samedi 13 décembre 2014

EN REMONTANT LE TEMPS...899

Cette page concerne l'année 899 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

DÉDICACE DE LA PREMIÈRE CATHÉDRALE DE SANTIAGO DE COMPOSTELA



À l'origine, la ville paraît avoir été le centre intérieur des nombreux petits ports galiciens, comme Padrón, où relâchaient les bateaux de pêche ou de commerce. Une tradition de sacralité était déjà implantée dans cette région, car on croyait que Padrón possédait des pierres sacrées. Ensuite, et d'après une tradition espagnole apparue vers le VIIe s., le corps de l'apôtre Saint Jacques le Majeur, qui avait été martyrisé à Jérusalem peu après la mort de Jésus, est amené en Espagne, où il avait auparavant déjà prêché l'Évangile, on l'aurait inhumé près de Padrón.

Après l’invasion musulmane de 711, le Nord de l’Espagne est contrôlé par un gouverneur nommé Munuza. Ce gouverneur exige des anciens seigneurs Wisigoths retirés sur les montagnes le paiement des impôts (« jarai » et « yizia ») pour qu’ils puissent rester sur ses territoires. Les seigneurs des Asturies, avec le noble Pelayo à leur tête, se révoltent et refusent de payer les tributs imposés.

Munuza demande alors des renforts à Cordoue, ceux-ci arrivent, et affrontent les insurgés chrétiens. Une grande bataille a lieu en l’an 722 à Covadonga, dans les Picos de Europa, la victoire des seigneurs chrétiens est totale (même si elle est glorifiée par les légendes postérieures incluant même la participation de la Vierge…).

Ce triomphe est considéré comme le début de la « Reconquista ». Les musulmans ne s’attaqueront plus à ce territoire qui devient le petit royaume indépendant des Asturies qui cherche à continuer son expansion pendant les siècles suivants.
Dans cette période initiale de la reconquête, l’un des plus importants rois du royaume Astur est Alphonse II, nommé « Le Chaste ». Son règne va durer près d’un demi siècle entre le 791 et 842 et il consolide la résistance au pouvoir de Al-Andalus. Il établit sa capitale à Oviedo où il bâtit des nombreuses églises et palais. C’est pendant son règne que va se produire la découverte du tombeau de l’apôtre Jacques le Majeur.
Ses restes auraient été miraculeusement découverts au début du IXe s., grâce à une étoile apparue au-dessus du campus stellae (le « champ de l'étoile »), d'où le nom de Compostelle... Au IXe siècle, selon le récit relaté dans la Concordia de Antealtares écrite vers 1077, vit un ermite nommé Pelayo (Pélage) qui a reçu la révélation du lieu du tombeau de Saint Jacques signalé par des lumières surnaturelles. Alerté, l'évêque d’Iria Flavia (aujourd'hui Padrón), Théodomir, décide 3 jours de veille et de prière et ordonne des fouilles au cours desquelles on a trouvé le « Saint Corps ». Ces divers récits, surtout celui de l'« invention » du corps Saint, relèvent des thèmes courants de l'hagiographie et paraissent purement légendaires.
Quoi qu'il en soit, vers l'année 829, l'évêque Théodomir, aidé par le roi Alphonse II des Asturies, fait élever une église en l'honneur de Saint Jacques le Majeur sur le lieu présumé de son tombeau.
À partir de cette date, la dynastie Espagnole considère les reliques de Saint Jacques comme son palladium, et le Saint comme le protecteur de l'Espagne face aux envahisseurs musulmans.

Une chronique (dite au XVIIIe siècle du Pseudo-Turpin, lorsqu'on s'aperçoit que c'est un faux) est écrite vers 1120.
Elle raconte comment Charlemagne, se reposant à Aix-la-Chapelle, reçoit de Saint Jacques l'ordre de venir délivrer son tombeau alors aux mains des Maures.
L’apôtre indique comme itinéraire la Voie lactée ou Chemin de Saint-Jacques. Charlemagne obéit et délivre le tombeau mais, au retour, subit la cuisante défaite de Roncevaux.
Certains manuscrits ajoutent la liste des lieux où vénérer les corps des martyrs de Roncevaux. Cette chronique, augmentée du récit de la Translation et complétée d'un récit de 22 miracles, est recopiée dans de nombreux manuscrits dispersés en Europe.

Vers 1160, le manuscrit de Compostelle (appelé Livre de Saint Jacques ou Liber sancti Jacobi ou Codex Calixtinus) rassemble tous ces textes et est augmenté d’une volumineuse partie de sermons et liturgie ainsi que du Guide du pèlerin attribué à Aimery Picaud.
Ce guide ne figure dans aucun autre manuscrit attribué à l’apôtre Jacques le Majeur. La petite agglomération de Compostelle devient une ville au début du XIe siècle.
Campus Stellae (le champ de l'étoile) est une des étymologies proposées pour la ville de Compostelle, vraisemblablement depuis le XIXe siècle, en référence à la légende qui veut que la sépulture de Saint Jacques en Galice ait été retrouvée grâce à une étoile brillant avec insistance au-dessus d'un champ, dans lequel on a effectivement retrouvé le tombeau.
  • Une deuxième hypothèse repose sur l'existence de sépultures d'une antique nécropole cum-positum-ela (posé avec ou ensemble).
  • Une troisième étymologie plus précise, du latin componere, « arranger, mettre un mort dans un tombeau » et le nom verbal compositum > compostum avec diminutif : compostella, littéralement : « petit arrangement », qui signifie sépulture ou cimetière.
  • En 1897, Ernest Rupin propose une étymologie astucieuse et simple : Une contraction de Giacomo apostolo (Jacques apôtre), dont il fait giaCOMo a POSTOLO. À noter que, dans le langage courant, le mot « Compostelle » est peu employé jusqu'au XVIIIe siècle, on parle plus volontiers de Saint-Jacques en Galice.

L'hypothèse selon laquelle « Campus stellarum », signifiant le « champ des étoiles », a été l'origine du nom « Compostelle » est abandonnée.
Le site même de la ville a été un lieu de culte druidique. Les Romains y établissent un mausolée... On suppose qu’une ville existait et qu’elle s’appelait Asseconia.

Elle est certainement christianisée du Ier au IIIe siècle puis oubliée, à la suite des Persécutions contre les chrétiens.
Saint Jacques Matamore, le « tueur de Maures », patron de l’Espagne
Très tôt, dès les années 785, Saint Jacques est déjà présenté comme le sauveur de l'orthodoxie chrétienne et le Patron de l'Espagne par le moine Beatus de Liebana, réfugié dans les montagnes des Asturies : « Chef resplendissant de l'Espagne, notre protecteur et patron de notre pays ». Dès la fin du VIIIe siècle circule dans les milieux chrétiens un poème qui donne Saint Jacques comme Saint Patron à l’Espagne
En 866, Alphonse III le Grand fait de Saint-Jacques-de-Compostelle un évêché. Une cathédrale y est inaugurée avec éclat en 899. C’est sans doute à partir du XIe siècle que se dessine l’image du Saint Cavalier descendant du ciel. Comme il est d’usage, les chroniques Espagnoles lui bâtissent une légitimité remontant à quelques siècles en arrière :

Le Saint tueur de Maures serait né au cours de la bataille de Clavijo, sous le règne du roi Ramire I (842-850). Peut-être le Matamore n’est-il né que pour retenir en Espagne les Galiciens qui partent en foule à Jérusalem en leur donnant cette image du Matamore, aussi prestigieuse que la croix des Croisés ?

Santiago, dans sa muraille médiévale, comme Aimery Picaud l'a vue et telle qu'elle est restée pendant des siècles, a la forme d'un cœur légèrement incliné vers l'ouest. S'il subsiste de très rares vestiges de son enceinte, son profil circulaire demeure parfaitement dessiné. On peut le suivre à partir de la Puerta del Camino ou Porte de France, où s'élève le calvaire dit de l’« Homo Santo ».

Le sanctuaire de 899, détruit en 997 par al-Mansur. La Concordia de Antealtares est l’accord passé entre le monastère San Pelayo et l'évêque Diego Peláez alors qu’un nouvel édifice (celui que nous connaissons aujourd'hui) est construit au même emplacement, l'actuelle cathédrale romane, commencée en 1078 et consacrée en 1211.
Une université est fondée à Saint-Jacques-de-Compostelle en 1504. Le pèlerinage de Saint-Jacques, si important au Moyen Âge, perd ensuite de son attrait et n'a plus aujourd'hui qu'un rayonnement national.

Le rayonnement du culte de saint Jacques contribue puissamment à cristalliser l'œuvre de la Reconquista, le cri de guerre contre les Maures est « ¡ Santiago y cierra España ! » (« Saint Jacques et attaque l'Espagne ! »).
La région nord-occidentale du pays est la seule épargnée par l'invasion. Il est donc naturel qu'elle ait été un des plus ardents foyers de la religion chrétienne et que la Reconquista soit partie de cette contrée.

Lorsque la famille royale de Castille s'unit par mariage à celle de Bourgogne, protectrice des moines de Cluny, le pèlerinage de Compostelle, sous l'influence de ces derniers, répandus dans toute l'Europe, devient universel.
S'ouvre alors le « chemin de Saint-Jacques », jalonné de basiliques de dévotion comme Chartres, Conques ou Le Puy. Autour de ces routes se développèrent plusieurs cycles de récits (légendes, chroniques, etc...), colportés par les pèlerins au cours de leur long voyage... Ce pèlerinage international permet aux souverains Espagnols de recruter de nombreux chevaliers pour la Reconquista.

L’an 1033 est le millénaire de la mort du Christ, et Jérusalem va connaître un flux de pèlerins très important. Cependant cet élan est freiné par les invasions de l’Islam en Terre Sainte qui rendent ce pèlerinage difficile et dangereux. Même les croisades n’arrivent pas à ouvrir à nouveau l’accès aux pèlerins. Ceux-ci se rabattent donc sur d’autres destinations moins lointaines et risquées ... comme Compostelle !

En 1099, le pape Pascal II somme le clergé et le roi Alphonse VI de remédier à cet exode. Il écrit : « nous avons interdit aux chevaliers de votre royaume et à ceux qui veillent sur les frontières des royaumes les plus proches des vôtres, de se rendre à Jérusalem… Que personne ne leur reproche ce retour comme une infamie ou ose les accuser par quelque calomnie.
À vous tous, nous prescrivons derechef de combattre les Maures demeurant sur vos terres, de toutes vos forces ».

En 1120, le pape Calixte II, proclame que les années Saintes ou Jacquaires (celles où le jour de la Saint Jacques, le 25 juillet, tombe un dimanche) les pèlerins obtiendront l’indulgence plénière. Celle-ci efface tout péché et permet au fidèle d’accéder directement au paradis à la fin de sa vie. Le pape Alexandre III confirme ce privilège à Compostelle en 1197... Si l’on tient compte du fait que l’année Jacquaire arrive environ une fois tous les 6 ans à Santiago alors que les années jubilaires à Rome (donnant également indulgence plénière) n’arrivent que tous les 25 ans...  On comprend bien le succès des pèlerinages en Galice !

Vers l’an 1140, un religieux Français, Aymeric Picaud écrit ce qui sera considéré comme le premier guide touristique, le « Liber Sancti Jacobi », pour les pèlerins  se rendant à Compostelle. Il s’agit d’une minutieuse description du Chemin, des villes et villages traversés ainsi que du caractère de ses habitants (avec un avis assez défavorable sur les habitants de l’Espagne). Y sont décrits les dangers, les distances entre villages, monuments et centres spirituels, les hospices, les bons et mauvais fleuves, etc. Il inclut également une description détaillée de la ville de Santiago de Compostela, ses monuments et ses reliques... L’itinéraire est découpé en 13 étapes, chacune d’elles divisée en plusieurs jours, avec une distance à parcourir d’environ 35 km par jour à pied ou le double à cheval. Ce livre a été par la suite attribué au pape Calixte II par les moines de Cluny, pour cette raison il est connu également en tant que « Codex Calixtinus »
C’est l’âge d’or des pèlerinages à Compostelle, une foule de dizaines (peut-être de centaines) de milliers de croyants empruntent le Chemin chaque année : à cheval pour les plus fortunés, à pied pour les plus pauvres, aidés par le bâton, utilisé comme appui et parfois comme arme contre les bandits, et la calebasse pour transporter l’eau. Ces deux éléments sont devenus les symboles du pèlerin, comme la coquille que les marcheurs porteront avec fierté à leur retour comme preuve de leur périple...
Bien sûr, il n’y a pas que des hommes et des femmes pieux sur les chemins : La foule attire également des faux pèlerins qui vivent de la charité d’hospice en hospice, des voleurs et des opportunistes, jeu et prostitution sont aussi présents... Avec le temps, certaines peines de prison peuvent être abolies en réalisant le pèlerinage. A l’inverse, si on est riche, on peut aussi payer quelqu’un pour faire le Chemin à sa place… et on obtient les indulgences qui vont avec !
En 1170, un ordre militaire, celui de Saint-Jacques-de-l'Épée (ou de Santiago), est spécialement fondé pour la défense des pèlerins de Compostelle et la lutte contre l'infidèle.
En 1175, le pape Alexandre III confirme les statuts de l'ordre.

Mais c'est seulement après la prise de Grenade en 1492, sous le règne de Ferdinand d'Aragon et d'Isabelle la Catholique, que le pape Alexandre VI déclare officiellement Saint-Jacques-de-Compostelle lieu d'un des «3 grands pèlerinages de la Chrétienté », avec ceux de Jérusalem et de Rome.
Récemment, l'interprétation du sanctuaire catholique subit une évolution doctrinale : le mot « tombeau » a disparu des discours des derniers papes depuis Jean-Paul II. Jean-Paul II parlant du « mémorial de Saint Jacques », sans utiliser le mot « reliques » et Benoît XVI disant simplement que la cathédrale de Compostelle « est liée à la mémoire de Saint Jacques ».

Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui correspondent à plusieurs itinéraires en Espagne et en France, ont été déclarés en 1987 « Premier itinéraire culturel » par le Conseil de l'Europe.

L'art préroman est une période d'approximativement 400 ans dans l'art de l'Europe occidentale qui va de l'époque des Mérovingiens, VIe siècle, suivi par la Renaissance carolingienne, au VIIIe siècle et IXe siècle, jusqu'au début de la période romane autour de l'an 1000.

Le thème dominant pendant cette période est l'introduction et l'absorption des formes méditerranéennes et chrétiennes classiques avec celles germaniques, créant de nouvelles formes innovatrices, et menant à l'apogée qu'a connue l'Art roman aux XIe et XIIe siècles. Dans le contexte de l'art médiéval, cette période a été précédée par ce qui s'appelle généralement l'art de la période de migration.
L'Espagne est en grande partie restée en dehors du courant principal de l'art pré-roman, de par son isolement géographique et l'occupation tardive par les envahisseurs musulmans. Après la reconquête lancée par Alfonso III des Asturies, l'art Espagnol a été revigoré par les monastères qui ont produit de nouveaux manuscrits illuminés dans un style Espagnol.

St Jacques années après années - Le Guide de mes ...
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Année 44. Saint Jacques le majeur, fils de Zébédé, est décapité en Palestine par ordre de Herodes Agripa. Ses disciples ... Année 899 ... Le pape Calixto II installe son siège épiscopal à Compostela, en remplacement de Mérida. Année 1122
899 — Wikipédia
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Pèlerinage Saint Jacques de Compostelle : l'histoire
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