lundi 8 décembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR LR 23 NOVEMBRE 1914

23 NOVEMBRE 1914

I)
Le lundi 23 novembre, la lettre adressée récemment par la municipalité de Cambrai aux autorités Allemandes a fait l'objet d'une réponse :

23. novembre 1914.
Il y a lieu d'informer la mairie de Cambrai que la décision du 2 novembre 1914 d'après laquelle la ville devra payer à la caisse de guerre la somme de :
59 748,95 F reste en vigueur.
Le montant de 20 000 F est payable de suite en espèces ou en papier. Le reste de 39 748,95 francs dans le délai de 3 jours en bons de la Chambre de Commerce de Cambrai.
Signé : Comte De Montgelas
Lieutenant général et inspecteur d'Étape.

Il faut donc s'exécuter et la somme de 20 000 F est versée le 27 novembre. Mais avant de verser le solde on décide d'essayer d'obtenir la remise de
14 000 F environs dépensés pour installation de l'hôpital Allemand de Proville et pour la création de nouveaux fours de boulangerie au Bon Pasteur.
Georges Desjardins

II) 
L'accalmie cesse Ypres bombardé
Paris, 23 novembre, 0h44
Communiqué officiel du 22 novembre, 23h : Cette journée a été marquée par un violent bombardement d'Ypres, qui a détruit les Halles et l'Hôtel de Ville Assez forte canonnade dans la région de Soissons et de Vailly. Sur le reste du front, rien à signaler.

Je ne sais s'il est exact que certains soldats ont emporté dans leur sac en campagne un Homère, ou un Montaigne... Il ne m'est resté, pour ma part, aucune place de nature à abriter mes auteurs favoris. Aussi dois-je vivre sur mon « fond » intellectuel.

Sur la grande route, traversée par des dragons, tout en réchauffant mes doigts gourds à un feu de bivouac, j'ai rappelé à un vieux camarade de classe quelques passages de l'éloge du général Langlois, prononcé par M. Boutroux à l'Académie Française.
Le général, avec son admirable clairvoyance, avait nettement prévu le caractère de la guerre d'aujourd'hui, guerre lente, savante, toute de précautions et de ruses infinies.
Et c'est la tactique de Langlois que nos généraux ses disciples appliquent dans tous ses modes.
Comme il aurait été heureux de voir triompher les idées pour lesquelles il a combattu avec tant d'énergie !
Et au souvenir de Langlois se mêle aussi celui de Gilbert, du capitaine Gilbert, le protagoniste de la défense de Nancy.
A l' « Est Républicain » figurait autrefois et doit se trouver encore dans les archives, un plan détaillé du Grand-Couronné de Nancy, avec l'emplacement d'Amance.
Ainsi, selon la forte parole d'Auguste Comte, nous sommes gouvernés par les morts.

Et puis cette guerre exige encore plus d'héroïsme que les autres. Je viens de voir une compagnie monter vers les tranchées. Ces soldats sont placés comme sentinelles à une très petite distance de l'ennemi.
Songez à ce qu'elles doivent déployer d'énergie pour ne pas se laisser surprendre, pour donner l'éveil à leurs camarades.
2 hommes sont perdus dans l'obscurité tragique... La mort rôde autour d'eux, mais ces enfants de 20 ans n'ont ni tristesse, ni peur.
Ils accomplissent un devoir plus difficile que les charges des cavaliers du roi Murat ou que les assauts d'Austerlitz.
Chez nous, pas d'énervement, malgré la longueur de la guerre. L'être humain a d'ailleurs une incroyable force de résistance. On s'habitue très vite à coucher
dans la paille humide des granges avec des rats pour voisins, trop heureux encore de cet abri, infiniment plus confortable que celui des tranchées.
Pierre Leony.

III)
Les avions Anglais de Belfort Delémont, 23 novembre :
Les avions qui ont bombardé Friedrichshafen sont tous 3 des biplans anglais blindés dit Bristol, de grandes dimensions. Ils sont, dit le « Démocrate », partis de Belfort, où ils stationnent depuis peu...

Vendredi, ils tournoient autour de la citadelle pour leurs vols d'essai.
Samedi matin, à 6 heures, tous3 partent pour Friedrichshafen, un quatrième ne peut s'élever, 2 sont rentrés, croyant avoir réussi dans leur tâche.
Dimanche matin, une revue militaire a lieu en leur honneur au Champ de Mars. Le général gouverneur Thévenet a félicité chaudement les aviateurs, les a embrassés, et les a décorés de la Légion d'honneur.
Militaires et civils ont crié : « Vive l'Angleterre ! » Les glorieux pilotes ont salué modestement... Les avions Bristol sont de puissants engins de guerre attachés à Belfort pour exécuter des raids en Allemagne et qui feront parler d'eux.

IV)
Poursuites contre l'Abbé Collin :
Genèvre, 24 novembre. -
La « Gazette de Francfort » annonce que le gouvernement de Metz, sur l'ordre du gouverneur militaire, décide d'ouvrir une enquête contre l'abbé Collin sous l'inculpation de haute trahison et de crime de lèse-majesté en raison d'un article publié récemment par celui-ci dans le journal français « la Croix ».

V)
Ils canonnent Soissons et Reims, nous les repoussons en Argonne :
Bordeaux, 23 novembre, 15h50
La journée du 22 a été marquée par des violentes canonnades.
L'ennemi a dirigé particulièrement ses coups sur Ypres (dont le clocher, la cathédrale, les halles et de nombreuses maisons ont été incendiés) ; sur Soissons et sur Reims.
Dans l'Argonne la journée a été très chaude. L'ennemi a prononcé des attaques très vives, qui ont été repoussées.
En Woëvre et dans les Vosges, la situation est sans changement.

Paris, 24 novembre, 0h50 le communiqué officiel du 23 novembre, 23h, dit :
Aujourd'hui, comme hier, canonnade dans le Nord. vers Soissons et Reims.
Dans l'Argonne, violentes attaques des deux partis, sans résultats. Nouvelles attaques repoussées en Argonne...

VI)
Emplacements du 56e inchangés. À Vignot : Les renforts destinés au régiment cantonnés à Vignot ont rejoint leurs bataillons respectifs dans les conditions suivantes :
Le 1er bataillon.
Commandant Mayotte. Bois de la Louvière : le détachement composé de 208 hommes est parti le 23, à 2h, de Vignot, pour arriver à 6h à l’étang de Ronval, où il a été pris par les cadres du bataillon. Vers le village de Marbotte, deux obus de 105 sont tombés à 800 mètres du détachement.
Dès leur arrivée, ils ont été affectés à leurs compagnies. La relève s’est faite sans incident.

Le 2e bataillon.
Capitaine Beaulieu. Bois d’Ailly : Une première fraction de 128 hommes est partie le 23, à 1h, de Vignot, pour arriver à 5h à la Croix Saint-Jean, où elle a été prise par les cadres du bataillon.
Dès leur arrivée, les jeunes soldats ont été affectés à leurs compagnies. La relève s’est effectuée sans incident.

Le 3e bataillon.
Commandant Greiner. Bois de la Vaux-Féry : le détachement composé de 132 hommes est parti le 23, à minuit, de Vignot, pour se rendre à la Croix Saint-Jean, où il a été pris à 14h par les cadres du bataillon. L’affectation de ces hommes dans leurs compagnies s’est effectuée sans incident.

Ces relèves effectuées, il reste à Vignot le détachement du lieutenant Jacob, arrivé le 21 et comptant 295 hommes. Dans la journée, à Vignot, rien à signaler.

Retrouvez ce qui fait l’actualité dans nos journaux il y a tout juste 100 ans. Sur la plus grande partie du front, l'ennemi a manifesté surtout son activité par une canonnade intermittente.
D’une façon générale, selon le communiqué officiel publié dans Le Figaro, la situation n'a subi aucune modification. « Sur la plus grande partie du front, l'ennemi a manifesté surtout son activité par une canonnade intermittente, moins vive que dans la journée précédente. Çà et là, cependant, quelques attaques d'infanterie qui ont été toutes repoussées.
Toutefois, comme d'habitude, ces attaques ont été particulièrement violentes dans l'Argonne, où nous avons gagné du terrain, dans la région de Four-de-Paris.

Rien à signaler entre l'Argonne et les Vosges, la brume très épaisse a d'ailleurs gêné les opérations ».

En Belgique, selon le journaliste du « Temps », le gros effort des Allemands est porté sur la destruction d'Ypres. « La vieille et magnifique cité a été condamnée à mort le jour où l’empereur a dû renoncer à y faire son entrée.
Les batteries ne suffisant pas à l'œuvre de ruine, l'ennemi conduit à Houthem un train blindé...
Sous la direction d'un ballon captif, ce train tire sans arrêt des obus explosifs et des obus incendiaires.
La cathédrale, le beffroi, les halles se sont successivement effondrés. Au soir la Grand'Place n’est qu'un amas de décombres. »

La contre-offensive Allemande dirigée de Thorn vers Varsovie entre la Vistule et la Warta par le général von Hindenburg, selon le communiqué officiel Russe semble devoir échouer.
Une nouvelle armée Russe se dirige vers Lodz, où la bataille continue avec acharnement, revêtant au nord de Lodz un caractère d'extrême obstination.
Une autre contre-offensive Austro-Allemande, dirigée simultanément de la ligne Tchenstokhowo-Cracovie vers, le front Radom-Kielce, dans la direction de Varsovie est repoussée, et les Allemands se replient sur Tchenstokhowo.

Un sous-marin Allemand a été coulé par un croiseur Anglais.

« Le Temps » publie une dépêche nous informant d’une attaque qui a été dirigée par des avions Anglais contre la station de Zeppelins de Friedrichshafen, sur les bords du lac de Constance.

Le correspondant du journal « Le Temps » envoie une dépêche décrivant les événements dans la région. Le récit est tout à fait à l’unisson du communiqué officiel, c'est-à-dire totalement partial.
La lecture de son récit donne l’impression que les projectiles Allemands sont inoffensifs et ne peuvent atteindre la valeureuse population que par hasard :
« Les Allemands, qui n'ont pu atteindre Béthune, se vengent en lançant des obus sur la ville. Ces obus, disons-le tout de suite, n'ont pas causé de trop grands dommages, les habitants, qui supportent le bombardement avec courage, en sont quittes pour se terrer quelques heures. Presque tous les obus tombent dans la rue, c'est pourquoi on les appelle les « obus du trottoir ».

Depuis 20 jours que dure le bombardement, 5 personnes seulement ont été tuées un vieillard, deux femmes et deux fillettes.
Le tir est effectué en éventail, des environs de la gare au faubourg de Lille, les premiers obus seuls sont tombés sur le centre de la ville. Le collège de jeunes filles a été atteint par un projectile, les dégâts ont été insignifiants. Beaucoup d'obus sont tombés dans le « Beau Marais », ou ils n'ont pu faire beaucoup de mal, puis dans le quartier du Pré-des-Sœurs.
Près de la gare, un garage renfermant des outils agricoles a été détruit. C'est le seul dommage un peu important que l'on puisse signaler.

Les blessés des hôpitaux et ambulances, les vieillards des hospices ont été évacués par mesure de précaution.
Une partie de la population a quitté la ville, mais celle qui reste semble mépriser les visites des projectiles Allemands.
Mercredi dernier, par exemple, une vingtaine de personnes se trouvant dans le vestibule et les bureaux de la recette des finances, rue de l'Université, attendant leur tour de passer au guichet, où M. Godelle, le receveur, accomplit lui-même ses fonctions. Un obus survient. Après avoir brisé une fenêtre, il explose dans le bureau même...

La mitraille effleure les têtes des personnes, présentes, elle balaie le petit espace compris entre le visage du receveur et le registre sur lequel il est penché.
Par un hasard miraculeux, personne n'est blessé. M. Godelle est renversé, il se relève aussitôt et reprend ses fonctions comme si rien ne s'était passé. Aucune des personnes présentes ne s'enfuit, toutes passent à leur tour au guichet.
On a cependant jugé prudent de transférer le lendemain les bureaux de la recette des finances. »...

« Grosse catastrophe ! » une pénurie de bière pourrait frapper l’Allemagne selon cet article du Figaro : « Plus de bière ! »
« L'Allemagne est depuis quelques jours sous le coup d'une affreuse nouvelle qui, plus que les lenteurs d'une guerre qu'elle croyait être un jeu triomphal, que les échecs de ses armées, met son moral à une rude épreuve : Elle est menacée d'être atteinte dans la bière... Elle est en danger : L'orge va faire défaut aux brasseurs Allemands.
Pour la fabrication de sa boisson brune ou dorée, l'Allemagne a besoin de 60 millions de quintaux d'orge. Or, elle ne produit que la moitié de ce qu'il lui faut. Les 30 millions qui lui manquent, elle les demande à la... Russie.
Quel désastre pour l'Allemand ! Être privé de ses énormes beuveries sera pour lui un rude châtiment, La brasserie est une partie de son existence. Si elle lui manque, il en sera tout démoralisé. »

VII)
Belleu (au sud de Soissons)
L’alerte a continué toute la matinée.
Il fait un froid de loup.
Les hommes battent la semelle dans la rue.
Ils ne sont pas bavards.
Plus les canons et les fusils parlent, moins les troupiers sont bavards.

Des obus continuent de tomber sur Soissons. Nous continuons de répondre bruyamment à coups de 120 et de 155.
-10h Ordre de partir pour la sucrerie de Soissons. La compagnie Dufour nous a devancés et se trouve à Crouy, où l’on entend une violente fusillade.

-11h A Belleu, ordre de nous arrêter et de cantonner sur place.
Pas une botte de paille pour les hommes.
Pas un matelas pour les officiers.
D’ailleurs cette jolie petite banlieue de Soissons est dévastée aussi bien par les troupes Allemandes que Françaises qui y ont cantonné, que par les obus qui y tombent de temps à autre.

Près de nous des batteries tirent sans arrêt.
A 15h des obus allemands arrivent du côté des batteries.
La compagnie Dufour donne de ses nouvelles : Depuis ce matin elle reçoit des obus de 210 à Crouy. Elle se tient dans les caves. Une demi-compagnie du 289e a été faite prisonnière toute entière dans une carrière. Voilà pourquoi la compagnie Dufour est allée à Crouy.

VIII)
Violent bombardement l'après-midi, de 13h15 à 14h30. Je dois retarder mon départ pour le bureau et lorsque je passe rue de Vesle, les obus tombent toujours.
Au moment où j'approche de la permanence de la Croix-Rouge, sise au n°18 de cette rue, des pompiers y apportent, sur un brancard, une pauvre femme blessée, qu'ils viennent de ramasser près de la cathédrale. Triste tableau de la guerre, au milieu de la population civile.

A l'hôtel de ville, en arrivant, je croise un jeune employé du 1er bureau du secrétariat, qui me montre un morceau énorme du culot d'un 210, qu'il vient de ramasser rue de la Tirelire.
Rue Thiers, boulevard de la République et dans le faubourg de Laon, des maisons touchées par ces gros projectiles ont encore été démolies.
Des obus de tous genres sont tombés sur la gare, dans les promenades et du côté de Saint-Remi. Le soir, l'éclairage électrique, rétabli depuis quelques jours seulement dans les bureaux de la mairie, fait défaut, d’importants dégâts ayant été occasionnés également à l'usine d'électricité.

Tout le monde, à Reims, trouve la situation atrocement douloureuse, presque intenable, les ruines s'ajoutant tous les jours aux ruines.
Dans la famille, nous avons envisagé depuis hier, devant la recrudescence du bombardement dans le quartier, l'éventualité de l'écroulement de la maison de mon beau-père, où nous sommes à l'abri, afin de trouver, en ce cas le moyen offrant le plus de chances de sortir des décombres, si cela pouvait se faire.

Nous croyons bon de continuer à nous grouper tous dans l'angle de la salle à manger contigu à la pièce voisine, de manière à garder la possibilité de produire sur le même point un plus gros effort, solution qu'à tort ou à raison nous croyons préférable à la descente à la cave.
D'ailleurs, depuis que nous sommes rue du Jard, nous n'avons pas pu nous résoudre à aller nous y mettre en sécurité.

L'expérience acquise à la suite de l'effondrement, le 20 septembre, de la nôtre, rue de la Grue 7, qui offre indiscutablement d'autres garanties de solidité, quand nous nous y tenions à 22 personnes encore la veille 19, nous ayant pleinement éclairés à ce sujet.

Matinée assez tranquille. 9h matin, visite aux victimes d'hier puis à Mencière. Effroyable bombardement de 1h à 2h. Une bombe est tombée dans la chambre des Sœurs de la rue de l’École de Médecine, où elle a tout brisé, une autre dans la maison neuve de Mme de la Morinerie (mur mitoyen avec nous), une autre sur le Mont-de-Piété, qui nous joint. Un homme est tué près de la maison Peltreau Villeneuve, bombes sur la Cathédrale. Visite aux victimes tuées hier à Mencière.
Le même jour et à la même heure, une bombe dans le jardin de M. Colas, une devant la porte de Mme Pommery, 2 chez M. Chatin. Tout porte à croire qu'on visait hier l'Archevêché, pour punir la rectification faite au communiqué de M. Bethmanne Holweg. Jamais ils n'ont tiré avec une pareille rage : un coup n'attend pas l'autre...

- Lundi.Temps gris qui semble couver la neige. Brouillard. La matinée est assez calme du côté des Allemands. De notre part, nombreux coups de canon mais à 12h30, les Allemands commencent à nous envoyer bon nombre de bombes ce qui occasionne encore une panique momentanée, les gens de la ville affluent encore à la Haubette. Cela dure un peu moins cependant jusqu'au soir et enfin on peut se coucher avec l'espoir de dormir tranquille après une aussi cruelle journée pendant laquelle la ville a reçu environ 300 obus. Mais hélas, illusion, car aussitôt au lit, nos pièces commencent à tirer, ce à quoi, vers minuit les Allemands répondent en envoyant bon nombre d'obus sur la ville, occasionnant toujours des dégâts considérables et un nombre toujours trop élevé de victimes, rue Talleyrand, maison neuve, Gorget, Directeur des Docks Rémois et beaucoup d'autres semblables.
Du 16 au 23 novembre, les bombardements continuent pendant cette période. Une vingtaine d’obus par jour et 2 tués à déplorer.

IX)
Béthune ne sera jamais occupée par les Allemands. Le Front n’est pourtant pas loin.
À l’automne 1914, la bataille d’Ypres fait rage avant d’être mise en sécurité par les Britanniques,
Lille est passée aux Allemands. En octobre, c’est par un pigeon voyageur qu’on apprend que Lille est bombardée et en proie à « de nombreux incendies ».
Le 12 octobre à 18h30, un autre pigeon confirme : « Le détachement de Pardieu, sans munitions, s’est rendu. »
Les Britanniques doivent donc reculer et l’armée Allemande occupe La Bassée et Neuve-Chapelle.
Vers le 15 octobre, les Britanniques reprennent Givenchy mais échouent devant La Bassée.
L’arrivée de la division Lahore du Corps Indien aide les Britanniques à repousser l’attaque jusqu’à début novembre avant que la ligne ne se stabilise.
L’armée Indienne a débarqué le 26 septembre 1914, à Marseille, avant de remonter en train vers le Nord. Leur QG était basé à Béthune. Avec juste un souci : Les soldats portent un uniforme kaki dont la toile fine est tout sauf adaptée aux rigueurs de l’hiver. Ce n’est qu’à la fin 1914 qu’on les dotera d’uniformes appropriés. Entre-temps, le moral en avait pris un coup. L’armée Indienne n’a pourtant jamais démérité. Le 28 octobre, l’Indian Corps est entré dans Neuve-Chapelle mais, après des combats au corps-à-corps, il est repoussé par l’ennemi. Le combat se poursuit une semaine et on déplore la perte de plus de 500 Indiens et 25 Britanniques, outre 1 450 blessés. Le 23 novembre, il neige... Les Allemands ont creusé des boyaux pour se rapprocher de la ligne Indienne et attaquent dans un déluge de feu.
C’est la panique mais la contre-attaque du 24 va permettre à ces hommes de prouver leur bravoure, comme cet officier Britannique et ce soldat Indien, Darwan Singh Nedi, qui reçoivent la Victoria Cross.

X)
La fusillade continue, on entend le canon et les mitrailleuses, il fait un froid glacial, on ne peut plus toucher de charbon.
 Triste journée, deux soldats du 158ème R.I., condamnés à la peine de mort pour abandon de poste, sont fusillés au stand de la Société de Tir de Bully-les-Mines, ils sont enterrés dans le carré militaire du cimetière communal de Bully, il s'agit de Vignon Pierre et de Chappaz Pierre, si vous visitez ce cimetière militaire vous les retrouverez inhumés au milieu de leurs camarades de combat, avec la mention « Mort pour la France » reprise sur la croix, ceci étant dû très certainement à une uniformisation lors de la réhabilitation de ce cimetière au début des années 1970.
Ces 2 hommes ont été jugés le 21/11/1914 pour une infraction constatée le 05/11/1914 à Noulette, (ils sont restés en arrière au moment d'une attaque)
Le brancardier-musicien Leleu du 102e R.I. Croix de Guerre, admirable de dévouement dans sa relève des blessés, a assisté en tant que musicien à plusieurs exécutions où il a joué sa partie dans l'hymne « Mourir pour sa Patrie ».
Dans ses souvenirs il parle de l'horreur qu'il a ressentie et, au détour d'une phrase, il laisse percer son sentiment :
« Je me suis laissé dire qu'après la guerre, des fusillés ont été considérés comme « Morts pour la France », ce qui est une sorte de réhabilitation. Je ne sais si cela est exact mais, quant à moi, je crois sincèrement que beaucoup de ces malheureux sont effectivement morts pour le pays, car c'est la France qui les a appelés, et c'est pour elle qu'ils se sont battus, qu'ils ont souffert là où les menait leur tragique destinée et ce n'est pas un moment de défaillance physique ou morale qui peut effacer leur sacrifice. J'ose m'incliner devant leur mémoire. Jugera qui voudra, à condition qu'il soit passé par là. » (source : Fusillés pour l'exemple du Général André Bach)
Par contre, une véritable haine est réservée à ceux qui ont réussi à éviter le front  « les embusqués » de l'arrière comme on les surnomme.

XI)
L’Indépendance (66 JO 8) résume la situation militaire sur le front en soulignant particulièrement les victoires Françaises et Alliées. À Angers, le sort des soldats blessés préoccupe toujours autant la ville qui met en œuvre différentes actions pour améliorer leur quotidien.

Malgré le calme du front et l’absence de combats, la journée du 23 novembre 1914 est marquée par de violentes canonnades de l’armée Allemande sur Ypres et sur les villes de Reims et de Soissons.
Ce bombardement intermittent se perpétue les jours suivants de manière « moins vive ». 
Le journal L’Indépendance relaie le « Bulletin des Armées » qui fait l’exposé de la bataille des Flandres. Cette « lutte des géants » devient une « magnifique victoire Française due à notre vaillance, à notre ténacité et à la science des chefs de notre armée ».

Le bulletin revient sur la préparation des deux armées. « L’état-major Allemand n’a rien négligé » : beaucoup de soldats sont mobilisés (« de la Lys à la mer […] 4 corps de cavalerie et deux armées comprenant ensemble 15 corps d’armées »), le moral des troupes est largement suivi et entretenu notamment par la présence de l’Empereur.
Face à cela, la France oppose « à l’ennemi des forces sinon égales aux siennes, du moins suffisantes » : Multiplication de renforts et mobilisation des chemins de fer et des automobiles pour un acheminement rapide des troupes jusqu’au front.

Le « Bulletin des Armées » précise le déroulement successif des événements militaires et souligne largement les différents succès Français. Il note également « le formidable effort tenté par les Allemands pendant cette période » mais qui a échoué. 
« Ce qu’on fait là nos corps d’armées, en union étroite avec le corps Anglais qu’ils encadrent, est digne des belles pages de l’Histoire militaire ».

Un concert est organisé par « le maître impresario Paul Boquel » pour les soldats blessés en traitement à l’Hôpital mixte d’Angers. Dans le réfectoire des femmes de l’Hospice Sainte-Marie, des musiciens comme la célèbre Mme Veillon Dalifard jouent de leurs instruments respectifs pour donner le spectacle aux blessés.
Paul Boquel s’est lancé ensuite dans la lecture du conte d’Alphonse Daudet L’Enfant Espion. Le journal souligne que cette matinée « prouve une fois de plus tout l’intérêt qu’il y a à organiser pendant la durée de la guerre des semblables fêtes pour rendre aux blessés militaires, le séjour hospitalier le plus agréable ».
Ces distractions ont pour but de permettre aux soldats de revenir « avec la résolution farouche […] de chasser définitivement les envahisseurs du sol sacré de la Patrie ». 

Chaque jour on distribue à l’hôtel de ville des quantités de morceaux de pain à une foule de pauvres, ce sont les restes de pain laissés par les soldats. On parle toujours de licencier des troupes pour un certain temps. Beaucoup de soldats voient ce geste avec déplaisir, car un bon nombre sans place, sans ressources voudraient bien demeurer au service pour avoir à manger. On en sait trop comment tourner la difficulté, d’autant plus que le pain va augmenter de prix.

Même de mauvaise qualité, le « pain fédéral » nourrit son monde… A la fin de l’année 1914, lorsque la pénurie de farine provoque la disette, bien des soldats ayant perdu leur travail ne sont pas pressés de retourner dans leurs foyers.  
A Delémont comme ailleurs, beaucoup de petits salariés et d’artisans se retrouvent sans ressources, victimes de la crise économique provoquée par le conflit mondial, durement frappés par la hausse des produits de première nécessité.

XIII)
Fin novembre 1914, les troupes Britanniques s'emparent de la ville de Bassora, en Mésopotamie, où pendant 4 ans, Ottomans et Britanniques se sont battus. Un affrontement qui résonne encore aujourd'hui en Irak...
« Le matin du 23 novembre [1914], un défilé des troupes a eu lieu dans les rues de Bassora jusqu’à une place centrale où les notables de la ville ont été rassemblés.
L’Union Jack [le drapeau britannique,] a été levé sur les plus hauts bâtiments, les navires de guerre ont tiré des coups de canon, les soldats ont présenté leurs armes et rendu hommage au Roi. Une proclamation a été rendue publique et a été reçue par des acclamations de la part des habitants ».
Dans les pages du « Daily Telegraph » du 25 novembre 1914, l’entrée des troupes Britanniques à Bassora, ville dans le sud de l'Irak actuel, est dignement célébrée.
Les journaux de l’Empire se délectent de cette première grande victoire en Mésopotamie. Alors que depuis le mois d’août, les combats de la Première Guerre mondiale font rage sur le front de l’Ouest, les Britanniques sont aussi engagés au Moyen-Orient, après l’entrée en guerre des Ottomans aux côtés des Allemands...
« La protection des raffineries pétrolières Britanniques est l’une des priorités de l’Empire dans le Golfe persique », explique Kristian Coates Ulrichsen, spécialiste du Moyen-Orient à l’Institut Baker de Houston. « Un autre des objectifs est de maintenir la sécurité au niveau du Canal de Suez et la route maritime vers l’Inde ». Selon ce chercheur, en s'engageant au Moyen-Orient, les Britanniques cherchent aussi à réduire l’influence politique des Ottomans dans la région : « Ils veulent renforcer leur prestige auprès des tribus locales arabes qui pourraient être attirées par l’appel au jihad lancé par le sultan à Constantinople ».

En novembre 1914, la Grande-Bretagne se lance donc dans une première offensive. La 6e division de l'armée des Indes progresse rapidement. Après avoir conquis Bassora, elle avance le long du Tigre et de l’Euphrate en établissant une série d’avant-postes.
Même si les conditions de vie pour les soldats sont particulièrement difficiles en raison du climat et de nombreuses épidémies, les villes tombent les unes après les autres : Qourna, Amara ou encore Kut-El-Amara. Renforcé par ces victoires, l’état-major Britannique veut aller plus loin. Échaudés par l'échec de l'expédition des Dardanelles dans l'actuelle Turquie, il veut également effacer cet affront: « À la fin de l’année 1915, le revers de Gallipoli a incité les dirigeants Britanniques à remporter un succès pour ne pas perdre leur prestige. Ils se sont dit que Bagdad pouvait être prise sans difficulté », décrit Kristian Coates Ulrichsen.

Mais la partie se révèle beaucoup plus délicate qu’au début de la campagne de Mésopotamie. Un an après la prise de Bassora, les Britanniques subissent une sévère défaite à Ctésiphon, à 30 km au sud-est de Bagdad.
La 6e division Indienne menée par le général Charles Townshend bat en retraite et se retire à Kut-El-Amara.
Cité par l’historien militaire Britannique Paul K. Davis, un artilleur de la 5e Hampshire Battery décrit cette débâcle dans ses mémoires : « Cela me fait penser à un tableau de Napoléon quittant Moscou. Changez les uniformes par ceux des Britanniques et vous avez une parfaite représentation de Townshend et de ses officiers fuyant vers Kut ». Les Ottomans se lancent à leur poursuite. Le siège de la ville commence.

Les troupes Britanniques vont vivre un enfer, pendant 5 long mois, explique Kristian Coates Ulrichsen : « Il s’agit du pire échec que l’empire Britannique ait subi jusqu’alors. Leurs forces sont débordées et dispersées sur plusieurs positions. Ils ne peuvent pas se concentrer alors que les Ottomans se sont renforcés. Les 3 tentatives pour soulager la garnison depuis Bassora ont toutes échoué en raison du mauvais temps dû à l’hiver mais aussi du chaos dans cette base et du manque de moyens de transports pour rejoindre Kut ».

Un soldat indien qui a survécu au siège de Kut-el-Amara :
Le bilan est catastrophique, le désastre retentissant. Environ 14 000 soldats Britanniques sont faits prisonniers lorsque la garnison finit par se rendre.
Le 29 avril 1916.
Près de 5 000 d’entre eux perdront ensuite la vie en captivité, victimes des maladies et des mauvais traitements.
Malgré cet important revers, l’état-major de l’Empire ne s’avoue pas vaincu et se lance dans une nouvelle offensive.
Contraintes de combattre sur plusieurs fronts, les forces Ottomanes finissent par céder : « Le corps expéditionnaire Britannique en Mésopotamie a été profondément réorganisé à partir de la moitié de l’année 1916 jusqu’au début de l’année 1917.
Une fois que cela a été fait, les forces ont pu avancer rapidement et prendre Bagdad le 11 mars 1917 ».

Forte de ses succès militaires, la Grande-Bretagne devient la puissance dominante dans la région à la fin de la Première Guerre mondiale. En vertu des accords secrets signés en mai 1916 entre le conseiller diplomatique Britannique Mark Sykes et le premier secrétaire Français de l'ambassade à Londres François Georges-Picot, les anciennes provinces Ottomanes doivent être partagées entre les deux pays.
Après quelques modifications, la Grande-Bretagne s’octroie l’Irak ainsi que la Palestine.
[100 ans plus tard, les conséquences de cet accord se font toujours sentir dans la région, même si le tracé Sykes-Picot n’a jamais été réellement appliqué... Les jihadistes de l’État islamique y ont encore fait référence en juin dernier en demandant que ces frontières résultant de la Grande Guerre soient « brisées ». « Cet accord est toujours vu comme un symbole de l’action des anciennes forces impériales et de la pénétration des Occidentaux au Moyen-Orient », constate Kristian Coates Ulrichsen.]

XIV)
JMO/Rgt
« 5e et 6e bataillon ont continué les travaux de défense. Les 2 Cies aux avant-postes n’ont rien signalé.
Une reconnaissance de 1 peloton (Capitaine Bezert) a opéré dans la zone Vého/Reillon/station d’Emberménil/Reinabois/Leintrey. Elle a signalé Blémerey, Vého, Reillon (depuis le matin) évacués et non occupés par l’ennemi, la station d’Emberménil occupée et quelques cavaliers vus vers le Reinabois.
Cette région semble parcourue dans la journée par quelques patrouilles d’observation. Emberménil, le Reinabois, Leintrey, Gondrexon et Chazelles étant occupés presque en permanence.
La reconnaissance partie à 10h30 se replie à 16h30 et rentre sans incident et sans pertes, signalant que le corps d’un brigadier tué a été retrouvé. »

JMO/SS :
« Même emploi du temps. La 71e division est rattachée au 34e corps d’’armée à partir d’aujourd’hui.
Indisponibles = 36 + 1 officier
Évacués sur le dépôt des éclopés de Baccarat :

Reconnaissance d’un peloton de la 20e Cie par le Capitaine Bezert vers Vého. Résultat néant. »

XV) 
Vers 14h, le Lieutenant-colonel Federhpil arrive et prend le commandement du Régiment.
A 21h, vive fusillade suivie de la canonnade dans la direction de Monchy, les compagnies de réserve de Basseux se portent en arrière et à proximité de la 1ère ligne, le bataillon de Bailleulval se tient prêt à prendre les armes. Au bout d'une heure environ le feu cesse, ce n'était qu'une fausse alerte.
Le reste de la nuit est calme, les groupes francs se portent comme d'habitude en avant des tranchées, rien de particulier.

XVI)
... Une obligation d'honneur : rendre la Belgique aux Belges
La classe 1914 est partie et ira au feu d'ici un mois ou un mois et demi. La classe 1915 est sur le point d'être levée et sera instruite pour le mois de mars. En même temps, on reprend en grand nombre pour le service armé les hommes des services auxiliaires, les exemptés et les réformés.
Les territoriaux sont depuis quelque temps au front. Bref, c'est le commencement de la levée en masse. Tout cela accepté par la population avec un grand courage, mais une sorte d'étonnement : La croyance était si répandue et si forte, au mois d'août, que c'était une affaire de 2 mois, 3 au plus, que la guerre aujourd'hui ne peut plus s'éterniser comme les guerres d'autrefois etc...
Un commerçant me raconte qu'il a passé dans son quartier pour un pessimiste et presque pour un mauvais citoyen parce qu'il a dit, au moment de la mobilisation, que la guerre durerait plus longtemps qu'on ne le croit et que tout le monde finirait par partir. Cependant les nécessités de la situation sont acceptées sans murmure. Il y a chez tous les Français le sentiment d'une obligation d'honneur : rendre la Belgique aux Belges.

XVII)
La division du général Isbergues est partie. Toute la journée a été employée à l'aménagement des maisons pour l'installation d'une nouvelle division arrivant de Don. Électricité, charbon, bois, tout est disposé pour une installation confortable. Un officier me dit que le général désire ma maison complète et que pour lui comme pour moi il est préférable que je m'en aille... Je lui réponds que je ne veux pas partir et que maire de ma commune, je ne la quitterai qu'avec ses habitants. 

Sous la pression, Monsieur Barrois quitte Marquillies.
Dès la libération en octobre 1918, il rentre dans sa commune où il reprend sa place de maire.

Novembre 1914 - La Vie en Lorraine (3/3) - blamont.info
www.blamont.info/textes868.html
Novembre 1914 - La Vie en Lorraine (3/3) ...... La journée du 22 novembre a été marquée par un violent bombardement d'Ypres, qui a détruit les Halles et ...
      1. Paul Max 1914-1918 | Facebook
Le 23 novembre 1914, les renforts du 56e RI arrivent
www.lejsl.com/.../23/le-23-novembre-1914-les-renforts-du-56e-ri-arrive...
23 nov. 2014 - Emplacements du 56e inchangés. À Vignot : les renforts destinés au régiment cantonnés à Vignot ont rejoint leurs bataillons respectifs dans les ...
Le 23 novembre 1914 : Les « obus du trottoir » tombent sur ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../le-23-novembre-1914-les-obus-du-trottoir-tombe...
25 nov. 2014 - Le 23 novembre 1914 : Les « obus du trottoir » tombent sur Béthune. Par la rédaction pour Il y a 100 ans - La Grande Guerre, Publié le 25/11/ ...
23 novembre 1914 - Centenaire de la 1ère Guerre Mondiale
bullycentenaire.canalblog.com › Messages novembre 2014
23 nov. 2014 - 23 novembre 1914 La fusillade continue, on entend le canon et les mitrailleuses, il fait un froid glacial, on ne peut plus toucher de...
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23 nov. 2014 - "Le matin du 23 novembre [1914], un défilé des troupes a eu lieu dans les rues de Bassora jusqu'à une place centrale où les notables de la ...








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