samedi 13 septembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 12 SEPTEMBRE 1914

12 SEPTEMBRE 1914



I)
12 septembre : arrivée d'une nouvelle perturbation dans la nuit
Après le passage de cette première perturbation, l'anticyclone Ibérique se reforme partiellement mais le temps reste variable et agité avec des averses sur les zones de conflit. Dans la soirée et la nuit du 12 au 13, une nouvelle dépression arrivant de l'ouest apporte son lot de pluie, de vent et de froid aux troupes au sol. Les cumuls de précipitations atteignent par endroits 25 à 30 mm dans la Marne. Les températures sont en forte baisse partout sauf sur la Méditerranée. On relève 17 à 18 °C au maximum sur le champ de bataille. Pour les combattants, les conditions sont très difficiles. « Les gouttes volent obliquement, fouettées par le vent d'ouest. Les hommes se plient en chien de fusil, se collent aux gerbes dressées le long desquelles l'eau ruisselle. », raconte Maurice Genevoix. Mais la bataille est gagnée : un communiqué de l'état-major annonce la victoire, à l'issue d'une des semaines les plus meurtrières de toute la guerre.

II)
Communiqué de Joffre au ministère de la Guerre 13 septembre 1914...
« Notre victoire s'affirme de plus en plus complète. Partout, l'ennemi est en retraite. Partout, les Allemands abandonnent des prisonniers, des blessés, du matériel. Après les efforts héroïques dépensés par nos troupes pendant cette lutte formidable qui a duré du 5 au 12 septembre, toutes nos armées, surexcitées par le succès, exécutent une poursuite sans exemple par son extension... Le gouvernement de la République peut être fier de l'armée qu'il a préparée. »
Les jours suivants, le flux perturbé d'ouest puis de nord-ouest se maintient, apportant des averses et du vent. La pluie et le vent accompagnent la bataille suivante qui se déroule sur l'Aisne...

III)
Le recul des armées Allemandes sur la Marne et sur l'ensemble du front, après s'être changé en retraite, atteint devant notre aile gauche les proportions d'une déroute. Poursuivies vigoureusement, elles abandonnent un immense matériel, de l'artillerie, et nous faisons de nombreux prisonniers. Dans leur fuite, elle dépassent Reims, elles évacuent au centre la région de Vitry-le-François, cèdent dans l'Argonne à droite et reculent en Lorraine. Nous réoccupons Lunéville et Saint-Dié, Raon-l'Etape, Nomény, Pont-à-Mousson, etc...
On a connaissance de l'énergique ordre du jour adressé aux armées le 6 septembre, par le général Joffre, disant à nos soldats que de la bataille qui s'engage « dépend le sort de la patrie », que tous les efforts doivent tendre à attaquer et refouler l'ennemi, et qu'il faudra, « coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer ».

En Belgique, l'armée d'Anvers entre en action et dessine une vigoureuse offensive contre les Allemands vers Termonde.

Les Russes livrent une série de combats heureux aux Austro-Allemands, en Galicie, et parviennent à mettre en déroute l'aile gauche de leur armée.

IV)
Rambervillers – Ménil-sous-Belvitte :
Ah ! le beau réveil ! 4h00 du matin, au tout petit jour : « Mon lieutenant, alerte ! » Tout de suite on me communique des bruits sensationnels : Défaite des Allemands en Champagne, mise en déroute de 3 armées ou corps d’armée ennemis, nombreux prisonniers, des canons, du matériel !… Oui, Mais est-ce officiel ? le colonel l’a appris par note écrite, puis verbale, puis téléphonique, puis récrite… Mais … nous sommes payés pour nous défier.
En tous cas la note qui m’est communiquée par le colonel porte ces mots magnifiques : « Recul général de l’ennemi sur tout le front de notre région. Offensive générale de l’armée, direction Baccarat ! » Voilà des mots comme nous n’en entendons plus depuis 3 semaines.

6h00
Nous attendons l’ordre de départ. Lever de soleil magnifique après une nuit de pluie. Ah ! L’importance, l’influence du soleil, un matin de grande bataille ! Les canons français 155 et 75 font rage. Ils ont avancé leurs positions depuis hier.

10h00
-Départ.Traversée du bois tragique d’Anglemont : Un cyclone de fer et de feu l’a dévasté. Des chênes, des hêtres énormes sont brisés à ras terre, le haut des arbres est dépouillé de leurs branches. Le sol labouré. La route défoncée. A la sortie du bois le spectacle horrible commence. Un capitaine Français, mort depuis au moins 15 jours, gît dans la boue, sur le bord du talus, les deux cuisses coupées : sa face est noire… Personne n’a songé à l’enterrer. Personne n’y a songé pour tous ces fantassins Français, ces quelques Allemands, ces jambes, ces bras, ces têtes isolés… Il est vrai qu’hier on se battait ici avec fureur, que la nuit seulement l’ennemi a été refoulé, que les troupes exténuées par la victoire ne songent pas à enterrer leurs morts… Du côté d’Anglemont une colonne de fumée : Les dernières maisons incendiées avant la déroute… Pendant 7 kilomètres nous avançons péniblement dans ce charnier puant, parmi les sacs, les souliers, les képis, les fusils (oh ! ces monceaux de fusils brisés, rouillés !). Dans le fossé de la route, tous les dix mètres un cadavre, les cheveux collés par la pluie, les yeux souvent ouverts et vitreux, les lèvres blanches…

Nous arrivons à Ménil-sous-Belvitte. Le village n’existe plus que sous la forme de quelques murs noircis par la fumée, de quelques tas de pierres qui furent des maisons aisées, avec des familles heureuses, des rires d’enfants… On me signale dans une maison intacte un vieillard paralysé qui meurt… Il est seul dans le village, seul depuis que les Allemands l’ont quitté. Il a été soigné par eux, nourri, lavé… Nous, nous passons victorieux et rapides, et il meurt tout seul dans sa masure.

Ménil est jonché de débris d’armes, d’uniformes, de casques, de mitrailleuses, de bottes… Débris allemands infiniment plus nombreux que les français.
Nous restons ici pendant que l’artillerie déloge les Allemands de Baccarat. Baccarat est à 7km. Sous un verger de pommiers, une grande tombe fleurie, bordée de gazon, on y a planté des glaïeuls, des reines-marguerites et une belle croix, large et bien taillée sur laquelle on lit : « den Deutschen u. Französischen gefallemen soldaten – Gestiffet von 12-112-7-9-14 ». Devant cette belle tombe fleurie je songe au capitaine Français dans la boue de la route…

Comment nous nourrirons-nous maintenant ? Depuis ce matin 4h je n’ai bu qu’une tasse de café, je me jette voracement sur ces quelques pommes vertes et quelques quetsches âcres laissées par les Allemands...Toutes les minutes, passent des prisonniers Allemands. Ils sont très jeunes. Ils sourient, et donnent leur casque en se mettant au garde-à-vous si c’est un officier qui le leur demande
.
Il pleut. Il tempête. J’ai faim. Ah ! avoir faim dans un pays dévasté, brûlé, pillé, puant le cadavre !… je dîne d’un jeune concombre « étalé » sur une tranche de pain et de quelques pommes de terre arrachées à un potager. Le capitaine Gresser vient les partager avec Caussade et moi... La nuit tombe sur le village en ruines, le curé revient, il n’a plus d’église, plus de presbytère, plus de fidèles. C’est tragique ce retour…

Le pays est rempli de casques Allemands, de fusils, de sacoches, de buffleteries. Tout cela mélangé à des linges sanglants, à de la viande pourrie…
La pluie redouble de violence, le vent fait rage.

Nous nous étendons sur la paille où hier soir dormaient les Allemands. Je dois dire qu’elle est propre, alors que la paille abandonnée par les troupes Françaises est généralement sale et réduite en poussière. Il pleut sur mon nez par le toit sans tuiles. Comment y aurait-il encore des tuiles à Ménil ?

J’entends le petit cri des souris qui vont et viennent le long du mur et qui trouvent certainement agréable de me grignoter mon sommeil. Le bataillon bivouaque dans le bois de la Pêche. Encore un bois tragique, brisé, puant, plein de cadavres épars. Au petit jour, dans une grange j’aperçois une tête pâle, des yeux exorbités, sortant du foin : un Bavarois terrifié qui pleurniche et balbutie en souriant à travers ses larmes : « Kâmârâd !» On vient l’arrêter !
Victoire Française sur la Marne.

V)
La bataille, qui a duré 6 jours, marque l'arrêt de la progression des troupes Allemandes. Les Français, menés par le maréchal Joffre, l'emportent face à une armée allemande épuisée qui décide de battre en retraite dès le 11 septembre. Les vignobles de Champagne ont été des alliés inattendus dans la victoire : de nombreux soldats Allemands faits prisonniers ont été retrouvés saouls.
Paul Hess :

4h00 le canon recommence à tonner à proximité de la ville, on entend encore mieux qu'hier la fusillade et les mitrailleuses... La canonnade s'accentue de plus en plus, nous nous rendons compte qu'un terrible duel, entre les pièces de différents calibres, est engagé depuis le petit jour. Les rafales de coups de canon paraissant d'instant en instant moins éloignées, j'ai la curiosité de m'assurer, à plusieurs moments de la journée, si nous ne nous faisions pas illusion à ce sujet... Non, car j'ai pu voir parfaitement, à l'aide d'une jumelle, du haut des magasins de l'établissement, les nuages de fumée de l'artillerie, dans la direction des Mesneux et constater qu'ils se rapprochent...

Quelquefois, les détonations deviennent si violentes que toutes les vitres tremblent aux fenêtres de notre appartement, certains coups font vibrer la maison tout entière. Il paraît, d'ailleurs, que les Allemands sont près de la Maison-Blanche et que les troupes Françaises viennent de la montagne de Reims.

11h00, on est venu de la maison Minelle, dire aux ouvriers occupés à la pose des vitres, dans nos magasins du mont-de-piété, de rentrer chez eux.
Reims est désert... Chacun attend chez soi les événements.
- Le journal Le Courrier de la Champagne de ce jour, samedi 12 septembre 1914, avant tout article, a imprimé en lettres majuscules ce qui suit, sans titre, dans sa première colonne :
« Quelles que soient les impressions intimes que peuvent éveiller les nouvelles, vraies ou fausses, qui circulent à tout instant, il est nécessaire que la population reste absolument calme et réservée, il y va de sa dignité comme de sa sécurité... Les événements présentent souvent des alternatives diverses, tant que des solutions définitives ne sont pas intervenues... La ville de Reims, ouverte aux mouvements de troupes et désireuse de rester en dehors de toute action militaire, doit se montrer correcte et déférente vis-à-vis des autorités et des troupes Allemandes, hospitalière et bienveillante pour les blessés, comme elle l'a été jusqu'ici. »

En deuxième page, il rappelle aux habitants qu'il est formellement interdit de stationner et de former, sans aucun prétexte, des attroupements sur la voie publique, notamment dans les grandes artères et sur les places publiques, où les troupes sont appelées à circuler ou à cantonner.

Dans un court article, faisant suite à son entrefilet d'hier, il dit encore, sous ce titre :
« A propos des moteurs du champ d'aviation :
Nous pouvons ajouter à notre information d'hier, qu'au moment de quitter leurs hangars, nos aviateurs ont retiré des moteurs une pièce importante, ce qui en empêche le fonctionnement. C'est ainsi, du reste, que l'on procède pour les pièces d'artillerie que l'on est obligé de laisser entre les mains des ennemis, on en retire les culasses pour les rendre inutilisables. »

Il nous apprend, en outre, que le troisième fils du Kaiser, Prince Auguste-Guillaume, se trouve à Reims depuis deux jours, qu'il est descendu au Grand-Hôtel, où il occupe, au premier étage, la chambre n° 23 et qu'en raison de sa présence, les abords de l'hôtel sont sévèrement interdits à la circulation...

15h00, un nouveau roulement de voitures se fait entendre. De nos fenêtres, sur la rue de la Grue, nous voyons remonter la rue Cérès par une longue file d'autos, caissons, etc... Elle est suivie de cavaliers puis de fantassins et d'artillerie, enfin d'un mélange assez confus d'armes, donnant cette fois l'impression d'une retraite précipitée. Une demi-heure auparavant, 6 soldats d'infanterie sont arrivés chez une voisine d'en face, Mme Erard et cela m'a donné à penser, tout de suite, que mon tour d'héberger des Allemands ne va pas tarder. Jusqu'à présent, j'étais plutôt surpris de n'en avoir pas eu à recevoir, soit pour les voir effectuer des réquisitions dans nos magasins, soit pour les loger... Je me crois donc obligé de demeurer chez moi, à attendre, lorsqu'un coup de sonnette au n° 12, encore chez la même voisine, m'attire à la fenêtre.

JOFFRE
Je reconnais, tandis qu'il attend qu'on ouvre, un cycliste militaire qui a amené là, tout à l'heure, les fantassins et qui revient sans doute les chercher, puisque tous sortent presque aussitôt. Ces soldats discutent un moment sous nos fenêtres, le temps de remettre leur sac au dos, et ils s'en vont. Il devient évident que cela ne va décidément plus pour l'armée Allemande. Je vais donc être sûrement exonéré de logement et, du coup, je ne puis que me réjouir du contretemps survenu si vite pour troubler la quiétude de ces hommes... Les troupes diverses continuent à passer, rue Cérès, l'infanterie chantant sans enthousiasme, comme elle chantait le 4, en faisant son entrée dans Reims et je m'aperçois que nos quasi-voisins d'une demi-heure à peine, ont été prévenus rapidement d'avoir à suivre les derniers éléments de la colonne qui part, cette fois, presque en cohue.

A distance, nous avons remarqué, dans le défilé, encadré de nombreux soldats baïonnette au canon, un groupe très important de civils, la plupart marchant avec leur parapluie ouvert, en raison du mauvais temps, ce qui nous a empêchés de les reconnaître. Nous sommes fortement intrigués, nous demandant quels sont ces hommes et où on les conduit, mais nous apprenons plus tard qu'il s'agissait d'otages. Les autorités militaires Allemandes, après s'être assurées, dans la matinée, à la mairie, des personnes du maire Dr Langlet et de M. Bergue qui lui servait d'interprète, qu'elles conduisent immédiatement au Lion d'Or, de celles de Mgr Neveux et de M. l'abbé Camu, qui se sont présentés à la Kommandantur, en vue d'intervenir au sujet de l'arrestation arbitraire de deux prêtres du diocèse, ont demandé l'élaboration rapide d'une liste de 100 noms, à choisir dans tous les milieux sociaux et dans tous les partis politiques. Cette liste a été établie avec l'aide de MM. Eug. Gosset, président de la chambre de commerce, Rousseau, adjoint au maire et Raïssac, secrétaire en chef de la mairie (pas assez vite, au gré des Allemands) car le temps presse, et avant même qu'elle ne soit complètement terminée, ces messieurs sont obligés d'aller chercher les futurs otages à leur domicile, escortés de soldats en armes.
Une proclamation, portant la liste des otages désignés, a été rédigée et traduite en Français, pour être imprimée aussitôt et placardée. Elle dit ceci :
« Proclamation !
Dans le cas où un combat serait livré aujourd'hui ou très prochainement aux environs de Reims ou dans la ville même, les habitants sont avisés qu'ils devront se tenir absolument calmes et n'essayer en aucune manière de prendre part à la bataille. Ils ne doivent tenter d'attaquer ni des soldats isolés ni des détachements de l'armée Allemande. Il est formellement interdit d'élever des barricades ou de dépaver les rues, de façon à ne pas gêner les mouvements des troupes, en un mot de n'entreprendre quoi que ce soit qui puisse être d'une façon quelconque nuisible à l'armée Allemande...
Afin d'assurer suffisamment la sécurité des troupes, et afin de répondre du calme de la population de Reims, les personnes nommées ci-après ont été prises en otages par le commandement général de l'armée Allemande. Ces otages seront pendus à la moindre tentative de désordre. De même, la ville sera entièrement ou partiellement brûlée et les habitants pendus si une infraction quelconque est commise aux prescriptions précédentes... Par contre, si la ville se situe absolument tranquille et calme, les otages et les habitants seront pris sous la sauvegarde de l'armée allemande.
Par ordre de l'autorité Allemande, Le maire, Dr Langlet.
Reims, le 12 septembre 1914 »
La deuxième partie de cette proclamation était en italiques et le passage « ces otages seront pendus », a amené des protestations de la part du maire et de ceux de nos concitoyens collaborant à la rédaction ou à sa traduction. Ils ont demandé, paraît-il, que conformément aux lois de la guerre, cette expression soit remplacée par « seront fusillés » - mais satisfaction ne leur a pas été donnée... La dite proclamation était suivie de la liste des noms de 81 des habitants de Reims, elle se terminait, après le dernier nom, de celui de M. l'abbé Maitrehut, par ces mots « et quelques autres ».

En même temps que la publication de cette liste, un nouvel appel à la population Rémoise est également affiché. Voici son texte :

« Appel à la population Rémoise Chers concitoyens,
Aujourd'hui et les jours suivants, plusieurs d'entre vous, notables et ouvriers, seront retenus comme otages pour garantir vis-à-vis de l'autorité Allemande le calme et le bon ordre que vos représentants ont promis en votre nom. Il y va de leur sécurité, de la sauvegarde de la ville et de vos propres intérêts que vous ne fassiez rien qui puisse démentir ces engagements et compromettre l'avenir.
Ayez conscience de votre responsabilité et facilitez notre tâche. Hommes, femmes, enfants, restez le plus possible dans vos demeures, évitez toute discussion. Nous comptons que vous serez à la hauteur de la situation. Tout attroupement est absolument interdit et sera aussitôt dispersé.
Les adjoints Le maire
L. Rousseau, Dr Jacquin, J.B. Langlet
Em. Charbonneaux, J. de Bruignac »

Un certain nombre de ceux dont les noms ont été portés éventuellement sur la liste des otages, n'ayant pas été trouvés à leur domicile, ont été remplacés d'urgence par d'autres habitants désignés pour les suppléer et ce sont ces malheureux, retenus au dernier moment, que nous venions de voir emmener.
Ils ne savent s'ils partent pour longtemps, lorsque arrivés à peu près à un kilomètre au delà du passage à niveau de Witry, sur la route de Rethel, l'officier qui les surveillait leur fait faire halte pour se ranger au bord de la route, puis s'adressant au maire, il dit quelques mots parmi lesquels ils retiennent surtout ceux-ci :
« Il n'y a pas eu de désordre à Reims, vous êtes tous libres. Vous pouvez rentrer chez vous. »

On peut imaginer la joie qu' ont éprouvé instantanément ces pauvres gens qui ne pensaient pas recouvrer sitôt leur liberté. Aussi, quelque-uns d'entre eux voulant en jouir immédiatement, tentèrent-ils de rompre tout de suite le contact en s'égaillant dans les champs, malgré la pluie, mais des soldats lancés à leurs trousses, leur firent rebrousser chemin par la route, que les troupes suivaient encore et qu'ils reprirent en sens inverse pour rentrer à Reims. Les plus âgés étaient exténués. Le Dr Langlet, très fatigué, devait être soutenu par les deux bras...
Les Rémois, otages de fait, ont eu de terribles angoisses au cours de cette longue journée. Leurs noms ne correspondant plus exactement avec ceux portés sur la liste faisant suite à la proclamation affichée dans l'après-midi, sont cités dans les numéros du Courrier de la Champagne, des 13, 14 & 15
septembre 1914.

Enfin, ce samedi 12 septembre 1914 vécu au milieu d'une atmosphère de bataille toute proche, susceptible peut-être de reprendre et de continuer dans nos murs si l'ennemi n'a pas complètement abandonné Reims, se termine, pour nous dans une grande inquiétude. Depuis le commencement de la nuit, le ciel s'est empourpré de lueurs qui s'étendent et rougeoient de plus en plus, malgré la pluie diluvienne... Les Allemands ont-ils mis le feu à la ville, après avoir, vers 19h00 incendié les magasins à fourrage du Petit-Bétheny, qu'ils ont arrosés d'essence ? Malgré le désir d'avoir quelques nouvelles, j'ai évité de circuler aujourd'hui, et, ce soir, à la maison, nous sommes plongés dans une incertitude complète.

Départ des Allemands, ou évacuation, après défaite de Montmirail le 12 septembre, samedi soir. Licenciement des otages, réunis vers 2 heures au Séminaire. 4 par 4, en rangs, Levez-vous et suivez nous. On les conduit un peu au-delà du cimetière de l'Est. Halte ! vous êtes libres ! Il était environ 5h30 ou 6h00 quand ils furent libérés... Le soir quelques Français sont rentrés à Reims.
Le lendemain dimanche, les troupes Françaises sont rentrées en ville. Les Prussiens occupent alors les hauteurs qui environnent Reims, où pendant l'occupation, ils ont préparé leur installation...
Paul Hess a écrit ce texte à posteriori le 27 septembre 1914 dans son Journal de la Guerre 1914-1918 éd. Travaux de l'Académie nationale de Reims

VI)
En 1918, revenant sur la bataille de la Marne, le maréchal Joffre aurait lucidement déclaré : « cette bataille, je ne sais pas qui l’a gagnée mais je sais très bien qui l’aurait perdue ». » La première partie de la phrase constitue, au mieux, une erreur, au pire un mensonge. L’ancien général en chef des forces armées Françaises du Nord et de l’Est ne pouvait ignorer que notre pays devait la victoire de la Marne, sinon bien sûr exclusivement, mais quand même essentiellement, au tsar Nicolas II. La plupart des histoires de la guerre de 1914 passent cette réalité sous silence, de même que la plupart des histoires de la IIIe république oublient de mentionner la demande d’asile, pour lui-même et, à défaut, pour sa famille, que l’empereur de Russie, persuadé de leur prochain assassinat, demanda à la France en 1917...
Dans la longue série des événements que l’histoire républicaine officielle a cachés sous le tapis de nos turpitudes, voici deux exemples particulièrement frappants que le centenaire de la première guerre mondiale nous incite à mettre enfin en lumière.
L’entrée en guerre, dans les premiers jours d’août 1914 révèle très vite l’incroyable impréparation de l’armée Française. Voilà un tiers de siècle qu’elle prétendait à la revanche et, le moment venu, elle s’avérait hors d’état de faire face à un ennemi qui, contrairement à une idée reçue, n’était pas supérieur en nombre : la France alignait au combat 1 900 000 hommes, contre 1 800 000 dans le camp Allemand... Contrairement à une autre idée reçue, les théâtres d’opérations étaient a priori beaucoup plus favorables à la France qui, disposant d’un puissant réseau de forteresses, dont l’Allemagne était démunie, obligeait celle-ci à porter son offensive en Belgique et à se heurter à une armée, certes modeste (120 000 hommes tout de même) mais très combative et bien organisée sous l’autorité d’un vrai chef, le roi Albert Ier.
LE ROI CHEVALIER ALBERT Ier DE BELGIQUE
C’est justement cette organisation qui manquait à la nôtre : De ridicules pantalons rouges,
L’absence de casques,
Un bardas du combattant beaucoup trop lourd en raison d’une intendance famélique,
Une foi stupide dans l’assaut à la baïonnette,
Une artillerie déficiente et des fusils obsolètes,
Des chefs prétentieux et incapables, aussi bien coupés de leurs hommes que des réalités de la guerre moderne.
Ils croyaient refaire celle de 1870, d’où plus tard cette réputation qui collera à la république Française : toujours en retard d’une guerre. (Cette réputation funeste n'est hélas pas usurpée MNC).

En août 1914, sur le plan stratégique, l’armée Française en est à son 17e plan des opérations, contesté par de nombreux officiers généraux, dont le général Charles Lanrezac, commandant de la 5e armée et répétant :
« attaquons ... comme la lune ! »
Quand, de son côté l’Allemagne applique rigoureusement le plan Schlieffen, arrêté depuis 1897 et peu modifié depuis lors. Celui-ci prévoie d’écraser la défense Française en 6 semaines puis de se retourner contre la Russie. L’Allemagne redoutait en effet par dessus tout d’avoir à combattre simultanément sur deux fronts... Elle tablait sur une très lente mobilisation Russe lui permettant d’éviter cet écueil. Aussi bien, malgré la remarquable résistance de la Belgique, il apparaît vite évident que les forces Françaises ne sont pas de taille à se mesurer à leur adversaire. «  Les conceptions tant stratégiques que tactiques du haut commandement, a écrit l’historien Jacques Chastenet, pourtant très indulgent envers la république, sont radicalement fausses. »
Le gouvernement Français, alors saisi de panique, demande au président de la république, Raymond Poincaré, d’intervenir auprès du tsar afin de le supplier de déclencher sans plus attendre les hostilités en Prusse Orientale... Nicolas II est un homme d’honneur, c’est-à-dire un homme de cœur et de parole. Bien que n’ignorant rien des insuffisances techniques de son armée, il fait lancer l’offensive à l’Est dès le 15 août. Offensive malheureuse, qui se brise, deux jours plus tard devant Königsberg, sur la seule armée Allemande en charge de la frontière Orientale.  
L’état-major Allemand réalise cependant que ce coup d’arrêt risque de n’être que momentané, les Russes continuant d’envoyer des renforts qui finiront par submerger de leur nombre les lignes de défense de la Prusse. Le 23 août, les troupes Russes, réparties en 2 armées, comptent en effet 800 000 combattants, contre moins de 200 000 soldats Allemands. De surcroît, c’est la partie la plus noble de l’empire Allemand qui se trouve ainsi menacée, la terre historique des chevaliers Teutoniques. C’est pourquoi, ne pouvant admettre une telle éventualité, le généralissime Allemand, Helmuth von Moltke, défère à l’ordre du kaiser de renforcer d’urgence le front de l’Est... Pour cela, il lui faut renoncer partiellement au plan Schlieffen en dégarnissant le front Ouest. Déjà, 150 000 hommes ont été distraits de la campagne de France pour assiéger le camp retranché de l’armée Belge à Anvers. Maintenant, on prélève encore 2 corps d’armée, soit 80 000 hommes, que l’on transporte à toute allure en train à travers l’Allemagne. Ne pouvant en embarquer davantage, Moltke choisit de compenser l’insuffisance numérique en recourant à des régiments d’élite... Sous les ordres des généraux Hindenburg et Ludendorff ceux-ci infligent, le 30 août à Tannenberg, une défaite spectaculaire à l’armée Russe. La Prusse Orientale est sauvée ... la France aussi.
Car c’est évidemment l’absence de ces 2 corps d’armée Allemands qui permet le succès la contre-attaque Française sur la Marne. Sans cela, le siège aurait été mis devant Paris dès le 6 septembre. La suite appartient évidemment aux hypothèses et on ne réécrit pas l’Histoire... Mais il est hautement probable  que sans le sacrifice, tout à fait conscient, que Nicolas II fait de ses soldats, venant s’ajouter à la résistance d’Albert Ier, la guerre de 1914 se serait, pour la France, achevée dès le mois de septembre ou d’octobre de la même année... La république doit son salut à deux monarchies.
LE TSAR NICOLAS II
Le gouvernement Français, alors en fuite vers Bordeaux, n’adresse pas le moindre message de gratitude au tsar, non plus qu’au roi des Belges. Joffre et Gallieni, gouverneur militaire de Paris, s’attribuent la totalité du mérite d’avoir stoppé l’offensive Allemande.
3 ans plus tard, Nicolas II, n’ayant obtenu ni des soviets l’autorisation de résider en Crimée comme simple citoyen, ni de son cousin le roi Georges V, celui de se réfugier en Angleterre, se tourne vers la France. La lettre qu’il écrit à Raymond Poincaré ne reçoit pas de réponse et se trouve, depuis lors, mystérieusement « égarée » par les archives nationales. De même qu’après l’assassinat des Romanov, le 16 juillet 1918 à Iekaterinbourg, la villa Ipatiev est entièrement détruite, caves et fondations inclues... Il est ainsi des traces de leur lâcheté ou de leur forfaiture que les républiques, socialistes comme radicales socialistes, n’aiment guère laisser derrière elles.
Daniel de Montplaisir

VII)
« La Chaise au Plafond »
Le 12 septembre 1914, marque la fin de la Première Bataille de la Marne (commencée le 6 septembre 1914).
Au cours de cette première bataille décisive, les troupes Franco-Britanniques réussissent à arrêter puis repousser les Allemands. Reims occupée depuis le 3 Septembre par l'ennemi, est alors libérée. Mais les Allemands s'accrochent aux forts situés à l'Est de la ville et édifiés 30 ans plus tôt (Brimont, Witry-lès-Reims, Nogent-l'Abesse). De là ils bombardent à vue durant 4 ans. Le Café des Sportsmen situé Avenue d’Épernay se retrouve sous le feu des obus. Sous le souffle de l'explosion, une chaise se fige entre les lattes du plafond. Elle y est toujours. En 1914 on en fait le symbole de la victoire (provisoire) de la victoire Française sur les Allemands. Ce café bien connu s'appelle aujourd'hui : « La Chaise au Plafond ».

VIII)
Muizon
Ludivine Chevalier

« Mademoiselle ? »
Assise à l’arrière de la charrette de l’infirmerie, Ludivine lève les yeux des formulaires qu’elle remplit mécaniquement pour apercevoir une silhouette au pied du véhicule. L’infirmière se saisit de la minuscule lampe dont elle se sert pour écrire et la lève pour voir sortir de la nuit une jeune fille au visage aussi sale que ses mains, un vélo à ses côtés.
« Vous êtes blessée ? demande Ludivine en descendant de l’ambulance, mais la jeune fille secoue vigoureusement la tête.
— Non, je vais bien ! J’aurais besoin de médicaments et de bandages pour des personnes qui en ont besoin. »
En voyant les mouvements de la lampe de Ludivine, une sentinelle s’est approchée.
« Tout va bien, mademoiselle ?
— Oui, tout va bien soldat, vous pouvez retourner à votre poste, merci . Venez, il faut vous nettoyer un peu », dit-elle en se tournant vers la jeune fille sortie de la nuit sans même faire un bruit. Ludivine lui prend délicatement la main et lui fait poser son vélo contre le chariot infirmier. Elle lui fait signe d’être silencieuse. Elles empruntent toutes deux la pente d’herbe humide qui descend vers la lisière de Muizon. Elles marchent prudemment dans la nuit, seulement guidées par la faible lampe de Ludivine, jusqu’à arriver au petit cours d’eau qui longe le village. Elles l’entendent plus qu’elles ne le distinguent. La cycliste s’y penche pour se laver les mains et le visage. Ludivine dit enfin, étonnée par cette jeune femme :
« D’où venez-vous ? Comment vous appelez-vous ?
— Je m’appelle Jeanne Gaubert. Je viens de Reims.
— De Reims ? s’exclame Ludivine, emportée par la surprise. Reims ? répète-t-elle en pensant à la ville qui est à moins de 10 kilomètres.
— Oui, j’habite là-bas. Mon vélo a déraillé en chemin d’où mon état, sourit-elle en indiquant les quelques traces noires encore sur ses mains.
— Mais Reims est occupé par les Allemands ! Comment êtes-vous arrivée jusqu’ici ? »
L’étonnement de Ludivine semble faire plaisir à Jeanne qui sourit fièrement.
« Hé bien, je connais une ou deux choses pour éviter les patrouilles, voyez-vous.
— Mais pourquoi avoir pris le risque de venir ici ? souffle Ludivine, qui veut enfin connaître la raison de la venue de Jeanne.
— Avec d’autres personnes, on a caché des réfugiés blessés dans la ville, chuchote Jeanne, sûre d’elle. On a pu en faire s’échapper quelques-uns, mais certains sont intransportables. Les Allemands ont réquisitionné la plupart des stocks de médicaments, alors quand j’ai appris que des régiments Français cantonnaient non loin des portes de la ville, je savais ce que j’avais à faire.
— Quel âge avez-vous ? demande Ludivine, impressionnée par les dires de cette jeune femme.
— Dix-huit ans, pourquoi ? »
Ludivine reste silencieuse, et finalement, part d’un rire léger : « Allez, venez avec moi, on va vous trouver ça. »
Toutes deux se dirigent vers le chariot de l’infirmerie. Ludivine y grimpe pour prendre du matériel de premier secours puis le tend à Jeanne, qui le fourre aussitôt dans les sacoches de sa bicyclette. Amusée par l’audace de la Reimoise, Ludivine lui lance ironiquement à la façon d’une commerçante :
TRANSFORMATION DE L'UNIFORE
« Et avec ça, il vous faut autre chose ? »
À sa grande surprise, Jeanne hoche la tête :
« En fait, j’aimerais aussi voir le colonel de votre régiment, avoue-t-elle. C’est pour ça que les sentinelles m’ont laissé passer.
— Le colonel ? Rien que ça ! Et pourquoi donc ? »
Jeanne dévisse sa selle et en tire une série de papiers soigneusement roulés, qu’elle montre à Ludivine.
« J’ai noté les numéros des régiments Allemands et les effectifs de ceux que l’on a pu voir passer en ville. J’ai pensé que ça pourrait servir. »
Ludivine part d’un grand rire qui fait se retourner les sentinelles montant la garde non loin. Elle prend Jeanne par l’épaule et l’emmène en direction de la masure où le colonel a installé son quartier général d’un soir.
« Vous avez bien pensé, Jeanne. Je suis sûre que cela va être très apprécié », conclut Ludivine avec entrain.

IX)
5h00
Le Lieutenant de Lescoët, du 21e Chasseurs, signale que Vitry-en-Perthois est libre. D’après les habitants, 3 régiments d’Infanterie Allemande se sont retirés sur la direction de Changy, le soir des éléments d’Infanterie en débandade accompagnés de cavaliers ont pris le même itinéraire vers 17 heures. Des convois sont passés dans la nuit du 10 au 11, de 22 heures à 3 h 30 se dirigeant sur Châlons.

7h00
Le Lieutenant est arrivé à Changy à 6 heures et n’y a trouvé que 7 blessés Allemands de la réserve. Des fours de campagne ennemis sont installés à la sortie Nord de Changy, et sont partis dans la nuit du 10 au 11, abandonnant de nombreux approvisionnements de farine. 2 régiments d’infanterie sont passés la veille dans la matinée, avec de l’artillerie et des convois de corps de troupe, marchant sur Bassuet et Bassu. D’après les habitants, aucune troupe n’a pris la grande route de Sainte-Menehould.
11h00
Le Lieutenant Malevergne signale la présence d’une compagnie Allemande dans Vanault-le-Châtel. Des ordres sont immédiatement envoyés aux Brigades et à la Cavalerie pour tenter de l’enlever, ainsi qu’une ambulance signalée allant de Vanault-les-Dames vers Vanault-le Châtel. Cette opération ne donne aucun résultat, l’ennemi s’étant retiré dès que la présence de nos troupes lui est signalée. Ainsi la poursuite commence-t-elle ! La guerre de mouvement touche à sa fin...
M Chavance dresse un résumé du bilan de l'invasion dans l'arrondissement de Vitry-le-François :

ARTILLEUR FRANÇAIS VISANT UN ZEPPELIN
Sur les 123 communes de l'arrondissement, 68 ont subi des pertes, soit en hommes, soit en immeubles... 44 personnes sont mortes de mauvais traitement ou ont été fusillées pendant l'occupation, 74 habitants ont été emmenés comme otages. 1652 maisons ont été incendiées ou anéanties par le bombardement, dont 505 pour la seule ville de Sermaize, 180 pour Heiltz-le-Maurupt et 148 pour Maurupt. En outre, 701 immeubles ont été détruits en partie. 5 églises, 12 mairies et 14 écoles sont ruinées de fond en comble. 19 églises et 3 écoles ont subi de considérables dégâts.
A Blacy, la plus grande partie de la population a émigré. 25 hommes et femmes furent internés jusqu'au départ de leurs bourreaux, le 11 septembre. 14 otages, dont 2 femmes, sont saisis, emprisonnés et emmenés en captivité.

A Sompuis, 9 otages furent emmenés, Marcel Jacquemin a 15 ans en septembre 1914, il donne un récit des événements :
A Glannes, 54 maisons sur 63 ont été anéanties. Courdemanges, pris et repris 7 ou 8 fois, appartient tour à tour aux deux adversaires. Les maisons sont pour la plupart, ou incendiées, ou renversées par les projectiles. A l'école, transformée en ambulance, des blessés sont tour à tour soignés par des majors Français ou Allemands.
Le 2 juillet 1922, le ministre de la guerre, M. Maginot, remis la Croix de Guerre aux communes de Vitry-le-François, Huiron, Courdemanges, Glannes, Frignicourt, Chatelraould et Sompuis.

X)
Les Troupes Coloniales en 1914 à la veille de la Grande Guerre, la situation de toutes les troupes coloniales, dans la métropole, en Afrique du Nord et dans les colonies, est la suivante.
Le corps d'armée des troupes coloniales, quartier général à Paris, est commandé par le général de division Lefèvre, ayant comme chef d'état-major le Colonel Puypèroux. Il comprend 3 divisions, entièrement stationnées dans la métropole :
1ere division d'infanterie coloniale,
à Paris, général Leblois. Comprenant la 2e brigade. à Lyon, général Simonin (5e et 6e régiments, à Lyon) et la 5e brigade, à Paris, général Goullet (21e et 23e régiments, à Paris).
2e division d'infanterie coloniale,
à Toulon. général Leblois comprenant la 4e brigade. à Toulon, Colonel Boudonnet (4e et 8e régiments à Toulon) et la 6e brigade, à Marseille, général Caudrellier (22e régiment à Marseille, 24e régiment a Perpignan et à Sète).
3e division d'infanterie coloniale, à Brest, général Raffenel, comprenant la 1ere brigade a Brest, général Montignault (1er régiment à Cherbourg, 2e régiment à Brest), et la 3e brigade à Rochefort, général Rondony (3e régiment à Rochefort. 7e régiment a Bordeaux).
Brigade d’Artillerie coloniale,
général Gautheron,à Paris, comprenant le 1er régiment à Lorient, le 2e régiment à Cherbourg et Brest, le 3e régiment à Vincennes (fort de Charenton). Toulon et Marseille.
Il y a encore la section des secrétaires d'état-major coloniaux à Paris, la section de télégraphistes coloniaux à Lyon, la section de commis et ouvriers militaires d’administration des troupes coloniales à Paris (fort de Bicêtre), la section d’infirmiers militaires des troupes coloniales à Marseille et le Dépôt des isolés des troupes coloniales à Marseille avec annexe à Bordeaux et à Saint-Nazaire.
Au Maroc existent 6 régiments de marche d'infanterie coloniale, chacun à un bataillon blanc et deux bataillons noirs dont les garnisons d'attache sont respectivement Rabat, la Chaouïa, Meknés, la Chaouïa et le sud. Fez, Marrakech. et un bataillon supplémentaire Européen à Fez. En outre, 2 groupes mixtes d'artillerie coloniale, soit 3 batteries montées et 4 de montagne, et un groupe de conducteurs sénégalais à 6compagnies.
En Algérie, se trouvent 2 bataillons de tirailleurs sénégalais, le 1er a Colomb-Béchar le 2e à Orléansville.
Les troupes coloniales stationnées aux colonies sont divisées en 6 groupes et un corps d’occupation.

Groupe de l’Indochine
quartier général a Hanoi. Division du Tonkin Hanoi, comprenant la 1ere brigade à Hanoi (9e régiment d'infanterie coloniale a Hanoi, 1er régiment de Tirailleurs tonkinois à Hanoï, 4e régiment de tirailleurs tonkinois a, Nam-Dinh) et la 2e brigade à Bac-Ninh (10e régiment d'infanterie coloniale a Haïphong, 2e régiment de tirailleurs tonkinois au 7 pagodes, 3e régiment de tirailleurs tonkinois a' Bac-Ninh).
Cette division comprend encore une 3e brigade a Saigon (11e régiment d’infanterie colonial à Saigon et 1er régiment de tirailleurs annamites, Les Mares, ces 2 unités chacune de 4 bataillons au lien de 3 comme les précédentes.
Artillerie : au Tonkin. le 4e régiment d’artillerie coloniale à Hanoï (cinq batteries dont 2 montées) et la 6e compagnie mixte d'ouvriers à Hanoï. En
Cochinchine, le 5e régiment d’artillerie coloniale à Saigon (14 batteries, dont 4 montées 3 de montagne et 7 à pied). la 7e compagnie d'ouvriers, le tout à Saigon et au cap Saint-Jacques.
Les services sont entièrement groupés à Hanoï.

Corps d'occupation de Chine
quartier général à Tien-tsin (16e régiment d'infanterie coloniale a Tien-tsin)
Groupe de l’Afrique occidentale quartier général à Dakar.
Infanterie : bataillon d'infanterie coloniale à Dakar 1er régiment de tirailleurs « Sénégalais à Saint-Louis. » 2e régiment de tirailleurs Sénégalais a Kati; 3e régiment de tirailleurs Sénégalais en Côte d’Ivoire 4e régiment de tirailleurs sénégalais à Dakar. Et 2 bataillons de tirailleurs Sénégalais formant corps. le 2e à Tombouctou, le 3e à Zinder.
Cavalerie escadron de spahis Sénégalais a Saint-Louis. Artillerie 6e régiment d’artillerie coloniale à Dakar et Kati (7 batteries dont une de montagne, 2 montées, 4 a pied. Un détachement d'ouvriers d’artillerie a Kayes.

Groupe de l’Afrique Équatoriale
Quartier général a Brazzaville. Territoire militaire du Tchad (régiment de tirailleurs de l'Afrique équatoriale à Fort-Lamy ).

Groupe de l'Afrique Orientale,
Quartier général à Tananarive.
Infanterie : bataillon d'infanterie coloniale a Diégo-Suarez; 1er régiment de tirailleurs Malgaches à Tananarive 2e régiment de Tirailleurs malgaches à Tamatave, 3e régiment de tirailleurs malgaches à Diégo-Suarez, bataillon de tirailleurs Sénégalais à Majunga, bataillon d'infanterie coloniale de l'Emyrne à Tananarive.
Artillerie : 7e régiment d'artillerie coloniale a Diégo-Suarez et en Emyrne (6 batteries, dont une montée, 2 de montagne, 3 à pied). 10e et 11e compagnies d'ouvriers à Tananarive et Diégo.

Groupe des Antilles
Martinique, une compagnie d'infanterie coloniale à Fort-De-France, une à la
Guadeloupe, un peloton d'infanterie à Basse-Terre.
Guyane, une compagnie d'infanterie coloniale à Cayenne.

Groupe du Pacifique.
Nouvelle-Calédonie, 2 compagnies d’infanterie à Nouméa et un peloton à Tahiti.
L'ensemble assez considérable représentait 102 bataillons et 39 batteries. Dont 36 bataillons et 12 batteries en métropole et 21 bataillons en Afrique du Nord . Dans ce total de 102 bataillons, la « force noire » représente le quart... La guerre va considérablement augmenter ces effectifs.
Lorsque la mobilisation est décrétée le 1er août 1914, le corps d'armée colonial est mis sur pied à 2 divisions d'infanterie (la 2e et la 3e) et une brigade de réserve (la 5e) celle de Paris. On lui confectionne 2 artilleries divisionnaires a 3 groupes de 75 mm et une artillerie dite de corps d'armée à 4 groupes du même calibre. On lui adjoint comme cavalerie, un régiment de chasseurs d'Afrique, le 3e venu d'Algérie; et un bataillon du génie de Versailles, le 22e, qui lui est destiné dés le temps de paix. On y ajoute 2 escadrons de réservistes du 6e dragons, de Vincennes et il est dirigé sur les Ardennes où se groupe notre IVe armée. Comme nous l'avons dit, la brigade d'infanterie coloniale de Lyon est affectée comme réserve d'infanterie du 14e corps.

Chaque régiment actif mobilise un régiment de réserve qui porte le même numéro que le sien augmenté de 30 ou de 20, suivant les cas. Cette mesure donne donc 12 régiments à 2 bataillons seulement numérotés de 31 à 38 et de 41 à 44. Deux d'entre eux (41e et 43e formés à Paris) sont affectés au 20e corps d'armée, sur le Grand-Couronné de Nancy. 2 autres (31e et 32e formés à Cherbourg et à Brest) sont envoyés renforcer la garnison de la place forte de Maubeuge. 8 autres sont affectés à des divisions de réserve et les deux derniers (33e et 37e) demeurent provisoirement disponibles dans leurs garnisons de mobilisation (Rochefort et Bordeaux).

Le Maroc fournit immédiatement un régiment colonial composé de 3 bataillons Européens qui s'appelle « régiment colonial de marche » et qui peut être considéré comme l'ancêtre du fameux R.I.C.M. après la bataille de la Marne, 3 autres régiments de marche composés chacun d'un bataillon blanc et de deux bataillons Sénégalais. Ayant subi des pertes sensibles, ces 4 unités se fondent en une seule, le régiment d'infanterie coloniale du Maroc.

12 septembre 1914. Ah ! le beau réveil !4h du matin, au tout ...
www.nrblog.fr/.../12/12-septembre-1914-ah-le-beau-reveil-4h-du-matin-...
Il y a 11 heures - 12 septembre 1914. Rambervillers- Ménil s/Belvitte Ah ! le beau réveil !4h du matin, au tout petit jour : « Mon lieutenant, alerte ! » Tout de suite ...
Victoire française sur la Marne - 12 septembre 1914 - L ...
www.linternaute.com › ... › Victoire française sur la Marne
Victoire française sur la Marne, le 12 septembre 1914 : "La bataille, qui aura duré six jours, marque l'arrêt de la progression des troupes allemandes.

Du 6 au 12 septembre 1914, Nicolas II remportait la bataille ...
christroi.over-blog.com/article-du-6-au-12-septembre-1914-nicolas-ii-re...
Il y a 3 jours - La plupart des histoires de la guerre de 1914 passent cette réalité sous silence, de même que la plupart des histoires de la III e république ...
La bataille de la Marne le 12 septembre
chatrou51.free.fr/12septembre.htm
Les Evênements du samedi 12 septembre 1914. 5h00. Le Lieutenant de Lescoët, du 21ème Chasseurs, signale que Vitry-en-Perthois est libre. D'après les ...





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