mardi 31 mai 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 355

18 MAI 2016...

Cette page concerne l'année 355 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

MODIFICATION FONDAMENTALE DES FRANCS LETES FÉDÉRÉS


6 juillet 355 : Constance II est à Milan où il est prend ses quartiers d'hiver, cela jusqu'au 5 juillet 356.
11 août : Silvanus, chef Franc rallié à Constance II en 351, se fait proclamer empereur par ses troupes à Cologne après avoir été injustement accusé d'avoir fomenté un complot contre l'empereur.
7 septembre : Silvanus est assassiné par des hommes de Constance II.

Sylvain, en latin Flavius Silvanus ou plus vraisemblablement Claudius Silvanus, né en Gaule dans les années 310 ou 320, assassiné à Colonia Claudia Ara Agrippinensium (Germanie inférieure) le 7 septembre 355, est un usurpateur Romain d'ascendance Franque. Général de Constance II, il usurpe le pouvoir en Gaule pendant un mois en 355.

Selon l'historien Ammien Marcellin, Silvanus est fils de Bonitus, chef Franc qui sert Constantin Ier contre Licinius. Il s'agit donc d'un émigré Germanique de seconde génération... semble-t-il d'éducation romaine. Sa mère est d'origine incertaine :
Une devineresse Franque selon Michel Rouche.
Une aristocrate romaine originaire de Campanie selon Jean-Pierre Joly.
Peut-être une parente de Marcus Ulpius Silvanus Gennadus.
Quant à « Silvanus », il lui vient peut-être du général qui commande à Cologne sous le règne de Gallien en 258-260.
Tribun de la schola des armaturae (tribunus scholae armaturarum) en Gaule, une unité de la garde lourdement armée (celle des instructeurs) il abandonne l'armée de l'usurpateur Magnence avec ses cavaliers quelques jours avant la bataille de Mursa (septembre 351) pour prendre le parti de Constance II, contribuant ainsi à la victoire de ce dernier. Ce ralliement favorise sa carrière et celle de son fils, qui apparaît comme un fidèle soutien du trône impérial.

À partir de 352-353, Silvanus acquiert la dignité de comes et remplit les fonctions de magister peditum et equitem per Gallias (maître de l'infanterie et de la cavalerie en Gaule). Incapable de rétablir l'ordre en Gaule du Nord, Constance II s'est résolu à le nommer maître de la milice, alors qu'il n'a guère dépassé la trentaine (il est qualifié d'adulescentior « encore assez jeune » en 353).
À la tête de 8 000 auxiliaires, il passe par Augustodunum en 354, dégage Augusta Treverorum, menacée par les Alamans de Chnodomar et installe à Cologne son quartier général.

En 355, alors qu'il combat les Francs sur le Rhin, il est victime d'une cabale d'officiers. À l'instigation de plusieurs personnalités, entre autres un collègue jaloux, le maître de cavalerie Flavius Arbitio (également d'origine Franque) et le préfet du prétoire des Gaules Caius Caeionius Volusianus Lampadius, Dynamius, un personnage de basse extraction (il s'occupe, selon Ammien Marcellin, des bêtes de somme de l'empereur), falsifie des lettres signées de Silvanus invitant à un complot pour usurper le trône impérial, et les présentent à Milan à l'empereur Constance II.
Un groupe d'aristocrates, composé majoritairement d'officiers de rang inférieur, Francs ou d'origine Franque, mais aussi de potentes originaires de Campanie prennent sa défense et réclament l'ouverture d'une enquête. Parmi eux, deux officiers Francs, Malarichus, tribun commandant une unité de la garde, les Tribaux (Gentiles Franci), et Mallaubaude, successeur de Silvanus au poste de tribun des scholes se proposent d'établir l'innocence de Silvanus, l'un se constituant otage tandis que l'autre part pour ramener Silvanus à Rome, afin qu'il puisse se défendre.

Après diverses machinations, les faussaires sont confondus, mais Silvanus, affolé et mal informé, craignant d'être condamné pour traîtrise, se fait proclamer Auguste (sous le nom d'Imperator Caesar Claudius Silvanus Augustus) à Colonia Claudia Ara Agrippinensium par ses soldats le 11 août 355 (selon Ammien Marcellin), 4 jours après le paiement de leurs arriérés.
Une petite délégation partie de Milan, commandée par Ursicin et comprenant Ammien Marcellin, se rend à Colonia Claudia Ara Agrippinensium, fait semblant de rendre hommage à Silvanus et suscite son assassinat en soudoyant quelques soldats... Des Brachiales et des Carnutes appartenant aux troupes auxiliaires. Attaqué dans son palais, le matin, alors qu'il se rend à la messe par une bande de rebelles qui massacrent sa garde, Silvanus est arraché de la chapelle chrétienne où il s'est réfugié en toute hâte et massacré.

Parmi les fidèles de Silvanus, Ammien Marcellin signale Proculus, son assistant privé (domesticus Siluanus), Pœménius, vraisemblablement un ami Franc (qui a été choisi par ses compatriotes pour défendre la plèbe quand les Trévires ferment les portes de leur cité au frère de Magnence, le César Décentius), et les comtes Asclépiodote, Lutto et Maudio, les deux derniers d'origine Franque, sont torturés et exécutés avec d'autres de ses partisans.

Né dans les années 340, son fils est resté en disgrâce jusque dans les années 370, quand l'empereur, entreprenant de lutter contre les Alamans, accorde son pardon.

Le César Julien, qui reprend peu après l'administration de la Gaule, affirme dans le panégyrique qu'il dédie à l'empereur que celui-ci épargne les proches et le jeune fils de Silvanus.
Néanmoins, Ammien Marcellin rapporte la mise à la torture de l'appariteur de Silvanus, qui y résiste et innocente Silvanus de tout complot, et de l'exécution de plusieurs personnages importants.

L'historien Eutrope cite brièvement sa révolte en Gaule entre la chute de Magnence et la nomination de Julien comme César, sur moins de trente jours.
Flavius Arbitio accède au consulat en 355 et accapare une partie des biens de Silvanus.
De son côté, Volusianus Lampadius devient préfet de la ville de Rome en 365.

Paul Petit voit dans ce tragique épisode un indice des tensions entre les militaires occidentaux et les fonctionnaires civils de la cour impériale à Milan. De leur côté, Héloïse Harmoy Durofil et Lellia Cracco Ruggini y voient un exemple de solidarité et de jalousies ethniques : On compte un officier d'origine Franque, Flavius Arbitio, jaloux de ses succès militaires qui lui valent la faveur impériale, et un aristocrate Romain, Caius Caeionius Volusianus Lampadius, parmi ceux qui le dénoncent, et, si un groupe d'officiers inférieurs Francs ou d'origine Franque le soutient, il trouve également un appui au sein de l'aristocratie Romaine d'origine Campanienne, liée peut-être à ses origines maternelles.

Contrairement à d'autres peuplades Barbares, lors des Grandes Invasions du IVe siècle, les Saliens vivent dans l'empire Romain depuis plusieurs générations et à défaut d'être parfaitement intégrés (leur condition de Lètes le leur interdit de toutes façons) ils sont un support fidèle et efficace de l'armée Romaine. En témoigne le nombre de généraux impériaux d'origine Franque recensés par différentes sources administratives impériales ayant ainsi par la suite accédé au statut de fédérés :
  • Bonitus, premier Franc à obtenir la charge de Maître de la Milice en 324
  • Gaiso, premier Franc à obtenir la charge suprême du consulat en 351
  • Silvanus, fils de Bonitus, maître de l'infanterie en 355, forcé à l'usurpation par une coterie d'officiers jaloux
  • Vitta, ami personnel de l'empereur Julien, consul en 362
  • Salia, Maître de cavalerie, chargé de la campagne d'Orient de 364
  • Mérobaud, consul en 377 et 383,
  • Mallobaud Comte des Domestiques, Roi des Francs en 378,
  • Richomer, Comte des Domestiques en 378 et consul en 384,
  • Bauto, consul en 385
  • et enfin Arbogast, réputé pour sa férocité contre les Francs Ripuaires, protecteur de Valentinien II qui usurpe le titre impérial non pour lui, mais pour le restituer au fantoche Eugène dont il tire les ficelles, avant d'être trahi et de se suicider.

Tous ces généraux ont effectué une carrière complète dans l'armée impériale, ils ont appris la discipline et la stratégie romaine, ont été impliqués dans des complots de courtisans... L’intégration de ces Francs est remarquable : Promus par les empereurs pour leurs compétences personnelles, ils parlent latin, ont la citoyenneté Romaine avec le même gentilice Flavius que la famille impériale et participent à la défense et à l’administration de l’Empire. L’obtention du consulat en fait des sénateurs.
Si leur intégration n’est pas complète (païens et militaires, ils sont jalousés et méprisés par l’aristocratie sénatoriale Gallo-Romaine, vers 400 un parti anti-Germanique se fera jour dans l'État-major), elle est suffisante pour que lorsqu'on les établit enfin de manière stable comme responsables de leurs contrées d'origine ils soient les premiers à faire respecter strictement l'ordre impérial dans les préfectures Létiques.
Les bases des institutions mérovingiennes

Cette volonté d'assurer la pérennité de l'ordre militaire Romain a des conséquences stratégiques (les armées de Clovis sont soigneusement copiées des manœuvres romaines) mais aussi institutionnelles.
En effet, dans le courant du IVe siècle, les Gaiso, Salia, Vitta et Arbogast dont nous avons parlé sont tous 4 préfets de lètes entre le Rhin et les Ardennes. Ils décident de proclamer une loi sur le modèle romain, qui reproduit certains usages impériaux et encadre des pratiques traditionnelles (cf Wergeld).
C'est le Pactus legis salicae, la Loi salique, dans laquelle ils apparaissent sous leurs formes germanisées (alors que les formes précédentes sont latinisées) de Wisogast, Salegast, Widogast et Arbogast.
Ce texte reproduit plusieurs caractéristiques de la condition Létique, dont le régime de propriété de la terre et par son existence même annonce la volonté des meneurs Francs de contrôler de plus en plus strictement la société, aux dépens des structures Germaniques traditionnelles comme le conseil des Anciens.


Fédérés francs — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fédérés_francs
Les Francs ne sont pas une nation unie avant le VIe siècle. Ce sont en fait un ensemble de ... Voyant arriver sur lui une armée romaine invaincue depuis plusieurs années, le roi salien Gennobaude choisit de ... Silvanus, fils de Bonitus, maître de l'infanterie en 355, forcé à l'usurpation par une coterie d'officiers jaloux; Vitta, ...

Chronologie de 301 à 500 après J.C. - sden - site communautaire de ...
www.sden.org/connaissance/histoire-598/...age/.../chronologie-de-301-a-500-apres-j-...
28 août 2006 - 355. Les Alamans, tribu barbare germanique, traversent le Rhin et causent ... 11 août : Sylvanus se fait proclamer empereur par ses troupes à Cologne. .... Son règne assure à l'empire quelques années de sécurité relatives. ..... Début du règne de Maxime, empereur romain usurpateur, en Occident >388.

Arius 15 | Jésus mon avocat
www.jesusmonavocat.org/documents/les-paiens-b/arius-15.html
De longues années s'écoulèrent avant qu'il pût accomplir ce serment. ..... Silvanus, général des légions romaines à Cologne venait d'arracher la pourpre ... les plus braves officiers de l'armée, sous prétexte qu'ils avaient secondé l'usurpateur. ... L'im-pératrice, de concert avec l'eunuque favori, passa tout l'été de l'an 355 à ...

EN REMONTANT LE TEMPS... 356

17 MAI 2016...

Cette page concerne l'année 356 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

ANTOINE LE GRAND PÈRES DES MONASTÈRES ET DES MOINES.

 Notre principale source pour connaître Antoine le Grand est le récit de l'évêque d'Alexandrie, Saint Athanase, rédigé l'année qui suit la mort de l'ascète. Son souvenir est encore très présent à ceux qui l'ont connu et qui vont lire le récit d'Athanase, garantie supplémentaire de véracité.
Il est peu d'exemples de témoignages autorisés aussi précoces sur un personnage de l'histoire.
Et pourtant, Saint Antoine est un de ceux qui ont été le plus mythifiés...

Au cours des siècles, sa vie extraordinaire a stimulé l'imaginaire des peuples, des poètes, des romanciers, au point, qu'il faille faire un travail sérieux de « tri » pour retrouver le visage d'Antoine, sinon tel qu'il a été, du moins tel qu'Athanase le présente. C'est l'objet d'une recherche qui touche au début de la vie d'Antoine.
Lecture méditée, d'une vie, d'une montée vers l'unité intérieure dans le désert, source de la vie monastique chrétienne...

L'histoire se passe dans un village de Moyenne Égypte, longeant le Nil, en l'an 251. Un couple de paysan aisés et de bonne réputation vient de donner naissance à un garçon, probablement leur aîné. On lui donne le nom d'Antoine. La famille est chrétienne. On y vit, comme le plus souvent dans ces régions rurales, un christianisme encore tout proche de ses sources :
L'histoire de Jésus, la première communauté de Jérusalem, l'exemple d'hommes passionnés qu'on appelle les « zélés », les spondaioi, en grec qui, tout en partageant la vie du village, s'exercent comme des sportifs à une vie ascétique exigeante.
La communion de foi y est communion des saints.
On est loin des spéculations savantes de certains chrétiens des villes, comme il s'en trouve à Alexandrie !
Mais si les excès de la recherche intellectuelle ne menacent pas la foi de ces paysans, ils doivent compter avec d'autres dangers... Les croyances traditionnelles, peuplées de dieux-animaux, favorables ou hostiles, habitant la vallée fertile ou les déserts, demeurent dans l'inconscient collectif, prêtes à réapparaître... C'est la culture du pays, sans oublier les représentations mythologiques peintes sur les monuments, dans les tombeaux, et aussi les pratiques magiques, les sortilèges dont l’Égypte est imprégnée depuis tant de siècles !
L'autre risque, les flambées des persécutions, derniers soubresauts, courts mais imprévisibles et violents, du paganisme officiel sur le déclin... Il faut attendre le 25 novembre 312 pour que la « paix de Constantin » s'installe en Égypte.

Dans ce contexte, les parents du petit Antoine estiment que l'éducation de leur fils exige sagesse et prudence pour le garder des influences ancestrales qui peuvent menacer sa foi chrétienne, sans toutefois provoquer l'hostilité des représentants du pouvoir.
Étant assez riches pour assurer l'éducation de leur fils. Ils décident de le garder près d'eux. Et, Antoine ne connaît rien en dehors d'eux et de la maison. Sa petite enfance baigne dans ce climat exigeant où mieux vaut établir une distance avec les autres que mettre sa foi en danger. Antoine en gardera l'imprégnation pour toujours.
SAINT PAUL ET SAINT ANTO NE
Il prend très tôt cette attitude à son compte, au point de refuser à l'adolescence « d'apprendre les lettres » d'aller à ce que l'on appelle le collège ou le lycée pour éviter la compagnie des autres garçons.

Le jeune Antoine grandit paisible, avec la volonté et la possibilité de ne pas se disperser à l'extérieur ni de s'écarter de ce qu'il estime être l'essentiel, son seul désir est de vivre tout simplement en sa maison...
N'imaginons pas pour autant un enfant renfermé, comme passif dans le cocon familial. Attentif aux lectures, il en conserve intérieurement le fruit. Comme chacun devrait aussi le faire.
Malgré la fortune assez considérable des siens, l'enfant se contente de ce qu'il trouve, il ne réclame rien.

L'intérêt de ces notations consiste à montrer son style de vie, qui s'enracine dans sa structure psychique, son être profond. Antoine s'accomplit dans l'ascèse non par une décision arbitraire ou une imitation extérieure et tardive, mais par l'épanouissement, qui est sa grâce devant Dieu...
Intériorité, écoute, distance à l'égard de ses désirs et de ses besoins. Obéissance, autonomie, détermination. Familier des ruptures nécessaires, il va avec ses parents à la maison du Seigneur, sa ressemblance avec Jésus enfant est manifeste.

En 356. Antoine vient de mourir âgé de 105 ans. Et un an plus tard, l'évêque d'Alexandrie acheve d'écrire sa biographie.
En 360 elle circule partout.
Encore 10 ans et cette « Vie d'Antoine » est traduite en latin.

C'est dire l'extraordinaire rayonnement de l'ascète, jusqu'au fond des Gaules. Bien sûr, ce rayonnement n'a pas commencé avec sa mort !
Depuis longtemps, déjà, parmi les moines qui se multiplient un peu partout, on a connaissance de celui que l'on considère comme un Père spirituel, un exemple parmi les ascètes, dont on cherche à connaître la pratique afin de rivaliser avec son exemple.
C'est une coutume depuis longtemps déjà parmi les ascètes. Les échanges d'information sont beaucoup plus intenses que nous ne l'imaginons.
Communion des ascètes.
Communion des saints.
Vie profonde de l’Église universelle !
On voit, par exemple, arriver dans la ville de Trêves, en Germanie, un évêque que l'empereur Constantin vient d'exiler pour des raisons théologico-politiques... Cet évêque se nomme Athanase.

En 356 des moines d'Occident décident de s'informer par eux-mêmes, à la source, sur cet Antoine qui vient juste de mourir.
Mais à qui s'adresser ?
Pourquoi pas à cet évêque d'Alexandrie que l'évêque de Trêves, Maximin, a hébergé ? Ils lui écrivent et lui expliquent :
Nous sommes des moines qui recherchons des exemples afin de progresser sur notre chemin de l'ascèse... Tout le monde sait que l’Égypte est une source exceptionnelle, en particulier avec Antoine dont la renommée est parvenue jusqu'à nous.
TENTATION DE SAINT ANTOINE J. BOSCH

Toujours en difficulté avec Constantin qui soutient l'hérésie arienne, il doit se cacher, probablement dans un monastère de la vallée du Nil, où il compte des amis.
Le message de ces moines inconnus le remplit d'allégresse. Rien que de repenser à Antoine lui fait du bien. Il l'a connu et aimé. Il est préférable de pouvoir fournir à ces occidentaux une documentation plus étoffée, en collectant les souvenirs de moines familiers d'Antoine.

La mauvaise saison commençant, rend la navigation difficile. Plutôt que de faire attendre ses correspondants mieux vaut donner son témoignage personnel, quitte à leur recommander de compléter leur information par ailleurs.
Ils voient ainsi que les témoignages concordent, tellement la vie d'Antoine est de notoriété publique. C'est ainsi que nous seront transmises l'histoire, l'image d'Antoine, constituées de son vivant même.

Des dissensions apparaissent parmi eux, des familiers d'Antoine se divisent, des pratiques ascétiques pas toujours bien ordonnées menacent l'avenir du mouvement monastique. L'exemple d'Antoine, par une histoire bien documentée et de bonne orthodoxie est fort à propos pour servir de repère.
Sans parler des nouveaux monastères !
Sa « Vie » est un exemple et un enseignement pour eux, pour les moines à venir aussi, en Égypte ou ailleurs, à commencer par ces latins qui lui écrivent.
Athanase a tellement conscience de cet enjeu complexe qu'il n'hésite pas à dissuader ses correspondants de se disperser pour aller chercher d'autres modèles car, pour des moines, la vie d'Antoine suffit comme modèle d'ascèse. En écrivant ces mots, ce responsable d’Église institue Antoine modèle et guide pour tous ceux qui désormais prennent au sérieux la parole de Jésus : Si tu veux être parfait...

Antoine n'a pas encore 20 ans quand survient la mort de ses parents. Désormais seul, avec sa sœur, beaucoup plus jeune.
Le jeune homme qui ne souhaite rien d'autre que vivre en sa maison se transforme en homme que les deuils et les responsabilités ne troublent pas. Loin de se laisser abattre ou disperser, il semble au contraire prendre son avenir en main, et continue son chemin intérieur avec la même fidélité.
Cette étape de transition sorte de « retraite d'élection », d'orientation va durer presque 6 mois, alimentée à 2 sources.
La première est la fréquentation de l’Église, habitude héritée de ses parents, on le sait, et dont il a fait une pratique personnelle.
La seconde source est encore davantage une pratique, un exercice, déjà presque une ascèse : Il médite en marchant.
La marche, en particulier dans ses déplacements entre sa maison et l'église, favorise son dialogue intérieur.
Nous savons ce qu'il y a au cœur de ce dialogue :
Comment, se demande-t-il, les apôtres ont-ils fait pour tout quitter afin de suivre le Christ ?
Comment les chrétiens de Jérusalem ont-ils fait pour donner ce qu'ils ont ?... Mais au-delà de ces questions, Antoine porte en lui une question tellement plus fondamentale :
Qu'est-ce qui peut les y pousser ?
Quelle est cette grande espérance qu'ils ont dans les cieux ?

TENTATION DE SAINT ANTOINE
La foi d'Antoine donne la réponse, mais ce qui lui importe est de savoir comment ressentir cette grande espérance des biens célestes à venir permettant de tout abandonner pour eux.
Telle est la recherche essentielle qui l'anime toute sa vie. A cela il songe dans sa méditation, tout en allant à l'église. Il y réfléchit, il y pense, c'est pour lui l'essentiel.
Ce jour-là on lit l'évangile de Saint Matthieu :
« Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres, puis viens et suis-moi, tu auras un trésor dans le ciel. »
Est-ce la lumière pour Antoine ? Ce n'est pas le style de ce paysan solide. Connaissant cette parole il ne pense même qu'à cela depuis plus de 6 mois sans arriver à se décider à la mettre en pratique.
Elle s'impose alors à lui pour qu'il passe à l'acte sans plus tarder...
Avec l'authentification de son projet par l’Église se fait le déclic...
Il connaît maintenant la voie qu'il doit suivre !
Il se demande comment faire...?
Dieu lui donne la réponse : L'exemple des saints le guide.
Les saints passés, les « zélés » qu'il connaît lui montrent la route. Séance tenante, sa décision est prise... Il sort aussitôt de l'église.
Ayant médité l'expérience complexe de la communauté de Jérusalem. Il est possible aussi que les « zélés » rencontrés l'aient rendu prudent, ce qui peut expliquer en partie ses hésitations.
Son objectif n'est-il pas d'être tout entier à Dieu seul ? Il va donc distribuer seulement ce qui lui parait être un obstacle, pour y parvenir :
Ce sont les terres héritées de ses parents et le mobilier de la maison. Il veut avant tout n'être pas embarrassé par quelque attachement détournant son esprit de l'essentiel, que ce soit l'inévitable tracas de l'exploitation d'une propriété assez importante, ou la présence de meubles, même si on voit mal en quoi ils peuvent l'encombrer.
BLASON DE L'ABBAYE DE SAINT ANTOINE
Il veut peut-être faire place nette, pour vivre enfin en toute simplicité son rêve d'enfant...

En homme de décision il divise ses biens en 2 lots.
D'une part les terres, dont il fait cadeau aux gens de son village. A eux ensuite d'exploiter celles-ci pour leur compte.
Le mobilier compose le second lot, qu'il vend au bénéfice des pauvres. Le souvenir des Actes l'a inspiré, mais sa décision est originale, sans imitation servile. Toujours réaliste et mesuré, il se dit qu'il ne peut pas aliéner la part d'héritage qui revient à sa sœur, ni lui laisser le poids d'une gestion qui peut l'embarrasser à son tour.
Constituant un petit capital, prélevé sur la vente des meubles, amputant un peu la part des pauvres. C'est une réserve pour elle afin d'assurer son avenir.
On est loin des sacrifices héroïques et irréfléchis chez les paysans du Nil ! Reste la maison elle-même. Il la garde pour son usage personnel, et pour sa sœur.

La vie reprend dans ce nouveau contexte. Antoine continue d'aller régulièrement à l'église. Et c'est là que, l'évangile, proclamé, va lui parler : Ne vous préoccupez pas du lendemain.
Cette phrase est pour lui, se dit-il.
Être prudent, garder des provisions jusqu'à la prochaine moisson, c'est sagesse nécessaire et louable. Or il s'aventure sur un chemin, clair dans son intention mais plein d'incertitudes sur les moyens à employer. Il y engage son avenir; Les mêmes réflexes vont jouer... Antoine garde toute sa vie ce caractère réfléchi, lui permettant de structurer les étapes... Il va chaque fois jusqu'au bout de sa pensée, mais pas plus loin !
C'est ainsi qu'après la première Parole entendu à l’Église, sa vie s'organise intégrant exigence divine et sagesse humaine.
L'expérience lui montre que la solution trouvée n'est pas satisfaisante.
Ici, c'est un inconfort intérieur.
Une autre fois, c'est l'importunité des visites...
Chaque fois il ajuste, il recrée, non pour s'adapter mais pour aller dans le sens d'une plus parfaite exigence dans sa détermination.
Après la seconde mention de l’Évangile, il va distribuer le pécule de sa sœur, l'offrant à une autre catégories de personne, aux besoins moins visibles... Antoine est trop attentif à tous pour oublier qui que ce soit. Puis il transmet la responsabilité de sa sœur à des « vierges », exerçant une activité éducative...
Antoine alors n'a plus rien.
Il est libre pour Dieu seul.
Il peut se mettre à l'apprentissage de l'ascèse.

Le mot grec « monos » (moine) ne signifie pas encore, dans l’Église ancienne, celui qui vit dans la solitude, loin des hommes, mais celui qui vit seul parce qu'il n'a pas pris femme, pour des raisons religieuses.
Le « zélé », ne peut pas, en même temps, s'occuper d'une femme, d'une famille.
L'ascète ne peut être que célibataire, s'il veut être totalement unifié dans sa quête de Dieu. Cette évidence va tellement de soi à cette époque qu'il n'est même pas imaginable de vouloir être ascète et se marier...

L'ascète Antoine s'est mis en route. Qui dit « route » ou « chemin », dit déplacement, signe du changement intérieur. Ce premier déplacement d'Antoine est symbolique ! Il quitte l'intérieur de sa maison, lieu clos, familier, de son enfance. Et part s'installer... Devant sa maison. A vrai dire, il semble que ce soit, à la façon d'autres ascètes avant lui, à l'arrière de la maison, où se trouvent porcherie, abris pour les outils etc. Point n'est besoin d'aller très loin pour se mettre en route :
Il suffit de « sortir ».
La règle qu'il se donne en est simple et fondamentale : Attentif à lui-même et s'astreignant à une rude discipline.
Il en fait un objectif délibéré, une règle de vie, une démarche spirituelle.
S'astreignant à une rude discipline. On voit apparaître pour la première fois un des traits par lesquels Antoine marque le monachisme : La grande rigueur avec laquelle la volonté impose des épreuves à tout l'être, de façon méthodique et continue... Antoine va droit son chemin, comme il l'a décidé, seul, et son chemin monte toujours.

Antoine a bien conscience de commencer une nouvelle vie. Sans penser l'inventer seul. Il va donc se mettre à l'école des ascètes venus avant lui.
Prés d'un village voisin de celui d'Antoine vit un vieillard qui attire son attention. Celui-ci vit « en solitaire » depuis sa jeunesse. Antoine va le rencontrer, pour se mettre à son écoute, et rivaliser avec lui dans le bien.
Commence alors une période très fructueuse pour Antoine, progressivement il va donner un style propre à sa vie ascétique, sans rechercher l'originalité.
regardant les « zélés » dont il entend parler.
Ils doivent être assez nombreux et Antoine, loin de s'enfermer, cherche à multiplier les ouvertures, sans s'en tenir à une seule expérience ou à un seul maître.
Bientôt Antoine a besoin de se retrouver seul avec lui-même, pour ne pas s'en tenir à une imitation extérieure, mal intégrée. L'essentiel pour lui est de mettre en œuvre les moyens de structurer l'homme intérieur dans sa détermination. Tout proche encore de l'époque où il a du bien, entouré de ses proches, il perçoit parfaitement que rôde toujours la tentation de revenir en arrière. Ne cherchant pas à l'affronter, ni à la combattre, il semble au contraire lui tourner le dos, en se concentrant sur l'objectif recherché.

Antoine pratique un travail manuel, probablement de type artisanal plutôt qu'agricole, ayant entendu la phrase de Saint Paul : Celui qui ne travaille pas, qu'il ne mange pas ! Ce travail couvre l'unique besoin auquel il ne puisse se soustraire, qui est de manger.
MONASTÈRE DE SAINT ANTOINE
Et comme il gagne plus qu'il ne lui est nécessaire pour acheter son pain, il ne diminue pas son travail, mais donne le surplus à ceux qui sont dans le besoin... Secourir les pauvres est essentiel à sa démarche d'ascète.

Attentif au contact des Écritures, de la même façon qu'il est attentif à lui-même. C'est la même attitude intérieure, rappelant l'importance d'être absolument présent avec tout son être, dans sa mémoire et dans son cœur.
Ascète du village son image se précise au point que les habitants vont lui donner un nouveau nom : « l'Ami de Dieu ». Anciens et plus jeunes l'adoptent, le font leur, sous cette identité nouvelle. C'est une famille qui se constitue autour de lui. Les plus âgés l'appellent « fils » les plus jeunes « frère ». Tout le monde l'aime bien, ce jeune homme... Tout le monde... sauf quelqu'un qui ne s'est pas encore montré :
L'ennemi du bien, le diable. Ce n'est pas Antoine qui va « chercher » l'adversaire, sortant de la ville pour l'attaquer dans ses repaires. Il ne le fera d'ailleurs jamais.
C'est l'inverse qui se passe. L'affaire commence par un constat du démon, qui voit sa jalousie excitée. Que des ascètes chevronnés le narguent, passe encore ! Mais qu'un jeune homme se mette dans la tête de rassembler en lui-même le meilleur de l'expérience des anciens et d'en porter au plus haut la réalisation, voilà qui est insupportable !

Son but est tout simplement de le faire se détacher de l'ascèse. Pour son
premier assaut, le démon se contente de sa tactique habituelle, en douceur... Avec ces jeunes gens, c'est en général de bonne guerre.
Que cette base se délite, et tout s'effondre.
Le novice ascète, Antoine, voit monter à sa conscience le souvenir de ses biens, le souci de sa sœur, ses relations de famille, l'amour de l'argent, le désir de la gloire, le plaisir varié de la nourriture, les autres agréments de la vie, enfin l'âpreté de la vertu et les grands labeurs qu'elle demande.
Le démon lui représente également la faiblesse de son corps et le long temps qu'il lui reste à vivre.
Antoine ne s'arrête à aucune question, il ne revient sur aucune objection, ne discute ni ne rétorque.
Immédiatement il développe une contre-stratégie à cette tentative de déstabilisation. Il renforce d'abord sa détermination et le démon faiblit.
Puis il se tient avec constance à son objectif, et le diable se sent vaincu.
Il réactive enfin sa grande foi et ses prières continuelles, et l'ennemi, mis en fuite, succombe.

Antoine vient de franchir la première étape du chemin spirituel, la plus courante, puisqu'il suffit au démon d'utiliser notre cœur et nos pensées familières contre nous-mêmes.
Vient alors la seconde étape, où le démon stimule les sources profondes et puissantes des pulsions, et chez cet homme jeune, il s'adresse à la passion dominante, la sexualité...
Images, hallucinations, obsessions vont faire remonter ce qu'Antoine a refoulé Le trouble est tel que cela se voit sur son visage, rougissant.
Les pensées obscènes, l’excitation des sens redoublent.
Antoine se jette dans la prière et met en place sa stratégie spirituelle : Fortifier le corps, par la foi, les prières, les jeûnes.
Autrement dit, il réagit en structurant de mieux en mieux ce qui sera l'ossature de sa vie spirituelle.
L'épreuve lui fait faire un grand pas.
La stratégie d'Antoine est efficace, chaque fois, le démon est contraint de se dévoiler davantage, perdant de sa force. Chaque fois qu'il est dominé, il a recours aux sortilèges... Tout misérable il est réduit à prendre dans les rêves du moine l'aspect d'une femme.
Lucide, Antoine ne tombe pas dans le piège, il rentre en lui-même, mettant le Christ en son cœur, méditant sur la noblesse qui vient de lui, sur sa dignité intérieure... La puissance de la pulsion demeure, et affecte vivement Antoine, l'emplissant de colère et de tristesse. Il évoque alors dans son cœur les plus terribles conséquences qu'il puisse imaginer au cas où il se laisserait séduire. la menace du feu et le tourment du corps.
L'épisode se termine par un changement notable de ton, le démon n'exalte pas la chair, le corps, mais au contraire il les méprise. Le vainqueur, à l'inverse est lui, un homme de chair et de sang, à l'image du Christ fait chair, en qui il trouve aide... Antoine est prés de la confrontation ultime, marquée par les dévoilements progressifs de l'adversaire... Au diable succède le « dragon », tout en fureur devant de désastre subi. Il s'agit toujours, bien sûr, du démon, mais du démon qui affronte Dieu, à l'instar de celui de l'Apocalypse. Sa fureur est bien réel : Il vient de se faire rejeter du cœur d'Antoine. Plus encore, le diable est expulsé du personnage « séducteur-séductrice » dont il a pris les traits.

Pour Antoine, tout est maintenant clair, à tel point qu'en quelques mots il va résumer l'attitude dont il ne se départit jamais et qu'il enseigne à ses disciples.
Le moment est venu pour Antoine, pour la première fois et de façon solennelle, de porter contre son adversaire la parole décisive, celle qui le dévoile tout entier : Tu es spirituellement noir et faible comme un enfant. La force du démon tient dans ses masques. Celui qui, par grâce de Dieu, les lui arrache a partie gagnée. Antoine en a tout à fait conscience qui, au seuil de sa vie d'ascète, peut ajouter sereinement : Je n'ai plus aucun souci à ton sujet.

CRUCIFIX DES FRANCISCAINS
Antoine est, à ce moment de sa vie, en train de parachever sa structure, de redonner son « style ». C'est dire l'importance pour lui du personnage maintenant évoqué : Le grand prophète Elie, référence essentielle pour Antoine et pour tout courant ascétique...
Ainsi se termine la phase de la vie d'Antoine, dans l'ermitage qu'il s'est donné aux abords de son village.
Le contexte culturel égyptien, avec son rapport spécifique aux tombeaux et à l'au-delà, ne doit pas être sous-estimé si l'on veut comprendre le choix d'Antoine. Athanase ne parle pas des tombeaux car on trouve aussi dans cet espace de petites constructions sommaires à usage de tombeaux. C'est dans l'une d'elles que s'installe Antoine conservant juste le lien d'un ami venant lui apporter du pain à de longs intervalles.
Antoine peut enfin vivre comme il l'a décidé : Aller seul, par le chemin de l'ascèse, droit au but, qui est Dieu, seul. L'ennemi du bien, a bien conscience des conséquences de la démarche d'Antoine, il emploie tout de suite les grands moyens : Assaut en règle... Antoine, accablé de coups reste étendu au sol, comme mort, souffrant au-delà de tout ce qu'il peut imaginer.
Heureusement le Seigneur veille. Dés le lendemain matin survient son ami, avec le pain. Il le découvre inanimé et le porte vers le seul lieu source de vie imaginable : L'église du village, Antoine reprend conscience, sous le regard de ses parents, de ses amis, ameutés, et qui vont le veiller tout le jour. La nuit vient. Tout le monde s'endort, sauf son ami. Antoine lui fait signe de s'approcher et le prie de le reprendre et de le reporter aux tombeaux, sans éveiller personne.
Ses blessures l'ont laissé dans un état de faiblesse extrême. Il ne peut même pas prier debout. Qu'à cela ne tienne ! Sans s'apitoyer sur lui-même, il décide qu'il priera couché, car prier là est sa raison d'être.
Or voici qu'à la sortie de sa prière, il crie : Me voici, moi, Antoine. Et pour la première fois, c'est lui qui prend l'initiative, qui défie l'ennemi.
Antoine ignore à tel point la panique qu'il peut rester parfaitement lucide, et même se moquer de ces attaques simulacres, les excitant avec hardiesse : Si vous pouvez, si vous avez reçu pouvoir contre moi, ne tardez pas, attaquez.
Si vous ne pouvez pas, pourquoi vous déranger en vain ?
Notre foi au Seigneur est notre sceau et notre mur de protection.
C'est dans la foi qu'Antoine trouve sa force.
Or Antoine se sait entouré, protégé par le Seigneur, à la mesure de l'attachement qu'il lui porte.

Antoine a environ 35 ans, il achève le premier tiers de sa vie. C'est le moment que choisit le Seigneur pour intervenir.
Le grand combat initiatique ne vient-il pas de se terminer ? Ce n'est pas si sûr ...
Le moment décisif est encore à venir, et il est là ! Pendant la bataille, on se bat, totalement adossé à l'urgence. Ou bien, on fuit. Les questions, c'est pour après.
C'est le moment de la grande confrontation choisi par le Seigneur.
Levant les yeux au ciel, Antoine voit le ciel ouvert et un rayon de lumière descendre jusqu'à lui. Remontent à la mémoire, parmi bien d'autres épisodes : Le baptême au Jourdain - la Transfiguration - la Cène - la Pentecôte... Là est le secours annoncé par le Seigneur : Après la nuit du démon, la lumière de Dieu descend. Une vie nouvelle commence pour lui.

A nouvelle étape, nouveau déplacement. A son habitude, Antoine ne traîne pas. A peine le jours levé, il s'en va encore plus ardent non à la recherche de l'ascèse, comme auparavant mais au service de Dieu. Ce n'est plus tout à fait le même homme. Pour la première fois son but est défini comme une mission. Et pour la première fois aussi, il crée un chemin nouveau : Aller vivre au désert. Avec prudence toutefois... comme toujours, peut-être accompagné de son vieil ascète, Mais cet ancien refuse de partir avec lui : il se juge trop vieux. Puisqu'il en est ainsi, il ira seul.

Son troisième exode, le plus radical va s'achever. Traversant le Nil vers le désert, il trouve un fortin abandonné par les Romains, et va s'y établir à demeure. Antoine a en effet conscience que jusque-là il s'agissait d'étapes préparatoires, donc provisoires. Depuis le dialogue d'alliance avec le Seigneur, une stabilité intérieure s'est installée. Une puissance mystérieuse émane désormais de son être transformé, Antoine s'organise, s'installe. Il protège sa solitude en bouchant l'entrée. Pour la nourriture, les Thébains savent faire du pain qui peut tenir 6 mois. On le lui fera passer par-dessus le mur...
C'est du jour où Antoine s'établit dans la plus rigoureuse solitude, en plein désert, que son rayonnement commence. Ce sont d'abord les familiers d'Antoine qui trouvent sa trace, probablement des « zélés ». Antoine est inflexible, porte fermée. Les familiers ne sont pas rebutés, ils s'installent à l'extérieur, jour et nuit.
Athanase résume alors les 20 ans qu'Antoine va vivre dans ce fortin du désert : Antoine reste. Les démons ne peuvent lui faire aucun mal ; il ne se lasse pas de les combattre. il n'est pas mort, il chante, il psalmodie. Et ce sont des psaumes de victoire ! C'est l'Antoine contemplatif, favorisé de visions célestes. Il n'est pas seulement l'athlète de l'ascèse. Il est rendu fort chaque jour davantage par la présence du Seigneur.
CLÔITRE SAINT ANTOINE

Antoine reste toujours cloîtré ! Qu'est-ce qui pourra faire sortir de sa réclusion cet ascète obstiné ? Dehors et dans les villages on s'impatiente. Il y a de quoi ! Cela fait plus de 20 ans que certains attendent de recevoir de lui son enseignement pour imiter son ascèse ! Cela suffit ! Alors un jour ses amis viennent, brisent et enfoncent sa porte. Antoine sort, sans aucune réaction apparente. Il est au-dessus de ce tumulte, ou au-delà.
Antoine spirituellement pur, est devenu un être transparent, sans mélange, unifié, à l'opposé du démon, spirituellement noir. Au reste, c'est un Antoine en parfait équilibre qu'ils ont devant eux : Ni resserré par le chagrin, ni dilaté par le plaisir, la multitude ne le trouble pas, tant de gens qui le saluent ne lui donnent pas de joie excessive.
Athanase nous le montre ensuite commençant sa nouvelle vie, la seconde moitié, consolant les malheureux, réconciliant les gens en discorde, exhortant par un discours persuasif à prendre le chemin de l'ascèse. C'est ainsi que des monastères s'élèvent dans les montagnes et que le désert se peuple de moines, d'hommes ayant renoncé à tous leurs biens et donné leur nom à la cité des cieux. Cette dernière formule résume et achève la migration d'Antoine vers la cité des cieux, objet de tout son amour.
Antoine va maintenant se partager entre la solitude nécessaire et le service des ascètes et de l’Église. Il devient ainsi comme le père de tous les monastères. Par son enseignement, qui va occuper la seconde partie de sa Vie - par son action et son exemple, jusqu'à la vieillesse et la mort - il va devenir le père des moines pour la postérité. (fin du livre)
Jacques Guichard

Dans la religion chrétienne la capitale majuscule « Tau » = T grec ou bien Taw (dernière lettre de l'alphabet hébreu) est d'abord le signe des religieux et chevaliers Antonins (ordre de saint Antoine Le Grand), lesquels s’occupent des lépreux et le portent avec une clochette en amulette gravé. Cette lettre est ensuite devenue le symbole Franciscain par excellence car il a la forme d'une croix, celle du Christ.
Dans la Bible, il a une importance particulière et dans l'histoire de l'art, une longue tradition. Le pape Innocent III l'évoque lors de l'ouverture du concile du Latran IV (1215) comme un signe de pénitence.
Saint François d'Assise utilise souvent ce signe. Il l'a dessiné sur des maisons, des murs et des arbres. Avec ce signe il bénit les hommes et signe ses lettres. Ainsi, nous le trouvons dans la bénédiction à frère Léon quand ce dernier est dans l'urgence et la crainte. Cela signifie pour frère Léon force et réconfort. Cette bénédiction du saint il la porte constamment sur lui.
Le Tau est pour François le signe de l'élection divine, comme cela est décrit dans le livre du prophète Ézéchiel au chapitre 9, verset 4 : « Marque d'un « taw au front » et verset : «Ne touchez pas quiconque porte la croix au front. »

Dans le néo-gnosticisme
À la fin du XIXe siècle, les cultes néo-gnostiques tels que l'Église gnostique de France reprennent le symbole du Tau, arboré par leurs évêques. Le mot « Tau » est également utilisé dans la titulature de ces derniers.
Saint Antoine le Grand - Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_le_Grand
Antoine le Grand, Antoine d'Égypte, Antoine l'Ermite est considéré comme le fondateur de l'érémitisme chrétien. Sa vie nous est connue par le récit qu'en a fait Athanase d'Alexandrie vers 360. Il serait né vers 251 et mort vers 356 à l'âge de 105 ans, entre les bras de ...
Termes manquants : année
Messager des sciences et des arts, publ. par la Société royale des ...
https://books.google.fr/books?id=8GUFAAAAQAAJ
Messager des sciences historiques
Saint Antoine le Grand, patriarche des cénobites. — 17 Janvier. — 251-356. ... maladie contagieuse, appelée feu sacré, se déclara en Europe, en l'année 1089.

lundi 30 mai 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 357

16 MAI 2016...

Cette page concerne l'année 357 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

ESTIMATION ET SOUS-ENTENDU DES TERMES : BARBARES ET MIGRATIONS.


Le roi de Perse Shapur II fait campagne contre les Chionites (Kidarites) et les Alains (356-358) et réussit à obtenir leur alliance contre Rome

Les Alains (en latin Alani en grec Alanoi) sont un peuple « scythique », mentionné à partir du Ier siècle dans les steppes au nord du Caucase, dont l’Ossétie ou Alanie est l’avatar actuel : Les Ossètes d’aujourd’hui, qui vivent de part et d’autre de la passe de Darial ou Dar-i-Alan, la « passe des Alains », se présentent comme les descendants directs des Alains, qui sont des cavaliers nomades apparentés aux Sarmates et très proches des Iazyges et des Roxolans.

Le mot « Alains » apparaît, semble-t-il, pour la première fois dans une pièce de Sénèque, Thyeste, probablement écrite entre 41 et 48. Sénèque se borne à mentionner au passage les « féroces Alains ». La première mention de leurs raids est due à l’historien juif du Ier siècle de l'antiquité romaine, Flavius Josèphe, qui signale que « les Alains sont une tribu de Scythes, habitant sur les bords du Tanaïs et du marais de la Méotide… », c’est-à-dire entre le Don et la mer d'Azov.
À cette époque, les Alains apparaissent aux abords de l'Iran, où leurs incursions sont l’une des causes de la chute des Parthes. Les Sassanides qui leur succèdent établissent en 226 un empire durable, refoulant les Alains aux confins du Don, de l’Oural et du Caucase, où ils fondent alors un semblant de royaume éphémère.

En 375, date du début des « Grandes invasions », une partie d’entre eux prend la fuite devant les Huns de Balamber et se retrouve en Germanie et en Gaule
À l’est, leurs lointains cousins, après avoir survécu aux massacres des Mongols ou des Tatars de Tamerlan au XIIIe / XIVe siècle, et après avoir assimilé d’autres éléments caucasophones, vivent encore actuellement dans le Caucase sous le nom d’Ossètes. Ces derniers sont majoritairement de religion chrétienne orthodoxe, avec une importante minorité musulmane. Une petite partie d'entre eux, alliés aux Mongols, vivent encore aujourd'hui en Mongolie, où ils portent le nom d'Asud...

Sur le plan culturel, seuls les Alains des Ier – VIe siècles sont des cavaliers nomades ou semi-nomades.
Les grands mouvements migratoires des populations Germaniques commencent bien avant leur arrivée dans l’empire. C’est dans la 2e moitié du IIe siècle que les Quades, Marcomans, Lombards et Sarmates font leur apparition sur le Danube et envahissent les provinces de Rhétie, Norique, Pannonie et Mésie.
Au début du IIIe siècle, les Alamans font leur apparition et menacent le limes de Germanie à la charnière entre le Rhin et le Danube.

En 233, la recrudescence des menaces sur le Danube force l’empereur Sévère Alexandre à ramener les Illyriens d’Orient. L’année suivante, les Alamans envahissent le secteur Rhétique du limes et poussent vers les champs Décumates.
Une décennie plus tard, franchissant le limes, les Alamans parviennent à leur tour en Rhétie.
Au début de la deuxième moitié du IIIe siècle, les Alamans et les Francs envahissent la Gaule. Repoussés outre-Rhin par l’empereur Gallien, les Francs reviennent en Gaule dans les années 260 alors que les Alamans font de même à partir la de Rhétie.
Des groupes se rejoignent alors et poussent vers le centre et le sud-est de la Gaule. Certains parviennent même en Espagne et en Maurétanie, d’autres envahissent l’Italie où ils sont battus par Gallien à Milan. Après le bref règne de l’empereur Claude, l’empereur Aurélien doit se battre en Pannonie contre les Vandales et les Sarmates pendant que les Juthunges envahissent l’Italie, ils sont arrêtés à Fano et Pavie.

En 275, les Francs pénètrent plus avant en Gaule par le Rhin et la Meuse pendant que les Alamans progressent en suivant les vallées de la Saône et du Rhône.

Deux années plus tard, Probus met fin à leur invasion en Gaule et, en 278-279, délivre la Rhétie des Burgondes et des Vandales.

On connaît les nombreux mouvements migratoires qui ont lieu au-delà de l’horizon Romain par des récits émanant de traditions orales et mis par écrit alors qu’ils prennent une dimension mythique. L’une des plus connues de ces traditions séculaires est la soi-disant « De origine actibusque Getarum », ou Histoire des Goths (aussi connue sous le nom de Getica) de Jordanès qui date du VIe siècle.

On sait maintenant que les Goths sont partis de la région de la Vistule au IIe siècle, et se sont dirigés vers la mer Noire, chassant d’abord les Daces de leur territoire et les forçant à se réfugier en Transylvanie.
Les Goths occasionnent ainsi le premier grand mouvement migratoire en refoulant les Vandales et les Marcomans vers le sud et les Burgondes vers l’ouest. Ce déplacement de peuples est l’une des causes des guerres avec les Marcomans au cours de laquelle les Romains n'ont pu venir à bout des Germains qu’avec difficulté. Au cours des années 50 et 60 du IIIe siècle, profitant de la crise du IIIe siècle, des bandes de Goths s’avancent toujours plus avant sur le territoire de l’empire.

En 252-253, ils ravagent les côtes de l’Asie mineure ainsi que la rive droite du Rhin avant d’envahir les Balkans et la Grèce par terre et par mer en 267.
Ils sont écrasés par Claude à Naïssus en 269.
En 275, les Goths, aidés cette fois des Alains, envahissent à nouveau l’Asie Mineure jusqu’en Cilicie. 3 ans plus tard, Probus lance une campagne contre eux et parvient à nettoyer la région du Danube.
Au cours des années 290, les Goths se divisent entre Thervingues/Visigoths et Greuthungues/Ostrogoths. Les Greuthungues ou « Goths de l’Est » s’établissent près de la mer Noire là où se trouve aujourd’hui l’Ukraine.

Les Thervingues ou « Goths de l’Ouest » se dirigent d’abord vers la péninsule des Balkans pour s'établir dans un territoire au nord du Danube connu de nos jours comme la Transylvanie.
Les Thervingues viennent ainsi en contact direct avec Rome ce qui entraîne des conflits militaires qui ne sont cependant pas décisifs.

En 332, les Goths vivant près du Danube obtiennent le statut de foederati ce qui les oblige par traité à apporter une assistance militaire aux Romains.
La migration des Goths revêt une importance particulière en raison des événements qui ont suivi : Non seulement l’invasion des Huns en 375 les chasse- de leur nouveau territoire, mais encore entraîne de fréquents déplacements des Goths au cours desquels Rome doit lutter pour sa survie.

À peu près à la même période, les Lombards quittent la région située entre la mer du Nord et Hambourg sur l’Elbe pour se diriger vers la Moravie et la Pannonie.
De petites incursions dans les territoires contrôlés par Rome sont repoussées ou se traduisent par des rectifications mineures de la frontière.
Plus à l’Ouest, la confédération des Alamans force Rome à abandonner le limes Germano-Rhétique, les Alamans font sentir leur pression de Mayence à Ratisbonne, soit à la fois sur le Palatinat, l’Alsace, la Suisse et la Cisalpine.

Plusieurs tribus s’établissent le long de la frontière de l’empire et, en tant qu’alliées, servent de zones tampons contre les autres tribus ennemies.
Rome tire les leçons qui s’imposent des invasions du IIIe siècle et, dès le début du IVe prend les mesures appropriées.
Depuis la fondation de l’empire Perse des Sassanides, Rome est menacée sur plusieurs frontières à la fois. Les combats violents avec les bandes Perses ont monopolisé les forces Romaines et ont ainsi rendu possibles les invasions Germaniques du IIIe siècle.
Il devient donc nécessaire de rendre l’armée Romaine plus efficace et plus mobile.
Les empereurs Dioclétien et Constantin Ier, après avoir réparti l’armée entre comitatenses (armée de campagne ou d’accompagnement de l'empereur) et limitanei ou armée de protection des frontières, reconquièrent les territoires sur le Rhin et le Danube au nord, y construisent plusieurs fortifications et renforcent les frontières du Nord et de l’Est. La bataille de Strasbourg, disputée en 357 entre l'armée de l’Empire Romain dirigée par le César Julien et la confédération tribale Alamane conduite par le roi Chnodomar, marque le point culminant de la campagne pour empêcher les incursions Barbares en Gaule et rétablir une ligne défensive forte le long du Rhin, ligne gravement endommagée pendant la guerre civile de 350 - 353 entre l'usurpateur Magnence et l'empereur Constance II.

En dépit des difficultés qu’occasionne le regroupement au cours du IIIe siècle de diverses tribus en confédérations (Alamans et Francs) ainsi que la guerre qu’elle doit simultanément conduire contre les Perses, Rome réussit à repousser militairement toutes ces attaques et à reprendre en 378 l’initiative des campagnes. Toutefois, l’invasion brutale des Huns change radicalement le cours des événements.
L’armée Romaine a atteint la limite de son efficacité et ne peut faire montre de plus de flexibilité. Cet état de choses ainsi que les augmentations en taille et en force des tribus migrantes sont les deux principales caractéristiques qui marquent les mouvements migratoires ultérieurs et les distinguent de ceux des siècles précédents

« Le peuple des Huns, dont les antécédents sont assez mal connus, habite au-delà de la mer d’Azov (alors connue comme paludes Maeoticas) près de la mer de glace et est d’une nature on ne peut plus sauvage […] Cette race d’hommes indomptables et habiles au combat ne vit que pour voler les biens des autres, pillant et assassinant, elle attaque ses voisins de proche en proche jusqu’à ce qu’elle arrive au pays des Alains, les Massagètes d’autrefois...
Ammien Marcellin, Res Gestae, 31,2,1 : 31,2, 12.

Les mémoires de l’historien et ancien officier Romain Ammien Marcellin dans son 31e livre sont les seuls qui donnent une vue d’ensemble détaillée des invasions Hunniques.
Quoi qu'il en soit, Ammien décrit les Huns comme des bêtes plutôt que comme des êtres humains. Il dépeint comment les Huns défont d’abord les Alains, puis détruisent le royaume Gothique d’Ermanaric en Ukraine, avec l’aide des Alains. On ignore précisément encore aujourd’hui d’où les Huns sont originaires.
On a longtemps cru qu’ils sont apparentés aux Xiongnu que l’on retrouve dans les sources Chinoises.
La plupart des chercheurs contemporains ou bien rejettent cette hypothèse ou demeurent à tout le moins sceptiques, car un intervalle trop considérable sépare l’apparition des deux groupes.
Quant aux causes qui poussent les Huns à migrer, on ne peut que spéculer.
Les sources antiques concordent sur leur cruauté et leur manque de culture, par la suite, les auteurs occidentaux utilisent généralement le terme pour décrire tout groupe originaire des steppes d’Asie Centrale (comme on le fait aussi pour le terme « Scythes »). Les auteurs chrétiens sont prompts à voir une punition de Dieu dans l’émergence subite des Huns dont la brutalité et la rapidité d’action sont aussi légendaires que la nouvelle arme qu’ils utilisent.

Il est établi que les Huns, qui n’ont pas de commandement unifié, déclenchent la fuite désordonnée de nombreuses tribus Germaniques et Sarmates vers le sud et l’ouest de l’Europe. Ils s’en prennent d’abord aux Alains dont certains rejoignent leurs rangs pour attaquer les Greuthungues.
Ces derniers ayant vu leurs chefs, Ermenaric et Vithimer, périr dans l’une des nombreuses batailles qui les opposent aux Huns fuient vers le territoire des Thervingues en compagnie desquels ils se dirigent vers le Danube pour demander à l’empereur Valens qui dirige la partie Orientale de l’empire la permission de se réfugier dans l’Empire Romain et de s'installer en Mésie (la Serbie et la Bulgarie actuelles).
L’empereur finit par consentir à leur requête en 376. Des milliers de Thervingues et autres réfugiés se présentent ainsi aux frontières du limes. Sans doute, a-t-on sous-estimé du côté des Romains le nombre de ces réfugiés que l’on néglige de désarmer.
Les autorités chargées d'organiser l'accueil des Goths, plus préoccupées par les possibilités de tirer un profit immédiat de la situation que de gérer la crise au mieux, sont vite débordées.
L'administration n’est pas préparée à prendre en charge des populations aussi importantes de telle sorte que les Goths doivent patienter longtemps sur les 2 rives du Danube.

Le comes de Mésie, Lucipinus, revend à un prix exorbitant les matières premières et les ressources alimentaires que l'Empire a mis à sa disposition pour la construction de centres d’hébergement, si bien que les Goths sont rapidement réduits à la famine et qu’au début de 377, ils se révoltent contre les Romains. (1 700 ans plus tard rien n'a changé sous le soleil, l'Est arrive en masse et les passeurs s'engraissent du malheurs de ceux qui quittent leur pays, laissant ces malheureux déferler dans des pays en difficulté qui n'en peuvent mais ! )

De prime abord, les événements qui suivent ne semblent guère présenter un grave danger. L’empereur Valens abandonne l’idée d’une campagne contre les Sassanides et rassemble ses troupes pour marcher contre les Goths de Thrace. Mais au cours de l’été 377, les Romains réalisent qu’il ne sera pas aussi facile de vaincre les Goths qu’ils l’ont d’abord cru.
L’empereur se rend lui-même en Thrace au printemps de 378 et mute de nombreux officiers supérieurs.
Gratien, le neveu de Valens et César d’Occident a également promis son aide, mais ne peut y donner suite en raison d’une attaque des Alamans, ceci doit amener Gratien à conduire une opération outre-Rhin, la dernière que dirige un empereur Romain.
Le 9 août eut lieu la bataille d'Andrinople (aujourd'hui Edirne en Turquie Européenne) entre les Goths commandés par Fritigern et l’armée Romaine.

Valens et quelque 30 000 soldats, l’élite de l’armée de l’Est, se déploie en rase campagne.
De leur côté, les Thervingues ont également reçu des renforts sous la forme de la « confédération des 3 peuples », formée de Greuthungues, d’Alains et de quelques Huns déserteurs, laquelle veut se soustraire à la domination des Huns. De plus, les espions Romains ont sous-estimé la force de l’armée ennemie composée de quelque 20 000 soldats.
Les Romains exténués par leur longue marche sous un soleil de plomb et sans approvisionnement suffisant, se trouvent dépourvus devant la cavalerie hautement mobile de leurs ennemis pendant que l’infanterie des Goths les assaille de toutes parts. Seul le tiers des forces Romaines peut s’échapper et l’empereur Valens tombe au combat.
Avec lui, de nombreuses unités d’élite de l’armée d’Orient sont anéanties de même qu’un grand nombre d’officiers supérieurs dont deux des plus hauts gradés.
Ammien, qui écrit son ouvrage entre 391 et 394, la termine avec la bataille d’Andrinople qu’il compare à la bataille de Cannes où Hannibal remporte une bataille décisive sur les légions Romaines au cours de la 2e guerre Punique.

DIYARBAKIRWALS
Les travaux menés depuis la Seconde Guerre mondiale ont conduit à remettre en question aussi bien le concept d’« invasions Barbares » utilisé dans plusieurs langues romanes, que celui de Völkerwanderung (migration des peuples) utilisé dans les langues germaniques. Les historiens Allemands et Germanophones préfèrent le terme, moins péjoratif, de « migration des peuples », tandis que la plupart des historiens Anglo-Saxons parlent aujourd'hui de « Migration Period » pour évoquer cette période de l'histoire.
Chacun des deux termes de l’expression « invasions barbares » pose problème. Le mot « invasion » implique un groupe homogène qui fait une entrée soudaine et violente sur le territoire d’une population autochtone et, par le pillage et la destruction, soumet, chasse ou annihile celle-ci.
Divers modèles ont été élaborés au cours des dernières années, modèles qui remettent en cause l'image traditionnelle d’une communauté compacte se mettant collectivement en marche au même moment, de même qu'elle nuance le caractère systématique de violence...
Ces modèles sont de 2 types, nullement exclusifs. Le premier modèle appelé « avancée par vagues » part du principe que les civilisations agricoles, voyant croître leur population et par conséquent leurs besoins en nourriture, se sont étendues progressivement aux dépens des civilisations de chasseurs-cueilleurs qui les entourent.
On peut penser par exemple à la colonisation de l’Amérique où les Européens, toujours plus nombreux, se sont emparés progressivement des terrains occupés par les populations indigènes.
Le second modèle est celui du « transfert des élites » où, de petits groupes conquièrent un territoire déjà peuplé dont ils remplacent l’élite dominante tout en laissant en place les structures sociales et économiques traditionnelles.
On pense ici à la conquête de l’Angleterre par les Normands : La population locale demeure sur place, mais est soumise par la force des armes à un groupe étranger. (s'il suffisait de changer les mots pour transformer une invasion en une promenade touristique bien des drames seraient ainsi gommés, et si le fait de chasser devant soi des populations dont on a envie de prendre la place ne présente pas un caractère belliqueux alors on réécrit l'Histoire à la sauce bisounours et les pays envahis n'ont plus qu'à fermer leur g...)

Le second problème est lié au mot « barbare ». Les Romains, et les Grecs avant eux, regroupent sous ce terme tous ceux qui ne parlent pas leur langue et ne partagent pas leur modèle de civilisation basé sur la cité et l’écriture. Avec l’extension du christianisme apparaît un deuxième clivage, cette fois entre chrétiens et païens, le terme « Barbare » étant alors utilisé pour décrire des populations non ou faiblement christianisées. D’où le sens péjoratif de non-civilisé qui est associé à ce terme et par voie de conséquence les préjugés de « cruel », « féroce », « inhumain » que véhiculent les sources : (nonobstant ces explication sectaires, les peuples qui ont vu arriver dans leur contrées des hommes armés, criants, peinturlurés et belliqueux pillant, violant et incendiant maisons et récoltes aident à comprendre ce terme de « barbare » dans le sens où nous l'entendons encore aujourd'hui)

« Des nations innombrables et féroces se sont rendues maîtresses de la Gaule. Tout le territoire compris entre les Alpes et les Pyrénées, l’Océan et le Rhin a été dévasté par les Quades, les Vandales, les Sarmates, les Alains, les Gépides, les Hérules, les Saxons, les Burgondes, les Alamans, les Pannoniens… Mayence a été prise et détruite, et des milliers d’hommes égorgés dans l’église. Worms est tombé après un long siège. Reims…, Arras…, Tournai, Spire, Strasbourg, ont été transférées en Germanie, Aquitaine, Novempopulanie, Lyonnaise, Narbonnaise ont été dévastées ». (c'est hélas la triste vérité, ces premières invasions ont été suivies encore et encore par d 'autre envahisseurs d'autres peuples... certains se sont fondus dans le paysages en adoptant les mœurs des pays occupés d'autres ont été bien plus menaçants en tentant par tout les moyens de transformer durablement la physionomie des peuples rencontrés, par la force, les mariages, ou tous autres moyens de coercition).

Dans de nombreux cas, l’arrivée d’étrangers s’est effectivement accompagnée de violence à l’endroit des populations existantes. Mais dans d’autres cas, les territoires où arrivent les migrant sont vides d’occupants, les nouveaux venus peuvent dès lors s’y installer sans brutalité même s’il s’agit d’un territoire appartenant à l’Empire Romain... Là où existe une population autochtone, surtout si celle-ci possède une civilisation supérieure, c’est souvent cette dernière qui procède à l’acculturation des nouveaux arrivants, moins nombreux qu’elle. (ce n'est pas toujours vrai car certains arrivants sont déterminés à imposés leur culture au complet sans prendre en compte les autochtones en n’admettant pas que la culture rencontrée vaut la leur ou est parfois supérieure. Ce qui amène la première à un déclin fatal.)

La notion allemande de Völkerwanderung ou « migration des peuples » pose également problème. Elle présuppose, tout comme l’expression française, la « migration », c’est-à-dire le déplacement de toute une population quittant massivement le territoire ancestral pour faire fortune ailleurs.
La réalité, comme le démontre la recherche, est plus complexe. Certes, il y eut des migrations massives, comme celle de dizaines de milliers d'Ostrogoths qui quittent la Pannonie pour les Balkans en 473, groupe qui atteint presque
100 000 personnes en raison de l’ajout d'Ostrogoths de Thrace et de réfugiés Ruges, lorsqu’ils quittent les Balkans pour l’Italie en 488. Mais, dans de nombreux autres cas, il est plus que probable qu’il se soit agi de petits groupes d’individus particulièrement aventureux, qui
pour diverses raisons (climatiques, économiques, politiques ou par simple recherche de richesse et de gloire). (Il semble que pour complaire au politiquement correcte on transforme tout immigrant en découvreur de terres vierges, et que l'on fasse de ces derniers des opportunistes assoiffés de conquêtes guerrières à l'images de quelques aventuriers tel Pizaro, Cortés, ou Balboa. En effet ceux-là sans sont partis à l'aventure sans leur famille... Dans un premier temps, ensuite ils sont revenus avec leurs familles, et, aussi des « colons » pour peupler des terres qui au premier abord semblaient inoccupées. Là encore découvreur et colons ont finis à se fondre dans le paysage. Ainsi, de nombreuses scissions se sont produites chez les Hérules et amenèrent les uns en Scandinavie, les autres à se subordonner aux Gépides, ou à l’empire d’Orient.


Par ailleurs, ce terme de « migration » fait référence à un processus que l’on conçoit de nos jours de façon bien différente que dans le passé. Le rapport que Jordanès fait de la migration des Goths vers la mer Noire a longtemps servi de modèle au concept traditionnel :
« Lorsque son peuple s'est beaucoup augmenté en nombre, le roi Filimer, fils de Gadaric […] prend la décision que l’armée des Goths et leurs familles doivent quitter cette région (près de la Baltique)... Dans leur recherche de lieux habitables et plaisants, ils arrivent en Scythie, que l’on appelle Oium dans la langue locale, et sont enchantés de la richesse du pays, on dit que lorsque la moitié de l’armée eu traversé la rivière, le pont s’écroula de telle sorte que personne ne pu passer d’une rive à l’autre. […] Cette partie de l’armée qui a traversé la rivière et qui est entrée avec Filimer dans le pays de Oium prend possession de cette terre convoitée. Elle fait bientôt face à des gens de la race de Spali, il y a combat et l’armée de Filimer est victorieuse. De là, les vainqueurs se hâtent vers les confins du pays Scythe qui est près de la mer Noire. » (à moins de changer la définition du mot envahir qu'est-ce donc que ce voyage de Filimer)
L’impression que l’on retire de cette description est celle d’un roi unique qui conduit un peuple unifié vers de nouvelles terres et fonde un nouveau royaume après avoir vaincu (et probablement chassé) les populations autochtones. D’une part, ce modèle étendu à l’ensemble des migrations ne rend pas compte des différences existant entre les invasions des IIe / IIIe siècles et celles des IVe / Ve siècle, d’autre part, il ne correspond pas à la réalité des faits.
Dans le cas précis que décrit Jordanès, il est avéré que non seulement les Goths mais toute une série de peuplades Germaniques prennent part à cette migration.
Par ailleurs, celles-ci n’agissent pas comme un groupe unifié : Aucune autre source que Jordanès ne fait référence à un Filimer qui aurait été l’unique chef des Goths, elles mentionnent au contraire divers chefs comme Cniva, Argaith, Guntheric, Respa, Veduc, Thuruar et Cannabaudes. (certes mais toutes ou presque se mettent en route pour occuper, conquérir, envahir)

D’autres sources montrent que divers groupes opèrent de façon différente, les uns par terre, s’alliant parfois à des tribus différentes, (l'union fait la force) les autres par mer, sur un vaste territoire s’étendant de l’embouchure du Danube jusqu’à la Crimée distante de plus de 1 000 kilomètres. Enfin, le résultat de cette migration est, non pas la création d’un seul royaume comme le sous-entend Jordanès, mais de plusieurs. Selon Heather, Jordanès a simplement plaqué la réalité Goth du VIe siècle où il a vécu sur le IVe siècle.
De la même façon, la notion de « peuple » héritée de l’ère des nationalités représentant des groupes sociaux homogènes fermés aux étrangers ne peut s’appliquer aux premiers siècles de notre ère. Ne serait-ce qu’en raison des difficultés de transport, les « peuples », si on se réfère à une notion géographique, se limitent souvent à ce qui n'est aujourd’hui qu’un département. (ce qui ne nuit en rien au termes de peuple, ils ont les mêmes coutumes mes mêmes Dieux et la même langue) En termes de société, et en dépit de ce qu’impliquent les termes latins de gentes ou de nationes, le terme de tribu ou de peuplade serait plus adéquat pour décrire la réalité que celui de peuple. Dans de nombreux cas, on voit de petites communautés s’intégrer à des collectivités plus importantes. Ainsi, on pouvait trouver des Ruges ou des Hérules associés à des communautés de Goths.
Dans ces cas, on doit plutôt parler d’alliances que de peuples et l’identité ainsi engendrée est de nature politique plutôt que culturelle.

La recherche contemporaine a ainsi démontré que des similitudes de langues, de vêtements ou même d’armes ne suffisent pas à confirmer l’appartenance à une communauté ethnique. Ceci implique que divers groupes peuvent se fusionner tout en restant loyaux à leur communauté
Pour tout Romain, le Barbare n'est pas un être sauvage et assoiffé de sang mais un homme qui parle un langage qui lui est incompréhensible et dont la civilisation lui apparaît primitive. Il est inexact de se représenter des mondes Romains et Barbares comme deux mondes hermétiquement séparés en temps de paix.
A toutes les époques, Rome a su accepter l'installation de peuples Barbares à l'intérieur de ses frontières.
Dès la fin du IIIe siècle, les empereurs Romains ont accueilli de plus en plus de mercenaires Barbares comme soldats : Francs, Goths, Saxons, Alamans viennent grossir les rangs de l'armée tandis que les Romains d'origine se désintéressent de la guerre. Ces soldats offrent évidemment une faible barrière de protection contre les incursions des autres tribus Barbares, qui pénètrent de plus en plus dans l'Empire. En outre, Rome concède de plus en plus de territoires à des Germains alliés à des fins de colonisation. Mais graduellement, ces derniers fondent des royaumes souverains sur le sol de l'Empire. (certains omettent dans leur rêve de « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil que les Romains ne pouvant payer en monnaies sonnantes et trébuchantes étant eux mêmes très endettés ont donnés des terres aux Goths et autres « Barbares » en leur faisant obligation de s'enrôler dans la légion, et que ces peuples fins stratèges et bon guerriers ont gagnés au prix de leur sang d'être fédérés aux Romains, sans compter qu'ils n'avaient pas les mêmes droits que les Romains, alors que certains romains ont été déplacés pour que les Goths obtiennent des terres… Ce qui a sans doute crée quelques frictions et un désintérêt certains des Romains envers leurs dirigeants)

Empire hunnique — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_hunnique
Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (novembre 2011). Si vous disposez ... Dans les années 370, le royaume des Greuthungues, au nord de la mer Noire, alors .... 357 : les Alains rallient l'armée des Huns en Asie occidentale. ... 565 : les Perses et les Turcs combattent ensemble contre les Huns Hephthalites et ...

Invasions barbares — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Invasions_barbares
La recherche historique regroupe sous l'expression invasions barbares les mouvements .... Divers modèles ont été élaborés au cours des dernières années, modèles qui .... Illustration de Geiger (1873) : Les Huns au combat contre les Alains .... la guerre qu'elle dut simultanément conduire contre les Perses, Rome réussit à ...
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