Cette
page concerne l'année 979 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
Chaque
matin, la petite Margarita quitte le village de Saint Jeannet lorsque
chante le coq réveillant ses habitants, le clocher frappant les six
coups de l'aurore.
Blondinette
au visage clair parsemé de taches de rousseur, elle pousse devant
elle son troupeau de 27 moutons et 12 chèvres, encadré par Lilou
actif et aboyeur chien de berger.
D'une
main elle tient son bâton et de l'autre, dans un torchon noué, une
tranche de pain noir et quelques figues sèches pour attendre la
soupe du soir.
A
12 ans, Margarita est l'aînée des 4 enfants de la famille Trastour.
Elle
vit avec ses frères et sœurs chez son oncle et sa tante Raymond et
Marie Bérenger, depuis qu'une mauvaise fièvre a emporté son père
et sa mère.
En
ce jeudi matin du printemps 973, Margarita conduit paître ses bêtes
jusqu'à la bastide du Suy Blanc, située sur la colline dominant le
Var, pour n'en revenir le soir qu'à la nuit tombée.
La
fillette connaît toutes les étapes du long chemin qui, du Peyron,
passe par le Bois et la Font du Renard, où les animaux peuvent
s'abreuver, avant de parvenir au col du Pilon, où l'oratoire
rassurant de Saint-Michel annonce le but.
L'air
est chaud et les clarines tintent en notes aiguës, soulignées par
les aboiements joyeux de Lilou.
Parvenue
au Plan du Bois, Margarita fait accélérer le pas, au souvenir des
histoires de loups racontées par l'oncle Raymond les soirs à la
veillée... Combien de pauvres voyageurs égarés n'ont-ils pas été
victimes d'agressions bestiales, dans ce sauvage quartier ?
Leurs
évocations font frissonner Margarita tout comme les récits de
violences perpétrées par les bandes d'Infidèles qui s'attaquent
aux villages des environs. Ne dit-on pas qu'ils sont installés dans
les bois au-dessus de Cagnes?
L'hiver
s'est passé sans qu'ils ne se signalent à l'attention de personne,
on a même supposé que les seigneurs du lieu ont pu négocier leur
départ, puisque leurs barques ont été vues cinglant vers l'ouest
toutes voiles dehors...
Tard
dans l'après-midi, alors que Lilou rameute les chèvres, les moutons
plus dociles étant déjà engagés sur le chemin, Margarita a son
regard attiré par une étrange colonne de fumée montant de la
colline d'en face.
Rentrant
le soir, elle en parle à sa tante. Tous au village ont remarqué
cette curieuse fumée venant d'un lieu inhabité : Des chasseurs
sans doute...
Une
semaine passe. Margarita ne rapporte de ces habituelles allées et
venues que d'attentives observations d'écureuils espiègles, ou des
bouquets odorants de violettes cueillies sous les oliviers...
L'après-midi
du jeudi suivant, alors qu'elle s'est assoupie à l'ombre d'un genêt,
la fillette est brutalement réveillée par les aboiements furieux de
Lilou. Margarita n'a pas le temps de se redresser, que 7 hommes en
armes, la tête enturbannée, entourent déjà la modeste bastide de
pierres sèches.
Une
silhouette blanche, le visage voilé, montant un cheval gris, semble
diriger du doigt et de la voix la petite troupe qui s'active à
rassembler les moutons.
Alertée
par les cris, Margarita s'approche... Saisie par la taille, elle est
hissée sur la croupe du cheval, bâillonnée et emportée morte de
frayeur.
Lorsque
enfin on lui dégage la vue, la nuit est tombée et seules les
flammes hautes d'un grand feu éclairent la scène.
De
grands hommes au teint basané parlant une langue inconnue rôtissent
de la viande, alors qu'elle est étendue sur un tapis près d'une
femme vêtue de blanc à la voix caressante :
«
Je suis Naïma. Nous ne te voulons aucun mal, mais nous avions faim
mes hommes et moi. Qui es-tu ? ».
Margarita
raconte son histoire, qui paraît attendrir Naïma la Maure.
«
Pour notre sécurité, je ne peux te relâcher. Écoute-moi, ce soir
nous descendrons vers la mer, pour rejoindre nos felouques, et de là
notre pays vers Cordoue... Viens avec moi, tu seras bien traitée, je
n'ai pas d'enfant et je ferai de toi ma fille si tu le veux. »
Margarita
accepte de suivre sa nouvelle destinée. Puis commence la longue
descente nocturne vers la côte, au travers des vallons boisés...
Parvenus
aux premières lueurs du jour dans la sombre vallée du Malvans, les
Sarrasins tombent dans une embuscade tendue par les hommes de
Guillaume de Gruetta seigneur d'Antibes.
Bien
peu en réchappent. Naïma et quelques fidèles rebroussent chemin
vers les collines.
Blessée,
Naïma, avant de rendre le dernier soupir, confie à sa captive le
secret de la cachette du trésor de la Maure, où s'entasse le fruit
des razzias opérées sur la côte depuis des décennies...
«
Garde-le pour toi et sois riche et heureuse, comme j'aurais souhaité
le devenir, j'étais comme toi bergère dans une île de soleil au
large de Barcelone, avant de devenir la favorite puis la veuve
d'Ibrahim, le célèbre chef sarrasin qui met à sac les côtes de
Toulon à Menton. Toutes ces richesses sont à toi, fais-en bon
usage ! »...
Libérée,
Margarita regagne Saint Jeannet, oublie son aventure et reprend sa
pauvre existence entre son troupeau et sa petite famille adoptive.
Quelques années plus tard, à l'âge où l'on se marie, la jeune
fille ne trouve aucun parti soucieux de s'intéresser à une souillon
sans dot ni espérances...
C'est
alors qu'elle se souvient du trésor de la Maure et des dernières
paroles de Naïma. Margarita en retrouve une partie, qui lui permet
tout de même d'acquérir les grasses terres du bord du Var, le reste
du trésor dort encore sous les chênes de la colline de la Maure...
Devenue
riche, honorée, anoblie du titre de ses terres, Margarita Trastour,
baronne des Pugets, épouse en grande pompe le 21 juin 979, dans la
petite église de Saint Jeannet, Arnulf Ruffi fils du seigneur de
Cagnes.
L'oncle
Raymond, la tante Marie, ses frères et sœurs, les larmes aux yeux,
alors que les cloches carillonnent d'allégresse, accompagnent le
cortège nuptial jusqu'à la place du marché, où un banquet réunit
tous les habitants du village.
Arnulf
et Margarita eurent beaucoup d'enfants, ils vécurent longtemps
heureux, entourés de l'estime et de l'affection de leurs proches et
de leurs sujets.
Aujourd'hui
les quartiers de la Maure et de la Baronne, sur la commune de la
Gaude, perpétuent encore le souvenir légendaire de la pastourelle
du Suy Blanc.
De
La Gaude à Vence et au Broc, le vaste belvédère qui surplombe la
Méditerranée et le Var reste méconnu. La région Provençale des «
Balcons d'Azur » renferme pourtant des trésors historiques et
architecturaux qu'il est urgent de découvrir, au-delà de la
splendeur des paysages.
C'est
à ce voyage insolite que nous invite l'auteur, le long d'un
amphithéâtre, au cœur duquel s'égrènent les célèbres fleurons
de La Gaude, Vence, Saint-Jeannet, Gattières, Carros, Le Broc.
Passant
tour à tour de la réalité des faits historiques, chargés de
fabuleuses anecdotes, aux légendes, Edmond Rossi, auteur de divers
ouvrages sur le passé et la mémoire des Alpes-Maritimes, a
recueilli et réuni quelques moments singuliers de ces villages.
Le
choix de La Gaude s'impose comme le centre de gravité de ce «
triangle d'or» d'une richesse exceptionnelle. Aux limites de ce
secteur, des vestiges témoignent également d'un passé où
l'insolite nous interpelle pour mieux conforter la légende :
Chapelle oubliée de Coursegoules, fayard de Bézaudun, tombeau
mystérieux de Tourettes-sur-loup, ruines austères de Vence ou
cachées de Roquefort-les-Pins, sentinelle fortifiée de Saint-Paul,
et abbaye de La Colle, châteaux de Villeneuve-Loubet et de Cagnes.
La
Gaude, célèbre pour son vin sera aussi l'inspiratrice de Marcel
Pagnol pour sa « Manon des Sources ». D'Hercule à
d'Artagnan venu arrêter le marquis de Grimaldi à Cagnes,
laissez-vous guider par les fantômes des personnages, pour parcourir
les vivantes ruelles de ces villages et la riante campagne alentour.
L'agréable découverte de ces bourgs authentiques aux limites de la
Provence, vous révélera bien d'autres trésors, dignes de ceux
cachés là par les Sarrasins et les Templiers, bien présents dans
tout ce secteur...
saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com/.../le-tresor-de-la-baronne-de-la-...
19
août 2012 - LE TRÉSOR DE LA BARONNE,
DE LA GAUDE AU BORD DU VAR
.... baronne
des Pugets, épousa en grande pompe le 21 juin 979,
dans la ...
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09/09/14
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