vendredi 12 septembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 11 SEPTEMBRE 1914

11 septembre 1914


I)
Le 11 septembre 1914, « Le Réveil du Nord » relate l’extraordinaire aventure du maire de Brebières. En voici quelques extraits :
« M. Pilat, cavalier émérite et maire de Brebières a été ces jours-ci victime d’une extraordinaire aventure. (…) Entendant le canon gronder sans cesse à une faible distance de sa commune, M Pilat enfourche son pur-sang et au galop se dirige vers le champ de Bataille... Déjà, il a gagné Oisy-le-Verger et se trouve au milieu des lignes de combats, quand survient une compagnie de cyclistes Allemands qui s’empare de lui et de son cheval. Il est amené à Cambrai où malgré ses explications, il est maintenu prisonnier et passe la nuit dans la rue au milieu des Allemands.
Jeudi matin, M. Pilat est mis dans une colonne de 80 qui prend la direction d’Havrincourt. Les frères de M. Pilat qui ont appris son arrestation se rendent à Cambrai où grâce à de puissantes relations, ils ont une entrevue avec le général commandant en chef, qui après avoir entendu leurs explications, signe un ordre de mise en liberté. (…) M. Pilat est donc mis en liberté muni d’un passeport pour traverser les lignes Allemandes... À peine a-t-il passé celles-ci qu’il tombe sur une troupe Française qui le capture, voyant en lui un espion. Placé sous escorte, M. Pilat doit monter sur un caisson d’artillerie qui se rend au combat et y demeurer tout le temps de la bataille. Ce n'est que bien plus tard, au passage de Rocquigny qu’il est reconnu par une personne bien connue de l’état-major et remis en liberté. M. Pilat regagne Arras à pied et jure bien de ne plus aller voir de combats. »...

II)
Rambervillers
Le diable emporte les alertes de nuit ! Hier soir à 10h je dormais comme un pape, après 36h de veille…Toc, toc, toc ! « Alerte... M’sieur le major ! »... Ah ! se chausser, s’habiller, descendre dans la nuit pluvieuse, patauger dans la boue, alors qu’on était dans un bon lit, un lit comme je n’en ai pas eu depuis le commencement de la campagne ! Et puis après une demi-heure d’allées et venues nocturnes et boueuses, s’entendre dire : « Vous pouvez rentrer, votre bataillon ne marchera pas. »...
La journée se passe bien, 2 bataillons sont allés au feu, le nôtre ne marche pas ! La compagnie Gresser est aux avant-postes, sur la route de Roville-aux-Chênes, Je suis allé la voir... L’odeur horrible ne se fait plus guère sentir, mais le terrain est intact, on ne l’a débarrassé que des chevaux morts qui l’encombrent... Dans un fourré je trouve un cheval gris, squelettique, qui meurt. Près de lui, un cheval mort, sans tête. On dit que nous progressons :
Le 1er bataillon serait à Anglemont.
4h00
Les canons français tonnent sans arrêt. Ce sont des 155 long.
4h30
-Allons bon ! Nous quittons Rambervillers à 7h pour Saint Gorgon. Ici nous étions trop bien. Pouvoir à 500m des obus manger comme nous l’avons fait à midi était trop beau pour que cela dure : radis noir, truites à la meunière, poulet rôti, pommes de terre au lard, miel en gâteau, tarte aux mirabelles, le tout arrosé de vieux bordeaux et servi dans une vaisselle bourgeoise... Nous avons toute cette agréable maison à notre disposition, même la cuisinière revenue hier et qui n’a pas trop peur du canon parce que nous sommes là.
5h25
On ne part pas. Quand je vous le dis : ordre, contrordre, ordre, contrordre… Mouvements de troupe incessants : des chasseurs vont remplacer les fantassins sur la ligne de feu, des hussards s’en vont pousser des reconnaissances, des carrioles hétéroclites ramènent des blessés. Il pleut...

III)
Journal du Rémois :
Henri Dunant
Vendredi 11 septembre. La température s’est refroidie, au matin, pluie et vent, après-midi pluie torrentielle. Reims est traversée par des voitures régimentaires, des charrois de munitions. C’est un corps d’armée tout entier, peut-on dire, qui file par Bétheny et par la route de Laon.
Le quartier général en est au grand Hôtel, où se trouve même un des fils de l’empereur. M. de Bruignac me le montre, vers une heure, sur le trottoir de l’hôtel, mais je n’ai guère envie d’aller l’examiner de près.
Malgré le départ de nombreux soldats, la poste Allemande est restée et s’installe au Musée des Beaux-Arts dans le vestibule , dont on a enlevé les bustes, deux voitures automobiles stationnent dans la cour, même la nuit...
Le drapeau Français de l’hôtel de ville, resté jusqu’à maintenant à sa place, a été enlevé par les Allemands à 5 heures du soir.

IV)
Journal du Rémois :
Paul Hess
Nous avons été réveillés par le roulement de voitures, dont le passage a recommencé ce matin, vers 3 heures, se poursuivant sans arrêt jusqu’à 4 heures.
Après le nombre considérable de celles qui ont déjà traversé notre ville hier, nous avons lieu d’être ébahis d’en entendre arriver encore dans la matinée, par longues files se développant sur des kilomètres et de voir de nouveaux trains, toujours aussi nombreux, monter la rue Cérès et le faubourg, à différents autres moments de la journée.
Ce défilé d’autos, fourgons divers, prolonges, caissons d’artillerie, chariots, quelquefois aux dimensions énormes, chargés jusqu’au plus haut de sacs qui paraissent contenir du grain et de la farine, fourragères remplies à déborder de quantité de colis divers, ne cesse pour ainsi dire pas, ce vendredi 11, et cela nous donne une idée de ce que peuvent devenir encombrants et gênants dans certains cas, pour les armées, leurs impedimenta lorsqu’ils doivent atteindre de pareilles proportions.
En flânant, ce matin et cet après-midi, j’ai été amené à faire, à différentes reprises, la même constatation. Si les caissons d’artillerie que nous voyons rouler parmi ces charrois sont en quantité surprenante, les pièces – de 77 ou autres – y sont plutôt rares.
J’ai remarqué, lorsqu’il est venu, suivant les autres et comme perdu au milieu d’eux, un de nos fourgons régimentaires du 205e d’infanterie et, un instant après, mon attention a été attirée par la vue d’un trompette ayant son instrument dans le dos, mais qui est certainement heureux et fier d’avoir un clairon Français attaché à la selle de son cheval.
Cette fois, à n’en pas douter, l’armée allemande est en pleine retraite. Toutefois, ces convois interminables ont une marche très régulière et fort bien ordonnée. De distance en distance, des officiers, des sous-officiers à cheval ou assis sur une auto, transmettent, souvent par un simple signe du bras, un ordre qui vient d’être donné d’arrêter, afin d’éviter l’embouteillage, cela s’exécute instantanément, puis tout repart sur un nouvel ordre. Mais combien de centaines, peut-être même de milliers de ces véhicules, aurons-nous eu à contempler aujourd’hui et hier...
En dehors de cela, il arrive toujours beaucoup de blessés Allemands. Aujourd’hui, les autos continuent leur va-et-vient pour les amener et les déposent encore chez les particuliers ou même sur les trottoirs.
Après déjeuner, j’ai croisé, sur le boulevard de la Paix une cinquantaine de ces malheureux de toutes armes, formant une longue colonne, leur vue fait pitié. Ceux qui ont les bras en écharpe peuvent avancer, mais beaucoup d’autres, derrière, se traînent lamentablement à l’aide de cannes, de béquilles, quelques-uns marchant à même sur leurs pansements. Ils se dirigent du côté de la place de la République où des autos les attendent car, quelques instants après, me trouvant par là, je remarque encore d’autres blessés, plus grièvement, étendus dans des voitures sanitaires prêtes à partir et à proximité desquelles, un car, portant une quinzaine de religieuses au costume bizarre et paraissant faire partie de leur service de santé, se trouve en station. Là, il y a une grande activité...
Les détonations sont bien plus rapprochées que ces jours derniers, mais le tac-tac des mitrailleuses alternant avec de très nombreux coups de fusil, nous pouvons tout de même avoir espoir, il nous semble, en la libération prochaine de notre ville. On dit que les troupes Françaises sont bien près de Reims, cependant, il nous faut patienter encore.
- L’affiche suivante, imprimée en 3 langues, allemande, française et russe, a été placardée en divers endroits de la ville :
« Avis !
Sera fusillé : quiconque endommagera un fil ou câble du service télégraphique ou téléphonique, également quiconque arrachera cette affiche. Si un tel délit a lieu dans le territoire d’une commune, celle-ci encourra les plus graves représailles dans le cas où le coupable ne serait pas saisi.
Le Grand Quartier Général Allemand. »

V)
L’ordre no 57 du C.A. fait connaître que l’ennemi a du céder devant la 9ème Armée (Gal Foch), et la gauche de la 4ème Armée (Gal de Langle de Cary), mais qu’il faut s’attendre à de sérieuses résistances dans la région à l’Ouest de Vitry. En conséquence, l’ordre est donné de prendre l’offensive par la Cense du Puits sur Blacy. L’ensemble du mouvement s’exécutera par échelons, la gauche en avant... Lieutenant de Bourguesdon du 21ème Colonial, blessé.

Vitry est évacué par les Allemands depuis 5 heures. La ville regorge de blessés Allemands et Français. Parmi eux un Reltmeister et son ordonnance... Il ne reste qu'un médecin major et 7 infirmiers. Avant de partir, les autorités allemandes ont insisté pour qu'il ne soit fait aux leurs aucun mal.

0h10
Sur un ordre particulier du Général Cdt la 24ème Division, l’Artillerie Lourde prend ses dispositions pour mettre en batterie 2 pièces pour battre la gare de Vitry et le quai militaire, où l’on a signalé des embarquements de troupes (Cap. Bret interroge un prisonnier Allemand). Pendant la nuit, un régiment Allemand attaque le 108e qui de la coupe du Montilleux fusille et repousse l’ennemi.
3h45
Le Maréchal des Logis Desboutue en reconnaissance vers Courdemanges rend compte que le village brûle et paraît inoccupé.
7h15
Du côté de la Brigade Coloniale, une patrouille a pu pénétrer vers 6 heures dans Frignicourt, qui semble abandonné. L ’impression du Général Caudrelier est que les Allemands ont abandonné ce secteur. Dans ces conditions, le Général a le vif désir d’aller de l’avant, mais naturellement, il veut être suivi.

10h00
Les troupes du 17e C.A. précédés du 9ème Chasseurs attaquent la transversale Coole, la Cense de Blacy. D’après des prisonniers, l’ennemi a entamé son mouvement de retraite la veille à 23 heures. En sortant de chez eux, le matin du vendredi 11 septembre, les Vitryats apprennent avec stupéfaction que la ville est presque entièrement vide des Allemands qui l'occupaient depuis 5 jours... La ville est sillonnée de convois qui passent à vive allure. Toute la nuit des troupes ont défilé vers la route de Chalons et de Vitry en Perthois, infanterie, cavalerie, artillerie, auxquelles se mêlent des chariot de blessés. Ce n'est pas d'ailleurs la déroute, la fuite éperdue, mais la retraite savamment organisée (R. Chavance).
10h50 (récit de M. Nebout)
Le Général Caudrelier fait parvenir un renseignement provenant d’habitants de Vitry, d’après lequel les Allemands ont retiré leur artillerie de Vitry l’avant-veille et l’ont dirigé vers Châlons par la route nationale. Les autres troupes ont commencé la retraite le jour même à 1 heure et à 7 heures. Il ne reste dans la ville que des pillards et des blessés.

12h00
Les 126e et 326e R.I. forment une colonne qui par 153 Mont-Moret et la voie ferrée, doit longer la Marne à l'Ouest en se couvrant des hauteurs à l'Est. Les régiments doivent gagner Blacy, Loisy, puis Couvrot.
22h00
Reçu à Blacy le rapport de la reconnaissance du Capitaine Bret (détachement mixte) de Vitry, faisant connaître que tous les ponts sur le canal de la Marne ont été minés, mais que les Allemands n’ont pas eu le temps de disposer les mises de feu. Le détachement a fait explorer tous les ponts et en tient toutes les issues. Vitry est libre !

VI)
UNE SAUCISSE
Cette nuit, j’ai donné asile à un brave petit chasseur blessé de deux balles, l’une dans le bras, l’autre dans le côté. Au jour, les brancardiers que j’ai fait prévenir, sont venus l’enlever. Les poches gonflées de chocolat que mes hommes lui ont donné, en partant il m’a appelé pour me remercier et me dire au-revoir. Je lui ai affectueusement serré la main valide, mais j’ai le cœur navré car je crois bien que le pauvre gars n’a pas dû aller bien loin, atteint comme il l’est. Quelle horrible chose que la Guerre !
Le combat se poursuit en avant de notre front et la canonnade fait rage. Nous voyons les chasseurs progresser lentement, mais sûrement, dans la direction de l’ennemi. A ce sujet, nous ne pouvons manquer de remarquer que l’on semble s’être assagi depuis le 25 août, ce n’est plus cette course folle d’antan, mais, au contraire, une marche en avant méthodique, permettant d’utiliser tous les abris et de ménager les forces des hommes. C’est la seule manière d’arriver à saisir l’ennemi à la gorge.
Nos cœurs accompagnent nos frères d’armes et notre plus grand regret est d’être, ici, cloués sur place et de ne pouvoir nous joindre à eux.
Il ne pleut plus ce matin, mais le temps n’est guère sûr et je crains bien que les averses ne recommencent au cours de la journée.  Avec cela, il souffle une bise désagréable, très violente et tout à fait froide.
Les saucisses sont toujours là ! Il est bien dommage qu’elles n’aient de commun que le nom que leur ont donné les troupiers, avec le produit que vendent les charcutiers, car nous aurions grand besoin de nous restaurer un peu.
Par bonheur, nos tranchées sont creusées dans un champ de haricots qui n’ont pas été cueillis et sont mûrs à point. A plusieurs reprises, j’en ai fait ramasser par les hommes et des cuisiniers débrouillards les ont fait cuire dans les maisons abandonnées de Buissoncourt ou d’Haraucourt... Chaque fois, mes braves types mettent la meilleure part de côté pour moi, il m’est même, une belle nuit, arrivé de trouver dans ma portion de fayots, une belle cuisse de lapin… D’un autre côté, notre médecin, quel chic camarade tout de même ! quitte son poste de secours où il est tranquillement à l’abri, pour venir partager avec moi les quelques douceurs que lui fait parvenir le cuisinier de notre popote. Hier, il m’est ainsi échu une énorme tranche de melon que dévorent des yeux les quelques troupiers qui m’avoisinent. Malgré ma faim, je n’ai pas pu me résigner à la manger seul et en ai fait la répartition autour de moi, regrettant seulement de ne pouvoir en faire profiter la Compagnie entière...

VII)
Les Allemands battus sur la Marne :
GÉNÉRAL MAUNOURY
La Vie armée n’est plus subordonnée au général Gallieni et repasse sous le contrôle du généralissime Joffre. La bataille de la Marne est à un vrai tournant puisque l’offensive Française a pour conséquence un recul cette fois avéré et général des forces Allemandes. C’est très marqué dans le département de la Marne où l’ennemi s’est approché du département de l’Aube et de la petite commune frontalière de Salon en atteignant notamment Gourgaçon et Corroy mais a dû faire retraite.
Les armées des généraux Maunoury, Dubail et Foch sont en train d’obtenir une victoire significative, la première de cette ampleur depuis le début du conflit. Cela vaut à Maunoury et Dubail d’être élevés à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur tandis que Foch est élevé à la dignité de grand-officier. Les combats qui se déroulent au nord de Sézanne, à hauteur du village de Mondement sont d’une dureté impitoyable et les pantalons rouges qui enregistrent de lourdes pertes portent haut le drapeaux Français et font honneur à la Patrie.

IX
La guerre s’élargit encore puisque malgré l’opposition des généraux Beyers et Herzog, chefs du parti Vieux-Boers favorables à la neutralité, le parlement du Cap vote l’entrée en guerre de l’Union Sud-Africaine aux côtés du Royaume-Uni. « Nous considérons que l’Empire étant en guerre, l’Afrique du sud est aussi en état de guerre contre l’ennemi commun ».

X)
Reprise de la marche vers le Nord. Le 119e, tête du gros de la colonne formée par la 6e DI suit la route : Le Charmel, Ronchères, Goussancourt où il se rassemble de part et d'autre de la route de marche surveillant d'une part les bois du [mot illisible], la Ferme Morfontaine et la lisière Sud des bois de Vézilliers, et d'autre part la lisière des bois à 800m au Sud de de Goussancourt.
La marche est reprise à 14h30 dans la direction de Vezillys, Bois d'Ormont.
A l’arrêt, la ligne de défense est divisée en 2 sections : Le 119e doit organiser avec les Ier et IIe Bataillons la 2e sections qui comprend la lisière Sud du bois d'Ormont (point de liaison avec le 1er secteur), le Bois de [mot illisible] et le bois de Saint Antoine.
La ligne des Avant Postes est ainsi déterminée : Arcis le Ponsart, cote 98, Nord de Brouillet, Cote 186.
Au 119e échoit le 2e secteur allant de la route Crugny Brouillet à la cote 186. Le IIIe Bataillon occupe ce secteur avec poste avancé vers le Moulin de Serzy et Prin (10e compagnie). Point de stationnement de l'EM du Ier et IIe Bataillon à Brouillet.

XI)
A 4 heures de l’après-midi, nous sommes avertis que dans une demi-heure nous devons être tous réunis en bas dans la salle d’honneur de l’hôpital avec nos bagages... Appel nominal de tout le personnel de l’hôpital par un officier de la Kommandantur, accompagné d’un interprète officier, de soldats armés et de gendarmes.
Ces formalités remplies, l’interprète nous annonce que nous sommes accusés d’avoir fait dans la nuit, des fenêtres de l’hôpital à l’aide de lampes électriques « des signaux ignobles et méprisables » (sic).
Nous sommes tous interloqués, nous n’y comprenons rien. On nous demande si nous reconnaissons l’exactitude de ces faits et comme nous nions énergiquement, on nous annonce qu’il est impossible de nous conserver à l’hôpital et que nous allons être renvoyés en arrière.
Escortés par les soldats et les gendarmes, nous sortons de l’hôpital avec nos bagages, sans avoir été fouillés. Le convoi se compose exactement des : docteurs Aubertin, médecin principal de 1ère classe
Tourtarel, médecin major de 1ère classe
Abdel Nour, médecin A.M. de 1ère classe
Volpert, Goujon, Baye, sans grade (s) ayant toujours rempli (s) les fonctions de médecin (s) auxiliaire (s)
Monsieur Dreul, Pharmacien aide-major de 1ère classe
Laurent, Pharmacien aide-major de 2e classe
Martin, pharmacien aide-major de 2e classe
Le capitaine d’administration Mr Dubua
Le sous-lieutenant d’administration Mr Leclerc et un certain nombre d’infirmiers....

XII)
Joffre télégraphie au ministre « La bataille de la Marne s’achève par une victoire incontestable ». L’armée de Sarrail doit encore supporter une journée de lutte et se porte en avant, suivant le mouvement de la IXe armée. Les deux armées d’aile gauche et l’armée Anglaise continuent la poursuite. von Moltke doit faire replier son centre afin de ne pas être coupé de ses lignes de communication.
G.Q.G. Français
Situation le 11 septembre 1914
Les armées Françaises dans la grande guerre
Joffre télégraphie au ministre : « la bataille de la Marne s’achève en une victoire incontestable ». Avant de rédiger ce message, les membres du G.Q.G. ont dû décider du nom à attribuer à la bataille. La Marne est retenue.
Joffre décide de renforcer la VIe armée pour la mettre en mesure de déborder l’aile droite Allemande. Il adresse une instruction particulière aux armées d’aile gauche pour l’exploitation de la retraite Allemande. C’est ainsi que :
La 37e division est transférée de Romilly à Creil.
Le 13e C.A. est transféré d’Epinal vers la zone nord de Paris.
IIe armée : début du dégagement de Nancy. La lutte se concentre entre le mont d’Amance et le Sanon. La bataille de la Marne est déjà gagnée et la bataille en Lorraine n’a plus la même importance pour le commandement Allemand.
Les ordres sont de poursuivre l’offensive à l’est de Nancy.
Au 2e G.D.R., la lutte continue dans la forêt de Champenoux.
Le 20e C.A. attaque vers Réméréville et Drouville. L’avance est pénible. L’infanterie Allemande, solidement retranchée, est bien pourvue de mitrailleuses et résiste avec ténacité. Le recul de l’armée du duc de Wurtemberg rend précaire la situation de celle du Kronprinz. Il doit retirer ses troupes par échelons. Dans la journée, la gauche de la IIIe armée progresse de manière sensible mais la droite ne peut que maintenir ses positions... Sarrail doit encore supporter une dure journée de lutte.
15e C.A. : Il progresse malgré une pluie diluvienne. La gauche occupe Andernay et Remennecourt, tandis que la droite touche le canal de la Marne au Rhin.
5e C.A. : Il reprend Laimont et Villotte-devant-Louppy aux Allemands qui restent en contact étroit et se défendent avec énergie.
Le 6e C.A. et le groupement des divisions de réserve ne peuvent se maintenir sous un feu violent d’artillerie lourde.
A 19h15, le mouvement en avant du 2e C.A. (4e armée) permet au 15e C.A. de gagner du terrain an nord du canal de la Marne au Rhin, entre Contrisson et Neuville-sur-Orne.

Joffre écrit à Sarrail : « En réduisant l’amplitude de votre mouvement de repli et en prenant une attitude enveloppante par rapport à la gauche du dispositif ennemi, vous avez parfaitement rempli la mission qui vous avait été assignée ».
La gauche de l’armée se porte nettement en avant, suivant le mouvement de la IXe armée, tandis que la droite reste sur la défensive une grande partie du jour. von Hausen, en reculant, découvre l’armée du duc de Wurtemberg. Cette dernière est obligée de rompre à son tour devant le centre et la droite de Langle de Cary... L’armée fait mouvement vers Dammartin-sur-Yère pour prendre pied sur les hauteurs qui séparent la vallée de l’Aisne des plaines de Champagne.
21e C.A. : Il va s’établir à Cernon et Coupetz, avec des avant-gardes sur la Marne à Mairy.
17e C.A. : Il attaque vigoureusement dans la nuit du 10 au 11 et traverse le chemin de fer vers 08h. Il refoule les troupes allemandes au-delà de Maisons-en-Champagne où il s’établit.
12e C.A. : Le C.A. se heurte à une défense bien organisée à Vitry. En combattant, il s’avance par Frignicourt, Courdemanges, Huiron et Glannes et s’établit le soir à Blacy.
Corps colonial : Il occupe Ecriennes, Vauclerc, Reims-la-Brûlée et, par sa droite, atteint le canal de la Marne au Rhin, vers Bignicourt.
2e C.A. : Le C.A. attaque à fond. Les Allemands résistent pendant la plus grande partie de la journée, mais Maurupt, Etrepy, Pargny, Sermaize sont finalement enlevés. Le soir le C.A. borde le canal.
Le corps colonial a passé la Saulx et cantonne entre Heiltz-l’Evêque et Brusson.
Le 2e C.A. borde l’Ornain d’ Etrepy à Sermaize, en liaison avec le 15e (IIIe armée). qui a atteint dès le matin le canal de la Marne au Rhin.
L’armée n’a plus un Allemand devant elle.
Ve armée Française
L’armée a ordre de continuer la poursuite, les C.A. de droite s’échelonnant légèrement en arrière, de manière à pouvoir s’engager face au nord ou à l’est. Le C.C. Conneau marche devant le front de la Ve armée, dans la direction de Fismes... Une attaque est lancée vers Mont-Notre-Dame, où les Allemands se sont retranchés avec des mitrailleuses et de l’artillerie. Le groupe cycliste et 3 batteries appuient cette attaque. La localité est prise à 15h, après un combat de 3 heures. L’armée porte ses têtes de colonnes au sud de la Vesle, entre Chéry et Ville-en-Tardenois.
Le 10e C.A. remonte de Vertus sur Epernay. •-Le 18e C.A. atteint la région Mareuil-en-Dôle, Chéry, au sud de Fismes.
A sa droite, le groupe Valabrègue marche en direction de Berry-au-Bac, Guignicourt, Juvincourt.
Le 3e C.A. marche vers Saint-Thierry et Thillois
Le 1e C.A. opère un mouvement de conversion vers l’est.

VIe armée Française
La poursuite se déclenche lentement. Un ordre préparatoire parvenu vers 4h30 fait connaître que les troupes doivent se tenir prêtes dès 6h. Il faut poursuivre l’armée Allemande sans lui laisser de répit. La VIe armée doit se porter au nord-est :
4e C.A. aura à sa droite les 61e et 62e divisions (groupe Ebener) à partir de Crépy. La colonne de gauche doit suivre l’itinéraire Rozières - Trumilly - Béthancourt - Morienval - Pierrefonds, la colonne de droite marchera vers Crépy-en- Valois - Feigneux - Rétheuil - Chelles.
3e D.C. doit surveiller les passages de l’Oise entre Pont-Sainte-Maxence et Compiègne.
Groupe de Lamaze (55e et 56e divisions) progressera suivant l’itinéraire La Ferté-Milon - Faverolles - Corcy - Longpont.
7e C.A. : progressera vers Villers-Cotterêts - Soucy.
Les avant-postes de la VIe armée doivent atteindre la ligne Pierrefonds - Coeuvres-et-Valsery - Saint-Pierre-Aigle - Chaudun, les gros celles de Rétheuil - Longpont. Au 1e C.C., la 5e division reste aux environs de Beauvais Les 1e et 2e D.C. commencent la poursuite avec un retard sensible. Leurs gros suivent la direction de Senlis - Rully - Verberie, localités que les Allemands ont abandonné le matin. Le pont de l’Oise ayant été détruit au moment de la retraite, la 1e division jette un pont de circonstance au moyen de péniches. Le C.C. cantonne dans la région de Verberie du 11 au 12.
Les troupes marchent en colonnes de route pour hâter le mouvement car il n’y a aucune troupe ennemie en vue.
Au 7e C.A., la colonne de gauche (7e division) pousse ses avant-postes aux débouchés nord de la forêt de Villers-Cotterêts, à hauteur de Vivières. Les Allemands se dérobent en bon ordre et à toute vitesse. La 63e division se porte à l’ouest de la forêt de Villers-Cotterêts. La 56e division s’arrête au nord de cette forêt. La 55e division marche par la route de Villers-Cotterêts à Soissons.

IXe armée Française
L’armée reçoit l’ordre de continuer la poursuite en vue de se rapprocher le plus possible de la Marne.
Le 11e C.A. via Sommesous - Châlons - Gourgançon - Connantray.
Le 9e C.A. via Bergère-les-Vertus - Mareuil-sur-Ay.
 Le 10e C.A. vers Mareuil-sur-Ay - Epernay. Il assurera la liaison avec le 1e C.A. (Ve armée).
La région qui s’étend devant la IXe armée, surtout à l’est de la route de Vertus à Reims, est un terrain favorable pour une poursuite, la plaine champenoise. L’armée ne dispose toutefois que d’une faible cavalerie : moins de 500 chevaux, qui couvre la marche de la division Marocaine et de la 17e division (Chaintrix, Champigneul, Jâlons, Condé-sur-Marne). Dans la matinée, les têtes du 9e C.A. atteignent la Marne mais tous les ponts ont été détruits. Un pont provisoire est jeté à l’ouest de Condé, dans la boucle de la Marne. Pendant ces travaux, les troupes cantonnent au sud de la Marne.
Le 11e C.A. marche sur le front Normée - Vassimont - Sommesous – Châlons.

Armée Anglaise
Elle continue la poursuite sans incident. La cavalerie atteint la ligne de l’Aisne, les 3e et 5e brigades au sud de Soissons, la division Allenby à l’est vers Couvrelles et Serseuil.
Derrière la cavalerie, les gros dépassent l’Ourcq vers Ouchy-le-Château et Fère-en-Tardenois.
Armée belge
La bataille de la 2e sortie d’Anvers commence vers 11 heures.
La 5e division se porte en avant en 3 colonnes
1e brigade par la rive droite du canal de Willebroek vers Beigem et Pont-Brûlé qu’elle trouve solidement retranchés.
16e brigade sur la rive gauche jusqu’aux lisières d’Eppegem, en arrêtant deux retours offensifs de l’armée Allemande.
17e brigade fait mouvement via Zemst sur Weerde. Prise de flanc, elle réalise peu de progrès.
La 1e division pousse ses 3 brigades côte à côte entre la Senne et le canal de Leuven, vers Nieuwenrode, Humbeek et Pont-Brûlé. A la nuit tombante, la 1e brigade se trouve arrêtée vers Beygem, devant des retranchements renforcés de réseaux de fil de fer.
la 16e brigade atteint a lisière du Katter Meuter Bos, puissamment défendue. Elle bivouaque vers le château de Kleempoel.
La 1e division fait mouvement vers Hofstade - Schiplaken - Venne.
La 3e division monte une attaque vigoureuse vers Tildonk, Beuken, Over-de-Vaart.
La 6e division se porte à l’attaque de Tildon et de Bueken.
La 2e division reste inactive au cours de la journée, de même que la D.C.
A 23h, un communiqué de la Tour Eiffel signale que l’aile droite Allemande est en retraite sur une profondeur de +- 75 km. Albert Ier décide par conséquent de poursuivre l’offensive. Voici la situation de l’armée en fin de journée :
les 5e, 1e, 3e et 6e divisions ont progressé jusqu’à la ligne Eversem - Humbeek - nord d’Eppegem - Zemst - sud de Schiplaken - Katermeuterbos et le canal de Mechelen à Leuven.
Les ordres pour le 12 sont :
Les 1e, 3e et 6e divisions conservent les mêmes secteurs d’attaque.
La 2e division se portera à l’attaque de Wijgmaal.
La 4e division, tenue jusqu’à présent en réserve, se portera sur Mechelen.
O.H.L.
Von Moltke doit faire replier son centre afin d’éviter une catastrophe. Il part pour la première fois depuis le début de la campagne rendre visite à ses commandants d’armée. Au Q.G. de la Ve armée, Moltke déclare qu’il est nécessaire, en raison de la situation générale, de se replier immédiatement. Le kronprinz s’insurge et aucun ordre de retraite n’est donné pendant l’entrevue.
Au Q.G. de la IIIe armée, von Hausen est alité, atteint de typhus, tout en continuant à exercer le commandement. L’armée a pu au cours de la nuit et de la matinée se porter au nord de la Marne sur la position Mourmelon-le-Petit - Francheville non sans pertes. Avec ses 6 divisions fortement éprouvées, l’armée doit tenir un front de plus de 40 km. Moltke prescrit à von Hausen de tenir coûte que coûte jusqu’à nouvel ordre. Au Q.G. de la IV armée à Courtisols, Moltke apprend que l’armée s’est repliée dans la nuit sur la ligne Francheville (15 km au sud-est de Châlons) - Revigny sans être gênée par l’adversaire. Moltke demande au duc de Wurtemberg s’il serait à même de prendre à son compte une partie du front de la 3e armée. Ce dernier répond affirmativement.
Face à la 2e armée, l’adversaire semble vouloir diriger son effort principal contre l’aile droite et le centre de la 3e armée. Il faut replier le centre allemand vers Suippes - Sainte-Menehould. Si les français réussissent à percer d’ouest en est, ce serait une catastrophe pour l’ensemble des armées Allemandes car les 4e et 5e armées seraient coupées de leurs lignes de ravitaillement et acculées à Verdun et à la Meuse. Les 4e et 5e armées ne peuvent rester en coin avec leur flanc à découvert et devront par conséquent être reportées vers Suippes - Sainte-Menehould.
Moltke se rend à nouveau au Q.G. de la 3e armée et signe l’ordre suivant :
« Sa Majesté ordonne que les armées atteignent les lignes suivantes :
3e armée : Thuisy (exclu) - Suippes (exclu), liaison à Thuisy avec la IIe armée.
4e armée : Suippes (inclus) - Sainte-Menehould (exclu)
5e armée : Sainte-Menehould (inclus) et à l’est.
Puis, Moltke se rend à Reims, Q.G. de von Bülow. En attendant l’arrivée de la 7e armée, les 1er et 2e armées devront se tenir sur la stricte défensive. Les éléments de la 7e armée seront subordonnés à von Bülow. Dans la nuit du 11 au 12, toutes les armées Allemandes sont en retraite.
Von Kluck : derrière l’Aisne.
Von Bülow : derrière la Vesle.
Le duc de Wurtemberg : vers les plateaux entre Marne et Aisne.
Le kronprinz de Prusse : vers l’Argonne.
 Le kronprinz de Bavière vers la frontière.
I ère armée Allemande
L’armée passe l’Aisne, le 9e C.A. à Berneuil, la 4e C.A.R. à Nouvron, la 4e C.A. à Cuise, Lamotte, Saconin.
IIe armée allemande
L’armée se retire de part et d’autre de Reims, derrière la coupure de la Vesle, la 13e division restant à Fismes.

IIIe armée allemande
Von Hausen retraite entre Thuisy et Suippes.
Les IVe et Ve armées allemandes font retraite vers la région de Sainte-Menehould, mais ne peuvent pas s’entendre sur le front définitif qu’ils doivent respectivement occuper.










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