mardi 16 septembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 15 SEPTEMBRE 1914

15 SEPTEMBRE 1814

I)
Journée de travaux de retranchement dans les bois des environs de Baccarat. Il pleut finement. Ça ne sent soudain plus la guerre, les troupiers, entre deux coups de pioche, cherchent des champignons. Moi, j’ai découvert un délicieux petit coin : un étang encadré de sapins, un véritable Henner. C’est là que je passe une partie de la journée... Les nouvelles nous arrivent du Nord, magnifiques. C’est aujourd’hui le télégramme de Joffre à Millerand, confirmant la victoire.
Dans tous les bois, entre Baccarat et Rambervillers, on trouve des quantités de cadavres. Un homme de mon bataillon, retourné sur ses pas pour chercher son portefeuille égaré, s’est trouvé soudain en présence de 8 Allemands assis autour d’une table : Ils sont là figés par la mort devant leur plat d’aluminium et leurs bidons à moitié vides.

II)
Reims. –  Quatrième journée de canonnade autour de la ville, des obus s'abattent, moins nombreux que la veille, sur les différents quartiers. La Poste reprend son service, depuis quelques jours, les trains venant de Paris, arrivent jusqu'à Reims.

III)
Les Allemands ont résisté sur une ligne jalonnée, au nord de l'Aisne, par la forêt de Laigle et par la position de Craonne. Nos troupes, de ce côté, sont en contact étroit avec eux. Elles ont pris également le contact au nord de Reims. Au centre, nous marchons de l'avant vers la Meuse, l'ennemi occupant le front Varennes- Consenvoye. A notre droite, il se retire sur Etain, Metz, Delme et Château-Salins...

IV)
Les Serbes ont pris Orsova, à la frontière Roumaine et infligé un grave échec aux Austro-Hongrois, à la frontière Bosniaque.

V)
Il continue à pleuvoir... Heureusement, on s’est enfin décidé à nous autoriser à laisser les hommes se reposer dans leurs cantonnements. Ce repos leur est bien dû, d’abord parce qu’ils ont bien trimé et, ensuite, parce qu’il est nécessaire qu’ils puissent réparer et nettoyer leurs effets et leurs armes.
Dans nos parages, se trouve cantonné le 339e qu’à l’accent de ses soldats, on reconnaît pour être composé d’enfants d'Auvergne , en effet, c’est un régiment d’Aurillac. Les hommes étant coiffés du béret, je me suis informé auprès d’eux du motif de cette tenue anormale et ai appris que dès sa formation, ce régiment avait été envoyé dans les Alpes, sur la frontière Italienne. On lui a alors donné la coiffure des troupes Alpines. La neutralité de l’Italie étant un fait assuré, ces troupes ont été ramenées sur la frontière de l’Est.

VI)
Mon petit mari
En même temps que ta lettre datée du 9 je reçois une carte lettre du 4. Onze jours pour faire 120 kilomètres ! On irait plus vite à pied ! Par le même courrier donc par la poste, présentation d’une traite Houzelle de 59Fr50 que j’ai payée. Je t’ai avisé du reste il y a 8 jours. L’arrangement que tu proposais était accepté, et je demandais s’il fallait payer ou non, sans réponse à ce sujet j’ai payé ce matin la première échéance car en somme puisqu’il acceptait ton mode de paiement nous ne pouvions plus nous dérober, mais ai-je bien fait ? et faudra-t-il payer les autres ? et pour Migo, si l’on se présente, que faudra-t-il faire ? Ainsi que je te le disais dans ma lettre de dimanche dernier j’ai écris à Blanche le lendemain de ton départ et je n’ai pas reçu de réponse. Peut-être n’a-t-elle pas reçu ma lettre. Alors j’avais envoyé Georgette pour voir ce que cela voulait dire. Mais les tramways d’Asnières ne marchent plus (ni Pierrefitte Clignancourt non plus, cela depuis 3 jours). J’ai donc écrit de nouveau hier, dès que j’aurai l’adresse de Adolphe, je te la donnerai. Quant à mes parents ils n’ont jamais été à Bordeaux. Maman est venue vendredi 5 septembre, on les a fait évacuer d’Ezanville, elle venait voir si tu était parti et me conseillait d’aller te rejoindre avec les enfants au plus tôt. Elle pleurait comme une madeleine en disant que nous étions tous perdus ! Je lui ai répondu que c’était parce que le Père Bon Dieu était Allemand ! Ils sont restés quelques jours chez leurs remplaçants et hier lundi ils ont repris le chemin de leur maison avec tous leur mobilier en passant sur la route elle nous a dit au revoir. Je n’ai pas vu papa mais il paraît qu’il décline tous les jours et qu’il peut à peine se traîner. J’ai vu ta mère vendredi dernier, je l’ai rencontrée en revenant du marché et lui ai dit de venir le tantôt ce qu’elle a fait. Je lui ai donné des légumes du jardin, choux, carottes, oignons, etc. plus du vin pour sa semaine, elle est partie contente. Voilà mon petit homme les nouvelles du pays, J’espère qu’à l’heure actuelle tu as enfin de nos nouvelles, J’ai hâte que tu répondes à une de mes lettres car tu dois bien t’ennuyer. Es-tu content de ton nouveau poste ? Moi, je voudrais être je ne sais où avec cela les jours diminuent. Voilà les longues soirées qui vont commencer. C’est encore plus triste. Les feuilles tombent, cela sent l’hiver. Quand donc reviendras-tu ?
Si tu as le temps continue à m’écrire tous les jours. J‘ai reçu hier à midi une carte adressée à Raymond. Il était bien content et m’a dit qu’il t’écrirait prochainement ! Les nouvelles hier dans les journaux étaient de plus en plus satisfaisantes. Je crois que le Bon Dieu s’est fait naturaliser Français !
Au revoir mon chéri je te quitte, la grande va aller porter ma prose à la grande poste.
Tous les enfants t’embrassent bien fort.
Des millions d’ardents baisers de
Ta Georgette...

VII)
Les Allemands se reprennent après leur échec sur la Marne et le 15 septembre 1914, ils s’appuient sur leurs lignes de l’Aisne pour contre-attaquer sur toute la longueur du front dit de la Marne. Ils ne sont pas en capacité de reconquérir les territoires desquels ils se sont retirés mais ils veulent prouver qu’il est hors de question de quitter le sol Français. Ils s’inscrivent déjà dans la perspective d’une guerre d’usure qui passe par la guerre de position.
Ce même jour, le front Russo-Allemand de Prusse-Orientale se stabilise alors que l’armée Serbe d’Ujzice qui est soutenue par les troupes Monténegrines entre en Bosnie. De leur côté les Belges posent plusieurs revendications territoriales une fois la guerre achevée. Ils veulent annexer les cantons Germanophones d’Eupen Malmédy, le Luxembourg ainsi que 2 provinces Néerlandaises.

VIII)
Dans l’océan Pacifique, au large du Chili, le croiseur Allemand « Leipzig » coule le pétrolier Anglais « Elsinor » dont l’équipage est laissé aux îles Galapagos.

IX)
Manfred Von Richthofen : le pilote qui devient Baron rouge à Roucourt
Son avion, écarlate, était redouté par les Anglais pendant la Grande Guerre. Mais avant de devenir le célèbre Baron rouge, Manfred Von Richthofen, l’aviateur aux 80 victoires, stationne dans le Douaisis, à la Brayelle et à Roucourt. C’est d’ailleurs là qu’au printemps 1917, il forge sa légende en peignant son avion de cette couleur qui lui vaut d’être comparé au diable…

X)
Les coupes pleines de sang…
Publié le 14 septembre 2014 par Olivier Le Tigre
Nos troupes sont épuisées mais elles ont enfin réussi à repousser l’ennemi. Les Allemands qui avaient atteint la Marne, s’étaient approchés de 30 kilomètres de la capitale, ont reculé de plus de 40 à 50 kilomètres et le front se stabilise maintenant sur l’Aisne, de Verdun à Noyon.
Nous avons exploité à fond l’erreur tactique de l’armée de Von Kluck qui avait dédaigné Paris, obliquait par le sud-est et nous présentait son flanc droit. Les 100 000 hommes envoyés brutalement en renfort par Joffre (y compris 6 000 fantassins transportés directement en taxis parisiens réquisitionnés) réunis notamment au sein de l’armée de Maunoury et du corps expéditionnaire Anglais du général French, ont mis en difficulté l’adversaire l’obligeant à se replier.
La photographie aérienne joue, entre 1914 et 1918, un rôle considérable dans un conflit dominé par l’artillerie : pour que celle-ci soit efficace, il faut connaître, avec la plus grande précision possible, le dispositif ennemi...

Très peu d’officiers généraux avaient mesuré, au début de la guerre, l’utilité des avions d’observation. Or, la guerre de positions donne immédiatement un rôle prédominant à l’artillerie, qui ne cesse de se renforcer en puissance de feu. Dès lors, la cartographie des positions adverses devient une démarche essentielle pour assurer la précision du tir alors que, parallèlement, les canons eux-mêmes progressent en précision et en cadence de tir et, qu’en outre, les obus permettent des portées et des déflagrations supérieures...

Depuis les premières semaines de la guerre, les Allemands disposent de ballons d’observation qui leur confèrent un avantage tactique lors des engagements initiaux. En revanche, Français et Britanniques  bénéficient des informations fournies par leurs premiers avions de reconnaissance. Ainsi, l’observation des mouvements Allemands permet à la BEF d’éviter la catastrophe lors de la bataille de Mons, (22 août 1914). Surtout, c’est le constat effectué par les avions Français, le 3 septembre, de la déviation du trajet des armées de von Klück vers Paris qui contribue, de façon décisive, à décider de la contre-attaque de la Marne. Cependant, à l’origine, les observations sont purement visuelles, c’est le 15 septembre 1914 que les Britanniques prennent la première photographie aérienne du conflit, au-dessus des lignes Allemandes.

La guerre de tranchées, la nécessité d’une reconnaissance aérienne à grande échelle, confiée à des unités spécialisées, dotées d’appareils de prise de vue spécifiques, s’impose rapidement, (1915). En effet, le commandement a pris conscience de la nécessité de disposer d’éléments fiables et évolutifs sur le dispositif ennemi, afin de dresser des cartes de tranchées précises, au 1/10 000e... La couverture photographique stéréoscopique permet de dresser des cartes du front d’une très grande précision, qui guident l’artillerie  dans ses frappes. Les agrandissements permettent de repérer jusqu’au plus petit détail, de même que la vision stéréoscopique détecte le moindre relief. Parallèlement à l’amélioration des prises de vue, c’est l’émergence d’une nouvelle discipline, l’interprétation photographique, qui permet des progrès spectaculaires.

En 1918, l’armée française prend et tire des dizaines de milliers de photos aériennes chaque jour.
Yves LE MANER
Directeur de La Coupole,
Centre d'Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Calais

XI)
15 septembre 1914 ... Albert 1er se dresse au milieu des médiocrités
Avec un admirable sang-froid, le pays s'est gardé d'illuminer, de pavoiser et même de manifester pour la victoire de la Marne. Sans émotion il apprend aujourd'hui que la défaite des Allemands est peut-être un peu moins complète qu'on ne l'avait cru d'abord et que l'ennemi se reforme plus près qu'on n'avait pensé. Ce n'est pas encore la libération du territoire, et il va sans doute falloir une autre bataille victorieuse pour que l'envahisseur soit définitivement chassé. N'importe. L'esprit public est admirable. On est résolu à tout.
Il est extrêmement peu vraisemblable que les Allemands soient désormais en état de reprendre leur marche sur Paris. Toutefois il faut croire que tout péril n'est pas écarté, car on continue à mettre en défense le camp retranché. Rien n'avait été fait ou bien peu de chose : j'apprends ici qu'on a, dans ces tous derniers jours, envoyé des canons de l'île d'Aix et des fils de fer barbelés pour les forts de la région parisienne. La négligence est certaine et a failli nous coûter cher. Nous sommes passés à deux doigts d'une catastrophe...
FAMILLE ROYALE BELGE.
Il est à remarquer que le roi Albert de Belgique devient une figure de premier plan. J'écrivais il y a quelques jours que l'Europe officielle est un désert d'hommes. Albert 1er se dresse au milieu des médiocrités. Il a eu la décision magnanime et il a le mot heureux. Il a l'autorité aussi. Clemenceau l'appelle « le Roi », tout simplement.
Qui sait si on ne songera pas bientôt à lui pour régner sur la France ? C'était le rêve de Léopold II... Et cette solution qui déplairait certainement à la Cour de Saint James, à cause d'Anvers, mais qui ne déplairait pas à l'empereur de Petrograd (car il faut dire Petrograd !) arrangerait bien des choses et aurait des chances de plaire à bien des gens. « Comme nous sommes peu en République ! » s'écriait hier le vieux communard Vaillant, qui s'y connaît et qui a le flair républicain.
Ce soir, après une rapide enquête dans plusieurs milieux, je me rends compte que mon intuition quant à la possibilité d'une intrigue pour la candidature d'Albert 1er n'a rien de personnel. L'idée en est venue en même temps à des centaines de personnes, elle est un produit des événements. Les hommes les mieux renseignés sur ce qui se dit à Bordeaux dans les cercles de la politique et du journalisme m'affirment que partout on parle d'Albert 1er roi des Français, ou, du moins, consul, ou proconsul, ou « conseil » de la République Française. Il paraît en tout cas probable à beaucoup de personnes, que, de son contact étroit avec les Alliés, le gouvernement républicain sortira transformé non moins que par l'effet des événements. Cela est déjà sensible au ministère Anglais, d'où se sont retirés le vieux radical gladstonien John Morley et le socialiste John Burns, 2 éléments surannés qui représentent avec exactitude  tout ce que la guerre a brutalement chassé du champ des idées vivantes, éliminé de l'action politique.

XII)
Le 15 septembre 1914, le Général Gouraud est nommé à la tête de la 10e Division d'Infanterie. Elle est composée des 31e, 46e, 76e et 89e Régiments d'Infanterie.
Depuis le 29 septembre, cette Division est en Argonne, dans le secteur de Vauquois Boureuilles, La Haute Chevauchée et Bolante...
L'Argonne !
Pour les vétérans, quel long cortège de souffrances, de gloire aussi, évoque ce seul nom ! Le pays est tourmenté, coupé de ravins profonds, hérissé de forêts propices aux embuscades, pendant des mois, il subit la pluie, le froid et, par-dessus tout, l'odieuse boue, gluante et tenace qui enveloppe le soldat d'une froide gaine et fait de chaque relève une ascension au calvaire. La division est commandée par le général Gouraud.

Contre elle, les meilleures troupes du Kronprinz, servies par un matériel puissant et perfectionné, multiplient les assauts et s'acharnent à réaliser l'encerclement de Verdun. (Extraits de l'historique du 31e RI, voisin au front du 89e)
« Longue d'environ 60 kilomètres, sur une largeur moyenne de 12, la grande forêt d'Argonne se compose de magnifiques arbres séculaires, chênes et hêtres surtout, sous la haute futaie desquels s'abritent un taillis touffu de pousses plus jeunes, et, en certains endroits, un fourré très épais et presque impénétrable... Le sol de cette forêt est d'une humidité caractéristique, les sources y jaillissent partout, jusqu'au sommet des crêtes, et le terrain d'une argile épaisse retient prisonnières, sans aucune issue, les eaux qui ruissellent de toutes parts, aussi le moindre trou se change-t-il en puits de boue, la moindre dépression en marécage. La plus petite piste, où le sol est tant soit peu frayé, devient vite une ornière gluante.


15 Septembre 1914
unjouruneguerre.canalblog.com › été 1914
15 Septembre 1914 Il continue à pleuvoir. ... 15 septembre 2014 ... le capitaine Lucien Proutaux, écrit du premier au dernier jour de la Grande Guerre (1914-18).

L'histoire en rafale15 Septembre 1914Grande ...
lhistoireenrafale.blogs.lunion.presse.fr/
Il y a 7 heures - Le même jour une délégation belge remet au président Wilson un rapport ... Champagne-Ardenne est présenté un film relatif à la Grande Guerre er aux ... se reprennent après leur échec sur la Marne et le 15 septembre 1914, ...

Il y a 100 ans: La Grande Guerre
www.il-y-a-100-ans.fr/
1914 - 1918, La Grande Guerre commémorée chaque jour : actualité, lieux de ... Mardi 15 septembre 1914 : les Allemands prennent racine dans la région.



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