25 NOVEMBRE 1914
I)
La
Veline le 25 novembre[1914]
Chère
petite sœur
Je
réponds de suite à ta lettre qui m’a fait plaisir de savoir de
tes nouvelles. Pour moi, ça va pas trop mal pour le moment. Il fait
froid, surtout dans les tranchées. La nuit il tombe de la neige.
Seulement le canon du fusil tient chaud un peu quand on tire sur les
boches.
Tu
sais que c’est pas drôle quand leurs marmites nous éclatent sur
la tête. On ne rigole pas trop, on se cache tant qu’on peut pour
ne pas recevoir des éclats, parce qu’ils ne sont pas doux. Mais
quand ils relèvent la tête, on la leur fait cacher bien vite, des
fois pour ne plus la relever.
Je
pense que le bataillon va aller au repos bientôt. On a reçu le
baptême du feu par des obus qu’ils nous ont lancé d'au moins 12
kilomètres, et heureusement, il n’y en a point eu de touchés. Tu
parles si ça nous a fait dresser la tête et les oreilles. On ne
rigolais pas sur le moment. On commence à s’y habituer maintenant.
Tu
sais que c’est pas drôle pour les gens qui se trouvent ici. Les
champs, c’est tout abîmé, toutes les maisons brûlées.
Je
suis parti d’Albertville, je croyais bien qu’on passerai à Lyon,
mais ça n’a pas été vrai. On a filé sur Bourg. On a resté 3
jours en chemin de fer. Le temps commençait à nous durer, surtout
qu’on était dans les wagons à bestiaux. Quand est ce que l’on
pourra retourner coucher dans un lit qui soit plus doux que sur la
terre qu’on couche dessus, et surtout pour revoir le village des
Pichons.
Je
finis ma lettre parce que j’ai froid aux mains.
Ton
frère qui t’embrasse bien fort.
Au
plaisir de se revoir
II)
Notre
ami Louis Dimier me permettra d'ajouter un mot à la note, si forte,
qu'il a donnée hier sur la réponse de l'Université catholique de
Paris aux intellectuels Allemands. Qu'il me permette de répéter
après lui le terme par lequel il a caractérisé cette page
également digne de l'étude et de l'admiration.
Elle
émane d'esprits libres, a-t-il écrit. Et il a dit de quelles
chaînes de superstitions germaniques sont affranchies les 5 Facultés
de la rue de Vaugirard.
Il
a ramené cette liberté d'esprit au fait de professer et d'enseigner
le catholicisme. Est-ce absolument un pléonasme que d'ajouter, de
mon point de vue, au fait de n'être pas tenues au respect dogmatique
de la Réforme, au fait de n'être engagées en aucune manière à
révérer, historiquement ou philosophiquement, la nation et la
patrie de Luther ?
Soit
en répondant au fameux article de M. Boutroux de la Revue des
deux mondes dans notre Revue de la presse du 17 octobre, soit en
toute autre occasion, nous avons dû répéter que la critique du
pangermanisme ne pouvait s'arrêter à Fichte, il faut remonter au
premier patron de l'individualisme moral, à Kant, et Kant ne se
comprend pas sans Luther, le grand sécessionniste de la civilisation
Européenne, le patron de l'individualisme religieux.
Luther,
« l'homme Allemand », disait Fichte, nous dirions
volontiers le grand Barbare et, par voie d'équivalence, le grand
Anarchiste.
Rousseau,
à qui la Critique de la raison pratique doit beaucoup, mais qui, à
son tour, doit beaucoup à l'esprit philosophique et politique de la
Réforme, importe en France le même esprit de division et de
sécession germanique.
Nous
ne disons pas, comme on nous le ferait dire, qu'il faut mettre
Rousseau hors des Lettres Françaises, nous disons qu'il en a rompu
la tradition.
Par
lui, au schisme Européen succède un schisme Français, cette
Révolution dite Française qui suscita deux Frances, ces deux
Frances qui, peu à peu, par les efforts douloureusement redoublés
du champ de bataille, de la méditation et de la discussion,
remontent avec peine et lenteur jusqu'au sentiment de leur antique
unité.
Si
forte, si instante que soit la leçon des faits ou celle des idées,
il n'est pas facile à des maîtres officiels, installés au nom des
principes de la Révolution, de reconnaître une leçon qui détruit
les principes et l'esprit du gouvernement établi.
Ce
Kant à qui la proclamation des Droits de l'Homme et du Citoyen
faisait modifier sa promenade somnambulique, ce Luther qui remplit
l'éloquence de tous les prophètes, pères et docteurs du régime,
celui-ci maître de Rousseau et celui-là son disciple, comment les
impliquer dans la critique du pangermanisme, sans avouer l'essence
proprement germanique des idées de Rousseau, et par là de tous les
différents modes d'anarchie et de sauvagerie systématisées que,
depuis 1789, nous appelons libéralisme ou démocratie ?
C'est
de dire cela que les chaires publiques ne sont pas libres. C'est de
taire cela qu'un enseignement qui ne vient pas de l'État, mais qui
est très Français, s'affranchit spontanément devant l'ennemi.
III)
Reims
Jeanne Gaubert
Un
trou béant dans la voûte du souterrain médiéval laisse passer un
rayon de lumière. Des flocons de neige tombent paresseusement.
Lorsque Jeanne passe au-dessous, elle ne manque pas de lever les yeux
pour contempler les ruines de l’épicerie où elle faisait ses
courses il y a encore quelques mois.
Désormais,
la façade en partie effondrée disparaît peu à peu sous la neige.
L’hiver semble avoir frappé plus tôt cette année, comme pour
dissimuler sous son blanc manteau les cicatrices de la guerre.
Depuis
le mois de septembre, les Allemands bombardent quotidiennement la
ville, de jour comme de nuit. Le ronflement puissant des obus venus
s’écraser sur la Cité des sacres est devenu tristement familier
pour la population.
Pour
échapper à cette folie moderne, les habitants se sont abrités dans
le passé... Abandonnés, murés, parfois mêmes oubliés, les
souterrains de la ville d’autrefois ont été rouverts à coups de
pioche, et des familles entières y ont trouvé refuge. Petit à
petit, elles ont apporté de quoi les rendre plus confortables.
Des
lampes pour lire en attendant que l’orage d’acier passe, des
coussins pour s’asseoir, des meubles récupérés dans les ruines
de la ville pour stocker des vivres, des bandages et d’autres
fournitures essentielles.
Puis,
en voulant creuser des voies entre les caves pour circuler sous terre
durant les bombardements, on a commencé à redécouvrir des vestiges
de la Commune.
Grâce
aux réfugiés, la vie s’est emparée des sous-sols de la ville.
Jeanne continue son chemin, une lanterne à la main.
« Attention où vous mettez les pieds ! »
S’exclame
un pompier qu’elle découvre dans sa lumière. Elle s’arrête
net. Dans l’un des flancs de la galerie, jusqu’aux souliers de
Jeanne, s’ouvre une bouche noire, immense cheminée qui descend
jusqu’aux entrailles de la terre. Jeanne a beau en approcher
prudemment sa lumière, le fond reste invisible.
« Un
puits de crayère, crie le pompier, de l’autre côté de la
galerie, difficilement accessible à Jeanne.
On
est dans les anciennes carrières de la ville, ça doit remonter à
Charlemagne, tout ça, mademoiselle, peut-être même à César !
Je vous conseille de faire demi-tour. Nous allons installer ce que
nous pourrons pour signaler cet endroit dangereux.
— Je sais, je l’ai appris à l’école, répond Jeanne, étonnée pourtant devant ce spectacle de la nature toute-puissante. Mais c’est justement vous que je cherchais, j’aurais besoin de l’aide de pompiers.
— Oui, mademoiselle ? Qu’est-ce qui se passe ? demande le soldat du feu dont Jeanne distingue progressivement le visage, à mesure qu’il parvient à se rapprocher d’elle. Les Allemands tirent encore ?
— Non, c’est… Vous savez, l’hôtel particulier qui a pris feu hier… (La jeune femme fait une pause.) Tous deux semblent se souvenir des innombrables incendies qu’ils ont vus depuis le début de la guerre. Hé bien, une fumée noire s’élève des ruines, les gens du voisinage disent que les braises reprennent.
— Dites aux voisins de laisser. Ça n’ira pas bien loin. Il n’y a de toute manière plus grand-chose à brûler, dit-il avec dépit. Et puis, vous savez, nous sommes occupés par ici. Je vous en prie, mademoiselle, faites demi-tour, c’est plus prudent.
— Mais vous aurez bientôt sécurisé ce trou, dit-elle avec toute la détermination qui la caractérise. Un pompier doit s’occuper d’un feu, c’est ça, son métier !
— Mademoiselle, nous avons plus urgent qu’un feu, ici. »...
— Je sais, je l’ai appris à l’école, répond Jeanne, étonnée pourtant devant ce spectacle de la nature toute-puissante. Mais c’est justement vous que je cherchais, j’aurais besoin de l’aide de pompiers.
— Oui, mademoiselle ? Qu’est-ce qui se passe ? demande le soldat du feu dont Jeanne distingue progressivement le visage, à mesure qu’il parvient à se rapprocher d’elle. Les Allemands tirent encore ?
— Non, c’est… Vous savez, l’hôtel particulier qui a pris feu hier… (La jeune femme fait une pause.) Tous deux semblent se souvenir des innombrables incendies qu’ils ont vus depuis le début de la guerre. Hé bien, une fumée noire s’élève des ruines, les gens du voisinage disent que les braises reprennent.
— Dites aux voisins de laisser. Ça n’ira pas bien loin. Il n’y a de toute manière plus grand-chose à brûler, dit-il avec dépit. Et puis, vous savez, nous sommes occupés par ici. Je vous en prie, mademoiselle, faites demi-tour, c’est plus prudent.
— Mais vous aurez bientôt sécurisé ce trou, dit-elle avec toute la détermination qui la caractérise. Un pompier doit s’occuper d’un feu, c’est ça, son métier !
— Mademoiselle, nous avons plus urgent qu’un feu, ici. »...
L’homme
lève sa lampe de poche et Jeanne aperçoit alors plusieurs pompiers
accroupis autour de lui dans l’obscurité.
La
Reimoise pousse un cri en découvrant ce qui les réunit. Dans la
béance de la paroi du souterrain, est figé un gros objet cuivré.
Il brille à la lueur des lampes. Un cylindre que Jeanne identifie
aussitôt :
Un
obus !...
« Il
a percé le sol au-dessus de nous, dit-il en indiquant plus loin
derrière lui le trou dans le plafond souterrain, avant de finir sa
course dans ce mur sans éclater, explique le pompier. Il est donc
évidemment encore très dangereux. Si on y touche, on risque de
faire s’effondrer tout un pan de la galerie.
— Mais, demande Jeanne d’une voix peu assurée, qu’est-ce que vous êtes censés faire dans ces cas-là ?
— Mais, demande Jeanne d’une voix peu assurée, qu’est-ce que vous êtes censés faire dans ces cas-là ?
Je
n'en sait rien mademoiselle c'est bien là le problème ! »
L’homme fait tourner sa lampe autour du projectile comme s’il espérait y trouver la solution.
« Mais Reims n’est pas la première ville bombardée de l’histoire, tout de même, s’emporte Jeanne. Comment a-t-on fait au cours des guerres précédentes ?
— Avant, on tirait au boulet. C’est la première guerre où l’on utilise des obus. Alors ça, c’est une nouveauté. »
Il
regarde Jeanne avec attention. Elle n’ose plus approcher la flamme
de sa lampe du groupe d’hommes rassemblés autour de l’obus.
« Si
vous voulez mon avis, mademoiselle, il va falloir demander à l’armée
de créer un nouveau corps de métier. Parce que là, nous avons un
gros problème. Et je pense que ce n’est qu’un début. »
IV)
Sur
le plan militaire, les Français progressent en Haute-Alsace, le
bulletin officiel annonce que les Français ont réalisé des progrès
dans la direction de Guebwiller jusqu'à Soultz. En effet, toutes les
hauteurs environnantes sont occupées par les chasseurs Français,
qui manifestent dans la région une grande activité. Un peu, plus au
nord, les Français ont également fait quelques progrès. Ils ont
également pris Gewenheim, au sud-ouest de Cernay, où les Allemands
ont massé environ 8 000 hommes. La possession de ce village, à
l'issue de la vallée de Massevaux (Masmùnster), a pour les Français
une importance considérable car ils peuvent désormais communiquer
directement et sûrement avec Belfort par la route de Rodern.
En
Belgique, l'Amirauté Britannique annonce que tous les points de
Zeebrugge ayant une importance militaire ont été soumis à un vif
bombardement par deux cuirassés Anglais. Les sous-marins Allemands
sont sortis du port de Zeebrugge, mais l'escadre Anglaise avait
disparu alors, au loin, dans le brouillard.
Dans
la campagne Russe, la bataille de Lodz continue toujours.
Il
se confirme que les Russes, tout en poursuivant leur marche en Prusse
Orientale et sur Cracovie, ont repoussé avec un succès marqué la
contre-offensive Allemande entre la Vistule et la Warta. Les gros
canons russes bombardent Cracovie.
A
la suite des derniers combats sur le San, en Pologne, l'apparition de
renforts Russes venus de la direction de Varsovie retarde la décision
de la bataille.
Dans
la région à l'est de Tsehenstokhovo et au nord-est de Cracovie,
l'offensive Austro-Allemande est maintenue.
Un
Zeppelin a laissé tomber sur Varsovie 2 bombes. Elles ont fait
explosion près du consulat des États-Unis, dont les vitres ont été
brisées.
Un
autre Zeppelin a lancé 2 bombes sur Plotsk et a continué son raid,
mais, à peu de distance de la ville, il a été atteint par une
fusillade et capturé par les Cosaques.
Le
journaliste de Figaro continue le récit de son voyage organisé par
l’état-major général de l'armée, sa visite du front se déroule
dans notre région. En voici quelques extraits :
«
Nous avons, par Doullens et Saint-Pol, gagné Cambrin-l'Abbaye où,
guidés par un capitaine d'état-major, nous avons pu jeter un coup
d'œil sur le champ de bataille.
Qu'avons-nous
vu ? Rien.
Le
propre de la guerre actuelle est de ne se signaler que par des ruines
ou par de l'immobilité. Nous avions devant nous, à droite et à
gauche, un terrain merveilleusement approprié à de vastes actions
militaires. (…)
On
se bombarde de part et d'autre à 3, à 4, à 5 kilomètres.
On
entend le crépitement de la fusillade.
Et
l'on ne voit rien, rien que la neige couvrant les vallées.
Il
s'est livré là, il se livre encore des combats terribles, au cours
desquels on gagne peu à peu, dans les tranchées 10, 20, 100 mètres
de terrain.
Notre
guide nous montre à l'horizon un village dont nous occupons une
maison que les Boches nous disputent avec acharnement.
C'est
un point stratégique. Ils ne l'ont pas encore repris et ne le
reprendront pas.
C'est
dans ce coin que se sont établies entre nos troupes et les troupes
Allemandes quelques relations de bon voisinage. Elles correspondent
entre elles par l'intermédiaire d'une vache. On attache à la queue
de la malheureuse bête de petits billets, grâce auxquels on échange
des aménités.
-
Sales Boches, nous vous aurons. !
-
Non, vous ne nous aurez pas, répondent les Boches par
l'intermédiaire de la vache.
-
On vous a déjà eus. Vous n'avez pas eu Paris.
Et
ce dialogue suggestif dure depuis des semaines, avec des variantes.
C'est également dans ce coin de bataille que se situe l’épisode
de la fontaine neutralisée. Il est entendu, de part et d'autre, qu'à
une heure déterminée, les belligérants auront le droit de venir
s'y ravitailler sans être inquiétés. On respecte scrupuleusement
la neutralité de la fontaine. Et, l'heure passée, on se tire des
coups de fusil. (…)
En
remontant davantage au Nord, par Nœux-les-Mines, dans la direction
de Lens, nous sommes arrivés tout à fait sur la ligne de feu, à
Noyelles-les-Vermelles vers la fin de la journée.
Il
nous a fallu, abandonner nos autos et nous défiler par les tranchées
jusqu'au point de visibilité des lignes ennemies.
La
fusillade crépitait au-dessus de nos têtes et balayait la route
derrière nous.
L'officier
supérieur qui commande les troupes occupant ce village, en nous
montrant les tranchées allemandes et, plus loin, le village de
Vermelles que l'ennemi occupe, nous raconte avec quel entrain ses
hommes ont marché.(…)
Non,
ils ne passeront pas, les barbares qui sèment sous leurs pas la
dévastation et la mort, ils ne poursuivront pas plus loin l'œuvre
de destruction et de ruines dont Arras (notre dernière étape) nous
a donné le douloureux spectacle...
Nous
étions à Arras vers 9h. On a choisi cette heure parce que les
Allemands, qui sont des hommes d'habitude, ouvrent le feu sur la
malheureuse cité à 10h30 précises. Ils bombardent jusqu'à midi.
Ils déjeunent et reprennent le bombardement de 13h jusqu'à 14h. Et
ils recommencent le lendemain...
Quel
désolant aspect présente Arras. La ville est vidée de ses
habitants.
Tous
les citoyens, ou presque tous, l'ont évacué.
Sur
26 000 âmes que comptait la préfecture du Pas-de-Calais, 400
seulement sont restés. Ils sortent quelques heures dans la journée
et rentrent dans les caves où ils s'abritent.
Nous
avons fait le tour de la ville... Voici l'hôpital Saint-Jean sur
lequel leurs gros obusiers se sont acharnés. Les salles sont
détruites, les murailles éventrées, les boiseries calcinées par
l'incendie... Le tir des barbares a fait de nombreuses victimes... Et
cependant la Croix-Rouge protégeait cet édifice.
La
gare est en ruines, les maisons qui lui font face sont démolies. On
dirait qu'un effroyable tremblement de terre a tout ravagé...
Voici
le beffroi sur lequel ils se sont acharnés.
Il
ne reste rien de ce bijou d'architecture.
Les
tours se sont effondrées, les colonnades, ajourées si finement,
gisent dans un amas de cailloux.
Le
grand lion de bronze qu'un obus a projeté à terre ne s'est pas
brisé. Pour le protéger de nouveaux coups, on lui a fait un linceul
de pavés...
Et
toute cette admirable Grand'Place est dévastée. Les maisons, dont
l'architecture harmonieuse faisait un cadre unique, sont éventrées,
les murs croulent, et l'on aperçoit, dans les trous creusés par les
projectiles, des poêles suspendus en l'air et retenus par quelque
charpente tordue que l'acier n'a pu briser.
Tous
les quartiers d'Arras ont été ainsi éprouvés. Et la rage
destructive des Allemands n'est pas apaisée :
Ils
s'acharnent encore sur ce cadavre de ville.
Ceci,
il faut aussi qu'on le sache !
Il
faut que le monde entier juge ces bandits, dont rien n'a pu contenir
la frénésie de destruction !
Et
le journaliste conclue : « Reims et Arras, après les villes de
Belgique, voilà leur gloire Pas un peuple civilisé ne la leur
enviera. »
V)
« 25 novembre
1914.-
Après
avoir roulé toute la nuit du 24 et toute la journée du 25,
nous arrivons aux Islettes [Meuse] à 16h. Temps gris, neige,
partout, rues et routes boueuses. Nous trouvons là des soldats du
89e qui sont au repos. Leurs récits n’ont rien d’enchanteur,
enfin c’est la guerre.
Nous
partons dans la brume vers La Chalade [actuellement orthographié
Lachalade, ndlr]. 8 km paraît-il mais avec le chargement que
nous portons et le mauvais état de la route, ces 8 km sont
assez pénibles. Le canon gronde au loin sur les bois. Nous arrivons
vers 18h par une petite pluie fine et sommes logés au gré de chacun
dans des bâtiments abandonnés. »
VI)
Lu
dans « Le Miroir »
France.
Peu
de modification sur le front occidental de la guerre, c’est à dire
en Flandre et dans le Nord de la France.
La
canonnade de l’ennemi est devenue moins vive.
Toutes
ses attaques d’infanterie ont été repoussées.
Nous
avons gagné du terrain dans l’Argonne, dans les alentours du
Four-de-Paris dont la reprise apparaît, depuis longtemps comme
l’objectif de nos adversaires.
Le
bulletin des armées publie un récit circonstancié de la bataille
des Flandres.
Ce
récit fait ressortir non seulement la science tactique des chefs et
la vaillance des soldats, mais aussi l’importance des résultats
obtenus durant ces longues semaines de lutte incessante et
meurtrière.
Grande
Bretagne.
Les
envoyés spéciaux des journaux Anglais annoncent, que les Allemands
concentrent des effectifs pour tenter un suprême effort du côté de
l’Yser. A cet effet ils ont créé un nombre considérable de
trains à travers la Belgique.
Pologne.
Le
succès Russe en Pologne a été vraiment décisif.
L’armée
de Von Hindenburg a été coupée en plusieurs tronçons.
Les
Austro-Allemands ont été battus sur tous les points, aussi bien du
côté de Lodz que du côté de Czenstochowa et dans les alentours de
Cracovie.
Il
est avéré que le kronprinz dirige une partie des troupes entre
Vistule et Wartha.
Marine.
Le
sous-marin Allemand U 18 a été coulé par un destroyer Anglais sur
la côte septentrionale de l’Écosse.
Un
torpilleur Allemand a été avarié dans une collision avec un vapeur
Danois, à l’entrée du Sund.
Les
forces Anglo Indiennes ont occupé Bassora, sur le Chott el Arab, à
proximité du Golfe Persique.
C’est
là un point stratégique important et un grand marché qui doit
servir de terminus au chemin de fer de Bagdad.
Cette
occupation constitue donc un échec grave, non seulement pour la
Turquie, mais aussi pour l’Allemagne .
VII)
Courmelles
Au
petit jour, nous recevons l’ordre de regagner Courmelles.
Il
a neigé abondamment cette nuit. Tout ce qui n’est pas blanc est
gris terne, sauf les fumées qui sont bleues. L’attaque ennemie, en
prévision de laquelle tant de précautions ont été prises, n’a
pas eu lieu. Nous rentrons […]
VIII)
Churchill
et les Dardanelles
Les
Britanniques s’inquiètent de l’extension du conflit au
Moyen-Orient. Pour empêcher la progression des Turcs, ils opèrent
un détournement des eaux du canal de Suez qui relie la Méditerranée
à la mer Rouge et de ce fait inondent les terres situées sur la
berge orientale de l’ouvrage ce qui interdit aussi bien aux
cavaliers qu’aux fantassins Turcs d’approcher.
A
Londres est institué un Conseil de guerre dont les effectifs sont
plus restreints que ceux du Comité impérial de défense.
Winston
Churchill propose alors une intervention de la Grande-Bretagne dans
les Dardanelles et cela pour aider à la défense de l’Égypte
qu’il juge très menacée par l’ennemi.
IX)
Sainte
Catherine. Anniversaire de mon installation à Notre Dame de Cholet
par Mgr Freppel, de ma Préconisation à l’Évêché de Belley, de
la réception du Billet m'annonçant ma promotion au Cardinalat.
Nuit
24-25 tranquille, pour la ville du moins. Coucher au sous-sol,
première nuit.
Nous
couchons d'abord 6 ou 7 nuits dans la cave, fin septembre.
Puis
nous cédons la cave au sœurs, et nous (Mgr Neveux et moi) nous nous
installons dans les sous-sol, on descend l'escalier de la cuisine.
Légère
chute de neige.
Visite
à Gueux, Église, Curé,
Ambulance dans le château de Mme Roederer (je crois), aux sœurs de la Divine Providence à Rosnay, à l'Orphelinat de Bethléem réfugié au Château d'Aubilly.
Ambulance dans le château de Mme Roederer (je crois), aux sœurs de la Divine Providence à Rosnay, à l'Orphelinat de Bethléem réfugié au Château d'Aubilly.
Et
aux Carmélites de Reims réfugiées dans le même village, chez M.
Massart, frère de la Sous-Prieure et Maire, et riche cultivateur
d'Aubilly.
Nous
étions en automobile ambulance conduits par M. Glorieux lieutenant,
parent de Mgr. Glorieux.
En
repassant à Gueux, Salut et petite allocution à l'église.
De
14h à 14h30, bombardements sur la ville. La maison de M. Chartin de
Chactans, où habitait M. l'Archiprêtre (M. Landrieux) a été
dévastée par des obus qui descendent presque à la 2e cave.
9h,
bombes sur la ville. Nuit tranquille.
Réception
de paquets de l’œuvre du Vêtement des Combattants. (Mr Fernand
Laudet).
Cardinal
Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de
l’Académie Nationale de Reims
X)
Un
peu de neige pendant la nuit et ce matin temps de brouillard, sur le
soir le temps se décharge un peu et la lune brille par moment ce qui
pourrait être la cause que l'on ne dort pas tranquille. Journée
assez calme quelques coups de canon et bombes en ville. Les gendarmes
sillonnent la ville pour faire dégager les rues, faire passer les
piétons sur les trottoirs. Les gens du centre sont aussi invités à
rester chez eux et principalement dans les caves (L’Éclaireur de
ce jour). Soirée et nuit assez calmes...
XI)
JMO/Rgt
:
« La
reconnaissance de la 18e Cie (Ss/Lieut. Buisson) a signalé son
retour à 10h30 : Elle n’a pu faire aucun prisonnier, elle a
seulement aperçu à 550m au N. de Reillon, une quinzaine de
fantassins et quelques cavaliers qui observent le village.
5e
et 6e bataillons : Matinée, travaux de propreté et préparatifs de
départ. La 142e brigade, devenant brigade réservée, doit se porter
en arrière, entre Meurthe et Mortagne.
Le
217e doit occuper les cantonnements de Rozelières (E.M. de la 142e
brigade, EM.M. du 217e et 5e bataillon) et de Remenoville (6e
bataillon).
Ce
repli doit se faire en 2 étapes.
Soirée
: Étape du régiment sur Moyen. Le régiment est relevé aux
avant-postes et aux points d’appui de Vathiménil et Fraimbois par
le 357e.
Dès
la relève terminée, les détachements se mettent en route.
L’État-Major, CHR, 5e bataillon arrivent à Moyen à 16h, le 6e
bataillon à 16h30. Tout le régiment cantonne à Moyen. »
JMO/SS
:
« Marche
de Vathiménil sur Moyen où cantonne le régiment en entier. Marche
assez pénible par la chute de la neige.
Indisponibles
= 10
Évacués
sur ambulance n° 1 à Rambervillers :
Reconnaissance
d’une section de la 18e Cie vers Reillon = aucune perte.
Les
250 territoriaux que vient de recevoir le régiment du dépôt sont
à rire ? au point de vue aptitude à faire campagne. »
XI)
Histoire
parallèle : septembre-novembre 1914 la première Bataille du
Pacifique en 1914 et dans l'Océan Indien également C'est le grand
navigateur portugais Fernand de Magellan (1480-1521) qui a baptisé «
Pacifique » le nouvel océan inconnu qu'il venait de découvrir en
novembre 1520, à cause du temps calme qu'il y rencontre pendant sa
traversée. Mais voilà que 400 ans plus tard, ce terme de
« pacifique » n'est plus tellement approprié à la
situation...
En
effet, nous avons déjà vécu depuis la fin du mois d'août 1914 :
l'attaque des colonies Allemandes de Tsingtau, en Mer de Chine , puis
des îles Samoa, et de la Nouvelle-Guinée, ainsi que le bombardement
de Tahiti par le vice-amiral Allemand von Spee. Et comme on l'entend
souvent depuis quelques semaines dans les médias : « ... et
c'est pas fini ! ».
Le Pape, la Guerre et la Paix – Charles Maurras - Maurras.net
Le Pape, la Guerre et la Paix – Charles Maurras - Maurras.net
maurras.net/textes/240.html
8
septembre 1914; Le catholicisme et la paix — 14 novembre 1914;
Portée ... l'emprunt — 1er décembre 1915; Le cardinal de
Cabrières — 25 août 1916; Deux ...
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25 novembre 1914 : Le douloureux spectacle de la ...
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25
nov. 2014 - Le 25 novembre 1914 : Le douloureux spectacle de la
dévastation d'Arras. Par la rédaction pour Il y a 100 ans - La
Grande Guerre, Publié le ...
L'histoire
en rafale » 25 novembre 1914 : Churchill et les ...
lhistoireenrafale.blogs.lunion.presse.fr/.../25/25-novembre-1914-churchi...
25
nov. 2014 - Les Britanniques s'inquiètent de l'extension du conflit
au Moyen-Orient. Pour empêcher la progression des Turcs, ils opèrent
un détournement ..
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