mardi 2 septembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 1er SEPTEMBRE 1914

 1er SEPTEMBRE 1914

I)
Le Petit Comtois du 1er septembre 1914
Après avoir fait croire aux journaux, et donc à la population qui les lit, que la résistance aux coups de boutoir Allemands et les offensives Françaises et Anglaises sont couronnées de succès ou au moins sans conséquences, force est pour l’état-major d’informer que le front, à l’Ouest, a atteint la Somme depuis fin août... En effet, à cette date on envisage déjà une évacuation du Gouvernement vers Bordeaux et un siège de Paris.
Des journalistes osent alors critiquer la censure. La revue de presse du Petit Comtois en témoigne.
C’est d’abord Clemenceau dont on a vu la détermination :
Dans l’Homme Libre du 31 août, il ose poser les questions qui fâchent. Lui qui n’est pourtant pas qu’un journaliste, mais un homme politique d'influence, au réseau très étendu, est aussi surpris d’apprendre soudainement que le front est désormais sur la Somme... C’est à dire que l’essentiel de la Belgique est conquise par les troupes Allemandes et que les armées Françaises du Nord reculent. Il cherche alors  immédiatement une explication :
Des régiments auraient été renvoyés chez eux, à peine mobilisés et manqueraient à ce moment critique.
Et il est vrai qu’a la une du Petit Comtois de ce 1er septembre, on trouve un appel à la classe 1914 ainsi qu’à des réserves et des régiments territoriaux avec l’aveu de leur démobilisation. Ceci dit, Clemenceau a-t-il raison d’évoquer : La supériorité numérique des Allemands ?
N’est-ce pas aussi des erreurs stratégiques partielles qui expliquent le recul de l’armée Française ?
Clemenceau, par ses questions, ose suggérer une incompétence dans l’état-major. :
Que fait-on ?
Que veut-on ?
Où prétend-on nous mener ?
Quand il fera d’autres critiques, à la fin du mois, son journal sera suspendu.
La République Française est un journal fondé en 1871 par Léon Gambetta. Il est républicain et de gauche. Un rédacteur y rédige aussi  des lignes (ci-contre) critiques. Il affirme que le mensonge ou la dissimulation font plus de dégâts dans l’opinion que la vérité.
Bref, la censure militaire est également visée.
Le 31 août, le Petit Comtois titre, Notre Angoisse :
Sans faire preuve de défaitisme, il montre tout de même une inquiétude inhabituelle depuis le début de la guerre.
La situation militaire étant plus que délicate en ce début septembre, la presse retrouve ce pour quoi elle est faite, informer au plus près de la vérité. Et la presse d’opinion de chercher des responsables, de signaler ce qui lui semble des erreurs et de proposer des solutions...
Pour autant, l’édition du Petit Comtois du 2 septembre reprend des informations fallacieuses. Titrant sur les mensonges de l’agence de presse Allemande, la nouvelle donnée est l’inverse de la réalité.
Après une bataille de 3 jours, les Allemands ont bien rejeté de la Prusse orientale en Pologne 5 corps d’armées Russes, (Tannenberg) c'est donc le Petit Comtois qui ment et non l'agence Wolff.
La censure continue à nier la réalité. Il est vrai que la percée Allemande au Nord de la France conjuguée à la victoire sur les Russes eut affolé les populations. Pratiquer la censure militaire n’est pas chose facile, si l’on voulait éviter de trop mentir au point de ne plus être crédible, mais aussi éviter de répandre le défaitisme, voire provoquer la débandade.

II)
Aurillac, 30 août. De violent incidents se sont produits devant l'hôtel où sont logés provisoirement 20 officiers allemands prisonniers.
Cette manifestation d'une foule exaspérée a été causée par l'attitude provocante des Allemands. A la suite de ces faits, les officiers prisonniers ont été transférés à l'école de la rue de Lacoste.
Le commandant d'armes de la place d'Aurillac a fait publier et afficher une proclamation pour faire connaître que les Allemands n'ont été l'objet d'aucune faveur spéciale. Le commandant déclare que si les manifestation venaient à se renouveler, il n'hésiterait pas à déclarer l'état de siège de la ville dans toute sa rigueur.
De son coté, M.Hélitas, préfet du Cantal, a adressé un appel à la populations pour l'inviter à rester calme et digne...

III)
Au Maroc àTanger, le calme règne actuellement dans la région de Kenifra, dont le camp n'a subi aucune attaque depuis le combat du 22 août, le quel fut une terrible leçon pour l'ennemi. Au cours des dernières actions, 7 personnes de la famille d'Aou-Hamou et Zaîni ont été tuées. Parmi les chefs tués, figurent également des proches parents d'Abanoueh.

IV)
Madame Yvette Guilbert (le fiacre, madame Arthur etc...), l'artiste bien connue et tant appréciée des Poitevins, restera dans la Vienne pendant la durée de la guerre. Son imprésario et ami M. Simonot, l'aimable directeur de notre Théâtre municipal, la reçoit à Chauvigny, dans sa propriété....

V)
Alors que les armées Allemandes envahissent le Nord de la France, la mobilisation générale sonne aussi pour les industriels. Le gouvernement charge de grands patrons Français de réorganiser l’économie, placée au service de la guerre. Mais pas question pour autant de sacrifier les profits ! Des deux côtés du Rhin, les bénéfices explosent pour quelques grandes entreprises. Une situation qui suscite colères et débats alors que des centaines de milliers d’hommes tombent au front. Plusieurs de ces « profiteurs de guerre » d’hier sont devenus les multinationales d’aujourd’hui...
CHAR DES USINES RENAULT

VI)
L’avancée Allemande
Le coup de boutoir de Guise paraît avoir désorienté le Haut Commandement Allemand.
A l'extrême droite l'armée von Klück qui, jusqu'au 30 août, marche à grandes journées vers le sud-est, vers Paris... Arrivée sur la ligne Amiens-Moreuil-Hangest en Santerre - Roye,elle fait un crochet, le 31, et se dirige sur Compiègne et Meaux.
L'affaire de Guise a prouvé qu'il ne saurait encore être question d'enlever Paris, mais qu'il faut, à tout prix, mettre hors de cause cette 5e armée Française qui a eu assez de vigueur pour faire reculer la Garde.

Joffre ne sait rien de ce changement de plan :
Cependant, dès le 1er septembre, dans son Instruction Générale, il dessine le cadre de la situation stratégique dans laquelle il compte, bon gré malgré, et quoi qu'il arrive, enfermer l'adversaire... Avant tout, un cruel sacrifice s'impose : l'abandon délibéré à l'invasion d'une large zone du territoire national... Il faut, en effet, soustraire l'aile gauche de la 5e armée à l'enveloppement dont Klück la menace et reconquérir sa liberté de manœuvre en gagnant du champ.
On reculera, donc on pivotera à droite sur le point fixe de Verdun et, par une vaste conversion, nos armées seront amenées, s'il le faut, jusque sur la ligne Pont sur Yonne - Nogent sur Seine - Arcis sur Aube - Bar le Duc, ligne sur laquelle les envois des dépôts et des arsenaux qui permettront la préparation d'une offensive décisive...
Qui ne voit le piège ?...
Tout pas en avant va mettre l'ennemi dans une situation stratégique :
S'il veut attaquer les grands camps retranchés de Paris et de Verdun qui appuient les ailes de la ligne Française, il affaiblit son centre et l'expose à une attaque de rupture.
S'il néglige ces camps retranchés pour attaquer la ligne Française, il expose ses flancs à une double manœuvre enveloppante préparée à l'abri des forteresses
3 dispositions rendent possible l'exécution de ce plan :
1 Verdun reçoit une garnison qui lui permettra de soutenir un siège.
2 Une 9e armée est créée, formée d'éléments puisés dans la 4e armée (9e et 11e Corps, 52e et 60e divisions réserve, 9e division de cavalerie) et dans la 3e armée (42e division)
Le général Foch la commandera et viendra l'intercaler entre les 4e et 5e armées, pour fortifier notre centre
3 Joffre demande et obtient que le camp retranché de Paris soit placé sous son commandement afin que l'unité de direction soit assurée sur ce point décisif.

Paris n'est pas encore en état de se défendre, mais on y travaille avec ardeur. Des milliers de travailleurs s'emploient à creuser des tranchées, à construire des épaulements, à créneler des murs. La garnison, nombreuse, est à pied d’œuvre ou va y être.
Ce sont les 83e, 85e, 86e, 89e, 92e divisions territoriales, la 185e brigade territoriale, la bri­gade de cavalerie Gillet, les fusiliers marins venus des ports, la 45e division arrivée d'Algérie.
La 6e armée du général Maunoury y est appelée d'Amiens et doit être renforcée.
Cette armée comprend pour le moment le 7e Corps et le groupe de Lamaze (une division active et 3 divisions de réserve) le Corps de cavalerie Sordet.
Le groupe Ébener (61e, 62e divisions, de réserve) se reconstitue près de Pontoise.
A Paris il y a un homme, doté d'une énergie, d'une flamme : c'est Gallieni...

Donc, nos armées reculent et, après un moment d'étonnement, les Allemands entament la folle poursuite...Tout de même, le Corps de cavalerie de Von Richthoffen, qui a reçu l'ordre de se porter sur les arrières de la 5e armée, hésite à s'engager au milieu de nos colonnes. Il marche mollement et la 5e armée, à la tête de laquelle le général Franchet d'Espérey va succéder au général Lanrezac, se dégage et gagne du champ...

VI)
Sous les obus !
A 11 heures du soir hier, j’entends le capitaine appeler aux distributions et réclamer le fourrier. Il fait si bon dans la paille que personne ne répond et je rêve même que je ne veux pas y aller. Enfin je me lève, je rassemble mes loustics et je touche ce qu’il faut. Je me recouche mais le charme est si bien rompu qu'une demi-heure après on crie « sac au dos ».
Tout est calme. Parfois un coup de canon dans le lointain, mais en face de nous, les fusils et les mitrailleuses se sont tus. Nous remontons la côte derrière nous et semblons reprendre le chemin par lequel nous sommes venus dans la soirée. Il paraît qu’on n’a pas besoin de nous par ici. J’ai diablement faim, mon morceau de pain sec d’hier soir avec mon verre d’eau sont bien loin et je n’ai pas seulement un quart d’eau dans mon bidon.
A mi-côte dans un arrêt, je bois la dernière gorgée, juste comme on m’en demande pour un malade. C’est toujours la même maladie :
coliques et vomissements, je ne peux que lui donner un comprimé d’opium...

Nous nous arrêtons dans une vallée, à l’abri d’un bois, et nous pouvons mettre sac à terre jusqu’à demain... Encore une « folle nuit d’ivresse », le brouillard tombe de partout, l’air est humide, je sors ma veste de mon sac, je l’étends par terre et je me couche dessus, la tête sur mon sac, en allumant une pipe. Je passe aussi une assez bonne heure à causer avec mon cuisinier, puis je m’endors.

Quel rêve ! Je suis près du Pont-Neuf et j’ai si faim que j’entre dans un bar prendre un café et manger des gâteaux. Toute poésie en est absente, j’ai décidément le ventre creux... La lune brille encore faiblement, elle éclaire maintenant la région où mes chéries dorment comme hier soir. Je leur donne une rapide pensée à laquelle je ne veux pas m’attarder...

Départ vers 4h au petit jour, marche d’un kilomètre dans le bois. Ce bois se trouve sur une côte faisant face à la position que nous occupions hier soir, mais plus en arrière, nous devons rester à cette position de façon à revenir et soutenir la retraite éventuelle des troupes en ligne en face de nous. Nous sommes donc placés sur une côte liant une ville de chaque côté de nous, en tirailleurs dans le champs de St Fons.

Bientôt les obus éclatent en face de nous à 500 mètres.... Ce sont des schrapnels à fumée blanche, mais par dessus nous il en passe des volées qui vont sombrer dans le fond, 100 mètres à gauche. J’en compte 80 et je m’endors du sommeil du juste. Que pourrais-je faire si un obus doit tomber sur moi  ? Il vaut mieux n’y pas songer et ne nous émotionnons pas... Les dernières fumées du brouillard sont parties, le soleil brille. Je suis réveillé au bout de quelques instants par deux obus à la mélinite, ceux qui pèsent 60 kg et qui tombent, l’un 50 mètres devant moi, l’autre 50 mètres derrière. Nous sommes pendant quelques secondes sous une pluie de pierres et de terre. Décidément ce n’est pas le moment de dormir, d’autant plus que les ronflements augmentent, signe que les obus n’éclatent pas loin et toute la journée se passe comme cela.

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Vers 5 heures, on nous dit d’avancer, ce que nous faisons sur le ventre pendant 50 mètres, puis l’ordre arrive de reculer... Cette fois, comme les obus ne tombent plus, nous le faisons à grandes enjambées. En somme, pas de blessés, sauf dans une autre compagnie de droite où tout le feu s’est dirigé, 4 chevaux ayant sauté en face de nous, un obus à la mélinite est tombé au milieu. Nous rentrons par le bois :
Arbres coupés, trous creusés en terre par les obus. Nous rentrons le soir à Cierge-sous-Montfaucon, (ndlr), petit village près de Nantillois. J'ai rien mangé que du pain sec depuis deux jours. Je trouve deux poulets dans la maison et je leur tord le cou, c’est pour l’escouade. Je trouve encore un petit tonneau de mauvaise bière, que nous vidons vivement, puis nous faisons le café jusqu’à 10 heures et demi... On mange, après quoi on va se coucher dans la grange et passons une bonne nuit jusqu’au lendemain.

VII)
Le sous-lieutenant Jean Sentenac a reçu 22 balles au cours d'un combat dans l'est. Transporté et soigné à l'hôpital de Limoges, il a effectué sa convalescence en Ariège à Foix et s'apprête à repartir sur le front. Le Figaro du 13 octobre 1914 le qualifie de « vaillant religieux ». Un vaillant religieux, le Frère Jean Sentenac, sous-lieutenant dans un régiment de ligne, a été blessé dans l'Est le 1er septembre 1914... il a reçu 22 balles, et il n'a pas été tué, il va même mieux. Après avoir été en traitement à l'hôpital de Limoges, il a été envoyé en convalescence dans son pays natal, qui est l'Ariège.
Le sous-lieutenant Sentenac compte rejoindre incessamment son corps à la frontière. » écrit Le Figaro du 13 octobre 1914.

IX)
La vie en lorraine en septembre 1914. L'Est Républicain
Pour la Lorraine l'époque est à la fois la plus critique et la plus magnifique. En août, on avait vu la hardie équipée de Mulhouse. On assistera en septembre à l'héroïque défense du Grand-Couronné de Nancy.
C'est ce mois-là qu'un Taube jettera, pour la première fois, sur la capitale Lorraine des bombes meurtrières, et que Nancy sera bombardée. C'est encore ce mois que les Allemands, rejetés sur l'Aisne par nos armées, doivent évacuer une grande partie du territoire Lorrain et quitter Lunéville. Ces dangers et ces victoires, il est bon de les revivre. Et si le récit des atrocités commises par les Barbares serre le cœur douloureusement, le souvenir de l'ardente bataille qui éloigne de nous les hordes sauvages éveille le sentiment puissant des plus nobles espérances.
René MERCIER.

X)
A l'est après une accalmie, la bataille reprend dans les Vosges et en Lorraine.
Sur la Meuse, à Sassey, près d'un régiment d'infanterie ennemie, qui tente de passer la rivière, a été presque complètement anéanti.
A notre gauche, le progrès de l'aile marchante Allemande nous oblige à céder, du terrain.
Nancy, 31 août. M. L. Mirman, préfet de Meurthe-et-Moselle, a reçu ce matin le personnel des postes et télégraphes qui lui a été présenté par M. Ravillon, directeur intérimaire.
« Vous voici, leur a-t-il dit en substance, de retour à Nancy. Votre départ a causé ici une grosse émotion. De ce départ vous n'êtes en aucune façon responsables. Vous êtes soumis à une rigoureuse discipline. Vous avez reçu un ordre précis de départ, quelle que fût votre tristesse vous ne pouviez pas ne point l'exécuter, vous ne pouviez pas le discuter, vous deviez obéir, vous avez obéi... Autant l'ordre de départ vous avait attristés, autant l'ordre de retour vous a réjouis. Je ne peux croire un instant qu'il se trouvera à Nancy une seule personne assez ignorante de votre discipline professionnelle pour ne pas comprendre cette situation et faire peser sur vous, à l'occasion de ce départ des postes, une responsabilité morale qui ne vous appartient pas.
Ce serait une véritable injustice. Elle ne sera pas commise, je vous le promets au nom de la population de Nancy, dont je connais déjà le sentiment profond d'équité.
Mais aussi je promets en votre nom à cette population Nancéienne que tous les efforts humainement possibles seront faits par vous tous pour remettre dans le plus bref délai tous les services dans leur état normal. La population a le droit d'attendre de vous ces efforts, vous y consentirez allègrement, car je sais de quels sentiments à la fois de loyalisme professionnel et de patriotisme, vous êtes animés Ainsi sera vite effacé le souvenir de ce grave et regrettable incident, au sujet duquel le gouvernement recherche et saura discerner les responsabilités, et dont la population de Nancy et vous-mêmes avez été à des titres divers les victimes. »
M. Ravillon, directeur intérimaire, et dont M. le Préfet a ensuite affirmé les qualités de labeur, d'initiative et de sang-froid, s'est fait l'interprète du personnel tout entier pour remercier M. le Préfet de cette réception et pour lui donner l'assurance formelle du dévouement patriotique de tous ses collaborateurs.
Puis M. le Préfet de Meurthe-et-Moselle, accompagné de M. le Maire de Nancy, vont visiter, dans l'après-midi de dimanche, les établissements hospitaliers Marin et du Séminaire, dépendant des hospices civils, et la grande ambulance du Bon-Pasteur, organisée par la Société de secours aux blessés...
L'établissement Marin est spécialement affectés aux malades. M. le Préfet a constaté avec satisfaction d'abord que le nombre de ceux-ci est beaucoup moins considérable qu'on aurait pu le craindre, ce qui montre que nos réservistes et territoriaux ont supporté très allègrement les fatigues de cette période de guerre, en second lieu, que la plupart de ces maladies étaient peu graves, enfin que les quelques cas atypiques sont rigoureusement isolés...
Dans chaque salle où se trouvent des soldats récemment blessés, M. L. Mirman a prononcé des paroles de fierté patriotique qui ont été au cœur de tous, quand il a annoncé que dans notre région l'action de l'ennemi a été arrêtée puis nettement dominée et que de toutes les localités où ces blessés sont tombés, les Allemands venaient d'être repoussés, quand il leur apporta l'expression de la gratitude de la ville de Nancy, qui, grâce à leurs efforts, est débarrassée aujourd'hui de l'angoisse qui pesait sur elle, quand il leur déclara qu'il venait non les plaindre, mais les féliciter de leurs blessures et de leurs souffrances, tous, les yeux joyeux et fiers, applaudirent comme ils purent, et c'était un spectacle touchant de voir de braves petits gars aux deux mains entortillées rapprocher et tapoter l'un contre l'autre leurs tampons d'ouate et de linge pour exprimer leur satisfaction et leur orgueil...
Les deux grandes pensées de l'Allemagne guerrière : « l'attaque brusquée » et « la France otage » sont en faillite.
Pour la première, la résistance héroïque de la Belgique l'a fait échouer, et dans des conditions désastreuses pour le peuple agresseur. Plus d'un mois après le début de la mobilisation, près d'un mois après-la déclaration de guerre, les Allemands sont retenus tout près de la frontière Française, et n'ont guère pu pénétrer qu'au prix d'efforts énormes et qui les affaiblissent de jour en jour.
Paris se garde...
Et Nancy, que les Prussiens comptaient bien occuper dès la troisième heure, n'a pas vu le casque d'un uhlan, sauf aux mains des Français.
Pour « la France otage » il en va de même. Grâce aux Belges, grâce à nos loyaux et admirables alliés les Anglais unis aux vaillantes armées Françaises, grâce aux Russes qui s'avancent en ouragan dans la Prusse Orientale et en Galicie, grâce à la sympathique neutralité de l'Italie, la France est toujours libre, et peut protester devant l'univers contre la barbarie Allemande.
Mieux encore. Ce n'est plus de « la France otage » dont on parle maintenant, c'est de « la Prusse otage » dont les Anglais ont commencé à s'entretenir.
Pendant que nos armées tiennent les envahisseurs en respect et leur infligent des pertes considérables, les Russes s'avancent vers Berlin, et font deux trouées à la fois...
Les Allemands sont maintenant loin de leur centre de ravitaillement. Ils ont perdu un grand nombre d'hommes, et dépensé une grosse quantité de munitions. Ce n'est point la dure contribution de guerre qu'ils imposent aux villes Belges qui leur procurera des munitions ni leur rendra des hommes.
Ils sont bloqués de toutes parts, sur terre et sur mer, et voués à la prochaine famine...
Que peuvent-ils faire ? Pousser au Nord une tentative désespérée sur Paris comme on se jette au plus profond de l'eau ?...
Mais ils ont déjà vu que la marche n'est pas aussi commode qu'ils le croient.

Ils n'ont pas à attendre de renforts. Nos armées alliées seront augmentées au contraire progressivement et pour ainsi dire indéfiniment...
Se retourner contre les Russes et aller au secours de la Prusse envahie ? Mais ils n'iront que poussés baïonnette au flanc, harcelés sans cesse par les Français, les Anglais et les Belges qui attendent sans doute impatiemment à Anvers la bonne occasion.
Et en quel état arriveront-ils sous Berlin ? Poursuivis dans leur retraite au devant des Cosaques déjà victorieux.
L'armée allemande est prise dans les mâchoires d'un formidable étau. L'une des mâchoires est fixe, la France, qui ne se laisse point forcer. L'autre est mobile, la Russie qui avance comme mécaniquement, broyant toutes résistances.
Que les heures passent. Tenons toujours. Plus que jamais ayons confiance.
Bientôt, bientôt, mes amis, le grand corps Allemand sera serré dans l'énorme pince de l'Europe. Et les soubresauts furieux ne nous feront plus mal !
René Mercier. Rédacteur en chef de l'Est Républicain

XI)
Monsieur le Préfet de Meurthe-et-Moselle vient d'adresser aux maires du département le télégramme suivant :
« Je vous fais connaître que l'autorité militaire a décidé que les « laissez-passer » délivrés par les maires ne sont valables que s'ils ont été visés par l'autorité militaire.
« Les habitants qui sont sur la rive gauche de la Meurthe ne doivent pas passer sur la rive droite, il ne leur sera accordé aucun permis de circuler au delà de la ligne : Dombasle, Buissoncourt, Cercueil, Laneuvelotte, Bouxières-aux-Chênes, Montenoy, Bratte, Sivry. Ville-au-Val, Bezaumont. »

XII)
Le Préfet de Meurthe-et-Moselle, en vertu des pouvoirs qui lui sont délégués par l'autorité militaire, et sur la demande de M. le Général de division, commandant :
Considérant qu'il importe de mettre un terme aux signaux lumineux qui, à diverses reprises, ont été signalés, et que la seule mesure efficace pour atteindre ce but paraît être l'interdiction absolue d'éclairer les fenêtres qu'une telle mesure constituera à n'en pas douter une gêne pour tous les habitants, mais que cet inconvénient sera allègrement supporté par la patriotique population Nancéienne, consciente de l'intérêt public qu'il faut à tout prix sauvegarder..
Arrête :
Article premier. - A partir du 2 septembre, et jusqu'à nouvel ordre, dès la tombée de la nuit, nulle fenêtre ne pourra être éclairée.
Article 2. - Tout agent ou représentant de la force publique aura droit de perquisition chez l'habitant qui enfreindrait cet ordre.
Fait à Nancy, le 1er septembre 1914.
Le Préfet :
Signé : L. MIRMAN.
Pour copie conforme : Le Secrétaire général Signé : ABEILLE.

XIII)
1) Vosges et Lorraine
On se rappelle que nos, forces qui avaient pris l'offensive dans les Vosges et en Lorraine, dès le début des opérations, et repoussé l'ennemi au delà de nos frontières ont ensuite subi des échecs sérieux devant Sarrebourg et dans la région de Morhange, où elles se sont heurtées à des organisations défensives très solides. Ces forces ont dû se replier pour se reconstituer, les unes sur le Grand Couronné de Nancy, les autres dans les Vosges Françaises. Les Allemands sont alors passés à l'offensive, mais après avoir repoussé les attaques ennemies sur les positions de repli qu'elles avaient organisées, nos troupes ont repris l'attaque depuis 2 jours.
Cette attaque n'a cessé de progresser, bien que lentement. C'est une véritable guerre de siège qui se livre dans cette région : Toute position occupée est immédiatement organisée de part et d'autre. C'est ce qui explique la lenteur de notre avance, qui n'en est pas moins caractérisée chaque jour par de nouveaux succès locaux.

2) Région de Nancy et Woëvre méridionale
Depuis le début de la campagne, cette région comprise entre la place de Metz, côté Allemand, et les places de Toul et de Verdun, côté Français, n'a été le théâtre d'aucune opération importante.

3) Direction de la Meuse entre Verdun et Mézières
On se rappelle que les forces Françaises avaient initialement pris l'offensive dans la direction de Longwy - Neufchâteau (Belgique) et Paliseul.
Les troupes, opérant dans la région Spincourt et Longuyon ont fait éprouver un échec à l'ennemi (armée du prince royal).
Dans les régions de Neufchâteau et Paliseul, au contraire, certaines de nos troupes ont subi des échecs partiels, qui les ont contraintes à s'appuyer sur la Meuse, sans toutefois être entamées dans leur ensemble Ce mouvement de recul a obligé les forces opérant dans la région de Spincourt à se replier aussi vers la Meuse.
Au cours de ces dernières journées, l'ennemi a cherché à déboucher de la Meuse avec des forces considérables, mais une vigoureuse contre-offensive de notre part l'a rejeté dans la rivière, après avoir subi de très grosses pertes.
Cependant, des forces nouvelles Allemandes se sont avancées par la région de Rocroy, marchant dans la direction de Rethel.
Actuellement, une action d'ensemble est engagée dans la région comprise entre la Meuse et Rethel, sans qu'il soit encore possible d'en prévoir l'issue, définitive.

Le canon a tonné une grande partie de la nuit et le matin encore. Mais on s'habitue à cette musique qui n'émeut plus personne. On se contente de se demander de quel côté vient le bruit, et on fait des hypothèses. C'est tout ce qu'on peut faire pour l'instant.

Par ordre du général commandant la 2e armée, la circulation des automobiles civiles dans le Grand-Couronné est interdite :
La circulation des bicyclettes est également interdite.
Les automobiles de la Croix-Rouge circulant seules seront arrêtées et confisquées.
Seules, pourront circuler les automobiles de la Croix-Rouge formant un convoi précédé d'un militaire portant un pli rouge..
XIV)
La petite ville d'Etain a subi deux bombardements.
Le premier eut lieu lundi, de 11 heures du matin à 11 heures du soir, faisant de nombreuses victimes. Le second commençant le mardi matin, à 11 heures.
La ville est bientôt en flammes. De nombreuses personnes périssent dans l'incendie...
Le bureau de poste est resté confié à la garde d'une jeune employée. Loin de céder à une terreur bien compréhensible, cette jeune femme n'a pas quitté pas son poste. Pendant que les obus pleuvaient sur la ville, elle se tenait dans son bureau, téléphonant de quart d'heure en quart d'heure à Verdun pour rendre compte de ce qui se passait...
Le directeur des postes de Verdun était en train d'écouter cette courageuse jeûne fille, lorsque tout d'un coup, celle-ci s'interrompt et crie : « Une bombe vient de tomber dans le bureau »... Et tout rentre dans le silence.
Les employés des postes ont eu, en 1870, Mlle Dodu.
La téléphoniste d'Etain, en 1914, montre que le courage de la célèbre télégraphiste de Pithiviers anime toujours celles qui l'ont suivie dans la carrière.

XV)
Le gouverneur de Belfort signale que des personnes précédemment évacuées de cette place continuent à y revenir en grand nombre. Il a décidé, en conséquence, de refuser rigoureusement l'entrée de Belfort à toute personne non munie d'une autorisation signée à la fois du maire de la commune et du préfet. Les maires auront donc à présenter tous les sauf-conduits à destination de Belfort au préfet du département auquel il appartiendra de restreindre au minimum possible les autorisations accordées.
A dater du dimanche 30 août, les trains réguliers entre Belfort et Dijon ou vice-versa qui avaient été supprimés, sont remis en marche entre ces deux points. Cette ligne sera, comme dès le deuxième jour de la mobilisation, desservie par 4 trains circulant dans chaque sens. Les trains 203 et 207 sur Vesoul, 210 et 216 de Vesoul sur Besançon, restent toujours supprimés jusqu'à nouvel avis.

XVI)
La municipalité de Nancy vient d'obtenir de l'autorité militaire la mise en marche d'un train hebdomadaire de marchandises de Chagny P.L.M. à Nancy.
Ce train partira pour la première fois de Chagny le 8 septembre prochain.
Pour l'organisation de ce premier train, M. Antoine se rendra dans la région Lyonnaise d'ici quelques jours. Il se met à la disposition des commerçants de Nancy, jusqu'au 4 inclus, pour faciliter leur réapprovisionnement.
Les commerçants qui désireraient profiter de ce train peuvent faire leurs commandes et les envoyer en gare de Chagny à l'adresse :
Ville de Nancy
Ils sont priés également de remettre à l'hôtel de ville le double de leurs commandes. Des sauf-conduits pourront être délivrés par les maires exclusivement aux personnes chargées de ravitailler la commune, ou à celles chargées d'apporter à Nancy des produits alimentaires.
Ces voyages uniquement destinés au ravitaillement de la ville auront lieu de 6 heures à 18 heures. L'itinéraire suivi sera le même à l'aller qu'au retour.
Les maires de Tomblaine, d'Essey, de Saint-Max et de Malzéville, ont été prévenus de cette mesure.
Nancy, le 1er septembre 1914.
Ordre du général Durand.

XVII)
Je suis retourné à la bataille, malgré la consigne. C’est d’ailleurs un plaisir de plus que d’y aller en désobéissant…
Il fait un soleil de feu, les 22 kilomètres de route me semblent sans fin. Il n’y a pas de troupes à Girecourt, à Destord, à St Gorgon. Nous avons donc avancé. Il n’y a plus là que des convois. Je remarque une des grandes voitures pour le transport des pianos Erard utilisée pour le transport des vivres.
A Rambervillers toutes les maisons sont fermées. Il n’y a plus un seul habitant. La rue principale, rue Carnot, je crois, est encombrée de troupes. Beaucoup d’infirmiers, de brancardiers, qui amènent là les blessés recueillis sur la ligne de feu. Ils les transportent au moyen de brancards montés sur deux roues de fer. Un des blessés, dont la tête est toute ensanglantée, meurt pendant qu’on cherche à le faire boire. C’est un tout jeune maréchal des logis de chasseurs. Les rues sont semées d’éclats de vitres. A bicyclette c’est impraticable. Par-ci par-là un monceau de ruines : c’est une maison qui a été touchée par les obus de 150 allemands.
Aux environs de l’église plusieurs maisons ont été atteintes, on voit dans ce qui a été le rez-de-chaussée des morceaux d’armoire à glace, des matelas qui fument encore pêle-mêle avec des casseroles, des pieds de fauteuils et les mille petites choses intimes d’une maison bourgeoise.
L’effet des obus est curieux : Une jolie petite villa entourée naguère d’un petit jardin qu’on imagine fleuri de roses, d’asters, de géraniums, domine maintenant une énorme excavation où une douzaine de personnes pourraient jouer à la main-chaude.
Les usines atteintes sont réduites en miettes. Nos troupes ont pillé les magasins de la ville. On voit que le vin a coulé dans les ruisseaux. Toutes les rues sentent le vin. Les boutiques de mercerie, de modes, de quincaillerie ont été pillées. Les pauvres chapeaux piétinés, les coupons d’étoffe, les boîtes de clous jonchent la chaussée.

Le canon tonne tout près de Rambervillers. On entend exploser les obus allemands au nord de la ville. Je me dirige de ce côté. Comme on m’a dit à qu’à Anglemont il y a 7.000 cadavres ennemis, je prends la route de Baccarat et je m’oriente vers le tragique village. Une odeur épouvantable arrive jusqu’à moi. Le bois d’Anglemont doit être un charnier... A l’angle de ce bois et de la route les gros obus pleuvent dru.
Il y a là une batterie de 75 sur laquelle je me dirige. Je retrouve l’aimable capitaine de l’autre jour. Il envoie sur l’ennemi ces fameux obus qui font tant de dégâts. Je lui demande s’il est content des résultats. Il me répond :
« Vous n’avez qu’à sentir l’odeur qui se dégage de ce bois…»
En effet l’endroit est intenable. Je tâche de découvrir de l’infanterie :
« Il y en a devant nous…» m’indique le capitaine.
Je laisse ma bicyclette aux artilleurs et en me tenant courbé je me rends jusqu’aux tranchées de l’infanterie qui se trouvent à 500m de là... Au milieu des obus qui pleuvent sans cesse j’ai l’impression d’être bien seul !… Par moments j’ai la gorge qui se serre et je ne sais plus trop où j’en suis aujourd’hui la terre est sèche et chaque obus soulève en éclatant un énorme nuage de poussière. Mais je ne veux pas reculer je me dis : 
« C’est stupide de s’être aventuré là-dedans ! mais au fond je trouve ma situation éminemment originale et c’est par plaisir de la nouveauté que j’avance et que je commets cette imprudence folle. Dans la première tranchée que je rencontre se trouvent des hommes du 149e avec le lieutenant Petitjean. Celui-ci paraît un peu étonné de voir arriver un médecin, je lui explique que je suis l’homme le plus insouciant de la terre et que je viens là comme curieux et non comme médecin. Le vacarme des obus est tel dans le bois, à la lisière duquel nous nous trouvons, qu’il faut presque crier pour se faire entendre.
Dieu ! qu’on est bien dans une tranchée quand l’artillerie Allemande vous envoie de ses nouvelles ! Il y a des hommes autour de nous qui dorment. Le sergent écrit un mot qu’il me charge de mettre à la poste. Le lieutenant qui se nourrit depuis un certain temps de viande avancée et de pain moisi a la dysenterie. Je lui donne les tablettes de chocolat que j’ai sur moi. Il me raconte le travail prodigieux qu’a fourni le 149e depuis le début de la campagne. Prodigieux en effet ! Il me donne pour la communiquer à ses camarades du 170, la liste des officiers survivants du 149.
Quelques capitaines, un commandant, 4 ou 5 lieutenants… Pendant que nous causons l’artillerie Allemande redouble son vacarme. Le bruit que produit l’explosion des gros obus a quelque chose de « camelote ». On dirait l’éclatement d’une « côlôssale » boîte de gâteaux secs...
Je suis également frappé du silence qui règne sur le champ de bataille, en dehors du bruit de l’artillerie. Les hommes se taisent. Les mouvements de la campagne, le va-et-vient des charrettes, le chant des coqs et des poules, l’aboiement des chiens, le cri des laboureurs, l’appel des femmes parmi les poules … plus rien de cela n’existe.
On se trouve dans un décor devenu inutile : à quoi bon maintenant le vert tendre des prairies, le petit brouillard mauve à la lisière du bois, la ligne dorée des chaumes lointains, à quoi bon le soleil ?
Toutes ces jolies choses semblent déplacées. Ici la vie n’est plus chez elle : Je n’en veux pour preuve que l’odeur de mort qui se dégage de cette belle futaie de hêtres...
Quand je quitte le lieutenant Petitjean pour aller reprendre ma bicyclette l’orage d’artillerie redouble de violence (vraiment les oreilles en ont assez au bout de deux heures de ce vacarme) On ne peut même plus assembler ses idées. Après 8 jours de combat on doit être devenu complètement stupide. Je fuis Rambervillers à toutes pédales, accompagné d’un brave homme d’infirmier dont je partage le bidon de vin et la musette de mirabelles et de poires vertes. Dieu ! que j’avais soif ! Au moment où, assis dans le fossé, je vide le bidon, passe à cheval un prêtre-brancardier avec qui nous partageons nos derniers fruits. Il n’en a pas mangé depuis longtemps dans un paysage aussi serein : il revient de Sarrebourg ! Il nous quitte rapidement, saute lestement sur son cheval et part au galop, la soutane nouée autour de la taille et en culotte courte...

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Il y a 8 heures - Le 1er septembre (sous les obus) P.sdfootnote { margin-left: 0.2in; text-indent: -0.2in; margin-bottom: 0in; font-size: 10pt; }P { margin-bottom: ...
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Cependant, dès le 1e septembre, dans son Instruction générale, il dessine le cadre de la situation stratégique dans laquelle il compte, bon gré malgré, et quoi ...
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La Grande guerre. La Vie en Lorraine René Mercier Edition de "l'Est républicain" (Nancy) Date d'édition : 1914-1915. La Grande-Guerre LA VIE EN LORRAINE ...
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Il y a 12 heures - 1er septembre 1914 Deyvillers. Je suis retourné à la bataille, malgré la consigne. C'est d'ailleurs un plaisir de plus que d'y aller en ...







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