lundi 29 septembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 27 SEPTEMBRE 1914

27 septembre 1914

I)
En berne...
L’analogie entre la France de septembre 1914 et celle de septembre 2014, par conséquent entre la Grande Guerre et la Grande Guerre contre la Terreur n°2 ou n°3 peut paraître déplacée, voire grotesque. Elle l’est, déplacée et grotesque. Nous la faisons donc, parce que ce qui est déplacé et grotesque, aujourd’hui, c’est la conduite de la France et la forme d’activité que les dirigeants et les élites-Système recommandent à leurs concitoyens, en conduisant pour leur compte une politique qu’ils appliquent, et que tout cela est bien symbolisé par une certaine analogie. Par conséquent, ce parallèle paraîtra encore plus pour ce qu’il est !......
II)
À coté de lui se trouve un pauvre soldat qui souffre beaucoup d’une balle dans la cuisse, en face un petit Parisien, très gai, a une balle dans la poitrine, elle l’oblige à se tenir courbé, à coté est un lit vide, au n° 12 ce trouve un pauvre garçon qui ayant une balle dans la région de l’aorte, elle n’a pu être extraite, il tousse, il étouffe, expectore abondamment... Pauvre jeune homme ! Il est triste et a de bons grands yeux suppliants, il peine à parler et, les mains jointes, il semble prier.

Je le soulage autant que je le peux, je lui donne sa potion, puis du lait ; car il ne peut prendre que du liquide, et, comme il souffre beaucoup et qu’il ne peut pas dormir, tellement il étouffe, je vais en prévenir la religieuse des servantes de Marie qui (chaque nuit) veille sur les malades, elle se tient dans les salles du haut, mais fait une ou deux rondes, pendant la nuit, suivant les besoins. Elle me donne une potion calmante que je fais boire aussitôt à mon pauvre malade, cette potion est à base d’éther, cela se sent... Elle produit bon effet et le cher jeune homme s’endort presque jusqu’au jour.

Je donne, aussi, plusieurs fois, à boire à d’autres blessés, notamment aux 2 turcos, c’est une espèce de limonade rafraîchissante qui leur est donnée. Tous sont très respectueux et n’oublient jamais, même dans leurs souffrances, de dire « merci ».

Je lève le pauvre blessé à la cuisse pour un besoin pressant, je le recouche, à plusieurs autres, dans l’impossibilité de se lever, je passe le vase indispensable… etc... Je fais, en somme, le service de la salle, trop heureux de le faire et d’offrir mes humbles services. Comme il fait bon, alors que les chers blessés reposent, dans le calme de la nuit, à dire « le chapelet » pour ces pauvres jeunes gens !

III)
Depuis la construction d’une citadelle autour de la ville par Vauban au XVIIe siècle, Maubeuge joue un rôle important dans la défense des frontières du nord de la France... Suite à la guerre de 1870-1871, le général et ingénieur militaire Raymond Alphonse Seré de Rivières fait de cette place forte un élément majeur de la ligne de fortifications qu’il conçoit entre la Suisse et Dunkerque pour parer à toute attaque provenant de l’Empire Allemand. A quelques kilomètres de la ville sont alors édifiés 6 forts et 6 ouvrages intermédiaires.

Dans le déroulement du Plan Schlieffen, Maubeuge représente pour l’armée Allemande un objectif stratégique mais également un danger. La ville est certes à l’intersection des voies ferrées qui, venant de Bruxelles ou Liège, convergent vers Paris. Mais elle est également une place forte où stationnent, en 1914, 47.000 soldats Français qui peuvent venir menacer le flanc de la 1ère armée menée par le général Alexander von Kluck. Le général décide d’assiéger la ville : Va alors débuter le plus long siège de la Première Guerre.

Mis à part le fort du Bourdiau qui est bétonné, les autres forts, construits en briques, sont vulnérables aux obus explosifs. De plus, l’artillerie de la place est vétuste :
Elle a une portée de 8 kilomètres et ne peut donc rivaliser avec l’artillerie Allemande qui a une portée de 14 kilomètres.

Le général Fournier, commandant la place de Maubeuge, afin de pallier au faible nombre d’hommes compte tenu des 36 kilomètres à défendre, a fait dérouler des kilomètres de barbelés.
IV)
Bien que la bataille entre Oise et Somme, apparemment entre Roye et Saint-Quentin, soit très violente, nous avons progressé... Progrès aussi entre Oise et Soissons.

Les troupes Allemandes qui avaient franchi la Meuse aux environs de Saint-Mihiel ont été, en très grande partie, rejetées dans le fleuve.

En Woëvre, nous avons refoulé avec de très grosses pertes le 14eme corps Allemand, qui passait pour être un des meilleurs.

Les Russes ont refoulé vers Cracovie l'armée Autrichienne qui bat en retraite précipitamment.
Ils ont pris Turka, qui commande les défilés des Carpathes vers Budapest, à 100 kilomètres en arrière de Przemysl et forcé leurs adversaires à dégarnir cette place de guerre. Ils auraient même pénétré en la Silésie Prussienne et occupé la ville de Tarnovitz.

Les Allemands continuent à se fortifier en Belgique, aux approches de Bruxelles et 40 000 d'entre eux campent à Waterloo.

Les marins de la canonnière Française « Surprise » ont occupé une partie du territoire Congolais cédé en 1911 à l'Allemagne.

V)
Même situation que la veille en fin de journée. Les emplacements sont ceux de la veille, avec la modification suivante :
  • 1ere et 2e compagnie occupent les tranchées face au canal
  • 6e est établie à la lisière des bois de Luxembourg
  • 10e dans les tranchées en avant du boqueteau

Le corps de cavalerie que commande le général Conneau est amené à intervenir à l’ouest de Bapaume à partir du 27 septembre pour combler la brèche ouverte par la dislocation de plusieurs unités territoriales bousculées par l’infanterie Allemande.

Des combats indécis se déroulent à Irles et à Courcelles-le-Comte, où les Dragons viennent à l’aide des territoriaux. Après avoir contribué à la fixation des Allemands sur une ligne Bapaume - Arras, les unités de cavalerie remontent vers le nord pour participer aux opérations de blocage des attaques Allemandes sur Arras et Lens et tenter une manœuvre de débordement de l’aile droite Allemande.

VI)
Selon Le Figaro du 27 septembre 1914 les jeunes gens de classe 1915, s'ils possèdent un vélo ou un vélo à moteur peuvent être incorporés dans les unités de communication.
L'Union Vélocipédique de France, chargée par le gouvernement militaire de Paris d'organiser un corps de volontaires cyclistes devant assurer le lien entre les unités composant le service de garde des voies, de communication, vient d'être autorisée à incorporer dans ce corps les jeunes gens, munis de bicyclette ou de motocyclette, faisant partie de la classe 1915.»

VIII)
«7h00, l’artillerie lourde Allemande en batterie à 8 ou 9 kilomètres au nord de Roye a commencé à bombarder nos tranchées très nombreuses dans la plaine : Tir sur zone, sans réglage, c’est ce que nous a appelons l’arrosage....
Notre 75 n’ayant pas une portée suffisante pour nous permettre de répondre à cette artillerie, nous nous contentons de battre les tranchées Allemandes et quelques batteries de campagne de 77 qui nous ont été signalées au cours de la matinées.
Le poste de commandement de la 16e brigade (colonel Gazan), et du commandant de l’artillerie (Colonel Wallut) est derrière les meules de paille 2 et 3.

11h00, nous avons pris notre frugal repas froid de chaque jour : jusqu’à ce moment là, la grosse artillerie ne nous a encore causé de mal.

13h00, nous étions au repos, bavardant sur les sujets les plus divers, sans nous soucier des obus qui continuent toujours à tomber à 400 ou 500 mètres de nous... Les places des officiers sont alors de gauche à droite sur le plan, derrière les meules 2 et 3 :
Lieutenant-colonel Prévost, commandant le 317e, capitaine Ogier de Baulny du 317e, commandant Aublin du 317e, sous-lieutenant de Cossé-Brissac, commandant Delisle, capitaine Deshaires, colonel Gazan, commandant la 16e brigade, capitaine Marty, colonel Wallut, sous-lieutenant Furiet du 31e d’artillerie, sous-lieutenant Lhote du 26e d’artillerie.

13h15, les obus Allemands se sont rapprochés de nous et même une salve a encadré nos meules de paille à 100 mètres environ.
J’ai dit alors au colonel Wallut :
« Mon colonel, les Allemands allongent leur tir, la place est mauvaise, nous devrions la quitter et aller de l’autre côté de la route où il n’est rien tombé jusqu’à présent. »
Le colonel Wallut répond :
« Vous savez bien que ce n’est pas du tir observé et que l’arrosage n’est pas dangereux. »

Quelques instants après, une nouvelle salve arrive dans un tapage formidable et un obus tombe à 1 mètre de nous. Cet obus tue sur le coup les 3 premiers officiers à partir de la gauche, blesse le capitaine Marty et moi...

Les corps des 3 officiers tués sont transportés dans un pensionnat de jeunes filles transformé en ambulance (n°7 dans Roye) Récit écrit du commandant D… (commandant Delisle)

17h45, la lutte d’artillerie reprend avec violence, mais le 2e groupe est insuffisamment dissimulé, ses lueurs sont vues, et les Allemands règlent sur lui, lui faisant des pertes sensibles, sans qu’il ait pu éteindre leur feu...

A la nuit, les 3 groupes se retirent vers le sud. A ce moment, la ferme de l’abbaye est à nous mais non Gruny. » Journal de Marche du Colonel Wallut.

Le 27 septembre au matin, les Allemands occupent donc Gruny et Thilloy... Ordre est donné à l’artillerie de battre Thilloy et Gruny où les Allemands ont installé des mitrailleuses dans le clocher.

Le poste de commandement de la 16e brigade et du commandant de l’artillerie a été transféré dans une maison située sur la route de Péronne, au sud de la sucrerie Lebaudy.

Durant la matinée, le bombardement de la veille a repris plus violent avec du 150mm et du 210 mm : jusque vers midi, nul ne s’en soucie, lorsque subitement les éclatements se rapprochent et un obus tombe dans la cour de la maison où est installé le poste de commandement de la 16e brigade.

Là, se trouvent à ce moment : le colonel Gazan commandant la 16e brigade (sur le point de passer général), le colonel Wallut, les lieutenants Tissier et Lhote de l’artillerie.

Malheureusement, instruits par l’accident de la veille, ces officiers décident de changer de place : Au moment où ils sortent de la maison un projectile éclate dans la rue pavée, tuant sur le coup le colonel Gazan et le lieutenant Lhote et blessant très grièvement le colonel Wallut aux jambes, le lieutenant Tissier doit son salut au retard qu’il met à sortir, car il est encore dans la maison au moment où le projectile fatal tombe.

« Malgré ses horribles blessures et ses souffrances qui doivent être atroces, le colonel Wallut ne perd pas un seul instant connaissance, se rendant parfaitement compte de la gravité de son état, il n’en conserve pas moins tout son calme. »

Il est transporté sur un brancard au pensionnat ambulance (n°7 dans Roye). En cours de route, apercevant l’abbé Fontaine, aumônier du 117e d’infanterie, il le fait venir et réclame auprès de lui la consolation de remplir ses devoir religieux. Il reçoit les derniers sacrements avec une résignation et un calme admirable. Tous les assistants pleurent, à genoux devant ce brave, en répondant aux prières de l’aumônier.

Quand les prières sont dites :
« Votre mission est terminée », dit-il à l’aumônier,
« vous direz à ma femme que je suis mort en chrétien. »

Puis, sans se départir un instant de son sang-froid, il met ordre à toutes les questions en cours, d’ordre tactique et militaire, et fait ses dernières recommandations au lieutenant Furiet, dernier officier de son état-major, qui revenait de reconnaissance au moment où l’accident a lieu.

« Quelques heures après, le colonel Wallut meurt dans les bras des médecins, pendant que ceux-ci tentent une opération qu’il ne peut supporter. »

VIII)
Pénurie d’obus d’artillerie :
La première bataille d’Arras débute le 27 septembre 1914 et les habitants de cette grande ville du Pas-de-Calais ne sont pas au bout de leurs peines puisque leur ville comme Reims va devenir une cité martyre.

La situation est d’autant plus préoccupante que les commandants d’armée alertent le généralissime sur les déficiences dans la livraison des munitions. En réalité les réserves de deux mois de combat ont été consommées en quinze jours et le déficit des obus d’artillerie est une terrible vérité...

Joffre est contraint de limiter strictement l’emploi des canons de 75 et la priorité est donnée à la défensive sur tout le front. On présente aussi en cette journée les tableaux de recensement de la classe 15...,

Ils sont affichés dans les mairies et annoncent que les conseils de révision vont commencer le 7 octobre. Un décret publié au Journal officiel précise que la Banque d’Algérie est autorisée à émettre jusqu’à 450 millions de billets de banque.

IX)
Le 256e RI de Chalon. Dans la crainte d’une attaque, la 21e Cie se porte à ses positions de combat, deux sections aux tranchées du Calvaire, une section dans les tranchées pour la défense de l’Hôtel… Le petit poste de la 24e Cie se retranche dans sa position de repli, quelques coups de feu sans importance s’échangent entre patrouilles et sentinelles. Une reconnaissance dirigée sur l’ancien emplacement du petit poste reconnaît que les tranchées sont occupées par l’ennemi. Un homme est légèrement blessé au cours de la reconnaissance.

X)
Journal du Rémois  Henri Jadart
La messe est dite à la chapelle Saint-Vincent, rue du Couchant, depuis que la cathédrale est fermée au culte.

9h00 départ pour la Haubette, nous constatons qu’on a ouvert une tranchée sur la Vesle, près du pont du chemin de fer et au sortir de la rue Libergier.
Beaucoup d’habitants s’éloignent comme nous tous les matins, et il y a aussi des départs incessants de convois militaires.

- Une bataille est engagée dans le Nord, toute la matinée on entend le canon et l’on aperçoit des fumées blanches.

L’après-midi, un temps un peu brumeux. Nous allons au village des Mesneux, où il reste sur les portes des traces de passages des ennemis, on me montre vers le mont de la Sablière les tranchées d'où l’on a bombardé Reims le 4 septembre...

18h00, les automobiles des Anglais passent sur la route de Paris, venant de nos batteries et retournant vers la montagne. Il y a là des artilleurs de haute stature impassible sous l’uniforme et que la foule acclame longuement. Nous n’avons pas eu de bombes en ville dans la journée, la nuit est calme et le canon ne reprend, lentement, que le matin. Journal du Rémois Paul Hess (extrait)

On apprend qu’hier après-midi, un officier général a été tué aux portes de Reims, près de la route de Cernay, au moment où il inspectait les batteries. C’est, le général Battesti.

XI)
Arrivée à Tournai après l’invasion Allemande
18h00, dimanche 27 septembre arrive à la gare de Tournai, venant de Gand, le général-major Frantz et son état-major avec une centaine de gendarmes, ces hommes occupent la caserne de gendarmerie, rue de la Citadelle. Les Tournaisiens ont déjà dû souffrir de la première invasion Allemande (témoignage du général major Frantz de l’armée Belge) 

XII)
5h00, on crie « en tenue », on va partir tout de suite... On sort... Il n’en est rien... Le fourrier me dit que le capitaine lui a avoué n’avoir reçu aucun ordre de départ. Pourquoi alors ne pas laisser dormir des hommes qui n’ont pas dormi depuis plusieurs nuits et qui se sont couchés à 1h00 après une marche pénible.
Nous passons la matinée à Brabant où nous mangeons la soupe.
12h00, nous partons pour aller occuper nos tranchées. Nous traversons un vaste plateau où les Allemands ont pratiqué des travaux de campagne, ce sont de véritables chefs d’œuvre de sécurité... Des tranchées commodes et profondes, recouvertes de poutres, de planches et de terre.

De loin en loin des postes de commandement où les officiers sont tout à fait à l’abri et où aboutissent des fossés permettant aux porteurs d’ordre de n’être pas aperçus. Nous arrivons enfin à nos tranchées.

Elles valent mieux que celles que nous avons occupées jusqu’à ce jour, peut-être notre génie s’est-il inspiré des Allemands... Des troncs d’arbres sont tout prêts... Nous nous en servons pour recouvrir des tranchées, je fais disposer sur celle de mon escouade des bottes de paille puis de la terre et enfin des branchages pour cacher autant que possible nos travaux à la vue de l’ennemi.

Nous sommes parfaitement à l’abri à moins qu’un obus ne tombe dans la tranchée, nous pouvons balayer tout le terrain devant nous. Le soir nous contournons le village de Récicourt à ½ heure de nos positions.

XIII)
Selon les témoignages publiés dans le Journal de Roubaix, des voyageurs venant d’Alsace, annoncent que les troupes Françaises attaquent la ville de Mulhouse et sont avancées jusqu’à Zillipeim.

En Woëvre le 14e corps Allemand, doit battre en retraite, selon un communiqué officiel, devant des forces Françaises, venant de Nancy et de Toul.
La bataille de l’Aisne continue. De l’Oise à Reims les combats sont très violents. Les lignes des tranchées Françaises et Allemandes ne se trouvent, en plusieurs endroits, qu'à quelques centaines de mètres les unes des autres.

La bataille de l’Artois commence.

XIV)
Les Bruxellois assistent à un combat aérien entre un biplan Belge en reconnaissance et un « Taube » qui lui donne la chasse. Les deux aviateurs volent à une grande hauteur et se tirent dessus à bout portant. Soudain, les Bruxellois voient le Taube se retourner complètement pour venir s’abattre au sol.

XV)
Une dépêche du Journal de Roubaix nous indique que dans la mer Baltique un croiseur Russe coule deux torpilleurs et un croiseur Allemands.

Ce même journal nous rapporte la « randonnée nocturne d’un Zeppelin ». Le dirigeable survole dans la nuit toute la frontière Belge, il bombarde Deyne, Thielt, Courtrai et Dottignies.

Le ministre Français de la Marine fait savoir que dans les opérations contre le Cameroun et le Congo Allemand, la canonnière Française « Surprise » a procédé à l’occupation de Cocobeach.

Les Russes occupent Turka dans les Carpates.

Les Autrichiens se replient à l’ouest utilisant les voies ferrés qui conduisent à Cracovie, où des renforts Allemands sont arrivés. Ils ne laissent qu’une simple garnison à Przemysl.
Une armée Russe s’avance en Prusse sur Breslau (Silesie)

XVI)
Dans le Journal de Roubaix, plus la guerre approche de notre région, moins on parle. Nous ne trouvons que peu d’information sur ce qui se passe « chez nous ». Le journal de Roubaix nous annonce la mort au champ d’honneur du général de brigade Battesti, originaire de Gravelines.

La guerre s’approchant de Lille, la censure est de plus en plus à l’œuvre dans la presse régionale, les journalistes du Réveil du Nord, que l’on peut facilement imaginer furieux, en font part à leurs lecteurs :
« Nous avons recueillis sur les événements qui se déroulent actuellement dans la région des renseignements certains, vérifiées et contrôlés par nous, d’une authenticité absolue.
Nos reportages ont un mérite, celui de mettre la population civile en garde contre certaines attitudes de nature à exciter les représailles d’un ennemi qui n’est déjà que trop disposé aux violences cruelles.
La censure s’est opposée à la publication de nos articles... Nous nous inclinons, mais quoi qu’en disent les censeurs, nous persistons à penser que le geste de l’autruche qui se croit à l’abri du danger quand elle s’est fourrée la tête dans le sable, est un mouvement puéril, maladroit et dangereux. »

Cette attaque frontale des journalistes face à la censure est sanctionnée dès le lendemain par la non parution du titre pendant 4 jours.

XVII)
Communiqués officiels parus dans la presse nationale :
27 septembre, 15h00.
A notre aile gauche, la bataille s'est continuée avec des progrès sensibles de notre part sur un front très étendu entre l'Oise et la Somme et au nord de la Somme.

De l'Oise à Reims, très violentes attaques Allemandes sur plusieurs points, quelques-unes menées jusqu'à la baïonnette et toutes repoussées.

Au centre de Reims à Souain la garde Prussienne a tenté, sans succès, une vigoureuse offensive et a été rejetée dans la région de Berru et de Nogent-l'Abbesse. De Souain à l'Argonne, l'ennemi a attaqué, dans la matinée d'hier, avec avantage, entre la route Sommepy - Châlons-sur-Marne et la voie ferrée Sainte-Menehould - Vouziers. En fin de journée, nos troupes ont regagné le terrain perdu.

Entre Argonne et Meuse, l'ennemi n'a manifesté aucune activité.

Sur les Hauts-de-Meuse, rien de nouveau.
Dans le sud de la Woëvre, les Allemands occupent un front qui passe par Saint-Mihiel et le nord-ouest de Pont-à-Mousson.

A notre aile droite (Lorraine, Vosges, Alsace), aucune modification importante.

23h00
Il se confirme que, depuis la nuit du 25 au 26, jusque dans la journée du 27, nuit et jour, les Allemands n'ont cessé de renouveler, sur tout le front, des attaques d'une violence inouïe dans le but manifeste d'essayer de rompre nos lignes, avec un ensemble qui dénote des instructions du haut commandement de chercher la solution de la bataille.

Non seulement ils n'y sont pas parvenus, mais au cours de l'action nous avons pris un drapeau, des canons et fait de nombreux prisonniers, le drapeau a été enlevé à l'ennemi par le 24e régiment d'infanterie coloniale...Tous nos commandants d'armée signalent que le moral de nos troupes, malgré les fatigues résultant de cette lutte ininterrompue, reste excellent et qu'ils ont même du mal à les retenir dans leur désir d'aller aborder l'ennemi abrité dans des organisations défensives.

XIII)
« La commission de contrôle du gaz s'est réunie au siège de la Société du gaz, sous la présidence de M. Ernest Caron, conseiller municipal du quartier Vivienne. Il résulte de l'examen auquel elle s'est livrée et des renseignements fournis par l'administration déléguée, qu'à raison des approvisionnements existants la population parisienne peut continuer à se servir du gaz dans les conditions habituelles. » écrit Le Figaro du 27 septembre 1914.

XIX)
On dit que les peuples heureux n’ont pas d’histoire… Si ce vieil adage est toujours vrai, il peut, sans conteste s’appliquer à nous pendant la période qui vient de s’écouler depuis notre arrivée à Einville.

Nous avons goûté ici le repos tant promis et un repos passé dans le pays de rêve ! plus de marmites, plus de mitraille, plus de fusillade, plus de cadavres ! Peu de travail :
Exécution de vagues retranchements à seule fin de ne pas perdre la main, quelques séances d’exercice, dont j’ai pris moi-même l’initiative afin d’arracher un peu les hommes à cet insipide travail de terrassiers, je me suis, d’ailleurs, efforcé de rendre ces séances aussi intéressantes que possible, et enfin quelques rares revues de propreté... Avec cela un ravitaillement régulier et abondant, pinard et bière à discrétion, un nouveau séjour à Capoue, quoi, et, à la longue si amollissant que les soldats finissent par renâcler devant nos heures d’exercice pourtant bien courtes, à tel point qu’un jour j’ai eu plus de 30 malades à la visite pour la seule Compagnie !

Le Colonel m’en ayant fait la remarque, j'affirme en être honteux et que cela ne se reproduira plus. En effet, dès le lendemain, je prends des mesures, peut-être pas très légales et réglementaires, je l’avoue, mais qui réussissent à réduire notablement, en peu de temps, le nombre des fricoteurs.

De temps à autre, une compagnie est détachée pour exécuter une reconnaissance d’assez grande envergure et, grâce à celles-ci, nous savons que les Boches n’occupent plus guère que la forêt de Parroy et, en outre, que les troupes que nous avons devant nous ne comprennent probablement plus que des Landsturmen, donc pas très redoutables.

Aussi, je pense qu’on ne va plus nous laisser longtemps moisir dans cette contrée, d’autres champs d’action nous réclameront certainement avant peu.

En attendant, à la suite des pluies assez abondantes de ces temps derniers, le Sanon, la petite rivière qui arrose notre bourgade, commence à sortir de son lit et déborde dans les plaines voisines.

Depuis notre installation ici, nous menons la vie de château. La popote du Bataillon fonctionne dans la maison du notaire, la plus belle de l’endroit, et nous ne manquons de rien. Notre cuisinier Laurence, très débrouillard comme je l’ai déjà dit, entreprend de grandes randonnées à Lunéville, Saint Nicolas de Port, etc. pour nous ravitailler en tout, nécessaire et superflu.

Tous les jours, vers 16h00, à mon logement, le thé m’est préparé par mes hôtesses et je n’aurais garde de m’absenter, à moins de nécessité absolue, à cette heure-là... Ce thé est toujours accompagné de friandises, confitures, tarte aux quetsches ou autres que nous dégustons, sans nous faire prier, de Caladon et moi, quelquefois, mon petit sergent-major Comailles, qui vient me faire signer les pièces, est aussi de la fête... En un mot, c’est la bonne vie !

Il faut ajouter à cela que j’ai trouvé le moyen de troquer mon infecte rosse contre une confortable petite jument boche, recueillie par un fermier de l’endroit... L’échange n’a pas été des plus faciles, mais en employant certains arguments, on finit toujours par s’entendre et finalement je suis maintenant en possession d’un joli cheval, parfaitement dressé, qui trotte et galope à merveille, je m’en donne à cœur joie.

C’est pendant notre séjour ici que nous avons appris le bombardement de Reims et de sa cathédrale par les Vandales. Le pauvre Boulas est navré, car il habite cette ville et il craint bien que sa maison, voisine du monument, n’ait reçu quelques éclaboussures.

Après quelques jours de pluie, le beau temps est revenu. Néanmoins les soirées et les nuits sont fraîches et l’on commence à sentir l’approche de l’automne. Cela ne manque pas de nous laisser bien rêveurs, car nous pensions en avoir fini avec les Allemands avant cette saison et, ma foi, la voilà qui arrive à grands pas, elle va, sans aucun doute, ralentir les opérations, et nous ne sommes pas encore à Strasbourg !

Dire qu’il y a 2 grands mois que je n’ai pas vu les miens ! Heureusement, les nouvelles nous viennent un tout petit peu plus vite et en plus grand nombre. J’ai reçu de nombreuses lettres de ma femme. Si mon moral avait besoin d’être relevé, c’est elle qui s’entendrait à le faire !  Dans ses missives, aucun signe de découragement, au contraire, une foi absolue dans la Victoire. Naturellement, sa vie n’est qu’une transe continuelle, me sachant au danger, mais par cela même, et à cause de cela, elle est fière de son mari. En elle brûle une flamme patriotique  très vive et très pure et c’est un réconfort pour moi de sentir mes enfants confiés à une Mère, tendre autant qu’une Mère peut l’être, mais qui sait aussi très bien se montrer énergique devant les événements.

Pensant bien lui faire plaisir en raison de ses sentiments religieux, qui sont chez elle profonds et vivaces, je n’ai pas manqué de lui apprendre que, dimanche dernier, j’ai assisté, dans l’Église d’Einville, à une messe dite par notre sergent brancardier. Ce dernier, du nom de Combier, père jésuite dans le civil, a célébré le divin sacrifice, à la mémoire des braves du 226e, tombés à l’ennemi. Je crois bien que tout le Régiment était là.

Est-ce l’approche de la mauvaise saison ?
Est-ce la trop bonne chère ?
Presque tous mes camarades ont été, à tour de rôle, malades, le Capitaine Bérault, le Capitaine Durand, Bertin et Cotelle... Je crois bien que seuls de Caladon et moi, sommes restés solides au poste. Il se pourrait que ce soit la fatigue qui commence à se faire sentir. Quand on n’est plus ou très jeune ou très robuste, la vie que nous menons depuis 2 mois n’est point sans altérer la santé.

Je ne me trompais pas quand je disais que nous sympathiserions vivement Cotelle et moi... Quel chic type ! Franc comme l’or, plein d’ardeur et d’entrain, il est aussi bon camarade que bon chef, ses soldats l’adorent et, quand l’occasion lui permettra de donner sa mesure, je suis certain qu’il sera épatant. Nous faisons une vraie paire d’amis.

L’autre soir, nous avons eu la visite de son vieux père, venu pour le voir. Il a bien voulu accepter de partager notre modeste dîner et nous avons été heureux de pouvoir, ainsi, donner l’hospitalité au proche parent de l’un des nôtres. Cette joie de revoir quelqu’un des miens avant la fin de la campagne, ne me sera bien certainement pas dévolue !

A ce sujet, je suis de plus en plus inquiet au sujet de mon frère dont je n’ai plus de nouvelles, sa dernière carte, adressée à ma femme, remonte au 24 août... Depuis cette date, rien !
Qu’a-t-il bien pu devenir ?
Je pense qu’il n’y a tout de même pas lieu de désespérer, car, appartenant à un corps de la territoriale, il serait bien extraordinaire que ce dernier ait subit des assauts particulièrement durs.

C’est mon tour de marcher aujourd’hui. Je dois aller prendre les avant-postes, pour 48 heures, à Bauzémont, village assez voisin de la forêt de Parroy. Le Colonel vient de me faire appeler et m’a recommandé de lancer quelques coups de sonde en direction de cette dernière et de ne pas manquer de lui faire parvenir les renseignements que j’aurais pu, ainsi, obtenir. Il me conseille, en outre, la prudence la plus grande, car il ne s’agit pas, comme cela s’est produit pour une ou deux expéditions précédentes, de perdre du monde sans profit certain.

Après un rapide, mais très substantiel déjeuner, je me mets donc en route avec ma Compagnie, deux éclaireurs montés me sont adjoints et je dois trouver, là-bas, un petit détachement de dragons, fourni par un de nos escadrons divisionnaires et commandé par un Maréchal-des-Logis ou un brigadier.

2 kilomètres avant Bauzémont, je laisse la direction de la Compagnie à de Caladon et décolle avec mon cheval pour prendre plus vite contact avec Bertin que je dois relever. Ce dernier me passe rapidement les consignes, les ennemis sont très calmes, d’ailleurs, me dit-il, et ne se montrent pas. Quand la Compagnie débouche dans le village, chaque fraction n’a qu’à gagner l’emplacement que je lui assigne et la 20e déguerpit sans tarder... Me voici donc pour deux jours le grand maître de ce petit pays, les habitants eux-mêmes ne peuvent en sortir que munis d’un laissez-passer signé de ma main. Et dire que je ne suis qu’un pauvre petit lieutenant de réserve !

Au cours de l’après-midi, j’envoie une forte patrouille commandée par un sergent (le sergent Leroy, un nouveau venu à la Compagnie) dans la direction de la forêt. Elle rentre au bout de 2 heures environ, n’ayant rien remarqué d’anormal... Je me propose d’en lancer une autre un peu plus tard et décide, en outre, que le sergent-major, de Caladon et moi, ferons, au cours de la soirée et de la nuit, la visite de nos différents postes.

Nous tirons au sort pour  savoir l’ordre dans lequel se feront ces rondes et le sort me désigne pour la première, de Caladon pour la seconde et Comailles pour la troisième celui-ci est le moins favorisé, car sa ronde devra s’accomplir en pleine nuit.

Les Boches ont séjourné ici et, comme partout, y ont laissé d’odieuses marques de leur passage :
Tout le bétail a été enlevé.
L’église, transformée en écurie.
Le château, que je visite avec de Caladon, complètement mis au pillage.
Il ne reste plus une bouteille dans la cave
Certains appartements sont souillés d’ordures qu’y ont déposées ces tristes hôtes.

Il est environ 17h00 et nous terminons notre visite lorsque le bruit d’une moto frappe mon oreille. Je sors vivement et aperçois le motocycliste du Colonel qui apporte un pli à mon adresse. Ce pli renferme l’ordre suivant :

« Le Régiment quitte ses cantonnements à 17h00 et se dirige vers Varangeville.
Vous serez relevé ce soir par une Compagnie de Chasseurs et rejoindrez ensuite le Régiment.
Signé : Fernier »

Patatras ! finis nos 48 heures de tranquillité. Nous ne reverrons plus notre si bon cantonnement d’Einville où je n’ai même pas eu le temps de dire adieu à mes hôtes. En guise de repos, il va falloir marcher toute la nuit pour rattraper la colonne.

Sur ces entrefaites, un fourgon régimentaire m’apporte les distributions et, en partant, emmène avec lui le caporal Gaudubois, qui remplit les fonctions de fourrier et que j’envoie en avant pour prendre contact avec le régiment et me tenir au courant des événements.

En activant un peu, je calcule que j’ai le temps, avant la relève, de faire préparer la soupe et celle-ci est mangée depuis longtemps quand, à 20h00, alors qu’il fait nuit noire, apparaissent les chasseurs... Ils sont commandés par un jeune capitaine, récemment blessé et qui porte encore le bras en écharpe. Les dispositions prises par de simples biffins, ne peuvent, naturellement, que rencontrer des critiques de la part d’un chasseur...

Mais qu’il se débrouille, je lui ai communiqué ce que je savais sur les positions de l’ennemi, sur les troupes amies avec lesquelles j’étais en liaison, je n’ai donc plus rien à faire ici. J’enfourche aussitôt mon cheval et, les sections étant réunies, je donne le signal du départ en commandant :
« Colonne par quatre… Marche ! »

Pourvu que je ne m’égare pas, en pleine nuit, dans un pays que je ne connais qu’imparfaitement... Heureusement, Bauzémont et Varangeville sont placés, l’un et l’autre, sur le canal de la Marne au Rhin. Le plus sûr moyen d’éviter toute erreur, c’est de côtoyer ce dernier jusqu’au bout... Par exemple, il ne faudrait pas qu’un de mes lascars ait la malencontreuse idée de se laisser choir dans le bouillon.

La route est longue et, à chaque halte horaire, éclairé par la lanterne du cycliste, j’essaye de situer, sur la carte, l’endroit où nous nous trouvons. Vers minuit, nous devons être à Dombasle, lorsqu’on m’amène un adjudant du 42e territorial, un falot à la main et qui cherche le chef... Il me dit que je dois m’arrêter aux Salines de Rosières pour y cantonner... Impossible de savoir exactement d’où émane l’ordre, mais, en somme, l’endroit indiqué n’étant éloigné que de 1 500 mètres environ de Varangeville, et sentant les hommes fatigués, je m’y laisse conduire.

Nous traversons donc le canal sur une passerelle en bois et pénétrons dans les Salines en question. J’y trouve le directeur, un homme très aimable qui, après m’avoir aidé à caser mes hommes, met obligeamment à ma disposition une des chambres de sa propre maison.

J’ai la précaution d’envoyer mon cycliste à Varangeville pour prévenir le Colonel de l’endroit où je me trouve et, il y a à peine 20 minutes que je suis couché quand, de retour, mon homme m’apprend que le Régiment est déjà parti et qu’il faut me remettre en route.

Allons, debout ! il est dit que nous ne nous reposerons pas cette nuit... En sortant de la maison du Directeur, en pleine obscurité, je ne me souviens plus qu’il y a un perron à descendre, manque de tomber et me tords horriblement le pied. J’en ressens une vive douleur et mon pied enfle instantanément. Si j’allais m’être donné une entorse ! il est bien heureux que j’aie une monture que j’enfourche sans retard, mais avec quelque difficulté. Nous repartons et, à Varangeville, je trouve un homme de liaison qu’on y a laissé pour m’informer que le Régiment se dirige sur Saulxures-les-Nancy.




27 septembre 1914: le gaz ne manquera pas à Paris ...
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Il y a 8 heures - Sur Yahoo Actualités France. Le Figaro du 27 septembre 1914 rassure les Parisiens, ils ne manqueront pas de gaz.
Deux obus meurtriers - Roye 26-27 septembre 1914
santerre1418.chez.com/fr/histoire/deuxobus0914.htm
Roye 26-27 septembre 1914. Le 26 septembre au matin, les Allemands étaient fortement retranchés sur la ligne Laucourt-Rethonvillers ; les Français au sud de …

54/Journal de la Grande guerre: le 27 septembre 1914 ...
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Il y a 2 jours - Dimanche 27 septembre Lu dans Le Miroir (N°46 et 47) en date du dimanche 27 septembre Bien que la bataille entre Oise et Somme, ...










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