dimanche 31 août 2014

989... EN REMONTANT LE TEMPS

Cette page concerne l'année 989 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LA CHRISTIANISATION GRÂCE AU BAPTÊME DE VLADIMIR Ier

SAINT VLADIMIR
Vladimir le « Soleil Rouge » pour les chants épiques (Володимир en ukrainien, Volodymyr)  et pour l’Église Russe « Saint Vladimir-égal des Apôtres », a eu un rôle décisif dans la naissance de la future Russie. Petit  fils d'Igor et Olga (première Grande Duchesse a avoir reçu le baptême à Constantinople), fils bâtard de Sviatoslav Ier et de Maloucha, l'intendante d'Olga, Vladimir à l'âge de 10 ans reçoit de son père le gouvernement de Novgorod. Mais les Novgorodiens qui souhaitent un dirigeant issu de Rurik, ont une façon particulière de gouverner avec une assemblée populaire sans donner de réels pouvoirs à leur Prince...

A la mort de leur père Sviatoslav, Iaropolk l'héritier en titre, après avoir assassiné son frère cadet Oleg, Prince des Drevlianes, part à la conquête de Novgorod et aurait en effet bien exécuté aussi le benjamin.
Vladimir en fuite, après avoir erré pendant 2 ans, réunit une flotte de Varègues dévoués et regagne Novogorod.  Obligé de se réfugier en Scandinavie en 972, à la mort de son père, Sviatoslav, Vladimir réussit à s'imposer comme prince de Kiev, grâce à l'appui d'une troupe Varègue (978-980). Là, il étend son autorité sur l'ensemble des tribus Slaves de l'Europe Orientale, élargissant la frontière de l'État Kiévien vers l'est et le sud-ouest. La sécurité de cet État est assurée par d'incessantes actions militaires contre les peuples et les États voisins : Au IXe siècle, une minorité de Russes sont déjà chrétiens. Les princes et leur entourage sont partagés entre les deux influences, païenne et chrétienne. Il semble que certains d'entre eux voient dans le christianisme le moyen de créer un État organisé et plus centralisé... Vladimir Ier impose le christianisme, noue des liens avec Rome et Constantinople, ouvre Kiev aux colonies marchandes étrangères.

1. Le prince de Kiev
Vladimir Ier fait partie de la dynastie Varègue, d'origine Scandinave, qui a régné pendant 3 siècles sur les Slaves Orientaux. Fils cadet, il a reçu de son père Sviatoslav l'apanage de Novgorod en 970... L'unité de l'État est alors fondée sur la subordination des cadets à l'aîné, Vladimir n'aurait pas dû régner... Mais, à la mort de Sviatoslav en 972 ou 973, les deux fils aînés, Iaropolk et Oleg, se disputent l'héritage, Iaropolk, vainqueur, s'installe à Kiev. Vladimir profite de la lutte, appuyé par des renforts ramenés de Scandinavie, il élimine Iaropolk
Seul au pouvoir, il entreprend de renforcer l’État de Kiev :
Il tue le chef Varègue Polotsk, fait des conquêtes en Pologne et en Russie blanche (981-983), soutient un moment les Bulgares contre l'Empire Byzantin (985-986).

En 980, ayant demandé officiellement sans succès en mariage la fille de Rogvolod de Polotsk, il finit par assiéger la ville, tue son « ex-futur-beau-père » ses 2 « ex-futurs-beaux-frères » et finit par épouser Rogneda.
Il s'attaque ensuite à Kiev où il entre en vainqueur.
Iaropolk s'enfuit à Rodnia où il est rejoint et éliminé par son frère cadet selon la tradition familiale.
[L'écrivain Vladimir Volkoff dira de cette situation : « Ce n'était peut-être pas très moral, mais c'était éminemment politique, et fait avec élégance et même avec une touche de cynisme »]

Il consolide les frontières de l'état par de grande campagnes militaires, affrontant en 981, pour la première fois les Liakhs (Polonais) dont on peut considérer que c'est la première guerre Russo-Polonaise... 
Il multiplie les campagnes contre les tribus Slaves de l'est et du sud, et les pouvoirs des princes tribaux passent dorénavant entre les mains du Prince de Kiev.
En 986, le co-empereur de Byzance Basile II (avec Constantin VIII), en guerre sur 2 fronts en Europe et en Asie, demande l'aide de Vladimir qui accepte mais demande en « payement » la main de leur sœur Anne, ce qui est accepté.  Avec l'envoi de 6 000 hommes, le Prince de Kiev contribue à la victoire sur le front de l'Asie.
Puis les empereurs Byzantins traînant à tenir leur promesse de mariage, Vladimir assiège et prend la ville de Kherson...
En 988 les Empereurs Basile II et Constantin VIII acceptent de lui donner leur sœur Anne en mariage à condition qu'il se convertisse ainsi que son peuple. Le baptême et le mariage ont lieu à Kherson, citadelle de Crimée, et non pas à Kiev. Le grand duc retourne dans sa ville en 990 en emmenant de nombreux prêtres.
Duché de Pologne en 981 et 993.

Profitant du péril que constitue pour l'Empire Byzantin la mutinerie de Bardas Phocas, Vladimir revendique la Crimée et cherche à s'allier à la dynastie impériale (en 989, il épouse Anne, sœur de l'empereur Basile II)...
Dans un premier temps Vladimir Ier tente d'affermir le culte païen de Peroun comme culte officiel.
Peroun représentant le tonnerre et la foudre est le premier des dieux des Slaves Orientaux. On trouve son nom inscrit  dans un traité conclu en 944 avec les Grecs par le Prince Igor.
Cependant l'idée d'un culte monothéiste qui donnerait une cohésion à un état pluri-ethnique et pluri-déiste, fait son chemin.
Depuis l'exemple des Bulgares, convertis à l'islam, les motifs politiques semblent avoir prévalus dans le choix d'une religion.  Relativement méfiant vis à vis des trois religions monothéistes (juive, chrétienne et islamique) Vladimir Ier est pourtant très impressionné par les rapports fournis par ses ambassadeurs auprès de Constantinople.

Les idoles de bois des anciens dieux sont jetés solennellement dans le fleuve Dniepr. «  la chronique des temps anciens » raconte comment cette cérémonie fut organisée :
BAPTÊME DE VLADIMIR
Vladimir « fait envoyer dire à travers toute la ville :
« Si quelqu'un, riche ou pauvre, indigent ou esclave, ne se trouve pas demain sur le bord du fleuve, je le considérerai comme mon ennemi ». Entendant cela, le peuple s'y rend avec joie, se réjouissant et disant:
« Si cela n'était pas bon, le Prince et les Boyards ne l'auraient pas accepté ». Le lendemain, Vladimir sort avec les prêtres amenés par Anne Porphyrogénète et ceux de Cherson pour se rendre sur le Dniepr où se rassemble une foule innombrable. »
Pour la célébration du nouveau culte, le Grand Duc fait bâtir une première église en bois en l'honneur de Saint Basile dont il a pris le nom lors de son baptême.
Peu après, une second église est érigée, en pierre cette fois, où il  fait disposer :
« Tout ce qu'il a pris à Cherson : icônes, vases et crucifix, et y affecte pour la célébration du culte, des prêtres de Cherson ».

PEROUN
C'est dans ces circonstances, mal connues dans leur détail, que se placent le baptême de Vladimir (987-988), la reconnaissance du christianisme byzantin comme religion officielle de l'État (989-990) et la mise en place de structures ecclésiastiques (dont l'étude détaillée soulève beaucoup de questions). Il est avéré que le prince néophyte a consenti à l'Église une « dîme », prélevée sur le trésor princier, et de nombreux privilèges, dans le domaine judiciaire notamment...

En 992, Le patriarche de Kiev Léonce divise l'Église Russe en plusieurs diocèses : Kiev, Novgorod, Tchernigov, Vladimir, Polotsk, Turov, Rostov et Belgorod.
Le diocèse de Tchernigov est créé peu après lorsque la ville devient la résidence de Mstislav, frère de Iaroslav...

Outre des églises, Vladimir Ier fait construire autour de Kiev d'autres villes, des citées fortifiées destinées à former un rempart contre les invasions,  en « recrutant » parmi les peuples Slaves et Finnois dispersés dans la plaine Russe. Le territoire s'étend alors du Lac Ladoga au nord  jusqu'au Dniepr au sud et de l'embouchure de la Kliazma à l'est au Bourg Occidental à l'ouest. Vladimir enverra ses fils régner  dans les différentes régions de la Rus' sans jamais les laisser trop longtemps à la même place afin d'éviter de créer des liens trop fort entre les princes et les populations...
En 1007 Vladimir accueille chaleureusement Bruno de Querfurt (futur saint Boniface), qui passe par Kiev pour aller visiter les Petchenègues.

En 1015 Vladimir Ier envoie son fils Boris combattre les Petchenègues et part en campagne contre Iaroslav... Malade, il meurt à Berestovo, près de Kiev, le 15 juillet. Sviatopolk s’empare du pouvoir avec l’aide de son beau-frère Boleslas Ier de Pologne, qui reçoit en échange le sud-ouest du pays... A sa mort Vladimir laisse une Russie Kiévienne en cours d'alphabétisation, sûre de ses frontières et ayant établi de solides relations commerciales et politiques avec l'Empire Byzantin.

Dans la Chronique de Nestor, on lit de Vladimir qu'il « se laissa aller à l'amour des femmes... car il est débauché comme Salomon ». L'évêque Allemand Thietmar le décrit comme « fornicator immensus et crudelis », tandis que les chroniqueurs font référence à plusieurs centaines de concubines gardées dans son palais de Vychgorod. De ses différentes épouses, il eut au moins 11 fils.

Puis, tout chargé de saintes reliques et d'ornements d'Église, accompagné de tout un clergé, il est rentré à Kiev, a procédé à l'évangélisation rapide de son peuple et l'a fait immerger en masse dans les eaux du Dniepr, pendant que les prêtres Grecs, debout avec Vladimir sur le rivage, lisaient sur eux les prières rituelles... exaltant la religion Grecque au-dessus de toutes les autres et, en particulier, faire disparaître toute trace d'intervention Latine et Romaine dans la conversion du peuple Russe et sa première organisation religieuse. Ces trois documents ignorent complètement les données légendaires que nous venons de résumer et sont en contradiction avec elles, tandis qu'ils s'accordent avec certains renseignements fournis par les historiens arabes et par les sagas Scandinaves... Ils nous apprennent tout d'abord que Vladimir a embrassé le christianisme de son propre chef et par inspiration d'en haut, après avoir mûrement réfléchi par lui-même, qu'il est instruit et baptisé en Russie et non à Chersonese, par des prêtres Varègues, et non par des prêtres Grecs, qu'il à vécut encore 28 ans après son baptême : ce qui reporte cet événement à l'année 987 au lieu de l'année 989 de la légende, et de l'année 988, date officielle en Russie... Ils nous disent aussi que Vladimir s'empare de Chersonese, la troisième année après son baptême, c'est-à-dire en 989, plus précisément avant le 27 juillet 989.

Des sagas Islandaises on peut déduire avec certitude que Saint Olaf Tryggvison, roi de Norvège, après avoir reçu lui-même le baptême, eut quelque influence sur la conversion du prince Russe, sans qu'on puisse autrement en préciser la nature. De ces mêmes récits, combinés avec les données des documents Russes et des historiens arabes, (les chroniqueurs Byzantins sont complètement muets, et pour cause, sur toute cette histoire de la conversion de Vladimir) on arrive à ordonner ainsi la suite des événements :
L'année même de la conversion de Vladimir, en 987, Saint Olaf, qui est allé à Constantinople, en revient accompagné d'un évêque Grec nommé Paul, et s'arrête à Kiev... Là il trouve son ami Vladimir dans le plus grand embarras : celui-ci ne sait comment se débarrasser de ses mercenaires Varègues, qu'ils ne peut plus payer. Olaf lui suggère que les empereurs Byzantins les prendront sans doute à leur service, car ils se trouvent dans une situation fort critique....
Aussitôt, une ambassade Byzantine part pour Kiev avec mission de négocier une alliance avec le prince Russe. Un traité est conclu alors entre les deux partis aux clauses suivantes : Vladimir exige la main d'Anne, sœur des deux basileis régnants, et s'engage, en retour, à fournir un contingent de 6 000 Varègues pour dompter la rébellion de Bardas Phocas... L'accord, une fois arrêté, Vladimir Ier part pour Constantinople à la tête de ses Varègues, qui infligent à Bardas Phocas la sévère défaite de Chrysopolis (été de 988).

Mais, avant de livrer bataille, le prince Russe exige que soit célébré son mariage avec Anne Porphyrogénète. Celle-ci, sur les instances de ses frères, les empereurs, doit consentir à cette union bien à contrecœur. Mais il y va du salut de l'empire, et elle se résigne... On stipule que la princesse se rendra à Kiev avec la magnificence due à son rang, après que la révolte de Bardas aura été domptée.

La victoire de Chrysopolis n'a pas suffi à abattre le rebelle, qui peut reconstituer son armée et se préparer à une nouvelle bataille... Celle-ci a lieu le 13 avril 989, à Abydos... Vladimir Ier y prend une part active avec ses troupes. Elle se termine par la défaite complète de Bardas Phocas, qui tombe en pleine lutte foudroyé par une attaque d'apoplexie...

Une fois débarrassés du péril, les basileis oublient leur promesse de laisser partir Anne pour Kiev, ou refuse d'observer quelque autre clause du pacte... On ne peut expliquer autrement la rupture qui survient bientôt entre les empereurs et Vladimir Ier... Pour couper court aux interminables délais si habituels à la politique Byzantine, celui-ci se résout à frapper un grand coup...

Ne pouvant évidemment tenter de s'emparer de Constantinople avec la petite armée dont il dispose, il tombe à l'improviste sur Chersonese, métropole des possessions Byzantines en Crimée. Aidé sans doute par la trahison dont des récits légendaires ont conservé le véridique souvenir, il s'est emparé de la ville dès avant le 27 juillet 989.

En même temps, les Bulgares viennent d'enlever aux Byzantins la place forte de Verria, et la veuve de Bardas Phocas attise de nouveau la révolte en Asie Mineure en mettant Bardas Scléros à la tête des rebelles... Les basileis aux abois se voient alors contraints de traiter avec Vladimir, dont ils connaissent la principale condition. La princesse Anne doit prendre le chemin de Chersonese...
et rejoindre son mari... Celui-ci, s'engage non seulement à restituer Chersonese à l'empire, mais aussi à proclamer officiellement le christianisme en Russie et à y détruire les restes du paganisme.

Il est heureux de laisser, moyennant compensation pécuniaire, une bonne partie de ses Varègues au service de Byzance. Ainsi se termine à l'avantage de Vladimir Ier cette expédition à Constantinople et en Crimée. Le prince Russe rentre à Kiev avec son épouse richement pourvu de dons sacrés et profanes...
Parmi la dot :
Entre autres reliques, on lui donne le chef du Saint pape Clément, qui est vénéré en Russie avant l'invasion des Mongols
Des prêtres Byzantins accompagnent la princesse Anne pour lui assurer le service liturgique selon le rite Byzantin.
Rentré à Kiev, Vladimir Ier s'occupe d'accélérer la conversion de ses sujets au christianisme...

C'est sans doute Anne la Porphyrogénéte qui a l'initiative de cette construction et c'est dans ces sanctuaires qu'elle peut suivre les offices liturgiques suivant le rite Byzantin.

Est-ce également le rite Byzantin qui est alors adopté dans l'Église Russe? Il y a de graves raisons d'en douter... Nous avons dit qu'au moment de la conversion de Vladimir Ier, un grand nombre de Varégues sont chrétiens et que lui-même a été instruit et baptisé par des prêtres Varégues. Or, ces Varégues sont de rite Latin. Encore au début du XIIIe siècle, en Russie la foi Varègue est synonyme de foi Latine...
On parle tout d'abord d'une ambassade envoyée par le Pape au prince Russe, en 990, alors qu'il séjourne encore à Chersonese.
En 991, c'est à Kiev que les légats de Jean XV apportent à Vladimir Ier, selon l'expression de la Chronique de Nicon, les marques d'amour et d'honneur, et que Vladimir, de son côté, les reçoit avec amour et honneur et envoie aussitôt des ambassadeurs au Pape. Or, c'est précisément en cette année 991 que les chroniques font mention d'évêques Russes dans l'entourage de Vladimir Ier...

Elles en parlent de nouveau en 996, à l'occasion de la consécration de l'église des dîmes... D'où viennent ces évêques ? Par qui ont-ils été consacrés? De quel rite sont-ils? Les chroniques interpolées les font consacrer et envoyer par le Bienheureux Photius...

Au Xe siècle, la péninsule de Crimée entretient des relations avec l’entité politique connus sous le nom de Rus’ ou Rous’ de Kiev. La Chersonèse, comme on l’appelle dans la géographie antique et médiévale, est le lieu de rencontre entre les Rhôs (ou Rous’) Scandinaves, les Khazars et les Grecs de l’Empire Byzantin. Les traités Byzantino-Russes interdisent aux Rhôs de s’en emparer (911-971).

En 988 ou 989 le prince Vladimir Ier de Kiev conquiert la ville la rend à Byzance la ville sera ensuite conquise par l'Empire de Trébizonde...



www.russie.net › Orthodoxie2006
15 août 2006 - En 989, le grand-prince Vladimir impose le 'baptême de la Russie', par lequel il donne à son peuple une religion nationale orthodoxe, qui va ...
books.google.fr/books?id=csIWAAAAQAAJ
( 989 ) Vers le même temps , ils adoptèrent la manière de compter les années qui ... l'Europe septentrionale, dans la Chersonèse cimbrique, dans le Danemarck.
www.histoire.presse.fr/.../crimee-memoire-russe-20-03-2014-87830?...0
20 mars 2014 - La Chersonèse, comme on l'appelle dans la géographie antique et médiévale, est le ... et de la conversion de ses états au christianisme orthodoxe (988-989). ... Mais le souvenir le plus fort est celui du siège de Sébastopol, ...
www.persee.fr/web/.../rebyz_1146-9447_1937_num_36_187_2905
de M Jugie - ‎1937 - ‎Cité 6 fois - ‎Autres articles
deuxièmement, qu'il fut instruit et baptisé en Russie et non à Chersonese; par ... au lieu de l'année 989 de la légende, et de l'année 988, date officiellement .... du Saint-Siège, conformément à l'accord qui avait dû être arrêté à Chersonese, ...





990... EN REMONTANT LE TEMPS

29 août 2014


Cette page concerne l'année 990 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

HEURS ET MALHEURS DE LYON A L'AUBE DE L'AN MIL


LYON
Le voisinage des colonies Phéniciennes et Phocéennes de la Méditerranée et de la province Romaine exerce quelque influence sur leurs morals et leur caractère, ils se montrent mieux disposés que le reste des populations Gauloises à subir la domination de Rome...
César compte ce peuple au nombre de ses alliés lorsqu’il soumet les Gaules... Une seule fois ils se soulèvent... en l’an 52, dans cette dernière grande campagne où toutes les confédérations Galliques, si longtemps divisées, se réunissent autour de l’Arverne Vercingétorix.
Mais le héros de l’indépendance Gauloise succombe, et les anciens alliés de Rome se font aisément a la domination nouvelle... Rome leur donne Lugdunum (Lyon).
A la dissolution de l’empire romain, les Burgondes s’établissent au milieu d’eux... « ... Que faire au milieu de ces géants de 7 pieds ?
Est-il permis d’écrire rien d’élégant au milieu de soldats dont la longue chevelure est imprégnée de beurre aigre, et qui parlent une langue que nous ne comprenons pas ?
Peut-on chanter quand on a l’âme et le visage tristes ?
Vos yeux sont bien heureux de ne pas voir des gens semblables, et vos oreilles de ne pas les entendre !
Heureux surtout votre odorat de ne pas sentir ces hommes puants qui mangent par jour 10 bottes d’oignons !
Quelle muse se ferait comprendre au milieu d’ivrognes criant toujours pour égayer leurs débauches !
De tels dominateurs, comme vous le pensez, mettent de terribles obstacles au désir qu’on aurait d’être joyeux.
Mais je m’arrête de peur qu’on ne prenne ceci pour une satire et qu’on ne me dénonce aux Bourguignons. »...

Le Lyonnais échoit a Lothaire, par suite du traité de Verdun (843). Cet empereur le laisse à son fils Charles, qui le transmet a son second fils Lothaire II le Jeune... puis, un an après la mort de ce prince, la province Lyonnaise et le Beaujolais qui se trouve plus au nord, et, qui jusque-là a suivi les mêmes vicissitudes, entrent, par le traité de Mersen (870), dans le partage de Charles le Chauve.
Cette même année, ces deux provinces, réunies au Forez, sont données au comte Guillaume Ier, dont le fils, Guillaume II, rend la dignité de comte de Lyon héréditaire dans sa famille...
A la faveur des troubles que les incursions Normandes, la déposition de l’empereur Charles le Gros et l’établissement de la féodalité amènent sur tout le sol Gaulois, un seigneur : Rodolphe, fils de Conrad, comte d’Auxerre.
Son fils Rodolphe II avait réuni la Provence à ses États.
Le Lyonnais, situé dans une position intermédiaire entre la France et ce royaume de Provence, devient d’autant mieux un fief indépendant que le dernier Carolingien, fils de Louis d’Outre-mer, mariant sa sœur Mathilde au roi d’Arles Conrad le Pacifique (955), lui donne en dot ses droits de suzeraineté sur le comté de Lyon.
Artaud est issu de la haute aristocratie, il est certain qu'avant lui des membres de sa famille ont déjà exercé des charges publiques à la période de Hugues le Noir tel le vicomte Artaud mentionné avant 979/984
Dans une première charte de donation à Savigny il se dit: « fils de Géraud (de noble lignage) et de Gimberge ». Ses parents paraissent avoir été en possessions de fiefs en Forez (Rizier-en-Donzy et bussy-Albieux et en Lyonnais (Apinos). Ils font don de l'église de Monthieux à l'abbaye Saint-Pierre de Lyon par l'intermédiaire de leur fille Adaltrude qui y est nonne, puis vraisemblablement abbesse .Il détient également des terres dans l'actuel Beaujolais et au sud de la Dombes ainsi qu'une enclave en Roannais.

Hubert Gerner émet l'hypothèse que le jeune Artaud, fils de Géraud et promis à une certaine Adélaïde, recevant du roi Conrad et de la reine Mathilde dépendances de l'abbaye de Saint-André-le-Bas-de-Vienne vers 975/1009 est celui qui va devenir le fondateur de la lignée des comtes de Lyon et de Forez.
Il est probablement cité avant son accession au titre comtal lors de la tenue d'un plaid à Dracé où il exerce déjà les fonctions de justice.
Giraud Ier (960-990), puis Artaud II, l’un des bienfaiteurs de l’abbaye de Cluny (990-1007), lui succèdent. Ce dernier laisse deux fils en bas âge l’aîné, Artaud III, succède à son père dans le Lyonnais.
Il épouse Théodeberge de Limoges la fille du vicomte
On lui connaît deux fils et deux filles.
  • Géraud Ier qui lui succède après la mort de Pons de Gévaudan.
  • Artaud II qui assassine Pons de Gévaudan vers 1015,
  • Rothilde, attestée par une donation de Théodeberge;
  • Theutberge, qui aurait épousé le comte d'urgell Armengol Ier
Le fait que l'on ignore les détails de son accession au titre de comte (vers 980?) et le contexte de violence qui accompagne ses premières mentions fait qu'il est considéré par les historiens du Lyonnais comme un usurpateur. Les sources ne fournissent pas d'éléments définitifs sur ce point, le titre comtal pouvant théoriquement lui être octroyé par le roi ou même par l'archevêque.

Il apparaît en revanche comme un habile diplomate par les donations qu'il fait à l'abbaye de Savigny à l'église de Saint-Just et à Saint-Irénée s'assurant du soutien des prélats issus des grandes familles féodales de la région afin d'y affirmer sa position.
Entre 984 et 993 il reconnaît les dommages qu'il a occasionné aux dépendances de l'abbaye de Savigny lors d'un conflit mené « tant pour accroître son fief que d'assurer l'honneur attaché à sa fonction publique » et fait don à l'abbaye de ses terres situées dans l'actuel Beaujolais. La donation est reconnue par le concile d'Anse en 994
Il établit en 993 un impressionnant acte de fondation pour l'église Saint-Irénée de Lyon. Il y fait don des terres de Létra pour la sépulture de son frère Étienne et l'âme de tous ses parents. Il crée dans l'église Lyonnaise sa sépulture et celle de sa famille, la nécropole des comtes de Lyon et de Forez (détruite par les protestants en 1562).
En 995 il fait donation à l'abbaye de Cluny de l'église Saint-Pierre de Maroglio (Marroles, aujourd'hui commune de Saint-Romain-la-Motte en Roannais.
Certains auteurs situent sa mort dans la décennie 990. Il semble que cette date (99?) ait pu correspondre plus vraisemblablement à celle du décès de sa mère Gimberge.
En mars 1010, il est peut-être décédé lors de la donation à Cluny faite par son épouse de ses possessions « au chemin » à Lyon
Sa tombe se trouve à l'église Saint-Irénée. Sa veuve Théodeberge épouse par la suite Pons de Gévaudan.
Ce dernier laisse deux fils en bas âge l’aîné, Artaud III, qui succède à son père dans le Lyonnais. Le gouvernement d’Artaud III fut plein de vicissitudes. Lyon avait pour archevêque un membre de la famille suzeraine des rois d’Arles, Burchard, fils de Conrad le Pacifique et frère de Rodolphe III, dernier prince régnant. Ce Burchard regarde le comté de Lyon comme son apanage et en fait hommage a l’empereur Allemand Conrad le Salique, le même qui, à la mort de Rodolphe III, hérite de la Bourgogne et du royaume d’Arles. Chassé du Lyonnais, et spolié de son héritage, Artaud III y rentre les armes à la main avec l’appui de son frère et peut-être aussi à la sollicitation secrète des Capétiens de Francie, qui ne voient pas avec plaisir la suzeraineté du Lyonnais passer à l’empire.

Burchard est a son tour chassé, puis il revient par la toute-puissance de sa famille, et un accord est conclu entre le comte et l’archevêque.
Le comte abandonne grand nombre de ses droits seigneuriaux sur sa riche capitale, Lyon, et reçoit, en échange, des terres que l’archevêque possède dans le Forez. Artaud survit peu à cet arrangement... A sa mort, son frère Giraud joint le titre de comte du Lyonnais a ceux de comtes de Roannais et de Forez qu’il possède déjà, mais ce titre est plus nominal que réel.
L’archevêque Burchard meurt en 1031 et a pour successeur son neveu... Burchard, qui considère le titre de son oncle comme un droit héréditaire. Giraud prend les armes, expulse le nouvel archevêque et veut le remplacer par un de ses fils... Mais Burchard recourt a l’empereur Allemand Conrad, auquel il a renouvelé l’hommage et le serment déjà prêté par son oncle. Conrad envoie une armée , chasse Giraud et son fils, rétablit Burchard et lui donne toute autorité.

C’est ainsi que la ville de Lyon échange la domination immédiate de ses comtes contre celle de ses archevêques, Giraud ne reparaît plus dans la ville, et son fils, Artaud IV, tout en prenant le titre de comte du Lyonnais (1058-1076), fait du Forez, qu’il possède également, le lieu habituel de son séjour...
Rien n’égale la barbarie et la brutalité de cette époque, la misère est générale parmi les populations du Lyonnais, les dissensions des seigneurs, loin de profiter a leur repos, redoublent la tyrannie et les exactions que chacun se croit en droit d’exercer.
Entre autres enfants, Giraud II, père d’Artaud IV, a eu deux filles, l’une d’elles, Rotulfe, épouse Guignes de L’Arieu, l’un des principaux seigneurs du Forez. L’autre, Prève, bien que d’une éclatante beauté et recherchée par de fiers barons, étant touchée par la grâce ne veut avoir que le Seigneur pour époux, dit la légende...
Ses jours s’écoulent dans un monastère au milieu des prières et d’un pieux recueillement, quand un des chevaliers qui a brigué sa main s’en vient la trouver et s’efforce de l’arracher a sa retraite... vainement Prève lui rappelle qu’elle a consacré à Dieu sa virginité et que tenter de la détourner de ses devoirs est une entreprise sacrilège, ni larmes ni raisons ne peuvent convaincre celui qu'elle l’obsède. Alors, la fille du comte Lyonnais s’enferme dans une noble fierté et chasse de sa présence un homme qui ne craint pas d’outrager Dieu et l’une de ses servantes jusque dans son sanctuaire...
Le chevalier, plein de courroux, part méditant une terrible vengeance... il vient à la cour de Giraud et va trouver ses 3 fils Artaud, Geoffroy-Guillaume et Conrad. « Savez-vous, leur dit-il, pourquoi votre sœur Prève a rejeté avec mépris les plus braves de vos amis et tous les seigneurs des deux comtés ? C’est pour se retirer, sous prétexte de religion, dans un lieu reculé et y vivre en débauche avec serfs et vilains. »
Les jeunes gens le croient, ils prennent leurs armes, montent vite leurs chevaux et courent au monastère... Prève est en prière, mais, sans vouloir rien voir et rien entendre :
« La voila donc ! s’écrient-ils, celle qui déshonore le comte et les fils du comte ! »
SAINTE PREVE
Et ils lui plongent une épée dans les reins, puis ils lui coupent la tète et jettent le cadavre dans un puits... Ensuite ils reviennent contents d’avoir vengé leur honneur... La stérilité frappe toute la contrée et des signes de feu annoncent dans le ciel le courroux céleste... si on cherche de l’eau dans le puits où a été jeté le corps de l’innocente, on n’en tire que du sang, et, à l’endroit où a roulé sa tête, sur une dalle de pierre, a fleuri un lys d’une éclatante blancheur. En même temps, une voix du ciel ne cesse de répéter aux fils de Giraud : « Votre sœur n’était pas coupable. » Convaincus par ces manifestations de la volonté divine, ils s’en retournent au couvent, donnent une sépulture au corps de la jeune fille, lui consacrent une fondation pieuse, et depuis ce temps la paix est revenue,
www.france-pittoresque.com/spip.php?rubrique8
10 sept. 2013 - Petite Histoire de France et anecdotes, brèves et faits divers insolites, ...... La chronique latine du moine Richer, composée vers l'an 990, et publiée ..... 28 juillet; Iles Eparses : une mine d'histoires, d'épaves et un patrimoine ...
fr.wikipedia.org/wiki/Artaud_Ier_de_Lyon
Il fut comte de Lyon et il parfois considéré comme le premier "comte de Forez". .... Certains auteurs situent sa mort dans la décennie 990 ,. Il semble que cette ...
books.google.fr/books?id=SrnQSzrfepEC
Guillaume, premier du nom, forma donc la tige de la première race des comtes ... Giraud premier, son fils; mais ce comte ne termina point sa vie dans l'exercice ... et ae relira avec sa femme dans l'enceinte d'un monastère, où il mourut en 990.

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR LE 30 AOÛT 1914

30 août 1914


I)
De la compréhension de l’événement par ses acteurs
C’est d’ailleurs ce que semble comprendre de suite le lieutenant Dubois de la 7e compagnie du 47e RI qui confesse, dès le 30 août 1914 :
« Je suis content. Çà a chauffé hier soir. Notre 10e corps a été presque anéanti mais peu importe...
Une surprenante, pour ne pas dire suspecte, lucidité que peut expliquer, outre l’intelligence manifeste de ce soldat, son grade et son statut puisque, militaire de carrière, il est également saint-cyrien... Assurément, ces deux éléments, s’ils n’oblitèrent pas ses mérites propres, le prédisposent néanmoins à une réflexion plus poussée que la « moyenne » lorsque vient le moment de saisir la portée de l’événement auquel il participe. Notons d’ailleurs que l’étude du colonel Valarché, dont le sérieux ne doit semble-t-il pas être mis en doute, évoque également plusieurs témoignages rejoignant celui de Marcel Dubois. Or, ceux-ci émanent exclusivement d’officiers, ce qui n’est pas tout à fait étonnant, l’historiographie de ce temps n’ayant pas vraiment coutume de donner la parole aux hommes du rang.
Ce point est d’autant plus important que les témoignages à notre disposition concernant la troupe du 47e régiment d’infanterie, c’est-à-dire les simples fantassins, laissent entrevoir une perception de l’événement complètement différente...
En effet du point de vue de ces hommes du rang, peu d’éléments distinguent Charleroi de la ville de Guise :
Pertes élevées, défaut de soutien d’artillerie, ravages causés par les mitrailleuses ennemies, brouillard omniprésent, perte de terrain face à l’ennemi… D’ailleurs, force est de constater que les sources de notre corpus paraissent englober ces deux moments dans une seule et même dimension, celle des terribles débuts de la Première Guerre mondiale.
Le carnet d’Emile Orain est à ce titre révélateur puisque, extrêmement succinct, il ne mentionne que les mouvements « bruts » de l’unité. Or, on peut y découvrir que les batailles de Charleroi et de Guise sont toutes deux mentionnées au sein d’un même « mouvement de repli de l’armée Française » qui ne s’interrompt qu’avec « l’offensive de la Marne ». Pareillement, le sens de cette bataille de Guise échappe complètement à Louis Leseux qui achève sa relation du combat par un significatif « nous repartons de nouveau … toujours la retraite ! ». Le cas de ces Bretons n’est d’ailleurs nullement exceptionnel. Mobilisé au 57e RI (une unité casernée à Rochefort) Constant Vincent combat à Guise après Charleroi et parle d’une « journée déplorable malgré nos efforts » dans son carnet, pourtant recopié en 1917 à partir de notes prises sur le vif, ce qui en dit long sur la permanence de ce souvenir.
Même chose en ce qui concerne les Normands de la 5e division d’infanterie puisque, là encore, peu nombreux semblent avoir été ceux qui distinguent la « défaite de Charleroi » de la victoire de « Guise », l’importance des pertes humaines venant de surcroît rendre la situation encore plus difficile à analyser.
Cet aspect de la bataille est intéressant car il amène à pondérer le propos du colonel Valarché affirmant qu’au soir de Guise, « le moral était très élevé » au 10e corps. Cela est peut-être vrai pour certains officiers plus perspicaces, ou mieux informés, que d’autres, mais en aucun cas pour la troupe.  Cette assertion semble d’ailleurs d’autant plus curieuse qu’il termine son ouvrage en affirmant que « pour les troupes ignorantes de la situation d’ensemble, l’ordre de retraite générale est l’aveu d’un nouvel échec ». En réalité, l’issue de ce drame est certainement moins limpide pour les acteurs que ce qui transparaît de l’étude d’E. Valarché puisque les forces en présence doivent patienter quelques jours pour comprendre le sort de la bataille qui se joue en cette fin d’été 1914...

II)
30 août
Le bombardement continue avec violence. Les dégâts matériels sont considérables et l’artillerie du fort ne peut riposter : ses pièces sont endommagées et les batteries Allemandes sont hors de portée. L’infanterie Allemande se rapproche du front nord avec prudence sans passer à l’attaque. Dans la soirée, un colonel Allemand vient sommer la place de se rendre. Le gouverneur, pour gagner du temps, donne une réponse dilatoire...
Le 30 août, estimant sa position menacée sur ses flancs, le général Lanrezac décide de se retirer, malgré les ordres de Joffre.

III)
L’offensive sur la Marne (fin août à mi-septembre 1914)... Alors que la majorité des forces Françaises (y compris le corps expéditionnaire Anglais.) reculent vers la Marne, Joffre décide de créer la IXe Armée (début septembre 1914.). Cette dernière est destinée à renforcer les troupes luttant contre les armées Allemandes qui avancent vers Paris.
Le gouvernement quitte Paris (26 août au 2 septembre 1914) :
A cette date, la situation devient critique, les plus anciens ayant souvenir du terrible siège de Paris, en 1870. D’autant plus que les Parisiens sont laissés dans l’ignorance, l’État-major n’ayant pas communiqué sur la progression des armées Allemandes...
Viviani, qui a formé un nouveau ministère le 27 août (composé de Louis Malvy à l’Intérieur, Théophile Delcassé aux Affaire étrangères, Alexandre Millerand à la Guerre, Aristide Briand à la Justice, Alexandre Ribot aux Finances, et de Gaston Doumergue aux Colonies.), décide de quitter Paris afin de se réfugier à Bordeaux.

IV)
La bataille dite de Tannenberg va donner un coup d'arrêt à l'armée Russe. Du 26 au 30, les troupes du Kaiser démontrent leur supériorité sur celles
du tsar... Et en France, l'angoisse monte d'un cran. Ses troupes reculent à peu près partout, mais en cette fin du mois d'août 1914, le général Joffre, chef d'état-major de l'armée Française, peut se féliciter sur un point :
Sous la pression de Paris, les Russes sont au rendez-vous.
Les Allemands ont perdu leur pari, sûrs que le grand ours de l'est, encore empêtré dans les ombres du Moyen-âge, serait très lent à mobiliser...
Les Russes vainqueurs
Et non seulement les Russes sont là, mais encore ils sont vainqueurs. Ils culbutent l'armée Allemande à Gumbinnen, malgré leur préparation incomplète. Toute la Prusse Orientale, berceau d'un grand nombre d'officiers Allemands, est ouverte aux hommes du tsar.
Panique et colère à Berlin. Première mesure, deux divisions Allemandes sont retirées du front occidental, pourtant décrété prioritaire. Ensuite, le haut commandement du front est réorganisé.
Le vieux général Paul von Hindenbourg, héros de la guerre de 70, est sorti de sa retraite, flanqué du très agressif Erich von Ludendorff.
Sa première mesure est de stopper la retraite de ses troupes... Hindenbourg attaque !
En face, les succès Russes cachent de graves faiblesses. Pressés par la France d'attaquer, ils ne sont pas prêts... Ils manquent de logistique alors que les distances à parcourir sont énormes, officiers et soldats sont insuffisamment formés, la valeur de la troupe chancelle au premier revers.
La IIe armée de Samsonov en particulier n'a pas achevé sa mobilisation.
Or c'est précisément celle-ci qu'Hindenbourg se prépare à attaquer... La bataille de Tannenberg de la fin août est la seule grande bataille de la Grande Guerre qui se déroule en Allemagne. Elle symbolise pour celle-ci l'encerclement dont elle sera victime de la part des Alliés... Comme en France (mais de manière inversée) l'avancée des troupes étrangères crée une grande panique qui s'accompagne d'un exode massif des civils Allemands en Prusse Orientale. Les œuvres de bienfaisance devront se mobiliser pour répondre à l'urgence. Face à la menace, Hindenburg et Ludendorff utilisent le réseau ferré plus dense que du côté Russe pour battre successivement (et donc séparément) les deux armées d'invasion Russes...
La victoire de Tannenberg est plus qu'un soulagement, elle incarne le lieu où la nation Allemande a été sauvée et Hindenburg devient un héros.
Comme pour Joffre après la bataille de la Marne, les objets souvenirs à son effigie se multiplient. Ce véritable culte se poursuivra bien au-delà de la
guerre puisque le vieux général sera élu par 2 fois président de la
République de Weimar dans l'Entre-deux-guerres...
« Notons que la bataille de 1914 n'a pas eu lieu à Tannenberg même mais Hindenburg impose ce nom pour gommer la défaite des chevaliers Teutoniques face aux Polono-Lithuaniens lors de la première bataille de 1410. Ainsi, les combats de 1914 s'inscrivent dans une longue histoire de construction nationale et d'extension vers l'Est... »
Le 30 août 1914, un mois après l'ouverture des hostilités, la victoire surprise des Allemands sur les Russes à Tannenberg révèle aux Européens les plus avertis que cette guerre sera longue et sans pitié.
Première phase d'une guerre longue :
Les Français avaient demandé à leurs alliés Russes d'attaquer au plus tôt l'Allemagne pour obliger celle-ci à combattre sur deux fronts. Deux armées Russes attaquent donc dès la mi-août la province Allemande de Prusse Orientale (aujourd'hui partagée entre la Pologne et la Russie).
Le 20 août, la VIIIe Armée Allemande est bousculée à Gumbinnen.
A Paris et à Londres, chez les alliés du tsar, on célèbre les vertus du « rouleau compresseur russe ».
Le chef d'état-major général Allemand Helmuth von Moltke, affolé, enlève deux corps d'armée au front occidental pour renforcer le front oriental.
C'est une bénédiction pour les Français qui, bousculés de toutes parts, en profitent pour se ressaisir et préparer une contre-offensive qui sauvera leur pays de l'invasion et d'une nouvelle défaite...
Un retraité à la rescousse...
« En attendant, le général Paul von Hindenburg (67 ans) quitte sa retraite pour prendre en catastrophe la tête de la VIIIe Armée. Il se fait assister du général Erich Ludendorff (49 ans) ».
Les Allemands interceptent des messages radio entre les généraux Russes (transmis en clair) et comprennent aussitôt que les deux armées ennemies sont beaucoup plus éloignées qu'ils ne le pensent.
Hindenburg et Ludendorff décident d'attaquer l'armée du général Samsonov. Connaissant la haine qu'il a envers l'autre général Russe, Rennenkampf, ils font le pari que ce dernier hésitera à le secourir...
Pari gagné. Les 150.000 Russes de Samsonov sont bousculés à Tannenberg et leur retraite est coupée.
Les Allemands capturent 92.000 hommes ainsi que 500 canons. Il ne faudra pas moins de 60 trains pour amener ceux-ci à l'ouest.
30.000 Russes sont tués ou blessés, tandis que les Allemands ont moins de 20.000 pertes. Anéanti, Samsonov se suicide.
La semaine suivante, sur les bords des lacs Mazures, le général Rennenkampf est à son tour défait... Mais leur armée ne se débande pas et jusqu'à la fin de 1917, les Russes continueront de faire pression sur la frontière orientale de l'Allemagne.
En France, dans le même temps, le général Joffre remporte la contre-offensive de la Marne. Le front est désormais stabilisé pour quatre longues années.
« « Paul von Hindenburg, vainqueur de Tannenberg et des lacs Mazures, devient feld-maréchal. Son prestige dans le peuple est immense... et dépasse sa véritable valeur (on pourrait en dire autant de son homologue français, le général Joseph Joffre, vainqueur de la Marne) » ».
HINDENBOURG ET LUDENDORFF
Pour les Allemands, la victoire de 1914 constitue aussi une revanche sur une autre bataille, au même endroit, en 1410, qui se solde par la défaite des Chevaliers Teutoniques face à une coalition de Polonais et de Lituaniens.

V
On rencontre encore des touristes Américains et Anglais à Paris. Mais les musées étant fermés, Le Figaro du 30 août 1914 nous révèle qu'ils s'occupent en visitant les maisons des parisiens, que ceux-ci leur ouvrent bien volontiers...
« On continue à rencontrer dans Paris des chars-à-bancs et de grandes automobiles de touristes Américains et Anglais ! Rien n'arrête ces amateurs... Il semble au contraire que cette année leur curiosité de Paris et leur sympathie se soient accrues davantage ».
Mais les musées et la plupart des monuments dont la visite fait partie du programme ordinaire étant fermés, que leur montre-t-on ?...
Paris, tout simplement, un Paris inconnu, un Paris historique non moins intéressant que le Paris monumental : les vieux hôtels si beaux du Marais et de l'île Saint-Louis, les anciens collèges de l'Université du XVIIe siècle, les jardins ignorés et charmants qui se cachent au cœur de la ville et dont les propriétaires ouvrent amicalement les portes à nos hôtes...
Et ceux-ci découvrent ainsi chez nous une cité nouvelle, que leurs devanciers n'ont point connue. » ...

VI)
Histoire parallèle : 30 août 1914
la Nouvelle-Zélande prend le contrôle des Samoas, colonie Allemande dans le Pacifique.
Après l'Europe, l'Afrique, l'Asie, voici que les terres paradisiaques d'Océanie et du Pacifique entrent à leur tour dans le jeu mortel et ce seulement 1 mois après le début du conflit. Les ravages seront néanmoins mineurs par rapport a ceux de la Seconde Guerre mondiale, 30 ans plus tard.
29/30 août : la Nouvelle-Zélande, au nom de l'Empire Britannique débarque et occupe les îles Samoas, territoire de l'océan Pacifique sous administration Allemande qui ne dispose pas de défense.
C'est la première intervention militaire Néo-Zélandaise au cours de la Première Guerre mondiale, mais ici sans combats et sans faire couler une goutte de sang. 
Pour l'anecdote, il faut préciser qu'il s'agit en fait d'une opération Franco-Britannique, car un croiseur cuirassé de la Marine Française, affecté à la zone de l'Extrême-Orient : le Montcalm a escorté le convoi naval des troupes d'occupation de l'archipel.
L'objectif n'est pas que symbolique, car les Allemands ont sur l'île principale une station de radio permettant donc de communiquer avec les bâtiments de guerre et les sous-marins de la Kaiserliche Marine, qui patrouillent dans l'Océan Pacifique.  D'ailleurs des forces navales ont été envoyées plus tard en septembre par le commandement Allemand pour tenter de reprendre la colonie. Mais trop isolé à l'intérieur de la zone d'influence Britannique du sud Pacifique, le territoire serait de toute façon repris dans les semaines qui suivent : il est donc inutile de risquer des vies humaines pour un tel objectif. L'Allemagne abandonne donc ces îles sans combattre...

VII
Les administrations Allemandes :
Dans les territoires occupés, tous les pouvoirs conférés à l’État sont transférés à l’armée Allemande, dont l’autorité suprême est le Grand Quartier Général (établi à Luxembourg, puis Charleville et Spa avec un poste de commandement à Avesnes-sur-Helpe). A côté de chaque général d’armée ayant en charge un groupe d’armée, on trouve un inspecteur des étapes qui a la haute main sur la population civile.
Les villes et villages dépendent d’une Kommandantur qui est le plus souvent établie au chef-lieu de canton. S’ils se trouvent à proximité du front, il s’agit d’une « Orstkommandantur », s’ils en sont éloignés, d’une « Etappenkommandantur ». A la tête de ces « Kommandanturen », se trouve un commandant, souvent un officier. Il est assisté d’un Landwache, ou chef de culture, vite surnommé « langue de vache » par la population, qui est chargé du contrôle des exploitations agricoles et d’un sergent d’inspection qui est chargé des réquisitions et des fouilles. Chaque commandant dispose en outre d’un personnel nombreux (6 à 8 hommes). Ce sont d’abord des soldats, bientôt remplacés par des civils Allemands...
Ces « Kommandanturen » sont installées dans un édifice public ou dans des maisons dont les propriétaires ont été expulsés...
A Lille, on trouve un général avec titre de gouverneur et un général adjoint.
A Valenciennes ou Saint-Amand, le commandant est un colonel assisté d’un capitaine.
A Avesnes-sur-Helpe, en 1917, il y a un commandant-colonel, un adjoint-lieutenant, 21 sous-officiers et soldats et divers fonctionnaires pour les hôpitaux, les magasins ou les comités économiques.
La police est assurée par la gendarmerie.
Chaque Kommandantur dispose d’un poste composé de quelques gendarmes, encadrés par un sous-officier.
Ils sont chargés de la circulation, prêtent main-forte lors des réquisitions, répriment les fraudes et surveillent la population. Dans les villes, la police militaire composée de soldats inaptes au front, assiste la gendarmerie.
Dans les campagnes, une garde auxiliaire est chargée de la police des champs. Les contrevenants passent devant le tribunal de police, ou Polizeiamt, que préside un juge, fonctionnaire professionnel. C’est là que sont payées les multiples amendes sanctionnant les infractions.
L’administration française :
Elle subsiste à côté de l’administration Allemande, mais ses pouvoirs sont très réduits. Le préfet du Nord, Félix Trépont, est resté en place en 1914. En 1915, il sera arrêté, déporté en Allemagne puis rapatrié en France où il reprend son poste de préfet du Nord à Dunkerque jusqu’en septembre 1918. Pendant sa détention, c’est le sous-préfet d’Avesnes-sur-Helpe, M. Anjubault, qui est désigné par les Allemands pour faire fonction de préfet...
Pendant la guerre, on assiste à un élargissement des compétences des maires. Charles Delesalle, maire de Lille s’émancipe de la tutelle préfectorale. Il recherche un modus vivendi avec l’occupant et, tout en se montrant loyal envers les Allemands, veille au respect de la convention internationale de La Haye. Adoptée en 1899 et revue en 1907, cette convention, dite « concernant les lois et les coutumes de guerre sur terre » fixe notamment les obligations imposées à une autorité militaire quant à l’administration de la population d’un territoire occupé. A la Libération, Charles Delesalle se verra reproché son manque de pugnacité.
Le Bulletin de Lille est publié par la municipalité de Lille sous contrôle Allemand. Son gérant est Paul Cornil. Cette feuille de petit format, imprimée recto-verso, paraît 2 fois par semaine (le dimanche et le jeudi). Le premier numéro date du 15 novembre 1914. Il contient outre les informations officielles et les ordonnances Allemandes, des publicités commerciales, l’état-civil Lillois ainsi que des recettes de cuisine, des poèmes ou des conseils pratiques d’hygiène et d’alimentation...
30 août 1914 : rapport du préfet sur le départ des administrations départementales :
Monsieur le Ministre,
J’ai conscience d’avoir jusqu’à ce jour rempli tous mes devoirs, dans la mesure du possible, je me suis efforcé d’assurer le fonctionnement de tous les services départementaux, m’attachant en particulier à celui de la trésorerie. Dans tous les arrondissements où les communications ne sont pas coupées, j’ai pu ainsi continuer le ravitaillement de Paris, y effectuer le paiement des allocations, des soutiens de famille, des traitements des petits fonctionnaires… C’est dans cette volonté que je me suis retiré de mon chef-lieu privé de tout moyen de communication et sur l’invitation formelle du général en chef d’Amade... J’y suis rentré hier après-midi avant d’avoir été touché par l’ordre que vous m’avez transmis et qui m’est parvenu par envoyé spécial.
J’ai trouvé une ville calme, j‘ai visité les hôpitaux remplis de blessés évacués des champs de bataille des environs de Bapaume.
Cette ville distante d’Arras de 20 km est actuellement occupée par des Allemands dont je suis avisé que le nombre sera grossi ce soir par plusieurs régiments qui viendront y cantonner.
Un ingénieur télégraphe est arrivé hier soir, sur ma demande, tenter de réorganiser quelques communications télégraphiques et téléphoniques afin que le chef-lieu départemental ne reste pas isolé. J’essaierai de créer également un embryon de fonctionnement postal.
[rayé : J’ai prescrit aux directeurs qui m’avaient accompagné à Boulogne de rejoindre leur poste à Arras, mais je ne sais où trouver ceux des Postes et des Contributions directes.]
J’ai cru devoir maintenir à Boulogne M. le trésorier payeur général en contact avec la seule succursale de la Banque de France subsistant dans le département.
Ce chef de service a sollicité de M. le ministre des Finances des instructions pour se conformer aux dispositions qu’il m’a paru nécessaire de lui prescrire pour soulager les misères criantes. Je vous serais obligé d’insister pour que la plus grande facilité lui soit donnée pour ses opérations pendant toute le temps de la guerre à la succursale de la Banque de France de Boulogne, en crédits suffisants pour faire face aux exigences les plus impérieuses... Il est indispensable que cette succursale, qui alimente tout le Pas-de-Calais et une partie du Nord, puisse être, quand le besoin s’en produira, ravitaillée soit par voie de fer soir par eau...
En toutes circonstances, croyez bien que je ne me suis pas départi du calme et du sang-froid que je n’ai cessé de conseiller aux autres, j’ai visé à me rendre le plus utile possible et, demain comme aujourd’hui, je n’entends faillir à aucun de mes devoirs quels qu’ils soient.

Félix Trépont préfet du nord Pas-de-Calais


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18 août 2014 - Le 30 août 1914, un mois après l'ouverture des hostilités, la victoire surprise des Allemands sur les Russes à Tannenberg révèle aux ...
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30 août 1914 : rapport du préfet sur le départ des administrations départementales. Monsieur le Ministre,. J'ai conscience d'avoir jusqu'à ce jour rempli tous mes ...