samedi 27 septembre 2014

964... EN REMONTANT LE TEMPS

Cette page concerne l'année 964 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

METHODES SUBVERSIVES D'ISLAMISATION SUR LES PAYS CONQUIS
Guerre en Sicile entre les musulmans et les chrétiens :

Le prince Alide d’Ifrîkiyya, El-Mançoûr, a, nommé en 22 juillet 947 au gouvernement de la Sicile, El-H’asan ben ‘Ali ben Aboû’l-H’oseyn Kelbi. Quand ce général est installé à son poste, il entreprend plusieurs expéditions contre les chrétiens de l’île, qui implorent le secours de l’empereur de Constantinople lequel envoie un important corps d’armée débarquant à Otrante.

El-H’asan, de son côté, fait connaître la situation à El-Mançoûr, qui lui envoie des troupes nombreuses commandées par son eunuque Farah’.
El-H’asan marche alors sur Reggio avec son armée ainsi renforcée. Il envoie diverses colonnes en Calabre et Serra Gerace, si menaçantes qu’il semble n’avoir plus qu’à prendre la ville, quand l’annonce des Byzantins approchant lui fait conclure une trêve qu’ils payent à prix d’argent.

Il se porte alors du côté des ennemis annoncés, qui se dispersent à son approche et évacuent même Otrante... À ce moment, El-H’asan installe son camp sous les murs du fort de Cassano, et expédie de là diverses colonnes, puis accorde la paix à Cassano moyennant une certaine somme... Cette situation se prolonge jusqu’au mois mai 952.

Une sanglante bataille est livrée le jour de la fête des Sacrifices (7 mai) entre les musulmans et les soldats chrétiens de Constantinople soutenus par leurs coreligionnaires de l’île :

Les chrétiens, mis en déroute et poursuivis jusqu’à la nuit, subissent des pertes en morts et en prisonniers, tous leurs bagages, leurs armes et leurs montures deviennent la proie des vainqueurs... Les têtes des morts sont envoyées dans les diverses villes de Sicile et d’Ifrîkiyya.

El-H’asan assiège aussi Gerace, dont les habitants obtiennent la paix contre la promesse de payer une forte somme d’argent... Envoyant alors une colonne contre la ville de Petracucca, elle est emportée et livrée au pillage... El-H’asan ne quitte la Sicile que le 28 mai 952... En laissant dans l’île son fils Aboû’l-H’oseyn Ahmed.
Le 8 fév. 962, les troupes musulmanes de Sicile, commandées par Ahmed ben El-H’asan ben ‘Ali ben Aboû’l-H’oseyn, marchent contre la place-forte de Taormine, qui est située dans cette île et dont les chrétiens sont alors en possession. On commence le siège de ce fort, l’un des plus inexpugnables et des plus nuisibles aux musulmans... Comme les habitants résistent et que les opérations se prolongent, les assiégeants ont l’idée de détourner l’eau qui alimente la place... Les assiégés, privés d'eau, demandent quartier, en vain ; ils doivent se rendre espérant avoir la vie sauve... En devenant esclaves des musulmans, tandis que leurs biens deviennent propriété conquise (fey’)... Ils abandonnent la ville au mois de décembre 962, à la suite de 7 mois et demi de siège. On installe quelques musulmans dans cette place, que l' on nomme d’El-Mo’izziyya, par allusion au prince d’Ifrîkiyya, El-Mo’izz l’Alide... Un corps d’armée marche ensuite contre Rametta sous le commandement d’El-H’asan ben ‘Ammâr,

8 février 962, des troupes chrétiennes débarquent dans l’île de Crète, dont les habitants adressent une demande de secours au prince Alide d’Ifrîkiyya El-Mo’izz li-dîn Allah. Ce prince répond à leur appel, et dans les combats qui ont lieu, les musulmans, réduisent en captivité les chrétiens de l’île...
Siège de la ville chrétienne de Rametta : En présence de cette situation, ces derniers, saisis de crainte, font savoir à l’empereur de Constantinople ce qui se passe et réclament du secours. L’empereur fait équiper une flotte qui apporte une armée de 40 000 combattants... De son côté, Ahmed, émir de Sicile, demande également à El-Mo’izz d’Ifrîkiyya de lui envoyer de prompts renforts, renforçant et accroissant sa flotte par la levée de marins et de soldats.
MAURES DE SICILES
Quant à El-Mo’izz, il se met aussi à réunir des guerriers et à lever des recrues qu’il place, après leur avoir distribué beaucoup d’argent, sous le commandement d’El-H’asan ben ‘Ali, père d’Ahmed. Ces troupes débarquent en Sicile en sept.-oct. 964, une partie va aussitôt renforcer l’armée qui assiège Rametta. Les chrétiens d’autre part débarquent aussi en Sicile près de Messine (oct.-nov.) et portent de là toutes leurs forces.

Quand El-H’asan ben ‘Ammûr, chef de l’armée assiégeante, apprend se qui passe, il laisse sous les murs de la ville un corps d’armée chargé de contenir ceux qui veulent en sortir, et s’avance avec le reste de ses soldats, bien décidés à vaincre ou à mourir, contre l’armée chrétienne...

Celle-ci entoure les musulmans en même temps que ceux de Rametta tombent sur le corps d’armée laissé en observation, afin de surprendre (le gros de) l’armée musulmane par derrière... Mais leur sortie ne réussit pas, Les chrétiens avancent, pleins de confiance dans leur nombre et dans les engins et instruments qu’ils traînent avec eux... La mêlée commence, et la situation devient bientôt dangereuse pour les musulmans, que les Byzantins ont acculés à leurs propres tentes et qu’ils voient déjà vaincus... En cette extrémité, les fidèles choisissent de mourir comme étant le parti le plus sûr, selon le mot du poète :

« Je suis resté en arrière dans l’espoir de sauver ma vie, mais je n’ai pas ainsi trouvé la vie qui m’anime quand je me porte en avant. »

Alors l’émir El-H’asan ben ‘Ammûr, excitant leur ardeur, se met à leur tête pour charger, et la lutte redouble d’acharnement, de leur côté les patriciens répondent en chargeant et en encourageant leurs troupes.

Le général chrétien Manuel fond sur les musulmans et y sème la mort, les coups de lance qu’on dirige contre lui ne produisent aucun effet et s’amortissent sur son épaisse armure... Alors un trait est lancé contre son cheval, abat celui-ci, dont le cavalier devient le centre d’une lutte ardente où il est tué, de même que plusieurs de ses patriciens.

Sa mort provoque chez les siens la débandade : Les musulmans en massacrent un grand nombre, et les fuyards étant arrivés au bord d’un grand fossé qui constitue un véritable trou, s’y précipitent pour échapper à l’épée des poursuivants, ils s’y écrasent les uns les autres, si bien que ce fossé se trouve comblé par les cadavres.

Commencée à l’aube, la bataille dure l’après-midi, et la poursuite se prolonge pendant la nuit, dans toutes les directions. On ne peut énumérer les armes, les chevaux et les richesses de toutes sortes qui constituent le butin : Y figure entre autres un sabre d'Inde sur lequel on lit cette inscription :
« De ce sabre indien, qui pèse cent soixante-dix mithkâl, a été frappé de nombreux coups sous les yeux mêmes de l’Envoyé de Dieu ». Cette arme est envoyée à El-Mo’izz en même temps que les captifs et les têtes des ennemis tués...
Les chrétiens qui échappent gagnent Reggio. Quant aux habitants de Rametta, leur courage fléchit, car les vivres commencent à manquer,faisant évacuer la place par les invalides, ne gardant plus que les hommes en état de combattre... Les musulmans tentent alors une attaque qui non seulement se poursuit jusqu’au soir, mais continue dans la nuit, puis saisissant des échelles, ils emportent la place d’assaut... Les hommes sont mis à mort, les femmes et les enfants réduits en esclavage, la ville livrée à un pillage qui est des plus fructueux. On installe dans la place des musulmans.

Ceux des chrétiens qui ont échappé à la première bataille se rallient, et prenant avec eux ceux de Sicile et de la presqu’île de Reggio, ils se réfugient à bord de leurs navires pour échapper à la mort. L’émir Ahmed s’embarque également avec ses troupes et livre aux Byzantins une bataille navale acharnée : Des musulmans se jetant à l’eau mettent le feu à de nombreux navires Grecs qui coulent, les chrétiens subissent de fortes pertes, et chacun tâche de se sauver sans s’inquiéter des autres. Les musulmans dirigent ensuite des colonnes contre les diverses villes chrétiennes, qui sont mises au pillage et qui doivent consentir à payer des sommes d’argent pour jouir d’une trêve... Ces événements du 6 janvier 965, est connue sous le nom de « bataille du détroit ».

Après l'écrasement d'une révolte en 948, le calife fatîmide Ismail al-Mansur nomme Hassan al-Kalbi comme émir de l'île. Le titre devenant rapidement héréditaire, l'émirat prend de facto son indépendance vis-à-vis du gouvernement Africain.

En 950, Hassan mène une guerre contre Byzance dans le sud de l'Italie, atteint Gerace et Cassano allo Ionio. Une seconde campagne en Calabre apporte une nouvelle défaite aux armées Byzantines. Gerace assiégée, l'empereur Constantin VII Porphyrogénète accepte de payer un tribut à l'émirat de Sicile.

En 956, les Byzantins reconquièrent Reggio et envahissent la Sicile, un traité est signé en 960.

Deux ans plus tard, une révolte à Taormina est écrasée mais la résistance héroïque des chrétiens de Rametta conduit l'empereur Nicéphore II Phocas à envoyer une armée constituée de 40 000 Arméniens, Thraces et Slaves sous les ordres de son neveu Manuel qui capture Messine en octobre 964.

Le 25 octobre, une bataille féroce entre les Byzantins et les kalbides conduit à une défaite cuisante pour le camp Byzantin et Manuel ainsi que près 10 000 hommes meurent sur le champ de bataille.

Le nouvel émir Abu al-Qasim (964-982) lance une série d'attaques contre la Calabre dans les années 970 tandis qu'une flotte sous le commandement de son frère attaque les côtes du Comté d'Apulie capturant plusieurs places fortes

Les Byzantins sont occupés par les guerres avec les fatimides de Syrie et les Bulgares de Macédoine ce qui pousse l'empereur germanique Otton II à intervenir, mais l'armée Germano-Lombarde est vaincue en 982 à la bataille du cap Colonne.

Toutefois Al-Qasim lui-même est tué au cours du combat et son fils retourne en Sicile sans exploiter l'avantage de la victoire. L'émirat atteint son apogée sous l'émir Jafar (983-985) et de Yusuf al-Kalbi (990-998), tous deux mécènes des arts bien que le dernier des fils de Jafar ait été un seigneur violent qui expulse les Berbères de l'île après une tentative d'assassinat contre Jafar .

En 1019, un autre tentative de révolte est écrasée et al-Akhal prend le pouvoir (1019-1037). Conduite par un vieillard, le juge Asad ben. al-Furât, l'armée débarque à Marsala et entreprend une longue guerre d'usure, bientôt soutenue par l'armée régulière venue d'Afrique...

La distribution des terres a en effet été illégale et spontanée entre les conquérants... Il n'y a eu ni cinquième réservé pour l'État, selon la règle ou khums, ni répartition coutumière... Une chrétienté « démennite » se regroupe, soumise en cas de nécessité, révoltée à l'occasion...

Les Byzantins restaurent une province, un « thème », qui sera balayé vers 960. Les chrétiens accueillent en 1040 des musulmans révoltés qui se convertissent au christianisme. La répression sera sévère, mais ils restent prêts à accueillir un libérateur. Certains passent en Calabre sous contrôle Byzantin, mais la tolérance « classique » des Aghlabides, puis des Fatimides permet la survivance minimale d'institutions religieuses dans les régions islamisées et arabisées :

Il y a un évêque auprès de l'émir à Palerme, où une porte de la ville est nommée Shantagata, « de Sainte-Agathe », du nom d'une église et peut-être à Catane, des monastères demeurent à Vicari et Saint-Philippe d'Argirò. Des écoles sont attestées par les vies de saints et la liturgie suit celles d'Égypte et d'Antioche.

LES MUSULMANS CHASSENT LES CHRÉTIENS DE SICILE
Le maintien de la culture Grecque permet, comme dans l'ensemble du monde musulman, la présence de fonctionnaires chrétiens, qui servent la dynastie et protègent leurs coreligionnaires. C'est une preuve de dévouement car les risques sont élevés : L'aghlabide Ibrâhîm II, taxé de folie et de cruauté par les sources malikites, a, selon les récits hagiographiques, fait exécuter 4 Siciliens chrétiens, son trésorier, son collecteur des taxes, leur père et un autre homme.

La Sicile apparaît en effet pour les Fâtimides comme un terrain d'expériences : L'effort d'islamisation se fait jour en 962 par une grande cérémonie, où 14 000 enfants sont circoncis simultanément, après une offensive Byzantine, écrasée en 965 à la bataille du Fossé ou de Rametta, le calife fâtimide Mu'izz fait accomplir par l'émir kalbite, en 967, un grand « incastellamento », mouvement qui représente une mutation profonde de l'habitat.

Il décide en effet le regroupement forcé de tous les habitants dans un petit nombre de villes ou medîna, une par district, chacune gardée par un château et munie d'une mosquée du vendredi, indispensable pour assurer la fidélité politique et l'endoctrinement religieux...

Il s'agit de faire pénétrer l'islam, mais aussi de faire passer le message chiite sur lequel repose la dynastie. Cette nouvelle structure, accompagnée de la destruction des anciens habitats dispersés, fortifie l'île contre Nicéphore Phocas, et semble avoir réussi l'unification culturelle des populations.

Cette islamisation et cette arabisation sont d'autant plus radicales qu'une immigration nombreuse suit les famines qui ravagent les provinces Africaines, de 1004-1005 à 1040, avant même l'invasion des Hilaliens, qui disloque l'Afrique du Nord. Un mouvement à plus longue distance, fréquent dans le monde de l'islam, a fait affluer aussi des musulmans d'Espagne Andalouse et même d'un Orient lointain, des Coptes, des Éthiopiens, des Khurasaniens, des Indiens. Ce sont des patriciens d'origine Iranienne, les Tabarî, qu'on exécute à Palerme en 946.

L'immigration entraîne aussi des juifs arabisés, nombreux, en relation étroite avec la synagogue de Ben Ezra du Vieux-Caire : La Sicile et la Tunisie leur servent de relais pour leurs trafics commerciaux entre l'Égypte et la Syrie fatimides et l'Occident musulman omeyyade.

Sur le modèle de la Tunisie aghlabide, les émirs kalbites ont ainsi obtenu la liquidation des solidarités militaires tribales et des grandes factions qui opposent Agrigentins et Palermitains à la fin du IXe siècle.

Les tribus disparaissent en ville, où ne se conserve que la « noblesse héraldique » : au XIIe siècle, dans les documents d'époque Normande, de nombreux musulmans souscrivent les actes de la pratique notariale et portent des noms, des nisbas, qui se réfèrent aux grandes tribus arabiques et aux tribus berbères.

Il n'est que temps de relater les événements qui font suite à l’assassinat de Nicéphore Phocas et l’avènement de Jean Tzimiscès dans cette portion extrême de l’empire d’Orient formée par les thèmes d'Italie méridionale... Par exception je n’aurai que peu à parler, sous ce règne, des Arabes d’Afrique et de Sicile, car la paix signée avec l’émir de cette île par Nicéphore Phocas après les désastres de Rametta et de Reggio dure toujours.



IBN-ALATHYR : EXTRAITS DE L'Histoire des croisades
remacle.org/bloodwolf/arabe/alathyr/croisades3.htm
La bataille s'étant engagée au lieu dit, Balt'a,[1] le succès resta d'abord indécis .... Ainsi finit l'année 334, et quand 335 (le 1er août 946) commença, l'état de guerre ..... 964), et une partie alla aussitôt renforcer l'armée qui assiégeait Rametta.
Islam en Italie — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Islam_en_Italie
La présence musulmane durera de 828 à 1300 et jusqu'aux années 1970, .... La première bataille contre les troupes byzantines a lieu le 15 juillet 827 près de .... la résistance héroïque des chrétiens de Rametta conduit l'empereur Nicéphore II ... sous les ordres de son neveu Manuel qui capture Messina en octobre 964.
Henri Bresc, La Sicile musulmane - Clio - Voyage Culturel
www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/la_sicile_musulmane.asp
Il faudra quarante années de campagnes pour l'emporter sur une résistance .... une offensive byzantine, écrasée en 965 à la bataille du Fossé ou de Rametta, ...


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