mercredi 27 août 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 26 AOÛT 1914

26 août 1914

I)
La bataille du Cateau (26 août 1914)
Considérant la fatigue de ses hommes, le général Smith-Dorrien décide de stopper le repli et de faire face à l’avancée Allemande. Malgré les ordres contraires il fait face à 6 divisions de la 1ère armée Allemande du général Kluck le 26 août 1914 sur la ligne Esnes – Caudry - Le Cateau. Les batteries Anglaises sont rapidement réduites au silence. Les Allemands s’emparent du Cateau après un combat de rue acharné. La percée de la 5ème division d’infanterie Allemande à l’est du Cateau menace le flanc droit des Britanniques et les contraint au repli avec le soutien du corps Français de cavalerie du général Sordet. Le 2ème Corps de la BEF a perdu 7.800 hommes mais est parvenu à ralentir l’avancée Allemande et a ainsi permettre la retraite des autres forces Britanniques et Françaises.
Les avis divergent sur la réussite effective de cette première opération Britannique en France. Dans son autobiographie parue sous le titre «There’s a devil in the drum », Le soldat John Lucy écrit :
« Certains disent qu’à aucun autre moment de toute la guerre, les troupes Britanniques n’ont été à ce point dépassées en nombre ». Le général Kluck évoque même dans ses mémoires un échec Britannique : « En d’autres termes Smith-Dorrien subit une lourde défaite ». Alors qu’il s’est opposé dans un premier temps à la décision du général Smith-Dorrien de mener bataille, Le général French écrit plus tard :
« Dans le rapport que je rédigeai en septembre 1914, je parlais en termes élogieux de la bataille du Cateau ».
Pour lui, la résistance au Cateau empêche la perte de 3 divisions Britanniques, mais il reconnaît plus tard que :
«… les conséquences de nos pertes à la bataille du Cateau se feront sentir jusque pendant la bataille de la Marne et les premières opérations sur l’Aisne ».
Ça s’est passé il y a tout juste 100 ans ! La bataille du Cateau, le 26 août 1914, a été décisive dans le cours de la Première Guerre mondiale. En décidant de faire face aux soldats Allemands, l’armée Britannique, qui combat aux côtés des Français, permet de retarder la progression Germanique qui s’abat sur les routes du Nord en direction de la Marne. Et ce, au prix d’un sacrifice colossal qui n’aura pas été vain.
C’est le Jour-J, les Anglais se sont enlisés dans un combat dont ils ne se relèveront pas…
6 h
Notre commandant de brigade, le général Rolt, arrive sur les lieux et nous explique notre rôle :
« Que les choses soient claires pour tout le monde il n’est pas question de repli ! »
Avec nous il y a près de 4 000 hommes. On n’a pas eu trop de pertes au combat de Mons, mais chaque régiment a laissé beaucoup d’éclopés sur la route. Un peu après 6 h, la brume se dégage et la lumière est plus intense. Soudain, avec leur miaulement caractéristique, des obus tombent près de nous. Le bruit des explosions est épouvantable. Autour de nos arrières, nos artilleurs ont installé une batterie de canons et une autre d’obusiers. Les Allemands emploient des obus explosifs. Dans les tranchées, les canons de nos fusils sont toujours froids : on n’a encore vu personne... À notre droite, un obus tombe juste sur la tranchée de la compagnie D : Les premiers camarades morts, ça nous remue toujours le cœur. Après on n’y pense plus, on ne songe qu’à sauver sa peau. Enfin, on voit l’ennemi, on l’arrose vite de plomb. Il est 8 h, le combat a bien commencé...

11 h

Trois heures qu’on se bat maintenant. Il y a des mitrailleuses Allemandes partout devant nous. Heureusement le relief au nord nous cache la vue mais pas les camarades plus à l’est : Ils sont à découvert, seulement abrités par leurs tranchées.

14 h 30

Sur notre droite, les canons se sont tus les uns après les autres. Les servants sont éparpillés par terre. L’infanterie ennemie est maintenant à moins de 200 mètres des pièces, néanmoins le courage de nos hommes ne faiblit pas. Les 2 obusiers sont remis sur leurs trains : une équipe s’écroule avant d’avoir pu bouger son canon, l’autre équipe a plus de chance, et s’enfuit au galop. Nous voilà seuls. Nos officiers nous donnent l’ordre de pivoter vers la droite, des ennemis sont arrivés sur nos arrières. Ça se calme. On n’entend plus les canons de notre artillerie lourde...
Voilà ! Nous sommes cernés ! Je n’ai pas eu le temps de m’enfuir. Je lève les bras : c’est fini ! C.W.


II)
L'habit ne fait pas l'infirmière
Les escrocs s'adaptent : une jeune femme déguisée en infirmière de la Croix-Rouge quette pour son compte. Le Figaro du 26 août 1914 nous informe qu'elle a été condamnée à 8 mois de prison...
« La neuvième Chambre correctionnelle a condamné, à 8 mois de prison, la femme Angèle Joutel, âgée de 34 ans, qui avait pris faussement le costume d'infirmière de la Croix-Rouge et quêtait pour organiser une ambulance.
Elle se faisait accompagner d'un individu habillé en militaire qui a disparu et que l'on recherche. » Le Figaro...


III)
Des Allemands par petits groupes passent dans Roubaix. Le matin des membres de la Croix Rouge Louis Wattinne, Hargrave, Boulton, Mr Lejeune (le mari de la dame que nous voyions chez Mme Paulin Parent) s’en vont en auto chercher des blessés, à Forest ils sont arrêtés par les Allemands qui après avoir parlementé prennent 2 autos et ceux qui les conduisent :
Mr Lejeune et le chauffeur de Boulton, ils laissent partir les autres et promettent de leur renvoyer sûrement les hommes et probablement les autos.
A Toufflers ils fusillent 4 habitants un jeune homme de 19 ans, Salembier fils d’un marchand de déchets, Hennion ancien gendarme, Lebeau blanchisseur, Leclercq, il est impossible de savoir la vérité sur ce qui s’est passé, a-t-on tiré un coup de fusil ou crié vive la France, peut-être même moins que cela, les Allemands sont rendu furieux d’un semblant de barricade élevé à l’entrée du village...



« Il est impossible de savoir la vérité sur ce qui s’est passé », voilà bien la phrase la plus juste de tout le journal de Marthe ! Les archives départementales du Nord font en tout cas bien état de : M. Hennion, Lebeau et Salembier, tous 3 fusillés en 1914 à lys-les-Lannoy toute proche de Toufflers.


IV)
26 août 1914 : succès et déconvenues du tsar
Sur le front de l’Est, les IIIe et VIIIe armées du tsar Nicolas II progressent le long du Bug et de la Zlota-Lipa. Les forces Austro-Hongroises ont beaucoup de difficultés à se rétablir sous la pression extrêmes des troupes Russes. Les combats qui sont engagés devant Lemberg sont très violents et aboutissent à des affrontements acharnés et meurtriers.
Dans le golfe de Finlande c’est au tour de la marine du tsar de s’engager contre les navires de Guillaume II. A bord du « Magdebourg » qui est échoué sur l’île d’Odensholm, les Russes s’emparent de 3 exemplaires des codes secrets de la marine Allemande dont un est transmis aux experts de la Royal Navy...
Les Russes sont moins à l’aise du côte de Tannenberg où ils se heurtent à des troupes Allemandes très mobiles placées sous les ordres des généraux Hindenburg et Ludendorff...
En revanche, en Afrique Noire, la situation se détériore pour l’Allemagne. Les troupes de Guillaume II au Togo capitulent...
Pour les Britanniques, la prise de Kamina même si sa station de télégraphie sans fil a été détruite met un terme à la campagne dans cette zone qui n’est plus sous contrôle Allemand.


V)
L’angoisse de l’arrivée des Allemands à Avesnes, le 26 août 1914, par celles qui l’ont vécue
Compilées en 1925 dans un ouvrage rare de la société archéologique et historique de l’arrondissement d’Avesnes, des notes des dames de la Croix-Rouge établies à Avesnes en 1914 nous renseignent, avec une émotion préservée sur l’entrée des Allemands dans la ville, dans la chaleur d’août 1914. Les premiers moments d’une occupation brutale et frustrante qui durera 4 années.
Dès le 19 août 1914, les dames de la Croix-Rouge sont en place. Comme l’historienne Marie-Françoise Potier a réussi à le relocaliser, leur hôpital Avesnois est situé dans le bâtiment de la rue Cambrésienne qui abrite aujourd’hui l’école de musique et Pôle emploi... Et dans une ville qui cède peu à peu à l’angoisse devant l’avancée des troupes Allemandes.
« L’invasion se fait par la Belgique, ils arrivent droit sur nous »,
Dit une note anxieuse du 20 août. La veille de ce funeste 26 août, le dernier train, « le dernier lien avec le reste de la France », est parti de la gare d’Avesnes, bondé de blessés valides, tandis que les plus mal en point, qui arrivent à flot continu à Avesnes depuis les postes de combat, comme le Solrézis, devront rester...
26 août, donc.
La veille au soir, les dames de la Croix-Rouge ont discuté avec le médecin-chef de la possibilité de licencier l’hôpital. Elles choisissent de rester.
À 4 heures du matin sonne l’évacuation :
« Sauve qui peut général. Ceux qui ont des caves s’y enferment, les autres fuient sur les routes, dans les pâtures ».
Une attente terrible commence. On ne sait à quelle heure les premières déflagrations retentissent.
« On bombarde la ville », racontent les dames.
« Quelques obus tombent sur l’église, sur Sainte-Thérèse (...) Un obus arrive à percer le mur de l’église, juste au-dessus de l’autel de la vierge et y fait une large ouverture, sans endommager les Watteau ».
À la Croix-Rouge, on s’est massé dans le vestibule, les grilles sont fermées... On entend dire que des cavaliers sont tombés dans les rues, que des maisons brûlent. De leur poste d’observation « privilégié », les témoins vont assister à l’incendie du Collège, aujourd’hui lycée Jessé-de-Forest.
« Devant le collège une pauvre sentinelle oubliée a fait feu. Ils incendient le Collège où va s’anéantir avec le matériel scolaire, le musée de peintures ».
Au passage, les dames notent que les Allemands semblent avoir :
« un système très perfectionné pour faire flamber les maisons », à base de « pastilles, (...) petits fagotins, (...) arrosage de pétrole »...
Un détachement finit par venir à la rencontre de nos témoins et annonce en Français qu’il va incendier le bâtiment en représailles de coups de feu tirés par les habitants contre leurs troupes.
Les dames répondent « Les habitants n’ont pas d’arme et n’ont pas tiré (...) Vous ne mettrez pas le feu ici parce que nous avons des blessés et des malades ».
Après une fouille tendue des lieux, les Allemands font volte-face... En s’aventurant dans les rues à mesure que la journée s’avance, on ne voit que troupes campées à la Rotonde :
« grises, serrées, dense, fleuve vivant »
En marche sur les routes de Landrecies, Sains-du-Nord et Étrœungt. Le temps est chaud et lourd...
Commence la période de l’occupation et les privations, les frustrations ne vont pas tarder, avec de premiers signes qui ne trompent pas :
« On aperçoit ouvertes les maisons dont les habitants sont partis. Les Allemands y font ripaille (...) le général Von Bulow est à la maison Deharveng ».
Autre signe, que la vie continue, le soir de cette invasion, les dames de la Croix Rouge procèdent à un accouchement dans leur hôpital, qui sera rapidement transformé en un lazaret en septembre et investi par des infirmières Allemandes.
Si proche et si loin du front les combats à Avesnes se limiteront à cette journée du 26 août, les dames de la Croix-Rouge apprendront des nouvelles parfois alarmantes, parfois porteuses d’espoir au cours des jours suivants, que leurs notes retranscrivent...


VI)

L’abbé Saint-Aubert, curé de Haucourt, mort en martyr le soir du 26 août 1914...

En marge des combats, cet après-midi, c’est aussi une grande poignée d’hommes et de femmes anonymes qui ont trouvé la mort dans les villages, coupables d’avoir porté secours aux soldats blessés. Parmi eux, l’abbé Toussaint Saint-Aubert, curé d’Haucourt, tué par l’armée Allemande, le soir du 26 août 1914.
En cette sombre journée du 26 août 1914, les combats font rage sur les hauteurs du Cateau-Cambrésis, sacrifiant quelques milliers d’âmes sur le versant Britannique et faisant au moins autant de blessés. Cet après-midi-là, l’abbé Toussaint Saint-Aubert célèbre la messe au sein de l’église d’Haucourt. Selon les sources, seule sa pieuse mère y assiste. Pourtant au moment de l’évangile, de nombreux soldats Anglais trouvent asile dans l’église, venant y chercher un peu de réconfort.
Naturellement, l’homme d’église leur porte secours. Avec l’assistance d’un honnête fermier, un certain M. Choain, domicilié à quelques kilomètres de là. L’abbé Toussaint effectue des allers-retours dans la journée afin de rassembler des victuailles.
Mais au début de soirée, vers 18 h, on ne le voit plus revenir... Son corps, tuméfié, est retrouvé peu après, non loin de l’église, au détour d’un sentier. L’homme gît sur le sol, allongé sur le dos, il porte des blessures importantes à la tête, ainsi vraisemblablement qu’un coup de hache au menton, signe de mutilation. Le curé a été achevé par une balle de revolver dont il porte les stigmates derrière l’oreille. Avant de s’enfuir, ses bourreaux lui ont aussi soustrait sa montre, ainsi que son portefeuille.
On n’en sait pas beaucoup plus sur les circonstances tragiques de sa mort, tout juste une voisine, paralysée par la peur, a-t-elle entendu les cris du curé implorant la grâce des soldats Allemands… en vain.
Sa dépouille est enterrée provisoirement dans le cimetière de Haucourt, avant d’être exhumé en octobre 1919 :
Il a été ramené à Cambrai, ville dont il est originaire. Il repose au cimetière de La Porte de Paris.


VII)
Premières désillusions :
Dans les Vosges, Maurice Bedel est aux premières loges pour assister à la déroute Française. L'enthousiasme de la mobilisation est terminé... remplacée par des cohortes, de réfugiés, de blessés...






VIII)
A Cadillac, les tombes oubliées du cimetière des « fous »,toutes les blessures de guerre ne sont pas forcément visibles. Détruits mentalement des centaines d'hommes ne sont plus jamais ressortis des asiles d'aliénés où ils sont morts oubliés. En Gironde, le cimetière de Cadillac est l'un des très rares à en témoigner.
Derrière la porte dérobée, des dizaines de croix réchauffent leur rouille au soleil du soir. Alignées au cordeau, elles étirent leurs ombres bancales vers la haute enceinte de l'hôpital psychiatrique… comme pour rappeler d'où viennent les 898 morts enterrés là, dont nombre de tombes s'effondrent. « Parfois, on retrouve même des ossements, une mâchoire, un tibia », confie le photographe Loïc le Loët dont les images, il y a une quinzaine d'années, ont été les premières à tenter de sortir le lieu de son oubli, de son anonymat.
Et puis il y a ces 10 rangs qui comptent 98 sépultures pour 99 corps inhumés en pleine terre. Encore plus nues et désolées que les autres. Aucune pierre tombale…
Mais quelques Christ en zinc dégringolés sur un aride gravier ponctué d'herbes folles et seulement 29 noms au milieu de 70 anonymes…
Au mur de l'ancien asile d'aliénés, une grande plaque de marbre défraîchi résume : « Les anciens combattants de Gironde à la mémoire de leurs camarades mutilés du cerveau victimes de la guerre 1914-1918 »
Cet émouvant carré de poilus qu'un projet de parking menaçait, l'ancien praticien de l'établissement hospitalier, le professeur Michel Bénézech, a réussi à le faire inscrire aux Monuments historiques en 2010, sauvant du même coup avec l'Association des Amis du cimetière des oubliés, ce lopin des « fous » de Cadillac.
« Car bien qu'il soit d'une extrême pauvreté, il est aussi un témoignage rarissime d'un aspect occulté de la Grande Guerre, ce qu'on appelait les blessures invisibles, bref, les pathologies mentales liées à la guerre », explique ce psychiatre, qui est également professeur de médecine légale à Bordeaux...
De fait, dès août 1914, la guerre ne se contente pas de lacérer les corps : elle dévaste les têtes aussi.
« Oui, les hommes ont peur et surtout ceux susceptibles d'être appelés. Immédiatement, on note une hausse sensible des admissions dans les asiles d'aliénés », souligne-t-il. Ce sont d'abord des malades qui rechutent du fait de l'angoisse, puis, très vite, des pathologies touchant les combattants.
« La guerre, c'est l'arrachement aux siens, la peur de la mort, les bombardements qui rendent fou. Des centaines de milliers d'hommes sont touchés, mais seuls les cas les plus graves sont internés », poursuit Michel Bénézech.
« Mélancolie », mais aussi états d'excitation maniaques, démence précoce ou encore délires et psychoses hallucinatoires…
Du 1er août 1914 au 31 décembre 1925, Cadillac accueillera ainsi 561 soldats de différentes nationalités dont 201 décéderont, 99 étant finalement enterrés dans le cimetière de l'établissement. Là où, pour la très grande majorité, leur famille les abandonnera aussi...
Une gueule cassée, c'est honorable… mais un « fou » sans espoir de guérison? « Une honte. Un parent qu'on préfère oublier à l'asile jusqu'à sa mort et même au-delà », conclut le Dr Bénézech, remarquant que, seuls, leurs camarades poilus, ceux qui savaient, honoraient leur mémoire...
Pierre Challier

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