mardi 30 septembre 2014

958... EN REMONTANT LE TEMPS


 Cette page concerne l'année 958 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

 
UN MÉDECIN JUIF ENVOYÉ PAR UN CALIFE MUSULMAN SOIGNE UN PRINCE ESPAGNOL

Hasdaï ibn Shaprut Abu est un médecin, diplomate et mécène juif du Xe siècle (915-970). c'est, selon Heinrich Graetz, le principal promoteur du renouveau de la civilisation juive en Espagne.

Son père est un Juif aisé et instruit de Jaén... Ḥasdaï acquiert dans sa jeunesse une connaissance complète de l'hébreu, l'arabe, le grec et le latin, ce dernier n'étant connu à l'époque que du haut-clergé d'Espagne... Étudiant la médecine, il a redécouvert la composition d'une panacée appelée « Al-Farouk » (c'est-à-dire la thériaque). Il est de ce fait nommé médecin du calife Omeyyade de Cordoue Abd al-Rahman III, devenant le premier Juif à accéder à une telle fonction... Il gagne par ses manières, ses connaissances, son savoir et sa personnalité, les faveurs de son maître, devenant son confident et fidèle conseiller.

Bien que ne pouvant être nommé vizir du fait de sa judéité, il en exerce officieusement les fonctions : Responsable des affaires étrangères, ainsi que des douanes et du droit d'accostage dans le port de Cordoue, principale voie du commerce extérieur.

C'est à Ḥasdaï qu'il revient d'arranger les alliances contractées entre le calife et les puissances étrangères, recevant leurs messagers à Cordoue.
En 949, une ambassade est envoyée par Constantin VII pour former des liens diplomatiques entre l'empire Byzantin et le puissant dirigeant d'Espagne. Parmi les présents apportés par l'ambassade, figure le « De materia medica », un manuscrit richement orné du médecin et botaniste Grec Dioscoride, que les naturalistes et médecins arabes estiment beaucoup.

Romain Lécapène aussi lui envoie des copies des bibliothèques impériales... Ḥasdaï les traduit en arabe, avec l'aide d'un moine Grec savant appelé Nicolaos. Ce patrimoine Byzantin devient donc la propriété commune des Arabes et de l'Europe médiévale.

En 955, il obtient un accord de paix avec le roi Ordoño III des Asturies et le duc de Castille, soignant également le roi de León Sanche Ier le Gras pour son obésité, lequel renouvelle la paix avec le calife.

Ḥasdaï rend d'importants services à son maître par son traitement d'une ambassade menée par l'abbé Jean de Gorze, émissaire à Cordoue en 956 d'Otton Ier.

Ḥasdaï, en ouvrant les négociations, empêche un incident diplomatique en persuadant les émissaires de rédiger une lettre au calife ne contenant aucune mention offensante pour l'islam. Jean de Gorze dira « n'avoir jamais vu un homme à l'intelligence aussi subtile que le Juif Ḥasdaï. »

Il intervient également en 958, lors des difficultés entre les royaumes de León et de Navarre : La reine Toda a besoin de l'aide d'Abd al-Raḥman (qui est, par ailleurs, son neveu maternel) pour réinstaller son petit-fils Sanche Ier sur le trône de León, sans pouvoir se résoudre à s'incliner devant celui qui est aussi son ennemi.

C'est Ḥasdaï, envoyé à la cour de Navarre, qui parviendra « par le charme de ses paroles, la force de sa sagesse, la puissance de sa ruse et ses mille astuces » (ainsi que l'exprime un poète juif contemporain), à persuader la reine toda de se rendre à Cordoue avec son fils García et son petit-fils Sanche Ier (celui qui a été soigné en 955 par Ḥasdaï), pour s'y prosterner devant le calife, et implorer l'aide de ses armées...



Ḥasdaï demeure en faveur auprès d'Al-Ḥakam, fils et successeur d'Abd al-Raḥman, dont l'amour des sciences dépasse même celui de son père.

Le mécène des Juifs
Ḥasdaï n'a pas réalisé d'œuvre personnelle. Il a cependant joué un rôle capital, en mettant à profit son prestige et sa position pour promouvoir la science et la culture juive, soutenant tant les poètes que les savants versés dans le Talmud... Il marque le début de l'épanouissement de la culture juive andalouse, avec la renaissance de l'étude de la grammaire et de la poésie hébraïques. Savant lui-même, il encourage l'activité intellectuelle et diffuse des livres en hébreu qu'il a fait importer de l'Est.

Parmi ses protégés les plus notables, figurent Menahem ben Sarouḳ de Tortosa et Dounash ben Labraṭ, qui écrivent tous deux des poèmes à la gloire de leur patron. Cependant, suite à une dispute avec Menahem, Dounash cause sa disgrâce auprès de Ḥasdaï à tel point qu'il le fait maltraiter.

Ḥasdaï soutient également les académies Babyloniennes de Soura et Poumbedita. Il recueille Moshe ben Hanokh, disciple des Gueonim de Soura, qui lui fait connaître l'œuvre de Saadia Gaon. Ḥasdaï s'enthousiasme tellement pour ce dernier qu'il correspond avec Dossa, le fils de Saadia, afin d'en apprendre davantage, ce qui popularise Saadia en Espagne. C'est également grâce à Moshe ben Hanokh que l'Espagne devient un important centre d'études juives, pouvant déclarer, au grand contentement du calife, son indépendance vis-à-vis du centre Babylonien périclitant.

Iḅn Abi 'Uṣaibia écrira de Ḥasdaï qu'il « était parmi les plus éminents savants juifs versés dans leur loi. Il ouvrit à ses coreligionnaires en Andalousie les portes de la connaissance religieuse, de la chronologie, etc... Avant cela, ils devaient s'adresser aux Juifs de Bagdad pour leurs questions légales et pour des points se référant au calendrier et aux dates des fêtes »

Ḥasdaï maintient également la conscience nationale juive. Ayant entendu parler d'un lointain royaume juif indépendant, gouverné par un dirigeant juif, il désire entrer en correspondance avec ce monarque... L'existence du royaume des Khazars (un peuple d'ethnie Turque, dont une partie de l'élite dirigeante s'est convertie au judaïsme au milieu du VIIIe siècle) lui est confirmée par deux Juifs, Mar Saül et Mar Joseph, venus en ambassadeurs à Cordoue.

Ḥasdaï leur confie une lettre, écrite par Menahem ben Sarouk en hébreu châtie, adressée au roi juif, dans lequel il rend compte de sa position dans l'état occidental, décrit la situation géographique de l'Andalousie et ses relations avec les pays étrangers. Il lui demande de même de lui fournir des informations sur les Khazars, leur origine, leur organisation politique et militaire, etc...

La correspondance de Ḥasdaï avec le roi khazar Joseph (ou son représentant) est d'importance historique. Elle n'est publiée qu'au XVIe siècle. Après de nombreuses controverses, l'authenticité de cette correspondance semble établie.
Ordoño IV de León dit le Mauvais (espagnol: El Malo) (né vers 926 - Cordoue en décembre 962), est roi de León, des Asturies et de Galice de 958 à 960. Il est le fils du roi Alphonse IV le Moine. Sa fille Velasquita épouse le roi Bermude II...

Ferdinand González de Castille lui fait épouser sa fille veuve d'Ordoño III de León, et tente de l'imposer sur le trône en janvier/février 958 alors que le roi Sanche Ier de León se trouve à Cordoue. Au retour de Sanche Ier après juin 960, il est détrôné et Fernand González brièvement emprisonné. Ordoño se réfugie alors dans le Califat de Cordoue ou il meurt.

SANCHE Ier LE GROS
Sanche Ier de León, dit le Gros (en espagnol : Sanche I el Graso) (935 - 966), est roi de León de 956 à 966. Sanche Ier est le fils cadet du roi Ramire II de León et de sa deuxième femme, Urraca Sánchez de Navarre, infante de Navarre. Il épouse vers 960 Teresa Ansúrez, fille du comte de Monzón Ansur Fernández.

Le 5 janvier 951, le roi Ramire II abdique peu de temps avant de mourir. Son fils aîné Ordoño III lui succède, mais dès le début de son règne son demi-frère Sanche se révolte pour obtenir sa part d'héritage. Il obtient l'appui de son oncle le roi García II de Navarre, de sa grand-mère la reine Toda, et du comte de Castille Ferdinand González.

Ordoño III parvient à vaincre la coalition sous les murs de León, mais le calife de Cordoue Abd al-Rahman III (qui est aussi le neveu de Toda) profite des troubles pour attaquer les frontières, notamment en Galice, de 951 à 953, et Ordoño est contraint de demander la paix à Cordoue en 955, en acceptant de livrer ou de démanteler certaines forteresses de la frontière. Le calife, en guerre avec les Fatimides en Afrique, ratifie le traité.

À la mort d'Ordoño à l'automne suivant, Sanche lui succède sans obstacle. Il refuse d’honorer le traité de paix signé avec le calife de Cordoue et de livrer les forteresses... La guerre reprend entre chrétiens et musulmans et le roi de León subit une grave défaite durant l'été 957. Après cet échec, la noblesse de León décide de destituer le roi en raison de son obésité, qui l'empêche de monter à cheval.

Le 2 mars 958, un autre prince, 
est couronné à Saint-Jacques-de-Compostelle avec l'aide du comte Ferdinand González. Il entre à León le 3 août et Sanche Ier doit se réfugier à Pampelune auprès de son oncle. Sa grand-mère,Toda, lui suggère de demander l’aide du calife de Cordoue, qui envoie son médecin et diplomate Hasdaï ben Shatprut à Pampelune pour le soigner de son embonpoint. Le traitement s’éternise et le roi Sanche Ier et sa grand-mère sont invités à Cordoue.

En avril 959, le roi, guéri, retrouve son trône après la prise de Zamora. La capitale León est prise l'année suivante et doit se réfugier aux Asturies puis à Burgos. Sanche Ier renouvelle la paix passée par Ordoño III avec le calife et lui livre 10 forteresses pour prix de son intervention... Il meurt empoisonné en décembre 966 lors d'une intervention en Galice.

Son fils mineur, Ramire, âgé de 5 ans, lui succède sous la régence de sa tante Elvira Ramirez.

Toda de Navarre ou Toda Aznárez (Tota en latin), née en 885 et morte après 970, devient reine de Navarre par mariage. Fille d'Aznar Sánchez de Navarre et de sa cousine Oneca Fortúnez de Navarre (fille du roi Fortún Garcés) et tante du calife de Cordoue Abd al-Rahman III.Toda de Navarre épouse Sanche Ier de Navarre, elle est sa seconde épouse.


Hasdaï ibn Shaprut
tous-les-faits.fr/hasdaï_ibn_shaprut
Hasdaï ibn Shaprut ( Hasdaï ben Yitzhak ben Ezra ibn Shaprut ; du (915-970). ... Il intervient également en 958, lors des difficultés entre les royaumes de aurait ...
Hasdaï ibn Shaprut — Wikipédia
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Hasdaï ibn Shaprut (hébreu : חסדאי בן יצחק בן עזרא אבן שפרוט Hasdaï ben Yitzhak ... Il intervient également en 958, lors des difficultés entre les royaumes de León ...
David Avraham ben Hazub, Exilarch 'Rab David II', haSofer ...
www.geni.com/people/.../6000000014632613200 - Traduire cette page
25 janv. 2013 - Nicknames: "Abu Tahir Ibrahim ibn al-Hasan Rabbi David", "David ben .... In 958 Hasdai ibn Yitzhak Ibn Shaprut (a/k/a Abu Yūsuf Hasdai ibn ...
Hisdai (or Hasdai) ben-Isaac ibn-Shaprut
whoisjews.enacademic.com/.../Hisdai_(or_Hasdai)_be... - Traduire cette page
Hisdai (or Hasdai) ben-Isaac ibn-Shaprut ... and Navarre in Christian Spain in 958, and succeeded in bringing these two Christian kings to Moslem Cordova to ...

959... EN REMONTANT LE TEMPS

Cette page concerne l'année 959 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

DEUX FRÈRES TRIBUTAIRES DES INTÉRÊTS ARCHIÉPISCOPAUX

Éthelwold naît à Winchester dans le royaume d'Édouard l'ancien, à peu près à la même époque que Saint Dunstan, vers 909. Il passe quelques années de sa jeunesse à la cour royale, où il rencontre Dunstan, avec qui il va longuement collaborer à la réforme de la vie religieuse, ils sont tonsurés ensemble par l'évêque Aelfheah de Winchester, vers 935 .

Aelfheah, comme Dunstan et Éthelwold, est moine sans monastère. Déjà sous le règne d'Aethelstan, il existe à la cour, un mouvement de réforme monastique Franc, et plusieurs hommes d'Église, parmi les plus respectables, sont gagnés à cette idée. Les rois Anglais, cependant, sont lents à se laisser convaincre. Ce n'est qu'aux environs de 940 qu'Edmond, qui vient d'échapper miraculeusement à la mort, choisit Dunstan comme abbé du monastère royal de Glastonbury.
Éthelwold accompagne l'abbé... Dunstan ne pouvant réformer l'abbaye comme il serait bon, en 954, après son conseil Éthelwold décide de se rendre sur le continent pour chercher « une discipline monastique plus parfaite ». Sans doute songe-t-il à Fleury-sur-Loire, car il y envoie plus tard un de ses moines compléter sa formation.

Dunstan persuade le roi Eadred de garder Éthelwold en Angleterre et de lui offrir les terres du monastère abandonné et obscur d'Abingdon, où il pourra établir une communauté selon son cœur. Sous le gouvernement d'Éthelwold, Abingdon devient une des plus grandes abbayes du royaume. Entre cette sorte de résurrection et le départ d'Éthelwold pour le siège de Winchester en 963, Ce Saint modèle une génération de moines capables de réformer par leur enseignement et leur exemple d'autres monastères en décadence... Peu après la nomination d'Éthelwold à l'abbatiat, Eadred meurt, l'un après l'autre, ses neveux, Eadwig et Edgar, lui succèdent. Eadwig prend en aversion Dunstan, qu'il exile à Saint-Pierre de Gand, il semble avoir plus d'égard envers Éthelwold et lui confie l'éducation de son jeune frère. 2 ans plus tard, Eadwig s'aliène l'esprit de ses sujets on ne sait trop pourquoi (peut-être du fait des évêques mécontent d'être éloignés) et l'Angleterre du nord de la Tamise choisit Edgar comme roi, qui, à la mort d'Eadwig en 959, devient roi de tout le pays. Avec lui, les moines accèdent au pouvoir...

Eadwig est le fils aîné du roi Edmond et de sa première femme Ælfgifu de Shaftesbury (morte en 944). Il a un frère cadet, Edgar, né en 943... À la mort de leur père, en 946, c'est leur oncle Eadred qui monte sur le trône d'Angleterre, probablement en raison du jeune âge des fils d'Edmond.

Eadred meurt le 23 novembre 955 et Eadwig lui succède. Il est couronné au début de l'année 956, peut-être le 26 janvier. Ce couronnement se déroule vraisemblablement à Kingston-upon-Thames.
Le nouveau roi ne tarde pas à se brouiller avec les conseillers de son oncle, et notamment avec l'abbé de Glastonbury Dunstan... Selon « la Vita S. Dunstani », une hagiographie de Dunstan rédigée vers l'an 1000 par un moine uniquement connu sous le nom de « B. », la brouille entre les deux hommes est survenu suite à un incident le jour du couronnement d'Eadwig.

Après la cérémonie, le roi quitte le banquet pour aller prendre du bon temps avec une mère et sa fille, choqué, l'archevêque Oda de Cantorbéry envoie Dunstan et l'évêque Cynesige de Lichfield morigéner le jeune roi et le ramener de force au banquet... Que cet événement ait réellement eu lieu ou qu'il ne s'agisse que d'une invention de l'hagiographe visant à discréditer Eadwig, Dunstan s'exile peu après en Flandre et Cynesige semble être tombé en disgrâce, n'apparaissant que rarement comme témoin sur les chartes du nouveau roi.

Eadwig épouse à une date inconnue Ælfgifu, fille d'Æthelgifu, qui sont la mère et la fille de l'anecdote rapportée par « B. ». L'origine d'Ælfgifu n'est pas claire, mais elle semble être la sœur de l'historien Æthelweard, lequel affirme descendre du roi Æthelred de Wessex... Æthelweard dépeint d'ailleurs le règne d'Eadwig sous un jour positif dans son Chronicon : C'est lui qui rapporte son surnom de « Pankalus », dû à sa grande beauté... Une autre hypothèse fait d'Ælfgifu une descendante de l'ealdorman (comte) Æthelfrith de Mercie, mari d'une nièce par alliance du roi Alfred le Grand.
Une charte de 956 du roi « Eadwig rex Deo fauente Anglorum » (S 594) :
Vers le début de son règne, Eadwig procède à de nombreuses promotions et donations : On connaît une soixantaine de chartes royales pour l'année 956, un nombre inhabituellement élevé. Les scribes auteurs de ces chartes font preuve d'une grande variété quant aux titres prêtés à Eadwig, qui y est appelé
« roi des Anglo-Saxons »,
« roi des Anglais »,
« roi de toute la Bretagne »
« roi d'Albion » 

Il faut remonter au roi Æthelstan pour retrouver une telle diversité. Le nouveau roi distribue les terres confisquées à Dunstan à sa grand-mère Eadgifu et nomme des nouveaux venus à des postes importants : le thegn (membre de la suite d'un haut personnage) Ælfhere devient ealdorman (comte) de Mercie en 956 en n'étant apparu que sur 2 chartes jusqu'alors, tandis que Byrhtnoth devient ealdorman d'Essex sans jamais avoir témoigné sur une charte... L'auteur de « la Vita S. Dunstani » affirme qu'Eadwig est mal conseillé par des individus aux intentions égoïstes, mais il est plus probable qu'il cherche à s'assurer des soutiens fidèles face aux conseillers de ses prédécesseurs.

En 957, le royaume d'Angleterre est partagé entre Eadwig et son frère Edgar, alors âgé de 14 ans : Ce dernier obtient la Mercie et la Northumbrie, tandis qu'Eadwig conserve le Wessex et le Kent. La Tamise sépare les domaines des deux frères.

LE ROI EADWIG
Malgré le récit de « la Vita S. Dunstani », qui parle d'une révolte armée contre Eadwig, il semble que cette division se soit faite pacifiquement : Eadwig reste « rex Anglorum », tandis que son frère n'est que « roi des Merciens », et les monnaies continuent à porter le nom d'Eadwig dans toute l'Angleterre. Il est possible que ce partage soit issu d'un accord antérieur entre les deux frères. La version de la Chronique Anglo-Saxonne situe même l'avènement d'Edgar à la tête de la Mercie au même moment que celui de son frère à la tête du Wessex, en 955.

Cette situation profite nécessairement aux adversaires d'Eadwig... Edgar rappelle Dunstan de son exil sur le continent et le fait évêque de Worcester en 957, puis de Londres l'année suivante... Au début de l'année 958, l'archevêque Oda annule le mariage d'Eadwig pour cause de consanguinité, une décision vraisemblablement plus politique que religieuse.

En effet, un enfant issu de ce couple aura certainement des droits sur le trône supérieurs à ceux d'Edgar, ce qui ne peut que gêner Oda et Dunstan, voire Edgar lui-même... Après la mort d'Odon, le 2 juin, Eadwig choisit d'abord pour lui succéder l'évêque Ælfsige de Winchester, un proche de la famille d'Ælfhere de Mercie, mais il meurt de froid dans les Alpes en se rendant à Rome pour y recevoir le pallium des mains du pape... Eadwig choisit ensuite l'évêque Byrhthelm de Wells.

Eadwig meurt dans des circonstances inconnues le 1er octobre 959, âgé de seulement 17 ou 18 ans. Il est inhumé à l'abbaye New Minster de Winchester... Il ne laisse pas d'enfants, ce qui permet à Edgar de réunifier le royaume d'Angleterre... Sa veuve Ælfgifu semble s'être réconciliée avec le nouveau roi, qui lui fait plusieurs donations dans les années 960.

La réputation posthume de souverain débauché et incompétent qui reste attachée à Eadwig est façonnée par les hagiographes de Dunstan et Odon à partir du XIe siècle. À l'exception notable de Henri de Huntingdon, les chroniqueurs des XIIe siècle et XIIIe siècle décrivent à leur tour Eadwig comme un mauvais roi.

Son histoire fait l'objet de plusieurs pièces de théâtre durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, et des peintres historiques comme William Dyce ou Richard Dadd le prennent comme sujet jusqu'au milieu du XIXe siècle.

BATEAU DE EDGAR ET 8 ROIS
Eadwig, ou parfois Edwy (vers 940/941 – octobre 959), surnommé « le Beau », est roi d'Angleterre de 955 à sa mort. Son court règne est marqué par des relations difficiles avec l'aristocratie du royaume et avec l'Église, notamment avec l'abbé Dunstan et l'archevêque Odon.
Eadwig d'Angleterre — Wikipédia fr.wikipedia.org/wiki/Eadwig_d'Angleterre
Eadwig, ou parfois Edwy (vers 940/941 – 1er octobre 959), surnommé « le Beau » (« All-fair » en anglais, « Pankalus » en grec), est roi d'Angleterre de 955 à sa ...
Eadwig d'Angleterre
tous-les-faits.fr/eadwig_d'angleterre
Eadwig, ou parfois Edwy (vers 940/941 – octobre 959), surnommé « le Beau » (« » en anglais, « » en grec), est roi d'Angleterre de 955 à sa mort. Son court ...
Beauchesne -
beauchesne.immanens.com/appli/article.php?id=2517
Les rois anglais, cependant, furent lents à se laisser convaincre. ... la Tamise choisit Edgar comme roi, qui, à la mort d'Eadwig en 959, devint roi de tout le pays.






960... EN REMONTANT LE TEMPS


Cette page concerne l'année 960 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LES FEUX GRÉGEOIS ET LA RECONQUÊTE DE L'ILE DE CRÊTE


NICEPHORE PHOCAS
Depuis sa conquête par les Arabes en 824, la Crète est devenue la base arrière de pirates pillant le pourtour des terres Byzantines. Leurs expéditions sont sanglantes et sans pitié, comme celle de 904 sur Thessalonique racontée par Jean Caminiatès.

Entre les taktika de Léon VI et les 3 traités attribués à Nicéphore
Phocas, la filiation est forte alors que l'environnement a profondément changé. Les Praecepta militaria, connu par une copie du XIVe siècle, n'est pas intégré dans la volumineuse Tactique.

D'après les 6 chapitres conservés, il porte surtout sur l'armement et les formations de l'infanterie et de la cavalerie, avec une insistance sur la cavalerie cuirassée les « cataphractaires ». Les deux autres traités portent sur des sujets opposés et complémentaires. De Velitatione retrace la guerre dans les thèmes frontaliers telle que la mènent les stratèges, avec leurs seules forces le plus souvent, dans les années 940 et 950, avant les grandes campagnes des années 960 qui atteignent les Hamdanides chez eux.

Continuons d'écouter ce que nous en disent Gilbert Dragon et Haralambie Mihaescu : « Sans exclure la concertation entre plusieurs armées thématiques ou l'intervention des tagmata de Constantinople, l'auteur envisage le plus souvent le cas d'un raid arabe de 5 à 6 000 cavaliers franchissant inopinément le Taurus et contre lequel doit s'improviser une défense mobile (embuscades, verrouillage des routes de retour, etc...) avec des effectifs équivalents ou inférieurs. Il prend soin de préciser que cette stratégie de guérilla, dont il vante l'efficacité, n'offre qu'un intérêt rétrospectif : Les grandes campagnes de reconquête ont commencé. C'est d'elles que nous parle le traité connu sous le titre « De re militari » (...). Ces grandes campagnes, qui ne semblent déjà plus une nouveauté, ne font plus qu'une assez faible place à la mobilisation des thèmes, dont est reconnue l'inefficacité, et mettent au premier rang les unités spéciales qui entourent l'empereur (...). »
« Ces règles tactiques ont ceci de particulièrement utiles qu'elles ont permis à ceux qui les ont adoptées d'accomplir de grands et mémorables exploits avec de petits effectifs, en effet, ce que l'armée Romaine toute entière n'a pas eu la force ou l'audace d'accomplir lorsque les Ciliciens et Hambdas sont à leur apogée, un seul des meilleurs stratèges (il s'agit du père de Nicéphore Phocas , César Bardas Phocas ...) l'a parfois réalisé avec la seule armée du thème placé sous son commandement, en abordant l'ennemi avec réflexion et expérience, et en adoptant des dispositions et une stratégie intelligentes. » Soucieux de la défense à la fois des deux Empires Romains d'Orient et d'Occident, l'auteur signale la rédaction d'un autre traité, à destination de l'Occident.
Les 25 chapitres portent des titres suffisamment évocateurs pour que leur seule mention donne une idée précise du contenu du traité :
FLOTTE MUSULMANE
- Les postes de guet. A quelle distance ils doivent être les uns des autres. La notion de territoire est très présente dans l'ensemble du traité et c'est un fait relativement récent pour l'Empire qui fonctionnait surtout sur la notion plus floue des marches, qui pouvaient recouvrir de vastes territoires.
- La surveillance sur les routes et les espions.
- L'ennemi faisant mouvement, occuper à l'avance les passages difficiles.
- Se livrer contre l'adversaire à des attaques surprises et affronter l'ennemi quand il rentre chez lui.
- Tenir à l'avance les points d'eau se trouvant dans les défilés.
- La guérilla contre les raids d'une seule traite et l'estimation des effectifs de l'armée ennemie.
- Lorsque le corps expéditionnaire ennemi se rassemble et fait mouvement, autoriser les marchands à se rendre chez l'ennemi et à espionner.
- Rester au contact de l'expédition et la suivre.
- Le raid en mouvement et la manière de le suivre.
- Lorsque les éléments du raid se détachent et que le reste de l'armée suit par derrière.
- Dans les passages escarpés, placer les fantassins de part et d'autre.
- L'ennemi fait une sortie soudaine avant que soient rassemblés les forces Romaines.
- Tendre un guet-apens à ceux qu'on appelle les « arpenteurs » à l'emplacement des camps.
- Après avoir fait route ensemble, la cavalerie ennemie se sépare de l'infanterie.
- La sécurité.
- Se séparer du train (Le train est l'ensemble des troupes en mouvement...)
- L'ennemi sillonne nos territoires avec des forces importantes. Comment monter des embuscades.
- Quand le stratège doit mener la guérilla de part et d'autre de l'ennemi.
- Statut, équipement et entraînement de l'armée. Il s'agit là d'un brusque plaidoyer, qui tranche avec une série monotone de recommandations, en faveur du soldat, sur le plan physique et sur le plan moral.
- Si l'ennemi prolonge son agression contre notre territoire, que notre armée attaque le sien. La forme du chapitre est très impérative.
- Le siège d'une place forte.
- L'ennemi détache la moitié ou le tiers de ses troupes.
- Quand l'ennemi fait retraite, verrouiller les passes.
- Le combat de nuit.
Autre manière de tenir la route, lorsqu'elle comporte, dans la descente, un passage escarpé.
Toujours selon les deux auteurs de l'étude récemment parue sur ce traité concernant la guérilla, la hiérarchie des grades et des fonctions, « sans être abolie, compte sans doute moins ici que dans les ouvrages ordinaires de stratégie et de tactique, mais elle est doublée ou compensée par une autre hiérarchie fondée plus souplement et plus personnellement sur la confiance et l'excellence, les rapports de l'officier à ses soldats deviennent ceux du « chef » à ses « hommes ». « Les comportements habituels s'en trouvent modifiés, et tout particulièrement le partage, désormais impossible à faire, entre commandement militaire et responsabilité civile. » Ils mettent l'accent sur cet aspect social de la guérilla, que l'on retrouve de nos jours dans les sociétés ou régimes politiques issus de combattants plus ou moins tribaux. Conscient de cette évolution, Nicéphore Phocas cherche à institutionnaliser le lien profond qui unit le stratège et le tourmarque (chef d'un bataillons à cheval) à leurs hommes, et veut, vieux rêves des chefs de guerre, que la communauté des combattants ne se dissolve pas dans la société civile.

Ce qui frappe les deux même auteurs, « c'est combien  y est présente la notion de territoire, soit sous couvert (d'un mot) qui désigne la circonscription militaire et administrative dont le stratège a la responsabilité, mais qui finit par être un peu son « pays », soit à travers d'un terme apparemment plus vague (...), évocateur d'un paysage rural, mais qui suppose aussi une cohérence géographique et une solidarité sociale.

« Entre les Byzantins et les Arabes s'intercalent du reste, aussi bien dans le roman que dans l'histoire, des marginaux que l'on combat, ou que l'on utilise » et qui développent de grandes traditions de brigandages.
Ce traité de la guérilla constitue pour nous une sorte de clé pour analyser un certain nombre d'évolution de l'Empire Byzantin. L'étude récente d'Edward N Luttwack sur la grande stratégie de cet Empire a pour nous un grand intérêt, surtout après une étude de même nature effectuée pour l'Empire Romain d'Occident...

Dès 825, les Byzantins tentent de reprendre l’île de Crête, mais toutes les tentatives sont des échecs. En tout, 5 tentatives ont lieu avant 960, la dernière, commandée par Constantin Gongylès, à la fin du règne de Constantin VII, est un désastre. Les pirates ruinent le commerce des ports Byzantins, aussi Joseph Bringas, le parakimomène, chef du Sénat et vrai détenteur du pouvoir impérial sous Romain II, décide d’une nouvelle expédition. Il place à sa tête le meilleur général de l’empire, Nicéphore Phocas.

Bringas doit vaincre l’opposition du Sénat qui voit, non sans raison, en Nicéphore un possible usurpateur du trône impérial tant il est populaire.
L’époque est favorable à une action sur la Crête, les musulmans étant alors désorganisés et empêtrés dans des guerres intestines.

Nicéphore mène l’expédition sur la Crête, ravage Candie après un siège de 10 mois et élimine la présence arabe de l'île.
Léon le Diacre, chroniqueur Byzantin, du Xe siècle a rapporté l'histoire Byzantine, de 959 à 973 (quand se constitue l'Empire Romain Germanique, ou Hugues Capet entre dans l'histoire) et les règnes considérables de Nicéphore II Phocas-Nikiphoros Phôkas et de Jean Tzimiscès-Iôannis Tsimiskis avec les guerres victorieuses contre les Arabes de Crète et d'Asie, les Bulgares et les Russes. Son seul manuscrit est à Paris...
Nikiphoros est Cappadocien, d'une famille de soldats, veuf austère,intègre, incorruptible, mystique, religieux, méthodique, prévoyant, petit,laid, proche de ses soldats Byzantins et de ses mercenaires, Russes et Scandinaves.
La considérable flotte Byzantine fait une longue escale au port d’Éphèse, pour l'entraînement des soldats, les exercices de débarquement, la technique nouvelle.

Rhodes, Karpathos, la côte Syrienne sont sous surveillance pour empêcher les renforts arabes. La flotte mouille près de de Chandaka. Les flancs des vaisseaux s'ouvrent sur des ponts-levis par où les troupes et le matériel mettent pied sur la terre de Crète, inaugurant la technique des débarquements.
ENTRÉE DE NICEPHORE PHOCAS

La ville tombe après 9 mois de siège,le 7 mars 961, redevenant Byzantine après 136 ans. Nicéphore a une conduite chevaleresque envers Abdul Aziz, et son fils.

La Crète est restée Byzantine jusqu'en 1204, quand les Croisés Francs la « donnent » à Venise (avec Rhodes et l'Eubée)... Les Turcs la prendront aux Vénitiens en 1669 (au temps de Colbert). Candie leur résistera 23ans... Elle ne redevient Grecque qu'en 1913 (du temps de R. Poincaré,) !

L'oncle de Nicéphore, Léon Phocas, a été domestique des Scholes, commandant en chef des armées dans la guerre contre les Bulgares, et a même tenté d’usurper le trône de Constantin VII Porphyrogénète avant d'être arrêté par Romain Lécapène. Un autre de ses oncles, du côté maternel, est Saint Michel Maleïnos, higoumène au mont Kyminas en Bithynie. Le père de Nicéphore, Bardas Phocas, est devenu un vrai héros populaire grâce à ses combats contre les arabes, il a également aidé Constantin VII à recouvrer son pouvoir abandonné aux Lécapène...
Nicéphore Phocas a deux frères. Le premier, Constantin, stratège de Séleucie, est fait prisonnier par les Hamdanides en 949 et meurt empoisonné dans un cachot 6 ans plus tard selon Kédrènos. Le second, le curopalate et stratège de Cappadoce Léon Phocas le Jeune, le remplace comme commandant sur la frontière orientale.

En 946 sous Constantin VII, il devient stratège des Anatoliques, Constantin VII le nomme magister et domestique des Scholes d’Orient, ce qui en fait le commandant des forces impériales en Asie.

Mais ne pouvant s'emparer de la citadelle, il quitte la ville et rentre en Cilicie. Le thème de Séleucie est alors reformé.
Après être allé à Damas et avoir renvoyé les Arabes dans leur patrie d'origine, l'Arabie.

LIBURNE ACTIUM
Enfin, il souhaite reprendre Jérusalem. Il ne fait toutefois pas de conquêtes permanentes. C'est durant cette campagne que lui est donné le surnom « la mort pâle des Sarrasins ».

Après un soulèvement populaire contre Bringas à Constantinople, Nicéphore Phocas fait son entrée dans la ville et y est couronné le 16 août au côté des fils de Romain II. Au cours de son règne, il continue les campagnes militaires. De 964 à 965, et conquiert définitivement Tarse, Massissa et la Cilicie pendant que le patricien Nicétas Chalcoutzès reprend Chypre aux musulmans (964/965).

En 966 il ravage la Mésopotamie jusqu'à Nisibe puis s'enfonce en Syrie ou il s'empare de la place forte d'Arta, entre Alep et Antioche.

En janvier 967, la mort du prince Hamdanide d'Alep, Ali Sayf al-Dawla, remplacé par son fils, l'incapable Saad el-Dwala, renforce la position de Nicéphore...Avec l'intervention de Pierre Phocas. La reconquête d'Antioche par les Byzantins marque le couronnement de la reconquête Grecque.

La ville constitue pendant plus d'un siècle la place forte de l'empire dans la région. En décembre 969 ou janvier 970, Pierre Phocas prend à nouveau la ville d'Alep à l'exception de la citadelle, et se contente d'obtenir une promesse de vassalité ainsi que de relever toutes les églises chrétiennes.
Nicéphore Phocas est moins heureux en Occident. Après avoir renoncé au tribut des califes qui attaque les possessions Byzantines en Italie, il doit faire retraite. Du fait de ses campagnes militaires et de la maintenance d'une armée puissante, Nicéphore Phocas doit exercer une politique fiscale rigide. Il réduit les largesses de la cour et met fin aux exemptions d'impôts du clergé. Bien qu'il se considère lui-même comme un ascète, il interdit la fondation de nouveaux monastères.

Les impôts trop élevés et la dépréciation de sa monnaie rendent Nicéphore Phocas très impopulaire, trop âgé, Nicéphore n'est pas un mari séduisant pour Théophano. Les conjurés de celle-ci poignardent Nicéphore pendant son sommeil... Sa tête est tranchée et exposée en public... son corps est jeté dans la neige... Peu après, ses restes sont ensevelis discrètement aux Saints-Apôtres dans un sarcophage sur l’heroon de Constantin... Abalantés est désigné comme coupable et bouc-émissaire.. Il est exécuté peu après.
Les chroniqueurs Byzantins sont clairement divisés sur Nicéphore. Certains, comme Léon le Diacre, lui sont très favorables, alors que d’autres comme Jean Skylitzès, Georgios Kédrènos ou Jean Zonaras ne mâchent pas leurs mots dans le mépris qu’ils ont pour lui. Ainsi Skylitzès doute-t-il fortement de son apparente vertu et de son austérité... Ces attaques portent aussi sur son aspect physique et sa manière d’être. Ainsi Kédrènos décrit Nicéphore Phocas comme petit, gros, avec de larges épaules, d’une humeur sombre et taciturne et cependant voué aux passions.

Ses panégyristes y voient plutôt de la sagesse et de la sévérité ainsi qu'un haut sens de la justice. Un moine du mont Athos, très lié à lui le pousse à adopter la vie monastique... Ce dernier est récompensé de 100 livres d’or pour avoir prédit la victoire de Nicéphore sur les Arabes.
L’invention du feu Grégeois (du latin græcus, grec) et le secret gardé sur sa composition sont capitaux pour la survie de l’empire Byzantin. C'est un peu l'ancêtre du napalm moderne...

La formule est attribué au « chimiste » Callinicus originaire d’Héliopolis en Syrie (ou en Égypte selon Cédrénus). Elle aurait été élaborée vers 670. Ce mélange particulièrement inflammable de naphte, salpêtre, soufre et bitume possède une propriété stupéfiante : Il brûle même au contact de l’eau, les Grecs l’appellent d’ailleurs feu « liquide » ou « maritime ». En brûlant, il produit une fumée épaisse et une explosion bruyante qui ne manque pas d’effrayer les Barbares.

« En mer, les navires Byzantins (tel que le dromon et le chelandion) deviennent redoutables entre tous. Ce qui rend tous ces navires redoutables aux ennemis, et qui leur avait fait donner le nom de vaisseaux porte-feu ou « pyrophores », c'est l'appareil spécial dont chacun est muni, appareil propre à projeter « le feu liquide », l'épouvantable feu grégeois...
LIBURNE IMPERIALE

Un tube en plomb ou en cuivre achemine le liquide jusqu’à la proue d’où une gueule de lion ou d’un quelconque animal monstrueux arrose l’ennemi de flammes. Ce sont là les fameux « siphons » mentionnés par les chroniqueurs des guerres du Moyen-Âge Oriental. Par une extrémité, ils plongent dans de vastes chaudrons tout pleins du mélange infernal, par l'autre, ils crachent cette pluie enflammée et mortelle sur le front du navire ennemi, incendiant, détruisant quiconque est proche.

D'habiles artificiers dirigent facilement d'un bord à l'autre du « chandelion » ou du « dromon » ce jet terrible, suivant les vicissitudes diverses de ce combat corps à corps. Parfois on place aussi des siphons à la poupe et sur les deux flancs du navire ainsi transformé en véritable machine infernale...

En l'an du Christ 960, le capitaine Nicéphore Phocas assemble une flotte ainsi équipée pour aller châtier les terribles pirates sarrasins de l'île de Crète. Cette expédition de Crète, en dehors d'une foule d'autres espèces de navires, compte plus de 2 000 « chelandia » armés du feu grégeois. Cette découverte vient à point nommé pour résister aux Omeyyades lors du siège de Constantinople de 674-678. C’est elle entre autre qui permet à Constantin IV de repousser les armées du Calife Yezid et de prolonger la vie de l’Empire de quelques siècles. Les byzantins cachent leur secret avec un soin prodigieux. Les empereurs, dans leurs instructions suprêmes, recommandent à leurs successeurs de le conserver à tout prix et formulent l'anathème contre l'impie assez coupable pour le dévoiler... Lorsqu'un prince étranger ou quelque autre, demande à être initié, on lui envoie des pots pleins d'ingrédients meurtriers, mais on ne lui livre à aucun prix les procédés de fabrication, du reste probablement assez nombreux.

Il paraît aujourd'hui certain que l'huile de naphte ou quelque autre matière bitumeuse liquide de ce genre doit jouer dans la composition du feu grégeois un rôle capital. Il y a dans beaucoup de récits contemporains des descriptions des effets produits par son action, des détails sur la nature des ravages causés par lui, qui rappellent d'une manière tout à fait frappante les incendies amenés par les huiles inflammables et par ce terrible pétrole si voisin du naphte oriental...
On lance aussi le feu grégeois dans de petits tubes à main, ou « cheirosiphones ». On en garnit aussi, la pointe de massues à asperger, ou de lances, de flèches recouvertes d'étoupe qu'on enflamme au moment de les projeter, en dirigeant la flamme contre l'ennemi...

Mais un des procédés le plus en usage est celui d'enfermer la matière inflammable dans la cavité de petits projectiles à main en verre ou en terre cuite au four, les analogues aux grenades et « cocktails Molotov »... Les voyageurs ont pu voir à Smyrne, à Beyrouth, à Damas, chez les marchands de curiosités de bazars, de petit vases ou récipients en terre cuite, creux, en forme de pomme de pin, à paroi fort épaisses percés à la base d'un unique orifice fort étroit.

DROMON BYZANTIN
On les prenait jadis pour des objets de provenance Phénicienne. Mais M. de Sauley a prouvé d'une façon certaine que ce sont là les fameuses grenades médiévales que les fantassins arabes ou Byzantins jetaient devant eux en courant à l'assaut d'une forteresse ou en escaladant le pont d'un navire.

« Lorsqu'on a, dit-il, introduit dans ce petit récipient à parois épaisses la matière éminemment inflammable et détonante d'une espèce de feu grégeois, l'orifice est obstrué et garni d'une mèche ou sorte d'étoupille, destinée à porter le feu à l'intérieur. Lorsque l'étoupille est allumée, le projectile est lancé et éclate. On conçoit aisément que l'épaisseur et la compacité des fragments projetés par l'explosion doivent occasionner des blessures à peu près aussi graves que produisent les éclats d'obus. »

Les Byzantins ont depuis le VIIe siècle, admirablement développé cet art multiple de la pyrotechnie appliquée à la guerre navale... Qu'on s'imagine, au milieu des fracas de tous ces gros navires s'entre-choquant, les hurlements de ces milliers de guerriers courant à l'abordage, qu'on s'imagine dans cet immense tumulte, au milieu du bruit des vagues, du cliquetis de tant d'armes diverses, du choc sourd des projectiles lancés par les machines, les incessantes détonations des pots à feu grégeois, des fusées à main traversant l'air avec la rapidité de l'éclair, éclatant avec le bruit du tonnerre, illuminant l'espace de lueurs incessantes telles qu'on y voient de nuit comme en plein jour... Sur un fond infernal, rouge de feu, noir de vapeurs infectes, les combattants nus, éclairés de teintes diaboliques, s'accrochant, pareils à des démons, aux flancs des navires, fuyant le feu, se poursuivant le long des cordages, et partout, sur la crête des vagues, sur les cuirasses étincelantes des soldats
« Cataphractaires », c’est-à-dire vêtus de mailles, sur les ponts des navires, sur les corps noirs ou blancs des nègres d'Éthiopie ou des blonds mercenaires Scandinaves, la flamme grégeoise courant étincelante et rapide, se divisant en mille flammes nouvelles, portant partout la destruction, arrachant mille cris de douleur !

13 juillet 960, Nicéphore Phocas débarque en Crète pour la ...
www.info-grece.com/.../13-juillet-960-nicephore-phocas-debarque-en-cr...
13 juillet 960, Nicéphore Phocas débarque en Crète pour la libérer des Arabes ...


règnes considérables de Nicéphore II Phocas-Nikiphoros Phôkas et de Jean ...
Le Traité sur la guérilla (De velitatione), de l'empereur ...
www.leconflit.com/article-le-traite-sur-la-guerilla-de-velitationne-de-l-e...
13 mai 2011 - ... et 950, avant mes grandes campagnes des années 960 qui atteignent les .... Conscient de cette évolution, Nicéphore PHOCAS chercher à ...
Nicéphore II Phocas
tous-les-faits.fr/nicéphore_ii_phocas
Nicéphore II Phocas (en ; né vers ) est un grand général de l'Empire byzantin de la ... En tout, cinq tentatives ont lieu avant 960 ; la dernière, commandée par ...

961... EN REMONTANT LE TEMPS


27 SEPTEMBRE 2014...

Cette page concerne l'année 961 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

OTTON Ier D'AIX LA CHAPELLE A ROME PAR LE BRENNER DE ROI A EMPEREUR.

Otton Ier (936-973), conquiert le royaume d'Italie en 951. Initiateur du « Drang nach Osten », la poussée vers l'Est, il vainc en 955 les Slaves obodrites sur la Recknitz et les Hongrois à la bataille du Lechfeld, mettant un terme à leurs raids dévastateurs. Au soir de cette dernière bataille, ses troupes le proclament empereur. En 961, Otton Ier descend en Italie pour recevoir la couronne impériale des mains du pape Jean XII, le 2 février 962. Ainsi renaît le Saint Empire, nouvel avatar, aux yeux des contemporains, de l'Empire chrétien d'Occident... En 1512, il est pour la première fois qualifié de « Saint Empire Romain de nation Allemande ». Cette institution perdurera jusqu'en 1806, puis disparaîtra sous les coups des armées Françaises de Napoléon Ier.

L'impératrice Adélaïde est d'abord mariée au prince Lothaire d'Italie,
Fille de Rudolf II, roi de Haute Bourgogne, en vertu d'un accord politique passé 14 ans plus tôt entre Rudolf et Hugues de Provence, père de Lothaire, la jeune princesse n'a que 16 ans.
Quelques années plus tard, le jeune marié Lothaire décède, peut-être assassiné par Béranger qui doit lui succéder... Le nouveau roi veut forcer Adélaïde à épouser son fils... Elle refuse et se retrouve emprisonnée...

Alors Otton Ier, roi de Germanie envahit le territoire de Béranger, libère la royale prisonnière et l'amène à Pavie, où il l'épouse en 951. C'est aussi un second mariage pour Otton Ier dont la première femme est Édith, sœur du roi Anglo-Saxon Athoïstan... Devenue l'épouse d'Otton Ier, elle participe à la conduite de l'Empire en tant que « consors regni », accompagne son époux dans ses expéditions en Italie de 961 à 965 et de 966 à 972, et est couronnée impératrice à ses côtés en février 962, à Rome par le pape Jean XII .

En 960 le pape, le successeur de celui qui naguère lui a opposé une fin de non-recevoir, appelle à son secours Otton Ier . Ce Jean XII n'est pas un parangon de vertu, mais il a été choisi, conformément au vœu de son père, Albéric, le prince de Rome, pour que le principat et le pontificat soient réunis dans la même personne... Bérenger, le roi d'Italie qu'Otton Ier a investi, envahit les terres du Saint-Siège, Jean XII, comme l'a fait jadis Léon III appelant Charlemagne, promet qu'il couronnera Otton Ier en échange de son aide.

La proposition est acceptée. A la fin de 961, il franchit les Alpes et, bien que Bérenger se soit échappé, il le dépose, prend sa place, sans pour autant annuler l'autonomie du royaume des Lombards, dont les institutions sont respectées. Aux portes de la Ville éternelle, Otton Ier s'arrête pour prêter au pape un « serment de sécurité », s'engageant de plus, à lui restituer ce qui appartient au patrimoine de Saint Pierre.

Otton Ier du Saint-Empire reçoit la soumission de Bérenger II d'Italie en 961, fait main basse sur le royaume d'Italie et fonde l'Empire germanique en 962 (amorce de la renaissance Ottonienne).
La veuve de Lothaire d'Arles, héritière de l'Italie et fille du roi de Bourgogne et d'Italie Rodolphe II de Bourgogne, Adélaïde, qu'Otton Ier le Grand épouse le 25 décembre 951, lui permet de conserver de ce fait l'Italie qui passe de la suzeraineté Carolingienne Franque à la suzeraineté Germanique...
Bérenger se révolte de nouveau en 960 et s'attaque au pape Jean XII lequel, mène une politique de conquête sur l'Italie, et fait appel à son tour à l'empereur Otton Ier le Grand.
LE HAUT ADIGE
Au mois d'août 961, profitant du calme qui règne en Germanie, Otton Ier se rend en Italie, il n'y rencontre aucune résistance. L'empire Germanique rétabli comprend essentiellement le royaume de Germanie, avec les 5 duchés ethniques : Saxe, Franconie, Souabe, Lorraine et Bavière ainsi que la Bohême et le royaume d'Italie... Comme le faisaient les légionnaires Romains, l'armée le salue sur le champ de bataille comme « Imperator ».

Il s'attire alors les foudres de Byzance et des Romains.
Le couronnement d'Otton Ier comme empereur le 2 février 962 est retenu par la majeure partie des historiens comme la date de fondation du Saint-Empire Romain, même si Otton ne veut pas fonder de nouvel empire. On parle alors de renovatio imperii (restauration de l'empire). L'Empire Carolingien tel qu'il existait est définitivement mort : le processus de division entre la Francie orientale et la Francie médiane de la Francie occidentale étant achevé. Toutefois, Otton s'en veut le continuateur. Avec le couronnement d'Otton, le Saint-Empire avait obtenu sa légitimation temporelle, et sacré en tant que nouvel Imperium Romanum.

Otton Ier est un souverain itinérant. Il va là où les affaires et les guerres l'entraînent. Il séjourne juste un peu plus longtemps en Thuringe et en Saxe, en particulier... L'empereur Germanique est un chef de guerre, il dispose du droit de mobiliser 6 000 chevaliers en Allemagne. Les Italiens fournissent aussi des contingents armés...

Malheureusement, aucun érudit des IXe et Xe siècles n’a guère voulu escalader les sommets des Alpes du nord pour nous laisser une analyse du paysage ou une présentation de la région... Nulle topographie ou Cosmogonie, mais un narrateur doit souvent décrire les lieux « pour la plus grande intelligence des choses » et les voyageurs se pressent pour emprunter les cols qui connaissent une importance croissante.

Tandis que décline l’axe Rhodanien lié au trafic maritime Méditerranéen, l’intérêt des Francs pour la Péninsule puis l’intégration de celle-ci à l’empire font des Alpes du nord le maillon central de l’axe majeur de l’époque, celui qui relie la Lorraine à Rome, Aix-la-Chapelle à l’Italie.

De fait, la Transjuranne connaît un renouveau sous Louis le Pieux. La conjoncture peut paraître moins favorable au Xe siècle : l’insécurité menace, la route est même par moments sous contrôle des Sarrasins, et l’essor de la puissance Ottonienne favorise le développement de routes plus orientales. Toutefois, la circulation reste intense, d’autant que les échanges locaux sont stimulés par le rattachement du Val d’Aoste au royaume de Bourgogne, et son contrôle devient même une raison d’être des rois de Bourgogne qui mettent en place ce que les historiens Allemands ont appelé une « Passpolitik ». À la multiplication d’échanges aussi bien économiques que religieux et aristocratiques, répond une grande diversité de voyageurs... Aux cols se croisent évêques et moines de toute l’Europe, artisans Italiens, marchands et pèlerins Anglais, « negociatores » Francs, aristocrates Francs, Souabes ou Bourguignons, messagers de toutes sortes…

Parmi eux, certains ont donné un récit de leur passage des Alpes, souvent via leurs proches. D’autres ont suscité des récits chez les hagiographes, les historiens ou les annalistes, et des dizaines de textes évoquent la traversée des Alpes du nord.

Ces récits de voyage sont ainsi entendu dans leur sens le plus large et ne peuvent renvoyer systématiquement à une œuvre viatique avec un voyageur-narrateur pour cette époque. C’est par exemple le cas en Bas-Valais (ou vieux Chablais) ou, à un autre degré, pour la Transjurassienne (...)

Si le choix de cette voie répond à une multiplication des voyages et des sources, celui de champ géographique correspond à la possibilité d’étudier l’image d’un espace particulier, un espace montagnard... En effet, la présence des plus hautes montagnes d’Europe et de cols à leur pied confronte forcément le descripteur aux spécificités d’un espace à fort relief... Celles-ci sont d’autant plus marquées que les Alpes du nord se distinguent par la puissance des contrastes topographiques :
D'’énormes massifs surplombent de longues vallées, dans un voisinage immédiat entre espaces plats et zones plus élevées, à l’échelle régionale comme à l’échelle locale.

Dans un premier temps, les récits de voyages seront envisagés ici comme la représentation d’un espace identifié, comme une carte mentale. Il s’agit de mettre en évidence la géographie de l’espace montagnard que les récits de voyages véhiculent, de voir quel espace montagnard on décrit véritablement et si la montagne est un sujet en soi/un objet géographique.

« toute perception de l’espace présente une dimension cognitive et pragmatique ». Les récits à caractère hagiographique étant les plus proches du récit de voyage, ils mentionnent des étapes et des grands repères comme la Tête du lac (Léman) ou la séparation des deux grandes routes issues du Grand-Saint-Bernard, les annales sont presque les seules à citer les vallées (vallée d’Aoste, Maurienne), tandis que les chroniqueurs préfèrent les points les plus remarquables, cols et cités.
Au total, les noms cités ne fournissent pas une géographie des Alpes, mais plutôt et très logiquement une géographie du franchissement des Alpes. Les deux noms les plus fréquents, le Mont-Joux, « le plus connu des monts », et Saint Maurice d’Agaune regroupent les deux tiers des mentions de lieux, dessinant ainsi la route principale, celle du Grand-Saint-Bernard. Concentrés sur la description de la route, les auteurs sont donc confrontés à la montagne parce qu’elle en est un élément constitutif...
Pourtant, pour nombre d’auteurs, la montagne proprement dite est un non sujet. Certains ne la mentionnent même pas. Ainsi, Eginhard écrit dans l’Histoire de la translation des reliques des Saints Pierre et Marcellin que « Pavie laissée, il arrive à Saint-Maurice le 6e jour ». Cette absence textuelle de la montagne s’explique par une fatalité face à l’obstacle :
« les Alpes franchies par la miséricorde divine » nous dit Thancmar à propos d’un voyage de Bernward d’Hildesheim et Richer parle de la route qu’on ne peut éviter. Elle résulte aussi d’une certaine indifférence vis-à-vis d’espaces marginalisés. Ainsi la montagne n’est pas utilisée pour localiser et les visites aux martyrs d’Agaune amènent la description de l’abbaye, du repos ou des approvisionnements mais jamais celle de la montagne qui la surplombe.
L’opposition entre deux espaces est également marquée par une terminologie partagée par tous. La montagne elle-même est surtout appelée « mons, cluses » lorsqu’il y a une route ou encore Alpes. Dans les récits détaillés, Alpes prend alors un sens local : le terme renvoie aux zones les plus montagneuses et l’expression « inter Alpes » s’applique à des événements qui ont lieu au cœur des massifs. Au contraire, les zones basses sont rarement désignées. Lambert de Hersfeld parle de plaine et région, des creux des vallées opposées aux escarpements des montes, mais nombre d’auteurs préfèrent alors utiliser les noms des cités, localités et abbayes. Agaune est dite sur le Rhône en Bourgogne alors que Glaber localise le Mont-Joux dans les pays des Alpes. Cela illustre le fait que les fonds de vallées ne sont pas conçus comme un élément appartenant à la montagne, mais plutôt comme un prolongement des espaces plats...

Remarquons en passant que les autochtones partagent ce point de vue, mais d’une façon moins nette car le contrôle de la route jusqu’au col et le développement des alpages favorisent la complémentarité entre les espaces « in monte et in plano » d’où une division ternaire – « montibus vallibus alpibus »
La notion de frontière politique correspond surtout aux périodes troublées. Les récits de passages alpins fermés ou rendus difficiles pour des raisons politiques, que cela concerne un individu ou une armée sont nombreux : 837, 875, 894, 940-950 961 etc…
En période normale, c’est plutôt le col qui marque symboliquement ou réellement le changement d’espace : tous les textes font du Mont-Joux une des limites de la Bourgogne Transjurane et cela même après que l’expansion du royaume de Bourgogne en Val d’Aoste a reporté la frontière à l’entrée des cluses du côté Italien. Cette hésitation entre frontière de la cluse et frontière du col correspond à une différence de perspective. La vision théorique, lointaine, assimile frontière politique et frontière naturelle au profit du sommet tandis que ce qui touche la traversée, concrète, traite le massif en bloc au profit de l’entrée dans la cluse. C’est que les Alpes sont en même temps une frontière, et un lieu de passage par excellence...

Le seul voyageur dont on raconte qu’il doit rebrousser chemin au Mont-Joux est l’éléphant offert à Charlemagne. Non seulement personne ne parle de barrière infranchissable, mais les verbes employés à propos des Alpes montrent combien on met en avant la notion de passage. Si quelques-uns de ces verbes (adtingere, pervenire, superare) évoquent l’arrivée au sommet, la grande majorité des verbes (transmereo, transcendo…) renvoient à la traversée et transire représente à lui seul un tiers des possibilités de ce passage.

Quand la Passpolitik est au cœur de la puissance des Rodolphiens pour le contemporain comme pour l’historien. L’explication réside surtout dans la définition donnée au mot Alpes : les vallées qui traversent de part en part les massifs et où sont installés les sujets et les centres de pouvoir des Rodolphiens ne sont pas considérées comme fondamentalement dans les Alpes qui constituent avant tout la montagne elle-même. C’est donc très logiquement que Rodolphe III est dit roi des « plus grandes cluses » et non des Alpes.

Les voyageurs et leurs biographes se montrent également impressionnés par une nature puissante et dangereuse dont les éléments principaux sont les rochers et l’eau. En 894, hors de la route normale il est vrai, les hommes et les chevaux d’Arnulf doivent passer « par des rochers abrupts […] à travers des précipices de roches, comme s'ils devaient traverser un mur vertical, sautant de tous côtés à travers les rochers, avec certains paliers cités comme des endroits pour reprendre haleine ». La Vita Maioli décrit un ruisseau qui « tombe des montagnes et se précipite par des masses sinueuses, refoulé d’entre les Alpes » … Tandis que les annales de Fulda rapportent qu’en 886 « au milieu des Alpes, il y eut un tel emportement des eaux et un tel heurt de rochers que la courbe et les empreintes des voies à travers les montagnes saccagées ne peuvent d’être discernées ».
À lieux dangereux, gens dangereux. Comme toute route, celle des Alpes attire diverses sortes de brigands. « Robert, évêque de l’Église de Tours, revenant de Rome, au pied des Alpes, est tué par des brigands pendant la nuit à l’intérieur de la tente avec ses compagnons auprès de lui ». Le danger vient aussi des païens sarrasins voire des autorités : selon Glaber, dont le récit a été contesté à tort, « dans de très étroits sentiers les plus puissants de cette région, commandés par la cupidité, avaient été institué des barrières et des gardiens pour faire payer le prix du passage ».
Les Alpes du nord ne sont pas conçues comme un espace régional clair, mais comme un doublon dont la route est le trait d’union. D’un côté, les vallées, sans spécificités, simples prolongements des autres espaces, de l’autre, la montagne, un espace marginal, qui commence dès que le chemin s’élève. À un moindre degré, les récits se révèlent des outils adaptés à une géographie physique et humaine du paysage. Si la description précise et l’analyse font défaut, apparaissent l’espace vécu et l’espace imaginé. Les Alpes du nord constituent une véritable barrière et ce sont des lieux souvent rudes du fait des pentes et de l’altitude, mais tout en fournissant un passage indispensable et en offrant des espaces inégalement mais largement humanisés... Cette relative neutralité du discours concerne tous les objets géographiques. L’irruption des démons dans les montagnes au XIIe siècle, signe d’une approche beaucoup plus morale, d’un discours clérical et d’une fonction plus allégorique du récit, doit nous inciter aussi à approfondir la réflexion sur l’évolution des conceptions géographiques à l’intérieur même du Moyen Âge...

Le col du Brenner (Brenner, Brennero : « passage ») est, avec le Gothard helvétique, l'une des voies majeures de franchissement des Alpes. Bien que cette région soit maintenant sectionnée par la frontière Austro-Italienne, elle ne forme qu'une seule unité géographique et ethnique. Sur le trajet le plus direct entre l'Allemagne du Sud et la plaine du Pô, le seuil du Brenner est un passage naturel tectonique, où la nature alpine demeure rude.

Dans ce couloir où s'engouffrent les vents glacés du Nord, l'économie rurale, à base de forêts et d'alpages, est beaucoup plus médiocre que dans le Tyrol septentrional. Ce n'est pas elle, mais bien la fonction de circulation, qui fait la fortune de la région. Le sillon du Brenner a été approfondi, du côté de l'Autriche, par une diffluence du glacier quaternaire de l'Inn, puis par la Sill, qui conflue avec cette dernière à Innsbruck, et, au sud, par l'Isarco (Eisach), tributaire de l'Adige (Etsch). Sur le versant nord, en amont de Matrei, la vallée s'élève en gradins, et se rétrécit en gorges, jusqu'au col, constitué par un plateau de 5 kilomètres de long (en territoire Italien) et culminant à 1 374 mètres. Le versant méridional est beaucoup plus raide mais un peu plus chaud et abrité. Par Gozzo (Colle Isarco, Gossensass), Vipiteno (Sterzing) et Fortezza (Franzenfeste), on gagne Bressanone (Brixen). Au confluent de l'Isarco et du Talfer, une terrasse bien cultivée, couverte de vignes et de vergers, est le site de Bolzano (Bozen), dans le Trentin-Haut-Adige. À l'étroite parenté physique des deux volets du col a répondu jusqu'en 1918, et répond encore en grande majorité, l'uniformité ethnique. C'est, en effet, par le Brenner que les Germaniques, de souche Bavaroise, ont débordé le plus largement sur le versant méridional des Alpes. Le Haut-Adige est une terre de vieille civilisation Allemande, depuis que l'empereur Otton Ier l'a traversé pour se rendre d'Aix la Chapelle à Rome, avec toute sa cour, son épouse, et son fils en 961.

COURONNEMENT IMPÉRIAL D'OTTON I - Encyclopædia ...
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Le pontifical romano-germanique du Xe siècle. Nature, date ...
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de C Vogel - ‎1963 - ‎Cité 1 fois - ‎Autres articles
115 v° : Ut rex noster Otto eius et exercitus hinc et inde servetur), Otton Ier (le ..... royal d'Otton II, élu en 961 à Worms et sacré le 26 mai à Aix-la-Chapelle48.
Otton Ier du Saint-Empire - Franc-or
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