23
Août 1914
Journée du 23 août
I)
Le
3e corps a été trop durement éprouvé le 22 août pour qu'il
puisse songer à reprendre l'offensive. Son chef veut seulement «
durer » jusqu'au lendemain, pour permettre aux autres corps de
développer leurs opérations.
A
droite, à la 5e division, la 10e brigade (36e et 129e
régiments d'infanterie) organisent défensivement le village de
Florennes, où nous devons tenir coûte que coûte. De son côté, le
39e régiment d'infanterie (5e brigade) organise la défense de
Thy-le-Bauduin. Depuis la veille, le 4e tirailleurs, détaché de
la38e division, tient des positions entre Hanzinne et Hanzinelle et
sur la cote 271. Les autres éléments disponibles de la 5e division
sont placés sous les ordres du commandant de la 38e D.I., qui leur
demande d'empêcher que sa droite ne soit débordée.
A
gauche de la 5e division, la 38e a déployé la 76e brigade sur le
front Limsoury-Tarsienne. La 75e brigade, trop éprouvée, se
reconstitue à Yves-Gomezée.
L'artillerie
Allemande se montre particulièrement active dans ce secteur, mais
l'attaque prévue se déclenche sur le front de la 6e division.
Le
général Bloch doit assurer, en effet, avec une seule brigade, la
défense de 5 kilomètres de terrain, entre Claquedent et Praile, ses
autres troupes restant à la disposition du 18e corps d'Armée. Notre
réaction est d'abord heureuse. Un bataillon du 5e régiment
d'infanterie et un bataillon du 8e tirailleurs arrêtent l'ennemi qui
débouche du bois de Praile. Mais l'adversaire multiplie ses
tentatives.
Le
119e régiment d'infanterie est violemment pris à partie à la
lisière des bois de Braconval, le 239e est jeté en hâte vers
Limsoury pour renforcer notre première ligne. Le général Bloch
réclame l'appui de toute l'artillerie disponible : il n'a plus de
réserves pour alimenter la défense.
Sous
les coups répétés de l'ennemi, qui jette dans la lutte renforts
sur renforts, la droite du 5e régiment d'infanterie fléchit, en
même temps que la gauche du 119e régiment d'infanterie. Alors toute
la 6e division cède, découvrant l'artillerie, massée sur le
plateau. De son côté, la 38e division, très menacée, évacue
Somzée par échelons, et se replie sur Chastres et Fraire.
La
situation est, soudain, des plus critiques. Nous ne pouvions plus
tenir sur la ligne Limsoury Berzée-Chastres. Il devient difficile de
limiter le recul. La nuit tombe, grosse de menaces...
La
75e brigade s'établit en hâte au nord d'Yves Gomezée, et le 74e
régiment d'infanterie se déploie sur les crêtes au sud de Vogenée.
La
5e division, à droite, s'est maintenue sur ses positions de combat,
l'infanterie Allemande ne l'ayant pas abordée. Mais la 6e division
bat en retraite jusqu'à Walcourt, et même au delà. L'état-major
du 3e corps se replie sur Silenrieux.
L'ennemi,
ne harcèle pas la retraite, car sur la gauche le 18e corps a
résisté à toutes les attaques, et son commandant a un instant
espéré pouvoir déboucher par Thuin au nord de la Sambre, pour
retrouver la droite Anglaise.
Sur
le front du 18e corps, les assauts Allemands se sont presque tous
brisés, avec des pertes sévères. Le 18e régiment d'infanterie à
Marbaix, et le 49e à Gozée, se couvrent de gloire. Mais des
renforts ennemis accourent sans cesse. A l'ouest, la 11e brigade perd
les ponts de Lobbes et de Fontaine-Valmont. Les fantassins Allemands
arrivent aux abords de Biercée.
Le
144e régiment d'infanterie et un bataillon du 31e contre-attaquent
avec violence... l'adversaire recule.
Une
autre contre-attaque du 57e arrête la progression Allemande dans le
bois Janot.
Le
recul de la 6e division entraîne le repli du 18e corps, en direction
de Fontaine-Valmont. L'ennemi a subi des pertes telles qu'il ne songe
pas à nous inquiéter.
Les
ordres de l'Armée ont prévu que le corps de cavalerie agirait sur
la rive gauche de la Sambre, en liaison avec le 18e corps. Mais le
général Sordet a fait savoir que l'état de fatigue de ses troupes
ne lui permet pas de livrer bataille, il s'est retiré, sans plus
attendre, vers Bersilies l'Abbaye.
Vers
midi, le général Sordet reçoit l'ordre de se porter en hâte à la
gauche de l'Armée Anglaise, pour parer à la menace d'enveloppement,
qui se précise de plus en plus. Le corps de cavalerie prend donc, le
soir, le chemin de Maubeuge, et, s'arrête dans la nuit à Beaufort,
après avoir parcouru 35 kilomètres. De son côté, le général
Valabrégue doit appuyer le 8e corps.
Les
69e et 53e divisions de réserve, mises en route trop tard, ne sont
pas engagées.
Par
contre, l'Armée Anglaise, arrivée le matin même à Binche et à
Peissant, combat depuis midi avec acharnement.
Son
2e corps (général Douglas Haigh) s'est énergiquement défendu à
Mons la victoire paraît même acquise.
Le
maréchal French ne se croit attaqué que par deux corps Allemands.
Un
message du général Joffre lui apprend, à 17 heures, que 4 corps
ennemis menacent d'enveloppement les troupes Britanniques. La
retraite est décidée sur le champ.
Plus
au nord, la 82e division territoriale s'est repliée d'Antoing et de
Tournai sur Cysoing. Des cavaliers Allemands patrouillent aux portes
de Lille.
L'ensemble
de la journée n'a pas donné ce que le commandant de la 5e Armée
semble en droit d'en attendre.
Le
10e corps a résisté sur ses positions, et ses pertes, qui s’élèvent
encore à prés de 2 000 hommes pour la 37e division, n'atteignent
cependant pas le quart des pertes de la veille. La situation du 3e
corps devient inquiétante, et le 18e C.A., si brillante qu'en été
la défensive, se trouve hors d'état de repartir en avant.
D'autre
part, les Allemands jettent de nouvelles forces en ligne, et ni les
Anglais, ni les divisions territoriales ne peuvent suffire à arrêter
la manœuvre de débordement. Le danger devient imminent sur la
droite, où l'action du 1e corps a été paralysée.
Au
lieu de la 4e Armée Française, que le général Lanrezac s’attend
toujours à voir déboucher au-delà de la Lesse, c'est une nouvelle
Armée Allemande qui s'apprête à franchir la Meuse et à nous
couper la retraite. Le général Mangin, dans la soirée, a bien
repris Onhaye, mais toutes nos défenses sur la rivière sont
tombées. La garnison de Namur bat en retraite, et les 3e et 4e
Armées Françaises, battues elles-mêmes, rétrogradent.
Une
angoisse tragique pèse sur nos troupes harassées. Le général
Lanrezac ne peut que se retirer à son tour. Il lance l'ordre de
repli sur la ligne Givet-Philippeville-Merbes-le-Château...
La
IVe armée du général de Langle de Cary se replie sur la Meuse,
laissant les accès entre Givet et Mézières.
Le
général Ruffey donne le même ordre à la IIIe armée. Les Français
sont également tenus en échec dans le tentative de reprise de
contrôle du bassin de Briey en Lorraine. Partout en Belgique, les
troupes de l’Entente sont en retraite alors que les Allemands de la
12e armée commettent des crimes de guerre à Dinant. Au total ce
sont 5 500 civils Belges qui sont tués en quelques jours et les abus
et représailles se multiplient.
De
son côté, le général von Gallwitz s’empare de Namur. Pendant ce
temps à Mons, les Britanniques affrontent la 1 ère armée Allemande
alors que la IIIe armée Allemande force le passage de la Meuse et
établit une tête de pont sur la rive gauche.
II)
L'empire
du Japon entre dans la guerre par pur opportunisme, en vue de
s'emparer des possessions Allemandes d'Extrême-Orient. A Tokyo,
comme le Mikado n’a pas reçu de réponse à l’ultimatum que le
Japon a adressé à l’Allemagne, il décide de déclarer la guerre
à Berlin.
Allié
du Royaume-Uni, l'empire du Japon entre dans le conflit dans un
premier temps, le Japon est chargé d'occuper les colonies Allemandes
du Pacifique, principalement des îles, et les concessions Allemandes
de Chine. L'empire Japonais profite d'ailleurs de la guerre pour
renforcer ses positions en Asie. Japonaise.
III)
En
revanche, en Prusse orientale, les Russes avancent encore et tirent
profit de leur succès remporté à Frankenau. Les Allemands évacuent
toujours le 23 août 1914, Insterburg.
IV)
Le
gouvernement Allemand demande une deuxième fois une neutralisation
des colonies d’Afrique et utilise le même chemin diplomatique,
celui des États-Unis pour obtenir gain de cause.
V)
Sur
le front Belge
Ainsi
le
fort de Marchovelette
est atteint le 23 à 13 h 40 par un obus de 420 qui, explosant dans
la galerie centrale, tue, brûle ou blesse les 2/3 de la garnison et
met hors de combat son valeureux commandant, le capitaine
Duchateau... L’incendie gagne les magasins à munitions, qui
explosent. L’ennemi pénètre dans l’ouvrage à 14h mais doit
encore subir, au moment où il franchit les fossés latéraux, le feu
des derniers défenseurs. Le fort Namurois, comme celui de Loncin à
Liège et la redoute de Dorpveld à Anvers, est détruit par
l’ennemi sans se rendre. Les annales du siège de Namur rendent
hommage au fort de Marchovelette. La destruction par l'artillerie du fort de Maizeret, qui protége la Meuse et la route de Liège.
Ce fort était appelé fort du « Diable » à cause des rochers escarpés qui le rendaient inaccessible ...
La
majeure partie de la 4e division Belge réussit à sortir de l’étau
Namurois par Bioul, Couvin, Rocroi où elle passe la frontière
Française.
Après quelque repos, elle est rapatriée par mer en Belgique et participera à la seconde sortie d’Anvers (fin septembre au 7 octobre 1914).
La ville de Namur connaît 77 victimes civiles, tuées par bombardements ou exécutions ainsi que l’incendie volontaire de la Grand’Place, de la rue Saint-Nicolas, en tout une centaine de maisons et les ponts. ....
Après quelque repos, elle est rapatriée par mer en Belgique et participera à la seconde sortie d’Anvers (fin septembre au 7 octobre 1914).
La ville de Namur connaît 77 victimes civiles, tuées par bombardements ou exécutions ainsi que l’incendie volontaire de la Grand’Place, de la rue Saint-Nicolas, en tout une centaine de maisons et les ponts. ....
VI)
Le
front d'Alsace :
Les
212e, 268e, 290e des divisions de réserve, ainsi que le 43e
Colonial, ont pour mission de défendre Dombasle, au niveau du
Rambétant.
Le
Colonel commandant le 290e RI dispose de 6 compagnies de son
régiment, 2 sections de mitrailleuses, 2 batteries de 75 et du 43e
RIC pour mener à bien sa mission.
Une
compagnie se positionne dans les fermes de Saint-Louis et de Trémolo,
pendant que 3 autres s'installent dans les tranchées avec une
section de mitrailleuses. Deux compagnies sont placées en réserve
dans une position abritée.
A
8h00, l'artillerie lourde allemande ouvre le feu sur le Rambétant.
Cette attaque semble venir du Nord-Est, entre Maixe et Drouville. Son
tir est renforcé par celui de l'artillerie de campagne en position à
l'Ouest du Bois de Crévic.
Les
deux batteries de 75 appuyées par l'artillerie lourde de la rive
gauche de la Meurthe répondent vigoureusement. Les troupes bien
abritées dans leurs tranchées, souffrent peu du tir de préparation
ennemi.
Vers
9h30, l'artillerie Allemande cesse de tirer. Presque aussitôt
l'infanterie, composée d'environ 2 ou 3 bataillons, débouche de
Sommerviller et de ses hauteurs au nord.
Un
feu violent de mousqueterie s'abat alors sur le Rambétant. Des
fractions masquées par les vergers se glissent par la vallée du
Sânon vers Dombasle et Varangéville.
Le
risque d'un mouvement débordant capable de contourner l'aile droite
du dispositif français s'esquisse. Cependant, cette offensive est
arrêtée par le 290e RI posté dans les tranchées.
Les
batteries, en position sur le haut du Rambétant, n'ont pas de vues
sur le fond de la vallée et décident donc de se retirer
successivement.
Vers
15h00, le 5e bataillon du 212e RI reçoit l'ordre de se porter
sur Dombasle et d'en chasser l'ennemi. La 20e compagnie du Capitaine
Brau reprend Dombasle au pas de charge.
Vers
15h30, le Colonel ordonne à deux compagnies de sa réserve (une du
290e et une du 43e RIC) de lancer une contre-attaque.
Les
deux compagnies se jettent dans le flanc des Allemands déjà
attaqués de front par le 212e. Ils sont refoulés dans la partie Est
de Dombasle où s'engage un violent combat de rues.
Vers
16h30, les Allemands se retirent en désordre, fusillés dans leur
retraite par l'infanterie et les mitrailleuses. C'est à ce moment
qu'ils subissent les plus lourdes pertes.
Les
pertes du 290e sont de 13 tués dont un capitaine et 50 blessés. La
compagnie Brau perd 3 tués et compte 21 blessés.
Les
Allemands perdront entre 5 et 600 hommes environ pendant cette
attaque. Ils laisseront une vingtaine de prisonniers non blessés,
dont un officier, entre les mains du 290e Régiment d'Infanterie. La
compagnie Brau ramènera 25 prisonniers dont un lieutenant.
Aux
abords de Dombasle, de Varangéville et de Sommerviller, on enterre
130 morts. Une quarantaine de blessés, que les Allemands n'ont pas
pu emmener lors de leur repli, seront recueillis.
On
opère en deux colonnes, de Moyen par Mattexey sur Damas-aux-Bois
(15e division) et de Domptail par Deinvillers sur Ortoncourt (16e
division).Dans l'après-midi :
Le 8e C.A. s'arrête, face au nord sur le front Fauconcourt - Haillainville - Damas-aux-Bois.
A droite, le 13e C.A. est à Roville-aux-Chênes et Baccarat, le 21e à Neuf-Maisons et Celles, le 14e à Bourg-Bruche et au col de Sainte-Marie, repris le 22.
A gauche, la 6e D.C. s'est repliée vers Mattexey, en liaison avec le 2e C.C., qui la relie à la IIe armée.
Le 8e C.A. est revenu à peu près à ses positions en début de campagne.
Le kronprinz de Bavière donne l'ordre au 2e C.A de franchir la Meurthe entre Blainville et Lunéville pour marcher sur Essey-la-Côte, la 21e C.A, devant marcher sur Rambervillers par les deux rives de la Mortagne, le 1e C.A. Bavarois doit passer la Meurthe entre Baccarat et Flin pour pousser sur Fontenoy-la-Joute (est de Domptail).
Les 14e et 15e C.A. (VIIe armée) doivent prendre comme objectif la Meurthe supérieure, de Saint-Dié à Baccarat pour accrocher l'aile droite Française.
Conclusion:
Le 23 août marque la fin de la retraite des I ère et IIe armées, après les échecs subis à Morhange et Sarrebourg. L'objectif de Joffre était de reconquérir l'Alsace et la Lorraine, conformément aux désirs de l'opinion publique Française. Malheureusement pour lui, les Allemands avaient, dans un premier temps, présenté un simulacre de résistance pour attirer ses troupes contre des positions naturelles avantageuses et fortifiées.
Après leur retraite, les troupes Françaises vont s'accrocher à leurs positions, fixant le front dans ce secteur pour le reste de la guerre...
Le 23 août marque la fin de la retraite des I ère et IIe armées, après les échecs subis à Morhange et Sarrebourg. L'objectif de Joffre était de reconquérir l'Alsace et la Lorraine, conformément aux désirs de l'opinion publique Française. Malheureusement pour lui, les Allemands avaient, dans un premier temps, présenté un simulacre de résistance pour attirer ses troupes contre des positions naturelles avantageuses et fortifiées.
Après leur retraite, les troupes Françaises vont s'accrocher à leurs positions, fixant le front dans ce secteur pour le reste de la guerre...
VII)
Léon
Gillet, rescapé du mur Tschoffen (Dinant)
Le
23 août 1914, les troupes Allemandes mettent Dinant à feu et à
sang. Au total, 674 civils sont assassinés. Certains sont exécutés
de manière isolée ou en petits groupes, d’autres sont fusillés
dans ce qu’on peut qualifier de tueries collectives. On distingue
généralement 3 grands lieux de tueries : devant l’Abbaye de
Leffe, au mur Tschoffen (place d’Armes), au mur Bourdon (à
proximité du Rocher Bayard)...
Contre
le mur Tschoffen, une centaine d’hommes sont fusillés. Parmi les
survivants, se trouve un jeune homme de 15 ans, apprenti typographe,
Léon Gillet. Voici des extraits de son récit :
Le
vendredi 21 août vers 10 heures du soir une soudaine et violente
fusillade crépite, des uhlans [cavaliers allemands] accompagnés
d’autos blindées descendent la rue Saint-Jacques, ivres et
furieux, poussant de sauvages hurlements, ils brisent portes et
volets, tirent dans les fenêtres, jettent par poignées bombes
incendiaires et grenades, fusillent et massacrent tous les civils
qu’ils peuvent atteindre [9 civils ont été assassinés à Dinant
avant le 23 août]. Quelques obus français les dispersent bientôt
un grand incendie rougeoie dans la nuit.
Dès
l’aube, les Dinantais se rendent compte du désastre. La rue
Saint-Jacques complètement saccagée : maisons ébranlées, que
le feu achève de consumer, façades à demi écroulées, portes et
fenêtres arrachées - et partout des bombes non explosées, des
grenades, des cartouches, de larges flaques de sang... [...]
La
nuit du 22 au 23 août est très pénible, malgré aucun incident
notable.
Dans
les maisons closes, les habitants veillent. A tout instant, ils
s’attendent à subir le même sort que leurs pauvres concitoyens de
la rue Saint-Jacques. - Veillée sinistre ! On sent je ne sais
quoi de fatal planer sur la cité transie...
La
bataille prend toujours plus d’extension, nous sommes relativement
calmes. Mais bientôt nos sentiments se modifient des cris, des
hurlements plus ou moins proches nous parviennent. Parmi nous, des
choses lugubres, des nouvelles terrifiantes circulent à voix basses,
et de terribles appréhensions nous parviennent au cœur.
[Léon
Gillet se réfugie dans la cave d’une maison voisine, celle des
Vérenne]
Arrivés
sur le seuil de la porte, les Allemands nous jettent brutalement dans
la rue, puis nous ayant alignés à droite de la chapelle Saint-Roch,
ils nous fouillent et nous conduisent sous bonne escorte à l’écurie
Bouille, rue Pont-en-Ile. Là, nous sommes parqués comme des bêtes,
brutalisés, mis en joue par des soldats excités.
De temps à autre, un officier pénètre dans l’écurie en vociférant des menaces de mort. Puis il désigne un homme vieux ou jeune, pris au hasard, et le livre aux soldats qui l’abattent presqu’à bout portant.
De temps à autre, un officier pénètre dans l’écurie en vociférant des menaces de mort. Puis il désigne un homme vieux ou jeune, pris au hasard, et le livre aux soldats qui l’abattent presqu’à bout portant.
A
un moment donné, les yeux de l’officier rencontrent le regard de
Camille Lemaire, il le livre aux soldats qui s’amusent à le
meurtrir à coup de sabre et à coup de fusil son père qui assiste à
son martyr, ne cesse de lui crier : « Courage, Camille !
Courage ! »
A
voir le régime barbare qu’on lui inflige je ne sais que penser ;
je pense qu’il doit avoir commis quelqu’acte contraire aux
circonstances, rapidement d’ailleurs, j’acquiers la conviction
qu’il n’y a de sa part aucune faute, car pour nous également le
régime devient plus cruel.[...]
« Nous
devons passer par les armes »
[Vers
18h, les Allemands font sortir tout le monde et les poussent vers la
rue Léopold]
Nous
voici donc dans le cortège qui se dirige vers la rue Léopold où on
nous fait arrêter devant l’habitation de M. Tschoffen. Dans
les rangs le bruit circule que nous allons travailler, à ce moment,
en effet, des troupes passent avec des barques... Nous nous sommes
bien trompés, nous devons être passé par les armes, donc à la
fusillade...
Un
commandement retentit on sépare les hommes des femmes et des enfants
qui sont refoulés dans la rue Léopold, juste à ce moment
j’aperçois ma mère !... Jugez mon contentement !...
Mais
que de larmes versées, car une seconde fois, il faut se séparer.
Aussitôt, un soldat arrive, me prend par le bras et me fait pénétrer
dans le groupe des hommes en me lançant un coup de crosse de
fusil... Je vais donc me placer auprès de mon oncle Jules Gillet,
tout contre le mur Tschoffen, je suis au 4e rang.
Les préparatifs sont lents, on nous fait crier : « Vive l’Empereur ! Hourrah ! A bas la Belgique ! »
Les préparatifs sont lents, on nous fait crier : « Vive l’Empereur ! Hourrah ! A bas la Belgique ! »
En
face de nous, à 6 mètres environ, sur le trottoir, une double ligne
de soldats se range, sans discontinuer des troupes défilent entre
eux et nous, certaines nous insultent et il en est même qui
s’amusent à nous cracher à la face [...]
Nous
sommes couchés en joue... Un coup de sifflet retentit et c'est la
décharge, je m’abats dans l’écroulement général : un
moment je demeure étourdi. Quand je repris mes sens, les exécuteurs
tirent encore dans le tas des victimes. Et les vieillards, les femmes
et les enfants terrorisés, voient tout ils sont massés à quelques
mètres des cadavres.
J’attends !
Un corps inerte me pèse sur le dos : M. A. Laforêt. J’ai
la jambe droite broyée en-dessous du genou... du sang coule de
partout, je suis assoiffé, voilà ce qui me fait le plus souffrir.
Autour de moi, des râles, des supplications, des appels qui
s’affaiblissent... Des pas lourds, des détonations, ces bandits
achèvent les blessés.
Puis, un silence tombe […] Blessé mais vivant !
Puis, un silence tombe […] Blessé mais vivant !
A
la longue, après de longs efforts, je peux me dégager à grand
peine, des corps enchevêtrés dans leur chute.
Ma
blessure ne me fait aucunement souffrir mais je dégoutte [sic] de
sang, impossible de me tenir debout, je me tire des cadavres en
cul-de-jatte et je me dirige vers l’habitation de M. Frankinet,
située vis-à-vis, mon intention est de procurer à boire à mon ami
d’infortune qui agonise. J’entre chez M. Frankinet à peine
y suis-je de 5 minutes que je m’évanouis tout espoir est perdu,
car je reprend mes sens que vers le matin... Je ne suis pas seul, je
suis en compagnie de Désiré Tihange, blessé grièvement. Je me
dirige vers l’arrière-cuisine où je trouve un pot d’eau je
reviens sur mes pas et je fais boire Tihange qui se soulage un peu.
Je bois de même, et nous parlons de notre triste sort... Cette fois,
ma blessure me cuit... je tremble de fièvre... assoiffé je bois
encore, Tihange de même, mais à la deuxième gorgée, il se raidit,
tombe à la renverse, il est mort !
Je
demeure donc seul toute la matinée, vers une heure j’entends
parler du dehors et reconnais la voix de T. Vigoureux je sorts
enjambant le cadavre raide de Tihange.
Oh !
l’horreur du charnier ! Un épouvantable culbutis humain, des
corps les uns sur les autres en tas, troués, déchirés,
abominablement tourmentés, livides, raidis et immobiles ! Je
trouve deux survivants : T. Vigoureux blessé en plusieurs
endroits et François Grigniet ayant une large plaie au ventre. [...]
Au
soir tombant, Melle Nelly Laurent débouche de la Place d’Armes. Ne
pouvant nous transporter seule, elle va chercher le domestique de
M. Gillard. Ils installent Grigniet sur une échelle trouvée
là, mais celui-ci souffrant trop [François Grigniet est décédé
de ses blessures], ils doivent l’abandonner après quelques pas,
alors ils se chargent de me transporter à bras chez les Sœurs de la
Charité où je suis soigné. [...]
Et
le lendemain, j’ai la visite de ma pauvre mère qui a été
prisonnière Place de Meuse, certaines personnes qui sont venues voir
leurs blessés l’ont renseignée et elle s’est enfuie pour venir
se jeter dans mes bras... Ma blessure est grave, lui dis-je, mais
nous sommes saufs.
Je
reste là une huitaine de jours, puis je suis transporté à
l’hôpital où je dois subir l’amputation de la jambe droite...
J’y suis resté jusque fin décembre 1914 j’y étais très bien
j’en suis sorti en bonne santé, et je n’ai qu’à remercier ces
Sœurs qui se sont dévouées.
VIII)
C’est
aussi en cette journée que se déroulent les terribles combats de
Gozée (Belgique), dans la province du Hainaut, à 13 kilomètres au
sud-ouest de Charleroi. Sortant des bois d’Aulne, du Prince et de
la Grattière tout proches, les Allemands s’avancent vers le
village de Gozée et s’en emparent presque sans coup férir vers
midi. S’étant repliés, les soldats Français ont l’ordre de
reprendre la position et repartent à l’assaut. Les Allemands
refluent mais leurs renforts arrivent à la rescousse. Bien vite,
vers 18 heures, les Français commencent à se retrouver encerclés
et beaucoup se replient, laissant de nombreux morts derrière eux :
360 Français et 540 Allemands. Le village retombe aux mains des Allemands qui commencent à piller et à incendier à qui mieux mieux. « […] 36 maisons sont dévorées par les flammes, notamment la maison commune, celle du bourgmestre (absent), une magnifique ferme appelée « Baudribus », 5 fermes de moyenne importance… le tout d’une valeur de 500.000 francs sans parler du mobilier et des récoltes engrangées », témoigne le curé du lieu, un dénommé Guérin.
Ce 23 août se déroule aussi la bataille de Mons, à une cinquantaine de kilomètres de Charleroi et de Gozée. Les troupes Anglaises, récemment débarquées sur le théâtre des opérations, ont connu quelques escarmouches deux jours auparavant. Le grand combat s’engage à proximité de Mons, plus exactement à Nimy. Ils sont féroces. Une compagnie entière du 4e Royal Fusiliers est quasiment décimée. Il ne reste plus que deux hommes :
le soldat Sydney Godley et le lieutenant Dease. Ce dernier paie de sa vie sa résistance à l’avancée Allemande. Ce seront les deux premiers soldats Britanniques décorés de la Victoria Cross au cours du premier conflit mondial. Les Allemands investissent le village et prennent la population qui n’a pas pu fuir comme bouclier humain. Parmi eux, le bourgmestre Jean Lescarts. Pis, les soldats de l’Empire Teuton « incendient 76 maisons et sèment partout la terreur. 8 hommes, 3 femmes et une jeune fille sont massacrés sur la route. Les nombreux otages poussés devant les troupes font arrêt au bas de la rue de Nimy le long du mur de la caserne », témoigne le notaire du village, M. Hambye.
Ce
23 août est aussi marqué du sceau de l’infamie avec le massacre
de 647 innocents à Dinant sommairement exécutés par les forces du
Kaiser. Les pires tueries ont lieu en fin d’après-midi.
Vers
18 heures, 150 hommes sont alignés sur 4 rangs face à une double
rangée de soldats. Un lieutenant-colonel Allemand monté sur un
cheval donne l’ordre de l’exécution sommaire :
116
hommes tombent. Puis quelques heures plus tard, les soldats du Kaiser
fusillent à bout portant 77 femmes et enfants, les achevant parfois
à la baïonnette… Le lendemain, ils incendient les trois quarts de
la ville...
La bataille de Charleroi ; les 21,22 et 23 août 1914
chtimiste.com/batailles1418/charleroi.htm
La
Bataille de Charleroi (5ème armée). 21,22 et 23
août
19 14. Situation. Nos 3e et 10e corps d'Armée étaient arrivés dans
l'après-midi du 20 août
sur la ...
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Entrée du Japon dans la Première Guerre mondiale. - 23 ...
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Entrée
du Japon dans la Première Guerre mondiale., le 23
août 1914
: "Allié du Royaume-Uni, l'empire du Japon entre dans le
conflit en déclarant la guerre à ...
23 août : entre déclaration de guerre et massacres ...
www.bvoltaire.fr/.../23-aout-declaration-guerre-massacres,100257
Il
y a 2 jours - En ce dimanche
23 août 1914,
l'empire du Japon déclare la guerre à l'Allemagne. Ce qui peut
paraître incongru est en fait très intéressé.
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