28
août 1914
I)
A
9 heures passe une troupe assez nombreuse et en désordre, on me dit
que c’est une partie de la garnison de Lille, qui a été déclarée
ville ouverte et évacuée. Dans la matinée, arrivent encore de
nombreux traînards et éclopés.
J’obtiens
de la municipalité qu’un local soit mis à ma disposition (ancien
moulin à huile) pour les recevoir. Leur subsistance sera assurée
par la ville et par les sociétés d’assistance.
A
11 heures, le maire de Bapaume me prévient par un mot écrit au
crayon qu’un combat se livre dans la région et qu’il y a de
nombreux blessés à relever et à secourir... J’envoie mon
automobiliste le sergent Leroy, du 5e territorial, prévenir tous les
propriétaires de voitures automobiles dont j’ai eu soin de prendre
les adresses, et, de nombreux véhicules, de tous modèles et de
toutes formes, se dirigent bientôt vers le champ de bataille distant
de 20 à 25 kilomètres. J’adresse au maire de Bapaume tout ce dont
je peux disposer en fait de nécessaires à pansement...
Dès
une heure de l’après-midi, les voitures commencent à revenir
chargées, elles s’arrêtent devant la porte de l’hôpital
Saint-Jean, où je procède moi-même au triage et à la répartition
des blessés.
Quelques
convalescents armés de bâtons, (à défaut de police) font le
service d’ordre et éloignent les curieux.
Je
garde les blessés graves à l’hôpital mixte (Saint-Jean) où ils
sont immédiatement pansés et opérés par M. le médecin auxiliaire
Petel et par mon confrère civil, le docteur Lestoquoy.
Les
autres blessés sont dirigés sans transbordement sur les hôpitaux
auxiliaires et temporaires, où tous les médecins civils et
militaires sont à leur poste. Ce défilé continue sans interruption
jusqu’à 10 heures du soir, à ce moment, mort de fatigue, je me
fais remplacer et m’étends pour quelques heures sur un lit
d’hôpital.
Le
nombre des blessés admis dans nos hôpitaux dans cette journée du
28 août, s’élève à 500 environ, mais aucune comptabilité
régulière n’a pu être tenue. Tous ont été pansés sur le champ
de bataille soit par eux-mêmes ou leurs camarades soit par des
médecins de corps de troupe.
Pendant
la nuit, des paysans amènent encore quelques blessés dans leurs
charrettes, d’autres sont conduits en auto.
II)
« D’après
« Sous la botte », ouvrage rédigé par Élie Fleury,
directeur du Journal de Saint-Quentin, les signes avant-coureurs de
l’invasion se font ressentir dès le 25 août ».
25
août : « Charleroi est en feu. Déjà à Charleroi ! Mais alors,
c’est nous dans quelques jours ? », s’inquiète-on sur les quais
de la gare.
27
août : journée de la « grand’peur » à Saint-Quentin. Les
habitants entendent les bruits lointains d’une bataille.
Finalement, la rumeur court que celle-ci s'est éloignée et que les
Allemands ont été repoussés.
28
août, 6 heures du matin : le préfet de l’Aisne, M. Leullier,
débarque, sur ordre du président de la République, afin d’étudier
les moyens de transporter la collection des pastels de
Maurice-Quentin De La Tour jusqu’à Paris...
Une
visite perturbée par les avertissements des employés sur l’arrivée
imminente des Allemands.
«
Somme toute, la ville se trouve le 28 août, sur la ligne de contact
et de glissement des I ére et IIe armées qui se précipitent vers
Paris. »
9
heures : du haut du petit clocher de la basilique, Élie Fleury
aperçoit la bataille toute proche, à Bellenglise et Nauroy.
Pourtant, en bas, les nouvelles semblent bonnes,
«
Les mieux renseignés tiennent de la sous-préfecture qu’il y a 200
000 Anglo-Français en face de l’armée Allemande et que la ville
ne court aucun danger ». Remontant au clocher, l’observateur se
rend compte que la situation se gâte.
«
Omissy et Lesdins sont dans la fumée au nord... À l’Est, du côté
de Tout-Vent, on perçoit distinctement à l’œil nu des mouvements
d’artillerie et des poursuites de cavaliers au-delà d’Harly...
La peur, aux ailes grises, plane sur la cité... Or, des Allemands
sont entrés déjà dans Saint-Quentin. On les a vus et on n’y
croie
pas ! »
10
h 30 : le gardien du cimetière de l’Est a aperçu des hussards
trottant près de la haie. « Illusion, lui fit-on répondre », à
la mairie...
Midi
: un jeune garçon arrivant de Ribemont fait la rencontre d’un
officier Allemand en traversant Itancourt... Ce dernier lui
gribouille un mot, conseillant aux habitants de ne pas faire de
résistance s’ils veulent éviter des représailles.
15
h 30 : scène semblable rue de Guise, dans le faubourg d’Isle. Un
négociant se tenant devant sa porte, se fait alpaguer par un
officier Allemand lui demandant si l’hôtel de ville est proche et
s’il y a des soldats.
«
Dites surtout que nous ne faisons pas la guerre aux civils ».
Dans
les bureaux de l’hôtel de ville, le cercle des chefs de service se
resserre. Seules les rumeurs, disant que les « Prussiens sont dans
les faubourgs », leur parviennent.
«
Au fond, c’est là, au centre, qu’on est le moins bien et le
moins vite renseigné ». La menace grandit.
«
Les gens et les choses prennent un aspect tragique ». Les rues se
vident, les volets s’abaissent.
17
h 25 : le conseiller Delhorbe se précipite dans le cabinet du
maire...
«
Les v’là ! »... Un rang d’hommes gris, coiffés de casques,
s’alignent rue Croix-Belle-Porte à l’angle du Café de Paris.
«
En arrière, un fourmillement de troupes. Une fusillade crépite et
la salve balaie la place jusqu’à la rue de la Sellerie. Deux
hommes essaient de gagner le Café de l’Univers : l’un, M.Henri
Brouillon, tombe foudroyé, l’autre, un soldat du 10e, est blessé
à la face mais réussit à entrer dans le café .»
Les
soldats se déploient, la Grand’Place est prise d’assaut...
Silence... Coups de feu en l’air en direction du beffroi.
Précédé
de Delhorbe, agitant une serviette blanche, le maire, Arthur Gibert,
descend à la rencontre des cavaliers avancés devant l’hôtel de
ville.
En
guise de salutation, le général-major Schwarte, mettant pied à
terre, l’interroge sur le nombre de troupes en garnison, avant
d’entrer dans la mairie...
Les
91 000 francs dormant dans la caisse municipale sont levés et un
avis, destiné à la population, est de suite rédigé. Très vite,
les Allemands se mettent en quête de vin et de vivres, ordonnant aux
habitants « revolver sous le nez », d’en trouver pour eux... Le
maire et ses conseillers sont gardés à vue dans la loge du
concierge.
«
Garants de la tranquillité de la population », on leur signale
qu’ils ne peuvent plus quitter la mairie.
21
heures : Delhorbe a trouvé de quoi remplir les ventres. Des matelas
ont été montés dans le cabinet du maire, « où l’on s’installe
pour la nuit ».
À
l’extérieur, les soldats sont massés sur la place, éclairés par
de grandes torches. L’arrivée de ses milliers d’Allemands
engendre de nombreuses scènes de désordre. Le lendemain, « la
mairie obtient l’autorisation de faire enlever les corps des
soldats du 10e tués en ville ».
III)
28
août 1914. En pleine retraite, se dirigeant vers le nord de
Saint-Quentin, le 28e RI bifurque afin d'aider un bataillon du 228e
RI qui tient un pont de l'Oise à Guise. Les fantassins tentent de
rentrer dans la ville mais les compagnies sont anéanties par
l'artillerie Allemande et par des effectifs ennemis très supérieurs.
Les pertes sont très importantes... Le lendemain, le général
Lanrezac avec sa Ve Armée repousse pour un temps la déferlante
Allemande...
On imagine alors les glorieux pantalons rouges traversant le barrage des obus Allemands sans une seule égratignure et les balles ennemies devenir molles au contact des capotes ! Malheureusement pour la propagande, les environs de Guise sont de véritables charniers pour les Normands et les Parisiens du 28e I et beaucoup de familles ne retrouveront jamais le corps de leur fils ou de leur mari...
Commençons par un extrait d'une lettre édifiante, écrite par André Allier, le colonel du régiment qui a été accusé d'incompétences lors de cette journée du 28 août :
« ...
Si le matin, à 7h30, je sortais de la maison où j'avais passé la
nuit (Sains-Richaumont), c'est que debout depuis l'aurore,
j'attendais des ordres [souligné par Allier] :
Je
ne les reçus qu'à 6h30,
J'en
reçus de nouveaux à 7h15, modifiant les premiers.
La
rue étant obstruée, mon capitaine adjoint et moi dûmes rentrer
dans la maison pour faire de nouvelles expéditions destinées à
chacun de mes 3 Bataillons dont deux étaient détachés.
3
ordres et contre-ordres se succédent de 7h30 à 8h30... Ils émanent
directement de M. le Général commandant le 18e Corps d'armée, - de
M. le Général commandant la 35e Division, - de M. le Général
commandant la 11e Brigade. - Je ne les ai plus malheureusement, ils
sont restés dans les mains de mon capitaine adjoint, M. le capitaine
Roc, que je n'ai plus revu après le combat du 28...
Mes ordres donnés, je double la colonne, arrive à Le Héry-la-Vieville, et à la sortie N, M. le Général Hollender m'arrête et me dit :
Mes ordres donnés, je double la colonne, arrive à Le Héry-la-Vieville, et à la sortie N, M. le Général Hollender m'arrête et me dit :
« Tout
est changé : on ne marche plus sur Mont d'Origny, mais sur Guise,
votre Bataillon avant gauche a été prévenu - ralliez-vous avec le
24e. »
Je croisais 100 mètres plus loin M. le Général Excelmans auquel je rendis compte de ma nouvelle mission et me répondit : C'est bien...
Mon unique préoccupation était de rallier mes 2 bataillons lancés en avant vers Origny, afin d'être sûr qu'ils soient bien orientés sur Guise, et je râtisse la zone du terrain parallèle à la route La Hérie-Landifay-Courjumelles sans les trouver je me rabat sur la ferme Courjumelles où je vois M. le Général Perruchon et son chef d'état major qui me disent avoir vu un de mes bataillons se diriger sur Guise.
Je
m'oriente dans cette direction, rencontre la compagnie Laurens qui,
en tête d'avant garde sur Origny, se rabat sur Guise... Je pique
dans cette direction et rallie mes 2 Bataillons (Bataillon
Berthomieux et Bataillon Florentin) à 4 Km S.O. de Guise en
formation de marche d'approche.
Je
les conduis alors à l'attaque de Guise, et je n'entre pas dans les
détails (Capitaines tués, supercheries Allemandes, le 228e tirant
sur le 28e, etc.)... J'arrête la retraite, rallie des fractions
éparses, etc...
J'ai
tout vu, le Bataillon Berthomieux en flèche, découvert sur son
flanc gauche, cédant sous le feu des mitrailleuses...
Je
suis resté indemne ! Je ne sais pourquoi, et je le regrette ! mais
j'étais en plus avec mes 2 Bataillons engagés (le 3e Bataillon a
été gardé à l'aile droite comme soutien d'artillerie)...
Je
n'étais pas auprès de mes chefs divers qui ne m'ont pas vu, c'est
vrai, mais d'autres vivants ou morts aujourd'hui, m'ont vu près
d'eux. »
« « Lettre
écrite en septembre 1914 au général de la Ve armée. Extrait du
dossier individuel d'André Allier (SHD, Vincennes) » »
André
Allier fut limogé et mis à la retraite. Une enquête fut menée
pour connaître l'attitude du colonel lors de la retraite...
Hasard ? On retrouve dans les archives du 28e RI, plusieurs rapports d'officiers du régiment ayant combattu en août 1914. Ces rapports sont datés d'avril 1915 et ont été transmis par le successeur d'André Allier, le lieutenant-colonel Ernest Capitant.
IV)
Hasard ? On retrouve dans les archives du 28e RI, plusieurs rapports d'officiers du régiment ayant combattu en août 1914. Ces rapports sont datés d'avril 1915 et ont été transmis par le successeur d'André Allier, le lieutenant-colonel Ernest Capitant.
IV)
Le
Bataillon (pauvre bataillon qui ne compte même plus 400 hommes) est
désigné pour occuper le Bois de Crévie.
Nous
relevons des éléments d’un régiment de la 59e Division (20e
Corps) et j’ai la surprise de trouver, à la tête d’une des
Compagnies, un des Saint-Cyriens dont j’ai fait la connaissance à
la Gare de Toul... Je suis émerveillé du brio avec lequel ce jeune
garçon, hier encore sur les bancs de l’École, se tire d’affaire.
Il commande sa Compagnie avec autant d’assurance que moi qui suis
un vieux soldat.
Notre
séjour au Bois de Crévie ne va pas être folâtre. On s’y est
battu ferme le 25 août, et de nombreux tués, gisant çà et là, en
témoignent éloquemment.
Souvent
je me rappelle, et plus particulièrement encore à l’heure
actuelle, le fait suivant, dont avait été témoin mon pauvre Père,
en 1870, au cours du siège de Paris qu’il a fait dans la Mobile...
« Un
jour, sa Compagnie est désignée comme soutien d’un détachement
de fusiliers-marins chargé d’enlever un petit poste Allemand
installé dans une maison de la banlieue sud, je crois. Son unité
n’eut pas à intervenir, d’ailleurs, les marins ayant, à eux
seuls, expédié la besogne, mais, celle-ci terminée, mon père,
accompagné de quelques-uns de ses hommes, pénétra dans une sorte
de cave dépendant de la maison et se trouva en présence d’un
officier Prussien, debout, la main droite armée de son sabre, la
gauche crispée sur une barre de fer fermant la porte... chose
horrible, cet homme, mort, a une moitié de la tête tombant sur son
épaule, ayant eu le crâne fendu en deux d’un coup de hache
d’abordage par un de nos matelots. Cette histoire m’a toujours
laissé une impression profonde ».
Eh
bien, ce que je vais voir dans le Bois de Crévie, va dépasser en
horreur, cette vision de cauchemar. En arrivant à un saillant de la
lisière, se dresse devant moi, le cadavre d’un petit soldat
Français, imberbe, de la classe 13, certainement, qui se tient
debout par un miracle d’équilibre et me regarde de ses grands yeux
vitreux... Ô ! l’épouvantable chose ! A côté de lui
est étendu, à moitié nu, un autre fantassin, tué pendant qu’il
changeait de linge. Ce sont, ensuite, deux soldats, l’un Français,
l’autre Allemand, qui se sont mutuellement et simultanément
transpercés de leur baïonnette et restent ainsi figés, se
regardant farouchement… Un peu plus loin, toute une demi-section
Bavaroise, son sous-officier en tête, a été foudroyée en pleine
action et est renversée comme un château de cartes. Au milieu du
groupe, un homme pousse de faibles plaintes, il n’est que blessé,
mes soldats le dégagent, non sans peine, et lui donnent à
boire.
L’odeur
répandue par tous ces corps plus ou moins décomposés est
épouvantable et, cependant, il va nous falloir passer la nuit au
milieu de ce charnier... La perspective est assez lugubre.
Heureusement, je commence à avoir l’âme solidement trempée par
le constant voisinage de la mort.
De
place en place, on remarque : des tas de Mausers, de sacs en
poil fauve, d’équipements, de bottes boches. C’est surprenant ce
qu’on trouve de ces derniers, il est à croire que, pour mieux
courir, leurs porteurs s’en sont débarrassés prestement. Je ne
vois pas que l’on rencontre des brodequins Français abandonnés,
en aussi grande quantité...
Un
77, à bout de souffle, est venu s’incruster, sans éclater, dans
le tronc débile d’un jeune arbre et reste là, fiché à hauteur
d’homme.
Mon
tambour me montre un étui plein de cigares qu’il a … trouvé sur
le cadavre d’un Oberleutenant.
Enfin,
la relève terminée, nos hommes placés dans des retranchements tout
préparés, nous nous installons dans une cache, avec l’intention
très ferme d’y attendre les événements...
V)
Le
28 août à 7 heures, le général Lanrezac prescrit que le
dispositif de l'armée sera modifié au cours des mouvements de la
journée, en vue de prononcer le lendemain une attaque vers
Saint-Quentin contre les forces ennemies qui sont sur la rive droite
de l'Oise.
Le
3e corps poussera son avant-garde jusqu'à Courjumelles et
s'éclairera dans les directions de Guise et Saint-Quentin, le 18e
corps occupera Ribemont par son avant-garde et prendra des
dispositions pour franchir l'Oise à Ribemont et à
Séry-lès-Mézières, des reconnaissances de cavalerie seront
poussées sur la rive droite au nord et au sud de Saint-Quentin, afin
de rechercher où se trouve la gauche Allemande dans cette région...
Le
groupe de divisions de réserve se flanc-gardera le long de l'Oise et
portera aux ponts d Origny, de Ribemont et de Séry-les-Mézières
des détachements qui en assureront la garde, jusqu'à ce qu'ils
soient relevés par les 3e et 18e corps. Les ponts en aval de
Séry-lès-Mézières seront tenus pareillement. Rien n'est modifié
aux mouvements des 10e et 1er corps. Toutefois, le 3e corps qui doit
attaquer en direction de Saint-Quentin est renforcé de la 37e
division enlevée au 10e corps et qui va cantonner dans la région de
Lugny.
Un
peu avant 9 heures, le commandant en chef arrive à Marle auprès du
général Lanrezac et lui donne l'ordre écrit suivant :
« La
Ve armée attaquera dés que possible les forces Allemandes qui se
sont portées hier contre l'armée Anglaise. Elle se couvrira sur sa
droite avec le minimum de forces en s'éclairant de ce côté à
grande distance. »
Le
général Lanrezac décide donc que son armée attaquera le lendemain
matin en direction de Saint-Quentin. Il en avise à 10 heures le
commandant en chef et lui demande d'en informer les généraux
Maunoury et d'Amade ainsi que le maréchal French.
Préalablement,
il a fait part, lui-même de ses intentions au général de Langle,
en ajoutant que sa division de cavalerie maintiendra la liaison avec
le 9e corps.
Au
cours de la journée, le quartier général de la Ve armée se
transporte à Laon, tandis que les corps réalisent en fin de marche
le dispositif suivant :
Le
1er corps ( Q. G. à Tavaux ) sur la Serre entre Agnicourt et
Saint-Pierremont (2e division et au nord de la Serre entre Bosmont et
Hary ( 1e division ), la 8e brigade à droite vers Montcornet, la 51e
division de réserve dans la région la Neuville-Bosmont,
Goudelancourt. La 4e division de cavalerie sur le Thon dans la zone
la Bouteille, Bucilly-l'Abbaye couvre le flanc droit de l'armée et
assure la liaison avec le 9e corps.
A
l'ouest de Vervins, le 10e corps ( Q. G. Lugny ) a sa 19e division
vers Gercy, Voulpaix.
Saint-Pierre,
sa 20e à Rougeries, les Bouleaux, Marfontaine.
En
arrière, la 37e division stationne à Saint-Gobert, Lugny et
Rogny... Elle a reçu l'ordre de se mettre en marche le 29 août à 1
heure pour se porter vers le Hérie-la-Viéville à la disposition du
général Hache.
Le
3e corps à la tête duquel le général Hache a remplacé le général
Sauret (Q. G. Sons) est installé à cheval sur la route Marle, Guise
La
5e division à Puisieux, Sains-Richaumont, la Neuville-Housset,
La
6e à Courjumelles, le Hérie-la Viéville et Sons.
Le
18e corps (Q. G. Chevresis-Monceau) a sa 35e division dans la région
Parpeville, Pleine-Selve, tenant les ponts de Lucy.
La
36e à Villers-le-Sec occupant ceux de Ribemont et Séry-lès-Mézières.
La
38e division stationne entre Monceau-le-Neuf' et la Ferté-Chevrésis.
La
35e division n'est arrivée que très tard et assez éprouvée à
Pleine-Selve.
En
effet, 2 bataillons de la 53e division de réserve qui tiennent les
ponts de Guise et de Flavigny ont été attaqués vers midi par une
colonne Allemande de toutes armes et refoulés sur la rive sud de
l'Oise.
Tandis
que la 5e division, pour leur prêter appui, vient occuper le front
Audigny, Claulieu,
La
35e division porte son artillerie, avec une brigade, de le
Hérie-la-Viéville sur Guise et arrêtant la progression ennemie,
puis, rompant le combat à la chute du jour, elle se replie vers sa
zone de cantonnement Pleine-Selve et Parpeville.
D'autre
part, la 53e division de réserve, après avoir recueilli ses
éléments de Guise, vient tenir avec la 105e brigade une position
entre l'ouest d'Audigny et Macquigny, tandis que la 106e brigade
occupait les ponts de Ribemont et de Séry-lès-Mézières , en
attendant d'y être relevée par le 18e corps.
Dans
la nuit, la division est rassemblée vers Surfontaine.
Quant
à la 69e division de réserve, elle a marqué un temps d'arrêt dans
l'après-midi entre Landifay et Courjumelles, prête à s'engager au
sud de Guise. Puis, sans avoir eu à intervenir, elle reprend son
mouvement et atteint la zone Renansart, Nouvion-et-Catillon.
Le
4e groupe stationne ainsi face à l'ouest en cantonnement d'alerte ,
prêt à se porter rapidement vers l'Oise , ses avant-postes échelonnés sur la rive est de l'Oise et sur le canal entre Séry-lès-Mézières et Achery.
VI)
Le
28 au matin, le maréchal French informe le général Lanrezac que
l'armée Britannique continuera à battre en retraite et que son
quartier général sera à midi à Compiègne...
Il
fait transmettre au général Sordet des remerciements pour l'aide
efficace et des plus utiles qu'il lei a apporté le 26 dans
l'après-midi, le corps de cavalerie a apportée à la gauche
Anglaise. Puis il fait connaître au général Joffre que la retraite
s'est poursuivie le 27 août dans de meilleures conditions et sans
être sérieusement inquiétée, grâce à l'appui que lui ont
apporté d'une part le corps de cavalerie du général Sordet au nord
de Péronne, et également par les divisions de réserve du groupe
d'Amade dans la région Combles , Bertincourt.
Les
3e, 4e et 5e divisions Britanniques arrivent le 28 à Noyon. Les 1re
et 2e divisions, en meilleur état, ont conservé leur cohésion et
seront le soir à Chauny.
Dans
ces conditions, l'armée Anglaise va pouvoir commencer à se
reconstituer, mais elle reste toutefois hors d'état de reprendre la
campagne pour une période assez longue...
En
attendant, le sous-chef d'état-major de l'armée Britannique, le
général Wilson, considère comme indispensable qu'une armée forte
de 6 à 7 corps soit rassemblée en arrière et à gauche de l'aile
gauche Française actuelle, pour empêcher la ligne alliée de
succomber par morceaux sous des attaques aussi puissantes que celle
qui a amené la défaite Anglaise.
En
fait, le 1er corps Britannique retraite d'Origny-Sainte-Benoite sur
la Fère par la rive droite de l'Oise, et dans la soirée il
s'établit sur la rive sud entre Andelain et Bichancourt, son
quartier général vers Fresnes au sud de Saint-Gobain.
Le
2e corps atteint en fin de marche la région de Noyon. Les mouvements
ont été couverts par la cavalerie. L'ennemi n a été rencontré
nulle part. Il semble d'ailleurs, à l'estimation de l'état-major
Anglais, qu'aucune force Allemande importante ne se trouve au sud de
la région de Vermand.
Dans
l'après-midi, le général Joffre fait savoir au colonel Huguet que
nos avant-postes couvriront les passage :
De
la Somme entre Péronne et Ham,
Ceux
de l'Oise à a Fère et en amont.
Il
pense donc que les Anglais ont de leur côté des arrière-gardes à
Ham, Saint-Simon et Jussy.
Le
maréchal French répond tout d'abord que ses arrière-gardes sont
plus au sud et peu après il fait connaître que, (20 h 30), la 3e
brigade de cavalerie et la 3e brigade d'infanterie sont à Vendeuil
et à Choigny, le reste de la division de cavalerie à Jussy sur le
canal Crozat et à Cressy au sud de Nesle... La ligne de 1a Somme
entre Ham et Saint Simon est donc abandonnée.
Dans
la soirée, le commandant en chef Anglais exprime au général Joffre
ses regrets de ne pouvoir coopérer à l'action prévue par la Ve
Armée pour le lendemain... La fatigue des troupes exige au moins un
jour de repos sur les emplacements occupés le soir.
A
la gauche de l'armée Anglaise, la VIe armée tient, en fin de
journée du 28 août, la ligne Bray-sur-Somme, Chaulnes, Nesle. Ses
éléments débarqués comprennent la 14e division, la brigade Ditte
et la 55e division de réserve. Le corps de cavalerie a été assez
violemment attaqué dans la région de Péronne.
Le
28 août au soir, la situation présumée de l'ennemi apparaît la
suivante : On n'a pas de renseignements précis sur les mouvements de
la Ire armée Allemande.
Par
des radios interceptés, on sait seulement que, commandée par le
général von Kluck, l'armée se glorifie d'avoir battu d'une façon
décisive l'armée Anglaise à Mons, puis à Solesmes, et d'avoir
fait plusieurs milliers de prisonniers...
S'avançant
dans la région à l'ouest de Saint-Quentin, elle atteint déjà la
Somme, dont le 2e corps se prépare à attaquer les positions.
D'après
l'état-major Anglais il faudrait s'attendre à être attaqué le 29
au matin sur Péronne par au moins 2 corps et demi Allemands.
Les
mouvements de la IIe armée Allemande, commandée par le général
von Bülow, ne sont pas précisés. On sait seulement dans
l'après-midi que des colonnes ennemies avancent de Wassigny sur
Bohain et à l'est de Saint-Quentin, de Fontaine-Notre-Dame sur
Homblières.
Devant
la Ve armée, sur l'Oise, des forces Allemandes se portent sur Guise,
Chigny et Englancourt.
Des
cavaliers de la Garde ont passé la nuit à Vimy près d'Hirson. La
région Hirson, Chimay, Rocroi parait vide.
Le
28, l'ennemi a refoulé vers l'ouest les divisions de réserve qui se
dirigeaient sur Péronne et a débouché sur la rive sud de la Somme
par Péronne et Brie dans la direction de l'ouest, menaçant la zone
de débarquement des éléments de la VIe armée. Il est essentiel
que l'action de la Ve armée se fasse sentir aussi énergiquement que
possible...
Répondant
aux intentions du général Joffre et tenant compte, d'autre part, de
l'abstention des Anglais, le général Lanrezac modifie ses ordres de
la veille par l'Instruction suivante qu'il adresse à 7h 30 :
«
La I ère armée Allemande a attaqué Péronne hier par sa droite. Il
importe que l'attaque que nous lançons dans son flanc gauche soit
menée avec la dernière énergie et toute la promptitude dont nous
sommes capables.
Le
mouvement initial sera orienté sur Saint-Quentin.
En
conséquence, lorsque le 18e corps aura franchi l'Oise, il prendra
comme direction générale Saint-Quentin, sa droite un peu à l'est
de Mesnil-Saint-Laurent.
Le
3e corps infléchira sa direction d'attaque vers l'ouest, tout en
s'échelonnant, comme il a été prescrit, par rapport au 18e corps
et en restant en liaison avec lui, sa gauche vers Marcy.
Le
groupe de divisions de réserve appuiera à gauche le mouvement du
18e corps en prenant comme direction Urvillers. »
A
6 heures, l'attaque en direction de Saint-Quentin débouche sur la
rive droite de l'Oise et progresse d'abord sans difficulté.
Vers
10 h 30, le 18e corps et le 4e groupe de divisions de réserve
tiennent les abords de la ligne Essigny, Urvillers,
Neuville-Saint-Amand, Mesnil-Saint-Laurent.
Au
début de l'après-midi, une violente attaque Allemande se produit
sur le flanc droit de l'armée. Dès lors, la mission primordiale
pour celle-ci est de rejeter dans l'Oise les troupes ennemies qui ont
passé sur la rive gauche. Le 1er corps, au lieu d'attaquer sur
Saint-Quentin, est ainsi amené à s'engager face au nord en liaison
avec les 3e et 10e corps.
A
16 h 30, la situation est la suivante :
Le
18e corps, qui n'a pu être appuyé par le 3e, obligé de s'engager
sur Guise, se replie sur l'Oise devant une vive attaque. Il en est de
même du 4e groupe de divisions de réserve. Le reste de l'armée
fait face à l'offensive qui a débouché de Guise et à l'est et qui
parait menée par 3 corps Allemands, tandis qu'à l'extrême droite
la 4e division de cavalerie au nord de Vervins se porte contre le
flanc gauche des colonnes ennemies.
En
fin de journée, les 1er, 10e corps et la plus grande partie du 3e
corps refoulent par une vigoureuse contre-attaque les forces
Allemandes qui ont débouché sur le front Guise, Autreppes. Sur le
front du 18e et du 3e corps, nos troupes tiennent les ponts de l'Oise
et occupent les hauteurs de la rive gauche avec avant-postes sur la
rive droites...
VII)
La
situation est triste les Allemands avancent vers Arras, au ministère
de la Guerre on examine la question de la mise de Paris en camp
retranché...
Le
Préfet du Nord est rentré mais les communications télégraphiques,
téléphoniques et postales sont toujours interrompues.
Paul
ira à Lille au café Bellevue porter des lettres pour Madeleine et
pour Amiens la chambre de commerce tentant d’organiser un service
postal par autos pour quelques directions.
Mr
et Mme Paul Loth qui sont allés au Havre au devant de Marcel l’ont
laissé à Paris où il a été se mettre à la disposition de
l’autorité militaire, ils ont eu beaucoup de peine à rentrer à
Roubaix, ont dû aller de Paris à Calais et de revenir à Roubaix
par auto.
Longwy
capitule après 24 jours de siège : le lieutenant colonel Darche est
nommé officier de la Légion d’Honneur pour sa conduite héroïque
dans la défense de Longwy.
Mort
de Mr Henri Tersynch emporté en quelques jours par une péritonite,
la guerre l’a beaucoup affecté et il s’est fatigué étant
président de la société des Dames Françaises...
VIII)
Dès
début d'août, des travaux de renforcement du Camp retranché de
Paris sont lancés,
raconte l'office National des Forêts, mais ils prennent du retard,
et quand
« le
général Gallieni devient gouverneur militaire de Paris le 26 août,
les positions d’infanterie et d’artillerie ne sont pas en état
de fonctionner ».
IX)
La
première
bataille de Heligoland
est un engagement naval livré lors de la Première
Guerre mondiale,
c'est une victoire Britannique.
Cette
courte nouvelle que l’on trouve en p. 3 du Petit Comtois du 26
mars, peut servir de prétexte pour évoquer la
puissance navale Allemande à la veille de la guerre.
La
collision entre deux torpilleurs Allemands dont il est ici question,
s’est produite à Heligoland.
Cette
petite île aux falaises gréseuses, située au large de l’estuaire
de l’Elbe, en Allemagne du Nord, occupe une position stratégique.
Elle représente une position avancée pour la
« Kaiserlische Kriegsmarine » en
1914.
La
marine de guerre Allemande prend de l’importance quand Guillaume II
en fait un élément majeur de sa Weltpolitik (politique mondiale).
Par des lois de 1898 et 1900, il lance une construction navale
d’envergure et confie cette tâche à Alfred Von Tirpitz.
Cette
flotte devient la deuxième derrière la flotte Anglaise et sa montée
en puissance pendant les 15 années précédant 1914 est une des
causes du rapprochement Anglo-Français et de l’entrée en guerre
du Royaume-Uni.
Basée
surtout à Kiel, Hambourg, Brême, Wilhemshaven… la « Kaiserlische
Kriegsmarine » est constituée de 6 cuirassés de combat, 40
cuirassés de types variés, et 90 contre-torpilleurs.
L’île
sera témoin d’une grande bataille navale entre les flottes
Anglaise et Allemande dès le début de la guerre, le 28 août 1914.
La
bataille d’Heligoland
remportée par la « Royal Navy » ancrera définitivement
la supériorité navale Britannique pour la suite de la guerre...
L'Express
- il y a 2 jours
vlecalvez.free.fr/Guise/Guise.html
28
août 1914.
En pleine retraite, se dirigeant vers le nord de Saint-Quentin, le
28e RI bifurqua afin d'aider un bataillon du 228e RI qui tenait un
pont de l'Oise à ...
aufildesmotsetdelhistoire.unblog.fr/.../le-28-aout-1914-la-bataille-de-heli...
5
sept. 2013 - La bataille de Héligoland. D'après « La Marine
française pendant la Grande guerre (août
1914-novembre
1918) » – Georges Clerc-Rampal – ..
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