samedi 27 décembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 9 DECEMBRE 1914

9 DÉCEMBRE 1914




 I)

Dans la nuit du 8 au 9, quelques patrouilles sortent, mais sont reçues par des feux de salves, il y a 1 blessé à la 9e Compagnie.

A 7h30, le Général commandant le 10e Corps d'Armée remet la médaille militaire à l'Adjudant Tual sur le terrain compris entre Basseux et Bailleulval.

Le Général de division, le Colonel Passaga, commandant la 38e Brigade, le Lieutenant-colonel Federhpil commandant le 41e RI assistent à cette cérémonie.
Le 2e Bataillon avec le Commandant Clerget rend les honneurs et défile devant les Généraux et le Drapeau.

Elle se poursuit le 9 décembre jusqu'au boyau A1, B1, tandis que le 6e bataillon, à gauche, se porte à hauteur du 5e.
La 10e Cie du 167e dispose de deux sections en 1ere ligne, à 80 mètres en face d'elles, une tranchée allemande d'environ 50 mètres se dessine. Sous la pression de l'attaque de gauche, (Cdt Subsol), l'adjudant Bétizeau remarque un flottement dans la tranchée ennemie. Aussitôt, il ordonne un mouvement en avant.
Les deux sections s'élancent d'un bond et enlève la tranchée allemande, que vient occuper la 12e Cie.
Les Allemands laissent entre nos main une grande quantité de matériel et 8 prisonniers. 6 Français de la Cie sont tombés au cours de l'attaque, 15 autres sont blessés.
L'attaque est malgré tout couronnée de succès : La 23e Cie du 353e enlève le Père Hilarion.
A la surprise générale, les Allemands abandonnent le terrain, se retranchant sur la ligne de crêtes.

II)
Chantilly
Commissaire principal Jean Mayeur

« Mon général, attendez ! »
Jean dévale les marches de l’hôtel du Grand Condé à toute allure, un dossier à la main. Les feuilles menacent de s’envoler à chacun de ses pas. Il manque de peu de bousculer deux soldats occupés à décharger un camion de meubles apportés de Romilly-sur-Seine. Le Grand Quartier général vient tout juste d’être installé à Chantilly...

« Mon général ! » s’époumone Jean pour attirer l’attention du gradé qui s’apprête à monter dans sa voiture.
L’officier à la barbe blanche l’entend enfin et s’arrête. Dans sa course folle, Jean pile juste devant lui et le salue maladroitement. Face à ce manquement intolérable à la discipline militaire, le général s’apprête à rabrouer Jean mais celui-ci lui tend immédiatement le dossier qu’il a entre les mains.

« C’est ce que vous attendiez, mon général, explique Jean, essoufflé. Nous avons trouvé une solution pour enrayer le cas des blessures à la tête de nos soldats. »

Au cours de l’été, tous les rapports venus du front comportent la même statistique inquiétante : 75% des blessures des soldats sont à la tête. Et le plus souvent, elles sont mortelles. C’est pourquoi l’intendance a fait distribuer en urgence des couvre-képis bleus pour dissimuler la couleur rouge des précédents.
Les anciens modèles donnent l’impression d’avoir été réalisés à seule fin d’indiquer aux Allemands où tirer précisément.
Malgré cette amélioration, les pertes ont continué d’être sévères.

D’abord, les Allemands continuent d’utiliser des obus fusants. Les projectiles éclatent en délivrant une pluie de billes de plomb, qui peuvent facilement se loger dans les têtes des soldats.
Et puis, à cause de la guerre de tranchées, il n’y a plus guère que la tête des hommes qui dépasse du parapet. Si les Allemands disposent de leurs fameux casques à pointe, les Français n’ont rien pour se protéger efficacement. Les képis ne peuvent empêcher une balle de percer un crâne. Alors, on a cherché une solution.
Et ce matin, elle est tombée sur le bureau de Jean...

« Qu’est-ce que c’est ?
Je n’ai pas le temps de lire ! s’exclame le général en constatant l’épaisseur du dossier.
— Louis Adrian, des services de l’Intendance, a eu une idée, mon général, annonce Jean avec fierté. Il propose un prototype de « cervelière » en métal qui se glisse sous le képi. Elle est constituée d’une simple tôle pliée et ne coûte donc quasiment rien à produire. Et puis, on peut très rapidement l’envoyer en masse au front.
Mon général, il faut absolument que vous en parliez à Joffre ! Toutes les informations sont là-dedans. »

Avant même que le général dise quoi que ce soit, son chauffeur vient lui dire à l’oreille :
« Vous êtes attendu, mon général. »
L’officier se glisse alors à l’arrière de la voiture et laisse le jeune commissaire sur le pavé, le dossier en main.
Mais Jean se tient à la portière, suppliant le général d’accepter sa requête et de prendre le dossier, au moins pour regarder. Le vieil officier finit par se pencher vers lui :
« Adrian, ce n’est pas cet emmerdeur que l’on avait mis à la retraite ?
— Si, mon général, mais il y a plus d’idées pour nos soldats dans ce dossier que dans tout ce que j’ai lu depuis le mois d’août ! Il peut radicalement changer la vie de nos hommes au front ! »

L’enthousiasme de Jean ne parvient toujours pas à fléchir l’expression glaciale du général. L’officier supérieur lève une main gantée vers son chauffeur pour lui faire signe d’attendre quelques secondes de plus.
« Vous êtes sûr de vous ?
— Certain, mon général. »
Le général se saisit enfin du dossier. Il s’installe plus confortablement sur la banquette arrière de son véhicule dont le moteur vrombit déjà.
« En ce cas, tenez-vous prêt à rappeler cet Adrian, dit-il à Jean qui court doucement à côté de l’automobile en mouvement. J’en parlerai à Joffre dès demain.
— Merci, mon général ! s’exclame joyeusement le commissaire. Vous ne le regretterez pas, mon général, je vous assure ! »
Dans une forte odeur d’essence et un vacarme du tonnerre, Jean regarde s’éloigner la voiture avec, à son bord, le dossier qui porte tous ses espoirs.

III)
Obus la nuit.
Le ministère de la Guerre donne aux journaux parisiens un communiqué
« copieux » sur la situation militaire. « Journée calme en Belgique ainsi que dans la région d'Arras, ou les Allemands n'ont tenté aucun retour offensif.
Plus au sud, dans la région du Quesnoy et d'Andéchy, nous avons réalisé des progrès variant de 200 à 600 m, notre gain a été maintenu et consolidé.
Dans la région de l'Aisne et en Champagne, pas de changement.

L'artillerie allemande, sur laquelle nous avions pris l'avantage les jours précédents, s'est montrée plus active, mais elle a été de nouveau maîtrisée par notre artillerie lourde, celle-ci, aux environs de Reims, a obligé les Allemands à évacuer plusieurs tranchées, cette évacuation s'est faite sous le feu de notre infanterie.

Dans la région de Perthes, l'ennemi, par deux contre-attaques, a essayé de reprendre les tranchées qu'il avait perdues le 8. Il a été repoussé, le terrain conquis par notre armée est solidement organisé.

Dans toute l'Argonne, la progression Française s'est poursuivie, nous avons enlevé de nouvelles tranchées, repoussé avec un plein succès 6 contre-attaques, complété et consolidé le terrain gagné sur l'ennemi.

Sur les Hauts-de-Meuse, ont lieu des combats d'artillerie où nous avons gardé, malgré l'activité plus grande des batteries ennemies, un avantage marqué.
Dans le bois Le Prêtre, nous avons pris de nouvelles tranchées.
Rien à signaler sur le reste du front jusqu'à la frontière Suisse.

Nos aviateurs ont, de nouveau, lancé avec succès 16 bombes sur la gare et les hangars d'aviation de Fribourg-en-Brisgau. Malgré une vive canonnade, ils sont rentrés sans accident. »

En Belgique, sur le front de l'Yser proprement dit, entre Dixmude et Nieuport, les Allemands font ces jours derniers une nouvelle tentative pour franchir la rivière. Le « Daily Chronicle » donne des précisions à cet égard, assure que cette tentative a été faite à Pervyse, où les Allemands ont équipé une demi-douzaine de radeaux armés de mitrailleuses, chaque radeau transportant une cinquantaine d'hommes.
Ces radeaux sont remorqués par 3 puissants canots automobiles munis de projecteurs. Quand les radeaux s'avancent sur les champs inondés jusqu'à 200 mètres des positions Belges, l'artillerie a empêché les Allemands de débarquer, leur infligeant des pertes sensibles.
Les Allemands, bien qu'aucune confirmation officielle ne soit venue du côté Russe, occupent Lodz.

Les dernières dépêches de Petrograd font entrevoir l'évacuation de la ville par les troupes Russes pour des considérations stratégiques.

En Prusse Orientale, les Russes sont arrivés devant Lotzen, la forteresse qui barre la route entre les lacs de Mazurie.
Durant leur première avance en Pologne, les Russes ont négligé d'occuper cette forteresse, ce qui permet aux Allemands de prendre l'offensive.
Cette fois, ils procèdent à une avance méthodique, travaillant sans trêve ni délai à saper la forteresse.

Sur le front Tsenchenstokhovo-Cracovie et au sud de Cracovie, l'avance Russe est continue et les mouvements en Hongrie progressent favorablement.

Le tsar a visité Ekaterinodar, dans la province de Kouban qui s'étend entre la mer Noire, la mer d'Azof et le Caucase.
Nicolas II a reçu les délégations des troupes cosaques du Kouban et les représentants de la colonie Anglaise de la région.

Le correspondant de Saint-Omer du journal « Le Temps » nous apprend que l’aviation Allemande a de nouveau bombardé Hazebrouck.
« Un aéroplane allemand survolant la ville, vers 8h30, a jeté 3 bombes derrière la gare.
Le premier projectile ne fait aucune victime.
La seconde bombe tue 6 civils dont 3 enfants, et 7 soldats Anglais et fait une dizaine de blessés. La petite Leroy, tuée ce jour, a eu sa sœur frappée mortellement par une balle Allemande lors de la tentative faite, en octobre, contre la gare d'Hazebrouck par un détachement Allemand.
La troisième bombe a blessé plusieurs soldats Anglais.
L'avion s'est dirigé alors sur Steenbecque où il a bombardé la gare, faisant plusieurs victimes, puis, vers 11 heures, il est revenu au-dessus d'Hazebrouck, jetant 2 nouveaux projectiles qui ont éclaté dans un jardin de la place Jeanne-d'Arc, n'occasionnant que des dégâts matériels. »

Le Temps nous raconte une équipée héroïque de nos aviateurs en Belgique. Nous remarquerons, encore une fois, que lorsque ce sont « nos hommes » qui jettent des bombes de leur avion, ils ont une dextérité diabolique. « Les aviateurs Français ont accompli des prouesses rares ces jours-ci. Le Daily Mail rapporte que l'un d'eux a survolé Anvers, laissant tomber des petits papiers avec ces mots « Courage, nous nous verrons bientôt ! » Les Allemands ont vainement essayé d'abattre l'avion, tandis que les gens d'Anvers chantent le Leeuw van Vlaandren, le chant patriotique des Flamands, et applaudissent l'aviateur Français.

A en croire une dépêche d'Amsterdam, un aviateur a survolé les réservoirs à pétrole du Hainaut, mais le feu de l'ennemi l'empêche de les détruire. Poursuivi par un Taube, il parvient à s'échapper après avoir détruit à coups de bombes trois wagons d'un train d'approvisionnement. »
IV)
Mêmes emplacements que ceux de la veille.
À partir du 9, le colonel ne commande plus la Réserve générale du corps d’armée.
Les consignes du cantonnement de Vignot sont passées au 27e.
À 8h30, revue du 27e par le général de Mondésir qui va leur donner pour mission de reprendre la partie de la redoute de Saint-Agnan occupée par l’ennemi.
Défilé du régiment. Attente de l’ordre de départ.
À 14h, l’arrivée du courrier de la Brigade nous annonce que le colonel prend le commandement d’une tranche du secteur des Bois dont le poste de commandement est établi à la Croix Saint-Jean.
Préparatifs de départ.
Adieux du docteur Raisse qui passe à l’Ambulance du 8e corps d’armée à Commercy.

V)
Journal du Rémois Paul Hess (extraits)
« Obus la nuit. De la salle à manger de la maison 8, rue Bonhomme où mon lit est installé, je vois par le vitrage, en face, les éclairs produits par les explosions. »

Enfin un nouveau pantalon-culotte  bleu horizon

Côté français, il faut attendre le 9 décembre 1914 pour voir l’entrée du drap bleu clair – à défaut du kaki demandé par Joffre.

L’uniforme « bleu horizon » est décrit par la notice du 9 décembre 1914.
Le colorant rouge, l’alizarine fabriqué en Allemagne, n’étant plus importé, on se contente d’un drap en fils bleu foncé, bleu clair et blanc, ce qui produit un bleu clair, le « bleu horizon ».
Les bandes molletières déjà en service dans les unités de chasseurs alpins, de zouaves et de tirailleurs compensent la pénurie de cuir.

En décembre 1914 la forme du nouveau pantalon-culotte est arrêtée :
Il s’arrête sous les genoux et ferme par un lacet ou des boutons.
Le bas des jambes est protégé par des bandes molletières en laine de teinte bleu horizon.
Toutefois plusieurs teintes seront utilisées avant le bleu horizon (notamment brun, beige ou bleu gris), car la capote est prioritaire pour le nouveau drap.
La culotte bleu horizon n’est distribuée massivement que vers le second semestre 1915

Le 9 décembre 1914, les 2 poches poitrines sont rétablies à la capote modèle Poiret .
De plus, ce 3e type possède à nouveau une martingale dorsale ainsi que des insignes de col rectangulaires de couleur jonquille. Cependant, trop voyante, ces pattes de collet ne seront portées que durant les 1er mois de 1915.

Les boutons se généralisent par un modèle en aluminium d’une seule pièce.

VI)
Lu dans Le Moniteur en date du mercredi 9 décembre 1914
France.
-Les Allemands se montrent plus actifs que les jours précédents dans la région de l’Yser. Mais notre artillerie leur a riposté avec succès et leurs attaques d’infanterie ont été vigoureusement repoussées. Nous avons gagné du terrain dans la région de l’Argonne.

L’état-major Russe publie un long exposé de la situation. Il en résulte que les corps de von Hindenburg, après avoir remporté quelques succès entre Vistule et Wartha, ont été refoulés avec d’énormes pertes.
Ils ont alors transféré la lutte dans la région de Cracovie. Cette place est maintenant investie par une armée de 270.000 hommes, commandée  par le général Radko Dmitrieff, et plusieurs des forts de la première ligne seraient déjà tombés.
Les Allemands prétendent être entrés dans le Lodz, tout en reconnaissant que cette occupation n’a qu’une valeur restreinte au point de vue stratégique.
Les Serbes accentuent l’offensive qu’ils ont reprise contre les Autrichiens, et leur cavalerie a repris Valjevo.

Allemagne.-Guillaume II est tombé malade. Il est obligé de remettre à quelques jours son départ pour le front.

La chambre Italienne a voté un milliard pour couvrir les frais extraordinaires de la préparation militaire.

Les journaux de New-York disent qu’une violente discussion s’est élevée entre Guillaume II et le président du conseil Hongrois, le comte Tisza, au cours de la visite que celui-ci a faite récemment  au quartier général Allemand.
Le comte Tisza a protesté contre l’abandon dans lequel Budapest est laissée, à portée de l’invasion Russe, et a en vain réclamé 3 corps d’armée Allemands pour la défendre.

VII)
Détail du Journal de Mantes, 9 décembre 1914
A la fin du mois de novembre la course à la mer s’achève et la guerre rentre dans une nouvelle phase. Après la guerre de mouvement, les soldats vont mener une guerre d’usure. Les deux armées se positionnent face à face dans les tranchées.
Les conditions de vie des soldats au front sont mal connues des civils à l’arrière car elles sont soit très lacunaires soit relèvent du « bourrage de crâne ». On se doute cependant à travers les appels à la solidarité (on demande aux civils d’envoyer des vêtements chauds, de la nourriture en complément de l’ordinaire par exemple) que les soldats manquent de tout et souffrent de l’éloignement .
Les familles ont peu d’informations précises sur le sort des soldats du fait de la censure militaire et de la lenteur du courrier. Les longues listes de morts, de blessés et de prisonniers qui envahissent peu à peu les journaux sont source d’angoisse pour les familles. Ces lignes laissant apparaître une certaine émotion et sont destinées à mettre en valeur l’action des enfants.
Afin de ne pas se laisser submerger par l’émotion, on met en relief le côté patriotique de l’action des enfants. On insiste sur le fait que toute la nation est « en armes », une nation faite de héros glorieux au front comme à l’arrière. Ces lignes font écho aux représentations des enfants déguisés en poilus qui apparaîtront sur les cartes postales au cours de la guerre.
Isabelle Attard-Aman

VIII)
L’offensive vers Tahure (Marne) est finalisée
A la demande du Grand quartier général, l’état-major de la 4e armée étudie une offensive qui doit être déclenchée à la mi-décembre 1914.

D’importantes réunions se tiennent au quartier général de Langle de Cary à Châlons-sur-Marne. 
L’idée est de lancer une attaque dans la Marne en direction de Tahure, à partir de la droite et de la gauche de Perthes-les-Hurlus.
Les Français pensent que le moment est bon parce que des troupes Allemandes viennent d’être déplacées vers le front Russe.

Les instructions sont adressées au 17e corps et au 12e corps qui, à l’est de Souain, doit attaquer en direction de Somme-Py.
Au 17e corps, la 34e division qui comprend les 14e, 83e, 59e, 88e, régiments d’infanterie attaqueront la cote 200 tandis que la 33e division  avec les 2e, 7e, 9e, 11e et 20e régiments d’infanterie le saillant des Tranchées brunes, à un peu moins de 2 kilomètres de Perthes.
Les deux divisions reçoivent comme mission de faire jonction au nord de la cuvette de Perthes, la 34e face au Trou Bricot, la 33e devant la cote 188.
On prend bien soin d’indiquer à la 34e division que ses soldats ne doivent pas s’engager dans les bois situés entre Perthes et Souain.

IX)
Le généralissime Joffre écrit au général de Langle de Cary :
« Il semble qu’en prenant comme axe principal de votre attaque, la route de Suippes à Attigny (Ardennes), vous aurez l’avantage de la conduire dans un pays largement ouvert, sans obstacles naturels, et où la profondeur des défenses ennemies paraît moins forte que sur les autres parties du front. Il est indispensable que cette offensive se produise avant le 20 décembre. On entrevoit aussi que cette offensive doit être appuyée par le corps colonial sur le Calvaire 180 qui est situé à 1 200 mètres au nord-est de la ferme de Beauséjour avec comme objectif ultérieur la Butte du Mesnil et Maisons-en-Champagne. Le 1er corps d’armée mis à la disposition de la 4e armée serait tenu en réserve...

X)
Après une nuit tranquille, matinée un peu agitée. Canon français gros calibre Quelques bombes allemandes, mais non sur la ville. Nuit tranquille, sauf Quelques coups de canon ou bombes vers 22 ou 23h.
Le cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims.

Dès le matin, les canons français font rage, les maisons tremblent. A 10h du matin, quand j'écris ces lignes, pas encore de riposte du coté des Allemands, s'ils pouvaient nous avoir débarrassés de leur présence, personne ne s'en plaindrait mais cela n'est pas probable. Nuis assez calme.
Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918

XI)
L'incertitude et les contradictions au milieu desquelles vivent ceux-là même qui sont renseignés ...
Le général Gallieni estime avoir gagné la bataille de la Marne en dépêchant sur l'Ourcq 15.000 hommes montés dans 3 000 taxis-autos réquisitionnés.
Le haut commandement juge au contraire que l'intervention de Gallieni sur l'Ourcq n'a été qu'un épisode qui n'est même pas mentionné dans le rapport du généralissime sur la victoire de la Marne.
D'où froissements et mécontentements. Gallieni se plaint que son rôle soit diminué, sollicite la presse de lui rendre justice.
La censure interdit la publication de la moindre note relatant l'affaire des
3 000 taxis-autos et donne pour prétexte la consigne donnée par le général Gallieni lui-même de ne pas permettre aux journaux de raconter cet incident... Étrange !

Le retour du gouvernement à Paris met d'ailleurs fin à la mission de Gallieni, qui est nommé au commandement de l'armée d'Alsace.

C'est évidemment un des incidents qui sont nés du triple pouvoir de Bordeaux, de la place de Paris et du grand quartier général.

En outre, le véritable vainqueur de la Marne, c'est-à-dire l'homme qui a eu la première idée, la conception originelle de la bataille, est non plus le général Foch mais le général Boëll... Cela dit pour montrer l'incertitude et les contradictions au milieu desquelles vivent ceux-là même qui sont renseignés.

XII)
En ce mois de décembre, le bilan est d'ores et déjà terrible… 300 000 soldats Français sont morts depuis août qui a vu saignés les régiments du Grand Sud à Bertrix et ailleurs. épuisés, les survivants creusent les premières tranchées. L'hiver est là, les positions sont « gelées », les hommes frigorifiés et l'état d'esprit en train de changer…

Il suffit de lire les lettres de Léon Pommiès évoquant les Allemands pour s'en rendre compte.
En septembre, ce jeune caporal du 144e régiment d'infanterie de Bordeaux, fraîchement rappelé alors qu'il vient à peine d'achever son service militaire, écrit à sa famille restée à Dax : « Je t'assure que quand on nous en montre, nous faisons du beau travail, je vise comme à la cible et ce ne me semble pas que je tire sur des hommes, même pas sur des bêtes malfaisantes, mais sur des silhouettes de tir… »

A présent ? Bloqué sur le Chemin des Dames, ce futur commerçant Tarbais de la future place Verdun vit désormais son quotidien à quelques dizaines de mètres de l'ennemi.
L'usure et la proximité changent les regards. « Nous avons ces chers messieurs en face de nous. Ce ne sont pas de mauvais bougres. Ils nous déclarent (car nous avons parfois des entretiens), que la guerre commence à leur peser.
Nous allons volontiers chez eux, dans leurs petits postes d'écoute, mais nous les tenons à distance de chez nous. Ils ont de la bière, des cigarettes à bouts dorés, du fromage croûte rouge et des cigares et ils nous donnent des journaux »…

De fait, un peu partout sur le front et tandis que Noël approche, « cochons de Français » et « boches » se rendent-ils compte qu'en face, l'ennemi est aussi un homme.
Que la cible est un conscrit comme eux, tentant de survivre à la même tragédie quotidienne des copains qui tombent, des blessures atroces, des bombardements, de la boue, des rats et de la famille au loin.

Et ici ou là, selon les endroits du front se répand « l'esprit d'humanité » quand bien même les ordres de tueries continuent à tomber. Accords tacites pour survivre en bonne intelligence, pour « faire semblant » lors de combats ritualisés à heures fixes et même pour ne rien faire, trêves pour aller chercher les corps des morts… Certes, les assauts absurdes existent toujours, mais tout un processus s'enclenche qui débouche sur des fraternisations, autour de Noël.

« Ce n'est pas un phénomène d'ampleur, ce sont des petits gestes spontanés, sporadiques, à force de se regarder. C'est une pomme qu'on lance d'une tranchée à l'autre, un morceau de pain, un coup à boire, un échange de chansons patriotiques, sentimentales.
Ce mouvement commence surtout avec les Britanniques, la guerre se « civilise », l'autre n'est plus un monstre et on sort pour se rencontrer entre les tranchées, explique l'historien Marc Ferro.

De fait, si les Anglais ne tirent plus les premiers, c'est aussi parce que leurs régiments sont composés de volontaires, ils ne se battent pas sur leur sol, pour certains, ce n'est plus leur guerre...
Histoire désormais mythique : Ils feront même un foot entre les lignes… Sur le front Russe aussi, des fraternisations ont lieu. Et les Français se reconnaissent également dans ces manifestations. Notre Audois Louis Barthas, qu'on lira ci-dessous, en témoigne.

Noël 1914, un Noël extraordinaire ? Au sens strict du terme, d'ailleurs, pour les cuistots qui font tout pour sortir la cantine de l'ordinaire servi au troupier, grâce aux envois, aux dons.
Aucun état-major n'a prévu qu'on réveillonne en première ligne : Bien sûr, puisque la guerre sera courte ! Il faut donc organiser de l'exceptionnel pour ces hommes engourdis que la nostalgie du foyer gagne, ronge.

Vins, champagnes, schnaps, whisky arrosent les tranchées, là où les Allemands plantent parfois un sapin sur le parapet.
Là où certains hommes choisiront de répondre au « Stille Nacht » par « Douce Nuit » plutôt que s'étriper comme d'autres unités en cette journée sacrée, puis de braver l'interdit pour sortir dans le no man's land.
Se tendre une gourde, se serrer la main, échanger un bout de gâteau, chanter. Premières fraternisations qui se retrouveront ponctuellement, tout au long de la guerre, laquelle ne manquera pourtant jamais de reprendre de plus belle.

Parce que l'histoire a toujours détesté que de simples soldats fassent la paix.
Documents Mémoire des Deux Guerres en Sud-Ouest.

XIII)
« On entendait des chants... »
Grâce à l'historien Toulousain Rémy Cazals, Les Carnets de Guerre de Louis Barthas sont devenus un classique et restent une source précieuse sur le conflit, vécu à hauteur de soldat, au front.
Ce premier Noël de guerre ? En deuxième ligne, notre tonnelier Audois le raconte ainsi : « La nuit suivante est la nuit sacrée de Noël. Dès la nuit tombée, nous nous étions blottis dans nos trous pensant bien y sommeiller jusqu'à l'aube, lorsque vers 21h, une voix bourrue nous intime l'ordre de sortir de nos trous et de monter nos sacs en toute hâte. De fait, il se passe en première ligne quelque chose d'anormal, on entend des chants, des clameurs, de nombreuses fusées sont lancées de part et d'autre, mais pas de fusillade… »




9 décembre 1914 | À la vie, à la guerre
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Mercredi le 9 décembre 1914 : Les Allemands jettent des ...
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9 déc. 2014 - Mercredi le 9 décembre 1914 : Les Allemands jettent des bombes sur Hazebrouck ! Par la rédaction pour Il y a 100 ans - La Grande Guerre, ...
9 Décembre 1914 : L'incertitude et les contradictions au ...
lafautearousseau.hautetfort.com/.../12/.../9-decembre-1914-5493136.htm...
mardi, 09 décembre 2014. 9 Décembre 1914 : L'incertitude et les contradictions au milieu desquelles vivent ceux-là même qui sont renseignés ... images.jpg ...
C'était Noël 1914 : trêves sur le front - 25/12/2014 ...
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Il y a 1 jour - Ce 9 décembre 1914, à présent ? Bloqué sur le Chemin des Dames, ce futur commerçant tarbais de la future place Verdun vit désormais son ...

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