dimanche 14 septembre 2014

975... EN REMONTANT LE TEMPS

13 SEPTEMBRE 2014...

Cette page concerne l'année 975 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

NAISSANCE DE MONTPELLIER

ARNAUT DE MAREUIL
On ne fait point remonter l’origine de cette ville au delà du VIIIe siècle. Humble village à cette époque, Montpellier tire son accroissement de la décadence de 3 villes voisines, Substancion dont il dépendait, Maguelonne et Melgueil. Détruite en 737 par Charles Martel, Maguelonne voit ses habitants se réfugier les uns à Montpellier, les autres à Substantion. Parmi ces derniers figurent l’évêque et le comte de Maguelonne, qui ajoutent à leur titre le nom du lieu où ils s’étaient retirés. Bientôt une lutte d’autorité s’engage, et le comte, abandonnant Substancion à l’évêque, va fonder à Melgueil une maison qui se maintient environ 2 siècles, et dont les biens, après avoir été transmis, faute d’héritiers mâles, aux Bérenger de Barcelone, aux Pelet, seigneurs d’Alais, et aux comtes de Toulouse, échoient enfin aux mains des évêques de Maguelonne.

Ricuin est connu pour avoir inféodé les terres de la future ville de Montpellier en 975, terres qu'il a reçu des sœurs de Saint Fulcran, l'évêque de Lodève, qui est issu de la branche des comtes de Melgueil. Ricuin donne son accord en 985 au comte Bernard II de Melgueil pour que le chevalier Guilhem, qui est connu sous le nom de Guilhem Ier de Montpellier, devienne seigneur de Montpellier. Il assiste en 975 à la dédicace de la cathédrale de Lodève.
Ricuin II meurt vers 998

C'est ainsi donc que commence un acte de donation daté de 985.
Cet acte est signé par Bernard II Comte de Melgueil (aujourd'hui Mauguio) et par sa femme Sénégonde, dont on ne connaît pas l'origine mais que certains historiens apparentent à la famille de Rouergue.
Ce don est fait à Guillaume, pour son service et sa bénévolence, il s'agit d'un manse et de ses terres se situant en Territoire de Maguelone, dans les environs du castel de Substancion, dans le Territoire de la Villa de Candillargues, nommé le Territoire de la Monte pestelario.

Voici que cet acte bref, même dans sa globalité, mais si riche d'information, nomme pour la première fois ce qui deviendra la cité de Montpellier: La Monte Pestelario... Loin de ce que nous connaissons aujourd'hui, Montpellier au Xe siècle ressemble vraisemblablement à cela :
Il faut en convenir, il est difficile d’imaginer comment un manse comme celui-ci, deviendra, sans conteste, un Territoire si puissant et si respectable, face à plusieurs villes et dynasties déjà rayonnantes comme celles des Comtes de Toulouse, de la Maison Trencavel Vicomtes de Bézier, ou encore des Comtes de Barcelone.
Sa majesté, la cité la doit donc à une dynastie dont le premier acteur est nommé dans l'acte précédemment cité : Guillaume, que l'on rencontre souvent orthographié Guilhem.
C'est un vassal de la famille des Comtes de Melgueil. Il se voit octroyer par cette famille une terre, ses dépendances et tout ce qui s'y trouve, terre qui leur appartenait en alleu. Guilhem est, au moment de l'acte, marié à Chimberge, dont on ne connaît pas la filiation et dont il n'a pas d'enfant. Ainsi s’installe le couple sur les Terres de la Monte Pestelario. Ce n'est pas un secret, il règne autour de cette donation beaucoup de mystères et de légendes.

Notamment celle de 2 sœurs. Une version controversée mais très étudiée, qui frôle avec la légende de part le caractère très ancien de ce récit mais aussi à cause du manque de preuves probables de l'époque, mais, laissez-nous ouvrir cette perspective...
La Donation des Deux Sœurs :
Ces deux femmes, venues de Lodève, sont également mais surtout, sœurs de Saint Fulcran. Ce Saint, Evêque de Lodève et Archidiacre de Maguelone. Sa qualité de Saint relève de sa grande humilité, de sa charité et de sa dévotion complète à l’Église de son temps. Après sa mort, plusieurs miracles lui seront reconnus...
Cette fratrie relève d'une conjonction de grandes familles de la haute aristocratie et de la noblesse locale. Parmi ces familles, nous pouvons citer les Rouergue, les Roquefeuil, les Anduze, les Lodève et les Melgueil par leur mère Blitgart, mariée au Comte de Lodève, de laquelle leur viendrait ces terres.
Ces deux sœurs ont fait don de ces dites terres en leur possession à l’Église, représentée dans cette zone géographique en la personne de l’Évêque de Maguelone, Ricuin II. Ces terres sont celles de Montpellier et Montpelliéret.
Puis, en 975, l’Évêque a lui-même inféodé ces terres au Chevalier Gui, le père de Guilhem Ier.

Cette version est soutenue par beaucoup depuis très longtemps, nommons par exemple Dom Vaissète ou encore l'Abbé Guichard.
Tous ont très bien étudié ce sujet.

Tout en restant fidèle à la version officielle de l'Histoire, rien n'empêche d'ouvrir d'autres hypothèses.
Thierry Lochard, dans son ouvrage Montpellier -Ville Médiévale, retrace les contours de la cité dont voici le plan:


La Monte Pestelario:

Le peuplement et l'aménagement du territoire que reçoit Guilhem Ier se fait en plusieurs phases, mais voyons tout d'abord à quoi ressemble vraiment Montpellier à cette date là.
Plus qu'une simple structure agricole, les terres de la Monte Pestelario regroupent trois secteurs:

1) La zone en bleu dessine les contours de l'ancien Château Saint Nicolas, forteresse des Seigneurs de la ville au Xe et XIe siècles. C'est aujourd'hui la Rue de l'Aiguillerie.

2) Dans le secteur en vert, dont les ruelles signent encore aujourd'hui les contours d'une petite agglomération d'habitations regroupées autour d'une petite église paroissiale, existe déjà le quartier Saint Firmin, autour de l'actuelle Rue Saint Firmin.

3) Le troisième secteur, ici signifié en rouge, est l’Église Sainte Marie, aux pieds du Château. C'est déjà à l'époque un lieu de rencontre, de pèlerinage, on y mentionne un marché et de nombreux échanges. L’Église, que l'on nommera plus tard, Notre-Dame-des-Tables, est déjà le cœur économique du bourg.
C'est aujourd'hui sur la Place Jean Jaurès que se dressait l’Église le Liber Instromentorum Memorialis: 

Si nous avons de telles informations sur la création de la ville, c'est que nous avons la chance de conserver aux Archives Municipales de Montpellier, un document exceptionnel.
Ce recueil, qui renferme l'acte de donation de 985, nous est parvenu presque par miracle et a pu être préservé jusqu'à nos jours par une série de prodiges.

Plusieurs ont été les titres que les contemporains ont donné face à cette merveille... Il est appelé Registrum Montispessulani lorsqu'au XIIIe siècle on en fait mention dans les archives.
Puis au XIVe il est appelé Registrum Magnum et plus tard dans le lumineux XVIIIe siècle, Le Livre Vert.

Le titre originel de ce livre est en fait :

LIBER INSTRUMENTORUM MEMORIALIS
Ce livre est retrouvé par les Consuls de Montpellier en 1443 lorsqu'ils l'achètent au notaire Andrea Bolati et l'enrichissent d'enluminures.
LES DEUX SŒURS
Ce livre renferme plusieurs actes, plusieurs testaments et documents importants de la Famille des Guilhem Seigneurs de Montpellier.

Le commanditaire est Guilhem VIII, au XIIe siècle il fait recopier les textes gardés jusqu'à présent sans forme particulière, et les rassemble dans ce recueil. Les textes les plus anciens sont datés de 980 et 985 avec l'acte précédemment cité, jusqu'au plus récent daté de 1204.

Nous pouvons séparés les documents en deux grandes parties, soient :
- Les Possessions et Allégeances au Seigneur dans le Diocèse de Maguelone
- Les Possessions et Allégeances au Seigneurs sur des terres plus éloignées

Le besoin de ce registre, de répertorier ces dépendances et ces allégeances, se fait sentir car, déjà un siècle après la création de la Seigneurie, les Guilhem de Montpellier deviennent plus puissants que les Comtes de Melgueil à qui ils doivent leurs terres... Nous notons qu'au même moment le plan de la ville se métamorphose lui aussi grâce à cette ascension. La marque de ce changement, et qui fera entrer Montpellier dans le rang des villes féodales, est la construction dans les années 1130-1140 d'une première enceinte englobant les 3 noyaux urbains, puis par Guilhem VI d'un Château plus grand et plus confortable, que les Seigneurs doteront de jardins et d'une Chapelle baptisée Saint Sébastien en raison des reliques du Saint vénérées ici.

L’afflux notable dans le siècle suivant qui révolutionne Montpellier :
Guilhem VII et Guilhem VIII, inspirés par les pèlerins de toutes origines se rendant à Saint Jacques de Compostelle et venus vénérer la vierge noire ramenée par Guilhem V de la première Croisade « La Maesta Antiqua » appelée « La Negreta »... Puis, poussés par la facilité d'accès à la cité par les grandes routes du Sud de la France à cette époque et par le tout proche port de Lattes, la Dynastie des Guilhem acquiert ses lettres de toute noblesse se faisant connaître pour sa tolérance et son désir de découverte et de progrès.

Guilhem VII se marie avec Mathilde de Bourgogne et participe à de grandes batailles telle celle de Tortosa.

Guilhem VIII, quant à lui, se constitue une cour dans laquelle règne l'amour courtois et la poésie recevant même Arnaud de Mareuil , célèbre troubadour. Il a le goût pour les lettres et l'étude poussée dans des domaines comme le Droit ou la Médecine... C'est d'ailleurs en 1150 que la première école de Médecine est attestée à Montpellier et c'est par un édit de Janvier 1181 que Guilhem VIII « ordonne, veut, encourage toute personne sans distinction de nationalité ni d’origine à enseigner la médecine à Montpellier en pleine liberté et à y tenir école sans avoir à craindre le moindre empêchement ».

L’histoire de cette ville, depuis 975 jusqu’à 1789, peut se diviser en quatre époques.

Du Xe siècle au XIIe siècle, Montpellier s’étend et s’affermit. Au milieu des conflits de juridiction qui mettent aux prises les seigneurs dont il relève, et les suzerains ecclésiastiques auxquels l’autorité séculière doit hommage, il s’essaye aux libertés municipales dont il trouve l’exemple et la pratique à Marseille, à Arles, à Nîmes et à Narbonne.

MAISON MÉDIÉVALE
Du XIIe siècle au XVIe siècle, la ville marche de pair avec ces 4 cités. Pas plus qu’elles, sans doute, elle ne peut éviter le contre-coup des événements qui agitent la France durant cette longue période. Elle paie son tribut aux croisades, à la guerre des Albigeois, aux terribles luttes de la France avec l’Angleterre.... A plusieurs reprises elle est décimé par la peste, mais ces rudes épreuves, loin de l’abattre, l’incitent à de plus grands efforts et, au moment où les guerres civiles du XVIe siècle viennent le mettre à deux doigts de sa perte, il possède une école de médecine qui depuis 300 ans, ne cesse de jeter le plus vif éclat, et elle est devenu l’entrepôt d’un commerce qui déjà, en 1173, fait l’étonnement du célèbre rabbi Benjamin de Tudela.
En 1204, les rois d’Aragon ont usurpé la seigneurie de Montpellier et fait brèche, un instant, à l’unité future de la France... Mais, par une rencontre singulière, c'est un évêque de Maguelonne qui, en cédant Montpellieret à Philippe le Bel, rattache ainsi la seigneurie de Montpellier à la couronne de nos rois. Un demi siècle après, Jayme III, titulaire de ce fief, le vend à Philippe VI. Cédé, repris, puis restitué par Charles V à Charles le Mauvais, roi de Navarre, Montpellier est réuni définitivement à la France en 1378.
Du XVIe siècle au XVIIe siècle, cette cité, est la proie des guerres civiles. Les calvinistes y établissent une sorte de république, et, après s’être un instant soumis à Henri IV, ils reprennent les armes à sa mort. Un siège long et sanglant rend Louis XIII maître de Montpellier.

Ici se termine l’existence purement individuelle de cette ville. N’oublions pas, cependant, que jusqu’à la révolution française elle est le siège des États du Languedoc... Elle est bâtie sur un plateau que domine la montagne de Saint-Loup et au bas duquel coule une petite rivière, le Lez, dont les eaux navigables vont grossir l’étang de Thau. Montpellier est à 8 kilomètres de la Méditerranée, et communique à cette mer par le Lez et par le port de Sète. Un chemin de fer l’unit en outre à cette dernière ville. Le Jardin des plantes, à Montpellier, est crée au XIXe siècle... Les rues de Montpellier sont étroites, escarpées et tortueuses, mais les maisons, presque toutes de pierres de taille, sont d’un bel aspect. Du reste, aucun édifice public n’attire bien vivement les yeux. Seule, la promenade du Peyrou est digne de toute l’admiration du voyageur. Des balustrades qui l’entourent, les regards se promènent sur l’étang de Maguelonne, sur la mer et sur les campagnes environnantes dont les beautés mâles et nobles ne le cèdent peut-être pas à celles du Dauphiné ni même à celles de l’Italie.
Parmi les hommes remarquables que cette Ville a vus naître on peut citer : la Peyronie, fondateur de l’Académie de chirurgie de Paris ; le peintre Sébastien Bourdon, Barthez, célèbre médecin du XVIIIe siècle, Vien, le maître de David, le chimiste Chaptal, et le poète Roucher, qui monte sur l’échafaud avec André Chénier.

Ricuin II (évêque de Maguelone) — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Ricuin_II_(évêque_de_Maguelone)
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Montpellier (Hérault) - La France pittoresque
www.france-pittoresque.com › Lieux d'Histoire
6 mai 2013 - L'histoire de cette ville, depuis 975 jusqu'à 1789, peut se diviser en quatre époques. Du dixième siècle au douzième siècle, Montpellier s'étend ...
Vous avez consulté cette page le 13/09/14.
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