I)
«
Roye est bombardé systématiquement par des obus de gros calibre :
les maisons s’écroulent les unes après les autres, ensevelissant
sous leurs ruines de nombreux habitants qui n’ont pas eu le temps
de fuir. Le pensionnat ambulance est évacué, et les corps des 6
officiers tués les 2 jours précédents sont transportés dans 3
fourgons au village de Laucourt, à 3 kilomètres au sud de Roye, où
doivent avoir lieu les obsèques. » Récit écrit du commandant
D… (commandant Delisle)...
La
levée du corps est faite vers 13h00 par l’abbé Grandin à la
chapelle… où les cercueils ont été déposés : le
bombardement continue avec une violence accrue, 3 ou 4 officiers sont
présents, parmi eux, le lieutenant Furiet représente le 31e
d’artillerie.
« Cette
cérémonie du 28 septembre 1914 ! Quelle impression elle fait
sur tous les assistants ! ».. écrit 3 ans plus tard le
général B. (Boëlle).
« Il
ne faut pas de grandes phrases pour la décrire. Une petite église
de village dont le clocher pointu se découpe en noir sur le ciel de
18h00, les vitres illuminées à peine par 4 cierges (on n’en avait
pas allumé davantage pour ne pas attirer l’attention de l’ennemi).
6 cercueils, alignés dans le chœur, recouverts de drapeaux et
entourés de hussards sous les armes. Ce sont ceux des colonel Gazan,
Wallut, du lieutenant-colonel Prévost, du commandant Aublin, du
capitaine Ogier de Baulny et du lieutenant Lhote. Il fait presque
nuit et le canon fait rage à 2 kilomètres de là. » Récit
écrit de l’intendant K…
L’abbé
Grandin, aumônier du 4e Corps préside la cérémonie, un canonnier
séminariste, revêtu d’un surplis, remplit les fonctions
d’assistant. Une vingtaine d’officiers, parmi lesquels le général
B…., commandant le 4e Corps, une cinquantaine de soldats, tous ceux
qui sont disponibles à Laucourt, sont présents.
Dans
une courte et émouvante allocution, l’abbé Grandin laisse parler
son cœur de prêtre et de soldat, puis, la cérémonie terminée,
les corps sont chargés dans des fourgons et conduits au cimetière
où une grande fosse de 6 mètres sur 2 mètres a été creusée.
Un
à un, les cercueils sont descendus dans cette fosse par les soldats
du génie et déposés côte à côte, et c’est poignant de voir
ces 6 cercueils se détachant en blanc sur le fond noir de la fosse,
6 croix formées de lattes sur lesquelles on a inscrit les noms avec
un bout de bois trempé dans l’encre sont alignées contre le mur.
Récit écrit de l’intendant K…
«
Le soir tombe de gros nuages noirs chargés d’eau sont emportés
dans le ciel par un vent violent d’ouest :
Le
ciel est sans cesse sillonné par les éclairs des obus qui éclatent
sur Roye et les villages voisins : plusieurs de ceux-ci en
flammes empourprent l’horizon. La canonnade font rage et grondait
de façon ininterrompue »
II)
Plusieurs
bouchers sont arrêtés car ils spéculaient sur le prix de la
viande. Le Figaro du 28 septembre 1914 précise que c'est le plus
souvent au détriment de l'armée.
«Nice.
- Le Parquet de Nice s'occupe en ce moment d'une affaire de
spéculation délictueuse sur la viande .
Des
bouchers s'en vont dans la campagne et se prétendant mandataires de
l'armée, réquisitionnent des bestiaux qu'ils paient un prix peu
élevé, fixé par eux. Puis ils abattent les animaux et revendent la
viande à l'armée.
Il
y a quelques jours, deux individus de Nice ont été arrêtés.
On
vient d'en prendre deux autres, Clément Jaunie, boucher à Monaco,
actuellement caporal au 7e chasseurs territorial, et Joseph Bailet,
marchand de bestiaux à Villefranche. Ils ont été conduits à la
maison d'arrêt.»
III)
Au
front « les Allemands se battent avec furie » selon, le journaliste
du journal « LeTemps », « par des attaques d'une
violence inouïe ils s'efforcent de rompre vainement nos bataillons,
les quelques pouces de terrain qu'ils parviennent à gagner en
certains points leur sont rapidement repris par nos soldats qui leur
enlèvent des canons, des prisonniers et même un drapeau resté
entre les mains des coloniaux du 24e régiment. »
Sur
le plan tactique, Joffre scinde la 2e armée de Castelnau en deux et
confie l’aile gauche au général Maud’huy, en Picardie et dans
le secteur de Saint-Quentin.
Au
deuxième jour de la bataille de l’Artois, Neuve-Chapelle est
reprise par les Anglais.
La
bataille de Picardie se poursuit depuis 6 jours, avec d'inégales
intensités, le long des lignes d'un angle droit, l'une s'allongeant
de la forêt de L'Aigle, vers l'est, vers Verdun, l'autre montant
vers le Nord par Lassigny, Roye et les plateaux entre Combles et
Albert.
IV)
A
Paris, un Taube survole la ville et jette une bombe qui tue un
vieillard et une fillette, nous informe un article du journal « Le
Temps ».
Le
journal de Roubaix annonce que le commandant Allemand de la place de
Mulhouse se suicide par désespoir de n’avoir pu franchir les
Vosges.
Les
journaux nationaux publient une dépêche nous annonçant, la prise
de Lissa, dans la mer Adriatique, par un détachement Anglo-Français.
Les
bouches de Cattaro (Monténégro) sont bombardées par les canons
Français... Plusieurs navires Autrichiens, croiseurs et sous-marins,
seraient, cachés à l'intérieur, selon le Figaro.
Sur
le front de Prusse Orientale, les troupes Russes poussent activement
leur offensive dans les forêts d'Augustow. De grosses pièces
d'artillerie Allemande bombardent d'Ossowietz. Une tentative est
faite par l'infanterie Allemande pour approcher cette forteresse.
Sur
le front de la Silésie, les Allemands se renforcent
considérablement.
En
Galicie, les troupes Russes, dans la région de Sanok, au sud-ouest
de Przemysl, occupent Lisko
Les
nouvelles se font de plus en plus rares, Le journal de Roubaix nous
annonce le passage de prisonniers Allemands à Hersaux. « Lundi, à
9h00, 36 prisonniers Allemands sont passés à Herseaux.
La
présence des Allemands a suscité la nervosité des voyageurs qui se
trouvaient en gare d’Herseaux, pendant le court stationnement du
train. »
Le
journal de Roubaix publie les statistiques sanitaires du mois d’Août,
brutes et très détaillées : « 179 enfants ont vu le jours à
Roubaix (88 de sexe masculin et 91 de sexe féminin).
77
mariages ont eu lieu et 2 divorces ont été prononcés.
168
personnes (93 du sexe masculin et 73 du sexe féminin) sont mortes,
sur ce nombre 39, dont 3 étrangères à la ville, ont succombé à
l’hôpital.
43
enfants de moins d’un an sont morts, soit 24% des naissances.
La
tuberculose a fait 24 victimes, soit 14% de la mortalité totale.
Le
cancer a provoqué 11 décès.
Les
maladies épidémiques en ont amené 3 : 1 par coqueluche, 1 par
diphtérie,1 par la fièvre typhoïde.
Le
bureau d’hygiène a reçu 2 déclarations de maladies
transmissibles et a fait faire 9 désinfections diverses....
V)
Quelques
bombes auraient encore été lancées sur Paris par un taube Allemand
; l’une d’elles est tombée devant le n° 16 de la rue de la
Pompe. Pauvre tante Aline, elle a dû l’entendre de la rue de Sfax,
sa prochaine lettre en parlera sans doute.
Antoinette
est allée à Courtrai faire les préparatifs du retour de son petit
Jean à Roubaix. Elle nous raconte que deux wagons remplis de
prisonniers Allemands, gardés par des gendarmes Belges à chaque
portière, se trouvaient attelés au train qu’elle a pris de
Mouscron à Courtrai... Dans cette dernière gare, la foule des
curieux venus pour les voir était énorme.
Un
biplan dont on ne peut distinguer la nationalité, passe sur Roubaix
dans la matinée. Ils deviennent beaucoup plus rares. On a aperçu
vers Tournai des Anglais, des goumiers Marocains, ailleurs, on a vu
des Hindous. Il se prépare, dirait-on, quelque chose entre Cambrai
et Tournai et les nouvelles parvenant de l’interminable bataille
de l’Aisne semblent meilleures.
Germaine
reçoit deux bonnes lettres de Georges : l’une de Gueux le 15,
l’autre de Magneux, le 21.
VI)
Le
soir, à l’heure du salut à Saint Martin, une affluence, inusitée
depuis les jours de la grande mobilisation, envahit la place de
l’hôtel de ville. C’est un défilé de pauvres gens de la région
de Tournai qui vient chercher refuge à Roubaix. Les bras chargés
d’enfants ou de paquets de hardes, les malheureux sont en quête
d’un gîte. La municipalité et des personnes charitables les
hébergent du mieux possible au moins pour cette première nuit de
leur fuite. Cela donne naissance aux bruits les plus divers :
Tournai
va être bombardé ainsi que Cambrai pour déloger les Allemands !
Des villages sont en feu et détruits comme la pauvre petite ville
d’Orchies. C’est presque de la panique quand l’obscurité de la
nuit survient.
J’ai
déposé aujourd’hui entre les mains du chef de gare le carnet de
retour de Jacques à Baden afin qu’il puisse avoir quelque validité
encore après la guerre. De même, j’ai adressé avec nos deux
cartes d’abonnement à demi-tarif, une demande ou de prolongation
ou de remboursement partiel.
VII)
Joffre
adresse des félicitations aux troupes du général Franchet
d’Esperey : « Depuis deux semaines, les troupes de la Ve
armée, placées dans des conditions difficiles, repoussent
victorieusement les attaques d’un ennemi supérieur en nombre dans
des combats continuels de jour et de nuit. Elles ont montré, sous la
conduite de chefs intrépides, une bravoure et un entrain qui ne se
sont pas un instant démentis »... Cet ordre du jour ferme la
première bataille de l’Aisne.
La
bataille de l’Aisne marque un tournant dans la Grande Guerre en
mettant fin, dans un important secteur, à la guerre de mouvement.
Les Allemands cessent leur retraite en s’accrochant à une position
inexpugnable :
Le
Chemin des Dames. Ce n’est que 3 ans plus tard que les Français
vont lancer dans ce secteur une offensive sous le commandement du
général Nivelle, qui se soldera par une catastrophe... Ce sera la
deuxième bataille de l’Aisne. Il en résultera des mutineries dans
l’armée Française et le limogeage de Nivelle.
VIII)
Les
Allemands ont procédé à de frénétiques attaques de front entre
l’Oise et Reims, comme entre Reims et Souain, dans l’intention
manifeste de trouer notre ligne au centre (…)
Les
troupes Russes ont repoussé les troupes Allemandes qui ont essayé
de franchir le Niémen (…)
Les
Serbes ont de nouveau repoussé des attaques Austro-Hongroises sur la
Save et sur la Drina.
Les
Belges ont repris une offensive résolue.
XIX)
Journal
du rémois Henri Jadart :
Temps
gris et froid, moins de presse vers La Haubette... Les journaux ne
paraissent plus à Reims... Ceux du dehors n’arrivent qu’en petit
nombre... On m’en a communiqué d’Epernay et de Troyes donnant
l’impression causée en Europe par l’incendie de la cathédrale
et la destruction de la ville...
Promenade
à Bezannes après midi. Les Allemands y ont campé et pillé. Un
cultivateur a écrit sur sa porte: « Il n’y a plus rien ».
Les
maisons toutefois n’ont pas été brûlées, l’église est
intacte. Derrière le village est une campement d’artillerie, plus
loin défilent une vingtaine de cavaliers.
On
tire toujours et très fortement sur le village de Brimont.
X)
Journal
du Rémois Paul Hess (extraits) :
Nous
sortons, au cours de la matinée, mon fils Jean et moi, champ de
Grève, nous voyons toujours en position, à gauche de l’avenue de
la Suippe et un peu en contrebas, deux batteries d’artillerie dont
les pièces (des 75) sont dissimulées avec des branchages. Pour
l’instant, elles ne tirent pas, les hommes se divertissent entre
eux.
Notre
attention est attirée, de loin, par une quantité de terrassiers,
occupés à creuser des tranchées dans un champ longeant le haut de
la rue de Sillery. A distance, nous voyons un grand nombre d’animaux
étalés l’un auprès de l’autre; sur le talus limitant les
propriétés où avait lieu en juillet, le concours international de
gymnastique... Nous approchons et nous pouvons compter 60 chevaux et
un bœuf, dont on prépare l’enfouissement. Ces animaux ont tous
été tués par les obus, en ville, ces jours derniers Bd de la Paix
et Gerbert, rue Duquenelle, rue Lesage etc...).
Ayant
prévu vers 16h00 de se rendre chez sa belle sœur rue du Cloître,
Paul Hess, à peine arrivé doit rentrer précipitamment rue du Jard
en raison des obus qui commencent à pleuvoir.
Le
soir, une violente canonnade, entendue de tout près, nous contraint
à retarder l’heure du coucher.
XI)
Lettre
de Lucien Pinet à sa femme Madeleine
Mardi
28 septembre 1914
Mad
chérie
Je
profite du départ d’un camarade pour Rennes, pour lui remettre
cette carte qui peut-être par une autre voie de communication te
joindra plus vite. Rien de bien intéressant au point de vue
militaire à t’apprendre car c’est un secret professionnel. Quand
au malheur de guerre la première Batterie a été bien éprouvée du
même obus 5 blessés dont le capitaine et 5 morts puis 3 pièces. Je
suis en bonne santé et j’espère te trouver bientôt de même car
sa tire à sa fin. Embrasse tes parents et les miens et à toi ma
douce et adorée petite femme de bons gros baisers qui te feront
prendre le temps en patience. Ton petit homme...
Halary
est en bonne santé lui aussi.
Lucien
Pinet est mobilisé dès le début de la guerre au 25ème régiment
d’artillerie à Châlons-sur-Marne. Appartenant aux forces de
couverture, ce régiment se porte dès le 1er août en Lorraine, dans
la plaine de Woëvre puis près de Longwy.
A
partir de la mi-août, il bat en retraite jusqu’au début septembre
où l’avance Allemande est stoppée (bataille de la Vaux-Marie dans
la Meuse). Du 15 au 20 septembre, le régiment s’établit au sud de
Verdun, près de Rupt-en-Woëvre.
Il
n’en bougera plus de tout l’hiver 1914-1915. C’est donc dans ce
contexte où la guerre de position remplace la guerre de mouvement
qu’est écrite la lettre de Lucien Pinet. Dans sa missive, ce
dernier rappelle qu’un soldat ne doit pas donner d’informations
de type militaire, mais, ici, la formule utilisée, « secret
professionnel », est une expression plus civile que militaire,
pas étonnante sous la plume de quelqu’un qui deux mois auparavant
était encore civil. Sa notation sur les pertes dues à un seul obus
(5 morts et 5 blessés) nous rappelle que les premiers mois de la
guerre sont extrêmement meurtriers et que la majorité des tués et
blessés de la Première Guerre mondiale le sont par l’artillerie.
La lettre, écrite trois semaines après la bataille de la Marne,
montre que le soldat de base croit encore à une guerre courte (« car
sa (sic) tire à sa fin »).
XII)
Servon
Melzicourt, Carnet du capitane Rigault :
Début
du siège d’Anvers par les Allemands, 28 Septembre 1914. Lorsque le
jour paraît, nous commençons à dépasser des traînards du 226e,
preuve que nous suivons la bonne route. A un certain moment, prenant
le trot, je rejoins la queue de la colonne, en passant, je remarque
notre cuisinier Laurence, juché sur un fourgon et pérorant au
milieu d’un groupe de fricoteurs de son espèce.
On
me confirme que nous allons bien à Saulxures, mais nul ne sait si
nous y séjournerons. Il est très probable que nous soyons embarqués
en chemin de fer... Je retourne ensuite au devant de ma Compagnie.
Vers
9h30, nous arrivons au terme de notre étape. Il est temps car les
hommes sont bien fatigués, certains d’entre eux ont, en moins de
24 heures, parcouru plus de 50 kilomètres et, malgré cela, je
constate, non sans fierté, que pas un seul n’est resté en
arrière.
Le
6e Bataillon attend à l’entrée du bourg que le cantonnement soit
prêt. Je m’arrête à sa gauche. Peu d’instants après, survient
Gaudubois (ce dernier va être nommé caporal-fourrier, je viens de
le demander au Colonel qui m’a promis que la nomination paraîtrait
aujourd’hui même) et nous faisons une entrée impressionnante dans
Saulxures.
J’avais
recommandé aux hommes de lever le nez et de marcher fièrement afin
de montrer à leurs camarades des autres compagnies, qu’il n’y a
rien à faire pour rivaliser avec la 18e et, quoique ayant fourni un
très gros effort, mes poilus défilent avec une correction et une
crânerie admirables. Le Colonel et le Capitaine Bérault les
regardent passer et je vois très bien qu’ils ne sont pas
mécontents, loin de là.
Une
grande et belle ferme, à énorme pigeonnier et à portail imposant,
nous est dévolue. La consigne est de faire manger la soupe le plus
vite possible, ensuite, tout le monde doit se reposer dans les
différents cantonnements desquels il est fait défense de sortir.
Le
propriétaire de la ferme, grand et fort Lorrain au regard clair, me
raconte que sa fille, habitant un village qu’ont occupé les
Boches, a été fusillée, sans motif, sur le pas de sa porte, par
ces bandits quelques semaines plus tôt. Il me montre sa petite
fille, une mignonne blondinette de 2 ans, dont les jolis yeux bleus
me rappellent ceux de ma petite Denise, qu’il a recueillie, elle
est maintenant à jamais orpheline, car son papa a été tué par
l’ennemi en août dernier.
Notre
popote est installée chez moi et, en attendant le déjeuner, mon
vieux camarade Hanns, notre médecin, me masse et me bande le pied.
C’est bien une entorse que je me suis faite cette nuit, mais elle
est légère et il m’assure que, dans 3 jours, il n’y paraîtra
plus... Où serons-nous dans 3 jours ?... La décision vient de
m’être remise et elle contient l’Ordre Général suivant :
«
La Bataille décisive est engagée dans des conditions qui nous sont
favorables. L’ennemi a poussé tous ses corps en ligne et va
chercher par de violents efforts, à échapper à l’étreinte de
nos armées.
Le
Commandant en chef compte qu’à cette heure d’où peut dépendre
le succès de la campagne, chacun mettra une fois de plus une
énergie indomptable à refouler l’ennemi, à le chasser de ses
lignes et à assurer la victoire de nos armées.
Au
Grand Quartier Général, le 26 septembre 1914
Le
Général Commandant en Chef
Signé :
Joffre »
Voilà
qui nous promet, avant longtemps, de chaudes journées et pour que
nous nous pénétrions bien que ces dernières ne sont pas éloignés,
la Décision ajoute :
« Bagages :
Le Lieutenant-Colonel informe Messieurs les Officiers et Adjudants,
que le Régiment étant rentré dans une période d’opérations
actives, les voitures qui transportent les cantines marcheront
dorénavant au train réglementaire... Ces voitures partiront
aujourd’hui à 13h00 »
Allons,
à table ! Quelle belle tablée, nous sommes là 10 officiers
ayant tous plus ou moins vu le feu. Nous nous doutons que l’on va
nous diriger sur une contrée où il y aura des coups à donner et la
plus vive gaîté nous anime tous. Pas la moindre note discordante
et, ce qui n’est pas à dédaigner, le repas, le dernier que nous
ferons en terre Lorraine, est succulent et copieux. (note rajoutée
par l’auteur dans la marge).
A
la vérité, cette belle ardeur est peut-être un peu factice, pour
très peu d’entre nous cependant. Au café, à l’instant où la
conversation bat son plein, le brave Sirantoine, notre porte-drapeau,
fait son entrée et nous informe qu’à 15h00, le Régiment part
pour s’embarquer en Chemin de fer à Nancy. Il ne connaît pas la
direction que nous prendrons, mais il y a grand à parier que ce sera
celle du Nord... Des hurrah accueillent cette nouvelle et nous levons
nos verres en l’honneur du messager qui nous l’apporte et que
nous invitons à prendre place à notre table. Nous allons donc, de
nouveau, rentrer dans la Bataille et nous inspirons, paraît-il, la
plus grande confiance au Commandement. La 70e Division, d’ailleurs,
a été citée, avec le 20e Corps, à l’ordre de la IIe Armée, le
6 septembre.
Vite,
quelques mots crayonnés à l’adresse de ma femme pour, à mots
couverts, la mettre au courant de ce qui se passe et, à 15h00, la
Compagnie rassemblée dans la vaste cour, en ligne de sections par
quatre, équipée et prête à partir, après la communication des
ordres, du haut de mon cheval, je lui adresse les quelques mots que
voici :
« Mes
amis,
D’autres
champs d’action nous appellent. Nous allons, dans quelques heures
quitter cette terre Lorraine que vous avez contribué à délivrer de
la présence des Barbares. Je ne veux pas que nous partions sans
adresser un dernier salut à tous les camarades tombés au feu et
dont le sang généreux a arrosé les verdoyantes campagnes que nous
venons de parcourir pendant deux mois. Je sais qu’il est inutile de
vous recommander de suivre leur exemple. Quand il faudra marcher,
vous répondrez « Présent » et si l’on vous demande
l’ultime sacrifice, vous vous sacrifierez sans marchander, comme
Eux !
Tout
à l’heure, nous allons traverser Nancy vous vous souviendrez que
beaucoup d’entre vous ont servi à la 11e Division et, par votre
allure, vous montrerez aux Nancéiens, que vous avez protégés, que
vous n’êtes pas seulement de braves réservistes, mais encore et
surtout de fiers guerriers.
Enfin,
avant de quitter ce cantonnement, vous allez présenter une dernière
fois les armes à la mémoire de vos frères d’armes morts au Champ
d’honneur, dont je vous demande de conserver le souvenir à jamais
gravé dans vos cœurs.
Présentez
… Armes !
………………………..
Reposez
… Armes ! »
Les
braves gens ! je lis dans leurs yeux tout l’enthousiasme que
leur communiquent mes paroles et je sens qu’à ce moment, ils
pensent tout comme moi. Où sont donc les criminels qui prétendent
que toute idée de Patrie, tout sentiment du devoir militaire ont
disparu des cœurs Français ?
Quelques
kilomètres nous séparent seulement de Nancy et pendant le trajet,
nous sommes rejoints par une auto de la Division dans laquelle se
trouve le Capitaine Boris, celui-là même qui a été notre hôte à
la popote à Pierre-la-Treiche... Il invite le Colonel à descendre
de cheval et à prendre place à côté de lui afin de lui donner
communication des ordres.
Un
peu plus loin, n’ai-je pas la surprise de croiser un autobus
parisien, transformé en voiture à viande et qui porte encore, peint
sur ses flancs, l’indication de son trajet dans Paris :
« Avenue de Clichy-Odéon ».
Bientôt
nous arrivons en vue de la capitale inviolée de la Lorraine et ne
tardons pas à y entrer. Je dois avouer que je suis un tantinet fier
de caracoler en tête de ma Compagnie et cela, au milieu d’une
foule de gens qui nous considèrent avec sympathie... Depuis le 1er
août, c’est la première fois que nous traversons une ville, nous
avons perdu l’habitude, pauvres errants que nous sommes, de
rencontrer des personnes civilisées, des femmes élégamment
habillées. Aussi, nous nous en mettons plein les yeux.
Nous
arrivons à la Gare des marchandises. Là, les tuyaux les plus
fantastiques et les plus baroques nous assaillent. Un sergent de
territoriale, appartenant à un service quelconque des Étapes,
m’affirme d’une façon formelle, que le 20e Corps est parti 2
jours avant à destination du Havre où il doit s’embarquer pour
Anvers.
21h00,
tout le monde est casé, le train siffle et s’ébranle. Vers quelle
contrée nous emmène-t-il ? C’est la question que nous nous
posons tous...
XIII)
Blocus
contourné et mort de Jean Bouin :
Alors
que les Alliés arraisonnent des navires en provenance des États-Unis
et à destination de l’Allemagne, les Empires centraux décident
collectivement de contourner le blocus imposé par l’ennemi.
En
Roumanie, on indique qu’une exportation de benzine a débuté par
voie ferrée à destination de l’Autriche-Hongrie et de l’Allemagne
mais que les transports sont compliqués en raison de la surcharge du
trafic et de l’accumulation de wagons à décharger qui sont
stationnés sur les voies de garage.
Il est donc mis en place une programmation des convois et une nouvelle organisation de la prise en compte des chargements livrés sur les quais des belligérants. Les deux empereurs comptent substituer par des livraisons intra-Européennes ce qu’ils ne peuvent plus obtenir avec certitude du continent Américain.
Le
28 septembre 1914, les gouvernements Anglais et Français reçoivent
la confirmation qu’un corps expéditionnaire Franco-Anglais a
débarqué près de Douala au Cameroun et a trouvé une ville
abandonnée par les autorités Allemandes qui se sont repliées à
l’intérieur des terres.
En France, on apprend la mort de l’athlète Jean Bouin qui tombe près de Toul le premier jour de sa montée au front. Le même jour, un communiqué indique également la mort au champ d’honneur du général Marquet, commandant la 17e brigade d’infanterie.
XIV)
...
L'Histoire n'admirera ni la France républicaine ni l'Angleterre
libérale.Tous ceux qui reviennent de là-bas (dire que nous
considérons comme un très beau résultat et même comme un succès
que la bataille ait lieu non sur la Marne mais sur l'Aisne !), tous
ceux qui reviennent des lieux terribles où règne la mort, disent
que tous ceux qui tombent prononcent le même mot : « Maman
! ».
Pour
celui qui découvre les ensembles de l'Histoire, une grande voix
dominant le champ de bataille répond à ce cri des jeunes soldats
qui meurent par cette clameur d'Apocalypse : « Ce sont les
erreurs de vos pères que vous payez. »
Je
crois de moins en moins que la postérité puisse admirer l'histoire
du peuple Français, qui, après avoir travaillé 200 ans à détruire
l'Allemagne, l'a reformée de ses propres mains, et qui a vécu 40
ans à côté d'une formidable puissance militaire sans se
protéger contre l'agression... Il y a 6 mois, l'Allemagne ayant
porté son armée de première ligne à 900.000 hommes et prélevé
sur sa population une contribution de guerre d'un milliard de marks,
il y avait une immense majorité de Français qui croyaient que
c'était pour rien, pour le plaisir, que l'Allemagne s'armait
jusqu'aux dents...
Quand
on disait aux habitants de la vallée de l'Aisne et de la vallée de
l'Oise que l'envahisseur guettait leurs villes, ils riaient comme
d'une bonne plaisanterie.
L'Angleterre
de Léon Daudet leur faisait l'effet d'un livre très exagéré,
écrit par un illuminé... C'est ainsi que Lille, Maubeuge, La
Fère, Reims etc., n'ont pas eu les fortifications qui eussent
arrêté l'ennemi... C'est ainsi que l'insuffisance de notre grosse
artillerie nous retient en ce moment devant les tranchées Allemandes
dans l'Aisne... Et pourtant, comme le dit le critique militaire du
Berliner Tageblatt, « le dernier mot dans cette guerre
appartient à l'artillerie ».
D'après
le même, nos artilleurs sont excellents, notre tir parfait, notre
canon de 75 hors de pair, mais l'artillerie lourde nous manque. Ce
n'est pourtant pas faute qu'on l'ait dit, qu'on l'ait écrit...
Je
ne crois pas non plus que la postérité admire la politique de
l'Angleterre élective et parlementaire depuis 1870. Après avoir
laissé se faire l'Empire Allemand, elle l'a laissé grandir, elle
l'a laissé devenir puissance maritime, puis
elle
s'est engagée dans une diplomatie qui devait la conduire un jour ou
l'autre à un conflit avec l'Allemagne sans avoir une armée de terre
suffisante, après avoir renoncé à l'effort qui, sur mer, par le
principe du two powers standard, lui assurait la maîtrise absolue.
L'Histoire
n'admirera ni la France républicaine ni l'Angleterre libérale. Et
ces deux démocraties passeront pour des modèles d'imprévoyance et
d'aveuglement...Telles qu'elles sont, avec leurs immenses ressources
et le génie de leurs populations, il est scandaleux que la France et
l'Angleterre soient tenus en échec par ceux que tout le monde
appelle les « Barbares » Germaniques.
28
septembre 1914 : facilités de transport pour visiter les ...
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Il
y a 21 heures - Ce jour-là, le Petit Journal explique quelles
formalités il faut remplir pour que les familles puissent rendre
visite aux blessés. Selon Stéphen ...
Lundi
28 septembre 1914 : la furie de la guerre continue ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../lundi-28-septembre-1914-la-furie-de-la-guerre-c...
Lundi
28 septembre 1914 : la furie de la guerre continue. Par la rédaction
pour Il y a 100 ans - La Grande Guerre, Publié le 28/09/2014. Il y a
100 ans - La ...
Le
journal de Paul Destombes : 28 septembre 1914, «La ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../le-journal-de-paul-destombes-28-septembre-1914...
Il
y a 12 heures - Lundi 28 septembre. Quelques bombes auraient
encore été lancées sur Paris par un taube allemand ; l'une d'elles
est tombée devant le n° 16 ...
55/
Journal de la grande guerre: le 28 septembre 1914 fin ...
reims1418.wordpress.com/.../28/55-journal-de-la-grande-guerre-le-28-se...
Il
y a 14 heures - Lundi 28 septembre 1914 Fin de la première
bataille de l'Aisne Joffre adresse des félicitations aux troupes du
général Franchet d'Esperey ...
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