samedi 28 février 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 811

27 FEVRIER 2015...

Cette page concerne l'année 811 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

UN GRAND EMPEREUR S’ÉTEINT

CHARLEMAGNE
Les biographes de Charlemagne ont tracé son portrait. Il a le corps ample et robuste, une taille élevée mais sans excès, les yeux grands et vifs, le nez un peu fort, le visage riant.
Sa santé est vigoureuse jusqu'à ses dernières années, il souffre alors d'accès de fièvre, en arrive même à boiter. Il est sobre, a horreur de l'ivresse, s'habille simplement, à la mode Franque. L'équitation, la chasse sont ses grands plaisirs.
Il se marie fort souvent et a de nombreux enfants. Si on ajoute à cette liste Rhodaïde, née d'une concubine dont on ne sait pas le nom, on arrive à un chiffre de 18 enfants connus.
Charlemagne n'a jamais consenti à se séparer de ses filles, à les marier, mais la conduite de quelques-unes d'entre elles ont laissé à désirer. Parmi ses fils, 3 seulement, les fils d'Hildegarde, sont de naissance légitime.

En 806, par un acte dont le texte nous est parvenu, Charlemagne partage entre eux ses États. Ce partage est sans effet, par suite de la mort de Pépin et de Charles.

Au commencement de janvier 814, comme il passe l'hiver à Aix-la-Chapelle, il est atteint d'une forte fièvre, puis d'une pleurésie, et, après 7 jours de maladie, il meurt le 28 janvier.

L'empereur fait, dans l'année 811, un nouveau testament qu'Éginard rapporte avec détails et en entie,r par cet acte Charlemagne laisse les deux tiers de son mobilier et de ses trésors aux métropoles et aux pauvres, en même temps il déclare que Bernard garde pour son partage le royaume d'Italie, Louis , roi d'Aquitaine, doit régner sur tous ses autres États.
Les infirmités de la vieillesse font, de jour en jour, sentir à l'invincible Charles, que le temps qui détruit tout, va triompher de lui, il veut que Louis, son fils unique, lui succède, sur le trône impérial comme sur celui des Francs : Son génie pénétrant comprend le danger d'accroître l'influence du Saint Siège, s'il laisse au pape l'apparence d'un droit sur cette couronne.
Les Romains sont alors si méprisés que leurs suffrages ne peuvent être ni désirés ni comptés. L'empereur veut donc que son successeur ne doit son élévation qu'aux suffrages du peuple de Francie.

 LOUIS LE DÉBONNAIRE CHARLEMAGNE ET SAINT GUILHEM
Au printemps de l'année 813, il convoque l'assemblée nationale à Aix-la-Chapelle, et y fait venir le roi d'Aquitaine : Là, il le présente au clergé, aux ducs, aux comtes, aux seigneurs, au peuple, et après leur avoir rappelé,dans un discours touchant, ses travaux, ses exploits, la gloire qu'il doit à leurs efforts, à leur courage et à leur dévouement, il leur demande si, pour perpétuer cette gloire, pour assurer leur prospérité et pour consolider le trône impérial relevé par eux, ils veulent, dès ce moment, associer Louis à l'empire.

La Chronique de Moissac dit que cette proposition est accueillie avec une satisfaction générale et approuvée par des acclamations unanimes. Le dimanche suivant, l'assemblée se tient dans l'église. Louis, proclamé par les Francs empereur d'Occident, jure, en présence des grands et du peuple, de régner suivant les lois, et Charles, après lui avoir recommandé solennellement le sort de ses sujets et celui de sa famille, lui ordonne d'aller prendre à l'autel une couronne d'or qu'on y a placée et de la poser lui-même sur sa tête.
Ce fait mémorable et incontesté suffit pour réfuter les étranges assertions du cardinal Baronius et des auteurs ultramontains qui affirment que Charles a reconnu et laissé au pape le droit de disposer de l'empire...

L'affaiblissement graduel des forces du monarque lui fait éprouver un désir jusque-là inconnu à son âme active, le désir de la paix, aussi, pendant la dernière année de sa vie, il ne s'occupe que du soin de la consolider, quoiqu'alors toutes les circonstances paraissent se réunir pour favoriser son ambition.
L'empereur Nicéphore vient de périr en combattant les Bulgares, et ne laisse à son successeur qu'un sceptre brisé.
Le Nord, déchiré par des factions, est la proie des querelles de deux rivaux qui se disputent le trône de Godefroi.
Les Sarrasins et les Visigoths ont épuisé leurs forces par des guerres continuelles, et si Charlemagne avait encore conservé, à cette époque, le feu, la vigueur et la témérité de sa jeunesse, il aurait pu, sans éprouver de grands obstacles, et plus facilement que Théodose, achever alors la conquête du monde Romain.

Mais ce grand astre penche vers son couchant, bientôt il disparaît : l'Europe, replongée dans ses ténèbres, voit promptement cette puissance colossale tomber en débris, elle ne conserve de sa gloire que de faibles rayons et de grands souvenirs.

COURONNE DE CHARLEMAGNE
En vain tout se réunit pour rappeler aux hommes leur néant, et pour les avertir de la fragilité des grandeurs humaines, orgueilleux pygmées, ils oublient que le plus puissant et le plus célèbre d'entre eux n'occupe qu'un point imperceptible dans l'infini : Aussi de tous temps on les a vus croire et dire que la chute d'un grand roi, d'un héros, d'un guerrier fameux, troublant l'ordre de l'univers , est annoncée par des prodiges.

Les contemporains de Charlemagne prétendent avoir vu une foule de présages précéder sa mort :
Peu temps avant cet événement, disent-ils, on a vu des éclipses de lune et de soleil.
Charles marchant contre les Danois, une flamme, s'élançant du ciel, passe rapidement de sa droite à sa gauche, au même instant sa cuirasse se détache, son cheval tombe mort, et le javelot qu'il tient à la main est brisé.
Un soudain incendie détruit le pont de Mayence,
Les souterrains du palais impérial retentissent longtemps d'un bruit sourd, la galerie qui se trouve entre le palais et la chapelle s'écroule.
Le globe d'or qui brille au-dessus de l'église est frappé par la foudre. Un éclair fait disparaître les mots « Charles Prince » d'une inscription placée dans la même église.
Mais des indices plus certains se préparent... De funestes événements :
Charles est âgé de 71 ans, sa faiblesse augmente chaque jour, son infatigable activité, caractère distinctif de tous les hommes célèbres, lutte seule encore contre les coups de la mort qui approche.
Jusque-là, étranger au repos, on l'a vu sans cesse en mouvement pour entreprendre de longs voyages, pour livrer de fréquents combats, pour préparer des lois, pour méditer et discuter de vastes projets de réforme et d'administration :
Tantôt il trace des routes, creuse des canaux, élève des édifices, tantôt il parcourt les côtes, visite les provinces, équipe des flottes, court au-devant des requêtes, répare des injustices, et, d'une extrémité à l'autre de son vaste empire, rétablit ou maintient l'ordre par sa présence fréquente et toujours imprévue, mais, lorsque l'âge et la paix le condamnent à l'inaction, la chasse lui conserve seule quelque exercice, en offrant à son esprit une dernière et faible image de la guerre...

Ne croyant point à la médecine il n'appelle point son secours. Au commencement de janvier, comme il sort du bain, la fièvre le saisit... Pendant sa durée il ne prend aucune nourriture, son aumônier Hildebad lui administre les sacrements, le signe de la croix est son dernier mouvement et son dernier effort, il expire en prononçant ces mots :
« in marins tuas commendo spiritum meum. ... »!
Ce grand homme qui a donné son nom à son siècle et à sa race, descend dans la tombe avec la gloire de la France le 28 janvier 814, il est dans sa 72e année.

Gibbon et Voltaire, oubliant trop les mœurs du siècle où vivait ce prince, et les obstacles qu'il avait à vaincre, ont adressé à sa mémoire des reproches rigoureux, ils ont dit que sa trop grande déférence pour le clergé, la prompte mort de son frère, le sort ignoré de ses neveux, son amour trop excessif pour les femmes, sa passion pour les conquêtes et pour les conversions, la rigueur de ses édits intolérant, l'établissement de la dîme, et le massacre de plusieurs milliers de Saxons, sont autant de nuages qui ternissent sa brillante renommée.

Un autre écrivain plus juste et moins sévère, M. de Sacy, convient que, si Charlemagne eût vécu dans un siècle moins grossier, il aurait égalé Marc-Aurèle.

Ce qui est certain, c'est que son règne, à jamais célèbre, est devenu une ère nouvelle pour l'Europe moderne :
L'Église lui doit son indépendance,
L'empire d'Occident sa renaissance.
Les sciences et les arts leur réveil.
La Germanie sa civilisation.
La France son repos et sa grandeur.
Tous les trônes, toutes les familles illustres, toutes les institutions et tous les corps célèbres de l'Europe, s'efforcent avec orgueil de prouver que leur origine remonte à Charlemagne, on lui attribue même la création de la pairie et de l'université, qui ne seront cependant fondées que sous la 3e race de nos rois.
Restaurateur de l'ordre public, de la justice et de la discipline.
Réformateur du clergé, ferme appui de la religion.
Protecteur des lettres.
Soutien du pauvre et de l'opprimé contre les grands.
Défenseur des libertés nationales.
Vainqueurs des Sarrasins.
Conquérant de l'Allemagne et de l'Italie.
L'Europe le nomme « Grand ».
L'Église le met au nombre des saints.

PIÈCE DU JEU D’ÉCHEC DE L’EMPEREUR
Son génie échauffant l'imagination des chroniqueurs, des poètes, des romanciers, ils le présentent tous, et même jusqu'à nos jours, comme un météore colossal et brillant, environné de prestiges, entouré d'un cortège fabuleux d'enchanteurs, de paladins, de fées et de magiciens.
Sa mémoire reste si longtemps chérie que, plusieurs siècles après la chute de sa dynastie, le mariage d'un de nos rois avec une princesse qu'on croit descendue de lui, excite en France une joie universelle.
Mais, de tous les éloges prodigués à ce monarque, le plus honorable peut-être est celui d'un auteur contemporain, historien de Louis le Débonnaire, cet éloge, que, hors les Saxons, tous les peuples de l'empire répètent, ne contient que ce peu de mots : « L'homme juste est mort ».






https://books.google.fr/books?id=wqYBAAAAYAAJ
CHARLEMAGNE, roi de France et empereur d'Occident. ... L'empereur fit, dans l'année 811 , un nouveau Nouveau testament qu'Éginard rapporte avec détail et ...
https://books.google.fr/books?id=11ATAAAAQAAJ
ÇHARLEMAGNE , ROI DE FRANCE ET EMPEREUR d'oCCIDEXT ; BERNARD , ROI ... iNnuveau L'empereur fit, dans l'année 811, un nouveau testament * .


jeudi 26 février 2015

EN REMONTANT LE TEMPS...812

 26 FÉVRIER 2015...

Cette page concerne l'année 812 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LES PREMIERS RAIDS DES MAURES ET DES SARRASINS SUR LES CÔTES NORD DE LA MEDITERRANEE.

Les débuts de la piraterie Andalouse en méditerranée occidentale (798-813)
par Pierre Guichard

La « piraterie sarrasine » représente certainement l'un des faits le moins connu de l'histoire de la Méditerranée médiévale. Comme les sources arabes sur le sujet semblent bien être pratiquement inexistantes, la question a surtout été abordée du point de vue des pays qui ont subi les méfaits des raids musulmans, par les auteurs qui se sont occupés de l'histoire des invasions, ou de celle des régions Méditerranéennes de l'Europe Occidentale.

Les hypothèses souvent fantaisistes d'érudits locaux, les synthèses prématurées d'historiens du siècle passé, et, jusqu'aux travaux archéologiques plus récents, enthousiastes mais insuffisamment assurés, ont jeté une sorte de discrédit sur l'histoire des incursions et des implantations Sarrasines. Le « tabou » qui, pèse sur le sujet, semble avoir touché même les recherches engagées au cours de la dernière décennie sur les épaves « sarrasines » découvertes le long des côtes Provençales, recherches qui se trouvent actuellement interrompues de façon tout à fait regrettable...

On trouve, chez les auteurs qui ont abordé la question, une grande diversité d'opinions sur l'ampleur et les conséquences mêmes de ces incursions Sarrasines. Pour certains, il s'agit de l'un des faits les plus importants de l'histoire de l'Europe Méridionale.
Les travaux les plus récents, orientés vers l'histoire sociale, donnent au contraire l'impression de considérer le fait Sarrasin comme extérieur aux régions étudiées pour avoir, par lui-même, influencé profondément leur évolution.
Pour eux, la piraterie s'insère dans une phase de désorganisation généralisée, dont elle profite sans en être la cause.
L'étude la plus précise est celle de Jean-Pierre Poly qui oppose nettement les incursions du IXe siècle, qui affectent principalement les cités de la Provence Occidentale et la région du Bas-Rhône, à l'implantation à demeure du Xe siècle, au cours de laquelle pillages et dévastations restent limités à la Provence Orientale, avant que le vide de cette dernière région n'oblige les pillards à chercher jusque dans les Alpes de nouvelles sources de profits.

La mer Tyrrhénienne est tout entière au pouvoir des Sarrasins. Par l'Afrique et l'Espagne, ils l'enserrent au sud et à l'ouest, en même temps que la possession des îles Baléares, de la Corse, de la Sardaigne et de la Sicile leur constitue des bases navales qui achèvent de resserrer sur elle leur maîtrise. A partir du commencement du VIIIe siècle, c'en est fait du commerce Européen dans ce grand quadrilatère maritime.
Le mouvement économique y est maintenant orienté vers Bagdad. Les Chrétiens, dit pittoresquement Ibn Khaldoun, « ne peuvent plus y faire flotter une planche ». Dans un bref article qui est un modèle de précision, Ganshof a montré que les relations maritimes des ports Provençaux ne se sont pas totalement interrompues à l'époque Carolingienne.

Sans doute la pauvreté des sources a-t-elle découragé les historiens. Le panorama n'est cependant pas, pour cette première période, aussi sombre que pour le Xe siècle, et, de la confrontation des textes Carolingiens avec les renseignements qu'apportent les chroniques arabes sur la situation de l'Occident musulman à l'époque des premiers raids de piraterie sarrasine, on peut tirer quelques hypothèses sur les origines du phénomène et tenter de mieux cerner sa chronologie.

Il semble que l'on puisse admettre un affaiblissement continu des échanges en Méditerranée à partir de la basse romanité, conduisant à une situation très dégradée au VIIe siècle, bien avant que ne se produise la poussée musulmane sur les bords méridionaux de la mer. A l'appui de cette hypothèse, on peut rappeler le fait que les références à ces communautés d'Orientaux qui, au lendemain de la disparition de l'Empire en Occident, ont continué à maintenir des liens commerciaux avec l’Égypte, la Syrie et Byzance, ne dépassent guère le début du VIIe siècle.
On peut penser que cette contradiction du grand commerce intra-méditerranéen est provoquée par un jeu complexe de facteurs parmi lesquels il faut compter la régression technique liée au déclin de la civilisation romaine, l'évolution des sociétés occidentales vers une structure proto-féodale et une ruralisation généralisée, et le déplacement des centres du pouvoir politique et des foyers de civilisation les plus vivants hors de l'aire méditerranéenne. A cette évolution est sans doute liée l'interruption de monnayage d'or, assez tôt dans la Gaule Franque, et dans la première moitié du VIIIe siècle dans l'Espagne tout juste conquise par les Musulmans.
Il faut cependant admettre que notre point de vue se trouve faussé du fait de la grande pauvreté des sources dont l'indigence nous empêche de savoir comment se fait la transition des réseaux d'échanges intra-méditerranéens de tradition Romaine à ceux de l'époque Carolingienne, qui paraissent assez largement réorientés en fonction d'une certaine demande d'esclaves en particulier provenant des zones occupées par les Musulmans. A la fin du VIIIe et au début du IXe siècle, il apparaît nettement que les échanges entre l'aire Byzantine, musulmane et le monde Carolingien n'utilisent la Méditerranée que lorsque la voie maritime ne peut être évitée, aux points de passage obligés que sont l'Adriatique, la Méditerranée centrale entre Sicile et Ifrîqiya, le détroit de Gibraltar. On ne saurait en effet trop insister sur le caractère essentiellement continental des empires Franc et Islamique qui, au IXe siècle, ne présentent que des façades méditerranéennes économiquement inertes en comparaison des zones intérieures nettement plus actives.

Les expéditions maritimes musulmanes jusqu'au milieu du VIIIe siècle. C'est donc autour d'un espace maritime déjà largement déserté par les marchands que se fait en Occident la progression de l'Islam à partir de la fin du VIIe siècle. Il est probable que, dans un premier temps du moins, le bouleversement politique que représente la conquête musulmane ne fait qu'aggraver la tendance préexistante, moins du fait des activités maritimes des musulmans qu'à cause du caractère essentiellement militaire des contacts avec les Francs. La première phase d'expansion navale musulmane en Occident est assez bien connue, grâce aux chroniques arabes. Elle débute assez tôt par d'ambitieuses expéditions maritimes menées depuis l'Orient d'abord contre la Sicile, clé du dispositif Byzantin en Méditerranée, contre laquelle un premier raid est mené dès 652.
L'une de ces expéditions a même atteint les côtes Espagnoles entre 672 et 680. Mais c'est surtout après la création de l'arsenal de Tunis, à l'extrême fin du siècle, qu'un effort naval systématique est poursuivi, visant principalement la Sicile et secondairement la Sardaigne et les Baléares, sous forme de grandes flottes presque annuelles dont on peut se demander si elles ont pour but la conquête ou simplement le butin.

Il n'y a donc aucune continuité chronologique entre la première offensive navale musulmane, qui s'achève en 752, et la « piraterie Sarrasine » du IXe siècle. Cependant, ainsi que le note avec raison Lucien Musset, « l'historiographie distingue souvent mal les deux phases successives de l'expansion islamique dans le bassin occidental de la Méditerranée ». La confusion remonte au moins à Pirenne, dont les écrits laissent nettement l'impression d'une suite ininterrompue de raids musulmans terrestres et maritimes dans les pays de la Méditerranée occidentale et surtout sur les côtes Franques.
Pour lui, l'expulsion définitive des musulmans de Narbonnaise (759) est suivie, presque sans discontinuité, par des menaces ou attaques maritimes :
Ainsi, en 768, les Maures ont inquiété les environs de Marseille.
Les côtes Italiennes en 778.
La Septimanie en 793.

Lewis, qui pourtant marque plus nettement que Pirenne le recul temporaire de l'Islam en Méditerranée centrale après la première poussée antérieure à 752, et en attribue le mérite au renforcement de la défense Byzantine, n'introduit pas la même rupture dans la partie Franco-Ibérique de la mer.
Pour lui, cette zone est précisément l'une des rares régions où la suprématie maritime restaurée par Byzance ne s'exerce pas, et où «  une force navale organisée de façon purement locale », basée dans les ports de la zone littorale d'Al-Andalus entre Tarragone et Tortosa, a eu pour mission de défendre les marches nord-orientales de l’État Omeyyade contre la menace Carolingienne. Il admet d'ailleurs que cette marine est peu active, ne se livrant qu'à un petit nombre d'actions comme celles de 768, 778 et 793 déjà signalées par Pirenne.

Le dernier en date des auteurs à avoir étudié l'histoire maritime de cette région au cours de cette période, Eickhoff, reste plus discret et moins précis sur les événements qui se déroulent dans cette partie de la Méditerranée.
Il leur consacre tout de même un court paragraphe où il signale, de façon un peu vague, les raids des « corsaires omeyyades » qui, partis de l'actuelle Catalogne, ont atteint Narbonne et Marseille, dans le cadre d'une sorte de guérilla de frontière entre Omeyyades et Carolingiens...

Les premiers textes Carolingiens qui mentionnent effectivement une expédition navale musulmane en Méditerranée Occidentale concernent l'attaque menée contre les Baléares en 798 et 799.
Les Annales royales indiquent en effet, sous la première de ces deux années, que « les îles Baléares sont pillées par les Maures et les Sarrasins ». Sous l'année suivante, il est dit que les habitants des îles demandent du secours aux Francs, qui leur envoient des renforts et ont remporté quelques succès puisque des emblèmes Sarrasins sont apportés à Charlemagne.

Ces brèves données sont notre seule source d'information sur ce qui semble avoir été une tentative musulmane pour occuper les Baléares, et qui paraît avoir eu une certaine envergure, compte tenu de la durée que lui attribue la chronique et de l'importance qu'elle lui donne.

SARDAIGNE
Les sources Hispano-Arabes sont au contraire absolument muettes sur cet événement, ce qui peut être dû en partie au fait que l'opération soit un échec, mais sans doute aussi à son caractère non officiel, à une époque où les seules sources d'information sont constituées par des chroniques dérivant en général d'annales rédigées dans l'entourage des émirs de Cordoue....

En 798 - 800, précisément, le contrôle des régions orientales, d'où partent sans doute les navires musulmans, lui échappe très largement. L'émir al-Hakam 1er, qui a accédé au pouvoir en 796, se trouve en effet en pleine lutte contre ses oncles, Sulaymân et 'Abd Allah, frères de son père et prédécesseur Hisham 1er et, comme ce dernier, fils du premier Omeyyade de Cordoue, 'Abd al-Rahmân 1er.
Ces deux princes, déjà rebelles à l'autorité de leur frère Hishâm, ont dû s'exiler au Maghreb sous son règne et sont revenus tenter de renverser leur neveu à l'accession de celui-ci en avril 796. 'Abd Allah, le cadet, est arrivé le premier dans le courant de la même année et s'est établi dans la région de Valence. De là, il a entrepris en 797 un voyage de propagande qui, par la Marche supérieure (la vallée de l'Ebre) l'amène jusqu'à la cour de Charlemagne en qui il espère trouver un allié.
Revenu dans la Marche avant la fin de l'année 797, 'Abd Allah continue à intriguer contre son neveu.
Au début de 798 probablement, son frère Sulaymân amène à son tour des renforts maghrébins dans la péninsule et s'établit dans la région orientale d'où, à partir de la fin de l'année, il organise plusieurs attaques contre l'Andalousie.

C'est donc précisément pendant ces quelques années au cours desquelles d'importants moyens navals et militaires rebelles se trouvent concentrés sur la côte orientale de l'Espagne que se produit l'attaque des Baléares, difficilement explicable en l'absence d'une telle « mobilisation ». On peut penser que, peut-être pour s'assurer une position de repli, ou dans l'espoir de faire du butin, les chefs des troupes et des navires ainsi rassemblés ont décidé cette opération...

Il n'existe évidemment pas de preuve décisive susceptible de confirmer cette hypothèse, mais peut-être une vérification indirecte est-elle apportée par le vocabulaire qu'utilisent les textes Carolingiens pour désigner les auteurs de l'agression contre les Baléares.
Il y a en effet une coïncidence entre les sources arabes, qui indiquent que les forces rassemblées par les chefs rebelles sont constituées essentiellement de Berbères recrutés au Maghreb ou dans la région levantine, et les sources latines qui, alors qu'elles emploient constamment le terme de Sarraceni pour désigner les Musulmans d'Espagne, utilisent pour la première fois le mot Mauri à propos de l'attaque de 798 - 799.

Or, une étude attentive de la terminologie utilisée par les chroniqueurs du VIIIe siècle et du début du IXe montre que ces termes sont loin d'être employés au hasard et indifféremment : le premier désigne les Arabes venus d'Orient, et le second les Berbères venus de l'ancienne Maurétanie Romaine. Il est donc remarquable que les sources Franques de cette époque parlent toujours de Sarraceni lorsqu'elles mentionnent les Musulmans d'Espagne ou d'Afrique avec lesquels sont entretenus des rapports militaires ou diplomatiques, mais utilisent constamment Mauri pour désigner les auteurs des raids maritimes venus d'Espagne et sans doute aussi du Maghreb Occidental .

L'attaque de 798 marque en effet le début d'une première série d'expéditions plus lointaines, atteignant essentiellement les autres îles de la Méditerranée, qui ne nous sont toujours connues que par les chroniques Franques et les lettres pontificales...

Les premières indications concernent la présence des Sarrasins en Corse dans les années 806 et 807, mais elles font état, indirectement, de leur apparition dans les eaux Provençales et Italiennes dès les années antérieures et sans doute peu de temps après le raid contre les Baléares.

En 806, en effet, le roi Pépin envoie d'Italie une flotte pour défendre la Corse « contre les Maures qui la dévastent », ce que voyant, les agresseurs se retirent sans grand dommage pour les Franco-Italiens qui n'ont à déplorer que la mort du comte de Gênes qui s'est imprudemment aventuré.

Ce bref récit des événements suggère qu'il s'agit d'une mise en défense à la suite d'attaques antérieures, ce que confirme la notice de l'année 807, qui indique que l'Empereur lui-même envoie alors une autre flotte avec, à sa tête, le connétable Burchard, afin de protéger l'île contre les Maures « qui ont pris l'habitude de venir la piller les années précédentes ». Le texte revient sur cette précision en indiquant que ces Maures, « partis d'Espagne selon leur habitude », s'en prennent en premier lieu à la Sardaigne où ils sont durement accrochés par les indigènes avant de venir se heurter à la flotte Carolingienne qui les vainc à son tour et leur fait perdre 13 navires.
Un détail intéressant est encore apporté par la suite du texte :
Les Maures eux-mêmes ont reconnu que leurs revers de cette année sont dû au fait qu'ils ont, l'année précédente, au mépris de toute justice, enlevé et vendu comme esclaves en Espagne, 60 moines de Pantelleria, qui ont été rachetés et restitués à leur pays grâce à la libéralité de Charlemagne.

Les pirates de 806 sont donc arrivés jusqu'aux abords de la Sicile. Une continuité paraît établie entre les raids successifs, tant par ces détails que par l'utilisation constante du terme « Mauri », déjà relevé à propos de l'attaque contre les Baléares.
On constate par ailleurs que l'origine Hispanique de ces flottes est signalée à plusieurs reprises. L'impression qui se dégage de ces textes est qu'il ne s'agit pas d'une piraterie anarchique engageant des effectifs dispersés, mais d'expéditions importantes, vraisemblablement concertées sous une direction unique.

Ces raids se poursuivent au cours des années suivantes :
En 809, les mêmes Maures d'Espagne attaquent une cité de Corse, la mettent à sac et s'emparent de la plus grande partie de la population .

En 810, ayant rassemblé « une grande flotte de presque toute l'Espagne », ils s'en prennent d'abord à la Sardaigne, puis à la Corse où, n'ayant pas rencontré de défense, ils dévastent l'île à loisir et peut-être s'y établissent à demeure.

En 812, se répand le bruit de la venue d'une flotte Andalouse et Africaine ayant pour but l'Italie. Les Annales Carolingiennes indiquent seulement une attaque de cette flotte contre la Corse et la Sardaigne, mais une lettre du pape à Charlemagne mentionne, la même année, des préparatifs Byzantins en Sicile destinés à parer une menace des « Agarènes », ainsi que des raids contre les îles de Lampedusa, Ponza et Ischia qui sont imputés à des Maures. Il semble bien qu'il s'agisse de la même flotte, d'autant plus que le pape conclut sa lettre en indiquant que, grâce aux mesures prises par l'Empereur, le territoire pontifical n'a pas eu à souffrir d'incursions musulmanes, ce qui paraît indiquer qu'une même menace avait pesé sur toute l'Italie.

L'année suivante (813), des Maures revenant de Corse en Espagne chargés de butin sont attaqués près de Majorque par le comte d'Ampurias, qui leur prend 8 navires où l'on trouve plus de 500 esclaves. C'est au désir de venger cet échec que la chronique Carolingienne attribue l'attaque et le pillage par les Maures de Civitacecchia (Centumcellae) et de Nice, précisant en outre qu'ils sont la même année vaincus en Sardaigne, où ils subissent de lourdes pertes. Une autre lettre pontificale fait état, la même année, d'un raid contre la région de Reggio, et du désastre subi par une grande flotte qui se dirige vers la Sardaigne.
Il est difficile de voir dans ces raids successifs l'expression de la politique officielle de l'émirat omeyyade de Cordoue. On l'a constaté pour la tentative contre les Baléares, qui a certainement été organisée en dehors de toute initiative Cordouane. On pourrait sans doute penser que les attaques des années 806 - 809 sont à situer dans le contexte du conflit armé qui se déroule alors entre l'Empire et l'émirat pour la possession de Tortosa.
Mais il convient de se demander si ce ne sont pas plutôt les premières initiatives des « pirates » musulmans en Méditerranée Occidentale qui provoquent l'offensive Carolingienne dans les régions côtières, conduisant à l'attaque et à la prise de Barcelone en 801 et à plusieurs tentatives infructueuses pour s'emparer de Tortosa. Il semble en effet qu'avant l'apparition d'une menace musulmane sur mer, l'effort militaire Carolingien dans la Marche a surtout tendu à une avancée vers les zones intérieures de Lérida et Huesca, en direction de la vallée de l'Ebre.

Entre 810 et 813, en tout cas, les sources Carolingiennes témoignent plutôt de la volonté de paix de l'émir de Cordoue, peu compatible avec le déclenchement des grandes expéditions maritimes de ces années. On n'oubliera pas d'autre part que jusque vers 823 - 824 une partie des zones Levantines semble avoir continué à échapper au contrôle direct de l'émirat du fait de la prépondérance que semble avoir conservée dans cette région l'oncle de l'émir al-Hakam 1er, 'Abd Allah « le Valencien ». Les origines Berbères de la majorité des musulmans établis dans cette partie de la péninsule peuvent expliquer aussi bien le terme de Mauri, que les sources occidentales continuent à utiliser pour désigner les pirates musulmans, que le fait que certaines expéditions semblent avoir été organisées conjointement par des Andalous et par des Africains. Quant aux objectifs de ces pirates, il semble bien que l'on puisse déduire des trop brèves informations que nous fournissent les textes Carolingiens qu'ils consistent principalement en la capture d'esclaves, « marchandise » particulièrement demandée dès cette époque dans tout le monde musulman que les trafics commerciaux existants dans le monde Méditerranéen ne doivent pas fournir en nombre suffisant.

Comme on a pu le constater plus haut, les sources Carolingiennes et pontificales font état, à la fin de la première décennie du IXe siècle et au début de la seconde, d'une aggravation et d'une accélération des attaques des Maures d'Espagne, devenues pratiquement annuelles après 809.
Sans pouvoir en fournir la preuve documentaire, on peut penser que ces « pirates » viennent principalement de la côte Levantine de la péninsule Ibérique, entre Tortosa et Alicante, région qui paraît avoir joui à cette époque d'une sorte d'autonomie de fait, sous l'autorité probablement assez nominale de 'Abd Allah al-Balansî.
A Tortosa même, on trouve à cette époque un gouverneur omeyyade, 'Ubaydûn, mentionné à la fois par les sources Franques et par les textes arabes. C'est lui qui dirige la résistance militaire à la poussée Carolingienne dans cette région autour de 809, vraisemblablement avec l'aide de 'Abd Allah al-Balansî et des Berbères établis dans la région de Valence. Les sources Franques font d'ailleurs ressortir de façon significative le rôle de ces Mauri dans les opérations militaires qui les opposent aux musulmans lors des tentatives de conquête de Tortosa. C'est sans doute le même élément ethnique maure qui joue un rôle prépondérant dans les raids maritimes contre la Corse, la Sardaigne et les côtes Italiennes et Provençales. Le seul chef « pirate » dont le nom nous soit connu à cette époque est celui d'un Berbère originaire probablement de la région de Valence qui, une quinzaine d'années plus tard, part de Tortosa avec une flotte destinée à faire le djihâd contre les Chrétiens et vient aider les troupes Aghlabides à conquérir la Sicile. Ces Berbères sont probablement en relation avec leurs frères du Maghreb, ce qui explique le caractère Hispano-Maghrébin des dernières grandes expéditions maritimes...
Les Maghrébins qui participent aux côtés des Andalous aux raids contre les îles et les côtes chrétiennes viennent sans doute, ainsi que l'a montré Mohamed Talbi, plutôt du Maghreb extrême (le Maroc actuel) que d'Ifriqîya. Probablement du petit émirat de Nakur et de l’État Idrisside dont la situation intérieure, pendant la minorité d'Idris II et au début du gouvernement personnel de celui-ci, paraît avoir été fort troublée.

C'est en 809 qu'Idriss II fonde sa nouvelle capitale de al-'Aliya, symbole de sa volonté de restauration du pouvoir sultanien au Maroc, et c'est probablement à la même époque qu'il faut situer ses efforts pour soumettre les tribus Berbères dissidentes. De cette restauration du pouvoir dans cette partie du Maghreb témoigne l'ouverture diplomatique qu'Idriss II a tentée en direction de Byzance, événement dont nous avons connaissance par une lettre du pape à Charlemagne, datée de 813, qui informe ce dernier de la venue, auprès du
patrice de Sicile, d'ambassadeurs Sarrasins qui semblent bien, d'après leurs propos, ne pouvoir être que des Idrissides, chargés de négocier une paix, et même une sorte d'alliance. Ces envoyés se sont excusés implicitement de la participation de Maghrébins aux entreprises de piraterie maritime, en faisant état de la situation d'anarchie dans laquelle leur pays s'est trouvé pendant la minorité de leur souverain. Ils ont obtenu la signature d'une paix de 10 ans, insistant cependant sur le fait qu'ils ne peuvent répondre des Espagnols qui ne dépendent pas de leur souverain.

La chronologie des rapports entre les Francs et l'émirat de Cordoue au cours de ces années est très difficile à établir. D'après le texte, malheureusement perdu, du Muqtabis d'Ibn Hayyân, il y a eu des ouvertures de paix en 807, mais peut- être s'agit-il d'une erreur du chroniqueur, dont la chronologie semble, en ce qui concerne les rapports avec les Francs, assez sujette à caution. Mieux assurée est la date de 809 pour l'importante campagne entreprise par Louis d'Aquitaine contre Tortosa. Les explications embrouillées de la chronique Franque dite « de l'astronome » confirment les indications du Bayân al-Mughrib, selon lequel les troupes levées dans la région par le gouverneur de Tortosa 'Ubaydûn et celles amenées en renfort par le prince héritier 'Abd al-Rahmân infligent de sérieux revers aux Francs. L'émir al-Hakam ne devait pas souhaiter ajouter aux difficultés intérieures de ses États une guerre sur la frontière carolingienne, ce qui pourrait expliquer la mention, dans les annales d'Eginhard, d'une paix conclue en 810.

Ni la paix de 812, ni les accords intervenus l'année suivante entre les Idrissides et les Byzantins ne marquent la fin immédiate des activités des Maures, puisque en l'année 813 on voit encore se produire plusieurs incidents sérieux, ainsi qu'on l'a vu plus haut. Il semble bien, toutefois, que les « pirates », passée la surprise des premiers raids, se soient heurtés à une résistance de plus en plus organisée.
On peut penser aussi que leurs activités incontrôlées n'agréent pas plus à l'émir de Cordoue qu'au souverain idrisside de Fès. C'est peut-être à une conjoncture moins favorable en Méditerranée Occidentale qu'il faut attribuer la brusque interruption de leurs attaques en Occident et le déplacement de celles-ci vers le bassin oriental de la Méditerranée.

A partir de l'année 814, les annales Carolingiennes, qui ne sont pourtant pas moins détaillées qu'auparavant, au contraire, cessent en effet totalement de mentionner des attaques maritimes semblables à celles qui sont devenues habituelles au cours de la période précédente. Les quelques indications que l'on a, généralement interprétées comme témoignant de la poursuite des activités des « pirates sarrasins » pendant ces années, contrastent, par leur caractère peu explicite, avec les notices relativement fournies des années 806-813. En 815, une ambassade Sarde vient à la cour de Louis le Pieux, mais le texte des annales n'indique pas que ce fait soit en rapport avec une menace musulmane.
On a simplement voulu exposer un certain nombre de constatations, tenant d'une part à la chronologie des raids de la fin du VIIIe et du début du IXe siècle, en fonction des événements qui affectent alors les régions du monde musulman occidental, et d'autre part au vocabulaire utilisé par les sources Carolingiennes lorsqu'elles mentionnent les musulmans qui participent aux expéditions maritimes des années 798-813.

Cette chronologie paraît déterminée par deux événements qui, eux, ont laissé des traces dans les sources arabes : D'une part la première attaque, celle contre les Baléares, coïncide exactement avec la concentration, sur les côtes orientales de la péninsule Ibérique, d'importants moyens en navires et en hommes amenés du Maghreb et recrutés sur place par les princes omeyyades Sulaymân et 'Abd Allah, révoltés contre leur neveu, l'émir al-Hakam de Cordoue, D'autre part, la fin des raids enregistrés par les sources Carolingiennes est suivie immédiatement par l'apparition, en Méditerranée Orientale, de la flotte des pirates Andalous qui s'emparent pour quelques années d'Alexandrie et se lancent dans des expéditions de pillage contre les îles Grecques, puis se rendent maîtres de la Crète à partir de 827. La dernière constatation concerne l'appellation de Mauri systématiquement appliquée par les sources Carolingiennes aux « pirates » responsables des raids contre les côtes et les îles, alors que ces mêmes sources désignent les Arabes d'Espagne ou d'Afrique par le terme de Sarraceni. Dans le latin de cette époque, le mot maurus conserve bien son sens étymologique d'habitants ou originaires des anciennes provinces romaines de Maurétanie, c'est-à-dire de la partie occidentale du Maghreb, approximativement du Maroc et de l'Algérie Occidentale.
Il faut rapprocher cette indication de l'origine probable des contingents qui participèrent aux attaques des années 798 à 813 contre les Baléares, la Corse et la Sardaigne, les îles Italiennes et quelques points des côtes Carolingiennes. Ils viennent sans doute pour une part du littoral du Maghreb extrême, mais surtout du Levant Espagnol, région fortement berbérisée au cours des VIIIe et IXe siècles. Les quelques indices un peu plus précis concernant l'origine géographique ou ethnique des pirates Maures dans la première moitié du VIIIe siècle vont dans le même sens. Cela n'exclut évidemment pas la participation probable de cadres arabes ou d'éléments Hispaniques indigènes à ces entreprises, mais il semble bien que la majorité des participants aient été des Berbères, qui ont formé par ailleurs une part importante du matériel humain de la conquête en Espagne et en Gaule.


Persée : Les débuts de la piraterie andalouse en ...
www.persee.fr/web/.../remmm_0035-1474_1983_num_35_1_1981
de P Guichard - ‎1983 - ‎Cité 12 fois - ‎Autres articles
Revue de l'Occident Musulman et de la Méditerranée, 35, 1983-1. ..... En 812, se répand le bruit de la venue d'une flotte an- dalouse et africaine ayant ... menace des «Agarènes», ainsi que des raids contre les îles de Lampedusa, Ponza et ...

Islam en Italie — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Islam_en_Italie
Aujourd'hui il y a près d'un million de musulmans en Italie. ... Les raids de 733 et 734 sont cependant mieux contenus par les Byzantins. ... En 812, le fils d'Ibrahim, Abd'Allah I lance une flotte pour conquérir la Sicile mais les navires ... non sans avoir conquis l'île de Lampedusa, de Ponza et de Ischia en Mer Tyrrhénienne.

EN REMONTANT LE TEMPS... 813

25 FÉVRIER 2015...

Cette page concerne l'année 813 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

AFFAIBLISSEMENT DE BYZANCE A CAUSE DE MAUVAIS TACTICIENS

La bataille de Versinikia (en bulgare : Битката при Версиникия, en grec : Μάχη της Βερσινικίας) entre les forces de l’empire Byzantin et celles de l’empire Bulgare près de la cité d’Andrinople (aujourd’hui Édirne) en Turquie. Elle est également connue sous le nom de deuxième bataille d'Andrinople pour la première voir « bataille d'Andrinople ». Ce siège de Constantinople par le Khan Kroum (en bulgare, Крум) est une tentative avortée de prendre la ville lors des guerres du début du IXe siècle entre Bulgares et Byzantins.
Après la bataille de Versinikia ou deuxième bataille d’Andrinople le 22 juin 813, qui est une défaite pour les Byzantins, la cavalerie de Kroum les poursuit et amplifie cette déroute, et Kroum avance sur Constantinople, qu’il assiège, avec ses armées terrestres. Michel Ier Rangabé est forcé d’abdiquer et devient moine, devenant le troisième empereur Byzantin abattu par Kroum en quelques années..

Bien que les Bulgares soient beaucoup moins nombreux que les Byzantins, ils réussissent à gagner la bataille. L’une des conséquences est le renversement de Michel Ier Rangabé (811-813) par Léon V l’Arménien. Cette nouvelle victoire contribue à renforcer la position des Bulgares qui ont déjà réussi à vaincre Nicéphore Ier 2 ans auparavant. Après cette bataille, les Bulgares contrôlent de facto l’ensemble de la Thrace Orientale jusqu’au traité de 815 à l’exception de quelques châteaux-forts demeurés aux mains des Byzantins. Pour la première fois la route vers Constantinople leur est ouverte. Toutefois la mort de leur khan (empereur), Kroum, survenue pendant la préparation du siège de la capitale Byzantine le 13 avril 814 devait mettre fin à cet espoir...
La défaite de l’armée commandée par le basileus Nicéphore I à Pliska en 811 a laissé l’empire Byzantin dans une dangereuse position d’infériorité. Staurakios, le fils de l’empereur et son héritier légitime, gravement blessé durant la bataille est déposé l’année suivante par un coup d’État qui porte au pouvoir le curopalates (intendant du palais) de Nicéphore I, Michel Rangabé.
Les Bulgares, qui ont également subi de lourdes pertes tant en hommes qu’en matériel durant cette guerre, doivent réorganiser leurs forces avant d’entrer à nouveau en campagne l’année suivante. Ils se concentrent à la fois sur la Thrace et sur la vallée du Strymon. Après s’être emparés de nombreuses villes ils en déportent la population vers la Bulgarie au delà du Danube... La férocité de ces attaques jette une telle consternation dans les populations locales que plusieurs villes se vident de leurs habitants avant même d’être attaquées. Les efforts de résistance de Michel Ier s’avèrent inutiles, après avoir monté une armée pour se porter au devant des forces bulgares, il doit retourner en hâte à Constantinople pour faire face à une conspiration.
LE MUR DES BLACHERNES
Pendant ce temps, les Bulgares continuent leurs attaques en Thrace jusqu’à l’automne 812, moment où ils se voient offrir la paix. La délégation Bulgare aux pourparlers est conduite par Dobromir, mais, selon Théophane, l’empereur Byzantin refuse de conclure la paix « sur l’avis de ses ignobles conseillers ». Toutefois les vraies raisons de ce refus doivent plutôt être cherchées dans le paragraphe 3 du traité de 716 qui stipule que « les réfugiés (émigrants et déserteurs) des 2 camps devront être remis à leurs autorités respectives s’ils complotent contre celles-ci ». Cet article s’est avéré fort utile pour les Byzantins tant que leurs empereurs étaient en position de faiblesse, mais la situation s’est inversée après la crise de l’empire Bulgare au milieu du VIIIe siècle. En retour, les Bulgares assiègent Mesembria (aujourd’hui Nessebar). Grâce à un immigrant arabe, ils ont réussi à se doter d’excellentes machines de siège et ils prennent rapidement la ville où ils trouvent 36 de ces siphons qui permettent de lancer le feu grégeois ainsi qu’une grande quantité d’or et d’argent.

En dépit de la perte de Mesembria, les Byzantins se refusent toujours à faire la paix. Au cours de l’hiver 812-813, le khan Krum fait d’intenses préparatifs pour attaquer Byzance dont Michel Ier renforce la défense. En février 813, les Bulgares font plusieurs raids en Thrace qui sont rapidement repoussés par les Byzantins. Michel Ier y voyant une victoire « attestant de la protection divine » prépare une contre-offensive.
Les Byzantins lèvent une armée imposante composée de troupes venant de partout dans l’empire, y compris les gardes du col de Syrie. La campagne doit être retardée en raison de mécontentement au sein des troupes, mais peut enfin quitter Constantinople en mai. Ce départ est l’occasion de réjouissances publiques et la population, ayant à sa tête l’impératrice, accompagne les troupes jusqu’à l’extérieur des murs de la cité. Les commandants se voient offrir des présents et on invoque la protection divine sur l’empereur et les forces chrétiennes.

L’armée Byzantine se dirige vers le nord mais ne fait aucun effort pour reprendre Mesembria. Le 4 mai, une éclipse solaire jette la panique parmi les troupes Byzantines et affaiblit leur moral. Elles établissent leur camp aux environs d’ Andrinople dont elles se mettent à piller le voisinage même s’il s’agit de territoire Byzantin. Le même mois, le khan Kroum se dirige également vers Andrinople. En juin, les deux armées se retrouvent face à face non loin de la petite forteresse de Versinikia au nord d’Andrinople. Selon certains historiens de l’époque comme Jean Skylitzès dans le Synopsis Historion l’armée Byzantine est de 10 fois supérieure en nombre (certains écrivains vont jusqu’à 20 fois) à l’armée Bulgare. En dépit d’une exagération manifeste, il est certain que les forces Byzantines surpassent leurs ennemis en nombre. Les Bulgares adoptent par conséquent une attitude défensive. Mais en dépit de leur supériorité numérique, logistique et stratégique, les forces Byzantines ne passent pas à l’attaque. Des deux côtés, la tension et la peur augmentent après une attente de 13 jours, en armure, sous le soleil de plomb de la Thrace... À la fin, ce sont les nerfs des commandants Byzantins qui cèdent les premiers. Certains d’entre eux veulent attaquer à tout prix et, le 22 juin, le strategos de Macédoine, Jean Aplakès, s’adresse en ces termes à l’empereur :
« Combien de temps allons-nous encore attendre et mourir ? Je vais attaquer le premier avec l’aide de Dieu, suivez-moi avec bravoure. La victoire sera nôtre puisque nous (Byzantins) les surpassons de 10 fois en nombre ».

La bataille est de courte durée : Le matin du même jour, les Byzantins passent à l’attaque. Aplakès et ses hommes attaquent les premiers. Ils réussissent à infliger quelques pertes aux Bulgares, mais le gros des troupes Byzantines est trop effrayé pour les suivre. Les Byzantins n’arrivent même pas à résister à la première contre-offensive Bulgare : Lorsque le khan Kroum avance avec la cavalerie lourde contre le flanc gauche des Byzantins, ceux-ci s’enfuient immédiatement. L’escouade Anatolienne est la première à se sauver, suivie immédiatement de l’ensemble de l’armée... De telle sorte que les soldats d’Aplakès se retrouvent séparés de leurs compatriotes et que, la plupart d’entre eux, y compris leur commandant, périssent. La bataille se déroule dans une vallée, lorsque les Bulgares réalisent que l’ennemi retraite bien qu’il soit sur les hauteurs, ils croient d’abord à un piège. En fait, les Bulgares ne s’attendent absolument pas à une victoire aussi facile et hésitent d’abord à poursuivre les Byzantins. Mais lorsqu’ils se rendent compte que l’ennemi s’enfuit bel et bien, ils lancent la cavalerie lourde à leur poursuite. Nombre de Byzantins périssent dans la fuite alors que d’autres cherchent refuge dans différentes forteresses qui tombent l’une après l’autre aux mains des Bulgares. Certains réussissent à rejoindre Constantinople... Les principaux généraux Byzantins, l’empereur et Léon l’Arménien à leurs têtes, sont parmi les premiers à quitter le champ de bataille. Les Bulgares s’emparent du camp Byzantin et récoltent un riche butin en or et en armement.

Par la suite, les chroniqueurs Byzantin Genesius et Théophane Continuatus font porter la responsabilité de la défaite sur les épaules de Léon l’Arménien, prétendant que celui-ci a délibérément ordonné la fuite des unités qui ne sont pas encore engagées dans la bataille. De nombreux spécialistes comme J.B. Bury, Steven Runciman, Georges Ostrogorsky, R.J.H. Jenkins, Warren Treadgold, etc..., partagent ce point de vue alors que d’autres parmi lesquels Vasil Zlatarski et divers spécialistes Grecs, le rejettent se référant à une histoire différente rapportée dans les textes de Genesius aussi bien que de Theophanes Continuatus.

La défaite de Versinikia aggrave la situation déjà précaire de Byzance et donne au khan Kroum l’occasion de lancer des attaques dans les environs immédiats de Constantinople. Elle doit aussi sceller le sort de Michel I Rangabé qui doit abdiquer et se retirer dans un monastère... Léon V l’Arménien (813-820) s’empare du trône. Énergique et homme de caractère (contrairement à son prédécesseur), il prend immédiatement les mesures nécessaires pour défendre Constantinople contre une attaque Bulgare qu’il croit imminente.

Rien n’empêche plus l’armée Bulgare d’arriver jusqu’à Constantinople qu’elle atteint effectivement sans rencontrer de résistance. Plusieurs citadelles de Thrace demeurent aux mains des Byzantins dont Andrinople qui est assiégée par le frère de Kroum.

Le 17 juillet 813, Kroum lui-même atteint les murs de Constantinople et installe son camp sans être inquiété. À la vue des habitants de Constantinople, Kroum qui est également grand prêtre offre des sacrifices au dieu Bulgare Tanga, et organise un rituel païen à base de sacrifices d'animaux et d'humains afin d'impressionner les assiégés et les forcer à se rendre... Après quoi les Bulgares se mettent à creuser des tranchées tout le long des murs de la cité... Puis Kroum fait une dernière offre de paix.
Léon V accepte en apparence de négocier, tout en espérant tuer Kroum par traîtrise et éliminer ainsi le danger que le Bulgare représente pour l’empire Byzantin. C'est ainsi qu'au cours des négociations, les Byzantins se mettent à lancer des flèches sur les délégués Bulgares, tuant nombre d’entre eux dont le kavkhan ou quelqu’autre haut dignitaire, mais sans atteindre Kroum lui-même.
Furieux de ce geste de traîtrise, Kroum ordonne que toutes les églises, monastères et palais hors de Constantinople soient rasés, que les prisonniers Byzantins soient massacrés et que les richesses des palais soient mises sur des charrettes et envoyées en Bulgarie. Puis, il fait raser toutes les forteresses Byzantines aux abords de Constantinople et de la mer de Marmara. Les châteaux et villages de la Thrace Orientale sont pillés et l’ensemble de la région dévastée.

Kroum retourne ensuite à Andrinople pour aider les forces qui assiégeant la ville. À l’aide de mangonneaux (sorte de catapultes) et de béliers, ils obligent la ville à se rendre. Les Bulgares font quelque 10 000 prisonniers qu’ils relocalisent en Bulgarie, au nord du Danube. Il en font de même de quelque 50 000 autres prisonniers de Thrace qui y sont également envoyés. Kroum retourne en Bulgarie au cours de l’hiver pour faire d’imposants préparatifs en vue de l’assaut final contre Constantinople. Les machines de siège doivent être transportées vers Constantinople sur 5 000 charrettes recouvertes de fer et tirées par quelque 10 000 bœufs. Toutefois, le khan meurt au cours de ces préparatifs, le 13 avril 814...

On ignore où se trouve exactement la forteresse de Versinikia. Aux dires de Théophane, le château est situé à quelque 60 kilomètres du camp de Michel Rangabé à Andrinople. À la même distance, au nord, se trouve le village de Malomirovo dans les environs duquel on a découvert une ancienne inscription Bulgare datant du règne de Kroum. Elle nous renseigne sur la division de l’armée Bulgare pendant la campagne de 813 : L’aile gauche sous le commandement du kavkhan Irtais est concentrée sur la côte à Anchialus (aujourd’hui Pomorie) et à Sozopol alors que les quartiers généraux de l’aile droite se trouvent dans la région de Beroe (aujourd’hui Stara Zagora) sous le commandement de l’ichirgu-boil Tuk. Le centre, commandé par Kroum en personne, est probablement situé dans la région où se trouve de nos jours la ville d’Elhovo, près de Malamirovo. On croit que l’armée Byzantine pour sa part avait pris position sur les hauteurs de Derventski, situées de nos jours sur la frontière entre la Turquie et la Bulgarie.

Deuxième bataille d'Andrinople — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Deuxième_bataille_d'Andrinople
Elle est également connue sous le nom de deuxième bataille d'Andrinople (pour ... gravement blessé durant la bataille fut déposé l'année suivante par un coup d'État ... Au cours de l'hiver 812-813, le khan Krum fit d'intenses préparatifs pour ...

Siège de Constantinople (813) — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Siège_de_Constantinople_(813)
Après la bataille de Versinikia ou deuxième bataille d'Andrinople le 22 juin 813, qui ... le troisième empereur byzantin abattu par Kroum en quelques années.

Deuxième bataille d'Andrinople
tous-les-faits.fr/bataille_de_versinikia
Elle est également connue sous le nom de deuxième bataille d'Andrinople (pour la ... L'une des conséquences fut le renversement de Rangabé (811-813) par ... gravement blessé durant la bataille fut déposé l'année suivante par un coup ...