mardi 28 mars 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 83

7 FEVRIER 2017...

Cette page concerne l'année 83 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LA VIE HONNÊTE ET SIMPLE D'AGRICOLA.
 
AGRICOLA
Né à Fréjus, antique et célèbre colonie grecque puis romaine, Cnaeus Julius Agricola fait partie de ces provinciaux studieux qui serviront encore pendant 3 siècles Rome avec dévouement. Il fait ses études à Marseille, et entre dans la carrière civile et militaire, sert comme tribun en Bretagne (60), puis comme questeur en Asie (63), sous Néron.

Son père, Julius Grécinus, est mis à mort, sous le règne de Caligula, pour avoir répondu par un refus à l'ordre, venu de l'empereur, d'accuser Silanus. C'est sous l’œil de sa mère, Julia Procilla, que grandit Agricola, élevé à Marseille, ville où règnent, dans une heureuse harmonie, dit Tacite, la politesse grecque et la frugalité provinciale.
Dans les écoles de la cité Phocéenne, il prend un goût très vif pour la philosophie, mais il néglige bientôt ses études de jeunesse pour entrer dans la carrière des armes. Il fait l'apprentissage de la guerre en Bretagne dans les légions de Suetonius Paullinus, sous le règne de Néron, il y acquiert une profonde connaissance du pays et des mœurs des habitants dont il fait son profit quand il retourne dans cette île, comme chef d'armée. 

Après ses débuts militaires, Agricola revient à Rome et se marie avec Domitia Decidiana. De ce mariage naît une fille, qui épousera Tacite.

Beau-père de Tacite qui a écrit sa biographie, cet homme honnête et scrupuleux résiste aux tentations de la richesse et de la concussion.
Modeste, il se fait remarquer par son seul travail, et Vespasien le nomme gouverneur de l'Aquitaine, poste qu'il occupe entre 74 et 76.

Consul en 77, il revient en Bretagne l'année suivante comme gouverneur. S'il soumet militairement cette province, il se montre aussi un excellent administrateur civil et s'attaque aux causes des révoltes Bretonnes, il supprime les impôts, répartit d'une manière plus équitable les taxes de blé et d'argent, et visite les populations déshéritées, fait construire des demeures et des temples, en résumé, il entreprend la pacification et la romanisation de la province.
Il ne l'impose pas par la force, mais par l'exemple et la persuasion. Modèle des gouverneurs de province, Agricola a par la suite des émules qui permettront à Rome de dominer pacifiquement le monde Méditerranéen.
Domitien, jaloux des succès d'Agricola, le rappelle en 85 et le fait sans doute empoisonner en 93... Comme l'écrit Tacite : « Beaucoup d'anciens héros tomberont obscurs et sans honneur dans l'abîme de l'oubli... Agricola rappelé tout entier à la postérité, ne mourra point. »

Rome dédaigne l'Irlande. La conquête de l’Île aurait pu apporter la civilisation latine.

En 82, Agricola masse des troupes dans l'ouest de la Britannia, car un Ri (roi) vient de se faire chasser par un guerre interne.
Agricola l'accueille et pense s'en servir. Tacite dit : « Je lui ai entendu dire qu'avec une légion et des troupes auxiliaires de peu d'importance, on pourrait venir à bout de cette Hibernie et la conserver tout à fait. De plus cette conquête sera utilisée contre la Britannia si nécessaire ». Mais Rome n'a pas suivi les projets d'Agricola.

En 83, après avoir envoyé l'équivalent d'une légion et autant d'auxiliaires pour soutenir la campagne de l'empereur Domitien contre les Chattes, Agricola remporte la victoire du Mons Graupius.
C'est une véritable bataille après des années d'esquive pour les Calédoniens qui cette fois sont privés de leurs greniers et obligés de combattre ou de subir la disette l'hiver suivant.
A la fin de l'été, entre 20 000 et 30 000 Calédoniens rencontrent une force à peu près égale sous commandement Romain. Le recrutement de légionnaire est momentanément tari en Britannia, la campagne contre les Chattes est prioritaire. Agricola fait face en incorporant de nombreux auxiliaires Bretons au sein des tribus pour les utiliser dans l'île ce qui n'est pas habituel dans l'armée Romaine. Cette bataille oppose essentiellement les auxiliaires du côté Romain aux tribus Calédoniennes. Les légions restent à l'écart du combat.

Tacite prête à Calgacus, l'un des chefs Calédoniens les paroles suivantes (parlant des Romains à ses guerriers la veille du combat) :
« Pillards de l’univers, maintenant que les terres ont fait défaut à leur dévastation totale, ils explorent la mer. L’ennemi est riche, ils sont cupides, il est pauvre, ils sont en quête de gloire, eux que ni l’Orient ni l’Occident n’a rassasiés. Seuls entre tous, ils convoitent avec la même passion abondance et indigence. Dérober, massacrer, voler, cela s’appelle dans le mensonge de leur vocabulaire « autorité ;», et « paix » là où ils créent un désert. » Tacite Vie d'Agricola 29-30

Agricola étend sa ligne dont la profondeur est réduite à 6 hommes. De même la cavalerie, sur chaque flanc est en position statique pour allonger la ligne Romaine.
Les Calédoniens sont sur les collines douces et entourent le dispositif Romain. Agricola envoie 4 cohortes de Bataves et 2 de Tongres qui repoussent les Calédoniens bien moins armés.
Les auxiliaires montent sur les collines et empêchent les chars et la cavalerie de les déloger. Les Bretons situés plus haut menacent d'envelopper les troupes Romaines, Agricola envoie contre eux 4 escadrons de réserve et les Calédoniens déroutent, la poursuite est impitoyable, les Calédoniens perdent environ 10 000 combattants, les Romains selon Tacite ont 340 pertes.

Après la victoire, Agricola envoie la flotte contourner le territoire des Pictes par le Nord pour vérifier que c'est une île et soumettre les Orcadiens. Agricola est rappelé et tombe en disgrâce. Ses successeurs ne seront pas aussi efficaces contre les Calédoniens et Domitien puis Trajan prélèvent tellement de troupes que la perspective de conquérir le nord de l'île s'éloigne... Les forteresses semblent abandonnées précipitamment vers 86.
La conquête du territoire des Pictes et de l'Hibernie (actuelle Irlande) ne se fera pas, Rome a compris que les habitants de l'actuelle Écosse et de l'Hibernie sont un autre peuple que les Celtes qu'ils ont assimilés.

Les Romains confisquent systématiquement les terres des chefs vaincus. La Britannia est incorporée dans les institutions de l'Empire et la construction d'un réseau routier correspond  aux normes de sécurité romaines, il s'agit de transporter les légions d'une région à l'autre en un minimum de temps.
La Britannia Romaine ne peut s'étendre plus loin que l’Écosse des basses terres.
En effet, la géographie des lieux prédispose à la fuite. Les révoltes continuent, en particulier en 115, la garnison d'Eboracum (York) est éliminée par les Bretons et l'empereur Hadrien décide de retirer la Legio IX très diminuée suite aux nombreuses révoltes et la remplace par la Legio VI Victrix.

CALGACUS
En 80 Gnaeus Julius Agricola, le Gouverneur de la province Romaine de Britannia, arrive à l'idée d'envahir le Nord de l'île. Cela fait depuis moins de 40 ans que les Romains ont posé pied sur le sol Britannique, et leur présence a déjà romanisé les peuples locaux.
Afin de sécuriser la frontière au Nord, Agricola décide de soumettre les nombreuses tribus Écossaises. Cette même année, lui et son armée de 20 000 légionnaires atteignent la Rivière Tay au Nord et s'y installent en fondant un camp.
Plus tard, un commandant Romain décrit les terres au Nord du Tay comme celles où « le monde et les créations arrivent à leur fin. »

L'année suivante, en 81, une chaîne de 20 forts est construite dans le mince espace entre le Forth et le Clyde.

2 ans après ces événements, Agricola revient dans le Nord, se tournant cette fois ci vers l'Ouest pour conquérir le Galloway. Il frappe ensuite vers le Nord jusqu'à la région de Moray avec sa flotte suivant la côte et les ravitaillant par la mer.

Cette progression en terre Ecossaise se fait sans embûches ni oppositions, Agricola construit à nouveau une dizaine de forts sur son chemin, cela étant consolidée par la construction de plus de 1 300 miles (2 000 Km) de routes au Nord du Tyne.

Aux alentours de l'année 84, la bataille du mont Graupius (Monts Grampians aujourd'hui) a lieu. Depuis des années, il y a de nombreuses théories pour connaître l'emplacement exacte de la bataille, malgré qu'il soit généralement pensé qu'elle est eu lieu aux alentours de Benaches dans le comté d'Aberdeen.
Calgacus, un chef local, a uni les tribus du Nord contre les Romain, et la bataille est décrite par le beau-fils d'Agricola, l'historien et sénateur romain Tacite... Près de 30 000 Coledonii ont ainsi combattu l'armée d'Agricola.
Par Caledonii, Tacite désigne les habitants du Nord de l’Écosse, même si d'autres les désignent comme Pictes, ou Hommes peints. Tacite imagine ainsi le discours que Calgatus a fait à ses hommes et compagnons :

« Toutes les fois que je considère les causes de la guerre et l'extrémité à laquelle nous sommes réduits, un grand espoir m'anime, oui, ce jour même et votre accord fonderont l'époque de la liberté de toute la Bretagne. Et en effet, tous nous fûmes exempts de la servitude, au delà plus de terres, la mer même ne serait pas un asile : La flotte Romaine nous y menace. Ainsi le combat et les armes, seul parti honorable pour les braves, sont ici même le plus sûr pour les lâches.
Les guerres précédentes, où l'on combattit contre les Romains avec une fortune diverse, avaient leur espoir et leur ressource en nous, nous les fils les plus nobles de la Bretagne, et qui, placés au fond même de son sanctuaire, et ne voyant pas les rivages de la servitude, avons eu nos yeux même préservés du contact de la tyrannie.
Placés à l'extrémité du monde, derniers restes de sa liberté, cette retraite, qui nous cache à la renommée, nous avait jusqu'ici protégés : Maintenant les dernières limites de la Bretagne sont à découvert, ce qu'on ignore est ce qui en impose. Mais derrière nous plus de nation, rien, que des flots et des rochers, et à l'intérieur sont les Romains, à l'orgueil desquels vainement vous penseriez échapper par l'obéissance et par la soumission : Envahisseurs de l'univers, quand les terres manquent à leurs dévastations, ils fouillent même les mers, avares, si l'ennemi est riche, ambitieux, s'il est pauvre.
Ni l'Orient ni l'Occident ne les ont rassasiés, seuls, de tous les mortels, ils poursuivent d'une égale ardeur et les richesses et la misère : Enlever, égorger, piller, c'est, dans leur faux langage, gouverner, et, où ils ont fait un désert, ils disent qu'ils ont donné la paix.
La nature a voulu que les enfants et les parents soient à chacun ce qu'il a de plus cher : Ils nous sont enlevés par des enrôlements, pour aller obéir en d'autres climats. Si nos épouses et nos sœurs échappent à la brutalité ennemie, les Romains les déshonorent sous le nom d'hôtes et d'amis.
Nos biens, nos fortunes, sont absorbés par les tributs, nos blés, par les réquisitions, nos corps mêmes et nos bras s'usent, sous les coups et les opprobres, à des travaux au milieu des bois et des marais.
Les malheureux nés dans l'esclavage, une seule fois vendus, sont nourris par leurs maîtres : La Bretagne achète chaque jour sa propre servitude, chaque jour elle l'entretient.
Et, comme dans une maison le plus nouveau des esclaves est le jouet même de ses camarades, ainsi, dans cet antique servage du monde, nouveaux et méprisés, nous sommes destinés à être victimes. Nous n'avons point, en effet, des champs, des mines, ou des ports aux travaux desquels on puisse nous réserver, nous n'avons que du courage et de la fierté, vertus insupportables à des dominateurs, et plus notre éloignement et le mystère de nos retraites nous protègent, plus nous sommes suspects.
Ainsi, perdant tout espoir de pardon, enfin prenez courage, et vous à qui la vie, et vous à qui la gloire est la plus chère.
Les Trinobantes, conduits par une femme, ont pu incendier la colonie des Romains, dévaster leur camp et, si leur prospérité ne les avait endormis, ils auraient secoué à jamais le joug. Nous, intacts et indomptés, nous qui n'avons point à conquérir une liberté, dès le premier choc ne montrerons-nous pas quels hommes la Calédonie s'est réservés ?

Croyez-vous aux Romains autant de courage dans la guerre que d'insolence dans la paix ? Ces hommes, qu'ont illustrés nos dissensions et nos discordes, tournent à la gloire de leur armée les fautes de leurs ennemis ; Cet assemblage des nations les plus diverses, le succès le maintient, un revers le dissoudra.
AGRICOLA
A moins que vous ne pensiez que ces Gaulois, ces Germains, et, j'ai honte de le dire, ces Bretons qui prêtent leur sang à une tyrannie étrangère, toutefois plus longtemps ennemis qu'esclaves, soient retenus par fidélité et par attachement... c'est par la crainte et la terreur, faibles liens d'affection brisez-les : Cessant de craindre, ils commenceront à haïr. Tout ce qui peut exciter à la victoire est pour nous, nulle épouse n'enflamme le courage des Romains, nul père ne va leur reprocher leur fuite.
Pour la plupart, point de patrie, ou ils servent une patrie qui n'est point la leur. Peu nombreux, tremblants, incertains, ne voyant autour d'eux qu'un ciel, une mer, des forêts inconnues, enfermés et comme enchaînés, ils nous sont livrés par les dieux.
Qu'un vain appareil ne vous épouvante, ni cet éclat d'or et d'argent qui ne blesse ni ne défend. Dans les rangs mêmes de l'ennemi nous retrouverons les bras de nos frères, les Bretons reconnaîtront leur cause, les Gaulois se rappelleront leur ancienne liberté : Ce qui leur reste de Germains les abandonnera, ainsi que naguère les Usipiens les ont délaissés, et dès lors plus de crainte... Des forts évacués, des colonies de vieillards, des municipes affaiblis et en proie aux discordes entre des maîtres injustes et des sujets prêts à la révolte. Ici est votre chef, ici est votre armée, là, des tributs, les travaux des mines et tous les autres châtiments des esclaves : Les rendre éternels, ou s'en venger aussitôt, va se décider sur ce champ même. Ainsi, en marchant au combat, pensez et à vos ancêtres et à vos descendants ».

L'empereur Domitien voit en Agricola un potentiel rival. La gens Flavia, famille de Domitien, a accédé au pouvoir grâce au soutien de l'armée, en particulier des armées de Syrie. Un général qui obtient trop de succès, notamment au sein de campagne militaire de grande envergure, n'est pas vu d'un très bon œil par le pouvoir en place. Surtout de la part de Domitien, qualifié d'un naturel suspicieux. L'empereur a probablement voulu stopper dans son élan un rival potentiel à la pourpre.

D'autre part, le contexte politique nécessite le retour d'Agricola : La Bretagne est en grande majorité pacifiée, et ne menace pas de se soulever. Les provinces Danubiennes et Rhénanes de l'empire ont besoin d'être soutenues par de bons généraux, comme l'est Agricola. Domitien a besoin de militaires, suite aux attaques des différents peuples du Danube, menés par Décébale, contre la province de Mésie.
Enfin, vient la thèse de la jalousie, qui a été développée par Tacite dans sa Vie d'Agricola. Une jalousie qu'il faut probablement nuancer, car elle est défendue par 2 farouches adversaires de Domitien : Suétone, qui se veut un fervent défenseur du rôle du Sénat, et Tacite, qui reproche à Domitien l'éviction de son beau-père de Bretagne.
Pour ses victoires en Bretagne, Agricola reçoit les ornements triomphaux et l'honneur d'une statue officielle, mais il préfère faire son retour dans la discrétion.
Agricola refuse alors divers proconsulats en Asie et en Afrique puis se retire jusqu'à sa mort en 93... On a prétendu que Domitien l'a fait empoisonner, mais rien de très sérieux ne vient étayer cette thèse.


Calédonie — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Calédonie
La Calédonie est l'ancien nom de l'Écosse. C'est la forme française du terme latin Caledonia (utilisé aussi en anglais) qui désignait la partie de l'île de Bretagne au nord du mur d'Hadrien, puis du mur d'Antonin. ... En 305 Constance Chlore envahit le nord de la « Britannia » mais il meurt à Eboracum en juillet 306

Les Iles Britanniques dans l'antiquité - Miltiade
miltiade.pagesperso-orange.fr/Iles-Britanniques-antiquite.htm
Ces agriculteurs se répandent jusqu'au Nord de l'Ecosse et vont en bateau dans .... En 82, Agricola masse des troupes dans l'ouest de la Britannia, car un Ri vient ..... Mais il faut faire face à la fois aux marins pictes de Calédonie et les marins .... quelques tribus germaniques en Gaule, qui depuis 406 envahissent l'Empire.
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Calgacos, ou la résistance à Agricola.
https://strategietotale.com/forum/43-les.../75375-calgacos-ou-la-resistance-a-agricola
13 avr. 2013 - 3 messages - ‎3 auteurs
... de la province romaine de Britannia, arrive à l'idée d'envahir le Nord de l'île. ... Afin de sécuriser la frontière au Nord, Agricola décide de soumettre les ... la route prise par les armées de Edward I, le Marteau des Écossais, de Oliver ... ne montrerons-nous pas quels hommes la Calédonie s'était réservés ?

EN REMONTANT LE TEMPS... 84

6 FÉVRIER... 2017

Cette page concerne l'année 84 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LA LÉGION ALOUETTES.

Les deux premières années du règne de Domitien sont marquées par des problèmes de politique interne conduisant à une première vague de déportations et d’exécutions.
Parmi les victimes de cette première purge on trouve Titus Flavius Sabinus et un certain nombre de proches du défunt frère de Domitien, Titus.
Domitien adopte une politique extérieure extrêmement agressive, principalement en Occident, où il entreprend une série de longues guerres sur les confins de l’Empire, il veut ainsi rendre plus sûres ses frontières et trouver la gloire militaire...

En 83, Domitien se rend à Mayence d’où il dirige une expédition contre les Chattes, en réponse à l’attitude de plus en plus menaçante de ce peuple qui devient dangereuse pour la province frontalière, et conquiert la région des monts Taunus et des Champs Décumates.
Cette expédition offre à Domitien l’occasion de renforcer sa position grâce à la gloire qu’il tire de ses victoires militaires. L’expédition est un succès et se conclut par la reddition sans condition des Chattes...
Domitien prend le surnom de Germanicus et des pièces de monnaie sont frappées de la devise « Germania capta ». Bien que les gains territoriaux ne soient pas très importants, Domitien parvient à propager l’idée qu’il a réussi là où Auguste lui-même a échoué.

La politique de plus en plus sévère suivie par Domitien à l’encontre des tribus Barbares vivant le long de la frontière a pu conduire un certain Diurpaneus, un chef des Daces, à former une coalition contre Rome et, durant l’hiver 84/85 à mener l’invasion de la province de Mésie. Le gouverneur Caius Oppius Sabinus est tué dans les combats et de nombreux forts auxiliaires le long du Danube sont détruits. La province de Mésie est livrée aux pillages.
Les circonstances exactes de cette invasion et les motivations du chef Dace demeurent néanmoins mystérieuses.
Leur roi Duras-Diurpaneo, manœuvré par Décébale (qui peu après lui succède), a décidé d’envahir les territoires Romains, probablement las de la pression continue des Romains sur les peuples trans-danubiens, les prétextes de souveraineté et les fréquentes interventions dans leur politique interne.

Domitien, déjà bien disposé à la guerre externe, n’a aucune hésitation quand les Daces, avec leurs irruptions en territoire Romain lui en fournissent l’occasion. La riposte du nouvel empereur ne se fait pas attendre longtemps.
Domitien réussit à réunir une armée composée de nombreuses légions Danubiennes, outre aux unités auxiliaires et vexillationes légionarie. Le nombre total des forces en présence du côté de l'Empire Romain peut être estimé autour des 100 000 hommes, dont 60 000 légionnaires et 40 000 auxiliaires.
Sur la base des données fournies par Strabon, auteur antique de l'époque Augustéenne, les Daces et les Gètes unifiés sous Burebista au milieu du Ier siècle av. J.-C. peuvent former une armée de 200 000 hommes, mais il n'y aurait plus que 49 000 guerriers tout au plus au début du Ier siècle.
Des estimations modernes basées sur la population donnent environ 40 000 guerriers Daces lors de la première campagne de Trajan 15 années plus tard.

Une nouvelle crise éclate sur le Danube. Les Daces, dont la puissance a subitement décliné après la mort du grand roi Burebista à la moitié du Ier siècle av. J.-C. et avec la division en 4 ou 5 petits états, se sont de nouveau réunis sous un autre souverain vigoureux, Duras, le prédécesseur de Décébale. Décébale a depuis peu incorporé la terre d’origine des Iazyges restés en Olténie.
Le centre du royaume Dace est situé dans l’amphithéâtre naturel des monts Carpates, et ses principales citadelles fortifiées dans les montagnes de Orăştie au cœur de la Transylvanie.
Les Daces décident de franchir le Danube et d’attaquer la province Romaine voisine de Mésie. Le gouverneur qui va à la rencontre de l’armée Dace est battu probablement près de Adamclisi. Le proconsul de Mésie, Caius Oppius Sabinus, est tué et de nombreuses fortifications et garnisons de limes Mesique sont anéanties. Seuls les campements légionnaires de Oescus et Novae, réussissent à se défendre avec succès.

La riposte Romaine ne se fait pas attendre. L'empereur Domitien réunit une armée avec les vexillationes provenant de diverses provinces et marche immédiatement vers le champ des opérations avec la garde prétorienne du préfet du prétoire, Cornelius Fuscus. Domitien, au terme de l’année, peut avoir décidé le début de la construction d’un grand vallum (retranchement) en terre en Dobroudja.

La legio V Alaudae (Alouettes en raison des plumes sur leurs casques, parfois connue comme Legio Gallica) est une légion Romaine formée lors de la Guerre des Gaules par Jules César à ses frais avec des soldats Gaulois Transalpins en -58 ou en -57.
Son emblème officiel est l'éléphant (en raison de sa bravoure face à une charge d'éléphants lors de la bataille de Thapsus, mais les casques des soldats Gaulois leur attirent ce surnom, d'autant plus que le mot latin alauda vient certainement de la langue gauloise.

Première légion à être composée de soldats provinciaux, et non des seuls citoyens Romains, César obtient en -56 que la nouvelle légion soit reconnue et payée par le Sénat, et ses soldats reçoivent la citoyenneté Romaine.
Elle combat aux côtés de César jusqu'en -49, c'est une de ses plus braves légions, qui l'accompagnera jusqu'en Espagne.
Après la victoire de César sur les Pompéiens, la V Alaudae est démobilisée comme c’est l’habitude sous la République à la fin d’une guerre.
Après l’assassinat de César en -44, Octave et Marc Antoine reforment les légions, enrôlant de nouveau les vétérans et reprenant les appellations des anciennes légions, dénominations prestigieuses et qui posent leurs chefs en continuateurs de César...
La V Alaudae se trouve sous les ordres de Marc Antoine de -41 à -31, et participe sans doute à la bataille d'Actium

En 16 av. J.-C. la Ve légion est prise dans la clades lolliana (bataille),et la défaite de Lollius face aux Germains sur les frontières nord de la Gaule.
La légion y perd son aigle mais n'en continue pas moins d'exister.

Vers 14 de notre ère., à la mort d’Auguste, Tacite situe la Ve légion en territoire Ubien près du Rhin et signale son rôle actif dans la révolte des légions de Germanie Inférieure : Fatigués d’un long et dur service, les soldats massacrent leurs centurions et réclament congés de fin de service et augmentations de solde.
Germanicus, soutenu par d’autres légions stationnées en Germanie et restées fidèles, étouffe cette mutinerie en laissant massacrer les meneurs par le reste de la légion, puis mène ses légions, Ve comprise, dans une facile expédition contre les Germains.

En 69, la Ve légion, stationnée en Germaine inférieure, soutient l'usurpation de Vitellius et marche vers l'Italie sous la conduite de Fabius Valens.
Dans la plaine du Pô, son attaque vigoureuse contraint à la retraite la XIIIe légion de Othon, et elle prend part à la bataille de Crémone, où l'armée de Vitellius est vaincue par les légions qui soutiennent Vespasien. La V Alaudae disparaît dans la 2e moitié du Ier siècle, vraisemblablement détruite lors de combats.
Suétone et Tacite citent l’anéantissement de légions, lors de la rébellion batave de 70 ou lors de guerres Danubiennes sous l'empereur Domitien, mais on ignore de quelles légions il s’agit, et l’on ne peut faire que des hypothèses sur la fin de la V Alaudae :
Ainsi l’historien Paul Petit suppose avec des réserves que la V Alaudae est détruite vers 84, ou dans les années suivantes
La V Alaudae fait l'objet de l'attention et des recherches de plusieurs groupes de reconstitution aux États-Unis et en Europe.

En France, c'est le groupe Pax Augusta qui a choisi de faire revivre cette unité, en choisissant 2 périodes de son existence :
La Guerre des Gaules avec des tenues typiquement tardo-républicaines, et le règne d'Auguste.
« Fort de ce succès, aux légions qu’il a reçues de la République, César en ajoute d’autres levées à ses frais, l’une d’entre elles est même recrutée chez les Gaulois Transalpins et garde un nom gaulois, celui d’Alauda, mais il l’assujettit à la discipline des Romains, la pourvoit de leur équipement et plus tard la gratifie tout entière du droit de cité. » 

Au lendemain de la mort de César, Cicéron prononce plusieurs Philippiques dans lesquelles il dénonce avec force la création par Antoine d’une 3e décurie de juges. Selon l’orateur, cette décurie doit rassembler principalement des centurions, mais aussi d’autres hommes à la solde d’Antoine, à commencer par des soldats qu’il appelle à plusieurs reprises les « Alouettes ».
Tandis que l’historiographie voit en ces derniers les anciens soldats Transalpins de César, il est frappant de constater que, malgré des critiques virulentes contre le privilège que souhaite leur accorder son adversaire politique, Cicéron ne donne à aucun moment l’impression d’évoquer des soldats aux origines douteuses.
L’orateur ne se prive pas de les attaquer sur leur rang social de centurions voire de simples soldats, qu’il estime incompatible avec la fonction de juges de la 3e décurie, mais à aucun moment il ne s’appuie sur un argument pourtant très efficace à Rome : Celui de l’origine étrangère…
Un argument qu’il ne se prive pourtant pas d’invoquer dans les mêmes discours, pour dénoncer le fait qu’un Athénien et un Crétois puissent eux aussi être nommés juges dans la même décurie. La 2e partie de ce mémoire propose d’identifier les « Alouettes » à d’anciens légionnaires de César, ayant reçu un surnom rappelant leur long séjour en Gaule, il ont fini par se l’approprier, formant ainsi la Legio V Alaudae. Une hypothèse qui peut être confirmée par l’inscription de C. Valerius Arsaces (CIL, IX, 1460), que les historiens considèrent être un ancien soldat d’Antoine démobilisé après Actium

Enfin, cette légion serait la Legio V Alaudae d’Antoine, maintenue par Auguste dans son armée après Actium, mais sans son surnom. Bien que cela n’ait jamais été clairement affirmé auparavant, il apparaît que la Ve légion stationnée en Espagne puis en Germanie n’a porté aucun surnom dans les premiers temps de l’Empire et ce jusqu’au règne de Claude.
Une étude des sources épigraphiques permet en effet de constater que toutes les inscriptions faisant état d’une Legio V Alaudae, lorsqu’elles peuvent être datées, sont soit contemporaines soit postérieures au règne de cet empereur, qui paraît être à l’origine de l’attribution du surnom Alaudae à la Ve légion de Germanie. (Tout comme aujourd'hui où le sentiment même d'être Français n'a plus la résonance d'avant).
De fait le point sur diverses questions qui se posent au sujet de cette Legio V, rebaptisée Alaudae au milieu du Ier siècle de notre ère :
Ce que l’on sait de son stationnement dans la péninsule Ibérique puis en Germanie inférieure, la date de son transfert sur le Rhin, son ralliement à Vitellius lors de l’année des 4 empereurs et enfin sa disparition des sources…

Chaque texte littéraire, chaque témoignage épigraphique est étudié et remis dans son contexte, de façon à proposer une synthèse complète sur ce que nous savons de la légion impériale.
Les guerriers Gaulois font par leur bravoure et leur accoutrement une forte impression sur Jules César...

On marchait alors à grands pas vers cet état moral dont les historiens nous laissent sonder les abîmes, lorsqu'ils nous montrent le grand peuple ne retrouvant son antique audace que pour les lucratifs combats de la guerre civile.
Dès le temps de César, les Gaulois Cisalpins grossissent les rangs de l'armée légionnaire et voient leur admission sanctionnée par le titre de citoyens Romains. Après la guerre civile, sous le principat d'Auguste, les colonies et municipes, soumis à un recrutement obligatoire, fournissent des soldats aux légions, enfin, pendant le cours de l'Empire et dès avant la loi d'unification promulguée par Caracalla, le rôle militaire des provinciaux devient dominant.
Les légions forment en quelque sorte l'armée de ligne, puissantes comme héritières de cette célèbre milice citoyenne, qui a fondé la grandeur de Rome aux beaux temps de la République, elles sont redoutables par un effectif élevé, car elles comptent chacune, sans les non-combattants, environ 6 000 hommes et presque autant de chevaux que nos régiments de cavalerie, leur nombre est très-considérable pendant les dernières convulsions de la République, alors que les armées couvrent les champs de bataille fratricides de l'Italie et de la Grèce, en même temps qu'elles protègent contre les ennemis du dehors un territoire déjà si vaste.
Après Actium, les légions sont, les unes licenciées, les autres réorganisées d'une manière permanente sous des légats choisis parmi les anciens préteurs.

A la suite du désastre de Varus, de nouvelles créations de corps ou seulement des réorganisations, toujours est-il qu'Auguste, lorsqu'il meurt, possède encore, comme à Actium, 25 légions, mais ces corps semblent avoir quitté pour jamais l'Italie et la Grèce et se trouvent répartis entre les provinces, où Tibère nous les montre dans l'exposé qu'il fait au sénat des forces de la République. Claude, Néron et Galba en ayant créé de nouvelles sous la République, au temps où elle se forme de 3 rangs inégalement armés, les hastati, les principes et les triarii. Sous l'empire, les légions se servent surtout du pilum.
Sans entrer dans le détail sur la manière dont se recrutent les officiers, les grades sont réservés dans les légions aux fils des sénateurs et à ceux des chevaliers.
Les premiers n'exercent rien moins que les fonctions de tribun et se distinguent par le titre de tribuns laticlaves, mais leur service obligé est de courte durée relativement à celui des légionnaires, et leur permet, après un certain nombre de campagnes, de regagner l'Italie où les rappellent à la fois les séductions de Rome et la crainte de se laisser oublier...
Les seconds arrivent rarement au tribunat, mais ils partagent avec les officiers de fortune le grade plus modeste de centurion qui, par ses nombreuses classes, leur crée un cursus honorum.
On sait qu'il faut, jusqu'au temps de Gallien, avoir porté les armes pour arriver aux magistratures et franchir les portes du sénat.

Aux légions se joignent des ailes de cavalerie et de nombreuses cohortes auxiliaires composées de fantassins ou de fantassins et de cavaliers, dans lesquelles entrent, par engagement volontaire, les Italiens qui se vouent encore au métier des armes, les provinciaux et même les Barbares.
Les ailes sont commandées par des préfets, les cohortes également par des préfets ou par des tribuns.
Les cohortes ne sont composées que de 1 000 ou de 500 hommes, mais, comme elles sont beaucoup plus nombreuses que les légions, elles présentent à peu près autant de combattants.
Ailes et cohortes se distinguent par des noms rappelant soit l'officier qui les a levées, soit la province ou le peuple étranger auxquels les rattache leur origine...
Il y a, en outre, des speculatores et des exploratores chargés d'un rôle trop négligé dans quelques armées modernes, des ingénieurs, des ouvriers, (tellement indispensables)

On distingue dans la première cohorte le primus pilus, le primus princeps et le primus hastatus.
Le primipile est un personnage important, presque l'égal d'un tribun, le grade de préfet et celui de tribun confèrent le rang de chevalier Romain aux officiers qui ne le possèdent pas au moment de leur promotion.
Du reste les règles qui président au choix des officiers reçoivent, par la suite, bien des atteintes et l'on voit, non- seulement des cohortes ou des légions, mais des armées commandées par des « parvenus » qui n'appartiennent pas aux classes élevées ou qui même ne sont pas nés dans le monde Romain. Cohortes milliariae ou quingenariae Tacite, Ann., IV, chap. v.
Les inscriptions et les documents écrits ont conservé le nom d'une très-grande quantité d'ailes appartenant à peu près à tous les peuples du monde où la cavalerie est renommée, sans en excepter les pays qui sont en guerre avec les Romains.
Les cohortes, plus nombreuses encore, présentent la même variété d'origine, on y rencontre des cohortes de citoyens Romains dont le nombre paraît s'être élevé à 32, des cohortes levées dans les provinces de l'empire, puis des Germains, des Golhs, etc.


Histoire militaire de la Rome antique — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_militaire_de_la_Rome_antique
À l'origine ville-état dans l'actuelle Italie au VIII siècle av. J.-C. , puis empire hégémonique .... C'est parce que, bien que les premiers Romains possédaient un certain niveau d'alphabétisation, ils n'ont pas ..... cette fois-ci, les Romains ont mis au point des techniques pour combattre efficacement les éléphants de guerre ,.
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Guerre dacique de Domitien — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_dacique_de_Domitien
La guerre dacique de Domitien oppose l'Empire romain sous Domitien aux Daces en Mésie romaine et en Dacie et dans les années 85 à 89. En 85, les Daces envahissent la province romaine de la Mésie, dont le gouverneur est tué. Domitien contre-attaque et repousse les guerriers daces dans leur pays. .... L'armée romaine doit subir des pertes durant la désastreuse retraite.

EN REMONTANT LE TEMPS... 85

5 FÉVRIER 2017...

Cette page concerne l'année 85 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LA FOLLE INSPIRATION DE DOMITIEN.

« Mes fils régneront après moi, ou personne », a déclaré Vespasien au Sénat. Celui-ci est donc réduit à enregistrer son choix. L'avènement de Titus en 79 doit combler les vœux du Prince. Pourtant, la continuité Flavienne ne peut s'établir à sa mort que par l'intermédiaire de son frère, Titus n'ayant pas eu d'enfant...
Domitien, voulant exercer pleinement le pouvoir politique, ne peut manquer de reprendre à son compte cette visée dynastique. Mais ce que l'on retient ordinairement de son règne, c'est sa lutte contre le Sénat qui aboutit à l'assassinat de l'empereur, en 96 à la suite d'épurations sanglantes dans les rangs de cette assemblée. On y voit le simple effet d'une vengeance, en fait, l'événement doit révéler quelque chose de plus grave.
Qui peut succéder au monarque ? Ce dont on se souvient moins, ce sont les efforts de Domitien pour maintenir l'empire sous l'autorité Flavienne. Il semble donc intéressant de les rappeler, et surtout de signaler les espoirs que l'empereur met en sa descendance naturelle.

Suétone rapporte la naissance d'un fils de Domitien lors de son 2e consulat, au cours du principat de son père, en 73. Le passage de la vie de Domitien où figure cet événement a été longuement étudié, en raison d'un remaniement visible sur tous les manuscrits.
De plus, en confrontant les renseignements apportés par ce document à ceux que fournissent la numismatique et certains auteurs antiques, on observe des divergences.

Aussi Th. Mommsen propose-t-il de corriger le texte en restituant les faits suivants : Naissance d'un enfant (73), puis d'un second au cours de la 2e année de règne de Domitien (82), ce qui amène l'empereur à décerner à son épouse le titre d'Augusta...

Dans une étude ultérieure, A. Dieudonné, se fondant surtout sur des documents numismatiques, se prononce au contraire pour une simplification des faits : Domitia met au monde un enfant (73) (2e consulat) et reçoit le titre d'Augusta pendant la 2e année du règne de Domitien.
A son avis, cette hypothèse correspond mieux aux indications fournies par les auteurs anciens qui ne parlent que d'un enfant pour cette période. Une seule ombre au tableau : La mention dans les « Actes des Frères Arvales » de l'attribution du titre d'Augusta à Domitia dès le 1er octobre 81, et non en 82 Mais A. Dieudonné estime que Suétone déplace le fait de quelques mois...

Voici donc les premières données du problème. A cela s'ajoute qu'un enfant de Domitien meurt avant 88, et est divinisé par son père ? (cité dans le témoignage du poète Martial, par une épigramme composée pour les Saturnales de 88). Mais était-ce l'enfant né en 73 ou celui de 82

A. Dieudonné dit qu'aucun texte ne parle par la suite d'un enfant né en 82, C'est ce qui semble important.
Une naissance prévue en 90, mais qui n'a sans doute pas lieu, est signalée par Martial l'un des plus grands flatteurs de l'empereur. Celui-ci n'aurait
pas manqué, en 82 d'annoncer ou de célébrer l'événement...
D'autre part, l'épigramme de 90 révèle que, depuis la mort du jeune prince, Domitien attend impatiemment un héritier pour lui transmettre le pouvoir.
Né en 82, mort lui aussi avant 90 ce second héritier aurait été lui aussi divinisé, conformément à toute la politique religieuse dynastique de Domitien.

Or aucun texte, aucune inscription, pas une monnaie ne l'indique !
Examinons les monnaies montrant l'enfant impérial. Son image est surtout connue par 2 séries numismatiques : L'une constituée par l'aureus, l'autre par des sesterces représentant Domitia Augusta assise, un enfant mâle debout devant elle. Ce garçon n'est plus l'enfant des aurei, mais il s'agit de la même personne à un autre âge, un seul prince ayant été divinisé.
Or, si l'aureus illustre la divinisation de l'enfant, les sesterces ont été émises pour sa mère, le César divinisé met en quelque sorte en valeur l'impératrice. Sur ces monnaies, Domitia est qualifiée d'épouse de l'empereur, et celui-ci ne porte pas le titre de Germanicus. Elles doivent donc être datées d'avant 84, car par la suite ce qualificatif ne fut jamais omis par Domitien, qui l'avait espéré longtemps.
Domitia Augusta apparaît pour la première fois, en compagnie de son époux, sur des tétra- drachmes datées de la seconde année de règne de l'empereur. Elles confirment donc la datation avancée par Suétone.

Vespasien, assez sceptique lui-même, dans son désir d'assurer sa légitimité vis-à-vis de la dynastie julio-claudienne, ménage les cultes nationaux . C'est ainsi que ses 2 fils, Titus puis Domitien, exercent la plupart des sacerdoces et appartiennent aux principaux collèges religieux, dont celui des Frères Arvales. En particulier sous le principat de Vespasien, Domitien assiste plusieurs fois aux cérémonies en étant même le magister au cours de son propre règne.
Étant donné son rang et son assiduité au culte, il est normal que les Frères Arvales aient tenu, dès son arrivée au pouvoir, à lui manifester leur dévouement. Ils offrent des sacrifices en nombre trop important pour que ce ne soit pas une forme de flatterie. Ils peuvent donc très bien prendre eux-mêmes l'initiative d'attribuer à l'épouse de l'Auguste le titre d'Augusta.
Ce n'est pas la première fois que le Sénat ou des collèges religieux, à Rome ou en province, ont prévenu les désirs du Prince.
Mais cette dignité n'a été rendue officielle qu'à l'occasion des premières émissions de Domitia au début de 82.
Décédé en 82 ou 83, le fils du Prince a au maximum 11 ans.
L'image représentée sur les sesterces peut très bien correspondre à un enfant de cet âge.

L'enfant n'ayant pas atteint l'adolescence, le graveur a préféré le représenter en bambin, dans la nudité héroïque de la divinité. Enfin, Martial lui-même fournit une explication. Ses épigrammes (DC, 74 et 76) rapportent un cas de même ordre : Un père fait représenter son fils de 20 ans sous les traits d'un enfant en bas âge afin de ne pas contempler une bouche muette. Martial préférant, quant à lui, se souvenir des belles heures passées en compagnie de Camonius, en a donné un portrait réaliste.

D'autre part, A. Dieudonné arguant de la politique religieuse, estime que Domitien veut être Jupiter, et il le démontre à l'aide d'un passage de Martial où celui-ci loue la Ville d'avoir vu naître le nouveau Jupiter (c'est-à-dire Domitien). La scène au revers de l'aureus de Domitia signifie donc que l'enfant impérial est assimilé à Jupiter enfant, montant au ciel pour prendre possession de son royaume, et prenant place parmi les étoiles.
En effet, l'argumentation de Dieudonné repose sur une assimilation trop rapide et comporte une impossibilité flagrante... Conformément à la politique religieuse de Domitien, l'empereur est Jupiter, son fils, César divinisé, ne peut donc être que le fils de Jupiter et non pas Jupiter enfant.
Ajoutons que les monnaies impériales représentent toutes Jupiter en majesté ou fulgurant, jamais enfant. Il est d'ailleurs remarquable que toutes celles qui ont été émises en Crète, lieu de naissance de Jupiter, le représentent adulte. Les monnaies de Néron, de Titus et même de Domitien, se réfèrent toutes au même type : Il trône ou brandit la foudre, et la scène se complète parfois de l'un ou l'autre schéma de la Grande Ourse.
Et sous le règne de Domitien, le Zeus de l'Ida n'apparaît que par son attribut, l'aigle !

jupiter
Décédé très tôt, l'enfant assimilé à un héros divinisé, ainsi qu'un grand nombre de héros l'ont été avant lui, et devient Arcturus, étoile majeure de la constellation du Bouvier, César quitte donc son père Domitien (mentionné dans la légende de revers de l'aureus) pour rejoindre sa mère spirituelle, la Grande Ourse, appelé à prendre place parmi les divinités, par son père, Jupiter...

La politique dynastique de Domitien est héritée de celle de son père, et si l'on étudie attentivement la dynastie Julio-Claudienne ou les dynasties Antonine et Sévérienne, on s'aperçoit aisément que l'on a toujours recours à des héritiers « élus » parmi la famille et que la succession père-fils est si fortement ressentie comme naturelle, que même les choix faits en dehors de la proche famille sont légitimés par une adoption, parfois même imaginée ou « truquée » et l'on connaît la rigueur et la force de l'adoption dans le droit romain.

D'autre part, l'accusation portée contre Domitien d'avoir voulu être Jupiter est-elle générale ou n'est-elle avancée que par certaines personnes voulant légitimer l'assassinat de l'empereur ? Était-ce son seul fait ? On ne peut en être certain, car son attitude religieuse dénote une certaine prudence et parfois même un certain conformisme.
A la suite de son père, pour établir sa filiation avec le fondateur du Principat, Auguste, il pratique une intense politique de restauration des grandes divinités nationales.
En ce qui concerne Jupiter, s'il le reconnaît comme son protecteur personnel, il en fait la divinité souveraine par excellence du peuple Romain. Certes il place sa propre effigie sur le même plan que la Triade Capitoline, mais lui-même ne se substitue pas à Jupiter.
Minerve sert peu à peu à mettre en valeur la divinité impériale, mais c'est parce qu'elle est la fille de Jupiter et que ses actions doivent participer à la gloire de son père.

Domitien se fait même appeler dominus et deus, mais à l'instigation de ses « sujets », une fois que l'habitude a été établie, bien sûr conformément aux désirs secrets de l'empereur. Ce n'est pas un brusque pas en avant mais la poursuite d'une évolution dont Trajan récolte les fruits, lui le restaurateur du Principat, en adoptant officiellement les surnoms de Optimus et Maximus sans être le moins du monde critiqué...

De même, le thème choisi pour illustrer la divinisation du fils de Domitien montre qu'il répond aux aspirations du peuple... L'immortalité stellaire et luni-solaire a été mise en vogue par les Pythagoriciens, Cicerón dans le Songe de Scipion, et le sénateur Nigidius Figulus s'en sont faits l'écho. Mais on va plus loin que ces constructions savantes. Par touches successives, par contacts avec d'autres tentatives philosophico-religieuses, est née une doctrine complexe, mouvante, et tellement vaste, qu'elle se prête à toutes les interprétations.
Aussi le peuple n'en retient-il que les traits les plus simples et les plus évidents. D'abord réservée aux hommes illustres et à la famille impériale, cette immortalité s'étend à tous dans la conscience populaire, et le ciel peuplé d'étoiles est peu à peu encombré de défunts.

Une opinion communément reçue fait du premier des empereurs Flaviens, Vespasien (69-79), le fondateur du culte impérial dans les provinces sénatoriales de l'Occident Romain : Gaule Narbonnaise, Bétique, Africa. Ce tournant politico-religieux important de l'évolution de l'Empire doit être attribué, du moins pour les 2 premières de ces provinces et peut-être pour les 3, si ce n'est pour d'autres, au second fils de Vespasien, Domitien (81-96), un des « empereurs maudits » de l'Histoire de Rome...

Domitien, et lui seul, peut avoir donné à Toulouse, colonie Romaine, le nom de Palladia, et fait du chevalier romain Q. Trebellius Rufus tout à la fois le « premier flamine » d'un culte provincial créé par cet empereur et, à une date située entre 85/86 et 94/95, l'archonte éponyme de la cité d'Athènes.
« Le Bon, la Brute et les Savants » : Vespasien et Domitien au tribunal de l'histoire
Depuis à peu près un siècle, 3critères implicites semblent avoir guidé la recherche en « paternité » du culte provincial en Occident.
Premier critère : Si ce n'est Auguste, c'est donc Vespasien.
Seconde règle : En tout cas, ce ne peut être Domitien.
Quant au dernier axiome, il se réfère à la nécessaire solidarité des décisions prises dans les diverses provinces par un même empereur « réformateur ».

Domitien continue ainsi à pâtir d'une double censure post mortem : Carence d'une documentation mutilée par la damnatio memoriae, certes, mais aussi comparaison obsédante, et accablante, avec le « bon » empereur Vespasien.

R. Tienne par exemple, commence par constater le relatif silence de l'épigraphie Ibérique : « Trois dédicaces... c'est une récolte faible que ne suffisent pas à expliquer les martelages ou les destructions opérées après sa mort, quand sa mémoire est condamnée ». La damnatio n'explique pas tout, car « la péninsule s'est tue comme si les prétentions du souverain s'étaient heurtées à une opinion solide, ennemie de toutes les aberrations que les poètes de Cour aident l'empereur à multiplier ».
L'Espagnol flagorneur Martial est à Rome coupé de son peuple, et « la bourgeoisie municipale, garante du culte impérial, est un solide rempart contre les excentricités d'un Domitien ».

Quittons l'Espagne pour la Narbonnaise : Au terme d'une bonne analyse de l'inscription athénienne de Trebellius Rufus, M. Gayraud, après A. Aymard, concède fugitivement qu'elle peut « encore laisser le doute entre Vespasien et Domitien ». Puis il clôt aussitôt le débat en faveur du premier, et ce n'est sans doute pas par hasard si Domitien ne figure pas même à l'index de son ouvrage...

Car ici guette une autre sorte de raisonnement circulaire.
Fishwick est cohérent avec lui-même lorsqu'il mentionne la Narbonnaise pour étayer ses déductions concernant la Bétique. D'emblée, il a en effet noté (p. 1221) que la conclusion tirée de l'inscription de Trebellius Rufus « has important implications for two other Romanized western provinces, Africa Proconsularis and Baetica ».

Si, au contraire, le réformateur doit être Domitien, ces questions se posent dans un tout autre contexte, celui de ses relations de plus en plus difficiles et conflictuelles avec la haute assemblée. Une telle innovation implique une forme d'empiétement de l'empereur sur les prérogatives du Sénat, a priori plus facile à attribuer à Domitien qu'à Vespasien.
De façon plus générale, on peut se demander si une réforme de cette ampleur ne réclame pas que se soit écoulé un certain délai depuis la création de la nouvelle dynastie : L'argument est trop mince pour fonder une certitude, il ne permet pas de trancher en faveur de Domitien mais en tout cas affaiblit, en ce qui concerne l'Afrique, l'éventualité souvent avancée d'une datation en 70/72.

Et la damnatio memoriae ? Prendre la juste mesure de ses conséquences est délicat. Elle paraît bien avoir effacé la plupart des traces d'un règne deux fois plus long que celui de Vespasien : Règne discuté, mais en tout cas très actif et, les monnaies et les textes le montrent, fort occupé de l'image impériale et de sa propagation à travers l'empire... Il faudra accorder un poids d'autant plus grand aux quelques témoignages épigraphiques qui auront pu échapper au désastre, et d'abord ne pas refuser de les reconnaître.
Reste la question de ce que nous avons appelé la solidarité entre les 3 provinces, et peut-être quelques autres. C'est leur examen cas par cas, et lui seul, qui permettra éventuellement de répondre à ces questions étroitement liées : qui, quand et où ?

Ni la transformation de Toulouse en colonia Palladia, ni l'archontat Athénien de Rufus ne peuvent être datés avec davantage de certitude et de précision. Il suffit donc, pour conclure sur la Narbonnaise, de répéter qu'elle a reçu de Domitien, et non de Vespasien, « le flaminat et le concilium », provinciaux.

Au moment où il renverse l'ordre du cursus, H.G. Pflaum, conservant l'interprétation traditionnelle du mot, est spontanément porté à situer la fondation du culte sous le dernier Flavien : « L'introduction du culte impérial en Bétique ne peut désormais plus être attribuée à Vespasien, mais doit être inscrite parmi les mesures de Domitien. »
En effet, ce type d'inscription, on le sait par la lex de Narbonne et par plusieurs exemples de Tarraconaise, vaut satisfecit accordé par la province au flamine à sa sortie de charge. Si Titus est déjà « divinisé » à ce moment, c'est que le « premier flamine » a été créé sous et par Domitien.
Mais s'il ne s'est pas agi d'un « premier flamine de la province » ? Les remarques faites aussitôt en ce sens par des spécialistes du culte impérial comme J. Deininger conduisent le savant épigraphiste à renoncer à son idée première.

Quelques conclusions et hypothèses paraissent se dégager : Le flaminat provincial a été créé en Proconsulaire au plus tôt par Vespasien, au plus tard par Trajan. Sous cet empereur, à partir de 110/112, le prêtre ne s'appelle plus flamen, mais sacerdos. Pourquoi ce changement ? Entrons pour un instant au royaume des conjectures : Si le flaminat avait été créé par Domitien, n'aurait-on pas transformé l'appellation pour condamner un peu plus son souvenir ? Avouons que la date un peu tardive de la modification (110/112), ainsi que son isolement (rien de tel en Narbonnaise ni en Bétique) provoque quelque doute... Guère plus, sans doute, que les nombreuses « certitudes » avancées dans le cadre du « pan-vespasianisme » critiqué précédemment : Il n'en reste pas moins que la datation Trajanienne est la plus plausible. Elle peut rendre compte du cas particulier d'une province où la réforme du titre a succédé très vite à une mise en place tardive.

Par ailleurs, dans les provinces d'Europe nouvellement organisées à l'est des 3 Gaules, certains témoignages font penser à un développement du culte impérial au temps des Flaviens, peut-être sous l'impulsion du dernier d'entre eux. En Germanie, dans les Champs Décumates qu'a conquis Vespasien, les Arae Flauiae mentionnées par Ptolémée (Gé. II, 11, 30) peuvent attester un culte régional, sinon provincial, établi sur le modèle augustéen de l'Autel du Confluent, près de Lugdunum.
Le pluriel indique une dédicace collective aux Flaviens, ce qui peut faire penser à Domitien plutôt qu'à Vespasien ou à Titus.
De même, une dévotion régionale à l'empereur s'organise autour des sites de Scardona et de Doclea en Dalmatie, sans doute devenus municipes sous le même règne (Fishwick, p. 1224).

Il reste à dire quelques mots des vieilles provinces sénatoriales d'Orient. En apparence, elles excèdent le cadre de cette étude... On relève pourtant quelques coïncidences troublantes : C'est sous Domitien qu'apparaissent pour la première fois, aussi bien en Macédoine (Deininger, p. 21, p. 96) qu'en Crète (ibid., p. 85), les premières monnaies portant le nom du koivôv. A la même époque, dans la province d'Asie, l'épithète neokoros commence à désigner spécifiquement les cités auxquelles l'autorité Romaine concède le privilège de posséder un sanctuaire provincial de l'empereur. Ce n'est pas un hasard, sans doute, si l'un des premiers est le fameux temple de Domitien à Éphèse, honoré par les dédicaces de nombreuses cités de toute la province. Le desservant prend lui-même le titre de neokoros, permettant à la ville d'Artémis de se dire « deux fois néokoros ».
A Ephèse, la statue colossale de l'empereur se confond selon toute vraisemblance avec « l'image de la Bête » de L'Apocalypse. Le texte de Jean, ou des rédacteurs appartenant au milieu johannique d’Éphèse atteste, à travers la réaction des chrétiens d'Asie et l'évocation des persécutions qui s'ensuivent, la nouvelle impulsion donnée alors au culte impérial par Domitien :
« alors, je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes... Émerveillée, la terre entière suivit la bête. Et l'on adora le dragon parce qu'il avait donné le pouvoir à la bête, et l'on adora la bête en disant : Qui est comparable à la bête et qui peut la combattre ?... Il lui fut donné le pouvoir sur toute tribu, peuple, langue et nation... Alors je vis monter de la terre une autre bête. Tout le pouvoir de la première bête, elle l'exerce sous son regard. Elle fait adorer par la terre et ses habitants la première bête... Elle les incite à dresser une image en l'honneur de la bête... ».
A ces dénonciations répond au chapitre suivant, par la voix d'un ange, l'appel au témoignage et à la résistance des martyrs : « Si quelqu'un adore la bête et son image... il boira lui aussi du vin de la fureur de Dieu... C'est l'heure de la persévérance des saints... Heureux dès à présent ceux qui sont morts dans le Seigneur ! » Ainsi la « seconde Bête » incarnée en Asie par le culte de Domitien apparaît-elle au fondement de la longue tradition spirituelle invoquée dans la suite par les chrétiens affrontés aux persécutions ».

CUPIDON (ÉPOQUE DOMITIENNE)
Au total, il est encore trop tôt pour dresser un bilan ferme et complet, région par région, de la place du dernier Flavien dans l'histoire provinciale du culte impérial. Mais si le doute subsiste sur plusieurs points de fait ou d'interprétation, ce bilan paraît difficilement niable, globalement impressionnant et sans aucun doute bien supérieur à celui de Vespasien. Les racines de ce fait méconnu, une première approche peut les chercher dans 2 aspects du règne de Domitien auxquels nous avons déjà fait allusion : Son œuvre religieuse, avec ses prétentions fameuses, si perceptibles au Palatin, à la qualité de dominus et deus, son attitude beaucoup plus controversée, comme administrateur de l'empire, à l'égard du sénat et des chevaliers, mais aussi des provinces et de leurs cités. Sur ce dernier point, plusieurs études récentes tendent, sinon à « réhabiliter » Domitien, du moins à réévaluer ses conceptions et sa politique.

A l'origine de la « loi des Narbonnais » comme de la carrière significative de Q. Trebellius Rufus, la réforme de Domitien s'analyse selon 5 points de vue principaux :
Elle implique la responsabilité de l'empereur en personne, elle assure la promotion provinciale et sacerdotale de chevaliers issus des cités
Elle met en jeu l'originale prêtrise « romaine » des Caeninenses
Elle accorde une place éminente à l'épouse du flamine
Elle n'est pas enfin restée sans influence sur le développement en Gaule des ensembles amphithéâtres-sanctuaires du culte impérial...
C'est Domitien qui a « fait » de bout en bout la carrière de Trebellius, depuis l'élévation et la consécration à Pallas de la colonie de Toulouse jusqu'à l'accès du personnage à l'archontat éponyme d'Athènes : Honneur doublement insigne, par sa signification intrinsèque, traditionnelle, et parce que Domitien. Lui-même a daigné le revêtir, quelque temps avant ou après Trebellius.
Peut-on cerner de plus près la démarche de l'empereur ? Il faut sans doute soupçonner, à l'origine de son intérêt pour Toulouse, la vieille amitié qui l'unit à un natif de cette ville, le consulaire M. Antonius Primus, vainqueur de Vitellius en 69 puis écarté des sphères du pouvoir par Mucien.
Retiré dans sa ville natale, il y cultive les belles-lettres, nous apprend en 94 son ami Martial (IX, 99).

Le chevalier Trebellius a-t-il été recommandé à Domitien. par Antonius ? En tout cas sa réputation de notable local, son dévouement à l'empereur... et sa culture grecque sont apparus suffisants pour qu'on lui confie un rôle complexe et riche de symbolisme. A travers sa promotion et celle de sa femme, prêtresse de Pallas dans la « colonie palladienne », Domitien affirme des préoccupations politico-religieuses constantes, et pour lui fondamentales.
On le voit : C'est bien au cœur d'un réseau profondément cohérent d'intentions et d'actions du souverain que s'enracine la création à Narbonne du nouveau culte provincial inauguré par Trebellius, « premier flamine ».
La cohérence de l'œuvre impériale apparaît ainsi manifeste. Elle ne fait que se confirmer à l'examen d'une autre étape du cursus de Trebellius : le sacerdoce suprême des Caeninenses.

LE GÉNIE DE DOMITIEN
En Narbonnaise, nous connaissons le rôle dévolu à l'épouse de Trebellius grâce à 2 passages des inscriptions d'Athènes et de Narbonne. Elle est (Athènes, 1. 8) prêtresse à Toulouse de la déesse Athéna/ Pallas.
A Narbonne (1. 6-8), elle doit respecter un certain nombre d'interdits, notamment ne pas prêter serment sous astreinte et se tenir à l'écart des cadavres et de certains rites funéraires, tandis qu'une place éminente lui est réservée aux spectacula publica de la province.
Un détail livré à ce sujet par Pline le Jeune prend ainsi un relief nouveau :
« Usant de son droit de Grand Pontife, ou plutôt de la cruauté d'un tyran, avec le sans-gêne d'un maître (licentia domini) il convoque les autres pontifes non dans la Regia, mais dans sa villa d'Albe (...) et condamne Cornelia pour manquement à la chasteté (incesti) sans la faire comparaître ni l'entendre ».(Ep. IV, 11, 6).

Domitien, la « loi des Narbonnais » et le culte impérial dans les ...
www.persee.fr/doc/ran_0557-7705_1989_num_22_1_1338
de JM Pailler - ‎1989 - ‎Cité 19 fois - ‎Autres articles
1225) qu'après l'année des quatre empereurs, Vespasien avait intérêt à ... voire de financier ou d'homme de culture, qu'à attribuer au dominus et deus une ...... C'est en 85-86 que Domitien revêt la puissance censoriale illimitée; la même ...

Domitien, la « loi des Narbonnais » et le culte impérial dans les ...
www.persee.fr/doc/ran_0557-7705_1989_num_22_1_1338
de JM Pailler - ‎1989 - ‎Cité 19 fois - ‎Autres articles
1225) qu'après l'année des quatre empereurs, Vespasien avait intérêt à ... voire de financier ou d'homme de culture, qu'à attribuer au dominus et deus une ...... C'est en 85-86 que Domitien revêt la puissance censoriale illimitée; la même …

Divvs Caesar imp Domitiani F. - Persée
www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1979_num_81_1_4053
de JL Desnier - ‎1979 - ‎Cité 21 fois - ‎Autres articles
L'enfant né en 73, est donc mort avant la fin de l'année 83 apr. ..... Domitien se fit même appeler dominus et deus, mais à l'instigation de ses «sujets», une fois ..