mercredi 24 septembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 23 SEPTEMBRE 1914

23 SEPTEMBRE 1914


I)
Situation de prise d'armes : 21 officiers 1 916 hommes.
Vivres jour de sac, au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.

5h10
D'après l'ordre d'engagement, la 11e Brigade monte à l'attaque de Loivre (24e I). Le 28e se porte au château de Toussicourt à la disposition du général de Brigade.

8h
Le régiment est au château de Toussicourt  en formation articulée.

14h25
Le Lt Colonel reçoit l'ordre de porter un bataillon au bois à l'Ouest de Villers-Franqueux. Ce bataillon (Bataillon Eude, 2e) est mis à la disposition du Colonel commandant la 11e brigade et doit se tenir prêt à occuper les tranchées de la ligne de défense principale établies autour de Villers-Franqueux.

17h15
2 compagnies du 28e (Bataillon Eude 2e) seront portées dans les tranchées de la route nationale n°44 comme repli éventuel (ne devant pas être employées à l'attaque de Loivre). Ces deux Cies sont mises sous les ordres du Lieutenant Colonel Pineau commandant le 24e.
Les 2 autres compagnies du Bataillon Eude resteront dans le bois à l'Ouest de Villers-Franqueux à la disposition du Colonel commandant la 11e Brigade.
Le Régiment (EM, 1er et 3e Bataillons) stationné au cantonnement bivouac aux abords du Château de Toussicourt.

II)
Reims : journal du Rémois Henri Jadart
Ce matin, nouvelle course à travers les quartiers bombardés, maintenant semés de ruines encore fumantes par endroits : rue du Marc, rue Legendre, rue des Templiers, rue de l’Ecu, rue des Moissons, rue Cérès etc.

Sur le boulevard Lundy, la façade du temple protestant reste debout, mais l’intérieur est détruit, l’horloge s’est arrêtée à cinq heures trois quarts. A la caserne Colbert, il ne subsiste guère que les murs, là aussi le dedans est saccagé, le cadran de l’horloge indique également trois heures trois quarts.

Le canon gronde fortement vers 11 heures dans la direction des caves Pommery et je reviens par la rue du Levant et la Place Godinot, Rue Saint-Pierre-les-Dames et en face, rue Saint Symphorien, il y a encore eu des maisons brûlées.

Dans la matinée ont eu lieu les obsèques du docteur Jacquin, premier adjoint, tué par un obus dans la rue Thiers le samedi dernier, comme il sortait de l’hôtel de ville (…)

A l’hôtel de ville, on remet des vitres aux fenêtres et des ardoises à la couverture. On affiche les adresses de condoléance des conseils municipaux de Paris et de Lyon, envoyées à la population Rémoise.

L’après-midi, temps splendide, toutefois on n’ose pas trop sortir de la ville, la canonnade étant incessante dans le Nord et l’Est. Des troupes nous arrivent par l’avenue de Paris. Le sergent Le Picard, neveu du Dr Bagneris, venu de Faverolles, donne de bonnes nouvelles des régiments qui se portent à notre secours sous le commandement du général Maunoury.
Le cardinal Luçon, archevêque de Reims est rentré hier en automobile, venant de Paris après un séjour à Rome, où il s’est rendu pour l’élection du pape Benoît XV.

III)
Journal du Rémois Paul Hess (extraits).
Le bombardement a recommencé chaque jour depuis le lundi 14. On parle de 400 victimes, jusqu’à ce jour dans la population civile.

Nous apprenons que son Excellence le cardinal Luçon, revenu de Rome, après le conclave, a pu rentrer à Reims hier... Sa première visite a été pour la cathédrale, devant laquelle il se prend à pleurer.

IV)
Combat à Lironville
(…)Nous avons gagné du terrain à l’aile gauche de l’Oise. L’ennemi a procédé à une canonnade entre l’Oise et l’Aisne, nous avons réalisé des progrès entre Souain et l’Argonne.

En Woëvre, les forces Allemandes ont attaqué les Hauts de Meuse, par l’est, mais sans résultat.

En Lorraine, elles ont franchi de nouveau la frontière en petites colonnes et réoccupé Domèvre près de Blamont.

Le résultat des 2 dernières journées pour nous a été la capture de nombreux soldats Allemands. On dit : 7.000 appartenant à divers corps d’armée.

L’armée Russe a occupé la forteresse importante de Jaroslaw, en Galicie.

De leur côté les Serbes ont  écrasé 250.000 Austro-Hongrois qui ont essayé à nouveau de pénétrer dans leur territoire, et maintenant ils avancent beaucoup plus librement à travers la Bosnie, coopérant avec les Monténégrins.

L’armée Belge a remporté un succès au sud de Malines, à Sempst, et de ce côté les Allemands sentent si bien la partie compromise  qu’ils se retranchent autour de Louvain et de Wavre.

V)
Joli matin d’automne, je traverse à cheval les belles forêts de Baccarat, je rencontre le lieutenant Boby. Je vais admirer avec lui les emplacements des batteries lourdes Allemandes qui se trouvaient en plein bois, au fond des ravins. L’on voit encore, aux 1 000 branches brisées, le parcours des gros obus au départ.

Chaque emplacement porte deux abris entièrement constitués de ces paniers à obus qui ressemblent aux tubes à parapluies des voitures... Le canon tonne, tout proche.

Allons bon ! Mon ordonnance arrive essoufflé à ma recherche : « Mon lieutenant, il faut rentrer immédiatement à Deneuvre. Paraît que le bataillon fout le camp. » Mon ordonnance parle le langage militaire.
Où allons-nous ?
19h30. Notre bataillon est chargé de repousser l’ennemi qui occupe la région d’Ancerviller, au S-O de Blâmont. Départ cette nuit à 2h00.

Cameroun
La canonnière Allemande « Surprise » s’empare de Cocobeach. L’escadre Franco-Britannique se présente devant Douala.

Mer Baltique
Début d’une série d’opérations navales Allemandes dans la région de Windau.

France
  • Offensive Allemande dans la forêt d’Argonne et prise de Varennes.
  • Décret portant création d’un conseil de guerre permanent à Boulogne-sur-Mer, dont la compétence s’étend à la région du Nord, et qui sera rattaché au conseil de révision permanent de Paris, première séance, au château de Boulogne, le 17 octobre.
  • Création d’une commission chargée de connaître les actes commis par l’ennemi en violation du droit des gens.
Région Nord
Commandement confié au général Sorin.
Saint-Omer : Réinstallation du bureau de recrutement (1er corps d’armée, 7e subdivision).

VI)
3h00 réveil au son des canons Français tout proches... Les Allemands répondent peu... Puis il est passé beaucoup d’aéroplanes. Au soir on va cantonner dans une ferme abandonnée. Une autre fusillade vers 21h00 et tout se rendort.

VII)
À l’aube mon équipe est chargée d’aller transporter un blessé à la Ferme de la Fonderie. Je me dégourdis les jambes et nous partons dispos malgré notre grande fatigue. Nous arrivons, faisons du feu, et en quelques minutes du potage et du café qui nous réchauffent complètement. Nous remontons au poste occupé par la musique et restons pendant la journée sous les obus sifflant et éclatant continuellement, les éclats brisent les branches et nous énervent sans nous faire bien peur tant nous sommes habitués à entendre ce sifflement monotone, continu, intolérable.

L’après midi, nos troupes ont dû reculer, la ferme est bombardée et on ne sait où évacuer les blessés... Sur le soir nous devons évacuer un lieutenant grièvement blessé... Nous rencontrons les chasseurs Alpins qui montent la côte au pas de gymnastique... Nous les laissons passer puis poursuivons notre chemin... Quelques balles sifflent déjà autour de nous.

La fusillade se fait entendre de plus en plus fournie, nous entendons crier les soldats pour la charge, cri sauvage s’il en est un, me donnant un frisson... Nous nous trouvons juste dans le champ de tir de l’infanterie avec notre malheureux blessé, nous courons au pas de gymnastique tenant le brancard à la main dans des champs d’avoine et de betteraves, les balles sifflent de plus en plus, nous devons être visés, nous gagnons le bois voisin et nous y enfonçons à toute vitesse, malmenant peut-être un peu notre blessé, mais prenant cependant le plus de soins possibles pour que les branches ne lui écorchent la figure ou ne lui touchent son bras fracassé d’un éclat d’obus.

Nous regardons à travers des éclaircies ce qui se passe sur le champ de bataille. Le bruit du combat est assourdissant :
Les fusils, les canons mêlent leurs coups, il est impossible de parler, de crier même pour se faire comprendre... Ce vacarme est pour moi inoubliable... Par un sentier sous bois, nous regagnons la route... Les voitures d’ambulance étant parties, nous sommes obligés de porter notre blessé dans la direction d'Aubreville, nous rencontrons non loin du village les brouettes des divisionnaires à qui nous remettons notre fardeau et poursuivons la route jusqu’à l’ambulance.

Nous sommes alors rejoints par la musique qui s’est repliée et nous allons coucher dans une grange à Aubreville. Nous sommes très bien et à l’abri du froid ce qui fait notre bonheur. Toute la compagnie hors rang est là, nous avons les officiers d’artillerie pour voisins. Nous ne prenons même pas la peine de manger et nous nous endormons.

VIII)
La pression Allemande sur le secteur de Verdun est intense. Au sud de la ville, les forts de Troyon, du Camp des Romains et de Lionville sont pilonnés, alors que la IIIe armée Française résiste pied à pied.

Le ministre de la Marine confirme que la flotte Française a débarqué à Antivari des artilleurs et des canons, pour servir sur le mont Lovcen et bombarder la ville et le port de Cattaro.

En mer Baltique, débute plusieurs opérations navales Allemandes dans le secteur de Windau.

Ce même 23 septembre 1914, le lieutenant d’Uhlans, Manfred von Richthofen reçoit la croix de fer pour les résultats obtenus au cours de ses reconnaissances offensives.

En Afrique, on confirme que l’escadre Franco-Britannique se présente devant Douala tandis qu’au sud du Cameroun Allemand, une canonnière Française et son équipage s’empare de Cocobeach.

IX)
Le 5 août, le 346e, constitué sous le commandement du lieutenant-colonel Cadet, s'embarque à Melun. Il fait partie de la 73e division, qui est mise à la disposition du général gouverneur de Toul pour la défense de la place.

Et dès lors commence une période de déplacements, de marches et de travaux où le régiment, sans être réellement engagé, affirme tout de suite ses qualités d'entrain, de cohésion et d'endurance. Par une chaleur écrasante, tous ces hommes, qui ne sont plus entraînés, vont couvrir étapes sur étapes, creuser des tranchées, construire des réseaux de fil de fer, marchant souvent nuit et jour, avides de rencontrer enfin l'ennemi, impatients de participer à la bataille qui, croit-on, sera courte et décisive.

A Toul, le drapeau tout neuf, étincelant, a été présenté au régiment au mois d'août... Le 346e a désormais une âme. L'émotion est générale, tous les yeux, fiers et résolus sont fixés sur l’emblème sacré, chacun fait le serment de bien le servir et le défendre...

La place est cédée à une division du 8e corps d'armée et la 73e division est remise à la disposition du général gouverneur de Toul, le 346e se porte dans la région de Flirey. L'ennemi a repris son offensive et s'avance dans la direction de Toul.

Le 21 au soir, la 19e compagnie (capitaine Brandelet) arrête par son feu l'ennemi qui débouche du bois de Mortmare après avoir contraint le 356e à se replier. Le capitaine Dervillée, avec le 6e bataillon, occupe le bois de Jury à gauche de la division, il s'y retranche, se couvre par des abatis, y résiste toute la journée du 21 jusqu'à 17h00, ne se replie que sous la menace d’enveloppement, poursuivi par les feux de l'ennemi qui occupe les bois de la Hazelle. Couvert par la 23e compagnie qui, restée dans les bois sous l'énergique commandement du capitaine Vesque, pendant plus de 2 heures tient, sous son feu deux bataillons ennemis et ne se replie à 20h00 que lorsque les colonnes d’assaut sont arrivées à 30 mètres d'elle.

Le 22, au matin, le régiment est rassemblé au bois des Hayes, face à Lironville, que l'ennemi a occupé, le 5e bataillon à gauche du 356e, le 6e bataillon en réserve. La division a reçu l'ordre d'attaquer Lironville devant lequel s'étend un mamelon aplati et un glacis qui aboutit au village, à peine coupés de petits bois de sapins.

Le 5e bataillon (bataillon Gillot) a comme objectif le clocher et doit essayer de déborder le village par l'ouest.

15h00, le débouché du bois s'effectue en ordre parfait, compagnie par compagnie, mais il faut bien vite se déployer car les sections sont prises de front et d'enfilade par un feu violent et nourri de fusils et de mitrailleuses qui semble partir du bois de la Voisogne et des tranchées devant le village, à moins de 400 mètres.

19h00, un ordre de rassemblement parti, semble-t-il, de la droite, se propage jusqu'à la gauche de la ligne, provoquant un mouvement de repli. Mais le lieutenant colonel Cadet et son adjoint, le capitaine Maréchal, arrête les fractions en retraite vers le coude de la route Noviant-aux-Prés Lironville. Le régiment voisin, qui a gagné presque en entier Noviant-aux-Prés, est ramené vers 21h30 par le capitaine Maréchal.

A la faveur de la nuit, toutes les positions de première ligne conquises dans la journée sont réoccupées.

Le 23, à l'aube, l'ennemi ouvre un feu nourri de toutes ses mitrailleuses sur la première ligne qui subit de fortes pertes. Les sections de renfort, puis le 367e sont jetés en avant sans pouvoir réussir à faire avancer la première ligne qui est clouée au sol. De même, les 23e et 24e compagnies viennent renforcer le 356e. Le 5e bataillon du 353e, qui a reçu l'ordre de déborder le village de Lironville par la gauche, échoue dans son mouvement, impuissant lui aussi en face du feu ennemi qui fauche ses unités.

Toute la journée, ce sont des alternatives d'avance et de recul pour se cramponner à la crête militaire du plateau de Lironville. D'une part, le feu ajusté des mitrailleuses et les violents rafales de l'artillerie ennemie, d'autre part le tir trop court de notre artillerie provoquent des pertes énormes en différents endroits de la ligne, où des fractions tentent de se replier mais
sont vivement et énergiquement maintenues par les officiers et les gradés.

Des lignes entières de tirailleurs aplatis sur le sol semblent rester impassibles dans cet enfer… ce sont des morts !

Les blessés s'enfuient vers l'arrière, affolés, ou se traînent comme ils peuvent pour trouver un abri. Et cependant, à chaque instant, des fractions se reportent en avant avec acharnement, essaient d'aborder la ligne ennemie, elles sont malheureusement bien vite balayées.

Enfin, à la tombée de la nuit, la 145e brigade est relevée, par la 146e. Le 346e va cantonner à Domèvre-en-Haye.

Dans ces journées de fin septembre, il s'agissait d'arrêter le 13e corps Badois qui menace Toul... La 73e division y est parvenue toute seule, ses attaques acharnées ont fait croire à l'ennemi qu'il a affaire à des forces supérieures, l'ont intimidé au point qu'il n'a même pas essayé de sortir de ses tranchées devant Lironville.

Le lieutenant-colonel Cadet est grièvement blessé et remplacé : au commandement du régiment par le chef de bataillon Gillot.

X)
Il appartiend à une sage diplomatie de mettre l'Autriche à l'abri d'entraînements auxquels les États sont sujets comme les hommes, et surtout de faire en sorte qu'elle ne soit plus exposée à succomber au tentateur Prussien, ce qui ne peut se faire que par la suppression de la Prusse.

Si le vieux Caton, celui qui obtint que Rome détruisît Carthage, revivait parmi nous, il répéterait tous les jours aux Alliés :

Il faut défaire l'unité Allemande et anéantir la Prusse qui est, depuis deux siècles, le fléau des nations, l'esprit du mal qui empoisonne le monde Européen... 

Il faudra que l'Autriche, au futur Congrès, se résolve à n'être qu'un membre utile et modeste de la société Européenne, à remplir ce rôle d'élément modérateur et conservateur que l'ancienne diplomatie Française lui avait si judicieusement attribué.

Lorsque la Maison d'Autriche, devenue inoffensive en Allemagne après la paix de Westphalie, eut en outre été guérie, après la guerre de Succession d'Espagne, de ses ambitions Espagnoles, l'idée de la monarchie Française a été d'en faire une sorte de gendarme de l'ordre Européen et de la paix Européenne au sud de l'Allemagne et aux portes de l'Orient. Voilà l'idée qu'il faut reprendre dès demain.

XI)
Cette exposition a lieu au musée de la Caverne du Dragon, situé sur le Chemin des Dames dans l'Aisne en Picardie.

Elle analyse les combats de la mi-septembre 1914 dans l’Aisne qui opposent, après la Marne, les troupes Allemandes au corps expéditionnaire Britannique et au 18e corps de la Ve armée Française.
Les combats de septembre 1914, violents dans l’Aisne sont peu connus et font pourtant partie des derniers soubresauts de la guerre de mouvement car ils donnent la mesure des enjeux que sont, dans le territoire de l’Aisne, le passage de la rivière Aisne et la montée à l’assaut du Chemin des Dames.
Les forces Britanniques en font le douloureux apprentissage : elles ont franchi l’Aisne le 13 septembre.
Le 14 septembre, leur assaut à travers les champs de betteraves et les bois, sur un terrain escarpé et boueux, se révèle particulièrement meurtrier : Les Allemands ne font plus retraite, ils ont creusé des tranchées et installé des postes de mitrailleuses.

Entre le 12 septembre et le 8 octobre, les pertes Britanniques s’élèvent à plus de 10% des troupes engagées.
Du 13 au 15 septembre, les troupes Françaises qui attaquent entre Paissy et Craonne butent sur les mêmes obstacles et connaissent la même désorganisation...

Après ces combats, chaque camp s’enterre et l’organisation alliée se structure : les Britanniques rejoignent le front des Flandres en octobre. 

XII)
Ça s'est passé en septembre 1914
Découvrez les événement marquants du mois de septembre 1914 :
Les personnes ne respectant pas le couvre-feu risquent d'être victimes des tirs de la garde civile, unité Pontoisienne de 244 hommes, chargée de maintenir l'ordre public.
Jules Jouvion est le premier Pontoisien à avoir été tué durant la Grande Guerre.
Face à l'avancée allemande, des centaines de Pontoisiens sont évacuées. Plusieurs cavaliers Allemands sont repérés à Vallangoujard.
Revivez en images le quotidien des Pontoisiens de l'époque
Premiers convois de blessés. À Pontoise, ils seront soignés dans l'actuel collège Chabanne transformé pour des raisons logistiques en hôpital militaire
Le 6 septembre 1914, à l'approche de la bataille de la Marne, le Général Joffre fait une déclaration pour motiver ses troupes.
Suite au blâme qui lui a été infligé par le préfet pour défaitisme, le Maire décide de démissionner de son poste avec huit de ses conseillers municipaux.

XIII)
Septembre 1914 : des habitants de Clermont-en-Argonne témoignent

N° 157, 158, 159.
L’an mil neuf cent quatorze, le vingt-trois octobre, à CLERMONT-EN-ARGONNE (Meuse), devant nous :
BARKER (Marie-Amélie-Anne), épouse JACQUEMET, sans profession, à Clermont-en-Argonne :

Je jure de dire la vérité.
Je me trouvais à Clermont avec très peu de personnes, notamment avec mon mari infirme et M. Manternach.
Le 4 septembre, jour de l’arrivée des Allemands.
Pendant la nuit du 4 au 5, j’ai vu une troupe briser les portes sur son passage et se livrer à un pillage effréné.
Vers 6 heures du matin, j’ai été appelée à l’hospice où je soigne les blessés.
A midi, en allant déjeuner chez moi, j’ai assisté au pillage dans toute son horreur.
Ma maison a été épargnée par les pillards... Le roi de Prusse y avait couché en 1870, et c’est même dans ma salle à manger que la marche sur Sedan a été décidée.
Tous les ans, des touristes Allemands venaient photographier cette maison, à laquelle ils attachaient un intérêt historique.
En retournant à l’hospice, j’ai constaté que la maison d’un horloger, dans la grande rue, était en train de brûler.
L’incendie a été tellement rapide qu’il n’a pu être que volontairement allumé, d’ailleurs on a trouvé dans la commune des sachets de pastilles incendiaires.
L’ennemi a occupé Clermont pendant une dizaine de jours.
Vers le 10 septembre, j’ai vu des soldats du XIIe corps charger sur un autobus des meubles enlevés chez M. Desforges et des étoffes prises chez Nordmann, marchand de nouveautés.
Un médecin-major s’est emparé de tous les objets de pansement de l’hospice et même du drapeau de la Croix-Rouge.
Une grande partie de la ville a été brûlée, y compris ma maison.
Elle a été détruite non par le bombardement, mais par l’incendie.
L’église qui se trouve sur la côte et qui est isolée a été elle-même incendiée.
Au moment du sinistre, les régiments qui occupaient Clermont étaient le 121ème et le 122ème d’infanterie Wurtembergeois.
Après lecture, le témoin a signé avec nous.

MANTERNACH (Pierre-Guillaume), mécanicien à Clermont-en-Argonne :
Je jure de dire la vérité.
Le 4 septembre, au départ des derniers Français, les Allemands ont bombardé Clermont, de deux heures et demie à sept heures du soir.
Ils sont entrés dans la ville à minuit, en brisant les portes et en pillant tout sur leur passage.
L’incendie a commencé, au début de l’après-midi, par la maison de M. Nicolas, horloger.
J’ai vu un soldat y répandre le contenu de sa lampe à alcool après avoir pris son café.
C’est alors que le feu a éclaté.
Je suis allé chercher la pompe et j’ai demandé à un officier de me donner des hommes pour la manœuvrer.
Il m’a répondu : « Je n’ai pas d’hommes pour vous » et, me menaçant de son revolver, m’a ordonné de sortir.
J’ai fait une démarche analogue auprès de cinq ou six autres officiers; tous m’ont également repoussé.
Pendant ce temps, l’incendie s’est propagé.
Il ne reste que 66 maisons, 226 ont été détruites.
J’ai vu allumer le feu dans cinq ou six immeubles à l’aide de torches que les soldats fixaient au bout de bâtons pour atteindre le haut des bâtiments.
Tandis que la ville flambait, des Allemands dansaient à l’intérieur de l’église au son de l’orgue.
Ils ont fini par mettre le feu à cet édifice avant de se retirer.
Ils se sont servis pour cette besogne de récipients garnis de mèches et remplis d’un liquide inflammable.
Ils ont également fait usage de grenades.
A un certain moment, j’ai vu un soldat courir sur le toit d’une maison où l’incendie a presque immédiatement éclaté.
Après l’incendie, le pillage a recommencé dans les maisons que le feu avait épargnées.
J’ai vu un officier supérieur inscrire sur la porte de la maison de Mme Lebondidier une mention interdisant de piller cette habitation.
Comme je lui en demandais la raison, il m’a répondu que ce qui était dans cette demeure lui était réservé et qu’il en garnirait sa maison de campagne.
En effet, il a fait charger sur une voiture tout ce qu’il y avait de mieux chez Mme Lebondidier.
J’ai enterré ici, le 6 septembre, un jeune garçon de 11 ans, qui a été fusillé à bout portant au moment où il se sauvait de la maison Berthélemy-Gauvain.
J’ai également enterré, le 8 du même mois, un homme d’environ 35 ans dont le corps était carbonisé.
J’ignore les noms de cet homme et de cet enfant, tout ce que je sais, c’est que les deux morts habitaient la commune de Vauquois.
J’ajoute, pour compléter ma déposition, que les Allemands ont mis le feu à Clermont sans y avoir été l’objet d’aucune agression de la part de la population civile.
Il ne restait d’ailleurs presque personne dans la ville.
Après lecture, le témoin a signé avec nous.

JACQUEMET (Édouard), 68 ans, directeur honoraire des Écoles d’arts-et-métiers, chevalier de la Légion d’honneur, administrateur délégué faisant fonctions de maire à Clermont-en-Argonne :
Je jure de dire la vérité.
Je confirme les dépositions que vous venez d’entendre, sauf en ce qui concerne les renseignements personnels que M. Manternach vous a donnés et que je n’ai pu constater par moi-même, mais qui sont, en tout cas, conformes à ce que j’ai vu. M. Manternach, d’ailleurs, est tout à fait digne de foi.
J’ajoute que le cadavre carbonisé qui a été enterré ici est celui de M. Poinsignon, maire de Vauquois.
Je puis déclarer en outre que c’était le XIIIe corps Wurtembergeois qui occupait Clermont au moment de l’incendie, et que ce corps était commandé par le général von Durach (1).
Un corps de uhlans qui était également ici avait à sa tête le prince de Wittenstein (2).
Après lecture, le témoin a signé avec nous.
(1) Lire : général d’Urach (ou von Urach).
(2) Lire : Wittgenstein.





De la retraite à la poursuite : le 28e RI en septembre 1914
vlecalvez.free.fr/JMO_sept1914/JMO_septembre1914.html
Lire ici son carnet de guerre pour la période août-septembre 1914. ..... Mardi 22 septembre 1914, Situation de prise d'armes : 20 officiers 1916 hommes.
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