24
NOVEMBRE 1914
I)
À
Vignot : La deuxième fraction du renfort destiné au 2e bataillon,
composée de 86 hommes est partie le 24 à 6h de Vignot pour arriver
à la Croix-Saint-Jean à 17h où elle a été prise par les cadres
du bataillon. Pendant leur trajet, ils ont été surpris par des
projecteurs Allemands placés au Camp des Romains qui les ont suivis
de Pont-sur-Meuse à Mécrin : Aucun bombardement n’a suivi...
1er
bataillon : Une voiture de munitions demandée la veille par le
Commandant Mayotte est partie dans la matinée. Beaucoup de munitions
ont brûlé.
2e
bataillon : Dès l’arrivée de la 2e fraction de renfort, les
hommes ont été affectés à leurs compagnies. Ils sont parvenus aux
tranchées sans incident. À la tombée de la nuit, vive fusillade.
Le Capitaine Beaulieu demande deux voitures de munitions pour les 5e
et 6e compagnies.
3e
bataillon : Dans la matinée, mort du Capitaine Moine tué par une
balle perdue à son poste de commandement pendant qu’il donnait des
ordres aux chefs de section.
La
mort du capitaine Moine est l’objet d’une consternation générale
de la part des hommes et des officiers dont il était apprécié.
Vignot
(suite) Le soir, relève des bataillons formant la Réserve Générale.
Le
2e bataillon du 13e part à la tombée de la nuit cantonner à
Boncourt en même temps que le 3e bataillon du 134e qui va à la
Presqu’île du Bielet.
Ils
sont remplacés par les 1er et 2e bataillons du 85e d’Infanterie Le
3e bataillon du 171e reste à Vignot.
II)
J’ai
passé la nuit dans un grenier, sur un matelas, entre deux claies
chargées de pommes et sous des chapelets d’oignons.
Le
canon se tait. Il n’en est que plus redoutable, les Allemands se
tenant silencieux avant les bombardements. Mais la nuit s’est
passée sans que nous fussions inquiétés. Comme c’est frêle un
toit, quand les obus de 210 le menacent ! Et comme on dort mal
sous cette coquille et sous cette menace, surtout par une nuit de
grand gel !
Le
matin, nous apprenons qu’à Crouy la compagnie Dufour a été
éprouvée : l’adjudant Monville (qui s’empara naguère des
fameux bandits Bonnot et Garnier) a été mis en morceaux par un
obus, le capitaine a la joue endommagée, plusieurs troupiers sont
tués...
La
journée se passe dans l’attente de quelque chose… qui ne se
produit pas.
Le
ciel est noir.
Il
tombe des petits brins de neige.
Les
canons tirent de temps à autre.
Les
Allemands bombardent encore Soissons et les environs de la batterie
qui se trouve dans les bois près de nous. Je vais jusqu’au
faubourg de Soissons. Je vois dans un champ devant une bicoque des
enfants qui se sont creusé, contre les obus, une tranchée miniature
du modèle des nôtres. Ils s’amusent énormément : Pensez !
3 obus sont tombés là, tout près, presque sur eux. Ils en
attendent d’autres, impatients de mettre leur tranchée à
l’épreuve.
III)
Saint-Adresse
Stéphane Peeters
Assis
sur les marches de la porte de service, l’énorme cuisinier
fredonne un air populaire entre deux bouffées de cigarette. Son
crâne rasé dodeline au rythme de la mélodie. Le marmiton
n’interrompt son récital que lorsqu’il voit s’approcher un
jeune homme bien mis.
« Qu’est-ce
que tu veux, gamin ? Tu devrais pas être ici, c’est un
bâtiment officiel. »
Le
garçon s’arrête. Il n’est plus sûr d’être au bon endroit.
Lorsqu’il se retrouve nez à nez avec le cuisinier, qui s’est
levé pour le toiser de toute sa hauteur, il tremble un peu.
« T’as
perdu ta langue ? C’est pas ouvert au public, je te dis,
grogne le cuisinier. »
Il fixe le jeune homme de ses yeux profondément enfoncés dans leurs orbites, comme deux feux minuscules brûlant au fond de leurs grottes de chair.
« Pardon, monsieur, c’est bien le Palais des Régates ? En fait je… bégaye le jeune homme avec un fort accent Belge. Je cherche à voir le chef de salle pour…
— Ah ! l’interrompt le cuisinier qui se fend immédiatement d’un sourire bienveillant. Tu dois être Peeters ?
— Oui, oui, tout à fait ! s’exclame le garçon, enfin rassuré. Stéphane Peeters, le nouveau maître d’hôtel, ench…
— Laisse tomber les politesses, va, on n’a pas la journée. Le chef de salle est malade, alors c’est moi qui te fais visiter. »
Il fixe le jeune homme de ses yeux profondément enfoncés dans leurs orbites, comme deux feux minuscules brûlant au fond de leurs grottes de chair.
« Pardon, monsieur, c’est bien le Palais des Régates ? En fait je… bégaye le jeune homme avec un fort accent Belge. Je cherche à voir le chef de salle pour…
— Ah ! l’interrompt le cuisinier qui se fend immédiatement d’un sourire bienveillant. Tu dois être Peeters ?
— Oui, oui, tout à fait ! s’exclame le garçon, enfin rassuré. Stéphane Peeters, le nouveau maître d’hôtel, ench…
— Laisse tomber les politesses, va, on n’a pas la journée. Le chef de salle est malade, alors c’est moi qui te fais visiter. »
La
porte de service claque bruyamment et tous deux se retrouvent bientôt
dans une vaste cuisine, aux murs blancs et à l’équipement quelque
peu vétuste. Plusieurs hommes sont à leurs postes.
« Tu
sais comment tout ça marche, hein ?
— Oui, répond fièrement Stéphane, j’étais maître d’hôtel à Bruxelles avant la guerre.
— Bon, ben c’est déjà ça, souffle le marmiton, parce qu’ici, tu vas voir, on trouve de tout. Tiens, le type là-bas, à la plonge, dit-il en indiquant un homme aux cheveux grisonnants, figure-toi qu’il était postier à Liège. Et le gars avec la casserole, là-bas, il paraît qu’il avait sa propre société de textile. La guerre, ça mène à tout, tu vois ! »
— Oui, répond fièrement Stéphane, j’étais maître d’hôtel à Bruxelles avant la guerre.
— Bon, ben c’est déjà ça, souffle le marmiton, parce qu’ici, tu vas voir, on trouve de tout. Tiens, le type là-bas, à la plonge, dit-il en indiquant un homme aux cheveux grisonnants, figure-toi qu’il était postier à Liège. Et le gars avec la casserole, là-bas, il paraît qu’il avait sa propre société de textile. La guerre, ça mène à tout, tu vois ! »
Il
tape si fort dans le dos de Stéphane pour ponctuer son bon mot que
le maître d’hôtel fait deux pas en avant bien malgré lui. Il rit
pour contenter le cuisinier, même s’il a du mal à se remettre sur
ses pieds.
Ils
passent ensuite la porte des cuisines pour se retrouver dans une
vaste salle où deux tables en bois se font face. L’une d’elles
est de dimensions modestes, mais elle est recouverte d’une nappe
bien plus élégante.
« C’est
pour un mariage ? s’étonne Stéphane.
— Ha ha ha, t’es un marrant, toi ! s’esclaffe l’homme en lui assénant de nouveau une tape dans le dos. Ils ne t’ont rien dit en t’affectant chez nous ?
— Non, pas vraiment, juste qu’on avait besoin de moi, répond Stéphane en passant discrètement une main sur son épaule endolorie.
— Et voilà ! Chaque fois c’est la même chose, râle-t-il. C’est à moi de tout expliquer ! Bon, tu sais au moins pourquoi le service des réfugiés Belges t’a envoyé à Sainte-Adresse ?
— Parce que c’est la nouvelle capitale de la Belgique en attendant que l’on reprenne le pays… ose timidement le jeune homme, qui craint la prochaine attaque du cuisinier.
— C’est ça. (Il sourit avec enthousiasme.) Mais si tu veux mon avis, les Français se sont bien foutus de nous ! Ils auraient pu trouver plus grand que ce coin perdu du Havre pour faire office de capitale, dit-il avec agacement. Mais bon, tu connais les Français. Et puis si tu ne les connais pas encore, ça ne va pas tarder, tu vas voir ! »
— Ha ha ha, t’es un marrant, toi ! s’esclaffe l’homme en lui assénant de nouveau une tape dans le dos. Ils ne t’ont rien dit en t’affectant chez nous ?
— Non, pas vraiment, juste qu’on avait besoin de moi, répond Stéphane en passant discrètement une main sur son épaule endolorie.
— Et voilà ! Chaque fois c’est la même chose, râle-t-il. C’est à moi de tout expliquer ! Bon, tu sais au moins pourquoi le service des réfugiés Belges t’a envoyé à Sainte-Adresse ?
— Parce que c’est la nouvelle capitale de la Belgique en attendant que l’on reprenne le pays… ose timidement le jeune homme, qui craint la prochaine attaque du cuisinier.
— C’est ça. (Il sourit avec enthousiasme.) Mais si tu veux mon avis, les Français se sont bien foutus de nous ! Ils auraient pu trouver plus grand que ce coin perdu du Havre pour faire office de capitale, dit-il avec agacement. Mais bon, tu connais les Français. Et puis si tu ne les connais pas encore, ça ne va pas tarder, tu vas voir ! »
Stéphane n’échappe pas à une bourrade amicale du cuisinier. Soudain, deux détonations secouent tout le bâtiment, suivies par un long mugissement. Dans les cuisines, les casseroles s’entrechoquent avec fracas et la vaisselle tremble dans un vacarme tel qu’on l’entend jusque dans la salle. Stéphane, paniqué, se baisse pour se protéger. C’est alors qu’il voit avec étonnement que le cuisiner n’a pas bougé.
« Tiens,
les Français font tirer leurs canons, dit tranquillement le
marmiton, en ignorant la mine effrayée de Stéphane.
— Mais sur quoi peuvent-ils bien tirer ? Les Allemands sont déjà là ? s’inquiète Stéphane, qui se relève doucement.
— Ils tirent sur la mer, mon vieux. (Le cuisinier se rallume une cigarette.) C’est pour faire peur aux sous-marins. Je ne sais pas si ça marche, mais tu verras, ils le font plusieurs fois par jour. Bon, de quoi je te causais ?
— Des tables. La grande et la petite. »
Le maître d’hôtel est à peine remis de ses émotions mais il veut faire bonne figure.
« C’est ça, merci. Écoute, puisque le gouvernement est ici, les délégués étrangers auprès du gouvernement le sont aussi. Et c’est ici, au Palais des Régates, qu’ils sont accueillis et qu’ils mangent. Ton travail, ça va être de préparer leurs tables et de servir ces Messieurs.
— Et comment les placer sur chacune des tables ? insiste le maître d’hôtel.
— La petite, c’est pour nos alliés. La grande, pour les pays neutres. Dès que l’un d’entre eux se rallie à nous, tu le passes sur la petite table. Il y a un tableau là-bas, vérifie-le tous les jours. »
— Mais sur quoi peuvent-ils bien tirer ? Les Allemands sont déjà là ? s’inquiète Stéphane, qui se relève doucement.
— Ils tirent sur la mer, mon vieux. (Le cuisinier se rallume une cigarette.) C’est pour faire peur aux sous-marins. Je ne sais pas si ça marche, mais tu verras, ils le font plusieurs fois par jour. Bon, de quoi je te causais ?
— Des tables. La grande et la petite. »
Le maître d’hôtel est à peine remis de ses émotions mais il veut faire bonne figure.
« C’est ça, merci. Écoute, puisque le gouvernement est ici, les délégués étrangers auprès du gouvernement le sont aussi. Et c’est ici, au Palais des Régates, qu’ils sont accueillis et qu’ils mangent. Ton travail, ça va être de préparer leurs tables et de servir ces Messieurs.
— Et comment les placer sur chacune des tables ? insiste le maître d’hôtel.
— La petite, c’est pour nos alliés. La grande, pour les pays neutres. Dès que l’un d’entre eux se rallie à nous, tu le passes sur la petite table. Il y a un tableau là-bas, vérifie-le tous les jours. »
Stéphane
approuve et embrasse la salle du regard en essayant de l’imaginer
emplie d’ambassadeurs répartis en fonction de leurs alliances
militaires. Une question lui traverse l’esprit, et il ne peut
s’empêcher de demander :
« Et
si un pays rejoint l’ennemi ? »... Le cuisinier serre
son tablier entre ses poings.
« Alors
débarrasse son couvert, viens en cuisine et brise son assiette. Tu
parlais de table de mariage ? Hé bien ici, c’est pareil.
Quand un invité ne fait pas honneur aux hôtes, il n’est pas le
bienvenu, » dit-il en repartant vers les cuisines.
IV)
à
9h30 enterrement des 4 hommes tués par l'obus du dimanche soir 8h.
(M. Maréchal, Conseiller de Fabrique de la Cathédrale en est un),
rue de la Porte de Paris. Je devais assister à la messe et donner
l'absoute.
Au
dernier moment le Commandant de Place interdit la cérémonie par
mesure de prudence. Journée et nuit tranquilles.
V)
Temps
comme hier. Le début de la journée est assez calme quoique nos
pièces tirent toujours ce qui semble tout indiqué que les autres
répondront sans nul doute.
A
10h30, Départ de l'ambulance de la Bouchonnerie, le convoi funéraire
des 3 officiers et du Capitaine des pompiers, spectacle émouvant et
triste en même temps, le convoi passe derrière notre maison, devant
le parc et se dirige sur le cimetière de l'ouest, route de Bezannes.
Nuit assez tranquille quelques coups de canon seulement. J'ai omis de
dire que le convoi était conduit par l'archevêque...
V)
« La
nuit passée a été épouvantable, le bombardement commencé à 22h
du soir, n’a cessé qu’à 5h15 ce matin. Les obus arrivent par
rafales de 3, 4, 5 et 6 simultanément...
Un
gros calibre (probablement 210) est tombé sur l’hôtel de ville, à
l’angle de la rue des Consuls et de la Grosse Écritoire. Son
explosion a projeté des blocs de pierre de taille sur le trottoir de
cette dernière rue et causé des dégâts considérables du haut en
bas de l’édifice, jusqu’au rez-de-chaussée où se trouve le
bureau des contributions (…) »
Extraits
de « je t’écris de la tranchée » de Dorgelès soldat
à Hermonville (Marne)
VI)
Les
décisions du 118e RIT cantonné à Verzenay, les mauvais élèves
musiciens retourneront dans les tranchées...Tambours et clairons, le
lieutenant-colonel a constaté hier que les tambours et clairons ne
font absolument rien à l’école malgré les avertissements qu’il
leur a déjà donnés, il les prévient une dernière fois que si
d’ici 8 jours ils ne modifient pas leur façon de faire et n’ont
pas fait de progrès, il les renverra dans les tranchées avec leurs
bataillons.
VII)
Les
Allemands imposent la carte d’identité le 24 novembre en Belgique.
L’occupant
introduit l’usage d’un document jusque-là peu connu des
Belges. Les différentes restrictions à la liberté de
déplacement mises en place par l’occupant vont déboucher
logiquement sur la création d’un document inconnu de la population
Belge avant août 14 : La carte d’identité. Dès le 24
novembre, elle est obligatoire (avec photo !) pour toute
personne de plus de 15 ans.
VIII)
Avec
les troupes Indiennes à Festubert, le 23 novembre 1914 a lieu
un violent fait d’armes qui va impliquer les 2 divisions Indiennes
(Meerut division et Lahore Division). C’est à Festubert qu’a
lieu ce « coup de main » Allemand. La contre-attaque qui
s’ensuit va permettre à certains hommes de se distinguer par leur
héroïsme et leur bravoure.
IX)
Midi
: Il vient de passer un détachement de 400 hommes du 76e
d’infanterie se rendant au front, ils paraissent bien en forme et
sont plein d’entrain. La cantine gratuite, outre les aliments, leur
a distribué 120 pièces de lainage (tricots, chaussettes,
passe-montagne, etc.).
22h : Il est passé une trentaine d’Hindous se rendant à Marseille, leur costume est original, ce sont de grands et beaux gaillards, au teint très bronzé, au visage expressif, ils sont très secs et paraissent très nerveux, Ils ont refusé le pain, la viande, le café et le thé, n’acceptant que du lait...
22h : Il est passé une trentaine d’Hindous se rendant à Marseille, leur costume est original, ce sont de grands et beaux gaillards, au teint très bronzé, au visage expressif, ils sont très secs et paraissent très nerveux, Ils ont refusé le pain, la viande, le café et le thé, n’acceptant que du lait...
X)
Lu
dans « Le Moniteur »
France.
Pas
de faits saillants en Flandre ou sur territoire Français. Des
canonnades seulement.
Aviation.
Des
avions Anglais ont survolé Friedrichshafen où se trouvent les
chantiers de construction des Zeppelins, près du lac de Constance .
Ils y ont laissé tomber plusieurs bombes qui ont effectué des
dommages sérieux. L’un des aviateurs a été blessé et
capturé.: C’est de ce côté qu’opère le général Von
Hindenburg.
Ce
qui est sûr dès à présent, c’est que l’artillerie Russe
bombarde Cracovie, que sa population a dû évacuer.
Hongrie.
Plusieurs
chefs de partis Hongrois se sont rencontrés et ont manifesté une
tendance à voir la paix signée promptement.
De
toute évidence, la pression que les armées du tsar exercent dans la
région des Carpathes, et qui menace maintenant la plaine Hongroise
et Budapest n’est pas étrangère à leur délibération.
Italie.
Le
gouvernement Italien, qui continue ses préparatifs militaires comme
s’il devait entrer en campagne à une échéance plus ou moins
prompte, vient de rappeler des classes de chasseurs Alpins. Il garnit
progressivement de troupes sa frontière orientale, du côté de
l’Autriche.
On
annonce une grande victoire Russe près de Plock
Le
Bulletin des Armées confirme l'échec des Allemands en Flandre dans
des termes d'une précision telle qu'il ne peut subsister le moindre
doute pour l'esprit.
D'autre
part, le bruit court d'une victoire remportée par les Russes sur la
Warta, en dépit des efforts du général Von Hindenbourg, le seul
véritable homme de guerre que paraissent avoir les Allemands*.
(On
me dit que ce récit a pour auteur André Tardieu**, qui est à
l'état-major du général Foch...) Il est heureux que les nouvelles
soient bonnes car il paraît qu'hier, au cabinet civil du
gouvernement de Paris, on fait de fort longues figures sur l'avis que
Soissons est bombardé. Ces messieurs voient déjà la capitale
menacée.
Gervais-Courtellemont,
l'explorateur, a reçu des informations particulières d'après
lesquelles l'Allemagne manque de deux objets de première nécessité
: Le cuivre et le pétrole, d'où gêne sérieuse et qui ne peut que
grandir pour la fabrication des projectiles et les transports par
automobile.
Il
en conclut que la guerre pourrait finir plus tôt qu'on ne
s'accoutume à le penser : Car l'esprit humain est ainsi fait et il a
peine à se représenter autre chose que ce qui est.
On
croit à la guerre indéfinie comme on croyait naguère à la paix
perpétuelle.
Quelques
personnes de sang-froid commencent à supputer les pertes et les
ruines que la guerre, même victorieuse, ne pourra manquer de
laisser.
Une
des opérations d' « avant-guerre » (selon le mot si
admirablement créé par Léon Daudet et qui restera dans la langue
française), une des opérations d'avant-guerre les mieux réussies
de l'Allemagne à été le coup porté à la Bourse de Paris.
Les
Rosenberg*** et consorts, sujets Autrichiens ou Allemands, sûrs de
leur affaire, vendaient à tour de bras les valeurs que nos pauvres
capitalistes et spéculateurs Français rachetaient naïvement. Le
moratorium a empêché leur ruine immédiate. Mais il faudra bien
liquider, et comment, dans quelles conditions ?
Par
l'indisponibilité subite des capitaux placé sans reports, une crise
de confiance terrible s'est ouverte.
La
Banque va prêter 200 millions pour que 40 % de ces reports puissent
être remboursés.
Mais
après ? Il est trop clair qu'un nombre important de ces spéculateurs
(en particulier les banquiers et les industriels du Nord, de l'Est,
de la région de Reims, coutumiers de grandes opérations de Bourse)
vont se trouver ruinés par la guerre et dans l'impossibilité
d'acquitter ce qu'ils doivent aux agents de change.
L'agent
de son côté, étant responsable vis-à-vis de ses clients, devra
payer de sa poche les différences que ceux-ci ne pourront acquitter.
« En laissant de côté les agents qui, ne pouvant faire face à
leurs engagements, seront obligés de faire appel à la garantie
solidaire de leurs collègues, j'estime, me dit une personne bien
renseignée, que ceux qui, après ce cataclysme, pourront représenter
les ¾ ou même la moitié de leur capital, auront encore à
s'estimer heureux. »
*
La bataille d'Ypres, en Belgique, qui a duré une quinzaine de jours,
s'est soldée le 17 novembre par une stabilisation du front. Les
alliés conservent la ville d'Ypres mais les Allemands gagnent une
position dominante.
A
l'Est, la 11e armée Allemande de Von Mackensen, qui a essayé
d'aider les Austro-Hongrois en Galicie et a dû se replier sur la
Warta, a repris l'offensive le 12 novembre en direction de Lodz. La
bataille est longtemps indécise.
**
André Tardieu (1876-1945), secrétaire des Affaires étrangères,
chroniqueur diplomatique au Temps de 1905 à 1914, député modéré
en 1914, collaborateur de Clemenceau à la conférence de paix de
Versailles, il sera président du Conseil en 1929 et en 1932.
***
Oscar von Rosenberg était un banquier d'origine Autrichienne. On
accusera le frère de Georges Clemenceau, Albert, de l'avoir protégé
pendant la guerre.
X)
Au
lendemain de l’annonce par Winston Churchill devant la Chambre des
communes du raid réalisé par 3 appareils Britanniques contre les
ateliers de construction de chez Zeppelin à Friedrichshafen.
Le
grand-duc Nicolas réussit de son côté à boucher la brèche créée
par les Allemands dans la région de Lodz en engageant dans les
combats de nouvelles troupes arrivées en renfort.
En
Italie, Benito Mussolini est exclu de la section milanaise du parti
socialiste Italien. Le tribun est accusé de violation manifeste de
la discipline du parti parce qu’il s’est prononcé en faveur
d’une intervention militaire auprès des Alliés.
L’homme
ne se démonte pas et proclame : « Je déploie ouvertement le
drapeau du schisme, je ne le plie pas, je m’insurge et j’en
appelle aux armes à toutes les armes, en faveur du socialisme et
contre les ennemis occultes du socialisme.
24
novembre 1914
Je
vais à la cathédrale au service célébré pour le repos de l’âme
du pauvre Maurice Brosset, tombé à l’ennemi dans l’Argonne, le
[20] octobre dernier. L’église est remplie. Nous allons, pour
l’instant, de tristesses en tristesses. Que de deuils !
Les
Allemands semblent relâcher sur l’Yser, malgré toutes leurs
attaques brutales ils n’ont pu arriver à fléchir le mur d’acier
que nos forces, celles de nos amis les Anglais et les Belges, ont
dressés.
Ils
doivent passer et prendre Calais, à tout prix, a dit Guillaume...
Ils ne passeront pas et ne prendront pas Calais.
XI)
Je
suis rentrée à 3 heures. Mon voyage de retour s’est bien mieux
effectué que l’aller.
A
l’aller, notre compartiment était envahi par des bonnes gens de 3e
classe et, étant 8, pas moyen de s’étendre et de dormir d’une
façon reposante. Tandis que cette fois, de Paris à Chaumont soit 12
heures, je suis seule avec un capitaine d’infanterie, homme
extraordinairement bavard, brave garçon (il a absolument voulu que
je partage son dîner, voyant que je n’avais que du lait) mais peu
intéressant.
De
Chaumont à Épinal j’ai comme compagnon le beau-frère de Mr
Flayelle, gros et grand homme de 50 ans passés, également très
aimable quand il ne ronflait pas d’une façon trop sonore.
Enfin
j’ai une banquette pour moi seule et me suis bien reposée malgré
les arrêts et changements de trains trop fréquents. Ce monsieur
vient de Normandie, où il semble être gros propriétaire, pour voir
son neveu Flayelle blessé et soigné à Nancy.
J’ai
retrouvé notre trio avec joie, tu le devines, Maman ne m’attendant
pas était partie à Épinal. Il paraît que Pierre Mangin est venu
me voir à 14h, mais je n’étais pas encore là et Maman étant
partie il n’a vu que les enfants.
Il
était en uniforme vert avec deux galons d’argent m’a dit Dédé.
Tu sais qu’il a trouvé la petite place rêvée près de son neveu
à Épinal. Il aurait certes mieux fait de rester à Cornimont où il
aurait été plus utile.
J’ai
bien vite écrit à Mère en rentrant pour sa fête. Je n’y avais
pas du tout songé au cours de mon voyage, et voilà aussi ton
anniversaire que j’ai laissé passer sans te redire tout mon amour,
mon mari si cher, toute la tendresse dont je veux t’entourer.
Soigne-toi bien, ne fais pas d’imprudence. Hier matin, j’ai bien
vite fait un petit colis enveloppé de toile cirée dont tu pourras
te resservir soit comme emballage, soit comme plastron contre les
intempéries et contenant une petite partie de ce que je t’avais
apporté. Je t’ai mis des feuilles pour y griffonner des chiffres
si tu en as le loisir.
Marie
Molard m’écrit que Mère ne va pas bien, que c’est donc pénible.
Je ne lui ai naturellement pas parlé de ta blessure. Inutile de la
mettre encore en soucis. Tout ce qu’espère Marie, c’est que
grâce au radium on puisse la prolonger durant la guerre, qu’elle
revoie ses fils qui ne peuvent bouger de leur poste.
Tu
es guéri et Georges est vivant quoique prisonnier. Il nous parle des
bons soins qu’on lui prodigue dans son hôpital de Schwerin dans le
Mecklembourg, Maman en viendrait presque à remercier les Allemands
de prendre ainsi soin de lui.
XII)
JMO/Rgt
:
« 5e
et 6e bataillons ont continué les travaux d’organisation. Les 2
Cies aux A.P. n’ont rien signalé sur le front de surveillance.
Dans l’après-midi, revue à Vathiménil des trains du corps. A
minuit, une section de 45 hommes choisis sous le commandement du
Ss/Lieut. Buisson est partie pour tendre une embuscade à l’ennemi
au village de Reillon. »
JMO/SS
:
« Préparatifs
de départ pour passer en 3e ligne
Indisponibles
= 42 »
XIII)
La
campagne de Langhemark est triste et inondée. Petites prairies
alternant avec des champs de betteraves, séparées par des ruisseaux
innombrables bordés de saules et de peupliers.
De-ci
de-là, innombrables à travers la plaine, de petites ou grandes
fermes, à toit de chaume ou de tuiles rouges, peintes de vert, de
marron, de rouge ou de jaune, attestent un pays fertile et de bon
rendement.
Le
long des routes, des auberges, des cabarets où le dimanche on
venait fumer sa pipe et boire sa chope « sous l’œil de
Dieu » (Gott sie euch, hier vloekt men nicht) dont l’un,
« Korteker-Cabaret » deviendra tragiquement célèbre,
dont d’autres, « Morteldje-Cabaret », « In Der
Bosch-Cabaret » seront des points de rassemblement commodes
pour le bataillon.
Pour
l’instant, nous errons sur la terre gelée, à travers ces champs
couverts de cadavres et d’équipements de toute sorte, coupes de
courtes branches d’attaque, parsemés de croix et sur lesquels
errent de lamentables théories de vaches et de cochons, blessés
pour la plupart.
De
loin, les fermes paraissent intactes, de près, tout n’est que
ruines et courants d’air. Plus de portes ni de fenêtres, une
saleté repoussante. Elles ont servi de cuisines à je ne sais
combien de régiments, et chacun a accumulé sa graisse sur celle du
prédécesseur, quand on ne trouve pas dans les caves des cadavres de
soldats qui sont venus mourir là ou témoignent de la présence d’un
ancien poste de secours.
Notre
bonne étoile nous guide heureusement vers une ferme de belle
apparence, un peu à l’écart de la route Boesinghe –
Langhemark dissimulée dans des arbres et à quelques centaines
de mètres de Pilkem : la ferme Smak.
Nous
y pénétrons.
C’est
un peu moins sale qu’ailleurs. Il existe des contrevents et des
portes. Nous expulsons les cochons qui dorment dans un salon sur de
la paille et nous nettoyons rapidement.
Il
y a du charbon et des pommes de terre dans la cave... Victoire !
Nous allons être comme des princes, et l’après-midi on se
débarbouille et se nettoie dans notre ferme dont les propriétaires
ne nous gêneront pas à coup sûr.
Des
recherches nous font découvrir, à côté, un superbe abri blindé
construit pour un général pour le moins et qui nous serait précieux
en cas de bombardement.
Enfin,
dans des granges, sur de la paille et dans du foin, on trouve des
meubles cachés par les propriétaires et du linge. Le tout est
utilisé aussitôt.
De
jeunes cochons abandonnés fournissent un supplément à l’ordinaire,
et notre vie de « Landbouwster » va durer 7 jours
jusqu’au 30 novembre où nous descendrons au repos à Woesten.
Deux
péripéties viendront troubler notre quiétude. Un lieutenant
d’artillerie (Fould, 8e) se livre à l'aide de ses jumelles à de
beaux réglages sur les tranchées ennemies, devant la route de
Bikschote, à Langhemark et au bombardement d’un convoi, à un
carrefour de route, près de la forêt d’Houthulst.
On
voit à des distances incroyables par temps clair et sec dans cette
grande plaine d’Ypres.
Le
28 novembre, un spectacle plus triste se présentera à nous. D’une
fenêtre du grenier, nous assisterons au bombardement par des 130 de
Pilkem et de son moulin encore debout
La
3e compagnie de chez nous qui s’y trouve en réserve y subit
quelques pertes. C’est là que sont tués par l’éboulement de la
maison d’école où ils jouent aux cartes l’adjudant Réveillé et
le sous-lieutenant Jobrial.
Le
malheureux Réveillé est retiré le soir, aplati comme une galette,
d’un monceau de décombres. Jobrial succombe des suites de ses
blessures au poste de secours de Boesinghe.
Comme
il n’y a pas pour moi de séjour agréable quelque part sans
excursions, je fais avec Jubain, l’intrépide ordonnance du
commandant, l’exploration de Langhemark à plusieurs reprises.
Le mot de démoli de fond en comble rend peu l’état où se trouve
Langhemark. En temps de paix, ce devait être une ville de quelque
importance, aux rues propres, aux coquettes maisons flamandes
bariolées si agréablement. Un square, un château, des places,
l’éclairage au gaz, une gare, de grands égouts, des maisons
bourgeoises bien meublées, des boutiques bien achalandées, tout
indiquait la ville de province qui vit bien au centre d’une région
de culture et d’élevage.
Pour
l’instant, on distingue avec peine, à certains endroits, la rue
des maisons. Les arbres du square jonchent le sol. Le château dresse
des pans de mur où les « joyeux » ont spirituellement
caricaturé les Boches et jetés leurs sacs et équipements. Un piano
renversé, des fauteuils éventrés et autres débris hétéroclites
garnissent la pelouse du parc. Je ne peux le visiter à fond, les
marmites m’ayant forcé à écourter mon excursion, comme je
me trouve dans le parc. Je visite, pour me dédommager, la maison du
notaire dont le tapis de l’escalier pend dans la cage béante de
l’escalier écroulé.
Les
réverbères des rues, debout pour la plupart, servent de points de
repères dans un fouillis pareil. Les boutiques offrent aux
chercheurs des objets intéressants parmi les décombres. Un magasin
de bicyclettes permet à nos cyclistes de se remonter à peu de
frais. D’autres soldats ont pu se couvrir chaudement avec des
vêtements, des manteaux de femmes ou pardessus, pendant leurs
veilles de tranchées.
Notre
ligne passe aux dernières maisons sur la route de Roulers, en
laissant à l’ennemi les gazomètres et le chemin de Poelkapelle.
Vers la gare, nous tenons la route de Bikschote, puis, après les
attaques de Wydendreft, nous occupons le « marais » qui
nous sépare de ce hameau. L’église dresse encore sur ses murs le
squelette de son clocher dont le moulin de la route de Boesinghe est
le digne pendant.
Un
hiver durant, Langhemark nous a fourni pommes de terre,
vêtements, pétrole, surtout charbon. Qu’il en soit remercié. Les
Allemands qui l’occupent aujourd’hui n’ont pas dû pouvoir en
tirer grand-chose. Autant de pris sur l’ennemi.
XIV)
Si
les batailles menées par les Britanniques dans le secteur de la Lys,
en octobre 1914, sont les dernières batailles de la guerre de
mouvement, celle qui se déroule à Ypres, du 19 octobre au 22
novembre, est la première de la guerre de positions.
Commence alors, sur le « front oublié » de la Lys, une période très éprouvante : le premier hiver dans des tranchées mal aménagées, avec un approvisionnement médiocre et des morts provoquées par de nouvelles méthodes, celles de la guerre de tranchées : Tireurs d’élite, mines, artillerie, attaques meurtrières limitées sur des secteurs du front adverse. Parmi les premiers affrontements de cette guerre de tranchées, la défense de Festubert par les troupes Indiennes, les 23 et 24 novembre 1914, et celle de Givenchy, les 20 et 21 décembre, constituent les répétitions, à petite échelle, de grandes épreuves à venir...
Commence alors, sur le « front oublié » de la Lys, une période très éprouvante : le premier hiver dans des tranchées mal aménagées, avec un approvisionnement médiocre et des morts provoquées par de nouvelles méthodes, celles de la guerre de tranchées : Tireurs d’élite, mines, artillerie, attaques meurtrières limitées sur des secteurs du front adverse. Parmi les premiers affrontements de cette guerre de tranchées, la défense de Festubert par les troupes Indiennes, les 23 et 24 novembre 1914, et celle de Givenchy, les 20 et 21 décembre, constituent les répétitions, à petite échelle, de grandes épreuves à venir...
XV)
Par Yves Le Maner, Directeur de La Coupole, Centre d’Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Calais
Par Yves Le Maner, Directeur de La Coupole, Centre d’Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Calais
Pour
mon anniversaire de naissance, j’ai une désagréable visite. A 8h,
un camion s’arrête devant notre porte et 5 hommes de la Landsturm
se dirigent vers la maison.
On
sonne ! ça y est ! Cette fois, c’est à notre tour à être
dépouillé du peu de vin que nous avons en cave. Quivron a vu le
coup et vient m’offrir de suivre l’opération comme il a fait
chez Mme Despature.
Un
grand diable de sous-officier introduit ses hommes et me met sous les
yeux un papier de réquisition des ¾ de nos bouteilles écrites en
très bon Français. Lui-même se fait très bien comprendre.
J’essaie de le persuader que je ne le laisserai descendre que sur
un reçu au cachet de la kommandantur.
Il
se rebiffe, mais me rappelant la leçon de M. Vandenbergh, je
m’aperçois bientôt qu’il vaut mieux filer doux.
Le
sous-officier se met à compter le contenu de chaque caveau et me dit
qu’il va nous laisser 15 bouteilles de ceci, 30 bouteilles de cela,
etc… soit le quart de chaque lot. Je lui fais remarquer que devant
me prendre le quart de la totalité de mon vin, il n’est pas tenu à
prélever ces quantités sur les vins que notre âge et notre santé
réclament surtout.
Il
consent en fin de compte à prendre 674 bouteilles de notre
ordinaire, et nous fait la bonne part, le quart restant se
rapprochant du tiers.
L’opération
terminée, nous prions Dieu que, bientôt, nos petits Français
aillent à leur tour visiter les caves Allemandes.
Pour
me changer les idées, je vais faire un tour en ville et je rencontre
rue de la gare un singulier cortège. C’est un défilé de soldats
brancardiers suivis de 25 religieuses de Niederbrown qui marchent à
la façon de troupiers 4 par 4 et au commandement. La foule les
dévisage avec une très grande curiosité.
La
femme de l’électricien Lefebvre raconte à Marie qu’elle loge un
capitaine et que, hier soir, cet officier a été vivement appelé
pour une affaire de la plus grande gravité.
Il
paraît que dans la première partie de la soirée, soudain un coup
de revolver est tiré rue des Fabricants. Immédiatement, des hommes
de garde sont requis et des recherches sont faites dans certaines
maisons. Mais l’officier arrête bientôt l’enquête et rentre
chez Mme Lefebvre en lui disant que, le cas pouvant amener des
complications terribles pour Roubaix, il a étouffé l’affaire.
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si martyrisée, donne à craindre qu'elle soit ...
Les batailles de La Bassée, Messines et Armentières (12 au ...
www.cheminsdememoire-nordpasdecalais.fr/.../les-batailles-de-la-bassee-...
Les
opérations de la mi-octobre 1914 sont les dernières menées sur le
sol ... par les troupes indiennes, les 23 et 24
novembre 1914,
et celle de Givenchy, les 20 ...
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