jeudi 4 septembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 3 SEPTEMBRE 1914

3 SEPTEMBRE 1914

I)
Le matin de bonne heure nous enterrons nos bijoux.
A 10 heures Paul qui est parti au bureau comme d’habitude rentre en coup de vent: il part, tous les hommes jusque 48 ans s’en vont pour ne pas être faits prisonniers, Lebas qui a l’avis depuis hier dans sa poche n’a pas osé le sortir de peur d’être fusillé et les Roubaisiens ont été prévenus par les gens des villages voisins qui ont tambouriné, ils doivent rejoindre Dunkerque par leurs propres moyens, c’est à dire, pour beaucoup, leurs jambes, les trains ne fonctionnant plus de Roubaix à Armentières, en dix minutes Paul change de vêtements, prépare un petit sac de linge et de vivres et il s’en va Dieu sait pour combien de temps, il a un petit espoir de se faire emmener par une auto de la Croix-Rouge....
Le nouveau Pape Benoît XV est élu.

Les contemporains de Marthe parlent aussi du départ des hommes qui ne veulent pas être faits prisonniers. Dans son journal, marie-Antoinette Craverie raconte ainsi que :
« des sergents de ville ont parcouru toutes les rues en criant que tous les hommes de 20 à 48 ans doivent partir immédiatement pour ne pas se faire prendre par les Allemands comme prisonniers ».
Paul Destombes raconte quant à lui qu’un « appel a été fait à toutes les classes » et voir une connaissance « rentrer chez lui en courant pour partir au plus tôt ».
Officiellement, en septembre le gouvernement publie seulement l’appel de la classe d’armes 1914, mais manifestement, à Roubaix, tous ceux qui peuvent se battre et donc être faits prisonniers de guerre sont partis...

II)
Le dernier bateau permettant de rallier Le Havre puis New-York a quitté le pont de la Concorde le 3 septembre 1914.
« Le 3 septembre 1914, à midi, est parti du pont de la Concorde, le cinquième et dernier bateau mis par la Compagnie de navigation parisienne à la disposition des Américains qui désirent regagner les États-Unis par le paquebot partant du Havre le samedi 5 septembre 1914. Le sympathique et aimable président de cette Compagnie, M. Léon Renault, a eu, en effet, l'aimable idée de proposer sa flottille à la colonie Américaine afin de lui permettre d'emporter avec elle tous ses colis et bagages, et il a tenu à assurer lui-même ces départs. » écrit Le Figaro du 5 septembre 1914.

III)
Un gendarme de 67 ans à la retraite vient de s'engager. Le Figaro du 3 septembre 1914 remarque que ses deux fils et son gendre sont également au front. « On annonce que M. Clément, âgé de 67 ans, gendarme en retraite à Barbentane, vient de contracter, à Avignon, un engagement pour la durée de la guerre. Il est titulaire de la médaille militaire et de la médaille de 1870. Ses deux fils sont à la frontière, l'un maréchal des logis, l'autre sergent-major d'infanterie. Son gendre est sous-lieutenant au Maroc. » écrit Le Figaro du 3 septembre 1914.

IV)
Le 3 septembre 1914, Pierre LAGRANGE est incorporé au 147è RI, après avoir été ajourné en octobre 1913 pour faiblesse. Il rejoint la caserne du 147è à Sedan :
Le quartier Mac Donald est commun avec le 28è Régiment de Dragons : à gauche les bâtiments du 147è RI, à droite ceux du 28è Dragons.
Son frère Jean, alors au 90è RI, lui a prodigué quelques conseils :
Il les a suivi, puisque d'après les renseignements figurant sur sa fiche matriculaire, il est à l'instruction jusqu'au 19 janvier 1915 et nommé caporal le 16 janvier 1915.
Qu'est-ce donc que ce BAM qui procurerait quelques menus avantages ?
Grâce aux copies des programmes d'instruction transmises par Mireille S., j'ai appris ce que signifiaient ces 3 initiales : Brevet d'Aptitude Militaire. Les titulaires étaient Caporaux et portaient donc ce fameux galon dont parle Jean.
Les épreuves étaient les suivantes :
Marche pour les troupes à pied : 2 marches de 24 km en moins de 6 heures à 24h d'intervalle sans arme et sans paquetage.
Tir : 6 balles dans chacune des 3 positions, avec 2 balles d'essai en une seule séance
Éducation physique : 6 mouvements de gymnastique, 60 m en 10 secondes, 2 km en 10 minutes, saut en longueur de 3,20 m sans tremplin, saut en hauteur de 1 m sans tremplin, grimper 5 mètres départ assis sans les pieds (et descente de même), grimper et se rétablir à la barre de suspension, boxe 1 coup de poing et parade, un coup de pied et parade, saut avec appui des mains à 1,10 m
Topographie : échelles, planimétrie, nivellement ou altimétrie, cartes topographiques
Hygiène : propreté individuelle, propreté des vêtements, principes généraux d'hygiène.

V)
Nancy, 3 septembre.
Il ne faut point s'étonner du transfert du gouvernement ailleurs qu'à Paris.
C'est une simple précaution, une précaution nécessaire à tous les points de vue.
Le gouvernement a besoin, dans l'intérêt de la défense nationale, de se tenir en communication constante avec toute la France. Tous les services administratifs sont solidaires, et tous sont indispensables à la vie publique.
Sans cette collaboration intime, le désordre régnerait. La meilleure volonté ne remplace en effet ni l'information exacte, ni la documentation, ni la science.
Le gouvernement se place hors des centres que l'on menace d'isoler, comme l'état-major se garde un peu éloigné de la ligne de feu.
Cela ne veut nullement dire que Paris risque d'être pris. En 1870, il a résisté héroïquement pendant de longs mois, et pourtant il n'était pas protégé par la puissante couronne de forts que l'on a maintenant élargie.
De plus, la France à cette époque était abandonnée de tous.
Aujourd'hui elle est admirablement aidée à l'Est par les Russes.
A l'Ouest et sur mer par les Anglais,
Au Nord par les Belges retirés au camp d'Anvers, et toujours prêts à l'offensive.
Enfin Paris n'est pas encore sur le point d'être investi. En aucun cas il ne peut être entièrement bloqué. Le gouvernement a le devoir d'envisager toutes les éventualités, même les plus invraisemblables.
Il a le devoir de conserver toute sa liberté, de voir de loin et de haut, d'organiser la défense du sol d'après les événements survenus chaque jour, et d'après les plans anciens ou les desseins nouveaux.
Pour ces raisons seulement il a quitté Paris et s'est rendu à Bordeaux.
A Bordeaux comme à Paris, il travaillera ardemment au salut de la patrie et au triomphe de la civilisation.
René Mercier
Académie de Nancy Félicitations ministérielle :
Dans un rapport d'ensemble au ministre de l'Instruction publique, le recteur de l'Académie de Nancy a donné un aperçu sommaire des services que rendent, dans les hôpitaux et les différentes œuvres municipales d'assistance, etc... Avec la plus noble émulation et un entier dévouement, les membres des Facultés et Écoles de l'Université de Nancy, les chefs d'établissements dans les Lycées et Collèges de garçons et de jeunes filles, avec une bonne partie de leurs professeurs, les directeurs et directrices des Écoles normales et, en général, de toutes les Écoles publiques, bon nombre d'instituteurs et d'institutrices, et même des élèves-maîtres et élèves-maîtresses à peine sortis des Écoles normales, ou qui vont y entrer.
Le ministre a répondu au recteur, en date du 28 août, la lettre suivante, dont celui-ci s'empresse de donner connaissance :
« Les membres du personnel enseignant de l'Académie de Nancy sont à un poste d'honneur. Je savais que, en temps de guerre comme en temps de paix, le Gouvernement pouvait compter sur leur dévouement au bien public et leur ardent patriotisme.
« Je vous prie de les remercier de leur collaboration si précieuse à l'œuvre de la défense nationale, et de leur transmettre l'expression de ma vive sympathie et de ma profonde gratitude.
« Signé : Albert Sarraut. »

VI)
Nancy, 3 septembre. Contre l'Espionnage
Le préfet de Meurthe-et-Moselle porte à la connaissance des populations du département les ordres suivants du haut commandement : Le général commandant la 2e armée, résolu de paralyser l'espionnage par tous les moyens, prescrit les mesures suivantes dans toute la partie du département de Meurthe-et-Moselle située à l'est de la Moselle :
1° La circulation des bicyclettes est formellement interdite.
2° Les personnes à pied ou en voiture à chevaux ne pourront circuler en dehors des agglomérations que munies d'un laissez-passer délivré par la préfecture. Les laissez-passer seront valables seulement de 6 heures du matin à 6 heures du soir.
3° La circulation des automobiles est interdite. Seul le commandant de l'armée se réserve le droit d'accorder des sauf-conduits dans certains cas strictement limités.
4° Tous les contrevenants aux prescriptions précédentes seront arrêtés, les bicyclettes et automobiles confisquées.
Il est bien entendu que la décision du général Durand relative au passage de la rive gauche de la Meurthe sur la rive droite est maintenue.
3 SEPTEMBRE 1914
VII)
Nancy, 3 septembre. Nos trophées
Les 7 canons et la mitrailleuse pris aux Allemands et qui depuis plusieurs jours sont alignés place Stanislas, ont été emmenés, mercredi à midi et demi, pour être conduits dans l'intérieur de la France.
Début septembre 1914 : L'armée Allemande est aux portes de Paris après un mois de guerre, et la situation semble désespérée pour les forces Françaises, mal équipées et mal commandées, qui battent partout en retraite avec leurs alliés Britanniques.
(Dans un ultime sursaut, elles vont pourtant parvenir à stopper l'avancée Allemande et renverser le cours de la guerre lors de la bataille de la Marne, du 6 au 9 septembre, vécue comme un « miracle » par les contemporains.
Le 1er septembre, les Allemands prennent Senlis, à 60 km de Paris. Le 2, des avant-gardes de uhlans, ces cavaliers qui portent une chapka marquée par une tête de mort, sont vus dans les faubourgs de Meaux, à 40 km seulement à l'est de la capitale).
L'armée Allemande semble en passe de réaliser un sans faute dans l'exécution de son plan de guerre, le « plan Schlieffen » qui prévoit d'écraser les forces Françaises en moins de 6 semaines avant que la Grande-Bretagne ait pu envoyer des renforts significatifs sur le continent et que la Russie, à l'est, ait eu le temps de mobiliser assez de forces pour menacer l'Allemagne.
Alors que l'armée Française est en pleine déroute, un vent de panique souffle dans la capitale. Le général Joffre, commandant en chef des armées Françaises, et Alexandre Millerand, ministre de la Guerre, souhaitent déclarer Paris « ville ouverte ». Mais René Viviani, le président du Conseil, refuse et nomme le général Gallieni gouverneur militaire de Paris. Celui-ci forme immédiatement une armée autonome chargée de la défense de la capitale...

VIII)
Le 3, des aviateurs Français voient l'aile droite Allemande arrivant par le nord délaisser Paris pour marcher vers le sud-est, là où se trouve le gros de l'armée Française qui est parvenue à se replier en assez bon ordre sur la Marne : les généraux Allemands croient à tort qu'elle est en pleine débandade, et ils pensent pouvoir lui porter le coup de grâce plus vite que prévu. Mais, en changeant de direction, la Première armée Allemande dirigée par le général Von Kluck présente son flanc aux forces Françaises massées autour de Paris, erreur que Joffre saisit immédiatement pour passer à l'attaque entre Senlis et Meaux.
« Au moment où s'engage une bataille dont dépend le sort du pays », dira le commandant en chef Français dans un ordre du jour devenu célèbre,
« une troupe qui ne peut plus avancer devra (...) se faire tuer sur place plutôt que de reculer ».
Pour acheminer plus vite les hommes de la capitale vers le front, Gallieni prend de son côté l'initiative spectaculaire de réquisitionner quelque 700 taxis parisiens. Ces fameux « taxis de la Marne » n'emmèneront que quelques milliers de combattants sur le front où se massent des centaines de milliers d'hommes, et ils ne joueront qu'un rôle militaire marginal. Mais l'impact psychologique de l'opération, immédiatement exploitée par la propagande Française, sera énorme...

IX)
Deyvillers (Vosges)
Mon 3e jour de combat. Cette fois-ci j’assiste au bombardement de Rambervillers. J’arrive à 1h1/2 en vue de Rambervillers. Au kilomètre 3,7 se trouve une foule nombreuse d’habitants groupés autour du chef de gare...
Ils assistent avec des larmes de rage à la ruine de leurs biens. Depuis ce matin 11h les obus allemands tombent méthodiquement sur le centre de la ville, l’église et l’hôtel-de-ville. Encore une fois je n’y tiens plus de curiosité, j’enfourche ma bicyclette et je m’enfonce à toute vitesse dans la zone des obus.
La ville est absolument vide, seuls quelques chasseurs l’occupent encore. Les rues sont couvertes d’une couche ininterrompue de débris de verre. Toutes les minutes, environ, il tombe un obus. Je vois une porte d’épicerie entr’ouverte. J’entre... Il était temps : un bolide tombe à 50m derrière moi, creusant un sinistre entonnoir au milieu de la rue.
J’appelle. On me répond de la cave. Là je trouve deux infirmiers et un civil, l’épicier, en train de deviser autour d’un litre de vin. Ils m’offrent naturellement à boire. L’originalité de la chose c’est qu’au lieu d’un verre ils me tendent un gobelet en aluminium trouvé sur un officier du zeppelin, tombé à Badonviller.
Par le soupirail de la cave on entend le vacarme des obus : Nuance nouvelle dans leur bruit, on dirait d’énormes plaques de zinc qui tombent sur la ville. Au bout d’une heure le bombardement diminue. Je mets le nez au soupirail. Çà a l’air d’être moins dangereux. Je me répands dans la ville pour voir les dégâts : Derrière la place de l’église un cheval déchiqueté gît dans une mare de sang coagulé.
Un peu plus loin, près d’une fontaine, sont éparpillés les débris d’un chasseur à cheval…
Dans une rue un énorme trou ouvre le trottoir : le rez-de-chaussée de la maison est déchiqueté : on vient d’en retirer les corps d’une vieille femme et de trois petits enfants.
Détail notable : tout est brisé, haché, émietté dans la petite salle à manger,, des morceaux de marbre, de porcelaine, de glace, de bois, d’étoffes jonchent le parquet, seul, sur la cheminée reste intact… le globe de la pendule !
Quel silence dans une ville qu’on bombarde ! Quel calme !
J’avais été déjà étonné du calme de la campagne sous les obus.
Mais rien ne peut décrire l’aspect d’une ville morte sur laquelle s’acharne la mort.
Je crois que pendant une demi-heure, la ville entière est à moi.
En tout cas pendant ce temps je n’ai rencontré qu’un vieux monsieur à calotte et à pantoufles qui, sorti de sa maisonnette, semble compter les trous occasionnés par les éclats d’obus sur sa façade.
Mais quel drôle de plaisir pour un peuple dit civilisé de détruire une ville inoffensive, placide et bourgeoise. Au bruit de ces milliers de vitres volant en éclats je me rappelle ces stupides chahuts de collège pendant lesquels pris d’une soudaine folie, nous cassions les carreaux de la maison... Les Allemands agissent comme des étudiants ivres.
LA LÉGENDE DES ANGES CHEVALIERS
A mon retour, je dois, à peine sorti de la ville, m’aplatir contre un arbre. Un biplan Allemand passe à 2.000m et jette deux bombes sur un convoi tout proche de moi, conclusion : 4 chevaux tués et 3 hommes grièvement blessés.
Au loin un « Droeken » vérifie le tir de l’artillerie. Il s’élève au-dessus des lignes ennemies et se balance là-bas à 12kms, hors de portée des canons.
A Girecourt je rencontre le capitaine Bontemps, attaché à l’état-major du 21e corps (Général Legrand) J’apprends que le ce corps se retire cette nuit sur Épinal pour de là gagner le Nord. En effet, toute la nuit, des cavaliers, des fantassins, des artilleurs, des convois, traversent Deyvillers, au clair de la lune.

www.carto1418.fr/19140903.php
Cartographie première guerre mondiale 1914-1918. Carte des ... 3 septembre 1914 : "J'ai reçu le mandat de défendre Paris contre l'envahisseur. Ce mandat je
Vous avez consulté cette page le 03/09/14.
1914ancien.free.fr/chatoth1.htm
3 SEPTEMBRE 1914. (Vue par le Général von Kuhl). Le texte en Allemand, du Général von Kuhl a été édité au lendemain de la guerre, en 1920. La traduction ...
Vous avez consulté cette page le 03/09/14.
  1. L'Express ‎- il y a 12 heures
    A 10 heures Paul qui était parti au bureau comme d'habitude rentre en coup de vent: il part, tous les hommes jusque 48 ans s'en vont pour ne ...
  1. Le Figaro‎ - il y a 6 heures
  2. Le Figaro‎ - il y a 7 heures








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