samedi 6 septembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 5 SEPTEMBRE 1914

5 SEPTEMBRE 1914


I)
L’écrivain catholique, poète et essayiste Français Charles Péguy, lieutenant de réserve, part au front dès le début de la Grande guerre. Servant dans la 19e compagnie du 276e régiment d’infanterie. Il est tué par une balle allemande durant les combats de la bataille de l’Ourcq à la veille de la première bataille de la Marne, le 5 septembre 1914 près de Meaux.

« Il est tombé les armes à la main, face à l’ennemi, le lieutenant de ligne Charles Péguy. Le voilà entré parmi les héros de la pensée Française. Son sacrifice multiplie la valeur de son œuvre. Il célébrait la grandeur morale, l’abnégation, l’exaltation de l’âme. Il lui a été donné de prouver en une minute la vérité de son œuvre. Le voilà sacré. Ce mort est un guide, ce mort continuera plus que jamais d’agir, ce mort plus qu’aucun est aujourd’hui vivant. »

« Le 5 septembre 1914, tombe au champ d’honneur l’écrivain Charles Péguy, lieutenant au 276ème régiment d’infanterie, mortellement touché d’une balle en plein front près de Villeroy (Seine-et-Marne). Une mort qui est le couronnement de toute une vie et donne un relief particulier à son œuvre, scellée, par le sang versé ».

Il est mort, dès le début, il est mort pur d'une sale guerre (la plus sale des guerres, celle de 14), il est mort assez tôt, dès les premiers jours, il a pu entendre ses propres vers :
« Heureux ceux qui sont morts pour la patrie charnelle... ».

Il nous laisse son œuvre, vierge, son œuvre pleine des enthousiasmes et des intuitions de celui qui a cru possible, socialiste et dreyfusard, ami de Jean Jaurès avant d'en devenir l'adversaire, de refonder la Cité des hommes sur l'amour - il voulait parler bien sûr de l'amour de Dieu.

Que dire à propos de sa mort ? Que dire de son message ?

J'aime beaucoup ses Notes sur M. Bergson (où il est question de Descartes) et sa Note conjointe sur M. Descartes (où il est question de Bergson).
Il me semble à l'apogée de son génie.
Il me semble qu'il dit ce qu'il a à dire.
Et ce qu'il a à dire ressemble vraiment beaucoup à ce que Maurice Barrès a à dire.
Le dreyfusard opposé à ce qu'il appelle le Parti des intellectuels ressemble comme un frère à « l'antidreyfusard » qui dans les Familles spirituelles de la France abjure bientôt cette malsaine religion politique.
L'un et l'autre ont en commun ce qui les a fait Français, un christianisme de derrière les fagots, qui est fondé sur le cœur.
Qui parle mieux de Pascal que Barrès ?

A ma connaissance, Charles Péguy parle peu du cœur. Mais c'est parce qu'il en a et dans la mesure où il en a. Voici ce qu'il dit dans sa Note sur M. Bergson :
« Il faut renoncer à cette idée que le pathétique forme un Royaume inférieur. Il est comme les autres. Il est comme dans Molière, il est inférieur quand il est inférieur et il n'est pas inférieur quand il n'est pas inférieur. Il ne fait pas exception à ces règles générales de niveau. Il n'est point inférieur en lui-même parce qu'il est le pathétique. Il est inférieur quand il est de mauvaise, de basse qualité. (...) Je ne vois rien d'humain qui soit supérieur au pathétique de Sophocle et pour un demi chœur d'Antigone, je donnerais les trois Critiques, précédées d'un demi quarteron de Prolégomènes ».

Le pathétique de Sophocle est plus intelligent, plus compréhensif que le rationalisme de Kant, l'auteur des trois Critiques et des deux Prolégomènes (Prolégomènes à toute métaphysique et Fondements de la Métaphysique des mœurs).? Cette critique de Kant, philosophe officiel de la IIIe République, à travers des « gens biens » comme les deux Jules, Lagneau et Lachelier, on la retrouve dans.... Les Déracinés de Maurice Barrès. C'est la même.

Le véritable inventeur du rationalisme moderne, c'est Kant et pas Descartes, c'est le philosophe des limites et de l'agnosticisme obligatoire et non le cavalier Français découvreur d'évidences. La raison de Kant est vespérale, c'est déjà celle de Hegel :
« Au crépuscule l'oiseau de Minerve prend son envol ».

CHARLES PEGUY
C'est celle de notre modernité qui n'en peut plus d'échouer alors qu'elle a Tous les moyens de réussir. Charles Péguy ne supporte pas la raison vespérale de Hegel, des Sorbonnards et des commentateurs. Il en appelle à une raison matutinale : non pas celle du fait accompli qui, dans l'élan kantien et révolutionnaire est celle de tous les hégéliens et de tous les marxiens, mais celle de la nouveauté vitale et de l'audace, de la découverte et de l'évidence. La raison cartésienne tout simplement, l'esprit clair, qui, apportant la transparence, projette partout l'analogie dans une sorte de calque et de décalque sans cesse renouvelé. Comme dit Pascal, il ne faut pas perdre la grande pensée de la ressemblance !

Charles Péguy s'est voulu un héraut de la pensée matutinale et dans cet immense effort de découverte et de redécouverte, il a un saint patron qu'il appelle non sans emphase rétrospective M. Descartes. Voici ce qu'il en dit, voici comme il l'évoque, debout sur l'immense champ de la Pensée comme sur un champ de bataille :
« L'audace seule m'intéresse, l'audace seule est grande. Y eut-il jamais audace aussi belle et aussi noblement et modestement cavalière ; et aussi décente et aussi couronnée. Y eut-il jamais aussi grande audace et atteinte de fortune, y eut-il jamais mouvement de la pensée comparable à celui de ce Français qui a trouvé des cieux. Et il n'a pas trouvé seulement les cieux, il a trouvé une terre. Car enfin s'il ne l'avait pas trouvée... Et non seulement une terre, mais « même sur la terre de l'eau, de l'air, du feu, des minéraux et quelques autres telles choses qui sont les plus communes de toutes et les plus simples, et par conséquent les plus aisés à connaître. Puis lorsque j'ai voulu descendre à celles... » alors, mais alors seulement il ne les a plus trouvés et il a eu besoin que la discrimination de l'expérience vînt au devant de lui. Jusqu'alors (dit-il), (croit-il), il n'en avait pas eu besoin. Il suivait la route royale qui ne trompe pas [celle de l'esprit]. C'est seulement en arrivant dans cette forêt de Fontainebleau qu'il a hésité à la croix du Grand Veneur ».

Merveilleuse poésie de la Pensée, qui échappera toujours à Kant et à ses Critiques ou à ses Prolégomènes. Charles

Charles Péguy avait tout compris. L'audace seule est intéressante. Il en est mort ce 5 septembre, il y a cent ans. Mort d'avoir trouvé lui aussi, non pas des cieux, ni une terre, mais le Royaume caché aux sages et aux savants que Dieu réserve aux humbles.

5 septembre 1914 : « J'ai vu mourir le lieutenant Péguy »
Du 3 août 1964 au 23 décembre 1968, dans le cadre du 50e anniversaire du premier conflit mondial, le service « Enquêtes et reportages » de la télévision Belge a réalisé, sous le titre « 14-18 », une chronique en 123 épisodes retraçant l'histoire de la Grande Guerre. Dans ce document, un ancien poilu raconte la mort de son lieutenant, le 5 septembre 1914. Il s'appelait Charles Péguy...
« 50 ans plus tard malgré les commémorations grandioses de la déclaration de guerre cet homme, cet écrivain, ce lieutenant qui a donné sa vie pour son pays, est banni des écoles et des collèges, et son nom n'est même pas cité... » MNC

II)
En ce jour du 5 septembre 1914, le Général Galliéni faisait manœuvrer sa VIe Armée. Les ordres sont d'avancer vers l'Ourq mais pas d'attaquer pour établir une ligne avancée de protection... Les Allemands constatent que leur flanc droit est menacé. Ils doivent réagir... L'ordre d'attaquer les forces Françaises est donné à 11 heures et les troupes Allemandes mettent en place, les pièces d'artillerie sur la colline de Monthyon. Le premier coup de canon est tiré à 12h30.
LE FANTASSIN ET SON EQUIPEMENT
Une des plus grandes rencontres militaires de l'histoire a commencé: La bataille de la Marne. 
L'armée Française est surprise, les troupes qui sous une chaleur accablante se reposent après 30 jours de retraite et de déconvenues doivent monter au combat, sur un terrain dénudé.
Les hommes baïonnette au canon montent à l'assaut. Les mitrailleuses allemandes fauchent.
Les canons de 75 français se mettent en place et tirent à leur tout sur les fantassins Allemands qui ont l'avantage d'avoir des abris naturels.
Le front s'embrase de Saint Soupplets  à Neufmontiers et Penchard. Les hommes tombent. La plaine est couverte de morts... Mieux que d'écrire à leur place laissons les s'exprimer:
« 30.000 hommes se sont affrontés en ce jour sur un petit périmètre.
Avec ces attaques sacrificielles, les pertes sont énormes mais la situation au soir se stabilise. La confusion règne mais l'attaque Allemande a été enrayée et les jours qui suivent démontreront que ce sacrifice n'a pas été vain, les troupes Allemandes éprouvées ne peuvent plus faire front et commenceront à reculer. 

III)
Le Gouvernement est parti à Bordeaux...
Les Allemands ont attaqué Maubeuge...
Obsèques solennelles du 1er blessé décédé à Roubaix au pensionnat Saint Louis: « Jean Gouet originaire de la Haute Vienne marié et père de deux enfants, il est malheureusement à craindre que ce décès soit suivi de plusieurs autres ! » 
Beaucoup de ces malheureux sont atteints de la gangrène ou du tétanos étant restés longtemps sur le champ de bataille sans être soignés...
A Wattrelos un Taube jette une bombe sur un troupeau de moutons sans lui faire de mal...
Les Allemands qui sont à Lille le quittent brusquement ne laissant pas un homme dans la place... ils font afficher l’avis suivant:
(Avis déchiré où le général lieutenant Von Bertrad assure que l’armée Russe est anéantie et rappelle que le gouvernement a quitté Paris).

IV)
Comme l'explique l' AFP le gouvernement Français (tout juste remanié) est parti s’installer à Bordeaux le 2 septembre parce qu’il ne veut pas, « comme en 1870, se trouver dans un Paris encerclé par l’ennemi. Il part avec l’or de la Banque de France tandis que les collections du musée du Louvre sont déménagées à Toulouse ».

V)
Le siège de Maubeuge dure en fait du 29 août au 8 septembre 1914. La France se bat plus vaillamment que prévu par les Allemands, mais le maire de Maubeuge, Jules Walrand, finit par demander au général Fournier un cessez-le-feu, en raison de la population civile encore présente, explique La Voix du Nord
« Après 15 jours de combat, Maubeuge la résistante est enfin tombée. Elle est rattachée avec son district au gouvernement général de Belgique, jusqu’à la fin de la guerre. C’est le début d’une longue occupation », conclut le journal.

Jean Gouet est peut-être le premier blessé mort à Roubaix, mais ce n’est pas le premier mort de la guerre. D'après la contemporaine de Marthe les Allemands ont quitté Lille « de façon précipitée » et « sous ordre des Anglais »

VI)
5 et 6 septembre 1914 : l'épopée des Taxis de la Marne
Retour sur l'histoire de ce qui est devenu ensuite une page emblématique de la Grande Guerre, l'épisode des Taxis de la Marne, taxis parisiens appelés par le général Gallieni les 5 et 6 septembre 1914, pour acheminer au front les derniers soldats encore disponibles.
Début septembre 1914: L'armée Allemande est aux portes de Paris après un mois de guerre, et la situation semble désespérée pour les forces Françaises, mal équipées et mal commandées, qui battent partout en retraite avec leurs alliés Britanniques. Alors que l'armée Française est en pleine déroute, un vent de panique souffle dans la capitale.

Le général Joffre, commandant en chef des armées Française et Adolphe Messimy veulent déclarer Paris « ville ouverte » pour éviter le combat à Paris et les dégâts qui vont avec... Mais René Viviani, le président du Conseil, refuse et nomme le général Gallieni gouverneur militaire de Paris. Celui-ci forme immédiatement une armée autonome chargée de la défense de la capitale.

La Première armée Allemande dirigée par le général Von Kluck présente son flanc aux forces Françaises massées autour de Paris, erreur que Joffre saisit immédiatement pour passer à l'attaque entre Senlis et Meaux.

Dès lors, estimant que les risques pour Paris se sont éloignés, pour acheminer plus vite les hommes de la capitale vers le front, Gallieni prend de son côté l'initiative spectaculaire de réquisitionner quelque 700 taxis parisiens.
Ces fameux « taxis de la Marne » n'emmèneront que quelques milliers de combattants sur le front où se massent des centaines de milliers d'hommes... Ils ne joueront qu'un rôle militaire marginal...
Mais l'impact psychologique de l'opération, immédiatement exploitée par la propagande Française, sera énorme. 
De tous ces taxis mythiques, quelques-uns existent encore, certains ont été rachetés par des associations d'anciens combattants Américains, d'autres sont allés au musée de l'Armée dans l'Hôtel des Invalides à Paris, ou au musée de la Grande Guerre inauguré en 2011 à Meaux, tout près du théâtre des opérations... Quelques collectionneurs particuliers en possèdent également encore

museedevilleroy.free.fr/bataille_du_5_septembre_1914_053.htm
En ce jour du 5 septembre 1914, le Général Galliéni faisait manoeuvrer sa VI eme Armée. Les ordres étaient d'avancer vers l'Ourq mais pas d'attaquer pour ...
www.egaliteetreconciliation.fr › Revue de presse2014septembre
Il y a 9 heures - 5 septembre 1914 : Charles Péguy meurt au champ d'honneur ... de la première bataille de la Marne, le 5 septembre 1914 près de Meaux.




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