mardi 16 septembre 2014

973... EN REMONTANT LE TEMPS

15 SEPTEMBRE 2014...

Cette page concerne l'année 973 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LE GRAND EMPIRE GERMANIQUE RENAÎT DE SES CENDRES, ET DEVIENT LE RIVALE DE L'EMPIRE BYZANTIN.


Il est un temps où Magdebourg représente le berceau de la nation Allemande. Le premier empereur Romain Germanique, Otton le Grand, y fait construire sa résidence favorite ainsi qu’une cathédrale aux dimensions imposantes et élève la ville au rang d’archevêché, malgré de nombreuses résistances. Magdebourg devient un centre de l’Occident chrétien et la Haute Cour du pouvoir judiciaire du Moyen-Âge.

« La légendaire ville de la fille »
Magdeburgum en latin médiéval a été traduit ou transcrit en Parthénopolis ou Urbs Verginae, que citent les documents latins... L’interprétation étymologique ancienne du XIe siècle proposait une triviale scission de Magdebourg, faisant apparaître une jeune fille (Magde) et une ville fortifié (Burg) à l’origine antique forteresse.

Si les dignitaires religieux ont proposé une miraculeuse apparition de la Vierge avant l’Annonciation, les artisans en suivant le vœu populaire ont souvent représenté sur les armes de la ville une victoire géante couronnée et dressée entre des tours urbaines. La taille colossale de la jeune fille transformée en Victoire a plus tard amené les érudits humanistes à commenter et à réfléchir sur une antique idole païenne...

Avant de monter sur le trône Otton Ier séjourne déjà depuis longtemps à Magdebourg et contribue au développement de la ville et de la région actuelle de Saxe-Anhalt.

En 962, il se fait couronner premier empereur Allemand. Conformément à sa volonté, Otton Ier est inhumé en 973 dans la cathédrale de Magdebourg.


OTTON Ier DE GERMANIE
Né en 912 à Memleben, premier empereur du Saint Empire (962-973), roi de Germanie (936-973) et d'Italie (951 /961-973), fils de Henri Ier l'Oiseleur.
Élu roi à la mort de son père, il se fait sacrer à Aix-la-Chapelle (936) selon la tradition Carolingienne. Pendant les 10 premières années de son règne, il s'emploie à soumettre les duchés nationaux par une politique d'alliances familiales et en s'appuyant sur l'Église... Nommant les évêques, il les dote de privilèges territoriaux et féodaux importants et les associe à l'administration royale.

Maître en Allemagne, il se tourne vers l'Italie. Au terme d'une première campagne, il se fait proclamer roi à Pavie (951). Mais doit retourner en Allemagne pour faire face à une révolte des Grands, dirigée par son fils Luidolf.

En 955, il arrête l'invasion Hongroise au Lechfeld et il contient les Slaves.... (Les rivalités, locales ou non, entraînent des luttes, avec des vainqueurs. Quelle tentation pour ceux-ci de traiter les anciens ennemis comme du bétail à exploiter, femmes et enfants y compris ! L’homme des cavernes a sans doute déjà fonctionné ainsi, les anciens Grecs et Romains également, on le sait, et ce n’est pas un hasard si le mot esclave vient du nom des Slaves, faits prisonniers par Otton le Grand, premier souverain en 962 du Saint Empire Romain Germanique. La ville de Verdun a d’ailleurs, semble-t- il, été au Xe siècle une sorte d’entrepôt pour ces Slaves, en attente de leur transport vers l’Espagne).

Il est couronné empereur à Rome par le pape Jean XII (962), fondant ainsi le Saint Empire Romain Germanique.

L'Empire Carolingien, sans dynamisme ni cohésion depuis les dernières années du IXe siècle (mort de Charles le Gros, 888), a officiellement cessé d'être une réalité politique à la mort de l'empereur Bérenger de Frioul (924)... Son souvenir continue cependant à hanter les esprits et à exalter les ambitions.

C'est sans doute pour cette raison qu'en 962 le roi de Germanie, Otton Ier le Grand, de la dynastie des ducs de Saxe, couvert de gloire aux yeux de ses compatriotes depuis sa victoire sur le Lechfeld (955) ainsi que par son intervention en Italie contre les entreprises de Bérenger II, petit-fils de Bérenger de Frioul. Il décide de reprendre le sceptre impérial et se fait couronner par le pontife (2 février 962). Ce faisant, il lui semble purement et simplement assumer la continuité Carolingienne, après un hiatus de trente-huit ans.

Les assises territoriales de cet empire sont toutefois différentes dès l'origine, comprenant essentiellement le royaume de Germanie réparti en 6 duchés : la Saxe, la Bavière, la Franconie, la Souabe, la Lorraine, la Bohême, devenue royaume au XIIe siècle et celui d'Italie du nord surtout, auxquels viendra s'ajouter en 1038 le royaume de Bourgogne (c'est-à-dire les pays compris entre la Saône et le Rhône à l'ouest, les sommets Alpins et les confins Germaniques en Bavière et Souabe à l'est, la plaine Suisse, le Jura, les régions Alpines de France, la Provence au nord)... Le royaume de Francie n'y est pas intégré et le centre de gravité politique est, plus encore que naguère, établi en Allemagne.

C'est pour cette raison que les historiens ont qualifié cet empire de Romain Germanique.
Otton Ier : un empereur qui protège et dirige l’Église :
Après Charlemagne, l'empire Carolingien est divisé en 3 parties, Occidentale, Médiane, Orientale.

Du côté Oriental, ou Germanique, Otton Ier se fait couronner dans la cathédrale d'Aix-la-Chapelle (dédiée à Marie), le 7 août 936, et il fait vœu de protéger l'Église. Après sa victoire sur les Hongrois en 955 à la bataille du Lechfeld près d'Augsbourg, le pape Jean XII l'appelle à Rome pour lui proposer la couronne d'empereur... À cette époque, le pape est menacé par les rois régionaux Italiens et espère s'attirer les grâces d'Otton en lui faisant cette offre. Le cri à l'aide du pape montre également qu'Otton est le successeur légitime de Charlemagne.
Otton Ier devient empereur, le 2 février 962, date de fondation retenue comme fondatrice du Saint Empire Romain Germanique... Dès lors, l'empereur Otton Ier peut nommer tous les prélats de l'Empire :
Recrutement au sein de la chapelle royale, où ils ont été formés et où leur personnalité a été jugée. Une fois désignés, ils reçoivent du souverain l'investiture. Celui-ci leur remet les insignes de leur fonction, la crosse et l'anneau, à leur mission spirituelle, il associe des tâches temporelles et leur délègue les pouvoirs nécessaires pour les remplir. Ainsi l'autorité impériale est-elle relayée par des hommes compétents et dévoués.

Non sans risque, l’Église de Rome s'est alors positionnée comme servante de l'Allemagne triomphante. Qu'adviendra-il le jour où le souverain Germanique ne voudra plus lui donner son appui ?
Et qu'adviendra-t-il de l'unité avec l’Église Byzantine ?
Pire, à Rome, le pape Jean XII scandalise par ses mœurs dépravées, et rien ne parvient à le corriger... Or, l’Église, au lieu de le juger directement, demande à l'empereur de le chasser du siège apostolique !
Précédent d'une incalculable portée ! Tous les antipapes créés par les empereurs durant les siècles suivants seront opposés aux pontifes légitimes par un procédé aussi sommaire. Un simple laïc, Léon est rapidement élu, reçoit tout aussi rapidement les ordres et devient pape (le pape Léon VIII).

Durant le règne d'Otton Ier, le recours à la bienheureuse Vierge Marie est limité. Ses fêtes liturgiques sont bien sûr célébrées mais elle ne sont mises en rapport ni avec les souveraines ni avec l'exercice du pouvoir. Ce n'est qu'à
partir du règne d'Otton II (973-983), que Marie devient un exemple de vertu pour l'impératrice ou un rempart pour l'empereur....

Entre 962 et 1250, les empereurs les plus valeureux tenteront inlassablement de renforcer leur autorité en Allemagne et de soumettre les Italiens. Ils s’useront à l'une et à l'autre tâche et échoueront finalement, mais leurs entreprises ne manqueront pas de grandeur.

Conscient des faiblesses de l'édifice impérial, Otton le Grand s'efforce d'y remédier en s'assurant soit directement, soit par l'intermédiaire de ses parents et de ses fidèles sujets le contrôle des principaux duchés Allemands et en établissant en Italie des hommes qui lui sont dévoués. De plus, il confie aux évêques la délégation de certaines fonctions publiques (certains droits régaliens), estimant que, de cette façon, ces fonctions ne lui échapperont pas puisque les évêques ne peuvent se succéder de père en fils. Il lui faut donc contrôler les élections épiscopales, et fait nommer les prélat... Ce qu'il n'hésite pas à faire, conformément d'ailleurs à la tradition Carolingienne.
Cette politique lui permet de jouer un rôle éminent dans tout l'Occident et d'intervenir, entre autres, dans les affaires intérieures du royaume de Francie.

Afin d'assurer la continuité de son œuvre, il s'emploie à garder dans sa famille la couronne, que son père a déjà portée en Allemagne, en faisant désigner de son vivant son fils comme souverain associé. Ainsi Otton II, puis le fils de celui-ci, Otton III, accèdent-ils à l'Empire.
Avec Otton Ier, l’Église et les prélats, sont associés de près au gouvernement : les fonctions qui leur sont dévolues lors de l'avènement l'annoncent nettement. Otton Ier se rend à Pavie, en septembre 951, et sur-le-champ prend le titre de « roi des Francs et des Lombards ».

La reine Adélaïde, veuve du roi d’Italie Lothaire, fait-elle appel à Otton Ier ou est-celui-ci qui va chercher fortune en Italie ? Beaucoup de mystères demeurent sur ce sujet. Quelques semaines plus tard, il épouse en seconde noce la veuve de Lothaire... Sans attendre plus longtemps, il prie le pape de le recevoir... Envisage-t-il d'imiter en tout point Charlemagne qui, après avoir coiffé la couronne des Lombards, s'est rendu dans la Ville éternelle ?

Le refus qu'il essuie du souverain pontife soufflé par Albéric, véritable maître de Rome) prouve qu'il n'est aux yeux de celui-ci qu'un gêneur. Otton Ier n'insiste pas, il repasse les Alpes, abandonne le double titre royal et laisse son gendre, Conrad le Roux, sur place.

Les trois années qui suivent sont dominées par des révoltes. La plus gênante, celle de son propre fils Liudolf, que son père a comblé de titres, mais qui voit (peut-être ?) d'un mauvais œil le remariage de celui-ci... Le jeune homme attire à ses côtés le duc de Lotharingie, Conrad dit « le Roux », son beau-frère, et fait venir avec lui les Hongrois qui traversent le royaume en 954 et continuent jusqu'à Metz avant de repartir par le sud... Otton Ier, pris de court, cherche un appui auprès de son jeune frère Brunon, ils affrontent les Hongrois et les écrasent sans pitié.

L’Église joue donc dans la politique extérieure d'Otton Ier un rôle important, Plus considérable encore est la place que le roi lui fait dans les structures internes de l'État. La rébellion de 953 a prouvé que le recours aux relations familiales n'offre pas beaucoup plus de garanties de fidélité que la conclusion de pactes d'amitié. Otton Ier ébauche la construction d'un système que ses successeurs parachèveront (les historiens Allemands le qualifient de Reichskirchensystem, parce que les églises de l'empire en forment l'armature).

Nous retrouvons là Brunon, le « provisor et tutor regni », l'archevêque de Cologne. Il fait de la chapelle royale une pépinière de prélats qui seront aussi serviteurs du royaume. A chaque chapelain, il procure une prébende dans un chapitre cathédral, ainsi dans tous les diocèses, il y a un membre de l'entourage royal. Comme Otton Ier a pris soin de retirer aux ducs le droit de nommer les prélats des diocèses compris dans leurs duchés, il est possible de placer dans ceux qui sont vacants des hommes sûrs. Certes, de cette capacité, le souverain ne fait pas tout de suite un usage méthodique. Le procédé doit être rodé. Son principe suffit pour que le roi soit considéré comme « le Représentant du Seigneur » et que le caractère sacral de la monarchie se trouve souligné.

En 960 le pape, le successeur de celui qui naguère lui a opposé une fin de non-recevoir, l'appelle au secours. Ce Jean XII n'est pas un parangon de vertu, mais il a été choisi, conformément au vœu de son père, Albéric, le prince de Rome, pour que le principat et le pontificat soient réunis dans la même personne. Bérenger, le roi d'Italie qu'Otton Ier a investi, envahit les terres du Saint-Siège. Jean XII, comme l'a fait jadis Léon III appelant Charlemagne, promet qu'il couronnera Otton Ier en échange de son aide. La proposition est acceptée... Avant de partir, le futur empereur prend la précaution de faire élire roi le fils d'Adélaïde, Otton II, et de pourvoir à l'éducation de cet enfant de 5 ans ainsi qu'à la régence du royaume, d'autre part, il fait incorporer au pontificat de Mayence le rituel du couronnement.

Puis, à la fin de 961, il franchit les Alpes et, bien que Bérenger se soit échappé, le dépose, prend sa place, sans pour autant annuler l'autonomie du royaume des Lombards, dont les institutions sont respectées. Aux portes de la Ville Paternelle, Otton Ier s'arrête pour prêter au pape un « serment de sécurité », s'engageant de plus à lui restituer ce qui appartenait au patrimoine de Saint Pierre. Le 2 février 962, à la basilique du Vatican, il est d'abord sacré, puis couronné par Jean XII. Après une éclipse de 38 ans, l'empire renaît il durera plus de 8 siècles. Et laissera aux cœur des Allemands une nostalgie qui les mèneront au XXe siècle dans 2 guerres meurtrières.

Jean XII explique l'événement en déclarant que, le monarque étant venu lui rendre visite après ses splendides victoires, il lui a accordé, en récompense, le titre impérial avec l'espoir que cette dignité lui fournira d'autres succès... Il présente sa démarche comme s'il avait lui-même recréé l'Empire, d'où il résulte qu'il revient d'une façon générale au pape de faire l'empereur, ce qui lui confère une autorité exceptionnelle dans le domaine politique. Cette explication, (de laquelle certains tireront qu'en 962 la Papauté a transféré l'Empire des Carolingiens aux Allemands comme elle l'avait fait en 800 des Romains aux Carolingiens), cela ne correspond cependant en aucune manière à la réalité.

Car c'est Otton Ier qui a voulu le titre impérial et c'est lui d'abord qui a rétabli l'Empire afin d'asseoir davantage encore son autorité en Allemagne, particulièrement sur les évêques, et de tenir plus fermement l’Italie. Il exige d'ailleurs, à cette fin, de contrôler l'élection pontificale et interdit qu'à l'avenir on couronne un pontife élu sans que la régularité du scrutin n'ait été constatée par les officiers impériaux... C'est donc, d'une certaine façon, le retour au césaropapisme accompli dans la collaboration étroite des deux pouvoirs, mais, sauf pour les matières proprement religieuses, sous l'autorité de l'empereur. Et c'est bien ainsi et non selon les prétentions de Jean XII que les relations se fixent. C'est Otton Ier le Grand qui contrôle le siège de Pierre.
L’empereur se trouve à mi-chemin entre la cléricature et le laïcat en tout cas, il occupe, dans la sphère du sacré, une place particulière.

Les « grands » du royaume ne peuvent plus le considérer comme un des leurs. Le pape lui-même doit reconnaître son pouvoir, il s'est prosterné devant lui après l'avoir couronné.

L’acte solennel dit l'Ottonianum, promulgué par l'empereur le 13 février 962, accorde au Saint-Père les mêmes privilèges que ceux que les Carolingiens ont reconnus à la papauté (confirmation des territoires du patrimoine de Saint Pierre), mais, reprenant un diplôme de Lothaire Ier, il prescrit à tout nouveau pape de prêter serment entre les mains du souverain ou de son envoyé avant de recevoir la consécration... Otton Ier use de son pouvoir dès 963 Jean XII qui, sans doute, trouve trop élevé le prix payé pour obtenir de l'aide intrigue contre l'empereur avec ses ennemis... La réaction est rapide et brutale : Un concile réuni par Otton Ier dépose le pape, car de graves accusations l'accablent et le remplace par un notaire de la chancellerie pontificale.

Profitant de sa position de force, Otton Ier exige des Romains un serment aux termes duquel « ils n'éliront ni n'ordonneront aucun pape en dehors du consentement du seigneur Otton Ier ou de son fils ». L’empereur est donc dans son ordre à tout le moins l'égal du pape, un pape dont il contrôle l'élection. Les avantages que lui procure cette situation sont considérables... Pouvoir compter sur la collaboration du pontife qui se dit détenteur du « siège le plus élevé et disposant de la compétence universelle », c'est la garantie d'une autorité de fait sur les Églises locales, celles de l'empire en particulier. Otton Ier fait usage de cette possibilité d'intervention à plusieurs reprises, en 962, en 965 et en 967, au synode de Ravenne, tenu en sa présence.

La réorganisation des institutions ecclésiastiques dans les pays Slaves telle que l'empereur l'a voulue est solennellement confirmée. Si Magdebourg voit son champ d'action missionnaire réduit aux territoires soumis effectivement à l'empereur, le pape n'y est pour rien, la christianisation de la Pologne entraîne la création d'évêchés Polonais et, tôt ou tard, la reconnaissance de leur autonomie.

OTTON Ier ET ADELAÏDE
Mais Otton découvre rapidement que sa nouvelle dignité ne lui vaut pas que des privilèges. Les Romains le considèrent comme un étranger pour lequel ces aristocrates convaincus qu'ils descendent des Scipions ou des Fabii n'éprouvent que du mépris, voire de l'aversion. Que le régime dont ils se sont dotés soit bousculé par ce barbare, ils ne l'acceptent pas, ils se révoltent à plusieurs reprises et l'échec de leurs rébellions accroît leur amertume. Pour l'empereur, il ne fait pas bon vivre à Rome. Ce n'est pas seulement avec la population Romaine qu'Otton Ier a de sérieuses difficultés... Comme Charlemagne, il rencontre l'hostilité des Byzantins dont le basileus, tout Grec qu'il soit, estime avoir seul droit au titre d'empereur Romain...

Fidèle aux usages Carolingiens, Otton Ier ne prend qu'exceptionnellement le titre d'imperator Romanorum et Francorum, se contentant en règle générale de celui d'imperator Augustus. Cependant, il heurte les prétentions de Constantinople lorsqu'il reçoit l'hommage des princes Lombards de Bénévent et de Capoue, faisant mine de les soustraire à l'autorité de l'empereur d'Orient.

Or Nicéphore Phocas, défend le principe que l'Empire Romain, c'est-à-dire Byzantin, est le seul et que tous les autres princes sont de simples rois. Il va jusqu'à revendiquer Rome et Ravenne. Cette attitude ne décourage pas Otton Ier, qui ne désespère pas d'obtenir pour son fils la main d'une princesse « née dans la pourpre », fille d'empereur... Afin de rendre le parti plus beau, en 967, il fait couronner empereur ce fils, le futur Otton II, par Jean XII.

Nicéphore, intraitable, répond en préparant une expédition militaire. Otton Ier, en guise de riposte, entreprend la conquête de la Pouille et de la Calabre, sans grand succès il est vrai. Les données sont différentes avec l’avènement de Jean Tzimiscès, qui se montre conciliant et accepte l'idée du mariage... Toutefois, le souverain Byzantin envoie à l'empereur des Romains non pas une porphyrogénète ( née dans le palais), mais une de ses nièces, Théophano.... Otton Ier, mécontent, se résigne et, avant de repartir pour la Germanie, fait épouser la jeune fille à Otton (II), empereur associé (972).

À Pâques 973, un nouvel afflux d'ambassades en Germanie couronne la carrière du grand empereur, qui meurt subitement le 7 mai. Sa succession est assurée, l'Empire Romain a retrouvé vie et s'étend de la mer du Nord au sud de l'Italie, de la frontière Française au pays des Slaves et des Hongrois.

Les emblèmes du pouvoir politique et religieux prennent une grande importance dans de telles circonstances. Otton Ier hérite de son père un autre symbole d’autorité. Il s’agit d’une lance célèbre, connue aujourd’hui sous plusieurs appellations : Lance de Longinus, Lance de Saint Maurice, Sainte Lance ou Lance du Destin. Elle incarne, semble-t-il, une autorité extraordinaire, tant politique que religieuse. On dit à l’époque que sa pointe, ornée de petites croix de cuivre, contient un ou plusieurs clous extraits des mains et des pieds du Christ crucifié.

En 926, Rodolphe II de Bourgogne abandonne la lance à Henri Ier en échange de la ville de Bâle, une contrepartie en apparence inéquitable mais révélatrice de la valeur inouïe qu’Henri Ier accorde à cette relique de métal. Même si une récente analyse scientifique date l’arme du VIIe siècle, on disait à l’époque d’Otton Ier qu’elle avait appartenu à l’empereur Constantin le Grand au IVe siècle... La légende s’est nourrie au fil du temps, certains se mettant à suggérer qu’elle avait effectivement été ramenée de Terre Sainte par la grande collectionneuse de reliques, Sainte Hélène, la mère de Constantin. 
Cependant, davantage que l’âge réel ou l’histoire particulière de la lance, l’important réside, d’une part, dans la signification qu’elle revêt pour ceux qui la possèdent et, d’autre part, dans l’incidence qu’elle a sur les événements historiques... Le regretté historien Geoffrey Barraclough explique par exemple qu’en se séparant de cet emblème de l’héritage de Constantin, Rodolphe renonce aux droits Bourguignons sur l’Italie (The Origins of Modern Germany, 1984).

Pour Otton, la Sainte Lance est « le symbole et la preuve de ses prétentions sur l’Italie et sur la fonction impériale ». Pendant un millénaire, elle sera vénérée comme l’un des insignes impériaux les plus sacrés... Quel symbole plus éloquent du transfert de l’autorité et de la dévotion romaines au christianisme Otton Ier peut-il posséder, si ce n’est cet instrument de l’empire qui, d’après la légende, contient les clous de la crucifixion du Messie ?...

Quant à la couronne d’Otton Ier (de facture nouvelle) quel meilleur symbole de la lignée ininterrompue de prêtres, rois et apôtres des temps bibliques, que le diadème royal orné des portraits de 4 puissants personnages salvateurs de la Bible (David, Salomon, Ésaïe et le Christ préexistant) ainsi que de 2 plaques incrustées de 12 pierres, l’une semblable au pectoral des grands sacrificateurs hébreux, l’autre rappelant les 12 apôtres ? Le nouveau roi est indubitablement voué à un grand destin...

Pourtant, la charge de la direction et de la protection de la chrétienté qu’ont assumée Constantin, Justinien et Charlemagne ne va pas peser totalement sur les épaules d’Otton Ier pendant l’essentiel de son règne. Entre 936 et 955, il est confronté à des luttes intestines avec des ducs de sa famille et d’autres seigneurs de tribu. Quoiqu’il triomphe de ces adversaires et réussisse ses campagnes militaires en Bourgogne (contre les Slaves), au Danemark, en Bohème, et en Italie où il devient roi des Lombards en 951, il faudra 2 décennies à dater de son accession au pouvoir pour que le moment décisif se présente à lui (et à l’Histoire de l’Allemagne).

Pour évaluer le règne d’Otton et sa place dans les 900 ans (ou presque) de l’histoire Germanique, il faut admettre que, quoiqu’il ait pris Charlemagne pour modèle, il n’a pas tenté de reproduire exactement l’empire Carolingien. De nombreux historiens ont supposé qu’Otton Ier avait pour but de faire renaître l’intégralité de l’ancien Empire d’Occident, l’histoire offre pourtant un tableau plus nuancé. Par exemple, Otton n’unifie pas la péninsule Italienne en chassant les Byzantins. En fait, au terme d’une campagne qui débute en 966, il conclut avec eux un accord de paix et négocie le mariage de son fils. Ainsi, en 972, l’Empire Germanique obtient enfin la reconnaissance de l’empereur Byzantin. 

« En politique, il faut suivre le droit chemin ; on est sûr de n'y rencontrer personne »


Histoire | theresagerloff
theresagerloff.wordpress.com/histoire/
Le premier empereur romain germanique, Otton le Grand, y fit construire sa résidence ... L'empereur Otton Ier (936-973) fonde l'archevêché de Magdebourg.

Encyclopédie Larousse en ligne - Otton Ier le Grand
www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Otton_I_er...Grand/136523
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Roi de Germanie (936-973) et empereur (962-973). Avec Otton Ier, l'Eglise et les prélats, dont il n'avait été question ni en 911 avec la mort de Louis .... Rapp, F. (2000), Le Saint Empire romain germanique, d'Otton le Grand à Charles Quint.






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