21
NOVEMBRE 1914
I)
Au
tout début de la Grande Guerre, des manuchards (manufacturiers)
amateurs de foot créent le Club athlétique socialiste
châtelleraudais, qui devient quelques années plus tard le SO
Châtellerault.
Le
21 novembre 1914, alors que la France est entrée dans la Grande
Tourmente, un petit groupe de manuchards se rassemble au café de
l'Union, rue Creuzé, dans le quartier de Châteauneuf.
Ils sont précisément 13 à participer à la réunion constitutive de l'ancêtre du SOC, le club mythique de la ville.
Ils sont précisément 13 à participer à la réunion constitutive de l'ancêtre du SOC, le club mythique de la ville.
A
leur tête figure Charles Pageault. Cet ouvrier de la Manufacture,
militant socialiste et conseiller municipal de 1908 à 1919,
recherche des amateurs de football pour monter une équipe... Le
terrain est un champ d'herbes aux Eaux-Bues
L'assemblée
du 21 novembre porte sur les fonts baptismaux le Club Athlétique
Socialiste Châtelleraudais, le « CASC », qui porte ce
nom jusqu'en 1942 lorsqu'il devient le Stade Olympique
Châtelleraudais après fusion de plusieurs associations de
foot.
Quelques semaines après la création du CASC, survient le premier match. « Le capitaine-président-fondateur Charles Pageault a le choix des couleurs.
Quelques semaines après la création du CASC, survient le premier match. « Le capitaine-président-fondateur Charles Pageault a le choix des couleurs.
Il
retient le maillot rouge avec étoile aux couleurs du parti politique
(la SFIO) dont il est membre », écrit Stéphane Bideau, ancien
correspondant sportif de Centre Presse, auteur de « La
Fabuleuse histoire du SO Châtellerault », une Bible sortie en
2000.
Après
la Grande Guerre, le CASC abandonnera finalement toute connotation
politique et changera de maillot.
Le SOC, alias le CASC, ne jouera dans sa citadelle de la Montée-Rouge, en fait le stade de la Manufacture, qu'à partir d'août 1959.
Le SOC, alias le CASC, ne jouera dans sa citadelle de la Montée-Rouge, en fait le stade de la Manufacture, qu'à partir d'août 1959.
Au
tout début, son premier terrain est un champ d'herbe aux Eaux-Bues,
à l'est de la ville. « Les joueurs en sont chassés par le
propriétaire des lieux, qui ne voit en eux que de vulgaires
« voyous », raconte Stéphane Bideau, toujours lui, dans
son ouvrage...
Le
club achètera en 1919 le fameux stade de Luna Park, où il réussit
ses premiers exploits. Et, le 7 mars 1920, il remporte son
premier titre : Le championnat de Touraine de 2e série.
Ils s'appelaient Barbotin, Lirant, Rabillat, Govin, Courtault, Decay, Haensler, Pageault, Doucet, Chérouze ou Audinet. Ils sont les ancêtres des Audinet, Vergerolle, Moriceau, Videira, Blondel ou Makowski d'aujourd'hui.
Ils s'appelaient Barbotin, Lirant, Rabillat, Govin, Courtault, Decay, Haensler, Pageault, Doucet, Chérouze ou Audinet. Ils sont les ancêtres des Audinet, Vergerolle, Moriceau, Videira, Blondel ou Makowski d'aujourd'hui.
II)
Ypres
Lieutenant Neville Bowers
« Roule,
mais roule, bordel ! » Neville baisse instinctivement la
tête lorsqu’un obus s’écrase dans la façade d’une maison, à
quelques mètres devant le camion. Une gerbe de poussière, de verre
brisé, de tuiles et de briques pleut aussitôt sur la chaussée. Une
chaise propulsée dans les airs par la déflagration vient s’écraser
sur le capot. Robinson, derrière le volant, lâche une volée de
jurons.
Alors
que le conducteur doit se résoudre à effectuer une violente
embardée pour sortir d’une ruelle, Neville se tourne vers
l’arrière du véhicule où d’autres soldats Anglais ont pris
place lorsque le bombardement de la ville a commencé. Ils
s’accrochent aux arceaux où pend une bâche en lambeaux. Neville
suit leur regard. Il avise un autre camion vraisemblablement renversé
par un obus. Des hommes en flammes s’en extirpent en hurlant.
« Robinson,
le beffroi ! Fonce sous le beffroi, grouille ! »
Un
nouveau juron et le camion anglais traverse à toute allure une place
où soldats et infirmiers courent en désordre vers les abris,
terrorisés par l’orage d’acier qui s’abat dans les rues. Des
colonnes de fumée noire s’élèvent au-dessus de la cité
meurtrie, mais le regard de Neville est attiré par l’apparition
d’un cheval effrayé. L’animal se dirige droit vers le véhicule.
Il galope à une allure folle il tire une unique roue de canon. C’est
tout ce qu’il reste de son attelage.
« Robinson !
hurle Neville
— J’ai vu, j’ai vu ! Merde ! »
— J’ai vu, j’ai vu ! Merde ! »
Le
camion manque de peu de se renverser en évitant le cheval fougueux
qui disparaît dans un long hennissement.
À
l’arrière, les hommes crient en retenant de justesse l’un
d’entre eux qui, dans la panique, est sur le point de basculer de
la plate-forme arrière.
« Robinson,
fais gaffe ! (Neville s’époumone de plus belle.) Je croyais
que tu étais chauffeur de camion dans le civil !...
— Désolé, mon vieux, mais conduire sous les bombes, ça, j’ai jamais fait ! » s’exclame son camarade, visiblement fier de parvenir malgré tout à manœuvrer dans de telles conditions.
— Désolé, mon vieux, mais conduire sous les bombes, ça, j’ai jamais fait ! » s’exclame son camarade, visiblement fier de parvenir malgré tout à manœuvrer dans de telles conditions.
L’imposant
beffroi de la halle aux draps d’Ypres se rapproche enfin. Le camion
fonce pour s’abriter sous les arches au moment où un obus percute
le monument dans un raffut terrible. Les cloches, comme réveillées
par cet infernal vacarme, se mettent à gémir.
Une
cascade de vieilles pierres et de poussière tombe sur le camion qui
parvient à poursuivre son chemin sans s’arrêter.
Mais,
au même instant, un bloc de pierre se détache du bâtiment
pluriséculaire et traverse avec aisance le capot du camion comme
s’il s’était agi de papier, sous les regards horrifiés de
Neville et de Robinson.
Le
moteur produit une série de petites explosions, puis s’arrête
définitivement. Tous les soldats quittent le véhicule en courant.
Neville,
Robinson et les autres parviennent à se cacher dans une cave toute
proche. L’artillerie allemande continue de ravager la ville...
« On
aurait peut-être dû les laisser prendre la ville, dit Robinson en
voyant les maisons bombardées. Parce que, maintenant, ils sont
partis pour la raser », dit-il tristement.
III)
Courmelles
Sous
un froid de glace nos troupiers creusent des tranchées, enchevêtrent
des fils de fer sur le plateau de l’Arbre de Bourges.
Sur
le plateau, de l’autre côté de l’Aisne, les Allemands en font
autant… La guerre peut durer comme ça tout l’hiver, sur l’Aisne.
Nous
coupons la journée en déjeunant dans un mastroquet de Septmonts.
Nous nous régalons avec du corned beef oublié là par les Anglais
et avec du pâté de lièvre, confectionné par la patronne, Madame
Potvin.
Vers
3h, après avoir visité une carrière dans laquelle nous nous sommes
longuement perdus... jusqu’à la sensation de petite angoisse, nous
enfourchons nos bicyclettes, le capitaine Gresser et moi et nous
rentrons à Courmelles en passant par Soissons, histoire de varier le
terrain.
Le
canon tonne violemment de ce côté-là. Nous traversons le faubourg
de Reims. Ça tonne tout à coup excessivement.
« Ce
sont nos pièces qui tirent, affirme le capitaine. » – « Vous
croyez, mon capitaine ? »
Sur
la route qui sort au sud de Soissons nous croisons des femmes portant
des ballots sous le bras et poussant des voitures d’enfants
chargées de linge :
« Où
allez-vous, donc ? –
Ouh !
Monsieur, ces cochons-là bombardent à nouveau la ville… Ils
envoient des obus sur la rue Saint Martin et sur le faubourg de
Reims… Y a monsieur Simon, le faïencier, qui vient d’être tué…
Et puis devant la poste il y a deux militaires et un civil de tués…
Et puis, vous savez, le fils à Madame Michon, çui qui boîte, il a
un bras emporté…»
Très
bien ! Voilà que ça recommence, après 15 jours de
tranquillité. Mais là-haut, au-dessus de Vauxbuin, nous voyons les
langues de feu de nos 75, qui répondent avec rage, tapis au coin
d’un petit bois de pins…
IV)
Le
journal Le Figaro revient, en première page, sur le problème
épineux que pose, pour la presse écrite, la censure. « La
commission de la Presse Française, examinant à nouveau la situation
faite à la Presse par la censure, reconnaissant, comme elle l'a
toujours fait, la nécessité d'imposer aux journaux le silence sur
les nouvelles militaires ou diplomatiques dont la divulgation
pourrait nuire à la défense nationale, et d'interdire la
reproduction de nouvelles reconnues inexactes, demande instamment que
la censure limite son action à ce double objet.
La
liberté de la presse, la liberté d'opinions ne sont pas moins
nécessaires à une nation en état de guerre qu'à une nation en
état de paix, ainsi d'ailleurs que l'ont reconnu les ministres de la
Guerre et de l'Intérieur, en nous déclarant que nos droits
d'informations, de contrôle et de critique devaient être respectés.
Mais
la censure, ayant depuis lors supprimé chaque jour de très nombreux
articles de journaux qui, ni dans la forme, ni dans le fond, ne
rentrent à aucun degré dans le double objet de sa mission, la
commission de la Presse Française croit devoir élever une
protestation énergique.
Elle
est, en effet, responsable de sa propre attitude, à la fois devant
l'opinion et devant le droit de l'écrivain.
« Le
pays saura désormais que, si ses réclamations auprès des journaux
ne trouvent pas un écho légitime, c'est que le silence est imposé
à la presse en dehors de toute considération militaire. »
En
Belgique le mauvais temps a figé les opérations militaires.
En
Pologne, les combats continuent entre la Vistule et la Warta et sur
le front Tschenstokhovo- Cracovie.
Dans
la campagne Turque, une dépêche signale que le port de Smyrne, est
en état de siège.
La
ville serait gardée par 80 000 hommes commandés par des officiers
Allemands.
Le
journal « Le Temps », publie le témoignage de M.
Langlois, directeur des Archives Nationales, concernant le
bombardement d'Arras.
«
Il se dit émerveillé du courage des 2 000 personnes qui sont
toujours dans cette malheureuse ville.
Dans
la partie d’Arras qui, bien que mutilée, n'a pas encore été
réduite à l'état de Pompéi ou de Timgad, les Arrageois circulent
paisiblement, des enfants jouent avec des bûches comme canons. (…)
L'ennemi
s'amuse ignoblement, le dimanche, à tirer sur les édifices du
culte, aux heures qu'il croit être celles des offices.
On
en est venu à mesurer exactement, au son, la distance où vont
tomber, ou viennent de tomber, les « marmites » de ces messieurs. »
A
Lille, l’envoyé spécial à Dunkerque télégraphie, que « la
situation à Lille n'est aucunement alarmante. Les habitants sont
ravitaillés, Ils n'ont point été molestés. L'épidémie dont on a
parlé ne s'est jamais produite. La ville même n'est occupée que
par une troupe Allemande peu nombreuse. Mais les avancées nord et
nord-ouest sont encore aux mains de l'ennemi. »
Dans
la région de la Bassée, le correspondant du « New-York
Herald » dans le nord de la France télégraphie ce récit :
«
La présente accalmie succède à la lutte désespérée qui commence
entre Ypres et la Bassée, et exige le concours des troupes
Anglaises, appelées à briser la brusque offensive des Allemands.
La
bataille débute en pleine tempête dans le vent et la grêle. Vers
17h, l'infanterie Allemande s'approche en tapinois des tranchées
Anglaises, dans la pénombre de la nuit tombante. Il fait un froid
terrible, et les pluies submergent les tranchées des alliés. La
grosse artillerie Allemande tonne pendant toute l’opération,
cherchant à couvrir l'avance de l’infanterie, mais elle fait peu
de dégâts.
Les
Anglais se sont tirés de ce mauvais pas avec beaucoup d'habileté.
Ils évacuent presque toutes leurs tranchées et se cachent dans des
bois qui flanquent la marche de l'ennemi.
Celui-ci,
trompé, s'avance sur les tranchées, où il est reçu par quelques
décharges d'artillerie... Puis les Anglais ouvrent le feu, et quand
les Allemands se trouvent sur les tranchées mêmes, ils y sont
accueillis par un ouragan de balles et de shrapnells.
Dès
que les premières lignes Allemandes ont ainsi été abattues et leur
arrière-garde mise en fuite l’infanterie Anglaise s'élance à
leur poursuite... Un effroyable corps-à-corps a lieu sur un point
d'où un régiment Irlandais a réussi à prendre, les assaillants en
enfilade.
Les
Allemands survenant en force, la lutte prend le caractère d'une rixe
où les crosses de fusil et même les poings jouent le principal
rôle.
Jusqu'à
minuit, la bataille continue, pour se terminer à l'avantage des
Irlandais. »
La
solidarité avec nos soldats est active jusque dans les vallées de
l’Himalaya, dans le journal « Le Temps » nous pouvons
lire :
L'Inde
Anglaise aux pioupious Français. « On n'oublie pas les pioupious
Français dans l'Himalaya. A Srinagar, la capitale du Cachemire, on a
donné dernièrement un concert au profit de la Croix-Rouge
Française. Le maharadjah prête gracieusement son grand orchestre et
paie 6 000 roupies (10 000 francs) son absence. La salle est comble
d'une foule mi- Européenne, mi- Indigène, qui a salué la
Marseillaise avec grand enthousiasme. On a pu remettre 12 500 francs
au consul Français. »
V)
Journal
du Rémois Paul Hess (extraits)
« Nuit
médiocre. Hier soir à 10h30, un obus est revenu éclater 25, rue
des Capucins et à 4h ce matin des sifflements recommencent à
se faire entendre.
Des
dégâts causés ces jours derniers se constatent autour du musée,
rue Chanzy.
Au
théâtre, un nouveau trou, énorme, a été fait par un gros
calibre, qui a dû éclater à l’intérieur.
En
face, le Palais de justice, une maison a été fort éprouvée, à
l’arrière.
VI)
Dès
le matin, les détonations régulières de nos grosses pièces se
font entendre, comme la veille et cela donne à penser que les effets
de leurs coups, lorsqu’ils portent sur les objectifs, doivent aussi
être terribles. ».
Décision
au 118 RIT de Verzenay
Les
sous lieutenant promus doivent acheter leurs armes ! Et pourvoir
à leurs frais et le plus tôt possible des sabres d’officiers,
revolvers modèle 1892 et cantines, ils pourront conserver par devers
eux, en les remboursant à M. l’officier de détails, les cantines
qu’ils ont comme sous-officiers et devront verser les sabres modèle
1854 et revolvers modèle 1873 dès qu’ils seront pourvus de leurs
nouvelles armes...
Perception
de certaines denrées. Le général en chef a fixé ainsi qu’il
suit la perception de certaines denrées.
Huile
comestible : Doit être payée sur les fonds des ordinaires.
Pommes
de terre, saucisson, gruyère, sardines : Ne doivent pas être
délivrés à titre remboursable mais uniquement à titre de
supplément ou de substitution. Chocolat : Doit être délivré à
titre absolument gratuit ou en remplacement d’une ½ ration forte
de café et de sucre ( 30 g. par homme ).
Éclairage
et chauffage : Doit être assuré en principe par l’habitant ou la
commune à raison de 1 bougie par jour par lanterne d’escouade, du
1er octobre au 31 mars ( 16 bougies au kilo ).
Allumettes
: 3 allumettes par jour et par homme.
Pétrole
: En remplacement de bougies à raison de 25 g. par lampe d’escouade
et par jour, à raison de 6h d’éclairage, du 1er octobre au 31
mars.
Pipes
et papier à cigarettes : A titre absolument gratuit.
Savon
: Acheté par les corps et payé par la masse générale d’entretien.
Le
général commandant la Ve armée a fixé pour son armée les
perceptions suivantes : Allumettes : une boîte tous les 7 jours.
Pétrole,
en sus de la bougie, 2 kilos pour 1 000 hommes pour les bureaux :
1
lampe pour 100 hommes.
VII)
« L’image
de la guerre » est une revue hebdomadaire publiée, à
l’origine, à Bellegarde dans l’Ain près de la Suisse ce qui
pourrait expliquer le nombre des photos d’origine Allemande. Le
premier numéro date de novembre 1914 et la revue est publiée tout
au long de la guerre. Cette revue comporte de nombreuses et bonnes
photos dont un grand nombre dues au célèbre photographe de l’époque
Henri Manuel.
A
partir de juin 1916 elle publie à chaque numéro le portrait hors
texte d’un général ou d’une personnalité.
VIII)
Courrier
de Marcel Georges Domine fusilier marin (1894-1915) :
Lettre
du 21 novembre 1914 (deux mois à peine après son incorporation !)
«
Chers parents, J’ai remis jusqu’ici pour vous écrire.
J’attendais… Car vous savez voilà 3 semaines que j’étais à
Dixmude, c’est la guerre, j’en ai vu de drôles. Nous sommes
débarqués à Furnes (11 km de Dixmude) et aussitôt exposés sur le
front, nous avons pris, repris Dixmude aux Boches.
Le
10 novembre quand ils nous ont repris la ville, j’ai été renversé
par le déplacement d’air d’un obus qui venait d’éclater à 6m
de moi, j’ai eu le côté droit tout sensible pendant 2 jours…Vous
parlez d’une drôle de vie dans les tranchées, on y a froid, quand
il pleut ça tombe sur vous et pourtant elles sont couvertes, les
Boches nous envoient des rafales d’obus (marmites, shrapnells) et
on ne les voit pas. Le plus terrible c’est… de Dixmude… j’ai
vu dans la tranchée voisine à la mienne 3 copains tués et 5 autres
blessés, on retrouvait une jambe par-ci un bras par-là, enfin ils
étaient déchiquetés.
En
ce moment nous sommes sur la frontière Française au repos, on
reforme les deux régiments de marins, il en reste… Les deux tiers
de l’effectif du départ, les autres sont morts ou blessés. Nous
voudrions bien revoir la France, ici on parle Flamand pas fichu de se
faire comprendre, et ils vous écorchent quand on achète du tabac ou
des provisions… Je voudrais encore être avec vous, je ne sais pas
s’il reviendra ce temps, par moments on a des découragements, on
s’ennuie après ses parents, après son pays, puis on reprend
courage un peu, c’est comme ça tous les jours… Georges M. Dominé
2e régiment de marins 2e bataillon 5e compagnie 3e section Bureau
central militaire Paris »
Mais,
bientôt, nous ne pouvons plus avancer, le soleil fait fondre la
glace, et nous enfonçons épouvantablement dans une boue qui paraît
consistante à la vue. Bientôt, tout le bataillon est embourbé, et
il nous faut une matinée entière pour gagner Kopernolock, longue
maison basse sur la route de Poperinghe à Westvleteren.
La
fin de la nuit est très froide, et il gèle fort. Nous marchons, en
tapant les semelles, sur la boue durcie, la route d’Elverdinghe que
nous gagnons au petit jour. Le lieu de cantonnement du bataillon doit
être dans les fermes qui avoisinent le cabaret de
« Kopernolock » près d’Eikhoek où se trouve le
reste du régiment. Le commandant, peu méfiant encore des chemins de
terre Flamands, pense raccourcir en évitant le crochet que fait la
route et s’engage un peu à travers champs sur des sentiers
indiqués par la carte comme plus courts.
IX)
Lu
dans Le Moniteur en date du samedi 21 novembre :
France.
- L’accalmie
subsiste dans la bataille du nord de la France (…)
Russie.
-Les
Russes qui avaient reculé devant l’avant-garde Allemande, entre
Vistule et Wartha, prennent maintenant l’offensive de ce côté.
Ils
ont eu un succès à l’ouest de Lodz, entre Czenstochowa et
Cracovie, ils ont progressé, et Przemysl est sur le point de tomber.
Les
Russes ont également réalisé une avance dans les Carphates, et la
panique serait en Hongrie tandis que les fonctionnaires de la Prusse
Orientale tâchent d’organiser l’exode de la population.
Turquie.
-Une
armée Turque marche sur l’Égypte, et le khédive est au milieu
d’elle, mais le gouvernement Anglais a pris toutes les précautions
nécessaires pour défendre le canal de Suez.
Les
Serbes se plaignent vivement des atrocités que les troupes
Austro-Hongroises commettent sur leur territoire. Ces atrocités sont
systématiques, de l’aveu même des journaux de Vienne et de
Budapest, qui préconisent le terrorisme comme un moyen de hâter la
solution de la lutte.
Allemagne.
-Le
général de Voigts-Rhetz, quartier-maître général de la suite de
Guillaume II, et qui est devenu le vrai chef d’état-major général
Allemand, est mort subitement.
Italie.
-La
presse Italienne dément la nomination du prince de Bulow, à
l’ambassade Allemande de Rome.
X)
Le
217e RI dans la Grande Guerre, du Bonhomme au Mont Kemmel :
JMO/Rgt
:
«
Sergent-major Roux nommé Sous-lieutenant (active) au 217e, aspirant
De Chabannes id au 221e »
5e
bataillon : Matin, travaux ; soir, exercice d’occupation des
positions de défense du point d’appui de Vathiménil.
6e
bataillon : Matin et soir, travaux et exercices de combat pour le
détachement de Fraimbois.
21e
et 23e Cies aux A.P. ont envoyé patrouilles d’observation sur Vého
et station d’Emberménil : rien à signaler. »
JMO/SS
:
« Demande
d’amélioration des cantonnements de Frambois et de Vathiménil
Indisponibles
= 48 Evacués sur ambulance n° 1 à Rambervillers :
XI)
Le
gouvernement considère qu’il faut partout où cela est possible
reprendre une vie normale.
C’est
l’une des raisons qui motive le préfet de police de Paris à
demander au ministre de l’Intérieur d’autoriser la réouverture
des salles de spectacle de la capitale.
Le
ministre Malvy donne son accord jusqu’à 23h à condition qu’une
partie de la recette soit reversée aux associations qui viennent en
aide à ceux qui sont dans une situation de précarité provoquée
par la guerre.
Le
préfet de police en profite pour fixer l’heure de fermeture des
restaurants à 22h pour des questions de sécurité.
Sur
le front en ce 21 novembre 1914, il n’y a rien de particulier à
signaler en France en revanche on annonce que des combats se
développent à proximité du canal de Suez ce qui confirme bien
l’extension des zones d’affrontement dans le conflit.
XII)
Mme
de Mac-Mahon a vu aujourd'hui, rue François 1er, une dame de la
Croix-Rouge, faite prisonnière à Bapaume, emmenée en Allemagne et
revenue en France après quelques semaines d'internement à Hanovre.
Cette dame fait le récit suivant :
« L'ambulance
avec laquelle j'ai été faite prisonnière étant passée sous la
direction du service de santé Allemand, il y a eu quelque temps
fusion des deux personnels... Je n'ai pas tardé à remarquer un
blessé (très légèrement atteint d'un éclat d'obus à la cuisse)
à qui l'on témoignait une déférence particulière.
Voyant
ma curiosité, un des médecins Allemands finit par me révéler que
cet auguste blessé était un des fils de l'Empereur, le prince
Eitel. Et, cette confidence faite, il ajoute :
-
Il est triste, notre cher prince Eitel...
On
traversait à ce moment une de nos provinces qui a particulièrement
eu à souffrir de l'invasion.
Parce
qu'on abîme la France. Et c'est la France qui est destinée au
prince Eitel ; »
Cette
dame ajoute :
« Il
ne faut pas s'étonner que Guillaume II ait partagé (avant de savoir
s'il aurait la victoire) les peuples vaincus entre ses fils, car j'ai
vu sur les murs de Hanovre des affiches dont le titre porte en
grosses lettres : Guillaume II, Empereur d'Europe. »
XIII)
Des
précisions sur la disgrâce de Joseph Caillaux se répandent.
D'abord de nombreuses personnes ont été les témoins de scènes
désagréables qui se sont produites chez Larue. Un jour, un officier
supérieur Anglais et 4 de ses collègues sont partis en déclarant
qu'ils ne s'assoiraient pas auprès de l'ancien ministre.
Le
propriétaire du restaurant a fini par prier M. et Mme Caillaux de ne
plus venir chez lui, sinon il est menacé de perdre sa clientèle.
La
Stampa, de Turin, a raconté que la disgrâce de Joseph Caillaux et
son éloignement ont été provoqués par le généralissime. Voici
le fond de l'histoire. Trésorier-payeur aux armées avec le grade de
colonel, Joseph Caillaux, en même temps député, s'est permis
d'écrire au général Joffre pour protester contre une punition
réglementaire infligée à un officier de réserve, électeur dans
la circonscription, désormais célèbre, de Mamers.
Joffre
répond par 15 jours d'arrêt à Joseph Caillaux et par une mise en
demeure au gouvernement d'avoir à le débarrasser au plus tôt de
l'encombrant personnage.
On
peut croire que Briand et Millerand n'ont pas demandé mieux que de
donner satisfaction au généralissime. Caillaux lui-même, pour qui
la situation est intenable à Paris, a sans doute accepté avec
plaisir la solution d'une mission à l'étranger.
Cependant
il se peut que la série de ses tribulations et de ses avanies ne
soit pas achevée.
Le
bruit court au Figaro qu'il se peut fort bien que le ménage Caillaux
ne puisse même pas débarquer à Rio de Janeiro.
Mais
cette affaire a encore contribué à irriter le commandement, devant
qui cèdent de plus en plus les politiciens.
XIV)
A
4h, bombes sur la Ille. Canonnade. Bombes de temps en temps en ville.
M.
le Curé de Saint-André me dit que le samedi (7 ou 14 ?) il a compté
57 bombes tombées en une heure, de 21h à 22h dans le quartier de
Saint-André. Il m'apporte des nouvelles de M. Porcau.
Visite
de l'abbé Vaucher, nommé sous-lieutenant sur le champ de bataille,
avec M. Mandron.
Visite
de M. Claude Garnier, neveu de M. le Curé de Saint-Sulpice, est à
l’État-major de Jonchery, qui m'offre de faire passer à Paris mes
lettres ou envois.
La
journée d’hier se serait passée sans fait notoire si dans ses
dernières heures une courte, mais vive alerte, ne nous avait
révolutionnés.
À
22h10, en effet, 2 bombes passent à une seconde d’intervalle
au-dessus de nous pour aller tomber sur le théâtre et devant le
Palais de Justice. Je me lève en vitesse pour inspecter nos environs
qui n’accusent rien d’alarmant, Père reste donc au lit, et peu
après je m’y remets aussi.
À
4h, même vive secousse et les 2 projectiles vont rue des Capucins,
devant le Commissariat de police du 1er Canton, et rue Chanzy, devant
l’ancien Grand séminaire, nous ne bougeons pas, et nous avons
raison puisque tout s’arrête là.
Plusieurs
fois dans la journée, le même fait se reproduit, mais dans des
directions plus éloignées, et c’est ainsi entraînés qu’à
20h30 nous arrivons à l’obus final, qui vient anéantir les
immeubles Bellevoye et Gomet (nos voisins), en brisant la plupart de
nos vitres.
Nous
étions tranquilles en cuisine, lisant ou écrivant, et n’ayant
rien entendu du sifflement précurseur, aussi la formidable
détonation nous a-t-elle fortement émus, et c’est en toute hâte
que nous nous précipitons au dehors.
La
cour est remplie d’une fumée âcre et suffocante qui nous arrête
un instant, puis trouvant la loge du concierge sans lumière,
j’appelle anxieusement Hénin que je crains blessé.
Heureusement,
il n’en est rien et c’est tout placidement que, sortant du
sous-sol de l’emballage, où avec les siens il est allé préparer
l’installation de nuit, qu'il répond à mes cris : N’ayant perçu
qu’une détonation atténuée, il ne se doute pas du désastre d’à
côté.
Avec
lui, nous sortons enfin, et éclairés de nos seules lampes Pigeon
nous aidons 3 voisins, déjà sur les lieux, dans le sauvetage des
habitants pris dans les décombres, c’est ainsi qu’en sont tirés
indemnes Mr et Mme Bellevoye et les gardiens de chez Gomet avec un
bébé qui ne s’est même pas réveillé.
Paul
Dupuy - Document familial issu de la famille
Dupuis-Pérardel-Lescaillon. Marie-Thérèse Pérardel, femme d'André
Pérardel, est la fille de Paul Dupuis. Ce témoignage concerne la
période du 1er septembre au 21 novembre 1914.
Fondé
un 21 novembre 1914 - La Nouvelle République
www.lanouvellerepublique.fr/.../21/Fonde-un-21-novembre-1914-2125...
21
nov. 2014 - Le 21 novembre 1914, alors que la France est entrée dans
la Grande tourmente, un petit groupe de manuchards se rassemble au
café de ...
21
novembre 1914 | À la vie, à la guerre
www.alaviealaguerre.fr/21-novembre-1914/
Ypres.
Lieutenant Neville Bowers. « Roule, mais roule, bordel ! » Neville
baisse instinctivement la tête lorsqu'un obus s'écrase dans la
façade d'une maison, ...
Samedi
21 novembre 1914 Arras mutilée - Il y a 100 ans
www.il-y-a-100-ans.fr/.../samedi-21-novembre-1914-arras-mutilee-n2060
Samedi
21 novembre 1914 Arras mutilée ! Par la rédaction pour Il y a 100
ans - La Grande Guerre, Publié le 20/11/2014. Il y a 100 ans - La
Grande Guerre ...
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