14
août 1914
I)
G.Q.G. Français : scepticisme
LE ROULEAU COMPRESSEUR RUSSE |
Le
rôle dévolu à la Ve armée par le plan XVII, une contre-offensive
dans la direction de Neufchâteau, répond à l’éventualité où
l’aile droite Allemande serait orientée sur Sedan. Elle ne prévoit
pas le cas où l’attaque serait orientée vers Givet ou en aval...
L’attaque brusquée de Liège et l’apparition de forces de
cavalerie en Hesbaye entre Ourthe et Meuse fortifient la crainte de
Lanrezac (Ve armée) de se voir déborder par le nord. Il est en
outre convaincu que le mouvement principal Allemand se fera sur les
deux rives de la Meuse...
Lanrezac
décide de s’entretenir avec Joffre, à qui il expose les faits et
les raisons logiques qui affermissent sa conviction que les Allemands
vont se ruer sur l’aile gauche Française en exécutant au nord de
la Meuse un large mouvement débordant.
Réponse
de Joffre :
« nous
avons le sentiment que les Allemands n’ont rien de prêt par là ».
Lanrezac
rejoint son Q.G. de Rethel. Berthelot estime que la menace dont fait
état Lanrezac est encore à échéance lointaine et sa certitude est
loin d’être établie.
Joffre
lui rappelle que sa mission est de se porter à la rencontre des
Allemands derrière l’Ourthe et la ligne Houffalize - Luxembourg.
Arrivé
à son Q.G. de Rethel, Lanrezac écrit à Joffre pour lui demander de
préparer le transport éventuel de son armée vers la région de
Givet, Maubeuge, en laissant un C.A. et deux divisions de réserve
sur la Meuse, en liaison avec la IVe armée. En effet, la 3e D.C., en
reconnaissance vers Libramont, a signalé des colonnes Allemandes
faisant mouvement de marche vers Dinant.
Les
observations tant par le C.C. Sordet que par l’aviation arrivent à
la conclusion qu’il n’y a que 8 C.A. et 4 D.C. entre la pointe
nord du Grand-Duché et la frontière du Limbourg Hollandais. La
situation ne semble pas inquiétante de ce côté puisque l’armée
Française peut aligner 10 divisions actives, 3 divisions de réserve,
les 6 divisions Belges et à bref délai 4 divisions d’infanterie
et une D.C. Britanniques. L’impression qui prévaut est que la
grosse masse de manœuvre Allemande se réunit derrière l’Ourthe...
Armée d’Alsace : seconde offensive d’Alsace
Pau
donne des ordres pour attaquer Mulhouse. L’axe de marche est
Dannemarie - Altkirch - Vallée de l’Ill.
Dans
la matinée, le 28e bataillon de chasseurs occupe Lauw. Les Allemands
se retirent.
Les
12e et 22e bataillons de chasseurs alpins pénètrent à Bischwiller
et Thann. Descendant de la Schlucht, les alpins occupent Munster puis
Guebwiller.
Pau
compte pénétrer en Alsace par les cols des Vosges et la trouée de
Belfort pour faire mouvement sur Mulhouse.
I ère et IIe armées Françaises : premier jour de l’offensive en Alsace et en Lorraine
Le
plan d’offensive générale pour ces deux armées est d’attaquer
vers le nord-est, dans la direction de la Sarre, puis de se redresser
vers le nord, l’aile gauche marchant vers Morhange et l’aile
droite marchant vers Sarrebourg. Cette offensive est couverte à
droite par les 14e et 21e C.A. opérant autour du Donon (face à
Strasbourg, ville Allemande). Le 2e groupement de divisions de
réserve monte la garde face au camp retranché de Metz. En effet,
une forte garnison pourrait en déboucher et prendre les Français de
flanc.
Les
Allemands occupent des positions défensives avec de forts
avant-postes soutenus par de l’artillerie lourde placée sur les
collines :
Cirey
- Blâmont en direction de Sarrebourg.
Côte de Donnelay - Juvelize en direction de Morhange.
Vic sur Seille vers Château-Salins.
Crêtes de Jallaucourt - Malaucourt.
Côte de Donnelay - Juvelize en direction de Morhange.
Vic sur Seille vers Château-Salins.
Crêtes de Jallaucourt - Malaucourt.
I ère armée Française
Les
gros de l’armée se mettent en marche vers le couloir de
Sarrebourg. Dubail prescrit aux 21e et 14e C.A. d’appuyer au plus
tôt l’offensive entamée vers le nord.
Le
14e C.A., tout en tenant les cols du Bonhomme et de Sainte-Marie
attaque le long de l’Altbach dans la direction de Schlestadt et le
21e C.A. tient la vallée de la Bruche. Ce dernier s’empare de la
crête du Donon et les C.A. de gauche atteignent la Vezouse à
Blâmont et Cirey.
La
16e division (de Maud’huy) se porte en avant avec ordre d’attaquer
par brigades accolées sur les deux rives de la Vezouse, vers
Domèvre. Dans le courant de l’après-midi, Domèvre est enlevé et
une compagnie se porte en reconnaissance vers Blâmont et à 10h du
soir, la division marche vers Blâmont.
Dans
le courant de la journée, la gauche du 14e C.A. progresse vers
Urbeis et établir la liaison avec le 21e C.A. à Steige...
IIe armée française : début de l’offensive
Le
16e C.A. vers Igney et Moussey, le centre vers Avricourt.
Le
15e C.A. vers Mouacourt, Parroy et Serres. Le 20e C.A. vers Xanrey,
la forêt de Bezange et Chambrey. -
Le
C.A. a dû engager un combat à Arraucourt, à la lisière de la
forêt de Bezange. Le 9e vers la forêt de Grémecey.
Le
soir, l’armée tient la ligne Gondrexon - Juvrecourt. La
progression a été de 8 km.
Une
résistance se produit à Moncourt : la 29e division doit gagner
la ligne Moncourt - Bois du Haut de la Croix, à 800 m de la
frontière. Moncourt domine la plaine.
Vers
15h, la 29e division est accueillie par un feu déconcertant de
pièces de 105 (obusiers), puis par le feu de pièces de 77 (canons
de campagne). Les mitrailleuses entrent ensuite en action.
A
17h, la division parvient quand même à s’emparer de Moncourt.
Les
Allemands profitent de la nuit pour se retirer derrière la Seille.
De même, le 20e C.A. a dû engager le combat à Arraucourt.
Ve armée Française
Le 1e C.A. se trouve dans la région de Dinant - Philippeville et les 3e et 10e C.A. remontent légèrement vers le nord-ouest.
Le
1e C.A. repousse un détachement du C.C. von Richthofen qui cherche à
franchir la Meuse à Dinant. L’avant-garde de l’armée atteint
Charleroi.
C.C. Sordet
Le
C.C. surveille des unités de cavalerie Allemande qui, appuyées par
2 bataillons d’infanterie, se dirigent vers Dinant. Sordet
entreprend de déboucher offensivement sur la rive de la Lesse mais
la fatigue des chevaux, la nature du pays et le feu des gardes-flancs
Allemands l’en dissuadent.
A
22h, il demande au G.Q.G. si la situation nécessite qu’il reste
sur la rive droite de la Meuse. Il reçoit comme réponse d’agir à
sa guise, mais de couvrir en tout état de cause la gauche de la Ve
armée.
II)
Armée anglaise
Le
G.Q.G. Britannique fait la traversée de la Manche vers le Havre.
Sir
John French quitte Londres, débarque à Boulogne et arrive à
Amiens.
Les
troupes Britanniques commencent leurs mouvements par chemin de fer
vers une zone de concentration entre Maubeuge et Le Cateau (longueur
25 milles, largeur 10 milles). La cavalerie est à l’extrémité
nord-est (Est de Maubeuge - Jeumont - Damousie - Cousolre)
Le
Q.G. est à Aibes, le gros des troupes est dans la région de
Landrecies, Maroilles, Bohain.
III)
Armée
Belge de campagne
L’armée
de campagne est coupée de toute communication avec Liège.
La
8e brigade qui occupe Huy et risque d’être cernée, se rapproche
de Namur.
En
Belgique le déploiement de régiments Français s’opère dans la
région de Charleroi.
IV)
I
ère armée Allemande
Les
2e, 3e et 4e C.A. gagnent la Meuse. Les 2 C.A.R. sont en seconde
ligne sur la frontière Belge, à l’ouest d’Aix-la-Chapelle.
L’armée
commence à passer la Meuse à Visé.
IIe armée Allemande
Le
1e C.C. (von Richthofen) émerge du Grand-Duché et se porte vers la
Meuse entre Namur et Givet. Il atteint le fleuve à Anseremme et à
Houx. La 9e D.C. est arrivé dans la région de Hannut.
IIIe armée Allemande
Une
première tentative par la cavalerie de forcer le passage de Dinant
échoue. Le Q.G. de l’armée s’installe à Clervaux.
Ve armée Allemande
L’armée
se porte avec ses trois C.A. actifs sur la ligne de la Moselle.
Le
5e C.A. à Koenigsmacher.
Le 13e C.A. à Thionville.
Le 13e C.A. à Thionville.
Le
16e C.A. à Metz.
Le 5e C.A.R. à Niedaltrof et Bouzonville.
Le 6e C.A.R. à Hessdorf et Bettange.
Le 5e C.A.R. à Niedaltrof et Bouzonville.
Le 6e C.A.R. à Hessdorf et Bettange.
Le
Q.G. de l’armée se rend à Thionville.
La
3e D.C. Allemande remonte vers le Grand-Duché. Elle atteint la zone
d’Etalle où elle escarmouche contre la 4e D.C. à l’est d’Arlon.
VIe armée Allemande
Les
transports de concentration sont terminés.
Rupprecht
expédie des instructions détaillées organisant le repli progressif
de la VIe armée jusqu’au front Sarreguemines - Pfalzburg, sous la
protection d’arrière-gardes, en imposant aux Français des arrêts
successifs.
Le
1e C.A. Bavarois reçoit l’ordre de se replier sur Avricourt en cas
d’attaque. La ligne de repli de la VIe armée est Phalsbourg -
Bouzonville. La VIIe armée doit tenir la Bruche.
Les
3e et 2e C.A. Bavarois se trouvent vers Remilly et Morhange.
Le 21e C.A. est vers Dieuze
Le 1e C.A. est vers Sarreguemines.
Le 21e C.A. est vers Dieuze
Le 1e C.A. est vers Sarreguemines.
Dès
les premières heures du jour, les observateurs aériens annoncent le
mouvement de fortes colonnes Françaises vers le nord-est à hauteur
de la Meurthe moyenne.
A
10h30, le 1e C.A. Bavarois commence à se replier en menant des
combats d’arrière garde vers Blâmont et Cirey. Le soir, le 3e
C.C. se replie sur le canal de la Marne au Rhin, le 21e entre ce
canal et la Seille vers Dieuze. Les Français n’avancent pas devant
les 2e et 3e C.A. Bavarois au nord-ouest de Château-Salins.
VIIe armée Allemande
La
poursuite du détachement Français de Haute-Alsace s’arrête au
contact des défenses de Belfort. A ce moment, von Heeringen retire
les 14e et 15e C.A. pour les ramener à gauche de la VIe armée. Il
s’agit en effet de prendre de flanc les Français engagés vers
Sarrebourg. Ces C.A. sont remplacés par des détachements de la
Landwehr (détachement Gaede).
Le
14e C.A. commence ses transports de l’est de Mulhouse vers
Sarrebourg.
Le 15e marche de Colmar vers le nord.
Le 15e marche de Colmar vers le nord.
·Le
14e C.A.R. fait mouvement de Sélestat vers Molsheim.
14
août : chute des forts de Liers et de Fléron
Fort de Fléron :
A l'aube, le bombardement reprend, puis le fort est atteint par un obus de 380, tiré du plateau de Belle-Flamme. Le commandant du fort réunit les principaux gradés et tous estiment qu'il serait inutile de prolonger la résistance. A 10h15, après les ultimes destructions, le clairon sonne la reddition.
Fort de Liers :
Le commandement Allemand décide d'en finir avec le fort de Liers et les deux mortiers de 420 quittent le village de Mortier pour s'attaquer à ce fort. Les autres batteries sont installées près de Milmort, dans le fond de Rhées et sur les hauteurs de Cheratte.
Les 400 hommes de la garnison risquent d'être asphyxiés par les gaz et le fort ne dispose plus ni d'électricité ni d'eau. Le conseil de défense se résout à la reddition. Les officiers Belges, vu la belle résistance du fort, sont invités à conserver leur sabre.
Fort de Boncelles:
Le fort a été isolé des combats jusqu'au 14 août. Un bombardement violent s'abat sur lui dans le courant de la journée. Très vite, l'aération est compromise.
Fort de Loncin:
Les villages de Loncin et d'Alleur sont envahis par les Allemands. L'étau se resserre autour du fort.
Vers midi :
Un parlementaire Allemand s'approche, brandissant un drapeau blanc. Mais est blessé après 3 sommations.
Vers la fin de l'après-midi :
Les derniers observateurs du fort de Loncin annoncent au général Leman que le fort est encerclé. Vu l'absence d'observateurs, le fort va devoir tirer au hasard.
Vers 16h :
Le bombardement systématique du fort commence. Les artilleurs et fantassins doivent s'installer dans la galerie centrale.
Vers minuit :
Un soldat essaie de sortir du fort pour observer les assaillants, mais il est immédiatement refoulé : les Allemands ne sont pas loin du fort.
Fort de Fléron :
A l'aube, le bombardement reprend, puis le fort est atteint par un obus de 380, tiré du plateau de Belle-Flamme. Le commandant du fort réunit les principaux gradés et tous estiment qu'il serait inutile de prolonger la résistance. A 10h15, après les ultimes destructions, le clairon sonne la reddition.
Fort de Liers :
Le commandement Allemand décide d'en finir avec le fort de Liers et les deux mortiers de 420 quittent le village de Mortier pour s'attaquer à ce fort. Les autres batteries sont installées près de Milmort, dans le fond de Rhées et sur les hauteurs de Cheratte.
Les 400 hommes de la garnison risquent d'être asphyxiés par les gaz et le fort ne dispose plus ni d'électricité ni d'eau. Le conseil de défense se résout à la reddition. Les officiers Belges, vu la belle résistance du fort, sont invités à conserver leur sabre.
Fort de Boncelles:
Le fort a été isolé des combats jusqu'au 14 août. Un bombardement violent s'abat sur lui dans le courant de la journée. Très vite, l'aération est compromise.
Fort de Loncin:
Les villages de Loncin et d'Alleur sont envahis par les Allemands. L'étau se resserre autour du fort.
Vers midi :
Un parlementaire Allemand s'approche, brandissant un drapeau blanc. Mais est blessé après 3 sommations.
Vers la fin de l'après-midi :
Les derniers observateurs du fort de Loncin annoncent au général Leman que le fort est encerclé. Vu l'absence d'observateurs, le fort va devoir tirer au hasard.
Vers 16h :
Le bombardement systématique du fort commence. Les artilleurs et fantassins doivent s'installer dans la galerie centrale.
Vers minuit :
Un soldat essaie de sortir du fort pour observer les assaillants, mais il est immédiatement refoulé : les Allemands ne sont pas loin du fort.
V)
Vendredi
14 août 1914
Réchicourt, ma première bataille.
CHAR FRANÇAIS PANHARD 24 CV |
A
2 heures du matin, le clairon sonne le réveil. En deux tours de
mains, les sacs sont montés, pendant que des camarades allument le
feu pour faire chauffer le jus (café).
Nous
avons touché des vivres pour la journée, rapidement on casse un peu
la croûte. Une heure après, le régiment se rassemble et nous
sortons du village de Buissoncourt. Cette fois nous allons à la
rencontre de l'ennemi que nous devons aborder pour tout de bon.
Nous
suivons d'abord un chemin dont les arbres qui le bordent ont été
abattus par le génie, afin d'enlever ce qui pourrait servir de point
de repère pour l'ennemi. Au lever du jour, nous nous arrêtons dans
une vaste plaine près de Serre à l'abri d'une forêt. Il y a déjà
des troupes qui attendent, sac à terre, puis d'autres arrivent
encore. Il y en a de toutes armes, infanterie, artillerie, cavalerie.
Quelques uns de nos avions surveillent le ciel. Cette masse d'hommes
offre un aspect réellement impressionnant.
Les
officiers sont appelés devant le Colonel qui va dicter ses ordres
comme pour une manœuvre importante, pendant que des petits postes
sont placés en avant du bois, « Je fais partie de ceux-ci ».
Abrités
par des petits arbustes, devant nous le soleil éclaire d'immenses
vallées et plateaux que nous fouillons du regard. Rien qui indique
la présence de l'ennemi. Certainement nous en sommes encore
éloignés. Puis la cavalerie doit faire des patrouilles devant nous,
nous serons donc avertis à temps... Il faut être sur ses gardes !
Enfin
les ordres sont donnés car voici la tête du régiment, nous
reprenons place dans nos sections. Nous marchons en silence, les
sections étant espacées en largeur et en profondeur.
Profitant
de tous les couverts, nous descendons les pentes, suivons les
défilés, puis nous gravissons encore un plateau. A ce moment, la 9e
compagnie doit prendre une mauvaise direction, car voilà le
commandant Salles qui passe au galop avec son cheval et fait de
grands gestes.
Plus
nous avançons, plus nous sentons que l'heure grave approche. Mais on
ne voit rien, on n'entend rien, le soleil nous accable de plus en
plus...
Nous
arrivons au sommet du plateau pendant que des sections vont déjà
descendre l'autre versant, devancées par quelques patrouilles.
Tout
à coup ! Des coups de feu et bientôt une fusillade plus
intense... Je crois que ce sont les Allemands qui se préparent à
nous recevoir. Nous ne tardons pas a être vu nous aussi et voilà
que les balles, les premières balles, nous sifflent aux oreilles. On
dirait un bourdonnement d'abeilles, mais un peu plus aigu. Cela
n'arrête en rien notre marche et nous découvrons tout à coup,
Réchicourt, petit village Français bordant la frontière.
Les
Allemands y sont installés et nous tirent de partout, derrière les
murs des jardins, et des fenêtres des habitations.
Il
faut alors modifier notre marche et avancer par bonds, en cherchant à
envelopper le village. En courant, nous descendons la côte couverte
de blés mûrs, puis l'on se couche pour envoyer quelques paquets de
balles sur le village et l'on repart de nouveau. Nous atteignons
alors les abords du pays, mais les coups de feu diminuent. Les
premières maisons sont contournées, puis plus rien, l'ennemi paraît
s'être retiré...
Rapidement
on fouille les maisons et les rues qui sont barricadées à chaque
extrémité, par des voitures, des charrues, des fils de fer
entrelacés. Les habitants sortent enfin, petit à petit de
l'intérieur de leur logement ou de leur cave où ils ne sont encore
qu'à moitié rassurés, car les Allemands leur ont fait des misères
en enlevant une grande partie du bétail et menaçant le propriétaire
qui fait la moindre résistance.
Il
ne faut pas perdre de temps mais poursuivre l'ennemi que l'on voit à
quelques centaines de mètres fuyant rapidement dans la direction
d'un bois.
Nous
mourons de soif... vivement je décroche le seau accroché à mon sac
et bondis dans une maison, pendant que je pompe, une pauvre femme me
raconte que les Allemands lui ont enlevé ses moutons et sa vache. Je
lui dis qu'on le leur fera payer et surtout qu'ils ne reviendront
plus, puis je rejoins en courant mes camarades qui sont heureux de
pouvoir se mettre un peu d'eau sur les lèvres.
Pendant
ce court combat qui a duré une demi-heure, nous avons eu quelques
blessés, je ne sais pas ce que l'ennemi a récolté, mais nous en
avons touchés, car nous avons vu plusieurs taches de sang dans
l'herbe, ce qui a excité bien plus notre rage.
Il
ne faut pas marcher jusqu'à la lisière du bois... nous venions de
voir y entrer les fuyards. Combien sont-ils cachés sous les arbres ?
Nous
arrivons au sommet du plateau, nous faisons halte, donnant le temps
aux troupes qui sont en réserve d'approcher jusqu'à nous. Ma
section est toujours en tête, un camarade est envoyé un peu en
avant pour surveiller un peu le terrain et éviter toute surprise.
Il
va être midi, notre première rencontre n'a pas mal marché, les
avant-gardes ennemies ont été repoussées, nous venons de passer la
frontière et nous foulons à présent du terrain qui a été ravi à
la France depuis 44 ans... Bref nous sommes contents de nous.
Tout
à coup ! un sifflement ! quelque chose que nous n'avions
jamais entendu... puis un bruit terrible... une explosion en même
temps qu'une épaisse fumée noire s'élève... un obus vient
d'éclater à 100 mètres de nous.
Le
premier obus, un 210 je crois, et qui est bien pour nous. Nous sommes
repérés murmure-t-on de tous côtés. « Vite, en carapace »
commande le lieutenant, c'est la position que l'infanterie prend
quand elle est sous le feu de l'artillerie. Chacun se met à genoux,
jambes écartées, sac sur le dos, et tête enfilée sous le corps
qui est devant lui. Serrés les uns contre les autres, les sacs se
trouvent ainsi rapprochés et mettent à l'abri les parties
essentielles, mais cela ne peut préserver que des obus fusants.
Ce
n'est pas fini, à peine avons-nous obéi au lieutenant que d'autres
obus arrivent, et cette fois c'est par 4 qu'ils éclatent... Et plus
le temps passe, plus ce feu terrible est nourri, les artilleurs
Allemands nous arrosent copieusement.
Ces
coups tombent à gauche, à droite, en avant, en arrière, sans
discontinuer, les éclats sifflent près de nous ou viennent frapper
sur nos sacs.
Cette
fois, c'est la guerre dans toute sa terreur, chacun voit sa dernière
heure sonnée, d'une seconde à l'autre, nous allons être réduits
en bouillie par ces engins terribles contre lesquels l'homme ne peut
lutter... Là où nous sommes, nous servons de cibles superbes, la
plaine partout, sans pouvoir nous abriter... Sous ce feu d'enfer, il
ne faut pas penser à se déplacer, nous devons rester là et
attendre. Les minutes paraissent longues, les heures semblent des
siècles.
Nous
n'avons pu demeurer longtemps en carapace sous ce soleil de plomb, la
tête recouverte par les jambes et la capote du camarade, nous
étouffons, puis qu'est-ce qu'un sac peut faire devant ces obus,
c'est une fatigue inutile. Pourtant personne n'ose se plaindre, de
peur de décourager les camarades, qui pensent la même chose. Moi
comme les autres.
Notre
brave commandant n'a pas l'air de s'émotionner, il va et vient au
milieu des obus, tranquillement, rarement il se baisse si un obus
passe près, cela nous remonte un peu de voir un tel homme... Il
tente d'éclaircir la situation où l'ennemi a l'air d'avoir le
dessus.
Les
Allemands, dans leur fuite, nous ont attiré sur ce terrain bien
connu d'eux et nous ont reçu avec leur puissante artillerie.
Nos
75 sont trop petits pour répondre à leurs grosses pièces, il ne
faut rien attendre d'eux.
AMBULANCE DE CAMPAGNE |
Vers
5 heures du soir, voilà que sur notre droite, des régiments
émergent de la crête, ils avancent par sections et prennent la
direction du bois où les Allemands se sont retranchés... Ce sont
des régiments du 15ème Corps. Bientôt, ils sont reçus à leur
tour par l'artillerie ennemie, et comme nous, les obus viennent
faucher leurs rangs sans pitié... Cela ne les arrêtent pas, ils
avancent par bonds, se couchant lorsque arrive une rafale, pour
repartir ensuite... À certains moments ils disparaissent dans la
fumée, nous les croyons perdus... Ils arrivent enfin à se grouper
dans un repli de terrain en avant du bois où ils vont se reformer.
Pendant
ce temps, l'ennemi a ralenti un peu son feu sur nous, nous arrosant
seulement par rafales pour nous maintenir sur place. Nous ne pouvons
rien pour améliorer le sort de nos voisins de droite...
Vers
7 heures du soir, une vive fusillade se déclenche tout à coup, cela
nous fait frémir... Les régiments qui passaient la crête tout à
l'heure, viennent de s'élancer dans le bois où les Allemands
blottis dans des tranchées, les reçoivent à bout portant... il a
dû se passer des choses terribles et je crois que la prise de ce
terrain a coûté cher aux nôtres.
Puis
petit à petit, les coups de feu diminuent, le silence se fait, car
la nuit est arrivée. On s'organise aussitôt pour éviter toute
surprise de l'ennemi, car après une pareille journée, ce calme nous
inquiète à présent.
On
entend alors le cri des blessés qui, se voyant seuls dans la nuit
ont peur de ne pas être découverts par les brancardiers... Rien de
plus lugubre que les plaintes de ces malheureux, dont quelques uns
vont succomber à leur blessure, faute de soins immédiats. Mais on
ne peut cependant les enlever tous à la fois, le service de santé,
peu nombreux, à fort à faire.
Puis
nous entendons la voix grave du commandant qui se fait entendre, il
parle à notre capitaine au sujet du ravitaillement qui ne nous
arrivera certainement pas ce soir et pourtant nous aurions besoin de
boire et de manger.
Il
est décidé qu'une forte corvée, bien armée, ira explorer
Bezange-la- Petite, petit village Allemand à un kilomètre de nous.
L'ennemi a dû l'évacuer dans la soirée, ainsi que quelques-uns de
ses habitants, mais les Français n'y ont pas encore pénétré...
Sans faire de violence, ces hommes devront rapporter les victuailles
nécessaires à la compagnie. Les volontaires ne manquent pas et les
voilà partis sous le commandement d'un sergent. J'aurais volontiers
fait partie de cette mission, mais je suis commandé pour être
sentinelle...
Une
heure se passe et voici nos compagnons qui réapparaissent, les bras
chargés de pots de beurre, des oies et quelques canards, plusieurs
seaux d'eau et deux ou trois bidons de vin. Déjà nous nous
réjouissons de cette aubaine et les souffrances de la journée sont
oubliées, ce n'est pas trop mal la guerre si nous en avons autant
chaque soir, et à bon compte.
Nous
recevons chacun un quart d'eau que nous absorbons avidement, cela
nous fait du bien.
Étienne,
un fameux loustic, qui a fait partie des bataillons d'Afrique, et qui
revient avec ces provisions de Bezange nous raconte comment çà
s'est passé...
D'abord
ils n'ont rencontré personne dans le pays, les habitants se sont
enfermés chez eux. Des troupeaux d'oies errent dans les rues, un
bâton ou un fusil lancé dans le tas et voilà de quoi faire un rôti
pour l'escouade, d'autres copains se hasardent dans une maison qui
paraît abandonnée depuis notre approche et en sortent également
avec des musettes remplies de choses intéressantes.
Tout
se serait bien passé si une patrouille de uhlans n'était pas passée
par là, quelques coups de feu ont été échangés, et la petite
troupe, ne voulant pas être harcelée davantage regagne nos lignes
au plus vite.
Mais
nous voulons nous régaler le plus tôt possible, car l'estomac
commence à nous tirailler. Pendant que quelques uns allument le feu,
les autres se mettent en devoir de plumer les volailles. Bientôt la
viande rôtit sur la flamme et installés autour, nous attendons que
ce soit à point.
Mais
il y a à peu près 10 minutes que les feux sont allumés que l'on
entend crier « aux armes ». C'est la sentinelle qui m'a remplacé
qui vient d'apercevoir quelque chose de louche se glisser dans
l'ombre. Puis quelques coups de fusil.
«
Alerte ! », « tout le monde sac au dos » fait passer le capitaine,
et voilà qu'au lieu de se remplir le ventre, il faut envoyer un coup
de pied dans les plats, éteindre rapidement les feux et partir en
avant, la baïonnette au bout du fusil. Nous nous portons rapidement
sur la ligne des sentinelles, mais on ne voit plus rien. Une
patrouille fouille aussitôt le terrain en avant sans plus de
résultat. Sans doute un petit groupe ennemi était venu pour nous
surprendre, et est reparti ne se sentant pas en force.
Mais
il peut en revenir un plus grand nombre et toute la nuit, nous
demeurons sur place, l'œil fixé en avant et l'arme prête à faire
feu, pendant que chacun à notre tour, nous creusons un petit élément
de tranchée... Puis le brouillard obscurcit complètement l'horizon
en même temps que la fatigue nous envahit de plus en plus et nous
avons de grandes peines à nous tenir éveillé... C'est ainsi que
nous passons la nuit, sans dormir et le ventre creux.
Le
14 août 1914, les troupes Françaises lancent une vaste offensive en
Lorraine et dans les Vosges ce qui permet à la 1re armée commandée
par le général Dubail de prendre position au col de la Saale et à
celui du Donon. Le 1er bataillon de chasseurs à pied s’empare du
premier drapeau Allemand pris par les Français, celui du 132e de
réserve.
Le chef de bataillon Driant, un Auxonais député de Meurthe-et-Moselle prend le commandement du groupe de chasseurs comprenant les 56e et 59e BCP de Verdun.
Le chef de bataillon Driant, un Auxonais député de Meurthe-et-Moselle prend le commandement du groupe de chasseurs comprenant les 56e et 59e BCP de Verdun.
Le
matin, marche. Au retour, 50 hommes réclamés pour former la section
de départ, on demande des volontaires. Un homme débrouillard
m’ayant volé cette gamelle que Sitzmann m’avait procurée, je
tombe dans la mélancolie, enfin sorti au feu de midi pour mettre mes
cartes à la poste, ayant lu les exploits magnifiques (anciennement
magnifiques) du lieutenant Bruyant et du brigadier Escoffier, je m’y
décide.
Mais trop tard c’est le matin qu’il fallait s’inscrire. J’ai l’âme des grandes actions, mais je n’en ai pas le corps. Pas la voix, pas la prestance, pas le bagout. Toute ma grandeur, supposé qu’il y ait grandeur, est ainsi toute intérieure.
Lettre de S. (1), la première ! qu’elle est douce ! et cette prière admirable : « Seigneur, protégez ceux qui combattent pour la justice ! » ranime ma tristesse de ne pas avoir saisi l’occasion de me joindre à ces 8 volontaires. Mélancolie, mélancolie… Sommeil sur la paille écrasée. Vers deux heures un orage magnifique, les éclairs illuminant en rose nos 12 fenêtres, le tonnerre roulant ses chars, toute cette salle immense et couverte d’hommes agonisant dans le sommeil pliant comme une planche…
Mais trop tard c’est le matin qu’il fallait s’inscrire. J’ai l’âme des grandes actions, mais je n’en ai pas le corps. Pas la voix, pas la prestance, pas le bagout. Toute ma grandeur, supposé qu’il y ait grandeur, est ainsi toute intérieure.
Lettre de S. (1), la première ! qu’elle est douce ! et cette prière admirable : « Seigneur, protégez ceux qui combattent pour la justice ! » ranime ma tristesse de ne pas avoir saisi l’occasion de me joindre à ces 8 volontaires. Mélancolie, mélancolie… Sommeil sur la paille écrasée. Vers deux heures un orage magnifique, les éclairs illuminant en rose nos 12 fenêtres, le tonnerre roulant ses chars, toute cette salle immense et couverte d’hommes agonisant dans le sommeil pliant comme une planche…
VI)
Nord et Pas-de-Calais
Arrêté
ministériel rattachant le Pas-de-Calais et les arrondissements de
Lille, Hazebrouck et Dunkerque à la zone des armées du Nord-Est,
telle qu’elle a été définie par l’arrêté du 2 août
(ensemble des subdivisions militaires longeant la frontière, du Nord
au Territoire-de-Belfort).
Boulogne-sur-Mer
Débarquement
du général John French (destroyer Sentinel), accueilli par le comte
Daru, gouverneur militaire de la place, et le colonel Victor-Jacques
Huguet, chef de la mission militaire Française à Londres,
déplacement à Paris, puis à Vitry-le-François, auprès du grand
quartier général Français.
PONT FLOTTANT |
VII)
Autriche-Hongrie
Succès
Russes en Galicie.
Nous
reprenons la suite du compte-rendu des principales phases militaires
de la Première Guerre mondiale par l’exploration des combats qui
se sont déroulés en Europe de l’Est, de même que dans les
Balkans, au Moyen-Orient, sans oublier les opérations menées en
Afrique et dans le Pacifique.
L’immensité
du territoire d’Europe de l’Est, et particulièrement celui de la
Russie, fait ressortir une première différence avec la situation à
l’Ouest. Il s’agit du ratio « soldat-espace » qui est
plus faible en Russie, ce qui signifie que les combattants disposent
d’un plus vaste espace de manœuvre, mais cela a comme principal
désavantage que les lignes de ravitaillement sont beaucoup plus
étirées. Par exemple, lorsqu’une percée du front est achevée,
les difficultés inhérentes au redéploiement de l’artillerie
signifient que l’armée victorieuse peut difficilement exploiter
ses succès.
D’autre
part, en plus de la présence des forces Allemandes sur le terrain,
le front de l’Est implique d’autres nations, dont la Russie et
les différents peuples composant son empire, de même que ceux de
l’un de ses adversaires, l’Autriche-Hongrie. Notons aussi que la
Russie et l’Autriche-Hongrie, en particulier, ne sont pas préparées
à subir et gérer les difficultés de toutes sortes associées à la
guerre moderne.
Dans
le cas de l’Autriche-Hongrie, celle-ci eut à livrer une lutte sur
3 fronts. D’abord, la guerre débute en Serbie pour l’empire des
Habsbourg, où la résistance Serbe préoccupe le haut commandement
Autrichien. Ensuite, il faut consacrer d’importantes ressources au
front Russe, une zone qui préoccupe particulièrement les Allemands,
mais nullement les nations Slave et Ruthène de l’Empire
Austro-Hongrois. Enfin, le front Italien, où l’Autriche-Hongrie
doit y dépêcher des contingents, malgré que l’Italie fasse
partie de la même alliance avant les hostilités.
SOLDAT RUSSE |
Pour
cette armée Austro-Hongroise polyglotte, et quelque peu en retard
quant à la modernisation de ses équipements et de son
administration, cette guerre sur 3 fronts serait possible à gérer
tant et aussi longtemps qu’elle recevra l’assistance de
l’Allemagne. Fort heureusement pour les Puissances Centrales, la
Russie place ses espoirs dans la soi-disant puissance de la cavalerie
pour l’offensive, puis dans la consolidation d’un réseau de
fortifications aux fins défensives. Le problème est que, tant pour
la cavalerie que pour la fortification, les événements de 1914
démontrent hors de tout doute que face à un armement moderne, le
cheval peut être stoppé net et le fort être méthodiquement
détruit.
Dans
un Manifeste aux Polonais, le grand duc Nicolas promet la
restauration et la réunification de la Pologne sous le règne du
tsar : « La Pologne renaîtra libre dans sa religion, dans sa
langue, et dans son autonomie ». La Ve armée Austro-Hongroise
entrée en Serbie est bloquée dans le massif du Tser.
Du Samedi 8 août au Vendredi 14 août 1914 - Page 3
www.grandcouronne.net/secteur-leomont/112-le-79-eme-ri.html?start=2
Jeudi
13 août
1914.
Par une chaleur terrible, nous allons à Cercueil Buissoncourt, après
une marche pénible. Nous sommes à une quinzaine de kilomètres
de ...
14 août 1914 : un premier drapeau allemand conquis
lhistoireenrafale.blogs.lunion.presse.fr/.../14/14-aout-1914-un-premier-d...
Il
y a 13 heures - Le 14
août 1914,
les troupes françaises lancent une vaste offensive en Lorraine et
dans les Vosges ce qui permet à la 1re armée commandée ...
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