18
SEPTEMBRE 1914
I)
Un
chien perdu à Soissons retrouve son maître dans un hôtel parisien
où ils a l'habitude de séjourner :
«M.
Néraud, habitant des environs de Soissons, ayant à la dernière
minute dû fuir l'invasion, ne peut, au moment du départ, retrouver
son chien.
Il
s'en va en laissant à manger abondamment pour la pauvre bête au cas
où elle réintègre la maison abandonnée... Le chien est venu
souvent à Paris avec son maître qui descend toujours au même hôtel
dans le quartier Saint-Vincent-de-Paul.
Quelle n'est pas la surprise de M. Néraud, le 18 septembre 1914, quand il voit arriver l'animal crotté et trempé. Le chien est venu une première fois vers midi et a pénétré dans l'hôtel où il a flairé les meubles du salon, chassé par les garçons qui ne l'ont pas reconnu, il a patiemment attendu dans la rue le retour de son maître.» écrit Le Figaro du 19 septembre 1914...
II)
L’ampleur
du massacre, l’horreur des tranchées, la mobilisation de
l’arrière, l’industrialisation des armes ont fait de la première
guerre mondiale, dans l’historiographie comme dans l’imaginaire
Européen, un sommet de la « brutalisation » des affrontements
guerriers
Est-ce
bien le cas ? (Hervé Drévillon)
Le
terme a été forgé par l’historien Américain d’origine
Allemande George Mosse (1918-1999) :
Il
évoque « la brutalisation des sociétés occidentales »,
c’est-à-dire la diffusion des modèles et des comportements
guerriers dans la société civile le culte du héros viril, du
sacrifice héroïque, comme facteur d’explication du fascisme et du
totalitarisme. Il s’intéresse donc peu à la réalité des
comportements pendant la guerre elle-même, il fait d’ailleurs
remonter ce phénomène à la Révolution Française, où se
combinent la démocratisation de l’héroïsme et la communion des
nations dans la pulsion guerrière.
Mais
le terme de brutalisation est aussi utilisé pour décrire ce qui,
dans l’expérience de la lutte des soldats de la première guerre
mondiale, est en rupture avec tout ce qui a été décrit dans les
conflits antérieurs... Après quoi, les historiens sont allés
chercher les prémices de cette « brutalisation », au sens du
processus d’intensification des combats, au cours des périodes
antérieures. Il n’en reste pas moins qu’il existe une rupture.
La guerre est d’une nature à peu près constante du Moyen-Âge à
1914. Après, elle devient autre chose.
Quelles
sont les spécificités de la guerre de 1914 ?
L’énormité
des pertes humaines ?
On
pourrait le penser, mais les choses sont plus compliquées. Certes,
avec, en France, 1,4 million de morts en un peu plus de 4 ans, on est
bien au-delà des plus ou moins 900 000 morts militaires des 12
années de guerres de Napoléoniennes (1804-1815).
Mais,
si l’on s’intéresse à l’expérience de guerre des soldats
vécue sur une période plus courte, on s’aperçoit qu’une
bataille Napoléonienne, par exemple, fait plus de victimes sur un
même lieu en peu de temps : 140 000 morts et blessés sur 500 000
hommes engagés pendant les 3 jours de la bataille de Leipzig (du 16
au 19 octobre 1813, entre l’armée Française et la coalition
Russe, Prussienne, Autrichienne et Suédoise), 30 % des effectifs
dans les deux camps à la bataille de Borodino (7 septembre 1812,
entre Russes et Français).
Ces
taux de perte à la journée ne seront atteints dans aucune bataille
de la première et même de la seconde guerre mondiale, y compris à
Verdun ou à Stalingrad ! Le « vécu » du soldat de Napoléon
pouvait ainsi, en termes de violence subie, être bien pire que celui
d’un poilu de 1914-1918... Ce n’est pourtant pas du tout la
représentation que l’on s’en fait…
Car
ce qui caractérise la première guerre mondiale, c’est l’étalement
des pertes sur des périodes longues et de façon continue. Sans même
qu’il y ait combat, les hommes restent face à l’ennemi et au no
man’s land :
Ils
sont en confrontation permanente avec la situation de guerre, alors
que les soldats de Napoléon gardent le plus souvent une sorte de vie
civile en garnison ou en cantonnement, marchent beaucoup, et se
battent parfois.
De
plus, durant la Grande Guerre, les combats, quand il y en a, se
répètent sur les mêmes terrains et selon les mêmes modalités.
Car la révolution des transports (trains, puis camions), en
alimentant de façon continue le front en hommes et en munitions,
prolonge la durée des combats, pour aboutir à l’hécatombe que
l’on sait... Ce renouvellement constant se solde au final par des
pertes gigantesques à l’échelle de chaque classe d’âge
mobilisée.
Rappelons
que, au plus fort des guerres Napoléoniennes, 30 % d’une classe
d’âge est sous les drapeaux, quand la quasi-totalité des jeunes
hommes, en 1914, le sont...
Autre
différence :
L’étendue
du front, les communications modernes entre l’avant et l’arrière
plongent tout le territoire, soldats comme civils, dans le fait de
guerre. Lorsqu’on se promène dans la France de 1914-1918, on ne
peut pas ignorer qu’elle est en guerre, ce n’est pas le cas en
1812.
Faute
d’unité de temps, de lieu et d’action, la notion de bataille se
dilate, violence est faite à toute la société.
La
guerre de 14-18, c’est la guerre totale ?
Non,
pas vraiment. Le terme est certes inventé à ce moment-là, par Léon
Daudet (1867-1942) en France, et, par le général Erich Ludendorff
(1865-1937) en Allemagne... Mais c’est pour déplorer, l’un comme
l’autre, qu’elle n’ait pas eu lieu !
Certes,
on voit des formes de violence de masse inédites, comme le génocide
des Arméniens par les Turcs, en 1915-1916. A part ce fait,
considérable, il n’y a pas plus de brutalités contre les civils
que lors des guerres précédentes, plutôt même moins que dans les
guerres asymétriques comme les insurrections populaires :
En
Espagne (1809-1814),
Au
Tyrol (1809)
En
Calabre (1806-1807)
Sous
l’Empire... Les guerres coloniales... ou La guerre de Trente Ans
(entre États catholiques et protestants, en Allemagne, de 1618 à
1648), les pertes civiles dépassent les pertes militaires.
Tout
simplement parce que la population civile n’est pas, généralement,
désignée comme un objectif stratégique.
Alors
que le bombardement aérien et les gaz existent déjà.
Contrairement
à la seconde guerre mondiale, ce choix n’est pas fait, à
l’exception de rares bombardements de Paris et de villes Anglaises,
qui font peu de victimes.
Mais
les armements modernes ne provoquent-ils pas des niveaux de pertes et
des types de blessures inconnus jusqu’alors ?
Pendant
la guerre de 1870, les 70 % à 80 % des pertes sont dues aux armes
individuelles.
En
1914-1918, ce taux est celui des pertes dues à l’artillerie, la
véritable rupture n’est donc pas seulement le nombre des pertes,
mais également la confrontation des hommes aux armes issues de
l’industrie :
Avions,
artillerie lourde, gaz.
L’invention
de la poudre sans fumée et d’explosifs qui accroissent la portée
des armes modifie la dimension sensorielle du combat :
Les
soldats ne voient pas et n’entendent pas d’où partent les tirs.
Ils
développent ainsi un sentiment d’écrasement.
L’expérience
de guerre ne fabrique pas des héros virils, mais des individus
impuissants face à ce qui leur arrive.
C’est
ce que montrent les travaux d’Antoine Prost [auteur des Anciens
Combattants (1914-1940), Folio, 336 p.].
N’est-ce
pas aussi le résultat de l’incapacité des états-majors à
comprendre ce nouveau type de guerre ?
A
la veille de 1914, on sait en réalité à quoi s’en tenir :
Jean
de Bloch, un banquier Polonais féru de technique, a publié en 1899
La Guerre future... Il évalue par de savants calculs les pertes que
l’artillerie de l’époque peut causer, conclut à la supériorité
de la défensive et estime par conséquent toute guerre impossible,
et tout État qui s’y engagerait condamné à connaître une
révolution socialiste… Malgré cette vision prémonitoire, les
états-majors restent accrochés à la doctrine de l’offensive à
outrance...
Pourtant,
après les hécatombes de la guerre de 1870, le règlement de
l’infanterie de 1875 vise à épargner les hommes. Cependant dès
1884, la mauvaise interprétation de la « bataille décisive »
définie par le général prussien Carl von Clausewitz [dans son
traité de la guerre, publié en 1832] fait revenir le règlement
Français à la vague d’assaut en ligne. Ceux qui suivront, de 1895
à 1913, affirment le primat de la « supériorité morale » sur la
force matérielle.
On
tire de la guerre Russo-Japonaise (en Mandchourie, 1904-1905) et des
guerres Balkaniques (1912-1913), où sont pourtant utilisés
tranchées et barbelés, la leçon que la force morale peut surmonter
l’épreuve du feu.
Contrairement
à ce que l’on croit, les états-majors savent que les pertes
seront énormes, mais ils en concluent que, pour économiser les
vies, la guerre doit être courte et qu’il faut donc brusquer les
choses pour emporter la décision... L’objectif est, et restera
tout au long de la guerre, d’éviter la guerre longue. Le pari de
l’offensive à outrance n’est pas dû à l’ignorance de la
capacité de destruction. Au contraire, c’est sa reconnaissance.
III)
G.Q.G.
:
Joffre est plus que jamais décidé à obtenir la décision vers Noyon. Il pense que la manœuvre doit prendre, avec des forces supérieures, une plus large envergure. Il décide le transfert, à gauche de la VIe armée, de la IIe armée (Castelnau), à laquelle seront rattachés les 13e et 4e C.A., repris à la VIe armée.
VIe Armée Française
Maunoury espère toujours faire aboutir la manœuvre de débordement. Le général Ebener réoccupe la ligne Bailly - Tracy-le-Val - Bois de la Montagne et le 4e C.A. gagne la vallée de l'Oise par Compiègne pour prêter main forte au 13e C.A.
Armée Anglaise
Les Allemands attaquent violemment mais sans succès la droite du 2e C.A., puis la gauche du 1er et sont repoussés, mais les pertes des Anglais sont telles que French décide de n'entreprendre aucune offensive, comptant que le plateau sera dégagé grâce à l'offensive de la VIe armée.
Joffre est plus que jamais décidé à obtenir la décision vers Noyon. Il pense que la manœuvre doit prendre, avec des forces supérieures, une plus large envergure. Il décide le transfert, à gauche de la VIe armée, de la IIe armée (Castelnau), à laquelle seront rattachés les 13e et 4e C.A., repris à la VIe armée.
VIe Armée Française
Maunoury espère toujours faire aboutir la manœuvre de débordement. Le général Ebener réoccupe la ligne Bailly - Tracy-le-Val - Bois de la Montagne et le 4e C.A. gagne la vallée de l'Oise par Compiègne pour prêter main forte au 13e C.A.
Armée Anglaise
Les Allemands attaquent violemment mais sans succès la droite du 2e C.A., puis la gauche du 1er et sont repoussés, mais les pertes des Anglais sont telles que French décide de n'entreprendre aucune offensive, comptant que le plateau sera dégagé grâce à l'offensive de la VIe armée.
IV)
G.Q.G.
Joffre
envoie un télégramme à la I ère armée :
« l’ennemi
semble masser des forces importantes dans la région de Metz -
Thionville dans l’intention probable d’intervenir sur le flanc
droit de la IIe armée. La I ère doit se tenir prête à intervenir
efficacement vers le nord. Elle tiendra prête, aux environs de
Nancy, une forte réserve, autant que possible un C.A. » Le 14e
C.A. est transféré de Bayon à Clermont - Beauvais.
V)
I
ère Armée Française
Un
télégramme chiffré du Q.G. prescrit de tenir le 16e C.A. prêt à
embarquer pour l’ouest. Dubail le dirige sur la Moselle, entre
Charmes et Épinal. A dater du 19, la I ère armée aura à couvrir
seule un front immense, de la Suisse à Pont-à-Mousson.
IIe
Armée Française
La
IIe armée est dissoute pour aller se reconstituer vers Amiens. Le 8e
C.A. passe à la IIIe armée, qui devra prendre, le 21, l’offensive
dans la région de Spincourt. Les divisions de réserve (3e
groupement, général Pol Durant) restent sur les Hauts-de-Meuse, le
8e C.A. porte une de ses divisions dans la Woëvre, vers Woël.
Les
Hauts-de-Meuse ne sont donc plus tenus que par un groupe de divisions
de réserve, étalé sur un large front entre les routes Verdun -
Metz et Saint-Mihiel - Pont-à-Mousson, et par la 7e D.C. à sa
droite. Le secteur de la Woëvre méridionale est placé sous le
commandement de Dubail, après le départ de Castelnau pour la
Picardie.
Ve
Armée Française
Elle
continue à renforcer sa gauche au détriment de sa droite qui perd
le 10e C.A., placé en réserve générale dans la région de Fismes.
Au cours de la nuit du 17 au 18, le 3e C.A. perd le château de
Brimont et se voit refoulé jusqu’à la route Reims - Laon. La
situation de la Ve armée devient difficile :
De
fortes colonnes Allemandes sont en marche entre Chamouille, Vendresse
et Paissy. On prévoit une grosse attaque pour la matinée du 19 sur
la droite Anglaise et la gauche du 18e C.A.
VIe
Armée Française
Le
1er C.C. reste dans ses cantonnements. Le général Buisson constate
que les chevaux d’artillerie sont tellement épuisés qu’ils sont
incapables de gravir une côte au pas ou de trotter sur les routes en
terrain horizontal... Il estime qu’un arrêt de 8 jours serait
nécessaire.
Un
ordre de Joffre prescrit de garder une attitude défensive sur le
front Soissons - Vic -Tracy-le-Val - Bailly pendant la formation de
la nouvelle IIe armée (4e, 13e, 14e, 20e C.A. et deux C.C.), qui se
concentre au nord-ouest de Noyon afin d’opérer contre le flanc
Allemand. Cet ordre constate l’échec de l’offensive sur l’Aisne.
Un
peu avant midi, un ordre parvient à la VIe armée (n° 119)
selon lequel le 4e C.A. sera transféré au sud-ouest de Compiègne.
Le
7e C.A. et le groupe de Lamaze ont reçu l’ordre de maintenir leurs
positions sur l’Aisne.
O.H.L.
Von
Falkenhayn prépare une offensive vers les Hauts-de-Meuse, tenus par
un groupement de divisions de réserve, point faible de l’armée
Française.
Armée
Anglaise
La
nuit du 17 au 18 septembre est marquée par plusieurs attaques
Allemandes contre la 1 ère division à l’extrême droite.
VIe
armée Allemande
Le
mouvement de l’armée commence pour déborder les alliés. Elle
fait mouvement à partir de Metz vers Saint-Quentin
Via
Trier - Aachen - Liège - Bruxelles - Mons
Via
Thionville - Luxembourg - Namur - Bruxelles – Mons.
Rupprecht
de Bavière gagne Luxembourg en soirée. Sa mission est de refouler
l’infanterie Française apparue entre Roye et Montdidier en mettant
en ligne le 21e C.A. Il doit ensuite envelopper la gauche
Française... von Falkenhayn lui demande d’engager les C.A. au fur
et à mesure de leur arrivée, ce qui provoque des protestations de
sa part.
Armée
Belge
A
l’aube, les éléments avancés de la 4e division bordent la Durme.
La division doit défendre la ligne de la Durme, de Tilrode à
Waasmunster. Pour empêcher l’artillerie Allemande de s’établir
par surprise à distance de tir convenable des forts, les divisions
reçoivent l’ordre de pousser leurs gardes sur la ligne Buggenhout
- Bonheiden - Londerzeel - Geerdegem - Muyzenstraat - Putte -
Hellebrug - Boeven – Grobbedonk.
VI)
Le
journal du Rémois Paul Hess
Aujourd’hui,
c’est à 2 h 1/2 du matin, que nous sommes arrachés brutalement à
notre sommeil par les détonations épouvantables des grosses pièces
et qu’il nous faut encore faire, avec les enfants, une descente
immédiate à la cave, elle est particulièrement pénible.
La
famille des concierges, augmentée depuis hier de deux personnes, et
les Robiolle, restés avec eux pour la nuit, viennent nous rejoindre
tout de suite, nous sommes réunis au nombre de 14 et tous, nous
éprouvons le besoin de dormir encore. Nous cherchons à prendre, les
uns sur des chaises, d’autres allongés sur un tapis, des positions
dans lesquelles nous pourrions nous assoupir et reposer quelques
instants... C’est impossible !
Nous
causions des tristes événements de cette période terrible que nous
vivons, des ravages causés par le bombardement, pour ainsi dire
ininterrompu depuis le lundi 14, des véritables massacres qui en ont
résultés, des victimes que nous connaissions, de la situation
tragique de la ville de Reims, qu’on ne peut, nous semble-t-il
laisser abîmer plus longtemps, ce qui nous donne l’espoir que la
poursuite de l’ennemi, si malheureusement arrêtée, sera
vraisemblablement reprise dès que possible...
Mme
Guilloteaux, assise dans un fauteuil qu’on est allé lui chercher,
afin de lui donner le moyen d’installer mieux la petite Gisèle,
âgée d’une semaine à peine, qu’elle tient enveloppée dans un
duvet, exhale ses plaintes, la pauvre femme, après chacune des
explosions formidables que nous entendons. Elle répète ce qu’elle
disait souvent hier et tous ces jours derniers :
« Eh,
mon Dieu ! on n’arrivera donc point à les déloger de là ».
Le
ton larmoyant de cette demande bien vague, faite à la cantonade,
avec une prononciation Ardennaise fortement accentuée, porterait à
rire en toute autre circonstance, on n’y pense pas. Nous comprenons
trop bien les angoisses terribles de la bonne aïeule voulant
protéger de tout danger, même du froid, le frêle petit être
qu’elle garde précieusement sur ses genoux et personne ne lui
répond aujourd’hui, parce que, sincèrement, on ne peut plus rien
lui dire, à la longue, nous finirions aussi par nous demander si on
y parviendra, à « les » déloger...
Nous
ne sommes pas initiés (loin de là) mais il est devenu évident que
nos troupes ont trouvé le 13, au sortir de Reims venant de les
fêter, une résistance opiniâtre qui semble devenir, de jour en
jour, plus difficile à briser.
En
date du 14 le communiqué disait :
4h30,
les Allemands ont organisé, en arrière de Reims, une position
défensive sur laquelle ils n’ont pu tenir, mais celui du même
jour disait :
23h15,
Au centre, l’ennemi semble également vouloir résister sur les
hauteurs du nord-ouest et au nord de Reims, etc...
La
deuxième dépêche de ce lundi dernier 14, n’était donc pas
longtemps sans venir contredire la première. D’ailleurs, nous
sommes bien placés (quelle dérision d’employer pareil terme !)
pour savoir que l’ennemi ne semble pas seulement vouloir résister,
et pour avoir la certitude qu’il résiste vigoureusement.
Nous
ne nous sommes même aucunement aperçus d’un ralentissement du
bombardement commencé le 14, dans la matinée, il n’a fait, au
contraire, qu’augmenter d’intensité. Comment les Allemands
sont-ils parvenus à s’accrocher aussi solidement aux hauteurs qui
dominent notre ville, à si peu de distance ?
Seraient-ils
donc parvenus à opérer, à leur tour, une volte-face, un
redressement qui serait, toutes proportions gardées peut-être, une
réplique de celui qui fut si bien réussi par nos armées, il y a
une quinzaine de jours, lorsqu’elles ont arrêté net la marche sur
Paris ?
Après
les avoir vus traverser Reims dans une complète retraite, bien près
de se transformer en déroute, nous aurions du mal de comprendre
cela.
Il
serait fort intéressant de connaître ce que pense de pareille
situation l’autorité militaire, mais, bien entendu, nous ne savons
absolument rien et ce n’en est pas plus rassurant.
Après
avoir vu le flux de l’armée Allemande et son reflux en des
déploiements formidables, allons-nous être de nouveau envahis ?...
Malgré tout, je veux espérer que non !
Toutes
ces pensées me traversent l’esprit, après chacune des
lamentations de Mme Guilloteaux.
3h15,
la canonnade paraissant cesser, je retourne au premier étage,
m’étendre sur un lit, tout habillé et deux heures après, toute
la famille est remontée.
5h20,
Quelques minutes seulement se passent ensuite, le sifflement de plus
en plus fort d’un obus qui arrive, nous fait craindre, l’espace
de quelques secondes, avant son explosion, qu’il soit pour nous...
Il éclate tout près et nous oblige à réintégrer la cave que nous
ne pouvons plus quitter, après un semblant d’accalmie, le
bombardement vient de reprendre avec violence et il nous faut, cette
fois encore, y passer toute la journée.
Robiolle
avait quitté hier l’établissement des Bains et lavoir publics
qu’il dirige, rue Ponsardin, Il désire savoir ce qui a pu se
passer de ce côté, et s’en va, suivi de sa femme, se proposant de
revenir aussitôt mais nous ne les revoyons pas... Les explosions
continuelles des obus qui se sont mis littéralement à pleuvoir dans
ces parages, peu de temps après leur départ, rend leur retour
impossible.
Le
boulevard de la Paix, dans toute sa longueur, de même que les
boulevards Gerbert et Victor-Hugo sont complètement hachés.
Les
batteries d’artillerie du malheureux groupe que j’avais remarqué,
bivouaquant là, depuis le 15, ont bien été repérées, malgré
l’abri que pouvaient leur donner les gros arbres, qui, pour la
plupart, sont ébranchés ou mis en pièces.
Des
hommes et nombre de chevaux sont tués en ces endroits. La caserne
Colbert a été touchée plusieurs fois.
La
cathédrale l’a été également.
Le
soir, des obus incendiaires qui hier, avaient fait leur première
apparition, sont encore envoyés sur la ville. Un incendie allumé
par ces projectiles à la sous-préfecture, rue de l’Université,
se propage aux maisons voisines jusqu’à la rue des Cordeliers,
après avoir gagné la maison Fourmon, en angle, puis progresse
ensuite jusqu’à la moitié de cette dernière rue. L’usine
Lelarge, boulevard Saint-Marceaux, est en feu depuis hier.
A
la nuit de cette nouvelle et longue journée d’épouvante, nous
sommes exténués.
VII)
Il
y a une affaire Castelna !
Une
dépêche de félicitations adressée le 10 septembre au général de
Castelnau par le général Joffre n'a été communiquée à la presse
qu'aujourd'hui et arrêtée par la censure de Bordeaux aussitôt
qu'elle a été communiquée. Elle a paru pourtant dans L'Homme libre
de Clemenceau, qui s'imprime à Toulouse et a pu être reproduite
après cela partout...
La
vérité est que le gouvernement a peur du général de Castelnau,
peur de sa popularité, de son influence, de ses idées. On m'assure
que le président Poincaré ne cache pas ses alarmes à ce sujet
:
Il
a peur d'être fusillé par la réaction. Le personnel républicain,
les gens de la rue de Valois ont la même crainte. Il est
cependant parmi eux des hommes qui ont du bon sens. Comme on disait
l'autre jour devant le sénateur Perchot, un des chefs du parti
radical-socialiste que les généraux seraient bien dangereux pour la
République après la victoire, Perchot répondit :
« Ayons
d'abord la victoire. »
En
passant tout à l'heure rue Vital-Carles, j'ai vu Millerand qui
sortait à pied, sans aucune cérémonie, du ministère de la Guerre.
A..., un de nos confrères de la presse parisienne, l'a abordé au
même moment et lui a demandé des nouvelles de la guerre. Le
ministre a confirmé que la situation était bonne Autorisant
l'espérance...
VIII)
D'ici
48 heures nous aurons certainement quitté Bordeaux. Le décret qui
ordonne la révision des exemptés et réformés et la retraite de
l'ennemi me donnent l'espoir d'être employé à l'administration
militaire des territoires ennemis occupés par nos armées.
A
la lecture quotidienne des admirables faits d'armes dont nos soldats
sont les héros, le non-combattant, l'oisif, a un sentiment de honte
qui va, comme me le disait très justement tout à l'heure Vaugeois,
jusqu'au sentiment de la culpabilité.
Lawrence
Jerrold, correspondant du Daily Telegraph, un des plus grands
journaux Anglais, qui arrive d'Angleterre par mer, m'assure que la
plus grande partie du cabinet libéral était hostile à la guerre.
Ce sont sir Edward Grey, un patricien whig qui a les vieilles
traditions politiques Anglaises dans le sang, et Winston Churchill,
un descendant des Marlborough, un conservateur fraîchement rallié
au radicalisme, qui ont décidé Asquith et LLoyd George.
Sans
ces deux aristocrates comme sans le roi des Belges, la démocratie
Française était abandonnée, livrée à elle-même en face de
l'impérialisme Allemand.
D'ailleurs
les démissions de sir John Morley, vieux, très vieux radical
gladstonien, et de John Burns, le ministre « travailliste »,
plus doux, en disent long à cet égard.
IX)
Situation
en France
Selon
le Réveil du Nord publiant un article du Times :
«
Les Allemands sur la ligne de l’Aisne résistent toujours de toute
leur force. Le front de leur ligne va des marais de Noyon à l’ouest,
par le plateau au nord de Soissons. Le centre s’appuie sur la
grande colline de Laon et passe de là, par l’arête de l’Argonne
vers un point au nord de Varennes. C’est autour de Soissons que les
combats sont les plus acharnés. »
Des
luttes intenses se déroulent au cinquième jour de la bataille de
l’Aisne, autour de Noyon et de Reims.
Les
Allemands décident de ne plus reculer, entre Reims et l'Argonne, ils
se fortifient, en construisant des tranchées abris.
X)
Le
Curé de Maing (Valenciennes), qui se trouvait sur la voie publique
est arrêté par une patrouille de ulhans et fusillé. Nous
apprendrons le lendemain, les raisons officielles de son exécution :
espionnage supposé.
Des
patrouilles de cavalerie Allemandes sont aperçues à La Bassée, Don
et Sainghin-en-Weppes.
Insolite :
La
place d’Anvers reçoit un renfort de prestige selon Le Réveil du
Nord. Le célèbre Constant le Marin, Liégeois, champion du monde de
lutte, est arrivé à Anvers, venant de Saint-Petersbourg, où il est
engagé volontaire au corps de mitrailleurs de l’armée.
Ayant
appris en Russie l’invasion de Liège, sa ville natale, il n’a pu
résister au désir de mettre sa force herculéenne à la disposition
de son pays et à prouver que son cœur est en proportion avec sa
force.
XI)
Communiqués
officiels parus dans la presse nationale 18 septembre,
15h00
La
bataille a continué sur tout le front, de l'Oise à la Woëvre,
pendant la journée du 17, sans modifications importantes de la
situation.
A
notre aile gauche, sur les hauteurs au nord de l'Aisne, nous avons
légèrement progressé sur certains points. 3 retours offensifs
tentés par les Allemands contre l'armée Anglaise ont échoué.
De
Craonne à Reims, nous avons nous-mêmes repoussé de très violentes
contre-attaques exécutées la nuit. L'ennemi a en vain essayé de
prendre l'offensive contre Reims.
Au
centre, de Reims à l'Argonne, l'ennemi s'est renforcé par des
travaux de fortifications importants et adopte une attitude purement
défensive.
A
l'est de l'Argonne, dans la Woëvre, situation inchangée.
A
notre aile droite, Lorraine et Vosges, l'ennemi occupe des positions
organisées défensivement dans le voisinage de la frontière.
XII)
La
Première Guerre mondiale fait évoluer des positions qui semblaient
politiquement définitives. Le chef historique des nationalistes
Irlandais, Redmond, qui s’est battu pour l’application du Home
Rule se rallie à Londres :
« La
démocratie de la Grande-Bretagne a tenu parole en Irlande. C’est
maintenant un devoir d’honneur pour l’Irlande de lui être fidèle
à son tour ».
De
son côté devant la Chambre des Communes au cours d’un débat,
Lord Kitchener assure que l’incorporation des volontaires est
capable de créer les effectifs suffisants pour constituer quatre
nouvelles armées.
Le général Français de Currières de Castelnau est élevé à la dignité de grand-officier de la Légion d’honneur pour l’exercice de son commandement depuis le début de la guerre.
XIII)
En
Europe centrale, la Roumanie exprime sa solidarité avec les Roumains
de Transylvanie et au cours du conseil des ministres, Ionesco
s’oppose à tout projet d’accord avec l’Autriche-Hongrie du
vieil empereur François-Joseph.
XIV)
8h00,
traînés par plus de 40 locomobiles, arrivent plusieurs gros canons
de siège de plus de 12 mètres de longueur, assure-t-on. Il en passe
jusque 9h00 avec des cavaliers, fantassins et munitions.
Est-ce
pour faire le siège d'Anvers?
Est-ce
pour protéger la retraite Allemande?
Le
passage de ces canons fait trembler le sol, les maisons.
12h00
arrivent de nouveau par la rue de Mons et se dirigeant vers la rue de
Namur 30 automobiles: camions, autos, etc....
M.
Ladrière, échappé miraculeusement, revient chez lui aujourd'hui.
Des engagements ont lieu, paraît-il, au nord de Bruxelles entre
Allemands et Belges et Anglais. Il paraîtrait que l'un des fils de
l'empereur, lors du premier passage, a logé chez le brasseur Brulé
au Faubourg de Mons.
XV)
Il
y a aussi deux escadrons de goumiers Algériens à l’allure
superbe, de tous âges et de diverses tribus. Ce sont des cavaliers
au visage à la peau brune, portant un burnous blanc et équipés
d’un long et mince fusil, porté à l’épaule par une bretelle.
Leurs cheikhs, qui a déjà combattu en France, sont porteurs, de la
Croix de la Légion d’Honneur.
Ces
troupes ne sont pas assez nombreuses pour la défense de la cité. Le
bourgmestre Stiénon du Pré demande au commandant des troupes
Françaises s’ils peuvent assurer une protection réelle et, au cas
où il ne reçoivent pas de renforts, devrait-il quitter Tournai à
la première attaque Allemande ?.
Quand
les Allemands ont fait ici leur première apparition, ils ont ordonné
à la ville de Tournai de payer une contribution de 3 millions de
francs tandis que pendant que le bourgmestre et quelques hautes
personnalités ont été prises en otages et emmenés à Ath .
De
là, ils sont envoyés à Bruxelles avec des prisonniers de guerre
Français et notamment, le général de Villaret, les civils sont
emprisonnés durant 9 jours bien que la somme exacte exigée a été
remise entre les mains des Allemands.
Le
commandant Français considère la question du bourgmestre comme une
inélégante marque de bienvenue et demande une explication à ce
dernier. Stiénon du Pré présente ses excuses et nous assure tous
de la totale loyauté de lui-même et de tous ses citoyens... Après
cela, les Français n’ont plus d’autres motifs de plainte au vu
de l’accueil réservé par les habitants de Tournai.
Le
souvenir de leurs souffrances est encore trop récent pour que ces
personnalités éminentes ne craignent le renouvellement de
celles-ci. Les jours de malheur qu’ils ont tous été forcés de
vivre sous la botte Prussienne sont encore au premier rang dans les
pensées de toute la population locale.
On
nous pose constamment la question de savoir si les Allemands ont été
définitivement refoulés etc... Malheureusement, les informations
reçues, m’empêchent de leur donner l’assurance souhaitée.
Pendant plusieurs jours, nous restons à Tournai avec le danger d’une
nouvelle invasion.
Je
prend la précaution de faire équiper les éclaireurs de la Garde
civique, de nouvelles armes, notamment du fusil Gras à la place de
leur Mauser. Cela ne les met pas en confiance... S’ils manquent
totalement d’initiative, ils sont toujours pleins de bonne
volonté... Mes principales forces consistent en une centaine de
gendarmes de la province de Hainaut sous les ordres du
lieutenant-colonel de gendarmerie Bloem.
J’équipe
mes hommes et plus tard, mes volontaires, de 57 nouvelles bicyclettes
laissées sur place par les Allemands dans leur recul récent et
soudain... Grâce à ces vélos, je peux ainsi envoyer des
patrouilles à d’assez bonnes distantes. Les patrouilleurs essaient
de ramener de très utiles renseignements et réussissent à abattre
ou faire prisonniers, un certain nombre de Uhlans.
C’est
ainsi, qu’en même temps, nous pouvons faire croire aux Allemands
qu’un nombre important d’hommes de troupes sont massées à
Tournai et dans les environs de la ville... Cette illusion leur fait
retarder leur progression vers la cité.
Le
fameux système d’espionnage Allemand a été, dans ce cas, en
dessous de tout. Les ennemis ont si peu d’informations sur nos
troupes alliées venant vers Tournai qu’ils pensent ne pas avoir le
temps nécessaire pour emmener leurs blessés avec eux, ils en
laissent un certain nombre dans nos hôpitaux. Je les fais transférer
rapidement, comme prisonniers, à Bruges.
XVI)
Décision
du 18 septembre 1914. - Pouilly
Le
paragraphe « Aux partants », de la décision d’hier, est au livre
d’ordres du régiment sous le n° 9 :
Organisation
du travail dans les secteurs :
Les
troupes d’infanterie et du génie seront employées aux travaux
tous les jours de la manière suivante
Séance
du matin : Départ du cantonnement à 6 heures, retour au
cantonnement à 10 h,
Séance
du soir : départ du cantonnement à 13 h, retour au
cantonnement
à 17 h.
Au
milieu de chaque séance de travail, les hommes seront laissés au
repos pendant un quart d’heure. Les troupes d’artillerie et les
auxiliaires d’artillerie employés aux travaux d’artillerie
seront divisés en deux équipes employées tous les jours de la
manière suivante :
Une
équipe d'une demi-journée consacrée aux travaux de terrassement.
Une
équipe d'une demi-journée consacrée à la manœuvre.
Pour
les travaux de terrassement :
Séance
du matin : Départ du cantonnement à 6h, retour au cantonnement à
10h. Séance du soir : départ du cantonnement à 13h, retour au
cantonnement à 17h. Au milieu de chaque séance de travail, les
hommes seront laissés au repos pendant un quart d’heure.
Organisation
du parc de voitures dans les secteurs :
Le
parc d’artillerie fera atteler par sa section de parc les voitures
ci-après, qu’il réquisitionnera le 19 août chez leurs
propriétaires, savoir :
Tapissières
:
2
chez M. Régis-Martelet, place d’Armes
2
chez M. Deroche-Thévenin, place d’Armes
1
chez M. Nourry, 13 rue Jardin des Plantes
2
chez M. Sasse, 4 rue de Semur
1
chez M. Bretin, 8 rue Bénigne-Fremiot
1
chez M. Gaudot, rue Pont des Tanneries.
Tombereaux
:
10
chez M. Gaudot, rue Pont des Tanneries
10
chez M. Péchinot, rue Hugues Aubriot
4
chez M. Trapet, 20 quai Navier.
Ces
voitures serviront à former des parcs de secteurs, les tapissières
pour le transport des denrées d’ordinaires, les tombereaux pour
les travaux de défense exécutés par l’artillerie et le génie.
Les
commandants de secteurs donneront les ordres nécessaires pour
l’affectation de ces voitures aux corps et services de leurs
secteurs et l’emplacement des parcs. L’ensemble sera réparti
ainsi qu’il suit :
1er
secteur : 1 tapissière, 1 tombereau
2e
secteur : 2 tapissières, 5 tombereaux
3e
secteur : 5 tapissières, 15 tombereaux
4e
secteur : 1 tapissière.
Voitures
de corvée :
Comme
conséquence de la note ci-dessus, le lieutenant-colonel commandant
le secteur décide que les tapissières pour corvées seront
affectées :
1°
une au bataillon du 115e ( Norges-la-Ville et Brétigny ) cette
voiture servira également aux batteries d’artillerie cantonnées
dans ces villages.
2°
une au 1er bataillon du 118e ( Varois et batterie d’artillerie,
Orgeux, ½ compagnie du génie à Arcelot, Couternon,
Saint-Apollinaire ).
3°
une au 2e bataillon du 118e territorial ( Ruffey, Bellefond, Asnières
et batterie d’artillerie ).
La
répartition des tombereaux sera faite après entente entre le
lieutenant-colonel et le secteur et les commandants de l’artillerie
et du génie.
Bureau
du trésorier :
Aujourd’hui
à partir de 14h, paiement de leur solde à MM. les officiers qui
partent ainsi qu’aux sous-officiers.
Les
compagnies qui auraient besoin d’une avance pourront se présenter
à la même heure.
Les
commandants de compagnie fourniront demain matin le sucre et le café
pour les hommes partants. Sur la viande touchée aujourd’hui, il
sera prélevé un morceau pour un repas froid dit :
Vivres
de chemin de fer. Dans l’après midi, il sera envoyé dans chaque
cantonnement un pain par homme et 350 grammes de viande pour
permettre aux commandants de Cie. de la faire cuire comme vivres de
débarquement.
Un
bon sera établi ultérieurement par les compagnies pour régulariser
cette opération.
Départ
du détachement :
Le
détachement du régiment sera dirigé demain matin,
400
hommes sur Chaumont.
800
sur Langres.
L’heure
du départ ne sera pas connue avant 16h au plus tôt ce soir, le
lieutenant-colonel, le Drapeau et la musique accompagneront le
détachement à la gare où doit se trouver le gouverneur qui hier a
félicité le lieutenant-colonel sur l’attitude, la discipline et
l’entrain du 118e.
Les
officiers et sous-officiers qui voudront accompagner les partants à
la gare pourront s’y rendre à cheval ou en vélo, le
lieutenant-colonel serait heureux de les voir nombreux à ses côtés
pour dire « au revoir » à leurs camarades :
Tenue
pour tous, effets de drap, très régulière et en armes.
Pour
les partants, tenue uniforme, couvre nuque, veste roulée sur le sac,
doublure en dehors, en cas de pluie veste à l’intérieur du sac,
le détachement avant d’entrer en ville fera d’ailleurs une halte
pour rectifier la tenue...
Gouvernement
de la défense de la place forte de Dijon :
3e
secteur, « Les lieutenants-colonels commandant les 115e et 118e
régiments d’infanterie, commandant respectivement les 1er et 3e
secteurs, les commandants des 2e et 4e secteurs enverront demain 19
septembre un sous-officier prendre livraison...
prévue
au rapport de la place du 17 septembre :
Ce
sous-officier se présentera au bureau de la place à 11h30 et y
recevra des indications sur le lieu et l’heure où il pourra
toucher chevaux et voitures.
Les
cavaliers du 6e escadron du train demeureront attachés aux voitures
que leurs chevaux auront attelées.
«
Hommes et chevaux du 6e escadron du train seront pris en subsistance,
à dater du 20 septembre par une unité de leur secteur d’affectation
à la désignation du commandant de secteur.
Le
repas du 19 au soir pour les hommes et pour les chevaux sera assuré
par le 6e escadron du train. ».
Comme
conséquence de cette note les chevaux et hommes de la tapissière
affectée au bataillon du 115e seront pris en subsistance par la 1
ère Cie. du bataillon. Les chevaux et hommes des 2 tapissières
affectées au 3e bataillon du 118e seront pris en subsistance,
l’une par la 9e Cie Varois, l’autre par la 12e Cie. Sainte
Apollinaire.
Les
chevaux et hommes de la tapissière affectée au 2e Bon. du 118e
seront pris en subsistance par une des 2 Cies. de Ruffey.
Tombereaux :
5
tombereaux, leurs chevaux et conducteurs seront parqués à Asnières
et pris en subsistance par la 12e batterie à pied du 5e
d’artillerie.
3
tombereaux , leurs chevaux et conducteurs seront parqués à
Saint-Julien et pris en subsistance par la ½ compagnie 16/2T du
génie.
3
tombereaux, leurs chevaux et conducteurs seront parqués à Varois et
pris en subsistance par la 5e batterie du 11e d’artillerie.
4
tombereaux, leurs chevaux et conducteurs seront parqués à Brétigny
et pris en subsistance par la 8e batterie du 10e d’artillerie.
Le
lieutenant-colonel commandant le secteur croit devoir prévenir MM
les commandants d’unité de toutes armes, sans exception aucune,
que les tapissières mises à leur disposition pour le transport des
vivres ne doivent être employées qu’à ce service, le général
gouverneur a déclaré verbalement que, à l’avenir, tout autre
véhicule, autre que les tapissières sont absolument interdit pour
les corvées, les gradés ou hommes qui seront rencontrés avec une
voiture autre que la tapissière, seront punis de prison et la
responsabilité de l’officier qui les a envoyés ou signé le
laissez-passer, absolument engagée...
Les
corvées qui accompagneront les tapissières devront toujours marcher
derrière la voiture en ville et ne jamais monter dessus, en ville.
Au
retour : Un gradé doit toujours accompagner les corvées.
Enfin
les légumes verts, pommes de terre doivent être achetés sur place
dans la campagne et non en ville, d’où diminution du nombre des
corvées.
D’ailleurs
les corps auxquels sont affectés les tapissières s’entendront
entre eux pour que la voiture rapporte les denrées nécessaires à
toutes les unités qu’elle doit desservir, en faisant au besoin 2
voyages...
Le
lieutenant-colonel commandant le 118e territorial. Signé : Nanta.
18
septembre 1914. Les maisons ne font qu'un débris ...
www.nrblog.fr/...18/.../18/18-septembre-1914-les-maisons-ne-font-quun...
Il
y a 1 jour - 18 septembre 1914. J'ai trouvé dans la
correspondance des troupiers une carte ainsi conçue : « Mes chers
parents nous ne somme plus ou ...
Vendredi
18 septembre 1914:près de Reims, les Allemands ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../vendredi-18-septembre-1914pres-de-reims-les-...
Il
y a 1 jour - Vendredi 18 septembre 1914:près de Reims, les
Allemands construisent des tranchées abris. Par la rédaction pour
Il y a 100 ans - La Grande ...
La
défense de Tournai en septembre 1914 vue par un ...
www.association14-18.org/actualite/tournai_1914.htm
A
notre arrivée à Tournai, vers la fin de septembre 1914 (1), nous
fûmes ..... à ARRAS (Pas-de-Calais) le 18 septembre 1914 (un
régiment de "goumiers ...
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