I)
Après
le passage de cette première perturbation, l'anticyclone Ibérique
se reforme partiellement mais le temps reste variable et agité avec
des averses sur les zones de conflit. Dans la soirée et la nuit du
12 au 13, une nouvelle dépression arrivant de l'ouest apporte son
lot de pluie, de vent et de froid aux troupes au sol. Les cumuls de
précipitations atteignent par endroits 25 à 30 mm dans la
Marne. Les températures sont en forte baisse partout sauf sur la
Méditerranée. On relève 17 à 18 °C au maximum sur le champ
de bataille. Pour les combattants, les conditions sont très
difficiles. « Les gouttes volent obliquement, fouettées par le
vent d'ouest. Les hommes se plient en chien de fusil, se collent aux
gerbes dressées le long desquelles l'eau ruisselle. », raconte
Maurice Genevoix. Mais la bataille est gagnée : un communiqué de
l'état-major annonce la victoire, à l'issue d'une des semaines les
plus meurtrières de toute la guerre.
II)
Communiqué
de Joffre au ministère de la Guerre 13 septembre 1914...
« Notre
victoire s'affirme de plus en plus complète. Partout, l'ennemi est
en retraite. Partout, les Allemands abandonnent des prisonniers, des
blessés, du matériel. Après les efforts héroïques dépensés par
nos troupes pendant cette lutte formidable qui a duré du 5 au
12 septembre, toutes nos armées, surexcitées par le succès,
exécutent une poursuite sans exemple par son extension... Le
gouvernement de la République peut être fier de l'armée qu'il a
préparée. »
Les
jours suivants, le flux perturbé d'ouest puis de nord-ouest se
maintient, apportant des averses et du vent. La pluie et le vent
accompagnent la bataille suivante qui se déroule sur l'Aisne...
III)
Le
recul des armées Allemandes sur la Marne et sur l'ensemble du front,
après s'être changé en retraite, atteint devant notre aile gauche
les proportions d'une déroute. Poursuivies vigoureusement, elles
abandonnent un immense matériel, de l'artillerie, et nous faisons de
nombreux prisonniers. Dans leur fuite, elle dépassent Reims, elles
évacuent au centre la région de Vitry-le-François, cèdent dans
l'Argonne à droite et reculent en Lorraine. Nous réoccupons
Lunéville et Saint-Dié, Raon-l'Etape, Nomény, Pont-à-Mousson,
etc...
On a connaissance de l'énergique ordre du jour adressé aux armées le 6 septembre, par le général Joffre, disant à nos soldats que de la bataille qui s'engage « dépend le sort de la patrie », que tous les efforts doivent tendre à attaquer et refouler l'ennemi, et qu'il faudra, « coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer ».
On a connaissance de l'énergique ordre du jour adressé aux armées le 6 septembre, par le général Joffre, disant à nos soldats que de la bataille qui s'engage « dépend le sort de la patrie », que tous les efforts doivent tendre à attaquer et refouler l'ennemi, et qu'il faudra, « coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer ».
En Belgique, l'armée d'Anvers entre en action et dessine une vigoureuse offensive contre les Allemands vers Termonde.
Les Russes livrent une série de combats heureux aux Austro-Allemands, en Galicie, et parviennent à mettre en déroute l'aile gauche de leur armée.
IV)
Rambervillers
– Ménil-sous-Belvitte :
Ah !
le beau réveil ! 4h00 du matin, au tout petit jour : « Mon
lieutenant, alerte ! » Tout de suite on me communique des
bruits sensationnels : Défaite des Allemands en Champagne, mise
en déroute de 3 armées ou corps d’armée ennemis, nombreux
prisonniers, des canons, du matériel !… Oui, Mais est-ce
officiel ? le colonel l’a appris par note écrite, puis
verbale, puis téléphonique, puis récrite… Mais … nous sommes
payés pour nous défier.
En
tous cas la note qui m’est communiquée par le colonel porte ces
mots magnifiques : « Recul général de l’ennemi sur
tout le front de notre région. Offensive générale de l’armée,
direction Baccarat ! » Voilà des mots comme nous n’en
entendons plus depuis 3 semaines.
6h00
Nous
attendons l’ordre de départ. Lever de soleil magnifique après une
nuit de pluie. Ah ! L’importance, l’influence du soleil, un
matin de grande bataille ! Les canons français 155 et 75 font
rage. Ils ont avancé leurs positions depuis hier.
10h00
-Départ.Traversée
du bois tragique d’Anglemont : Un cyclone de fer et de feu l’a
dévasté. Des chênes, des hêtres énormes sont brisés à ras
terre, le haut des arbres est dépouillé de leurs branches. Le sol
labouré. La route défoncée. A la sortie du bois le spectacle
horrible commence. Un capitaine Français, mort depuis au moins 15
jours, gît dans la boue, sur le bord du talus, les deux cuisses
coupées : sa face est noire… Personne n’a songé à
l’enterrer. Personne n’y a songé pour tous ces fantassins
Français, ces quelques Allemands, ces jambes, ces bras, ces têtes
isolés… Il est vrai qu’hier on se battait ici avec fureur, que
la nuit seulement l’ennemi a été refoulé, que les troupes
exténuées par la victoire ne songent pas à enterrer leurs morts…
Du côté d’Anglemont une colonne de fumée : Les dernières
maisons incendiées avant la déroute… Pendant 7 kilomètres nous
avançons péniblement dans ce charnier puant, parmi les sacs, les
souliers, les képis, les fusils (oh ! ces monceaux de fusils
brisés, rouillés !). Dans le fossé de la route, tous les dix
mètres un cadavre, les cheveux collés par la pluie, les yeux
souvent ouverts et vitreux, les lèvres blanches…
Nous
arrivons à Ménil-sous-Belvitte. Le village n’existe plus que sous
la forme de quelques murs noircis par la fumée, de quelques tas de
pierres qui furent des maisons aisées, avec des familles heureuses,
des rires d’enfants… On me signale dans une maison intacte un
vieillard paralysé qui meurt… Il est seul dans le village, seul
depuis que les Allemands l’ont quitté. Il a été soigné par eux,
nourri, lavé… Nous, nous passons victorieux et rapides, et il
meurt tout seul dans sa masure.
Ménil
est jonché de débris d’armes, d’uniformes, de casques, de
mitrailleuses, de bottes… Débris allemands infiniment plus
nombreux que les français.
Nous
restons ici pendant que l’artillerie déloge les Allemands de
Baccarat. Baccarat est à 7km. Sous un verger de pommiers, une grande
tombe fleurie, bordée de gazon, on y a planté des glaïeuls, des
reines-marguerites et une belle croix, large et bien taillée sur
laquelle on lit : « den Deutschen u. Französischen
gefallemen soldaten – Gestiffet von 12-112-7-9-14 ». Devant
cette belle tombe fleurie je songe au capitaine Français dans la
boue de la route…
Comment
nous nourrirons-nous maintenant ? Depuis ce matin 4h je n’ai
bu qu’une tasse de café, je me jette voracement sur ces quelques
pommes vertes et quelques quetsches âcres laissées par les
Allemands...Toutes les minutes, passent des prisonniers Allemands.
Ils sont très jeunes. Ils sourient, et donnent leur casque en se
mettant au garde-à-vous si c’est un officier qui le leur demande
.
Il
pleut. Il tempête. J’ai faim. Ah ! avoir faim dans un pays
dévasté, brûlé, pillé, puant le cadavre !… je dîne d’un
jeune concombre « étalé » sur une tranche de pain et de
quelques pommes de terre arrachées à un potager. Le capitaine
Gresser vient les partager avec Caussade et moi... La nuit tombe sur
le village en ruines, le curé revient, il n’a plus d’église,
plus de presbytère, plus de fidèles. C’est tragique ce retour…
Le
pays est rempli de casques Allemands, de fusils, de sacoches, de
buffleteries. Tout cela mélangé à des linges sanglants, à de la
viande pourrie…
La
pluie redouble de violence, le vent fait rage.
Nous
nous étendons sur la paille où hier soir dormaient les Allemands.
Je dois dire qu’elle est propre, alors que la paille abandonnée
par les troupes Françaises est généralement sale et réduite en
poussière. Il pleut sur mon nez par le toit sans tuiles. Comment y
aurait-il encore des tuiles à Ménil ?
J’entends
le petit cri des souris qui vont et viennent le long du mur et qui
trouvent certainement agréable de me grignoter mon sommeil. Le
bataillon bivouaque dans le bois de la Pêche. Encore un bois
tragique, brisé, puant, plein de cadavres épars. Au petit jour,
dans une grange j’aperçois une tête pâle, des yeux exorbités,
sortant du foin : un Bavarois terrifié qui pleurniche et
balbutie en souriant à travers ses larmes : « Kâmârâd !»
On vient l’arrêter !
Victoire
Française sur la Marne.
La
bataille, qui a duré 6 jours, marque l'arrêt de la progression des
troupes Allemandes. Les Français, menés par le maréchal Joffre,
l'emportent face à une armée allemande épuisée qui décide de
battre en retraite dès le 11 septembre. Les vignobles de Champagne
ont été des alliés inattendus dans la victoire : de nombreux
soldats Allemands faits prisonniers ont été retrouvés saouls.
Paul Hess :
Paul Hess :
4h00
le canon recommence à tonner à proximité de la ville, on entend
encore mieux qu'hier la fusillade et les mitrailleuses... La
canonnade s'accentue de plus en plus, nous nous rendons compte qu'un
terrible duel, entre les pièces de différents calibres, est engagé
depuis le petit jour. Les rafales de coups de canon paraissant
d'instant en instant moins éloignées, j'ai la curiosité de
m'assurer, à plusieurs moments de la journée, si nous ne nous
faisions pas illusion à ce sujet... Non, car j'ai pu voir
parfaitement, à l'aide d'une jumelle, du haut des magasins de
l'établissement, les nuages de fumée de l'artillerie, dans la
direction des Mesneux et constater qu'ils se rapprochent...
Quelquefois,
les détonations deviennent si violentes que toutes les vitres
tremblent aux fenêtres de notre appartement, certains coups font
vibrer la maison tout entière. Il paraît, d'ailleurs, que les
Allemands sont près de la Maison-Blanche et que les troupes
Françaises viennent de la montagne de Reims.
11h00,
on est venu de la maison Minelle, dire aux ouvriers occupés à la
pose des vitres, dans nos magasins du mont-de-piété, de rentrer
chez eux.
Reims
est désert... Chacun attend chez soi les événements.
-
Le journal Le Courrier de la Champagne de ce jour, samedi 12
septembre 1914, avant tout article, a imprimé en lettres majuscules
ce qui suit, sans titre, dans sa première colonne :
« Quelles
que soient les impressions intimes que peuvent éveiller les
nouvelles, vraies ou fausses, qui circulent à tout instant, il est
nécessaire que la population reste absolument calme et réservée,
il y va de sa dignité comme de sa sécurité... Les événements
présentent souvent des alternatives diverses, tant que des solutions
définitives ne sont pas intervenues... La ville de Reims, ouverte
aux mouvements de troupes et désireuse de rester en dehors de toute
action militaire, doit se montrer correcte et déférente vis-à-vis
des autorités et des troupes Allemandes, hospitalière et
bienveillante pour les blessés, comme elle l'a été jusqu'ici. »
En
deuxième page, il rappelle aux habitants qu'il est formellement
interdit de stationner et de former, sans aucun prétexte, des
attroupements sur la voie publique, notamment dans les grandes
artères et sur les places publiques, où les troupes sont appelées
à circuler ou à cantonner.
Dans
un court article, faisant suite à son entrefilet d'hier, il dit
encore, sous ce titre :
« A
propos des moteurs du champ d'aviation :
Nous
pouvons ajouter à notre information d'hier, qu'au moment de quitter
leurs hangars, nos aviateurs ont retiré des moteurs une pièce
importante, ce qui en empêche le fonctionnement. C'est ainsi, du
reste, que l'on procède pour les pièces d'artillerie que l'on est
obligé de laisser entre les mains des ennemis, on en retire les
culasses pour les rendre inutilisables. »
Il
nous apprend, en outre, que le troisième fils du Kaiser, Prince
Auguste-Guillaume, se trouve à Reims depuis deux jours, qu'il est
descendu au Grand-Hôtel, où il occupe, au premier étage, la
chambre n° 23 et qu'en raison de sa présence, les abords de l'hôtel
sont sévèrement interdits à la circulation...
15h00,
un nouveau roulement de voitures se fait entendre. De nos fenêtres,
sur la rue de la Grue, nous voyons remonter la rue Cérès par une
longue file d'autos, caissons, etc... Elle est suivie de cavaliers
puis de fantassins et d'artillerie, enfin d'un mélange assez confus
d'armes, donnant cette fois l'impression d'une retraite précipitée.
Une demi-heure auparavant, 6 soldats d'infanterie sont arrivés chez
une voisine d'en face, Mme Erard et cela m'a donné à penser, tout
de suite, que mon tour d'héberger des Allemands ne va pas tarder.
Jusqu'à présent, j'étais plutôt surpris de n'en avoir pas eu à
recevoir, soit pour les voir effectuer des réquisitions dans nos
magasins, soit pour les loger... Je me crois donc obligé de demeurer
chez moi, à attendre, lorsqu'un coup de sonnette au n° 12, encore
chez la même voisine, m'attire à la fenêtre.
JOFFRE |
A
distance, nous avons remarqué, dans le défilé, encadré de
nombreux soldats baïonnette au canon, un groupe très important de
civils, la plupart marchant avec leur parapluie ouvert, en raison du
mauvais temps, ce qui nous a empêchés de les reconnaître. Nous
sommes fortement intrigués, nous demandant quels sont ces hommes et
où on les conduit, mais nous apprenons plus tard qu'il s'agissait
d'otages. Les autorités militaires Allemandes, après s'être
assurées, dans la matinée, à la mairie, des personnes du maire Dr
Langlet et de M. Bergue qui lui servait d'interprète, qu'elles
conduisent immédiatement au Lion d'Or, de celles de Mgr Neveux et de
M. l'abbé Camu, qui se sont présentés à la Kommandantur, en vue
d'intervenir au sujet de l'arrestation arbitraire de deux prêtres du
diocèse, ont demandé l'élaboration rapide d'une liste de 100 noms,
à choisir dans tous les milieux sociaux et dans tous les partis
politiques. Cette liste a été établie avec l'aide de MM. Eug.
Gosset, président de la chambre de commerce, Rousseau, adjoint au
maire et Raïssac, secrétaire en chef de la mairie (pas assez vite,
au gré des Allemands) car le temps presse, et avant même qu'elle ne
soit complètement terminée, ces messieurs sont obligés d'aller
chercher les futurs otages à leur domicile, escortés de soldats en
armes.
Une
proclamation, portant la liste des otages désignés, a été rédigée
et traduite en Français, pour être imprimée aussitôt et
placardée. Elle dit ceci :
« Proclamation !
Dans
le cas où un combat serait livré aujourd'hui ou très prochainement
aux environs de Reims ou dans la ville même, les habitants sont
avisés qu'ils devront se tenir absolument calmes et n'essayer en
aucune manière de prendre part à la bataille. Ils ne doivent tenter
d'attaquer ni des soldats isolés ni des détachements de l'armée
Allemande. Il est formellement interdit d'élever des barricades ou
de dépaver les rues, de façon à ne pas gêner les mouvements des
troupes, en un mot de n'entreprendre quoi que ce soit qui puisse être
d'une façon quelconque nuisible à l'armée Allemande...
Afin
d'assurer suffisamment la sécurité des troupes, et afin de répondre
du calme de la population de Reims, les personnes nommées ci-après
ont été prises en otages par le commandement général de l'armée
Allemande. Ces otages seront pendus à la moindre tentative de
désordre. De même, la ville sera entièrement ou partiellement
brûlée et les habitants pendus si une infraction quelconque est
commise aux prescriptions précédentes... Par contre, si la ville se
situe absolument tranquille et calme, les otages et les habitants
seront pris sous la sauvegarde de l'armée allemande.
Par
ordre de l'autorité Allemande, Le maire, Dr Langlet.
Reims,
le 12 septembre 1914 »
La
deuxième partie de cette proclamation était en italiques et le
passage « ces otages seront pendus », a amené des
protestations de la part du maire et de ceux de nos concitoyens
collaborant à la rédaction ou à sa traduction. Ils ont demandé,
paraît-il, que conformément aux lois de la guerre, cette expression
soit remplacée par « seront fusillés » - mais
satisfaction ne leur a pas été donnée... La dite proclamation
était suivie de la liste des noms de 81 des habitants de Reims, elle
se terminait, après le dernier nom, de celui de M. l'abbé
Maitrehut, par ces mots « et quelques autres ».
En
même temps que la publication de cette liste, un nouvel appel à la
population Rémoise est également affiché. Voici son texte :
« Appel
à la population Rémoise Chers concitoyens,
Aujourd'hui
et les jours suivants, plusieurs d'entre vous, notables et ouvriers,
seront retenus comme otages pour garantir vis-à-vis de l'autorité
Allemande le calme et le bon ordre que vos représentants ont promis
en votre nom. Il y va de leur sécurité, de la sauvegarde de la
ville et de vos propres intérêts que vous ne fassiez rien qui
puisse démentir ces engagements et compromettre l'avenir.
Ayez
conscience de votre responsabilité et facilitez notre tâche.
Hommes, femmes, enfants, restez le plus possible dans vos demeures,
évitez toute discussion. Nous comptons que vous serez à la hauteur
de la situation. Tout attroupement est absolument interdit et sera
aussitôt dispersé.
Les
adjoints Le maire
L.
Rousseau, Dr Jacquin, J.B. Langlet
Em.
Charbonneaux, J. de Bruignac »
Un
certain nombre de ceux dont les noms ont été portés éventuellement
sur la liste des otages, n'ayant pas été trouvés à leur domicile,
ont été remplacés d'urgence par d'autres habitants désignés pour
les suppléer et ce sont ces malheureux, retenus au dernier moment,
que nous venions de voir emmener.
Ils
ne savent s'ils partent pour longtemps, lorsque arrivés à peu près
à un kilomètre au delà du passage à niveau de Witry, sur la route
de Rethel, l'officier qui les surveillait leur fait faire halte pour
se ranger au bord de la route, puis s'adressant au maire, il dit
quelques mots parmi lesquels ils retiennent surtout ceux-ci :
« Il
n'y a pas eu de désordre à Reims, vous êtes tous libres. Vous
pouvez rentrer chez vous. »
On
peut imaginer la joie qu' ont éprouvé instantanément ces pauvres
gens qui ne pensaient pas recouvrer sitôt leur liberté. Aussi,
quelque-uns d'entre eux voulant en jouir immédiatement,
tentèrent-ils de rompre tout de suite le contact en s'égaillant
dans les champs, malgré la pluie, mais des soldats lancés à leurs
trousses, leur firent rebrousser chemin par la route, que les troupes
suivaient encore et qu'ils reprirent en sens inverse pour rentrer à
Reims. Les plus âgés étaient exténués. Le Dr Langlet, très
fatigué, devait être soutenu par les deux bras...
Les
Rémois, otages de fait, ont eu de terribles angoisses au cours de
cette longue journée. Leurs noms ne correspondant plus exactement
avec ceux portés sur la liste faisant suite à la proclamation
affichée dans l'après-midi, sont cités dans les numéros du
Courrier de la Champagne, des 13, 14 & 15
septembre
1914.
Enfin,
ce samedi 12 septembre 1914 vécu au milieu d'une atmosphère de
bataille toute proche, susceptible peut-être de reprendre et de
continuer dans nos murs si l'ennemi n'a pas complètement abandonné
Reims, se termine, pour nous dans une grande inquiétude. Depuis le
commencement de la nuit, le ciel s'est empourpré de lueurs qui
s'étendent et rougeoient de plus en plus, malgré la pluie
diluvienne... Les Allemands ont-ils mis le feu à la ville, après
avoir, vers 19h00 incendié les magasins à fourrage du
Petit-Bétheny, qu'ils ont arrosés d'essence ? Malgré le désir
d'avoir quelques nouvelles, j'ai évité de circuler aujourd'hui, et,
ce soir, à la maison, nous sommes plongés dans une incertitude
complète.
Départ
des Allemands, ou évacuation, après défaite de Montmirail le 12
septembre, samedi soir. Licenciement des otages, réunis vers 2
heures au Séminaire. 4 par 4, en rangs, Levez-vous et suivez nous.
On les conduit un peu au-delà du cimetière de l'Est. Halte ! vous
êtes libres ! Il était environ 5h30 ou 6h00 quand ils furent
libérés... Le soir quelques Français sont rentrés à Reims.
Le
lendemain dimanche, les troupes Françaises sont rentrées en ville.
Les Prussiens occupent alors les hauteurs qui environnent Reims, où
pendant l'occupation, ils ont préparé leur installation...
Paul
Hess a écrit ce texte à posteriori le 27 septembre 1914 dans son
Journal de la Guerre 1914-1918 éd. Travaux de l'Académie nationale
de Reims
VI)
En
1918, revenant sur la bataille de la Marne, le maréchal Joffre
aurait lucidement déclaré : « cette bataille, je ne sais
pas qui l’a gagnée mais je sais très bien qui l’aurait
perdue ». » La première partie de la phrase constitue,
au mieux, une erreur, au pire un mensonge. L’ancien général en
chef des forces armées Françaises du Nord et de l’Est ne pouvait
ignorer que notre pays devait la victoire de la Marne, sinon bien sûr
exclusivement, mais quand même essentiellement, au tsar Nicolas II.
La plupart des histoires de la guerre de 1914 passent cette réalité
sous silence, de même que la plupart des histoires de la IIIe
république oublient de mentionner la demande d’asile, pour
lui-même et, à défaut, pour sa famille, que l’empereur de
Russie, persuadé de leur prochain assassinat, demanda à la France
en 1917...
Dans
la longue série des événements que l’histoire républicaine
officielle a cachés sous le tapis de nos turpitudes, voici deux
exemples particulièrement frappants que le centenaire de la première
guerre mondiale nous incite à mettre enfin en lumière.
L’entrée
en guerre, dans les premiers jours d’août 1914 révèle très vite
l’incroyable impréparation de l’armée Française. Voilà un
tiers de siècle qu’elle prétendait à la revanche et, le moment
venu, elle s’avérait hors d’état de faire face à un ennemi
qui, contrairement à une idée reçue, n’était pas supérieur en
nombre : la France alignait au combat 1 900 000 hommes, contre 1
800 000 dans le camp Allemand... Contrairement à une autre idée
reçue, les théâtres d’opérations étaient a priori beaucoup
plus favorables à la France qui, disposant d’un puissant réseau
de forteresses, dont l’Allemagne était démunie, obligeait
celle-ci à porter son offensive en Belgique et à se heurter à une
armée, certes modeste (120 000 hommes tout de même) mais très
combative et bien organisée sous l’autorité d’un vrai chef, le
roi Albert Ier.
LE ROI CHEVALIER ALBERT Ier DE BELGIQUE |
L’absence
de casques,
Un
bardas du combattant beaucoup trop lourd en raison d’une intendance
famélique,
Une
foi stupide dans l’assaut à la baïonnette,
Une
artillerie déficiente et des fusils obsolètes,
Des
chefs prétentieux et incapables, aussi bien coupés de leurs hommes
que des réalités de la guerre moderne.
Ils
croyaient refaire celle de 1870, d’où plus tard cette réputation
qui collera à la république Française : toujours en retard
d’une guerre. (Cette réputation funeste n'est hélas pas usurpée
MNC).
En
août 1914, sur le plan stratégique, l’armée Française en est à
son 17e plan des opérations, contesté par de nombreux officiers
généraux, dont le général Charles Lanrezac, commandant de la 5e
armée et répétant :
« attaquons
... comme la lune ! »
Quand,
de son côté l’Allemagne applique rigoureusement le plan
Schlieffen, arrêté depuis 1897 et peu modifié depuis lors.
Celui-ci prévoie d’écraser la défense Française en 6 semaines
puis de se retourner contre la Russie. L’Allemagne redoutait en
effet par dessus tout d’avoir à combattre simultanément sur deux
fronts... Elle tablait sur une très lente mobilisation Russe lui
permettant d’éviter cet écueil. Aussi bien, malgré la
remarquable résistance de la Belgique, il apparaît vite évident
que les forces Françaises ne sont pas de taille à se mesurer à
leur adversaire. « Les conceptions tant stratégiques que
tactiques du haut commandement, a écrit l’historien Jacques
Chastenet, pourtant très indulgent envers la république, sont
radicalement fausses. »
Le
gouvernement Français, alors saisi de panique, demande au président
de la république, Raymond Poincaré, d’intervenir auprès du tsar
afin de le supplier de déclencher sans plus attendre les hostilités
en Prusse Orientale... Nicolas II est un homme d’honneur,
c’est-à-dire un homme de cœur et de parole. Bien que n’ignorant
rien des insuffisances techniques de son armée, il fait lancer
l’offensive à l’Est dès le 15 août. Offensive malheureuse, qui
se brise, deux jours plus tard devant Königsberg, sur la seule armée
Allemande en charge de la frontière Orientale.
L’état-major
Allemand réalise cependant que ce coup d’arrêt risque de n’être
que momentané, les Russes continuant d’envoyer des renforts qui
finiront par submerger de leur nombre les lignes de défense de la
Prusse. Le 23 août, les troupes Russes, réparties en 2 armées,
comptent en effet 800 000 combattants, contre moins de 200 000
soldats Allemands. De surcroît, c’est la partie la plus noble de
l’empire Allemand qui se trouve ainsi menacée, la terre historique
des chevaliers Teutoniques. C’est pourquoi, ne pouvant admettre une
telle éventualité, le généralissime Allemand, Helmuth von Moltke,
défère à l’ordre du kaiser de renforcer d’urgence le front de
l’Est... Pour cela, il lui faut renoncer partiellement au plan
Schlieffen en dégarnissant le front Ouest. Déjà, 150 000 hommes
ont été distraits de la campagne de France pour assiéger le camp
retranché de l’armée Belge à Anvers. Maintenant, on prélève
encore 2 corps d’armée, soit 80 000 hommes, que l’on transporte
à toute allure en train à travers l’Allemagne. Ne pouvant en
embarquer davantage, Moltke choisit de compenser l’insuffisance
numérique en recourant à des régiments d’élite... Sous les
ordres des généraux Hindenburg et Ludendorff ceux-ci infligent, le
30 août à Tannenberg, une défaite spectaculaire à l’armée
Russe. La Prusse Orientale est sauvée ... la France aussi.
Car
c’est évidemment l’absence de ces 2 corps d’armée Allemands
qui permet le succès la contre-attaque Française sur la Marne. Sans
cela, le siège aurait été mis devant Paris dès le 6 septembre. La
suite appartient évidemment aux hypothèses et on ne réécrit pas
l’Histoire... Mais il est hautement probable que sans le
sacrifice, tout à fait conscient, que Nicolas II fait de ses
soldats, venant s’ajouter à la résistance d’Albert Ier, la
guerre de 1914 se serait, pour la France, achevée dès le mois de
septembre ou d’octobre de la même année... La république doit
son salut à deux monarchies.
Le
gouvernement Français, alors en fuite vers Bordeaux, n’adresse pas
le moindre message de gratitude au tsar, non plus qu’au roi des
Belges. Joffre et Gallieni, gouverneur militaire de Paris,
s’attribuent la totalité du mérite d’avoir stoppé l’offensive
Allemande.
3
ans plus tard, Nicolas II, n’ayant obtenu ni des soviets
l’autorisation de résider en Crimée comme simple citoyen, ni de
son cousin le roi Georges V, celui de se réfugier en Angleterre, se
tourne vers la France. La lettre qu’il écrit à Raymond Poincaré
ne reçoit pas de réponse et se trouve, depuis lors, mystérieusement
« égarée » par les archives nationales. De même
qu’après l’assassinat des Romanov, le 16 juillet 1918 à
Iekaterinbourg, la villa Ipatiev est entièrement détruite, caves et
fondations inclues... Il est ainsi des traces de leur lâcheté ou de
leur forfaiture que les républiques, socialistes comme radicales
socialistes, n’aiment guère laisser derrière elles.
Daniel
de Montplaisir
VII)
« La
Chaise au Plafond »
Le
12 septembre 1914, marque la fin de la Première Bataille de la
Marne (commencée le 6 septembre 1914).
Au
cours de cette première bataille décisive, les troupes
Franco-Britanniques réussissent à arrêter puis repousser les
Allemands. Reims occupée depuis le 3 Septembre par l'ennemi, est
alors libérée. Mais les Allemands s'accrochent aux forts situés à
l'Est de la ville et édifiés 30 ans plus tôt (Brimont,
Witry-lès-Reims, Nogent-l'Abesse). De là ils bombardent à vue
durant 4 ans. Le Café des Sportsmen situé Avenue d’Épernay se
retrouve sous le feu des obus. Sous le souffle de l'explosion, une
chaise se fige entre les lattes du plafond. Elle y est toujours. En
1914 on en fait le symbole de la victoire (provisoire) de la
victoire Française sur les Allemands. Ce café bien connu
s'appelle aujourd'hui : « La Chaise au Plafond ».
VIII)
Muizon
Ludivine
Chevalier
« Mademoiselle ? »
Assise
à l’arrière de la charrette de l’infirmerie, Ludivine lève les
yeux des formulaires qu’elle remplit mécaniquement pour apercevoir
une silhouette au pied du véhicule. L’infirmière se saisit de la
minuscule lampe dont elle se sert pour écrire et la lève pour voir
sortir de la nuit une jeune fille au visage aussi sale que ses mains,
un vélo à ses côtés.
« Vous
êtes blessée ? demande Ludivine en descendant de l’ambulance,
mais la jeune fille secoue vigoureusement la tête.
— Non, je vais bien ! J’aurais besoin de médicaments et de bandages pour des personnes qui en ont besoin. »
— Non, je vais bien ! J’aurais besoin de médicaments et de bandages pour des personnes qui en ont besoin. »
En
voyant les mouvements de la lampe de Ludivine, une sentinelle s’est
approchée.
« Tout
va bien, mademoiselle ?
— Oui, tout va bien soldat, vous pouvez retourner à votre poste, merci . Venez, il faut vous nettoyer un peu », dit-elle en se tournant vers la jeune fille sortie de la nuit sans même faire un bruit. Ludivine lui prend délicatement la main et lui fait poser son vélo contre le chariot infirmier. Elle lui fait signe d’être silencieuse. Elles empruntent toutes deux la pente d’herbe humide qui descend vers la lisière de Muizon. Elles marchent prudemment dans la nuit, seulement guidées par la faible lampe de Ludivine, jusqu’à arriver au petit cours d’eau qui longe le village. Elles l’entendent plus qu’elles ne le distinguent. La cycliste s’y penche pour se laver les mains et le visage. Ludivine dit enfin, étonnée par cette jeune femme :
— Oui, tout va bien soldat, vous pouvez retourner à votre poste, merci . Venez, il faut vous nettoyer un peu », dit-elle en se tournant vers la jeune fille sortie de la nuit sans même faire un bruit. Ludivine lui prend délicatement la main et lui fait poser son vélo contre le chariot infirmier. Elle lui fait signe d’être silencieuse. Elles empruntent toutes deux la pente d’herbe humide qui descend vers la lisière de Muizon. Elles marchent prudemment dans la nuit, seulement guidées par la faible lampe de Ludivine, jusqu’à arriver au petit cours d’eau qui longe le village. Elles l’entendent plus qu’elles ne le distinguent. La cycliste s’y penche pour se laver les mains et le visage. Ludivine dit enfin, étonnée par cette jeune femme :
« D’où
venez-vous ? Comment vous appelez-vous ?
— Je m’appelle Jeanne Gaubert. Je viens de Reims.
— De Reims ? s’exclame Ludivine, emportée par la surprise. Reims ? répète-t-elle en pensant à la ville qui est à moins de 10 kilomètres.
— Oui, j’habite là-bas. Mon vélo a déraillé en chemin d’où mon état, sourit-elle en indiquant les quelques traces noires encore sur ses mains.
— Mais Reims est occupé par les Allemands ! Comment êtes-vous arrivée jusqu’ici ? »
— Je m’appelle Jeanne Gaubert. Je viens de Reims.
— De Reims ? s’exclame Ludivine, emportée par la surprise. Reims ? répète-t-elle en pensant à la ville qui est à moins de 10 kilomètres.
— Oui, j’habite là-bas. Mon vélo a déraillé en chemin d’où mon état, sourit-elle en indiquant les quelques traces noires encore sur ses mains.
— Mais Reims est occupé par les Allemands ! Comment êtes-vous arrivée jusqu’ici ? »
L’étonnement
de Ludivine semble faire plaisir à Jeanne qui sourit fièrement.
« Hé
bien, je connais une ou deux choses pour éviter les patrouilles,
voyez-vous.
— Mais pourquoi avoir pris le risque de venir ici ? souffle Ludivine, qui veut enfin connaître la raison de la venue de Jeanne.
— Avec d’autres personnes, on a caché des réfugiés blessés dans la ville, chuchote Jeanne, sûre d’elle. On a pu en faire s’échapper quelques-uns, mais certains sont intransportables. Les Allemands ont réquisitionné la plupart des stocks de médicaments, alors quand j’ai appris que des régiments Français cantonnaient non loin des portes de la ville, je savais ce que j’avais à faire.
— Quel âge avez-vous ? demande Ludivine, impressionnée par les dires de cette jeune femme.
— Dix-huit ans, pourquoi ? »
— Mais pourquoi avoir pris le risque de venir ici ? souffle Ludivine, qui veut enfin connaître la raison de la venue de Jeanne.
— Avec d’autres personnes, on a caché des réfugiés blessés dans la ville, chuchote Jeanne, sûre d’elle. On a pu en faire s’échapper quelques-uns, mais certains sont intransportables. Les Allemands ont réquisitionné la plupart des stocks de médicaments, alors quand j’ai appris que des régiments Français cantonnaient non loin des portes de la ville, je savais ce que j’avais à faire.
— Quel âge avez-vous ? demande Ludivine, impressionnée par les dires de cette jeune femme.
— Dix-huit ans, pourquoi ? »
Ludivine
reste silencieuse, et finalement, part d’un rire léger :
« Allez, venez avec moi, on va vous trouver ça. »
Toutes deux se dirigent vers le chariot de l’infirmerie. Ludivine y grimpe pour prendre du matériel de premier secours puis le tend à Jeanne, qui le fourre aussitôt dans les sacoches de sa bicyclette. Amusée par l’audace de la Reimoise, Ludivine lui lance ironiquement à la façon d’une commerçante :
Toutes deux se dirigent vers le chariot de l’infirmerie. Ludivine y grimpe pour prendre du matériel de premier secours puis le tend à Jeanne, qui le fourre aussitôt dans les sacoches de sa bicyclette. Amusée par l’audace de la Reimoise, Ludivine lui lance ironiquement à la façon d’une commerçante :
À
sa grande surprise, Jeanne hoche la tête :
« En
fait, j’aimerais aussi voir le colonel de votre régiment,
avoue-t-elle. C’est pour ça que les sentinelles m’ont laissé
passer.
— Le colonel ? Rien que ça ! Et pourquoi donc ? »
— Le colonel ? Rien que ça ! Et pourquoi donc ? »
Jeanne
dévisse sa selle et en tire une série de papiers soigneusement
roulés, qu’elle montre à Ludivine.
« J’ai
noté les numéros des régiments Allemands et les effectifs de ceux
que l’on a pu voir passer en ville. J’ai pensé que ça pourrait
servir. »
Ludivine
part d’un grand rire qui fait se retourner les sentinelles montant
la garde non loin. Elle prend Jeanne par l’épaule et l’emmène
en direction de la masure où le colonel a installé son quartier
général d’un soir.
« Vous
avez bien pensé, Jeanne. Je suis sûre que cela va être très
apprécié », conclut Ludivine avec entrain.
IX)
5h00
Le Lieutenant de Lescoët, du 21e Chasseurs, signale que Vitry-en-Perthois est libre. D’après les habitants, 3 régiments d’Infanterie Allemande se sont retirés sur la direction de Changy, le soir des éléments d’Infanterie en débandade accompagnés de cavaliers ont pris le même itinéraire vers 17 heures. Des convois sont passés dans la nuit du 10 au 11, de 22 heures à 3 h 30 se dirigeant sur Châlons.
Le Lieutenant de Lescoët, du 21e Chasseurs, signale que Vitry-en-Perthois est libre. D’après les habitants, 3 régiments d’Infanterie Allemande se sont retirés sur la direction de Changy, le soir des éléments d’Infanterie en débandade accompagnés de cavaliers ont pris le même itinéraire vers 17 heures. Des convois sont passés dans la nuit du 10 au 11, de 22 heures à 3 h 30 se dirigeant sur Châlons.
7h00
Le Lieutenant est arrivé à Changy à 6 heures et n’y a trouvé que 7 blessés Allemands de la réserve. Des fours de campagne ennemis sont installés à la sortie Nord de Changy, et sont partis dans la nuit du 10 au 11, abandonnant de nombreux approvisionnements de farine. 2 régiments d’infanterie sont passés la veille dans la matinée, avec de l’artillerie et des convois de corps de troupe, marchant sur Bassuet et Bassu. D’après les habitants, aucune troupe n’a pris la grande route de Sainte-Menehould.
11h00
Le Lieutenant Malevergne signale la présence d’une compagnie Allemande dans Vanault-le-Châtel. Des ordres sont immédiatement envoyés aux Brigades et à la Cavalerie pour tenter de l’enlever, ainsi qu’une ambulance signalée allant de Vanault-les-Dames vers Vanault-le Châtel. Cette opération ne donne aucun résultat, l’ennemi s’étant retiré dès que la présence de nos troupes lui est signalée. Ainsi la poursuite commence-t-elle ! La guerre de mouvement touche à sa fin...
Le Lieutenant Malevergne signale la présence d’une compagnie Allemande dans Vanault-le-Châtel. Des ordres sont immédiatement envoyés aux Brigades et à la Cavalerie pour tenter de l’enlever, ainsi qu’une ambulance signalée allant de Vanault-les-Dames vers Vanault-le Châtel. Cette opération ne donne aucun résultat, l’ennemi s’étant retiré dès que la présence de nos troupes lui est signalée. Ainsi la poursuite commence-t-elle ! La guerre de mouvement touche à sa fin...
M
Chavance dresse un résumé du bilan de l'invasion dans
l'arrondissement de Vitry-le-François :
ARTILLEUR FRANÇAIS VISANT UN ZEPPELIN |
A
Blacy, la plus grande partie de la population a émigré. 25 hommes
et femmes furent internés jusqu'au départ de leurs bourreaux, le 11
septembre. 14 otages, dont 2 femmes, sont saisis, emprisonnés et
emmenés en captivité.
A Sompuis, 9 otages furent emmenés, Marcel Jacquemin a 15 ans en septembre 1914, il donne un récit des événements :
A Sompuis, 9 otages furent emmenés, Marcel Jacquemin a 15 ans en septembre 1914, il donne un récit des événements :
A
Glannes, 54 maisons sur 63 ont été anéanties. Courdemanges, pris
et repris 7 ou 8 fois, appartient tour à tour aux deux adversaires.
Les maisons sont pour la plupart, ou incendiées, ou renversées par
les projectiles. A l'école, transformée en ambulance, des blessés
sont tour à tour soignés par des majors Français ou Allemands.
Le
2 juillet 1922, le ministre de la guerre, M. Maginot, remis la Croix
de Guerre aux communes de Vitry-le-François, Huiron, Courdemanges,
Glannes, Frignicourt, Chatelraould et Sompuis.
X)
Les
Troupes Coloniales en 1914 à la veille de la Grande Guerre, la
situation de toutes les troupes coloniales, dans la métropole, en
Afrique du Nord et dans les colonies, est la suivante.
Le corps d'armée des troupes coloniales, quartier général à Paris, est commandé par le général de division Lefèvre, ayant comme chef d'état-major le Colonel Puypèroux. Il comprend 3 divisions, entièrement stationnées dans la métropole :
Le corps d'armée des troupes coloniales, quartier général à Paris, est commandé par le général de division Lefèvre, ayant comme chef d'état-major le Colonel Puypèroux. Il comprend 3 divisions, entièrement stationnées dans la métropole :
1ere
division d'infanterie coloniale,
à Paris, général Leblois. Comprenant la 2e brigade. à Lyon, général Simonin (5e et 6e régiments, à Lyon) et la 5e brigade, à Paris, général Goullet (21e et 23e régiments, à Paris).
2e division d'infanterie coloniale,
à Toulon. général Leblois comprenant la 4e brigade. à Toulon, Colonel Boudonnet (4e et 8e régiments à Toulon) et la 6e brigade, à Marseille, général Caudrellier (22e régiment à Marseille, 24e régiment a Perpignan et à Sète).
3e division d'infanterie coloniale, à Brest, général Raffenel, comprenant la 1ere brigade a Brest, général Montignault (1er régiment à Cherbourg, 2e régiment à Brest), et la 3e brigade à Rochefort, général Rondony (3e régiment à Rochefort. 7e régiment a Bordeaux).
Brigade d’Artillerie coloniale,
général Gautheron,à Paris, comprenant le 1er régiment à Lorient, le 2e régiment à Cherbourg et Brest, le 3e régiment à Vincennes (fort de Charenton). Toulon et Marseille.
Il y a encore la section des secrétaires d'état-major coloniaux à Paris, la section de télégraphistes coloniaux à Lyon, la section de commis et ouvriers militaires d’administration des troupes coloniales à Paris (fort de Bicêtre), la section d’infirmiers militaires des troupes coloniales à Marseille et le Dépôt des isolés des troupes coloniales à Marseille avec annexe à Bordeaux et à Saint-Nazaire.
à Paris, général Leblois. Comprenant la 2e brigade. à Lyon, général Simonin (5e et 6e régiments, à Lyon) et la 5e brigade, à Paris, général Goullet (21e et 23e régiments, à Paris).
2e division d'infanterie coloniale,
à Toulon. général Leblois comprenant la 4e brigade. à Toulon, Colonel Boudonnet (4e et 8e régiments à Toulon) et la 6e brigade, à Marseille, général Caudrellier (22e régiment à Marseille, 24e régiment a Perpignan et à Sète).
3e division d'infanterie coloniale, à Brest, général Raffenel, comprenant la 1ere brigade a Brest, général Montignault (1er régiment à Cherbourg, 2e régiment à Brest), et la 3e brigade à Rochefort, général Rondony (3e régiment à Rochefort. 7e régiment a Bordeaux).
Brigade d’Artillerie coloniale,
général Gautheron,à Paris, comprenant le 1er régiment à Lorient, le 2e régiment à Cherbourg et Brest, le 3e régiment à Vincennes (fort de Charenton). Toulon et Marseille.
Il y a encore la section des secrétaires d'état-major coloniaux à Paris, la section de télégraphistes coloniaux à Lyon, la section de commis et ouvriers militaires d’administration des troupes coloniales à Paris (fort de Bicêtre), la section d’infirmiers militaires des troupes coloniales à Marseille et le Dépôt des isolés des troupes coloniales à Marseille avec annexe à Bordeaux et à Saint-Nazaire.
Au
Maroc existent 6 régiments de marche d'infanterie coloniale, chacun
à un bataillon blanc et deux bataillons noirs dont les garnisons
d'attache sont respectivement Rabat, la Chaouïa, Meknés, la Chaouïa
et le sud. Fez, Marrakech. et un bataillon supplémentaire Européen
à Fez. En outre, 2 groupes mixtes d'artillerie coloniale, soit 3
batteries montées et 4 de montagne, et un groupe de conducteurs
sénégalais à 6compagnies.
En
Algérie, se trouvent 2 bataillons de tirailleurs sénégalais, le
1er a Colomb-Béchar le 2e à Orléansville.
Les
troupes coloniales stationnées aux colonies sont divisées en 6
groupes et un corps d’occupation.
Groupe
de l’Indochine
quartier général a Hanoi. Division du Tonkin Hanoi, comprenant la 1ere brigade à Hanoi (9e régiment d'infanterie coloniale a Hanoi, 1er régiment de Tirailleurs tonkinois à Hanoï, 4e régiment de tirailleurs tonkinois a, Nam-Dinh) et la 2e brigade à Bac-Ninh (10e régiment d'infanterie coloniale a Haïphong, 2e régiment de tirailleurs tonkinois au 7 pagodes, 3e régiment de tirailleurs tonkinois a' Bac-Ninh).
Cette division comprend encore une 3e brigade a Saigon (11e régiment d’infanterie colonial à Saigon et 1er régiment de tirailleurs annamites, Les Mares, ces 2 unités chacune de 4 bataillons au lien de 3 comme les précédentes.
Artillerie : au Tonkin. le 4e régiment d’artillerie coloniale à Hanoï (cinq batteries dont 2 montées) et la 6e compagnie mixte d'ouvriers à Hanoï. En
quartier général a Hanoi. Division du Tonkin Hanoi, comprenant la 1ere brigade à Hanoi (9e régiment d'infanterie coloniale a Hanoi, 1er régiment de Tirailleurs tonkinois à Hanoï, 4e régiment de tirailleurs tonkinois a, Nam-Dinh) et la 2e brigade à Bac-Ninh (10e régiment d'infanterie coloniale a Haïphong, 2e régiment de tirailleurs tonkinois au 7 pagodes, 3e régiment de tirailleurs tonkinois a' Bac-Ninh).
Cette division comprend encore une 3e brigade a Saigon (11e régiment d’infanterie colonial à Saigon et 1er régiment de tirailleurs annamites, Les Mares, ces 2 unités chacune de 4 bataillons au lien de 3 comme les précédentes.
Artillerie : au Tonkin. le 4e régiment d’artillerie coloniale à Hanoï (cinq batteries dont 2 montées) et la 6e compagnie mixte d'ouvriers à Hanoï. En
Cochinchine,
le 5e régiment d’artillerie coloniale à Saigon (14 batteries,
dont 4 montées 3 de montagne et 7 à pied). la 7e compagnie
d'ouvriers, le tout à Saigon et au cap Saint-Jacques.
Les services sont entièrement groupés à Hanoï.
Les services sont entièrement groupés à Hanoï.
Corps
d'occupation de Chine
quartier général à Tien-tsin (16e régiment d'infanterie coloniale a Tien-tsin)
quartier général à Tien-tsin (16e régiment d'infanterie coloniale a Tien-tsin)
Groupe
de l’Afrique occidentale quartier général à Dakar.
Infanterie : bataillon d'infanterie coloniale à Dakar 1er régiment de tirailleurs « Sénégalais à Saint-Louis. » 2e régiment de tirailleurs Sénégalais a Kati; 3e régiment de tirailleurs Sénégalais en Côte d’Ivoire 4e régiment de tirailleurs sénégalais à Dakar. Et 2 bataillons de tirailleurs Sénégalais formant corps. le 2e à Tombouctou, le 3e à Zinder.
Cavalerie escadron de spahis Sénégalais a Saint-Louis. Artillerie 6e régiment d’artillerie coloniale à Dakar et Kati (7 batteries dont une de montagne, 2 montées, 4 a pied. Un détachement d'ouvriers d’artillerie a Kayes.
Infanterie : bataillon d'infanterie coloniale à Dakar 1er régiment de tirailleurs « Sénégalais à Saint-Louis. » 2e régiment de tirailleurs Sénégalais a Kati; 3e régiment de tirailleurs Sénégalais en Côte d’Ivoire 4e régiment de tirailleurs sénégalais à Dakar. Et 2 bataillons de tirailleurs Sénégalais formant corps. le 2e à Tombouctou, le 3e à Zinder.
Cavalerie escadron de spahis Sénégalais a Saint-Louis. Artillerie 6e régiment d’artillerie coloniale à Dakar et Kati (7 batteries dont une de montagne, 2 montées, 4 a pied. Un détachement d'ouvriers d’artillerie a Kayes.
Groupe
de l’Afrique Équatoriale
Quartier général a Brazzaville. Territoire militaire du Tchad (régiment de tirailleurs de l'Afrique équatoriale à Fort-Lamy ).
Quartier général a Brazzaville. Territoire militaire du Tchad (régiment de tirailleurs de l'Afrique équatoriale à Fort-Lamy ).
Groupe
de l'Afrique Orientale,
Quartier général à Tananarive.
Infanterie : bataillon d'infanterie coloniale a Diégo-Suarez; 1er régiment de tirailleurs Malgaches à Tananarive 2e régiment de Tirailleurs malgaches à Tamatave, 3e régiment de tirailleurs malgaches à Diégo-Suarez, bataillon de tirailleurs Sénégalais à Majunga, bataillon d'infanterie coloniale de l'Emyrne à Tananarive.
Artillerie : 7e régiment d'artillerie coloniale a Diégo-Suarez et en Emyrne (6 batteries, dont une montée, 2 de montagne, 3 à pied). 10e et 11e compagnies d'ouvriers à Tananarive et Diégo.
Quartier général à Tananarive.
Infanterie : bataillon d'infanterie coloniale a Diégo-Suarez; 1er régiment de tirailleurs Malgaches à Tananarive 2e régiment de Tirailleurs malgaches à Tamatave, 3e régiment de tirailleurs malgaches à Diégo-Suarez, bataillon de tirailleurs Sénégalais à Majunga, bataillon d'infanterie coloniale de l'Emyrne à Tananarive.
Artillerie : 7e régiment d'artillerie coloniale a Diégo-Suarez et en Emyrne (6 batteries, dont une montée, 2 de montagne, 3 à pied). 10e et 11e compagnies d'ouvriers à Tananarive et Diégo.
Groupe
des Antilles
Martinique,
une compagnie d'infanterie coloniale à Fort-De-France, une à
la
Guadeloupe, un peloton d'infanterie à Basse-Terre.
Guyane, une compagnie d'infanterie coloniale à Cayenne.
Guadeloupe, un peloton d'infanterie à Basse-Terre.
Guyane, une compagnie d'infanterie coloniale à Cayenne.
Groupe
du Pacifique.
Nouvelle-Calédonie, 2 compagnies d’infanterie à Nouméa et un peloton à Tahiti.
Nouvelle-Calédonie, 2 compagnies d’infanterie à Nouméa et un peloton à Tahiti.
L'ensemble
assez considérable représentait 102 bataillons et 39 batteries.
Dont 36 bataillons et 12 batteries en métropole et 21 bataillons en
Afrique du Nord . Dans ce total de 102 bataillons, la « force noire
» représente le quart... La guerre va considérablement augmenter
ces effectifs.
Lorsque la mobilisation est décrétée le 1er août 1914, le corps d'armée colonial est mis sur pied à 2 divisions d'infanterie (la 2e et la 3e) et une brigade de réserve (la 5e) celle de Paris. On lui confectionne 2 artilleries divisionnaires a 3 groupes de 75 mm et une artillerie dite de corps d'armée à 4 groupes du même calibre. On lui adjoint comme cavalerie, un régiment de chasseurs d'Afrique, le 3e venu d'Algérie; et un bataillon du génie de Versailles, le 22e, qui lui est destiné dés le temps de paix. On y ajoute 2 escadrons de réservistes du 6e dragons, de Vincennes et il est dirigé sur les Ardennes où se groupe notre IVe armée. Comme nous l'avons dit, la brigade d'infanterie coloniale de Lyon est affectée comme réserve d'infanterie du 14e corps.
Lorsque la mobilisation est décrétée le 1er août 1914, le corps d'armée colonial est mis sur pied à 2 divisions d'infanterie (la 2e et la 3e) et une brigade de réserve (la 5e) celle de Paris. On lui confectionne 2 artilleries divisionnaires a 3 groupes de 75 mm et une artillerie dite de corps d'armée à 4 groupes du même calibre. On lui adjoint comme cavalerie, un régiment de chasseurs d'Afrique, le 3e venu d'Algérie; et un bataillon du génie de Versailles, le 22e, qui lui est destiné dés le temps de paix. On y ajoute 2 escadrons de réservistes du 6e dragons, de Vincennes et il est dirigé sur les Ardennes où se groupe notre IVe armée. Comme nous l'avons dit, la brigade d'infanterie coloniale de Lyon est affectée comme réserve d'infanterie du 14e corps.
Chaque régiment actif mobilise un régiment de réserve qui porte le même numéro que le sien augmenté de 30 ou de 20, suivant les cas. Cette mesure donne donc 12 régiments à 2 bataillons seulement numérotés de 31 à 38 et de 41 à 44. Deux d'entre eux (41e et 43e formés à Paris) sont affectés au 20e corps d'armée, sur le Grand-Couronné de Nancy. 2 autres (31e et 32e formés à Cherbourg et à Brest) sont envoyés renforcer la garnison de la place forte de Maubeuge. 8 autres sont affectés à des divisions de réserve et les deux derniers (33e et 37e) demeurent provisoirement disponibles dans leurs garnisons de mobilisation (Rochefort et Bordeaux).
Le Maroc fournit immédiatement un régiment colonial composé de 3 bataillons Européens qui s'appelle « régiment colonial de marche » et qui peut être considéré comme l'ancêtre du fameux R.I.C.M. après la bataille de la Marne, 3 autres régiments de marche composés chacun d'un bataillon blanc et de deux bataillons Sénégalais. Ayant subi des pertes sensibles, ces 4 unités se fondent en une seule, le régiment d'infanterie coloniale du Maroc.
12
septembre 1914. Ah ! le beau réveil !4h du matin, au tout ...
www.nrblog.fr/.../12/12-septembre-1914-ah-le-beau-reveil-4h-du-matin-...
Il
y a 11 heures - 12 septembre 1914. Rambervillers- Ménil
s/Belvitte Ah ! le beau réveil !4h du matin, au tout petit jour : «
Mon lieutenant, alerte ! » Tout de suite ...
Victoire
française sur la Marne - 12 septembre 1914 - L ...
www.linternaute.com
› ... › Victoire française sur la Marne
Victoire
française sur la Marne, le 12 septembre 1914 : "La bataille,
qui aura duré six jours, marque l'arrêt de la progression des
troupes allemandes.
Du
6 au 12 septembre 1914, Nicolas II remportait la bataille ...
christroi.over-blog.com/article-du-6-au-12-septembre-1914-nicolas-ii-re...
Il
y a 3 jours - La plupart des histoires de la guerre de 1914
passent cette réalité sous silence, de même que la plupart des
histoires de la III e république ...
La
bataille de la Marne le 12 septembre
chatrou51.free.fr/12septembre.htm
Les
Evênements du samedi 12 septembre 1914. 5h00. Le Lieutenant de
Lescoët, du 21ème Chasseurs, signale que Vitry-en-Perthois est
libre. D'après les ...
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