h00
La
contre-offensive générale a lieu : La 30e division (du 15e
corps) pousse ses avant-gardes à Mognéville, ses gros à Couvonges,
Beurey, Tremont, et garde la ligne de la Saulx.... Pendant toute la
journée, le 46e régiment a livré de violents combats dans la
région de Neuville-sous-Orne... 3 fois il est repoussé, 3 fois il
est ramené sur Vassincourt par son chef, le colonel Malleterre...
Malgré le feu violent de l'ennemi, il restera sur l'Ornain aux
approches de Vassincourt et gardera le débouché de Mussey... Sur le
reste du front, entre Neuville-sous-Orne et la ferme Sainte-Hoilde,
l'ennemi paraît figé : c'est que les événements de la gauche du
kronprinz se font sentir jusqu'ici...On commence à avoir le
sentiment que l'ennemi est contenu et qu'il ne passera pas... Mais il
faut faire plus, le repousser...Toutes les dispositions sont prises
méthodiquement pour en finir dans le cours de l'après-midi.
17h00
Le
feu est ouvert sur les batteries et la position ennemies de façon à
empêcher le tir de l'artillerie Allemande... Le feu diminue, bientôt
il s'éteint.
Nos
observateurs signalent que la ligne d'artillerie légère a été
encadrée, que plusieurs caissons ont sauté, que les batteries
lourdes ont leur terre-plein bouleversé... Malheureusement, il faut
se montrer très économes de munitions pour le 120 long.
Les
bons résultats sont dus à l'extrême précision du tir. Le général
Herr s'organise, pour le lendemain, de façon que les centres de
ravitaillement soient poussés plus près du front... En somme,
résultats excellents.
18h00
Ce
tir systématique, effectué sur le Bois-Petite et la Grande-Bouloie,
a mis hors de cause une batterie Allemande de 77 qui, établie au
nord de la ferme Sainte-Hoilde, laisse 6 canons sur le terrain. La
29e division (15e corps) déclenche alors l'offensive d'infanterie
sur Vassincourt où elle surprend les Allemands (11 heures du soir).
Elle en est repoussée quelque temps après, mais elle s'installe aux
portes du village, entre Mussey et Vassincourt : l'affaire est à
reprendre le lendemain... La ligne de bivouac des deux corps (15e et
5e) de ce côté Est, le soir, à la cote 184, bois Bugné, ferme
Sainte-Hoilde, crête Est de Louppy-le-Château,
Villotte-devant-Louppy, Lisle-en-Barrois... En somme, la ligne n'a
pas fléchi. Non seulement le kronprinz n'est pas passé, mais il est
rejeté partout. Il n'a même pas approché des portes de
Bar-le-Duc...
Le
6e corps (général Verraux) forme le centre de l'armée Sarrail. Si
la gauche de l'armée (5e et 15e corps) a plutôt, à subir la
manœuvre d'enveloppement, c'est le 6e corps qui doit parer à la
manœuvre de rupture...Tandis que le 5e corps (étayé par le 15e
corps) se développe en cordon sur une longue ligne oblique de
Cheminon à Lisle-en-Barrois, le 6e corps est tassé dans l'étroit
couloir des deux rives de l'Aire, solidement calé au carrefour de la
Vaux-Marie, Érize-la-Petite. Ses lignes sont doublées, car il aura,
sans doute, à supporter le choc principal... II a la face tournée
vers le nord-ouest... Vers l'est, il se considère comme couvert par
le camp retranché de Verdun (fort de Troyon) , mais il a dans le dos
la trouée de Spada... D'autre part, se trouvant en liaison à sa
droite, c'est-à-dire vers le nord, avec le groupe des divisions de
réserve du général Pol Durand, abritées elles-mêmes par la
Cousances, il attend, pour s'engager dans la bataille, que celles-ci
aient donné le signal en commençant le mouvement sur les
communications de l'ennemi... C'est, d'ailleurs, l'ordre de l'armée
pour le 8 au matin... « L'initiative appartient aux divisions
de réserve. » Cela veut dire que Sarrail attaque sur la pointe
septentrionale du croissant et espère envelopper l'ennemi par le
nord... Quel est donc le rôle du 6e corps ? Opposer une masse
inébranlable aux offensives de l'ennemi, empêcher celui-ci de
briser le front à gauche vers Condé – Génicourt, seconder le
mouvement du groupe de divisions de réserve à droite, et surtout
veiller à ce qui se passe dans son dos à la trouée de Spada... Car
déjà, on signale des mouvements suspects de ce côté et le canon
tonne sur Troyon... Le général Verraux exécute ces diverses
missions avec une ponctualité parfaite... Il se sert très utilement
de la cavalerie du général d'Urbal (7e division de cavalerie) qui
combat auprès de lui : celle-ci fait office de verrou mobile, tantôt
poussée à gauche pour « fermer le trou » à
Condé-Génicourt, tantôt poussée à droite pour voiler la trouée
de Spada vers Pierrefitte... Quant au corps lui-même, cette journée
d'immobilité passive lui est dure : car il est exposé de partout au
feu de l'artillerie ennemie qui l'accable de loin... L'infanterie
ennemie ne débouche pas, elle attend visiblement quelque chose... A
cette « offensive d'artillerie », l'artillerie du 6e
corps répond énergiquement...
Le
général Verraux écrit : « Ce jour-là, le général Herr
sauva la situation avec son artillerie. » On sent que, si on
tient, la bataille est gagnée. Un coup de téléphone avec l'armée
: Verraux dit les bons résultats de l'artillerie. Sarrail répond :
« Je vous en prie, tenez, tenez ; nous avançons par la gauche
avec le 15e corps. Il faut que vous teniez. »
Le
général Verraux se fortifie donc, le soir, sur le secteur capital
qui lui est confié :
1°
sur le plateau de la Vaux-Marie qui s'affirme comme le nœud de la
bataille, trois bataillons de chasseurs avec leurs avant-postes sur
la voie ferrée, relève de la 23e brigade par la 24e.
2°
la 107e brigade sur la hauteur sud-ouest de Maratz-la-Grande.
3°
la 17e brigade avec un groupe d'artillerie du 5e corps au sud du bois
Defuy. 4° la 40e division an sud du bois de Séraucourt et la 65e
division au nord du bois de Séraucourt (évidemment de ce côté, on
se prépare pour quelque chose d'obscur, que l'on commence à sentir
dans le dos).
5°
une compagnie à Maratz-la-Grande, cherchant la liaison avec le 5e et
le 15e corps d'armée couvrant Bar-le-Duc. Comme nous l'avons vu,
dans les ordres donnés au 6e corps, Sarrail, au début de la journée
du 8, comptait sur un mouvement de la pointe du croissant au nord,
c'est-à-dire du groupe des divisions de réserve, sur les
communications de l'ennemi en direction de Beauzée - Amblaincourt.
Mais le mouvement est contenu par la puissance de l'artillerie
Allemande. Le groupe des divisions de réserve, maintenant sa liaison
par Beauzée - Amblaincourt, se fortifie dans les tranchées sur les
hauteurs de Nubécourt, et la ligne de la Cousances. Il se trouve
ainsi en liaison, à droite, avec la 72e division de réserve qui,
placée sous les ordres du général Coutanceau, attaque par le
plateau de Rampont. Nous avons combattu ainsi le 6, le 7 et le 8...
L'attention du général Sarrail n'est pas seulement retenue sur
toute la vaste étendue du front de son armée combattant face à
l'ouest, elle est attirée aussi par ce qui se passe dans son dos,
c'est-à-dire venant de l'est. Une dépêche, reçue à midi, annonce
que le fort de Troyon est violemment bombardé par des pièces de
très gros calibre...Troyon fort Est au sud de Verdun, à l'un des
angles du camp retranché, il commande au nord le pont de la
Croix-sur-Meuse, et cette trouée de Spada, en face de Pierrefitte,
dont Dumouriez signale l'intérêt, là se trouve le seuil qui permet
de franchir l'Argonne, de sauter de la Woëvre dans le Barrois,
c'est-à-dire de la France orientale dans la France centrale. On sent
toute l'importance de cette position.
Sarrail
serait pris à revers si l'ennemi, détruisait la serrure qui ferme
cette porte, Troyon... Le général Coutanceau a donné l'ordre au
commandant du fort de tenir jusqu'à la dernière seconde et jusqu'au
dernier homme, faut-il se réfugier dans les caves-casernes... Le
général Sarrail a tout de suite le sentiment de la grandeur du
péril que lui faisait courir une offensive venant par la rive droite
et visant, en particulier, le fort de Troyon. Tandis que Troyon
commence à « encaisser » les premiers coups de canon, il
jette tout ce qu'il a de troupes disponibles en face de la trouée,
c'est-à-dire dans la région de Pierrefitte. C'est encore la 7e
division de cavalerie dont la mobilité est utilisée, elle se porte,
au plus vite, de l'ouest à l'est de la bataille. Partant du bois de
Trois-Fontaines, elle doit se rendre, sans débrider, sur la Meuse.
Il est vrai que, par ce moyen, Sarrail tend un voile plutôt qu'il ne
construit un barrage. Mais la cavalerie agit, ne fût-ce que par sa
présence, car l'ennemi, se sentant surveillé, ne tentera de forcer
le passage que s'il s'est rendu maître de Troyon... Or Troyon
tient... Nous avons le récit palpitant de la défense de Troyon, de
la main même de l'homme qui commandait le fort... Il écrit minute
par minute, dépeint la situation des assiégés tapis dans la
puissante taupinière, écrasés sous la rafale des obus, et ne se
laissant ni intimider, ni surprendre.
Troyon
couronne une crête aride (cote 244), ayant ses vues au loin sur
toute l'Argonne méridionale... C'est une sentinelle. Mais quelle
cible unique pour les artilleries transportées en hâte de la place
de Metz ! Fort de Troyon, troisième heure du bombardement :
« ...Nous
avions été tranquilles pendant 37 jours... Dans la soirée, nous
avons appris qu'une forte colonne ennemie venant de Metz avait
atteint les Hauts-de-Meuse, vers Mouilly et Saint-Remy... Ce matin,
elle entre à Seuzey et, à 8 heures, commence la danse... Depuis
près de 3 heures, nous avons encaissé environ 180 obus de 150. Ah !
notre pauvre fort ! Le magasin du gardien de batterie est éventré,
le logement des lieutenants l'est également... Nous avons 7 pièces
hors de service... Nos batteries, après avoir essayé pendant un
quart d'heure de répondre au feu de l'ennemi, durent être évacuées.
On ne voit rien. Ils tirent avec des obusiers de 150, enterrés dans
des ravins que nous ne pouvons atteindre... Il n'y a personne dans la
région pour nous aider... Depuis 5 jours toutes les troupes ont
repassé la Meuse pour livrer une grande bataille qui dure depuis 4
jours dans la région de Triaucourt - Courouvre... Le gouverneur de
Verdun vient de me téléphoner en nous demandant de tenir 48 heures,
de notre résistance dépend le succès... J'ai répondu que nous
tiendrions... Je suis prévenu qu'une division de cavalerie et un
régiment d'artillerie sont partis des environs de Toul ce matin au
petit jour, mais, ils n'arriveront pas avant demain dans la journée.
Nous aurons sûrement une terrible attaque de nuit à soutenir... Il
n'y a rien à faire tant que l'artillerie tire : mais, quand l'assaut
se préparera, il faudra bien que le tir cesse et, alors, nous serons
à 2 de jeu. La garnison est calme. Moi, tu peux juger si ma main
tremble... »
Suit
le récit de l'angoissante journée, avec les alternatives du tir
ennemi, les vaines tentatives de riposte, les alarmes et les attentes
plus pénibles encore que les alarmes... Cependant le fort s'écroule,
tombe en miettes...
« ...Une
dépêche de Commercy nous annonce que la 2e division de cavalerie
venant de Toul est à Buxerulles et son aile gauche à Spada... On
nous demande des précisions sur les positions ennemies... Je viens
d'envoyer tout ce que nous savons :
Une
batterie de 150 au rentrant du bois de la Marville, à 800 mètres à
l'ouest de Deuxnouds.
Une
batterie de 77 de campagne derrière la corne E de la Gouffière,
cote 259, de l'infanterie creusant des tranchées au signal de
Troyon.
6h.
20, je viens de diriger moi-même, comme observateur et commandant de
batterie, un tir à obus explosifs de 90 sur les tranchées que deux
sections environ établissent au Signal. Au second coup de canon,
nous avons culbuté un élément de tranchée, mais le résultat ne
s'est pas fait attendre.
Voici
les 150 qui rentrent en action... »
La
nuit s'approche... Les Allemands ont hâte d'en finir. Nous savons,
par leurs documents, que le canon du fort et celui des troupes de
campagne, qui commencent à converger vers eux, leur faisant beaucoup
de mal... A la chute du jour, on voit s'approcher du fort des
cavaliers Allemands avec un immense drapeau blanc... Le capitaine se
rend sur le talus tandis que les parlementaires (2 officiers
accompagnés d'un trompette se tenant à 30 mètres au delà du
réseau). Par 3 fois, l'officier Français est sommé de rendre le
fort. A la première sommation, il répond : « Jamais ! »
A la deuxième : « La France m'a donné la garde du fort, je me
ferai sauter plutôt que de me rendre. « A la troisième :
« F...-moi le camp ! Je vous ai assez vus. A bientôt, à Metz
( Illustration, numéro du 15 janvier 1915.)! »
Aussitôt
après le départ des parlementaires, un bombardement plus intense,
avec obus de 280 et 305, recommence. Une tentative d'assaut a lieu
pendant la nuit. Mais l'artillerie et les mitrailleuses du fort
accueillent les troupes à peine sur le talus... Elles sont
décimées... La panique gagne leurs rangs, elles s'enfuient,
laissant leurs morts et les blessés... Le capitaine commandant le
fort a été, pendant la nuit, blessé grièvement d'un éclat
d'obus... Le bombardement continue plus intense... Mais le fort, qui
s'effondre peu à peu, tient bon et ne se rend pas... L'action
combinée de la garnison et de l'armée Sarrail vont bientôt le
dégager... Le fort de Troyon a ainsi rempli le but que se sont
proposé ses constructeurs... Il a gardé intacte la ceinture du camp
retranché, il a barré la route à une manœuvre ennemie, il permet
aux troupes opérant en rase campagne de poursuivre leur propre
manœuvre à l'abri de sa résistance héroïque et il contribue
ainsi à la victoire... Car tel est le rôle des places fortes. Leurs
garnisons étant réduites au minimum... Le siège de Troyon n'est,
d'ailleurs, qu'un incident émouvant dans l'ensemble de la bataille :
la décision est dans la plaine... Ce n'est pas sans motif que Troyon
est pris à partie : la nouvelle manœuvre Allemande se révèle,
c'est la « surprise » ménagée de longue main par le
grand état-major Allemand...
« Dans
les derniers jours d'août, écrit von Tappen, comme un transport de
forces considérables vers l'aile droite n'était pas encore possible
par suite du manque de communications par chemin de fer, on a songé
à faire une percée à travers la ligne des forts d'arrêt au sud de
Verdun et à envoyer là, pour réaliser la pensée de
l'encerclement, des parties de la VIe et de la VIIe armée. Mais on
abandonne ce projet en raison des difficultés considérables s'y
opposant. »
FORT DE TROYON |
8h00
Il
y a de l'artillerie lourde entre Seuzey et la Croix-sur-Meuse, et
d'autre entre Chaillon et Heudicourt, la tranchée est ouverte jusque
sur le signal de Troyon : Le Ve corps (von Strantz) qui, étant sorti
de Metz, s'avance en direction de Saint-Mihiel. Il surgit dans le dos
de Sarrail tandis que celui-ci a toutes ses troupes engagées face à
l'ouest, le coup peut être mortel... Verdun isolé, la grande armée
de Joffre tournée par sa droite et coupée de celles de Dubail et de
Castelnau, Sarrail est coincé... Il est surprenant que le grand
état-major Allemand, ayant conçu ce projet, ne lui ait réservé
que des forces insuffisantes pour l'exécution... Toujours les mêmes
erreurs d'appréciation : Entreprise trop vaste pour les moyens,
mésestime de l'adversaire...
Voici
donc Sarrail pris dans cette tenaille entre le XIIIe corps et le XVIe
corps allemands qui l'attaquent en direction nord-ouest-sud-ouest et
le Ve corps qui l'attaque eu direction nord-est-sud-est. C'est son 6e
corps qui supporte d'abord le poids de la double manœuvre. Mais
Joffre et Sarrail ne sont pas pris au dépourvu... Du haut des forts
de Verdun, on a éventé la « surprise » et on a l'œil
sur la Woëvre... Dans la nuit du 7 au 8, Joffre a donné l'ordre,
comme nous l'avons dit, à une division de réserve de la garnison de
Toul et à un régiment d'artillerie de se porter à marches forcées,
en direction de la Meuse et de la trouée de Spada, pour couvrir
Saint-Mihiel... Sarrail a porté toute sa cavalerie disponible (7e
division de cavalerie) dans la direction de Pierrefitte - Courouvre,
sur la rive gauche de la Meuse, elle est arrivée au prix d'une
marche de 70 kilomètres, et enfin le fort de Troyon est là pour
barrer la route... D'ailleurs Sarrail est autorisé, en cas de
besoin, à se replier vers le sud, à abandonner momentanément
Verdun et à faire front avec toutes ses forces ramassées en un seul
bloc devant Bar-le-Duc... Mais il ne l'entend pas ainsi... Les
observations aériennes lui apprennent que l'ennemi, dans les deux
directions, se présente mal et sans énergie, il savait que Troyon
tiendrait 48 heures au moins, il sent que son artillerie prend le
dessus, et surtout, en très perspicace tacticien, il comprend qu'il
a affaire, en somme, à 3 offensives dispersées : celle du duc de
Wurternberg à gauche, celle du kronprinz handicapée par sa mauvaise
position dans le couloir d'entre Argonne et Aisne au centre, et
enfin, à droite, celle de von Strantz, trop faible et tout intimidée
de se heurter au camp retranché de Verdun... Dans la nuit, Troyon
contenait la première poussée de l'ennemi venant de la Woëvre, la
plus dangereuse en ce moment... Saillant de Saint Mihiel : Vestiges
du fort de Troyon. Lors des combats de septembre 1914, qui
aboutissent à la formation du Saillant de Saint-Mihiel, le Fort de
Troyon joue un rôle décisif. Bombardé dès le 8 septembre 1914 par
des obus de gros calibre (305-320), il reçoit l'ordre de tenir au
moins 48 heures. Cette résistance est capitale pour empêcher les
Allemands de prendre Verdun en tenaille, le Fort de Troyon se
trouvant au sud de Verdun et les Allemands déjà de l'autre côté
de la Meuse.
Les Événements du mardi 8 septembre 1914. Plus à l'Est, Joffre retire
le 15ème C.A. de la 2ème Armée pour l'intercaler entre la 3ème et
la 4ème Armée.
Les
apparitions de la Vierge Marie le 8 septembre 1914 | Le ...
www.lesalonbeige.fr/les-apparitions-de-la-vierge-marie-le-8-septembre-1...
Il
y a 1 jour - Un prêtre allemand, blessé et fait prisonnier à
la bataille de la Marne, est mort dans une ambulance française où
se trouvaient des religieuses.
CHAPITRE
VII - FIN DE LA BATAILLE DE L'ARGONNE - (8 ...
1914ancien.free.fr/hanot207.htm
CHAPITRE
VII - FIN DE LA BATAILLE DE L'ARGONNE - (8-11 septembre 1914.) Dès
le 7 septembre à 16 heures, le général de Langle de Cary avait dit
au ...
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