dimanche 28 juin 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 689

28 JUIN 2015...

Cette page concerne l'année 689 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LE ROI COEDWALLA A LA FOIS CONQUÉRANT ET ÉVANGÉLISATEUR.


Cædwalla (vers 659 – 20 avril 689) est roi du Wessex de 685 ou 686 à 688, année de son abdication. Exilé du Wessex durant sa jeunesse, Cædwalla réalise son premier coup d'éclat en envahissant le royaume des Saxons du Sud et en tuant leur roi Æthelwealh. Chassé peu après par 2 vassaux du roi défunt, il prend sa revanche après être monté sur le trône du Wessex.

Durant son court règne, il soumet le Sussex, conquiert l'île de Wight et étend également sa domination sur le Surrey et le Kent, qu'il envahit à deux reprises...

Bien qu'il n'ait pas reçu le baptême, il entretient de bonnes relations avec l'évêque Wilfrid et apporte son soutien à l'Église.

Cædwalla abdique en 688, peut-être en raison de blessures reçues durant la conquête de l'île de Wight. Ine lui succède à la tête des Saxons de l'Ouest. De son côté, l'ancien roi se rend en pèlerinage à Rome.
Il y meurt le 20 avril 689, quelques jours après avoir été baptisé par le pape Serge Ier.

L'une des principales sources concernant Cædwalla est l'Histoire ecclésiastique du peuple Anglais, rédigée vers 731 par le moine et chroniqueur Northumbrien Bède le Vénérable.
Afin de rassembler les informations nécessaires à la rédaction de son œuvre, Bède fait appel à plusieurs contacts dans les autres royaumes de l'Angleterre Anglo-Saxonne.
Pour le Wessex, c'est l'évêque Daniel de Winchester qui lui fournit ses nombreuses informations, en particulier un récit détaillé de la conquête du Sussex et de l'île de Wight.
Comme son titre l'indique, le récit de Bède s'intéresse avant tout aux affaires religieuses, en l'occurrence la christianisation des Saxons de l'Ouest, mais il présente également des informations d'ordre séculier.

C'est également vers le début du VIIIe siècle que le prêtre Étienne de Ripon rédige la « Vita Sancti Wilfrithi », une hagiographie de l'évêque Northumbrien Wilfrid.
La carrière de Wilfrid l'a conduit d'un bout à l'autre de l'Angleterre, d'York au nord à Selsey au sud, et il a entretenu des relations avec Cædwalla dans les années 680.

Cædwalla figure également dans la Chronique Anglo-Saxonne, un ensemble d'annales compilé au Wessex vers la fin du IXe siècle, probablement sur ordre d'Alfred le Grand. Une liste de rois du Wessex, la West Saxon Genealogical Regnal List, est associée à la Chronique. Il subsiste plusieurs chartes (des documents enregistrant des donations de terres à des serviteurs ou à l'Église) portant son nom, mais leur authenticité n'est pas toujours certaine.

À la fin du VIIe siècle, les Saxons de l'Ouest occupent une partie du Sud-Ouest de l'Angleterre aux frontières difficiles à définir. À l'ouest, le royaume Breton de Domnonée occupe les actuels comtés du Devon et de Cornouailles, tandis qu'au nord s'étend le royaume de Mercie.
Sous le règne de Wulfhere (r. 658-675), la Mercie domine ses voisins au sud et progresse aux dépens du Wessex dans la vallée de la Tamise. Bien que son frère et successeur Æthelred (r. 675-704) se montre moins présent dans la région, les Saxons de l'Ouest ne parviennent pas pour autant à récupérer les territoires conquis par Wulfhere.
Le Wessex est bordé au sud-est par le royaume des Saxons du Sud, correspondant à l'actuel Sussex, et à l'est par les royaumes des Saxons de l'Est, qui contrôlent Londres, et de Kent.

Il est impossible d'identifier tous les lieux mentionnés dans la Chronique, mais il semble que les Saxons de l'Ouest aient combattu Bretons et Merciens dans le nord du Somerset, dans le sud du Gloucestershire et dans le nord du Wiltshire. L'extension de leur domination peut être retracée de manière indirecte. Ainsi, le roi Cenwalh (r. 642-673) est le premier protecteur Saxon de l'abbaye de Sherborne, ce qui implique que le Dorset tombe sous l'emprise du Wessex sous son règne...
De la même façon, Centwine (676-685), premier protecteur Saxon de l'abbaye de Glastonbury, a vraisemblablement étendu son emprise sur le Somerset. Enfin, on sait que le missionnaire Saxon Boniface entre dans les ordres au début des années 680 à Exeter : La ville se trouve donc aux mains des Saxons de l'Ouest à cette date.

Bède décrit Cædwalla comme « un jeune homme audacieux de la maison royale des Gewissae », et il lui donne 30 ans environ à sa mort en 689, ce qui place sa naissance vers 659.
Bède utilise le nom de tribu Gewissae comme synonyme de « Saxons de l'Ouest », les généalogies du Wessex remontent jusqu'à un certain Gewis, peut-être un personnage légendaire.
D'après la Chronique, Cædwalla est le fils d'un roi nommé Cenberht, mort en 661. Ce Cenberht règne peut-être aux côtés ou sous l'autorité de Cenwalh.
La Chronique retrace l'ascendance de Cædwalla jusqu'à Ceawlin, et au-delà jusqu'à Cerdic, le premier des Gewissae à avoir posé le pied sur le sol Anglais au début du VIe siècle. Néanmoins, cette prestigieuse ascendance est incertaine : La liste de rois présente de nombreuses contradictions, qui semblent en partie le résultat des tentatives de chroniqueurs ultérieurs de rattacher tous les souverains y figurant à Cerdic. Le nom même de Cædwalla est une forme anglicisée du nom Breton Cadwallon, ce qui implique peut-être qu'il est d'ascendance Bretonne.

Lorsque la Vita Sancti Wilfrithi s'intéresse à Cædwalla, c'est pour le décrire comme un noble exilé dans les forêts de Chiltern et d'Andred. Sa situation n'est pas exceptionnelle pour l'Angleterre du VIIe siècle : D'autres rois, comme Oswald de Northumbrie, ont connu l'exil avant de monter sur le trône. Cela ne l'empêche pas de réunir une armée suffisante pour envahir le royaume des Saxons du Sud en 685.
Leur roi Æthelwealh est vaincu et tué, mais Cædwalla ne parvient cependant pas à s'imposer : Il est refoulé par 2 ealdormen d'Æthelwalh, Berthun et Andhun, « qui gouvernent le pays dès lors » d'après Bède.

Cette invasion manquée est peut-être une réaction à l'influence croissante de la Mercie sur les affaires du Sud. La Chronique Anglo-Saxonne rapporte qu'en 661, le roi Wulfhere lance une offensive sur Ashdown, dans les Berkshire Downs, au sud de la Tamise. La même année, il s'attaque également à l'île de Wight et la remet, avec la vallée de la Meon (dans l'est de l'actuel Hampshire), à son filleul Æthelwealh. Bède ne contredit pas la Chronique, mais il situe ces événements à une date ultérieure, vers la fin du règne de Wulfhere.

L'historien D. P. Kirby propose donc d'interpréter l'invasion de 685 comme une tentative de la part de Cædwalla de mettre un terme à l'expansion du Sussex vers l'ouest.

Un autre événement permet peut-être d'éclairer la situation politique et militaire de la région : La division du siège épiscopal de Dorchester, dans les années 660. Un nouvel évêché des Saxons de l'Ouest est établi à Winchester, non loin de la frontière avec le Sussex. D'après Bède, le roi Cenwalh a été las d'entendre le parler Francique de l'évêque de Dorchester Agilbert, mais il s'agit plus vraisemblablement d'une réaction à l'avancée Mercienne dans la région de Dorchester. La pression Mercienne a contraint le Wessex à diriger son expansion vers l'ouest, le sud ou l'est, ce qu'illustrent les campagnes menées par Cædwalla. Il est possible que les succès militaires de Cædwalla soient à l'origine du remplacement, dans les sources contemporaines, du terme Gewisse par « Saxons » ou « Saxons de l'Ouest ». Cette période marque en effet les débuts de la domination des Saxons de l'Ouest sur d'autres peuples Anglo-Saxons.

D'après la Chronique Anglo-Saxonne, Cædwalla commence à « prétendre au trône » du Wessex en 685. Le roi des Saxons de l'Ouest Centwine se retire dans un monastère en 685 ou 686, et Cædwalla lui succède dans des circonstances inconnues. D'après Bède, il règne pendant 2 ans, tandis que la liste de rois lui attribue un règne de 3 ans, ou 2 ans dans une version de ce texte. Bède affirme que le Wessex est gouverné par des sous-rois durant la décennie qui suit la mort de Cenwalh... Ces sous-rois sont tous vaincus et déposés lorsque Cædwalla devient roi.

L'interprétation la plus courante de ce passage consiste à faire de Cædwalla le responsable de la déposition de ces sous-rois, mais Bède ne le dit pas explicitement. Les dates ne correspondent pas parfaitement, puisque Cenwalh est mort vers 673 et non en 675-676.
Il est donc possible que Centwine ait d'abord été un sous-roi avant de devenir roi de plein droit. Il est également possible que les sous-rois dont parle Bède soient des membres d'une autre branche de la dynastie royale, en lutte contre Centwine et Cædwalla pour le pouvoir.
Le terme de « sous-roi » peut refléter l'opinion personnelle de l'évêque Daniel de Winchester, la principale source de Bède pour les affaires du Wessex.

Enfin, il est possible que des sous-rois se soient maintenus par endroits. Un roi Bealdred est attesté dans deux chartes de 681 et 688 se rapportant à des terres dans le Somerset et l'ouest du Wiltshire, mais l'authenticité de ces 2 documents est sujette à débat.
Une autre charte, dont l'authenticité n'est pas remise en question, vient encore compliquer la situation : Elle mentionne le père d'Ine, Cenred, comme régnant avant l'avènement de son fils.

Cædwalla ne reçoit pas le baptême avant son abdication, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut le décrire comme « païen ». En réalité, il est possible qu'il ait volontairement repoussé son baptême : A l'époque, quiconque n'est pas baptisé durant son enfance est libre de choisir le moment de son entrée officielle au sein de l'Église. D'après la Vita Sancti Wilfrithi, Cædwalla fait la connaissance de Wilfrid durant ses années d'exil dans la forêt d'Andred, et il lui demande de devenir son « père spirituel ». Après son avènement, il procède à de nombreux dons à l'Église :
Il offre notamment un quart de l'île de Wight à Wilfrid après sa conquête.
Il collabore également avec Wilfrid et l'évêque Eorcenwald de Londres dans la constitution d'une structure ecclésiastique dans le Surrey.
Néanmoins, rien ne permet d'affirmer que Wilfrid ait eu la moindre influence sur les activités séculières ou les campagnes militaires de Cædwalla.

Il est possible que Wilfrid ait bénéficié d'une manière supplémentaire de son association avec Cædwalla : D'après son hagiographie, l'archevêque Théodore a exprimé le vœu que Wilfrid lui succède au siège de Cantorbéry. Si cette anecdote est avérée, elle reflète clairement les effets de la domination de Cædwalla sur le Sud de l'Angleterre.

D'après Bède, il désire « obtenir le privilège particulier de recevoir la purification du baptême dans la chapelle des Saints Apôtres ». Il est le premier souverain Anglo-Saxon à faire le pèlerinage de Rome.

Durant son voyage, il fait étape à Samer, près de Calais, où il fait un don pour la construction d'une église, puis à la cour du roi Lombard Cunipert. Après son arrivée à Rome, il est baptisé par le pape Serge Ier le dimanche précédent Pâques, reçoit le nom de Pierre et meurt peu de temps après.
Bède et la Chronique Anglo-Saxonne s'accordent à dater la mort de Cædwalla au 20 avril, mais la Chronique contredit Bède en situant sa mort 7 jours après son baptême, alors que la date de Pâques en 689 est le 10 avril.
L'ancien roi est inhumé dans ses robes baptismales en la basilique Saint-Pierre, et son épitaphe le décrit comme « Roi des Saxons ».

L'Histoire ecclésiastique du peuple Anglais (Historia ecclesiastica gentis Anglorum en latin) est un ouvrage de Bède le Vénérable écrit vers 731 et dédié au roi Ceolwulf de Northumbrie. LHistoire laisse une large part aux légendes répandues à l'époque au sujet de l'Angleterre.
Ce n'en est pas moins une œuvre remarquable et atypique dans son contexte, en raison du travail de recherche entrepris par l'auteur.

Plus loin, elle se distingue par sa rigueur, sa précision (en particulier dans le système de datation) et la clarté de sa langue. L'ouvrage, entre hagiographie, martyrologe et histoire nationale, défend la thèse d'un christianisme fédérateur qui permet de dépasser les différences régionales et qui fonde la nation Anglaise.
La question du monachisme Celtique et de l'histoire de la Northumbrie occupe ainsi une grande place. Inspirée par la méthode d'Eusèbe de Césarée (comme son titre l'indique en référence à l'ouvrage de l'historien d'Orient) cette œuvre d'une grande modernité se montre soucieuse de questions du siècle, des difficultés de l'Église d'Angleterre et de sa relation avec Rome.
ABBAYE DE LERINS
L'ouvrage a été écrit à la demande de l'abbé Albin, un disciple d'Adrien de Canterbury et de Saint Théodore, archevêque de Cantorbéry. Ce dernier semble avoir fourni à Bède de nombreux matériaux pour mener à bien la rédaction de son ouvrage, notamment de nombreux mémoires écrits par les premiers prédicateurs chrétiens en Angleterre.




Cædwalla — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Cædwalla
Cædwalla (vers 659 – 20 avril 689) est roi du Wessex de 685 ou 686 à 688, année de son abdication. Exilé du Wessex durant sa jeunesse, Cædwalla réalise ...

Cædwalla - InfoRapid Portail de Connaissance
fr.inforapid.org/index.php?search=Cædwalla
659 – 20 avril 689) fut roi du Wessex de 685 ou 686 à 688, année de son abdication. ... Après son avènement sur le trône du Wessex, Cædwalla reconquit le ...


EN REMONTANT LE TEMPS... 690


27 JUIN 2015...

Cette page concerne l'année 690 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !


SAINT BENOÎT BISCOP FONDATEUR DE L’ÉGLISE



BRITANNIQUE

Benoît Biscop, Saint Benoît Biscop ou Biscop Baducing, (né vers 628, décédé le 12 janvier 690 à Wearmouth) religieux, issu d'une bonne famille de Northumbrie. D'abord au service de la maison du roi de Northumbrie Oswiu, il part ensuite à l'étranger. Après son second voyage à Rome (il en fait 5), celui-ci devient moine à Lérins entre 665 et 667.

C'est lui qui conduit Théodore de Tarse de Rome à Cantorbéry en 669. La même année, Benoît est nommé abbé de Saint-Pierre et Paul à Cantorbéry.
5 ans plus tard, il construit le monastère Saint-Pierre de Wearmouth, sur une terre qui lui a été donnée par le roi Egfrid, et le dote d'une bibliothèque. Une lettre papale de 678 exempte son monastère de tout contrôle extérieur, et en 682, le roi est tellement ravi de la réussite de Saint-Pierre, qu'il octroie à Benoît d'autres terres à Jarrow en le pressant d'y construire un second monastère.

Benoît érige le monastère Saint-Paul à Jarrow, puis nomme Ceolfrid comme supérieur. Ce dernier quitte Wearmouth pour Jarrow avec 20 moines dont le jeune Bède dont il devient le mentor. Le monastère est finalement doté d'une grande bibliothèque pour l'époque (plusieurs centaines de volumes) et c'est là que Bède écrit ses fameux ouvrages. Cette bibliothèque devient célèbre, et les manuscrits qui y ont été copiés sont considérés comme de précieuses possessions à travers toute l'Europe.
Benoît Biscop meurt le 12 janvier 690. Il contribue à ce que l'Église de Northumbrie adopte la liturgie Romaine. Les monastères qu'il a fondés, placés sous le contrôle direct du pape, sont les joyaux de la couronne de Northumbrie et ouvrent la voie à un âge d'or pour le christianisme en Angleterre.
« Le culte catholique est le vrai foyer de la civilisation et des beaux-arts. »
« Mes enfants, dites tout ce que vous voudrez, pourvu que de votre bouche ne sorte ni plainte contre Dieu ni parole malséante, ni discours désobligeant à l'endroit du prochain. »

Benoît (de son vrai nom Biscop Baducing) Anglais d'origine, d'une famille fort considérable par sa noblesse. Ses parents le font élever dans les exercices militaires, à dessein d'en faire, dans la suite, un grand capitaine, et, comme il est naturellement fort et courageux, il acquiert bientôt beaucoup de réputation dans les armes.

Oswy, roi de Northumberland, pays septentrional de l'Angleterre, l'ayant appelé à sa cour, le saint y passe quelques années, mais Notre Seigneur Jésus-Christ, qui le destine à d'autres emplois, lui parle dans le secret du cœur ce qui le fait se décider à se retirer du monde. Il sort non seulement de la cour, mais aussi du lieu de sa naissance, et entreprend le voyage de Rome pour honorer les tombeaux de des bienheureux apôtres Saint Pierre et Saint Paul et pour être mieux instruit des principes de la foi et des règles de la perfection chrétienne, lesquels sont enseignés que fort imparfaitement dans son pays nouvellement converti.

Étant arrivé en cette ville, il visite avec une singulière piété tous les sanctuaires qui la rendent si vénérable, à son retour, il s'applique entièrement à l'étude des Saintes Écritures et aux exercices de piété. 5 ou 6 ans après, Alcfrid, fils du roi Oswy, a envie de visiter les tombeaux des Saints Apôtres Pierre et Paul, il prie le saint de l'accompagner, mais le père du prince s'étant opposé à ce pèlerinage, Benoît part seul pour Rome, afin de s'y perfectionner de plus en plus dans la science du salut.
En revenant d'Italie, il passe par le célèbre monastère de Lérins, où il prend l'habit religieux. Après y être resté 2 ans, il revient à Rome, en 658. Son dessein n'est pas d'en sortir, mais le pape Vitalien veut qu’il accompagne Saint Théodore, archevêque de Cantorbéry, et Saint Adrien, qu’il envoie en Angleterre afin de travailler à l’instruction de ce nouveau peuple chrétien....

Saint Benoît est chargé du monastère de Saint-Pierre et de Saint-Paul, proche de la ville de Cantorbéry : Laissant cette charge quelques temps après à Saint Adrien, il fait un nouveau voyage à Rome...
En effet il désire acquérir de nouvelles lumières sur la discipline de l’Église et sur les diverses constitutions monastiques : Ce qui l’engage à rester un temps assez considérable en divers endroits d'Italie. A son retour, ayant trouvé grâce auprès de son prince, Egfrid, successeur d’Oswy, il bâtit 2 monastères : L’un près de la rivière de la Were en l’honneur du prince des Apôtres, appelé pour cette raison Weremouth (674), l’autre, sous l’invocation de Saint Paul, près de la rivière de Tyne, ce dernier porte d’abord le nom Girwy, puis celui de Jarrow (677).

Comme ils sont proche l’un de l’autre, il devient le père supérieur des deux, mais il est bientôt nécessaire, à cause des voyages et des diverses occupations dont est chargé Saint Benoit qu'il ne peut tout faire par lui-même, d’avoir soin de mettre sous lui des personnes d’une éminente sainteté, à savoir : Esterwin et Céolfrid, que l’Eglise d’Angleterre honore en qualité de Saints. Il enseigne à ses religieux toutes les pratiques de piété qui s’observent dans les couvents de Rome et dans ceux qu’il a visités en chemin, souhaitant passionnément de voir la vie monastique fleurir dans son pays comme elle fleurit en Francie et en Italie, il établit même en son abbaye un collège où il enseigne publiquement, et il s’est trouvé en même temps jusqu’à 600 moines qui prennent ses leçons. On lui confie le vénérable Bède dès l’âge de 7 ans, afin que, étant élevé sous sa discipline, il réponde aux grandes espérances que l’on conçoit de son beau naturel : Ce qui réussit très avantageusement.
Ce bienheureux abbé fait encore d’autres fois le voyage de Francie et d’Italie, tant pour le bien de son ordre que pour l’utilité de toute l’Église d’Angleterre, dont il s’occupe toujours avec le plus grand soin. Il a surtout un zèle extraordinaire pour tout ce qui peut relever la gloire et la beauté de la maison de Dieu, et rendre les cérémonies ecclésiastiques pompeuses et magnifiques. Il n’y a presque pas alors, en Angleterre, de temples ni de chapelles bâtis en pierre, l’usage des vitres aux fenêtres y est inconnu, les peintures sacrées y sont fort rares, et l’on n’y trouve les livres des saints Pères qu’en très petite quantité...

SAINT BENOÎT ET BEDE LE VÉNÉRABLE JEUNE
Mais cet homme industrieux pourvoit admirablement à tous ces besoins. Il amène avec lui, d’outre-mer, des architectes, des vitriers et des peintres, les plus habiles qu’il puisse trouver, et fait bâtir des basiliques de pierres solides, orner les fenêtres de vitres historiées, et décorer les autels et les parois de belles peintures. Il apporte aussi un grand nombre de livres dont il enrichit les bibliothèques de ses monastères, et beaucoup de tableaux où nos mystères sont représentés il les expose aux yeux des fidèles, afin que les ignorants y apprennent ce que nous croyons, comme les autres l’apprennent dans les livres. Les tableaux qu’il met à Weremouth représentant la Sainte Vierge, les 12 Apôtres, l’histoire évangélique et les visions mystérieuses de l’Apocalypse. On voyait dans ceux de Jarrow plusieurs sujets tirés de l’Écriture Sainte et disposés de telle manière qu’ils montrent les rapports des 2 Testaments, et que les figures sont expliquées par la réalité. Par exemple, Notre Seigneur Jésus-Christ, chargé de la croix sur laquelle il va consommer son sacrifice, se trouve en regard d’Isaac portant le bois qui doit servir à son immolation.
Il ne manque pas non plus de procurer à son pays des reliques fort considérables qui lui sont données par les Papes, à qui son ardeur pour les choses saintes est fort agréable. Mais ce qui le satisfait principalement, est que le Pape Saint Agathon envoie avec lui Jean, abbé de Saint-Martin, maître de la musique et des cérémonies de Saint-Pierre, pour introduire ces cérémonies en Angleterre, et y apprendre la méthode de bien chanter.

Aussi, tant qu’il est dans l’Île, Saint Benoît a un soin extraordinaire de lui et ne permet pas que d’autres que ses religieux pourvoient à sa subsistance, de là vient qu’ils sont les mieux instruits sur tout ce qui appartient à la célébration des offices ecclésiastiques.
Lui-même y devient si habile, qu’il compose un livre sur ce sujet, intitulé « De la célébration des fêtes », afin que l’on oublie pas ce qu’on a appris de ce chantre de l’Église Romaine.
Le vénérable Bède, parlant de cette prévoyance charitable de son maître Saint Benoît, dit qu’il a travaillé avec tant de zèle, afin que les siens vivent en repos, et qu’il a entrepris tant de voyages, afin que, étant fournis des choses nécessaires, ils puissent servir paisiblement Notre Seigneur dans l’enceinte de leurs monastères, sans être obligés d’en sortir. Il fait un cinquième voyage à Rome mais il est difficile d’en préciser la date.

Enfin, étant devenu vieux et infirme, il donne de rares exemples de patience à ses disciples, souffrant sans chagrin et avec beaucoup de tranquillité et de joie des maladies très douloureuses. Sa plus grande récréation est de parler quelquefois des Lieux Saints qu’il a visités, de l’exacte observance des maisons religieuses, et du bonheur des personnes qui aiment leur vocation.
Les 3 dernières années de sa vie, une cruelle paralysie le prive de l’usage de ses membres et l’oblige enfin à garder le lit. Lorsqu’il ne lui est plus possible d’assister à l’office canonial, quelques moines, partagés en deux chœurs, viennent chanter à côté de lui les psaumes de chaque heure du jour et de la nuit, il s’unit à eux autant qu’il le peut, mêlant sa voix avec les leurs. Son esprit ne s’occupe que de Dieu et de la perfection de ses disciples qu’il exhorte fréquemment à observer leur règle avec exactitude :
« Mes enfants, n’allez pas regarder comme une invention de mon esprit les constitutions que je vous ai données. Après avoir visité 17 monastères bien disciplinés, dont j’ai tâché de connaître parfaitement les lois et les usages, j’ai formé un recueil de toutes les règles qui m’ont paru les meilleures : C’est ce recueil que je vous ai donné. »

Il meurt après avoir reçu le Saint Viatique, le 12 janvier 690. On transfère ses reliques à l’abbaye de Thorney, en 970. Les moines de Glastonbury prétendent en avoir une partie. Les Bénédictins Anglais honorent ce saint comme un de leurs Saints Patrons... Les abbayes de Weremouth et de Jarrow ont été détruites par les Danois. Rétablies en partie, elles existaient encore sous le titre de prieurés, lorsque les monastères d’Angleterre furent détruits, en l’an 37 du règne de Henri VIII. Ces deux prieurés sont à l’origine des deux villes de Weremouth et de Jarrow.

Comme tous ses pairs, notre moine étudie, médite, et prie. Une bonne mémoire c'est d'abord « un lieu où ranger les choses » et les érudits des années 400 à 1200 se basent sur un traité attribué à Cicéron (Rhetorica ad Herrennium) pour considérer que l'art de la mémoire est « fondé sur le plan d'un édifice familier, avec ses pièces et ses recoins dans lesquels l'orateur doit « placer » les images qui lui rappellent le matériau dont il projette de parler ».
Dès lors il ne s'agit pas d'apprendre par cœur mais de se fabriquer des boîtes mentales où ranger des contenus abrégés et résumés (summatim) ou des extraits susceptibles d'être cités (verbatim).
Comme toutes les constructions, celles de l'esprit nécessitent ainsi des machines pour élever les matériaux jusqu'à la composition d'un sermon par exemple, des procédés pour faciliter la recherche des idées. C'est ainsi que la vieille rhétorique est recyclée dans les monastères en même temps qu'on apprend à « penser en images » en prenant garde de ne pas se laisser distraire, ce pourquoi Jean Cassien, fondateur de l'abbaye de Saint-Victor à Marseille aux environs de 415, met en garde contre les glissades de l'esprit : « L'âme roule ainsi de psaume en psaume, saute de l’Évangile à Saint Paul, de celui-ci se précipite aux prophètes, de là se porte à des histoires édifiantes. Inconstante et vagabonde, elle est ballottée deçà et delà par toute l’Écriture, impuissante à rien écarter ni retenir à son gré, à rien pénétrer, rien approfondir, rien épuiser, elle ne fait que toucher et effleurer les Pensées Saintes, sans en produire ni s'en approprier vraiment aucune... » (Jean Cassien, Conférences, X, 13-14).
Mais bien dirigée, la (curiositas) peut devenir une vertu, selon Pierre de Celle, l'évêque de Chartres mort en 1183 (in De la Conscience).
L'auteur évoque diverses associations mnémotechniques, outre « l'assimilation du corps du Christ à la page couverte d'écriture d'un parchemin » qui pour nous est déconcertante, elle signale le recours au choc émotionnel (peur, chagrin, honte) pour déclencher une énergie cognitive. Pour ses méditations composées dans les années 1070-1080, Saint Anselme prévoit plutôt (fort judicieusement à nos yeux) de découper son texte en paragraphes, voire d'orner les alinéas d'initiales historiées, comme il le fait à l'intention de Mathilde de Toscane.
« Sors de ta bibliothèque (armarium) des projectiles pour pouvoir frapper qui te frappe » recommande Pierre de Celle au moine qui fait fonctionner sa mémoire du fond de « la petite citadelle de [sa] cellule ».
Les images mentales qui aident à penser passent par des ornements, comme l'allégorie (allegoria, la difficulté) ou l'étymologie qui s'appuie plus souvent sur le jeu de mots (paranomasia) que sur la vérité scientifique.
L'étymologie, genre développé par Isidore de Séville et utilisée jusque dans la Légende dorée du Dominicain Génois Jacques de Voragine (vers 1260) sert aussi de figure d'amorce de la composition. « L'importance qu'accorde la culture monastique à l'ornement est, pour une part, héritée de la rhétorique romaine » insiste Mary Carruthers. Non qu'il s'agisse de retenir le sens de ces textes antiques (il y a les écritures Saintes pour cela) « mais de leur capacité à encourager, voire à requérir, chez les chrétiens, divers jeux de méditation ingénieuse ». Car « dans une composition dépourvue d'ornement, l'esprit est sans repère » souligne Mary Carruthers.

Le Bestiaire médiéval ne fait pas office d'ouvrage d'histoire naturelle mais rassemble des « lieux communs », chaque pictura du bestiaire peut être utilisée comme repère compris de tous. De même, la Psychomachia de Prudence (405), « l'un des premiers ouvrages non bibliques à être illustrés », qui met en scène des guerriers personnifiant les Vices et les Vertus, « a engendré une tradition allégorique et iconographique » longtemps reprise dans l'art médiéval : Combats sanglants de la Foi contre l'Idolâtrie, de la Chasteté contre la Luxure, de la Patience contre la Colère, de l'Humilité contre la Vanité, de la Sobriété contre la Sensualité, de la Charité contre la Cupidité, de la Concorde contre la Discorde.

Plus saisissant peut-être, le thème de la vision onirique. Boèce l'emploie dans sa Consolation de Philosophie : « Tandis que je méditais silencieusement en moi-même et que je confiais aux bons soins de mon stylet mes plaintives doléances, je vois apparaître au-dessus de ma tête une femme (…) Quand elle a vu à mon chevet les Muses de la poésie suggérer des mots et des pleurs, elle a perdu quelques instants son calme et ses yeux ont lancé des éclairs menaçants : « Qui, demande-t-elle, a autorisé ces petites putes de scène à approcher ce malade ?” »...

La vision du dragon se trouve par exemple dans la vie de Saint Benoît par Grégoire le Grand. À un moine qui veut quitter le monastère, l'abbé en colère lui enjoint de partir, mais « à peine sorti du monastère, il trouve devant lui sur son chemin un dragon, la gueule béante » et se met à appeler les moines au secours. Ceux-ci, sans avoir vu aucun dragon, ramènent le moine tout apeuré et promettant de rester un gentil moine (grâce aux prières du saint, bien sûr). Si la vision du Diable ou du Bon Dieu surprend moins , reste que la pensée humaine à cette époque s'incarne dans des images, des représentations, des schèmes.
Une image (« pictura ») bien choisie dans la Bible sert de Bildeinsatz (utilisation des images), d'introduction à de nombreux textes, susceptible de retenir l'attention à une époque où la lecture à haute voix est la norme. Bien sûr cela inclut les images au sens d'une série de tableaux (« pompa picturae ») comme ceux que Benoît Biscop (628-690) ramène d'Italie pour l'église du monastère de Wearmouth. L'idée vaut aussi pour la sculpture. Un chapiteau historié près de l'entrée de l'église de la basilique de Vézelay (vers 1130-50) montre deux personnages travaillant au moulin : L'un verse le sac de grain, l'autre recueille la farine.
Un ensemble plus complet d'images forme le rêve du Bénédictin Baudri, abbé de Bourgueil, quand il décrit pour la comtesse Adèle de Blois la chambre idéale. Au plafond les constellations d'un ciel étoilé, au sol de mosaïque une « mappamundi » en forme conventionnelle de T, un lit entouré de colonnes d'ivoire sur lesquelles sont sculptées les Arts : Musique, Astronomie, Géométrie, Rhétorique, Médecine, etc... Tandis que les tapisseries des murs évoquent des récits de l'Ancien testament et des mythes Grecs, et jusqu'à la conquête de l'Angleterre...
Le plan de l'abbaye de Saint-Gall, dessiné vers 820, comme le Temple mesuré dans Ezéchiel, enfin, les bâtiments eux-mêmes vont servir de balises à la méditation, à la prière, par leur seul agencement. Pierre de Celle écrit :
« Le cœur de Jésus, là est le réfectoire, le sein de Jésus, là est le dortoir, le visage de Jésus, là est l'oratoire, la largeur, la longueur, la grandeur et la profondeur de Jésus, là est le cloître, la compagnie de Jésus et de tous les saints, là est la salle du chapitre… »

Dans un de ses Sermons sur le cantique, Bernard de Clairvaux reprend la métaphore du plan de la maison et de la succession des lieux : Jardin, cellier, chambre bon moyen de résumer les grands thèmes traités. Dans le même esprit, le plan de l'Arche de Noé, arche à 3 étages, illustre l'art de la memoria chez Hugues de Saint-Victor (in De arca Noe mystica). Les bâtiments sont des machines à méditer, Cisterciens et Clunisiens pratiquent les liturgies... Liturgie processionnelles, l'auteur reprend ainsi le déroulement de la procession dans l'abbaye Carolingienne de Saint-Riquier
Le cloître constitue une machine mnémonique depuis l'édification de celui de l'abbaye de Lorsch au IXe siècle : Plan carré, éclairage naturel, galeries abritées, espace régulier entre les colonnes, chapiteaux à hauteur du regard, la structure mnémonique est parfaite. L'auteur conclut : « L'abbatiale médiévale n'est pas un cryptogramme, mais un instrument, une machine à penser qui fonctionne grâce à l'architecture et à l'ornementation ».

Voilà en somme un ouvrage difficile mais passionnant, (avec un généreux cahier d'illustrations et une riche bibliographie) qu'on ne manque pas de recommander à tous les passionnés de civilisation médiévale même si ces quelques lignes ne leur donneront qu'une petite idée de son incroyable richesse...

L'art de vérifier les dates des faits historiques, des ...
https://books.google.fr/books?id=b7EKGAMFdRoC
Maur Dantine, ‎Clément - 1783
S. Benoît Biscop, Abbé en Angleterre , mort l'an 690 , ou vers l'an 70; ; sa Fête ... le fait mourir cruellement le az Octobre de la même année, comme on le croit.
Benoît Biscop — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Benoît_Biscop
Illustration commandée par Benoît Biscop, pour un projet de Codex Grandior de ... Benoît Biscop ou Biscop Baducing, (né vers 628, décédé le 12 janvier 690 à ... La même année, Benoît est nommé abbé de Saint-Pierre et Paul à Cantorbéry.

12 janvier. Saint Benoît Biscop, abbé en Angleterre. 690 ...
hodiemecum.hautetfort.com/.../12-janvier-saint-benoit-biscop-abbe-en-a...
12 janv. 2008 - Saint Benoît Biscop, abbé en Angleterre. 690. Pape : Saint Serge Ier. ... le saint y passa quelques années ; mais Notre Seigneur Jésus-Christ, ...

vendredi 26 juin 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 691


26 JUIN 2015...

Cette page concerne l'année 691 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

UNE DES DÉMESURES DE L'ISLAM NAISSANT.

Le dôme du Rocher ou la coupole du Rocher (en arabe Qubbat As-Sakhrah, en hébreu : כיפת הסלע, Kippat ha-Sel‘a), appelé parfois mosquée d'Omar à tort, « premier monument qui se veut une création esthétique majeure de l'Islam », est un sanctuaire érigé sur ordre du calife Abd al-Malik ben Marwan à « Al Qods » (Jérusalem), sur le « Haram al-Charif » (Esplanade des mosquées), 3e lieu saint musulman après La Mecque et Médine, où s'élève également la mosquée al-Aqsa...

Le Dôme du Rocher abrite le « Rocher de la Fondation », endroit où, selon la tradition musulmane, Mahomet est arrivé depuis La Mecque, lors de l'Isra, ou voyage nocturne et d'où il est monté au paradis, lors du Miraj, en chevauchant sa monture Bouraq...
La tradition biblique y situe également le mont Moriah, nom donné au massif montagneux sur lequel Abraham monte avec son fils afin de l'offrir à Dieu en sacrifice, puis sur lequel ensuite Salomon bâtit l'ancien Temple de Jérusalem.

Achevé en 691 ou 692 (an 72 de l'hégire), il ne possède pas de minaret.
On retrouve les influences Byzantine et Perse Sassanide qui sont les deux grandes sources d'inspiration de l'art islamique.
Le premier Temple des Juifs a été édifié à cet endroit par le roi biblique Salomon, et le second, au VIe siècle av. J.-C., agrandie au Ier siècle av. J.-C. par Hérode Ier le Grand.
L'emplacement exact du temple n'est plus connu avec certitude. Il existe plusieurs opinions différentes à ce sujet (le temple serait plus au nord, ou plus au sud comme en témoigne par exemple l'exposé de l'architecte Tuvia Sagiv dans une étude).
Ce temple est finalement détruit en l'an 70 de l'ère chrétienne, sur ordre de Titus. l'esplanade est restée inoccupée, jalonnée seulement de quelques ruines.

Selon des sources non fiables, à l'arrivée des musulmans, en 638, dans la ville de Jérusalem, les ruines du Temple sont utilisées comme dépotoir par les chrétiens dans un souci d'humiliation des juifs et afin de concrétiser la prophétie selon laquelle pas une pierre ne resterait en cet endroit...

Le calife et compagnon de Mahomet Omar ibn al-Khattab, horrifié de voir ce lieu saint dans un tel état, ordonne son nettoyage pour y prié... (comme à Barbès -Rochechouard pour y prier (Paris) !... Lol !)
Selon la même source, il ordonne la construction d'une mosquée à cet emplacement.
Certains historiens médiévaux, en particulier le chroniqueur Byzantin Théophane le Confesseur et le juif Shim'on bar Yo'hai, indiquent que cette action de Omar ibn al-Khattab est saluée par les juifs de l'époque qui y voient la reconstruction du Temple de Jérusalem avant de s'apercevoir qu'il s'agit d'une mosquée. (Déjà à l'époque ils savent très bien faire prendre des vessies pour des lanternes aux peuples crédules)
En plus du Dôme, le Haram al-Charif, appelé aujourd'hui « l'esplanade des mosquées » ou « esplanade du Temple », compte également la mosquée al-Aqsa (construite avant 679) ou encore la coupole de la chaîne (qubbat al-Chakhra). Haram al-Charif signifie en langue arabe « le Noble sanctuaire »... (sans doute pour effacer jusqu'au souvenir de ceux qui étaient là avant eux)

Élément central et majestueux de cet ensemble, le Dôme est restauré à de nombreuses reprises. Dès le début du IXe siècle, le calife abbasside Al-Mamun fait ainsi effacer le nom d'Abd al-Malik pour le remplacer par le sien sur l'inscription.
Ensuite, chaque dynastie maîtresse de Jérusalem depuis les Fatimides jusqu'aux Ottomans a cherché à poser sa marque sur l'édifice, tout en conservant sans doute le plan et les proportions originelles. (marque s'il en faut une qu'ils ne font que démolir ce qui les précède fussent-ils de la même religion, exactement ce que font les daesh actuellement)

Au milieu du XVIe siècle (deux dates sont inscrites, équivalent à 1545 et 1551/1552), sur ordre de Soliman le Magnifique, il a été complètement remplacé par un revêtement de carreaux de céramique Ottomans. Entre le XVIIIe siècle et le début du XXe siècle, le monument a fait l'objet d'au moins 4 campagnes de restauration : en 1720-1721 à la demande du sultan Ahmed III, en 1817 pour Mahmoud II, dans le troisième quart du XIXe siècle (1853-1874), à l'initiative d'Abdülmecid, mais terminée par Abdülaziz ; entre 1918 et 1928 par l'architecte anglais C.R. Ashbee.

Monument majeur de l'art islamique, le dôme du Rocher a très tôt fait l'objet d'études.
Dès 1900, l'archéologue Suisse Max Van Berchem a relevé les inscriptions, et Marguerite Van Berchem publie une étude sur les mosaïques en 1932 dans l'ouvrage de KAC Creswell, Early muslim architecture, qui lui-même propose une analyse approfondie du monument.
Mais le scientifique qui s'est le plus penché sur le monument est sans contestes Oleg Grabar, qui publie ses premières hypothèses sur sa signification en 1959.
Ses articles constituent le plus important corpus sur ce sujet, sur lequel de nombreux scientifiques ont travaillé...

Le dôme du Rocher est situé sur une plate-forme artificielle rectangulaire ouverte par 8 escaliers, deux sur les côtés sud et ouest, un sur les flancs nord et est. Situé un peu à côté du centre de cette estrade, il suit un plan centré autour du point focal qu'est le « Rocher de la Fondation », en réalité un affleurement du mont Moriah. Ce plan se décompose en un premier anneau au centre constitué par une première colonnade autour du Rocher, supportant la coupole, cernée d'une seconde, octogonale. Ces deux colonnades définissent un premier déambulatoire, tandis qu’un second se situe entre la seconde colonnade et les murs extérieurs, eux aussi à 8 pans. L'édifice est ouvert par 4 portes, donnant en direction des 4 points cardinaux, celle qui regarde vers la mosquée Al-Aqsa, et donc vers la qibla étant magnifiée par un portique plus important que ceux des 3 autres ouvertures.

Ce plan n'est pas nouveau : il s'inspire visiblement de ceux des martyria chrétiens, notamment le Saint-Sépulcre, situé lui-même à Jérusalem, et qui, à la fin du VIIe siècle, est essentiellement constitué d'une rotonde autour d'un tombeau du Christ, comme l'indique le pèlerin Arculfe.

Sous le Rocher se trouve une grotte, qui possède deux mihrabs et dont la forme originelle est impossible à définir étant donné les nombreuses restaurations. 2 types de supports sont utilisés : Des colonnes de marbre de remploi coloré (où ont-ils été volés ?) (marbre bleu notamment) et des piliers maçonnés. Pour la colonnade octogonale, la proportion est de deux colonnes reliées par des arcs surhaussés entre chacun des 8 piliers, dans celle circulaire, ce sont 3 colonnes qui scandent l'espace entre 4 piliers, elles supportent des arcs en plein cintre à claveaux de couleurs alternées. Chaque colonne est surmontée d'un chapiteau à feuilles d'acanthes et des tirants de bois les relient, pour plus de solidité. Cette bande de poutres est continue et se place entre les chapiteaux et les arcs pour les colonnes et entre les piliers et les écoinçons pour les piliers...

Le mur extérieur est percé de nombreuses fenêtres à claustras, on en compte sept sur les pans non-ouverts par une porte. Les portes, quant à elles, sont marquées par 2 colonnes soutenant une grande arcade pour 3 d'entre elle, et par 8 colonnes alignées, dont les 2 centrales soutiennent aussi une arcade, pour celle qui regarde vers la qibla. 16 fenêtres à claustras se retrouvent également sur le tambour du dôme central. Les doubles grilles qui meublent toutes ces ouvertures, tant sur le mur extérieur que sur la façade du tambour, datent de la période Ottomane. Les fenêtres devaient être originellement en dentelle de marbre à l'intérieur et en fer forgé à l'extérieur.
Deux types de couverture se combinent dans le monument. Au centre, une coupole surmonte le Rocher, située sur un haut tambour à 2 étages, un plein en partie inférieure et un percé de 16 fenêtres dans la zone supérieure. Elle s'élève à 25 m de hauteur pour un diamètre de 20 m et est constituée de deux coques de bois, dont l'extérieure est doré par un alliage. Selon Al-Muqaddasi (vers 985) et al-Wasiti un peu plus tard, la coupole a originellement été dorée avec l'or qui reste en surplus après la construction, mais il y a tout lieu de croire que ce récit n'est qu'une légende.

Dans la toile d'Auguste de Forbin, Vue de Jérusalem, prise de la vallée de Josaphat, présentée au salon de 1831, le dôme est nettement doré, de même que sur une peinture de Vassili Polenov datée de 1882 et sur une de Charles Fouqueray datée 1919, cependant, une peinture de Salomon Bernstein datée de 1928 et des photos datant de la première moitié du XXe siècle le montrent sans dorure, comme le sont encore actuellement les dômes d'al-Aqsa ou du Saint-Sépulcre. Il a été redoré en 1965, mais la toiture actuelle, qu'il s'agisse de celle des toits du déambulatoire ou de la coupole elle-même date de la restauration de 1994.

Au-dessus des déambulatoires, c'est un toit en pente qui assure la couverture. Il est caché à la vue par un haut parapet qui surmonte la façade extérieure. Contigu au tambour du dôme, il s'attache juste au-dessous des fenêtres à claustra dont celui-ci est percé. À l'intérieur, le plafond est daté du XIIIe siècle. La couverture des toits pentus à l'origine en plomb, est désormais en aluminium

Le décor intérieur du dôme du Rocher est de 3 types : Des tirants de bois couverts de bronze, des placages de marbres sur les murs et les piliers et des mosaïques à fond d'or dans les parties hautes (écoinçons, soffites), que les restaurations n'ont visiblement pas altérées et qui s'étalent sur plus de 280 m2. Le décor devait d'ailleurs être plus ou moins identique à l'extérieur, mais a été remplacé par des céramiques polychromes de très belle qualité à la période Ottomane. On ne sait pas si les mosaïques recouvrent toute la surface ou sont organisées en bandeaux ou en panneaux. Par contre, le revêtement de marbre extérieur est resté intact.
Du point de vue de l'iconographie, on note l'absence totale de représentations figurées : Ni humains, ni animaux ne sont représentés dans les mosaïques. On trouve par contre de nombreux motifs végétaux (guirlandes, feuilles d'acanthe, rinceaux de vigne, arbres réels et imaginaires, rosettes), et, à l'intérieur des colonnades circulaires et octogonales et du tambour du dôme, des bijoux sous la forme de couronnes Sassanides et Byzantines, des pectoraux et autres joyaux.
La symbolique du décor du dôme a soulevé bien des questions et interprétations, Il semble en effet, étant donné son agencement et son iconographie, que celui-ci n'a par pour seule vocation d'être ornemental et chatoyant... Oleg Grabar pense que les bijoux peuvent être interprétés comme des symboles de nations défaites suspendus comme des trophées sur les murs (spolia), ainsi qu'on en trouve à la kaaba, mais beaucoup d'autres lectures, contradictoires ou complémentaires, ont été apportées.
Décors de mosaïque : Rinceaux végétaux et vases incrustés de perles
On a souvent rapproché les mosaïques du dôme de mosaïques chrétiennes, comme celles de l'Église de la Nativité à Bethléem, par exemple.
En effet, il est assez probable que leurs réalisateurs soient des artistes chrétiens ou musulmans récemment convertis, et formés dans des traditions chrétiennes ou juives. Les mosaïques tirent d'ailleurs leurs motifs de l'antiquité tardive. Toutefois, on remarque une adaptation au modèle musulman, notamment dans la disparition de la figuration, ce que l'on retrouver quelques années plus tard à la Grande mosquée des Omeyyades de Damas.
Oleg Grabar note par ailleurs la naissance dans le dôme du Rocher de deux grands principes spécifiques à l'art islamique : L'utilisation de formes réalistes à des fins non-réalistes - incrustations de joyaux dans le tronc d'un arbre, par exemple - et la variation infinie sur un même thème, en arrangeant différemment des motifs semblables.

De plus, contrairement aux bâtiments de l'antiquité classique, le décor du dôme n'est pas subordonné à l'architecture et ne cherche pas à mettre en valeur la structure du bâtiment, mais au contraire couvre tout le bâtiment, comme pour créer une atmosphère particulière, un lieu unifié sans architecture réellement tangible
Le dôme du Rocher constitue le premier bâtiment où se déploie un programme d'inscriptions mûrement réfléchi. 3 sont umayyades : Une, longue de 240 m, se situe au-dessus des arches de la colonnade octogonale extérieure, les deux autres se trouvant sur les portes Est et Nord. Il s'agit à chaque fois d'inscriptions religieuses issues du Coran, mis à part le nom du commanditaire, Abd al-malik (qu'Al-Mamun a tenté de remplacer par son nom) et la date. Lues depuis 1900, elles font principalement référence à la grandeur et à l'unicité de Dieu, s'attardent sur les missions prophétiques et notamment le rôle de Jésus comme prophète, font allusion au paradis...

On peut y voir une affirmation de la grandeur de l'islam à la fois en direction des nouveaux convertis, des musulmans hésitants et des non-musulmans, mais Myriam Rosen-Ayalon en a montré aussi les tenants eschatologiques afin d'appuyer sa thèse selon laquelle le dôme du Rocher est une préfiguration de la Jérusalem céleste.
Karl-Heinz Ohlig contredit ces interprétations en considérant que les inscriptions du Dôme du Rocher montrent l'absence d'une religion musulmane indépendante aux VIIe-VIIIe siècle, estimant au contraire qu'il s'agit alors d'une « forme de christianisme Syro-Persan »

Architecture et décor puisent grandement dans le vocabulaire de l'Antiquité tardive, méditerranéenne notamment, quoiqu'on trouve des éléments plus Iraniens, comme les palmettes ailées des mosaïques. Plan, matériaux (les colonnes, avec leurs chapiteaux et leurs bases, sont récupérés des ruines de l'esplanade du Temple), méthodes de construction et techniques de décor sont empruntées à Byzance et à Rome.
Néanmoins, on remarque qu'aucun bâtiment paléochrétien ni Byzantin ne ressemble formellement au dôme du Rocher. Celui-ci puise certes son inspiration dans la tradition préislamique, mais il la sublime pour arriver à un monument typique de l'islam.

La conception du décor, aniconique, avec de longues inscriptions arabes et des bijoux est aussi entièrement nouvelle, même si elle s'appuie sur des éléments anciens tels que les rinceaux d'acanthe, par exemple... Enfin, il faut noter la grande richesse dans les coloris, très rarement égalée dans un bâtiment de l'antiquité tardive, hormis sans doute les mausolées de Salonique et de Gala Placidia.

Il est difficile à l'heure actuelle de connaître précisément les facteurs qui poussent le calife Omeyyade Abd al-Malik à commander la construction du dôme du Rocher, dont la fonction précise n'est pas déterminée par sa forme ni par ses inscriptions. Plusieurs facteurs, à la fois politiques et symboliques, peuvent être cités.

Dès le IXe siècle, on trouve dans les sources l'idée que le calife souhaite détourner le hajj, pèlerinage rituel de La Mecque, alors occupée par un rival, vers Jérusalem.
Cette hypothèse est mentionnée par l'historien 'abbasside Yaʿqūbī vers 874 et par un prêtre orthodoxe d'Alexandrie, Eutychius (mort en 940), lesquels s'appuient sur des sources visiblement différentes... Néanmoins, la plupart des chercheurs actuels tombent d'accord pour dire que cette explication est fausse, et donnent à cela plusieurs raisons : L'absence de mention d'un détournement du pèlerinage dans la plupart des sources historique (notamment Tabari, Baladhuri et Maqadasi), et le « suicide politique » que ce changement radical dans le dogme musulman aurait constitué pour Abd al-Malik, déjà mal considéré sur le plan religieux par son appartenance à la famille umayyade...
De plus, on trouve, dans un texte de Baladhuri, la preuve que le pèlerinage s'est poursuivi visiblement sans problèmes durant les problèmes politiques qui ont alors lieu.
Autre élément important, la pratique du pèlerinage à Jérusalem semble assez difficile pour des raisons d'espace. Enfin, si l'on accepte la thèse de Sheila Blair selon laquelle le dôme a été construit dans la seconde partie de l'année 692, les dates ne concordent plus, et l'empire se trouve alors dans un moment d'apaisement après la victoire du général al-Hajjaj.
Ce dernier fait, peut nous offrir une seconde lecture du bâtiment, monument de victoire de la dynastie umayyade. Par la même occasion, le dôme célèbre aussi l'Islam triomphant : au centre d'une ville majoritairement chrétienne et à forte communauté juive. (je pencherait plutôt pour cette version tellement dans l'optique musulmane)
Le dôme met en valeur la victoire de l'Islam, complétant la révélation des deux autres religions monothéistes, et a permis à l'état nouveau de rivaliser en magnificence avec les grands sanctuaires chrétiens de Jérusalem et de Syrie. Plusieurs arguments appuient cette interprétation : La taille du dôme, sa position théâtrale dans la ville et son ancien revêtement brillant, de céramiques à fond d'or prouvent qu'il est fait pour être vu de loin. (et humilier les vaincus) De plus, son plan centré, donne l'impression que le monument irradie dans toutes les directions, concourant également à un effet scénique. Toujours selon Oleg Grabar, le programme d'inscriptions peut être lu comme un manifeste de la supériorité de l'islam sur le christianisme, quoique tous les chercheurs, notamment Myriam Rosen-Ayalon, ne soient pas tout à fait d'accord avec cette interprétation.

Le choix du lieu lui-même est extrêmement symbolique : Lieu sacré juif, où restent encore des ruines des temples Hérodiens, laissé à l'abandon par les chrétiens pour marquer leur triomphe sur cette religion, il est à nouveau utilisé sous l'Islam, marquant alors la victoire sur les Chrétiens et, éventuellement, une continuité avec le judaïsme. (??? !!!) D'ailleurs, comme l'a montré Priscila Soucek, le lieu est associé à David et à Salomon, 2 souverains exceptionnels dans la tradition biblique, dont le prestige est censé rejaillir sur le calife qui s'installe sur leurs traces. (on voit là une certaine démagogie)

Enfin, l'historien Al-Maqdisi, au Xe siècle, écrit que le dôme a été réalisé dans le but de dépasser le Saint-Sépulcre, (nous y voilà) d'où un plan similaire, mais magnifié.
De cette analyse on a pu conclure que le dôme du Rocher peut être considéré comme un message de l'Islam et des Omeyyades en direction des chrétiens, des Juifs, mais également des musulmans récemment convertis (attirés par les déploiements de luxe des églises chrétiennes) pour marquer le triomphe de l'Islam. Mais ce n'est pas la seule hypothèse…

D'autres explications, plus symboliques et pas forcément contradictoires, ont été avancées après l'analyse des traditions liées à l'emplacement.
Dans la Genèse (22-2), le mont Moriah est désigné comme le site du sacrifice d'Isaac Dieu dit : « Prends ton fil unique que tu aimes, Isaac, et rends-toi au pays de Moriah, où tu l'offriras en holocauste sur une des hauteurs que je t'indiquerai. » Le texte précise que le trajet dura trois jours : « Le troisième jour en levant les yeux il voit l'endroit de loin ». Le Temple de Salomon ( détruit) se trouve à cet endroit et Hérode le Grand l'a fait reconstruire au même endroit... Des restes archéologiques assez important, en particulier le mur des Lamentations témoignent encore de ce passé.

Néanmoins, dans la Bible, le Rocher appelé aussi « Rocher de la Fondation » n'est jamais mentionné, et ne semble pas jouer un rôle prépondérant dans le Temple.
Des traditions situent donc à cet endroit la Ligature d'Isaac ou « sacrifice d'Isaac » par Abraham... et au début de l'islam, des hadiths ont situé sur le Rocher, le lieu depuis lequel Dieu quitte la Terre après la Création pour retourner au ciel. Une coutume plus tardive associe aussi le Rocher à l'isra, le voyage nocturne de Mahomet, et au miraj, son ascension, durant laquelle il aurait visité les 7 cieux et reçu de Dieu les 5 prières journalières de l'islam. Le rattachement de ces événements à Jérusalem apparaît assez tôt, dès le VIIIe siècle dans les textes, mais ce n'est que vers le XIIe - XIIIe siècle que les sources islamiques mentionnent réellement le Rocher comme point de départ du miraj...
Cet amalgame n'existe probablement pas au temps de la construction du dôme, quoiqu'il ait pu être ancré bien plus tôt dans les récits populaires. Une autre analyse a été fournie par Myriam Rosen Ayalon qui, après avoir étudié de manière détaillée les inscriptions coraniques et les décors de mosaïque, estime que le dôme a une vocation paradisiaque et eschatologique, et doit être considéré comme une sorte de préfiguration de la Jérusalem céleste...

Cette thèse, existe déjà chez al-Watisi au XIe siècle, qui, dans sa description du dôme, fait usage de métaphores bibliques à vocation apocalyptique. Plusieurs parallèles ont été établis, dont un avec le saint-Sépulcre de plan semblable, et qui possède en son centre, outre le tombeau du Christ, un rocher, comme le dôme...
L'eau représentée dans les mosaïques et dans les veines du marbre, la forme octogonale du bâtiment, le rocher qui peut rappeler le tombeau du Saint-Sépulcre par sa disposition, les 4 portes constitueraient ainsi autant de références au paradis. Oleg Grabar note d'ailleurs que, dès 70, c’est-à-dire juste après la destruction du temple d'Hérode, s'est développé un pèlerinage à vocation eschatologique. Priscilla Soucek, quant à elle, associe le dôme au temple et surtout au palais de Salomon, réputé dans la tradition coranique pour ses richesses (d'où les bijoux et les couronnes)... (c'est bien une appropriation des deux religions précédentes) Elle estime que, dans une vision plus large de la lecture coranique du mythe de Salomon, on peut identifier ce palais au Paradis.

Le Rocher abrite une grotte, à laquelle on accède par un escalier. Attestée comme mosquée en 902-903, elle est pourvue d'un mihrab dont la datation fait débat : K.A.C. Creswell, suivi par Klaus Brisch et Géza Féhévari estime qu'il est contemporain du dôme, mais Eva Baer, sur des critères stylistiques, a remis en cause cette datation, estimant que l'œuvre ne peut dater d'avant le IXe siècle, et qu'elle a été commandée par un membre de la famille Ikhshidide ou Fatimide.

En 1911, le capitaine Montagu Brownlow Parker, jeune officier Britannique animée par la recherche du « trésor de Salomon », entreprend de creuser clandestinement dans cette grotte après avoir tenté durant 2 ans d'atteindre le dôme par un système de souterrains, mais rapidement découvert, il doit s'enfuir. Cet incident donne lieu à une véritable crise diplomatique, et plus tard, à de nombreuses interprétations « New Age ».
Son accès est interdit désormais aux non-musulmans alors que jusqu'en 1998, il leur était autorisé s'ils étaient munis d'un billet d'entrée.
Le 12 mai 2009, Benoît XVI se rend au Dôme du Rocher, devenant ainsi le premier pape à y pénétrer.

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, l'accès à la zone est également interdit aux non-musulmans. À partir de 1967, ceux-ci se sont vu accorder un droit d'accès restreint, mais les prières non musulmanes restent interdites sur le Mont du Temple. (un comble)
En 2000, la visite considérée comme provocatrice du Premier Ministre Israélien Ariel Sharon au Mont du Temple déclenche la Seconde Intifada. Cet événement entraîne le retour de l'interdiction d'accès aux non-musulmans.

En 2006, la zone est rouverte aux visiteurs non musulmans, sauf le vendredi et pendant les jours fériés pour les musulmans.

En 2009, la zone est toujours ouverte aux non musulmans, mais l'accès aux mosquées ne leur est pas permis.

Israël n'interfère pas sur la gestion de l'esplanade des mosquées, laissée au Waqf, fondation religieuse islamique contrôlée par la Jordanie, mais depuis ces dernières années se réserve d'en interdire l’accès occasionnellement aux moins de 50 ans pour des raisons sécuritaires...

L’inscription extérieure, longue de 240 m, est en effet très claire : « Ô gens du livre (ahl al-kitâb), ne soyez pas excessifs dans votre religion et dites seulement la vérité sur Dieu. Le Messie, Jésus, fils de Marie, fut seulement un messager de Dieu, il fut la parole de Dieu confiée à Marie. Croyez ainsi en Dieu et en ses messagers et ne parlez pas de trinité, abstenez vous de parler de cela, cela vaut mieux pour vous ».
On reconnaît dans ces formules pieuses plusieurs formules coraniques, soit fixées, soit mélangées, ce qui laisserait penser que le texte coranique n’a pas au temps des Omeyyades l’aspect intouchable qu’il a par la suite.
Muhammad est désigné comme le serviteur et l’envoyé de Dieu (pas comme Prophète : rasûl et pas nabi), les mêmes termes qualifient Jésus.
L’inscription est ainsi explicitement adressée aux Chrétiens, plus encore qu’aux Juifs : Il s’agit ainsi de leur donner, sinon une leçon, du moins un message. Dans la Ville Sainte du christianisme, dans la ville où le Christ a prêché et où il est mort, le Dôme du Rocher cherche à affirmer la supériorité de l’Islam. Il est toutefois surprenant que l’inscription ne fasse aucune allusion au miraj censé être à l’origine de ce lieu...

La fin de l’inscription donne la date de la construction, le nom de ce monument et le nom du constructeur : al-Ma’mûn, calife abbasside du début du IXe siècle. Or le règne de ce calife est postérieur à la construction du Dôme : Cela représente donc forcément une tentative d’appropriation. Vu le prestige associé au monument, il est intéressant pour un calife de tenter de le récupérer à son compte, a fortiori pour al-Ma’mûn qui s’est révolté contre son frère aîné avant de s’imposer comme calife.
Lorsque Soliman fait refaire le décor extérieur, notamment les fenêtres, il s’agit du même objectif : Mettre sa marque sur ce bâtiment.

C’est enfin un monument de prestige, imposant le souhait du triomphe de l’islam dans la ville même du christianisme, l’année du triomphe de Abd al-Malik sur ibn Zubayr, mettant fin à 12 ans de guerre civile. L’Islam est à nouveau uni derrière un calife.
Le règne d'al-Malik a été fondateur a bien des égards : Mettant en place une administration centralisée capable de gérer un empire qui ne cesse de s’étendre, généralisant l’emploi de la langue arabe, il invente également une monnaie islamisée (aniconique, portant uniquement des versets du Coran)...

Ce monument, à l’image de la Grande Mosquée des Omeyyades de Damas, chante ainsi la gloire de l’islam, mais aussi celle de la dynastie des Omeyyades, et participe de la centralisation de l’empire musulman.
Par là, il se pose comme le dirigeant de l’Oumma, et plus seulement comme un chef militaire : Le calife n’est plus uniquement le « commandeur des croyants » (amir al mu’minin), mais bien le chef d’un État qui prétend à l’universalité. De plus, al-Malik a fait bombarder La Mecque, à coups de catapulte, par son général pour vaincre ibn Zubayr qui s’y est retranché : On peut comprendre qu’il ressente le désir, voire le besoin, de se poser comme un constructeur, et un constructeur de lieux religieux...


Dôme du Rocher — Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dôme_du_Rocher
Le dôme du Rocher ou la coupole du Rocher (en arabe : قبة الصخرة, Qubbat ... Achevé en l'an 691 ou dans la seconde partie de l'année 692 (an 72 de l'hégire) ...

www.lesclesdumoyenorient.com › Mots clés
3 mai 2013 - Premier monument de l'Islam, le Dôme du Rocher (aussi appelé ... Le Dôme du Rocher a été construit par le calife omeyyade Abd al-Malik en 691 – 692. ... Soliman le Magnifique en 1545, et restauré dans les années 1960.

Jérusalem | L'Histoire

www.histoire.presse.fr/collections/special/jerusalem
C'est au tournant des années 1100, à l'époque des croisades, que ... comme telle par la construction, en 691, du Dôme du Rocher puis de la mosquée Al-Aqsa.