mercredi 13 août 2014

1007... en remontant le temps

Cette page concerne l'année 1007 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

UNE CATHÉDRALE SUR PILIERS ET SES LÉGENDES.

Au commencement est la source. Celle-ci coule dit-on, au milieu d’une forêt de hêtres, sur un îlot cerné de cours d’eaux et de marécages… passent les lunes, passent les saisons, passent les nuages… Un jour un homme vêtu de peaux s’y arrête et vient ériger un autel de pierre au bord de ses eaux chantantes. Il se murmure qu’il s’y pratique toutes sortes de sacrifices, mais ces temps anciens appartiennent déjà à la légende lorsque les Romains viennent installer un camp retranché sur l’île. L’histoire a retenu que cet autel a servi un temps au culte de Lug, avant que les Triboques ne viennent le consacrer à un géant sylvestre vénéré par les peuplades Germaniques de l’époque.

Les Romains consacrent l’autel à Mars, dieu de la guerre, tout comme l’est le vieux Lug des Celtes… Ils bâtissent un temple sur la source, et les années passent jusqu’au jour où une croix vient se dresser sur le faîte de la bâtisse…
C’était après le règne de Constantin, et la source devient fonds baptismaux juste avant que les barbares n’enfoncent le limes par une nuit de décembre 406, à la faveur d’un hiver tellement froid que même le fleuve qui servait de frontière naturelle a gelé.
La légende dit que l’eau de la source est celle qui a baptisé Clovis sur les décombres de l’antiquité… Puis le lieu est abandonné et seules des ombres furtives viennent parfois se glisser entre les ruines de ce qui a été autrefois une cité prospère et animée dénommée Argentorate.
C'est le grand hiver et, à l’instar de celui qui sépara la chute de Mycènes du printemps d’Homère, nul ne sait vraiment ce qui s’y noue.
On sait en revanche qu’il y a une basilique en bois sur les ruines du temple vers l’époque où les fils de Charlemagne se disputent la suzeraineté de l’îlot, et il est dit qu’elle s’embrase lors d’un orage en 1007... C'est l’évêque Wernher, apparenté aux Etichonides et aux Habsbourg, qui entreprend d’amasser des fonds pour la rebâtir.
Les travaux démarrent en 1015 et il faut d’abord planter des pieux de chêne en guise de fondations pour stabiliser le sol gorgé d’eau.
L’édifice Roman est achevé vers 1170, mais un nouvel incendie et l’avènement d’un nouveau style architectural du côté de Chartres et de la Sainte Chapelle des rois Capétiens font que l’on entreprend aussitôt d’en rebâtir une nouvelle, plus grande, plus fine, plus lumineuse, plus représentative du génie de son époque.
Les travaux durent jusqu’en 1439, et 12 générations de maîtres artisans viendront de toute l’Europe pour œuvrer à un chantier dont ils ne verront pas la première pierre, pas plus qu’ils n’en verront la dernière…
L'INCENDIE DE 1007
L’édification d’une seconde flèche est abandonnée lorsque l’on s’avise que le sol
menace de s’affaisser sous le poids de l’ensemble, mais la première reste longtemps la plus haute d’Europe...

L’aspect final de la façade, toute en fine dentelle de grès rose provenant des Vosges voisines, ainsi que son immense rosace en épis de blé doivent beaucoup au talent de maître Erwin von Steinbach dont les plans sur parchemins sont encore aujourd’hui pieusement conservés par l’Oeuvre Notre Dame qui n’a cessé de veiller sur la destinée de la cathédrale depuis ses origines.
L’antique baptistère est clôturé lorsque la ville est gagnée par les idées réformistes de Luther, il est définitivement muré après qu’un soldat s’y soit noyé...
C’est peu après le retour des Français, et ils sont salués en sauveurs après 150 ans de guerres insensées qui ont laissé toute l’Europe exsangue et donnent naissance à ces temps que l’on dit parfois « modernes »…
La cathédrale veille sur la ville et les plaines avoisinantes du haut de sa flèche altière... C'est Viollet Le Duc qui lui apporte sa dernière modification d’envergure sous la forme d’une petite tour octogonale venant coiffer la croisée du transept… On peut imaginer y voir une petite sœur de la flèche, et un hommage à la chapelle palatine de celui qui est le premier à porter le grand rêve Européen…
C’'est à chaque fois juste avant que l’histoire ne s’affole en l’un de ces emballements périodiques dont elle semble coutumière… Mais la cathédrale demeure, témoin de ce qui a été, de ce qui est, et espérons de ce qui sera...



Et la source ?
Elle est toujours là et coule à 11 mètres sous une dalle un peu plus grande que les autres située dans la nef sud… Cherchez vous la trouverez.

Et peut être trouverez vous aussi ce lac souterrain dont la légende prétend que l’on y accède (à condition d’avoir un cœur pur) par un escalier partant d’une maison contiguë à la plus ancienne pharmacie de la ville… située juste en face du portail, de l’autre côté du parvis… La cathédrale a dit-on été construite sur un lac souterrain, source de beaucoup d'histoires étonnantes :
On ne compte plus le nombre d'âmes damnées qui se sont perdues dans ces méandres aqueux, accessibles à partir d'un gouffre situé sous une maison sise en face du bâtiment.
On dit aussi que ce lac est peuplé de bébés et que les femmes désirant devenir mères venaient en faire la demande à un gnome gardien du lieu, lequel va puiser le petit être dans ces eaux et le confie à des cigognes pour la livraison.
La preuve :
Naguère, les prêtres pouvaient tirer l'eau, notamment pour les baptêmes, d'une fontaine installée dans le bas-côté sud de la cathédrale, devant la chapelle Sainte-Catherine. Savoureuses légendes...
Lorsqu'en 1015, les fondations de la cathédrale sont commencées, il faut enfoncer des pilotis dans les sables mouvants et dans l'eau...
Il paraît qu'on entend alors les clapotis du lac souterrain, et même des bruits de rames battant l'eau...
… Suite à la découverte de document officialisant l'entrée d'un souterrain (la cave de la maison voisine de la pharmacie du Cerf, rue Mercière, en face de la cathédrale), une équipe d'étudiants et de bourgeois de la ville, armés de cordes, de pioches et de lanternes s'engagent dans ce couloir souterrain.
Mais ils font bientôt demi-tour en refermant la porte du souterrain sans la verrouiller, épouvantés :

Des plaintes humaines, des grincements de dents, des cris d'animaux nocturnes parviennent jusqu’à leurs oreilles... Un autre groupe tente l'aventure mais depuis quelques jours, une pluie violente s'abat sur la ville, et quand les téméraires explorateurs ouvrent à nouveau la porte, ils voient surgir :
Des dizaines de serpents énormes, des lézards hideux et des crapauds qui semblent fuir l'inondation... Il fallut prendre des mesures drastiques pour faire face à cette invasion. La porte est murée et on place devant une palissade pour bien la cacher...
L'histoire est bien évidemment connue de tous... Deux compagnons, sans doute plus courageux que d'autres, décident de reprendre l'exploration car ils sont persuadés que ce couloir conduit à une chambre ou repose, depuis la nuit des temps, un fabuleux trésor...
Ils réussissent à entrer dans le couloir du sous sol et arrivent au bord d'un lac souterrain où glissent d'étranges barques conduites pas des êtres fantomatiques... Plusieurs canaux débouchent dans le lac et l'un d'eux se dirige jusqu'au puits des Pêcheurs qui, à l'époque de cette aventure, existe encore à la hauteur de l'actuelle place Gutenberg...
Soudain, l'une des barques se dirige vers les deux intrus. Les étranges marins se mettent à émettre un sifflement si strident que nos lascars croient leur dernière heure venue... Ils remontent à toute vitesse le passage, referment la brèche et longtemps ne parlent à personne de leur aventure.
Mais la réalité est plus prosaïque, malheureusement. Ce « lac » correspond en fait à la nappe phréatique sise dans les tréfonds, évoluant au gré de la montée du Rhin. « L'abaissement de cette nappe à partir de 1907 a entraîné la disparition de cette zone humide et le pourrissement des pieux de chêne, fondations de la cathédrale, qui baignent dans l'humidité, précise Rodolphe Cattin. Mais, quand vous descendez dans la crypte, il existe encore une odeur de bains-douches du fait d'une humidité latente. »

Le petit théâtre de l'horloge :

C'est l'une des grandes attractions de la cathédrale et l'une des plus précieuses allégories du bâtiment... À chaque mi-journée, la foule se presse pour voir la mort frapper les 12 coups lorsque le zénith passe au-dessus de la ville... Au sixième étage de l'horloge astronomique survient alors le défilé des 12 apôtres, bénis chacun par le Christ, lequel à la fin se tourne vers les fidèles pour les saluer en traçant le signe de la croix à deux doigts... Un coq chante 3 fois d'une voix éraillée, au passage du quatrième, du huitième et du douzième apôtre... C'est le clou du spectacle, pour ces automates qui s'ébranlent à chaque quart d'heure que sonne l'horloge... Et la mort rythme ce balai :
Devant elle défilent tous les âges de la vie, un enfant insouciant tenant une flèche et une balle, un adolescent archer, un Romain avec son glaive, un vieillard penché sur une béquille...
À cette horloge est associée aussi la légende de l'homme aux yeux crevés. L'horloger aurait eu les yeux crevés lors de la construction de l'horloge initiale et, revenu pour se venger il vole une petite pièce mécanique, empêchant ainsi l'appareil de fonctionner normalement. En fait raconte Rodolphe Cattin. : L'un des frères Habrecht, (les horlogers), s'est éloigné et a rompu son contrat, et, comme sa sœur est aveugle, la légende est née ».
Qui es-tu, Sabina ?
Les romantiques en ont fait une icône, mais on doute fort que celle-ci ait réellement existé... Sabina von Steinbach fille d'Erwin von Steinbach un des Maître d'Oeuvre (dont la statue lui fait face, devant la façade du croisillon sud du transept), considéré comme l'architecte en chef de la cathédrale et de sa rosace. « On ne sait pas grand-chose de ce maître Erwin. Sa filiation Allemande n'est pas du tout avérée et il n'a vraisemblablement jamais eu de fille... Mais les Allemands ont créé cette figure féminine fictive au XIXe siècle, quand il faut montrer à tout prix que l'Alsace est Allemande... « On raconte qu'à la mort de ce « maître Erwin » les corbeaux noirs volant autour de la cathédrale se sont muès en colombes blanches et que d'elles-mêmes les cloches sonnent le glas. On peut bien rêver, non ?

Sous le regard du scrutateur

Au-dessus de ces scènes, un homme veille. Il est appuyé sur la balustrade de l'ancienne cantoria. Qui est-il ? On ne le sait pas vraiment... Cette statue figure sans doute un sculpteur du XVe siècle de la cathédrale qui s'est représenté lui-même. Selon la légende, il es posé là pour observer le Pilier des anges, œuvre très connue de l'édifice qui représente le Jugement dernier... Et sa veille se prolonge... Jusqu'à la fin des temps !

La parabole des vierges

C'est l'une des plus belles histoires de la cathédrale... On la lit sur le portail sud de la façade, à droite en regardant l'édifice.... Il existe d'un côté 5 vierges folles et de l'autre 5 vierges sages. Les premières, à main gauche, posent aux côtés du tentateur, jeune homme vêtu de l'habit de cour du XIIIe siècle, aux yeux striés de pattes d'oie (les stigmates du vice, pour les théologiens médiévaux), tenant dans sa main une pomme (évidemment), et surtout au dos couvert de vipères et de crapauds (Satan). Les secondes, à main droite, encadrent, rayonnantes, un Christ figuré à l'âge mûr avec un front dégarni. « Les théologiens, pour des raisons morales, ont insisté pour que le sauveur apparaisse comme un homme sage face à un tentateur dans sa pleine jeunesse ».

La mascotte

Encastrée au pied de l'escalier montant à la chaire, une sculpture de 1485 a la réputation de soutenir l'édifice. Elle raconte, sur trois faces, la légende de saint Alexis, incarnation de la modestie... Plus truculent, le petit chien placé par le sculpteur Hans Hammer... Le prédicateur Geiler avait un chien de chasse qui dormait dans la cathédrale (jusqu'au concile de Trente, les animaux sont autorisés dans les églises)... La tradition veut que caresser cette petite statue porte-bonheur, d'où son grès patiné. Il faut bien une mascotte à Notre-Dame, et que celle-ci ait sa légende.
Le coup de vent du Diable
Le diable survole la terre en chevauchant le vent quand tout à coup, il aperçoit sur le portail de la cathédrale une sculpture le représentant sous la forme du tentateur... Curieux, et surtout flatté, il entre et s’émerveille devant tant de splendeurs réunies en un seul lieu, si bien qu’il ne prend pas garde au prêtre qui commence une messe... Le diable se retrouve aussitôt emprisonné dans un pilier, mais on ne sait lequel et on ne le saura sans doute jamais... Et devant le portail, le vent est toujours là à l'attendre en tournant sans cesse autour de la cathédrale...
Auguste Stoeber rapporte la légende pieuse des trois rois qui dépensèrent sans compter leurs richesses pour faire construire le Münster le plus beau possible pour la plus grande gloire de Dieu. On pourrait reconnaître les rois mages dont les reliques se trouvent à Cologne sur le Rhin et qui ont dû laisser un souvenir de leur passage. C’est une incitation à contribuer généreusement aux frais de construction, un don qui honore le chrétien inspiré par cet exemple vénérable.
La tradition locale attribue un nom à chaque cavalier :
- Clodovaeus (Clovis, Chlodwig), dont le baptême à la foi romaine avec son épouse en fait le premier roi chrétien de la Gaule Germanique.
- Dagobert Magn (Dagobert), qui pose la première pierre de la cathédrale
- Rudolf. d Habsp R Roman (Rodolfus de Habspurgo Rex Romanorum, Rudolf von Habsburg), roi des Romains, premier empereur de la dynastie régnante, liée intimement à l’histoire de la ville, et de la Province.
- La quatrième statue équestre que la façade de la cathédrale demande y est placée au XVIIIe siècle. Elle représente le nouveau maître de La région le roi Louis XIV.
Ce ne sont là que quelques-unes des innombrables histoires qui circulent sur le compte de cet édifice vénérable et fabuleux, où se brassent et se mêlent depuis 1 000 ans les vents de l’histoire et les rêves des hommes…

Un bonnet superflu ?

«  Il faut abattre ce temple de l'obscurantisme ! » Le montagnard Téterel a ainsi lancé les foudres révolutionnaires contre la cathédrale, demandant que la flèche soit détruite parce que contrevenant au principe d'égalité... (déjà !) Heureusement, un certain Sülzer eut le trait de génie de proposer de hisser sur la flèche un « bonnet phrygien » en fer-blanc, signifiant ainsi à 30 kilomètres à la ronde qu'ici commence le pays de la liberté... Ce bonnet couvrit la flèche jusqu'à la réouverture des églises par Bonaparte après le Concordat...
Selon Benoît Jordan, conservateur aux archives municipales : «  Les révolutionnaires de la ville n'ont pas été tellement iconoclastes... Attachés à leur patrimoine, ils ne s'en sont pas pris tant que cela aux monuments emblématiques de la ville. » ?
Quelque part entre source et flèche…


Je pense que tous vous avez trouvé de quelle cathédrale il est question ? Non... ? Il s'agit de la magnifique cathédrale de Strasbourg !

Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg — Wikipédia

fr.wikipedia.org/wiki/Cathédrale_Notre-Dame_de_Strasbourg
8.1 La légende du lac; 8.2 Vent. 9 La cathédrale de Strasbourg comme symbole. 9.1 Une simple curiosité. 10 Annexes. 10.1 Bibliographie; 10.2 Notes et ...

La cathédrale de Strasbourg et ses secrets | Suite101

suite101.fr/article/la-cathedrale-de-strasbourg-et-ses-secrets-a8657
Au Moyen Âge, l'imaginaire des Strasbourgeois était dominé par la cathédrale et, lors de leurs veillées, ils réinventaient son histoire à travers les légendes.
Vous avez consulté cette page le 13/08/14.

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