jeudi 25 décembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 8 DECEMBRE1914

8 DÉCEMBRE 2014



I)
Prise de la Fontaine du Père Hilarion
En ce début de mois de Décembre, le 3e Bataillon du 167e est à nouveau séparé des 2 autres bataillons du Régiment. Le 1er Décembre, le 2e Btn, relevé au Carrières par le 1er Btn du 168e, part cantonner à Manoncourt, alors que l'Etat-Major du 167e rejoint le 1er Btn à Royaumeix. Augmentées du 2e Btn du 168e, ces troupes vont former un Régiment de Marche en réserve d'armée, placé sous le commandement du Lieutenant-Colonel Nitard.

Le 6 Décembre, ces deux bataillons reçoivent le renfort de 160 hommes, destiné à combler les trouées sanglantes opérées par les rudes combats des premiers mois de guerre.

En Novembre, nos troupes ont buté sur le saillant formé par le ravin du ruisseau du Père Hilarion. La 73e DI va consacrer une bonne partie du mois de Décembre à tenter d'enlever cet objectif d'importance.

La 73e DI lance l'attaque le 7 décembre 1914, avec 7 bataillons (167e, 346e, 353e, 369e RI et 47e RIT), sous les ordres du Lieutenant-Colonel Pourel (Commandant le 353e RI, qui décédera de ses blessures le 24 Septembre 1916).
L'assaut est appuyé par 6 pièces de 90, 8 mortiers de 150mm, quelques canons de 155 « court ». Sont également utilisés des canons de 75mm placés à « La Folie » au Nord-Est de la forêt de Puvenelle. La veille, le Lieutenant-Colonel a informé le Colonel Riberpray que la progression de nos troupes, après un intense travail de sape, « a continué jusqu'au réseau de fil de fer. Ce dernier a 10 à 12m de profondeur et touche la tranchée allemande. Le réseau de fil de fer sera entamé demain matin. Nous arrêtons nos dispositions de combat ».
A 8h00, l'infanterie française s'élance à l'assaut, culbutant l'ennemi sur 300 mètres. Les nids de mitrailleuses sont pulvérisés par nos 90mm.
De son côté, le Capitaine Rozier du 346e RI, avec les 17e et 18e compagnies, progresse à cheval sur la route de Pont-à-Mousson, se frayant un passage au travers d'abatis et de réseaux de fil de fer, arrive à hauteur de la barricade de la route et occupe cette barricade.

A peine installée, la 17e Cie doit faire face à une contre-attaque allemande de huit compagnies, qui sont immédiatement arrêtées et rejetées après un dur combat.

Depuis le début du mois, le 3e Btn du 167e d'Infanterie occupe le secteur du Haut-de-Rieupt, travaillant d'arrache-pied à l'aménagement intérieur du parc Bamberger, accomplissant une besogne considérable afin de relier les différents ouvrages au dit parc et à la sape Touloise qui suit au Sud la tranchée du Père Hilarion. Curieusement, les Allemands ne s'opposent pas aux travaux d'approche mais restent sur le qui-vive...

Les 8 et 9 décembre, notre infanterie obtient encore des succès similaires et parvient jusqu'à la maison forestière.
La 10e Cie du 3e bataillon du 167e coopère à ces actions les 8, 9 et 10 Décembre.
Le 8 décembre, le 5e bataillon du 346e passe à l'attaque. La progression est sensible.

II)
Ma compagnie est désignée pour attaquer Vauquois ce matin. Nous touchons 2 jours de vivres de réserve. Le commandant. Benoist, commandant le 2ème bataillon nous réunit dans la Forêt de Hesse face à Vauquois et nous adresse la parole.
Nous partons à 10 h sous le commandement du capitaine Arguieff.
Nous nous déployons en tirailleurs dans le bois et aussitôt une violente canonnade est dirigée sur nous. A la sortie du bois il nous faut traverser un marais où il y a jusqu’à 40 centimètres d’eau. Nous le traversons en désordre vers midi. Beaucoup d’hommes ont été blessés dans le bois et beaucoup d’autres tombent, tués ou blessés dans le marais.
Après le marais nous traversons la route de Vauquois à Avocourt et comme il n’est pas possible d’avancer plus loin pendant le jour, nous nous arrêtons à l’abri d’un talus où nous restons toute la soirée et une partie de la nuit.
Bien des hommes sont restés dans le bois, quelques-uns ont essayé de rejoindre la compagnie l’après-midi, mais dès qu’ils apparaissent dans le marais une pluie de balles les accueille et ceux qui ne sont pas touchés sont obligés de rentrer dans le bois... L’un d’eux, l’agent de liaison Caillard, apportant un ordre, se jette dans un trou d’obus plein d’eau pour éviter les balles, et il reste pendant 4 heures dans l’eau jusqu’aux épaules en attendant la nuit où il peut enfin arriver jusqu’à nous.
Des tireurs Allemands placés dans les maisons de Vauquois observent tous nos mouvements et tirent sur les blessés qui essaient de se traîner jusqu’à nous. Il pleut sans arrêt à partir de midi et nous passons le nuit mouillés jusqu’aux os. Violente canonnade française sur Vauquois.

Tandis que les grandes administrations déménagent de Bordeaux pour retrouver Paris, de très durs combats sont à nouveau signalés en Argonne. Les affrontements constatés à hauteur de la butte de Vauquois sont effroyables. Les Français font exploser à leur tour une mine impressionnante à Perthes ! Le Grand quartier général valide la constitution d’un détachement d’armée des Vosges qui est placé sous le commandement du général Putz. Son quartier général est positionné à Remiremont.

III)
Maurice Chaumette
Dans l’encadrement de la porte, Maurice regarde son bureau avec émotion.
Le bureau de bois laqué, jadis parfaitement aligné avec le reste du mobilier, est maintenant disposé complètement en travers de la pièce.
Il semble avoir été éventré : là où étaient les tiroirs, on ne voit plus que des trous béants.
Une fine couche de poussière s’est déposée dans toute la pièce de l’hôtel de Brienne. Quelques papiers gisent sur le sol. Maurice reconnaît une dépêche du mois d’août adressée au ministre Messimy.
Il va à la fenêtre et l’ouvre en grand afin de chasser l’odeur de renfermé. Quelques flocons de neige s’engouffrent aussitôt et un vent glacial fait virevolter les documents oubliés.
Maurice se penche pour se saisir d’une dépêche. Puis d’une autre. Il finit par s’asseoir à même le plancher, et se replonge dans chacune d’entre elles. Tous ces papiers abandonnés lors du départ précipité du ministère pour Bordeaux lui font revivre, jour après jour, heure par heure, l’enchaînement brutal des événements de l’été.
Un télégramme annonce brièvement l’assassinat de l’Archiduc François-Ferdinand, sans s’alarmer outre mesure.
Un rapport signale des préparatifs militaires en Autriche-Hongrie et préconise la prudence.
Peu à peu, chaque document devient plus grave pour présenter la situation, qualifiée d’abord de priorité, puis de crise puis, enfin, de guerre.
Une copie de l’affiche de mobilisation générale est encore affichée au mur et, comme pour s’en moquer, un rapport punaisé juste en dessous liste les pertes en Belgique...
Les dépêches se suivent : des mouvements de troupes en Belgique, l’inefficacité des charges à la baïonnette face aux mitrailleuses et à l’artillerie. Un télégramme du haut commandement demande en urgence des fonds pour changer les pantalons et les képis rouges des troupes, qui en font des cibles faciles.
Et puis, l’un après l’autre, les documents signalent les Allemands toujours plus près de Paris.
Tout s’arrête brutalement le 2 septembre lorsque le gouvernement abandonne la ville et que Maurice suit le cabinet du nouveau ministre, Alexandre Millerand, jusqu’à Bordeaux.

« Que faites-vous par terre, monsieur ? »
Un soldat de la garde républicaine est à la porte et observe le conseiller en pleine lecture. Maurice se relève et essaie d’ôter la poussière de son pantalon.
« Je triais des papiers. Cela m’a fait revivre les tristes semaines de cet été, dit Maurice dans un long soupir.
En tout cas, c’est bon de retrouver Paris et son bureau, reprend-il en essayant d’adopter un ton plus léger.
— À qui le dites-vous ! s’exclame le garde. Et puis la ville revit, vous avez entendu ? Après le retour du gouvernement, voilà les théâtres qui rouvrent ! On va peut-être passer un Noël normal ! »

Maurice lui adresse un signe de tête qu’il veut amical, puis ouvre la serviette qu’il transportait avec lui dans le train. Il sort une liasse de documents. Sur le premier papier, on peut lire « Mouvements de troupes Allemandes sur le front de l’Aisne et de la Marne. Attaques ennemies à prévoir avant le 25 décembre ».
« Un Noël normal, vous disiez ? Presque normal », lâche Maurice en pensant aux soldats au front.
Dans un coin de la pièce, il prend l’un des tiroirs de son bureau, jetés là lors du départ en urgence d’il y a plusieurs mois. Il l’époussette puis le glisse à sa place.
Il est de retour chez lui.

IV)
Cuinchy (Pas-de-Calais).
À 8h30, un ordre d’opérations de la Division maintient les ordres de la veille, objectif :
Voie ferrée La Bassée – Grenay.
À 9h20, un autre ordre d’opérations arrive de la Brigade, même objectif.
À 13h, on annonce un feu roulant de 3 batteries de 75 et une batterie de 120 sur le front devant durer de 13h30 à 13h40 pour permettre le mouvement en avant si l’ennemi abandonne les tranchées.
Nous sommes étroitement liés avec la gauche du secteur Sud (295°). Cette gauche n’ayant pas bougé, nous n’avons pas pu progresser les tranchées devant nous sont occupées.
20h : Ordre de la Brigade annonçant l’attaque du 295e par une préparation d’un feu violent de notre demi-secteur Nord.
Le colonel Peron fixe son heure d’attaque pour 6h. Le tir de notre ½ secteur commencera à 5h50.
23h Contre ordre repoussant à une date ultérieure cette attaque.
Les mortiers tirent encore à la tombée de la nuit.
Extrait du Journal de Marches et opérations issu du site internet http://www.pourceuxde14-regimentschalonsursaone.fr

V)
C’est officiel, le gouvernement rentre à Paris. Voici les extraits de l’article du journal Le Temps où nous apprenons que le président de la République et les ministres encore restés à Bordeaux, à l'exception de M. Millerand, quitteront demain soir Bordeaux, après un conseil tenu dans la matinée, et rentreront mercredi matin à Paris.
Dans ce même article, nous apprenons la réouverture de la Bourse de Paris.

« Toutefois, M. Millerand, dont les services restent à Bordeaux jusqu'à nouvel ordre, viendra à Paris pour assister au conseil des ministres qui sera tenu vendredi prochain à l'Elysée sous la présidence de M. Poincaré, et dans lequel on s'occupera, entre autres choses, des questions que soulève la reprise des travaux parlementaires. (…) Le ministre des Finances M. Ribot est rentré ce matin à Paris pour arrêter le texte définitif du projet de loi tendant à ouvrir des douzièmes provisoires en 1915. Ce projet sera soumis vendredi au conseil des ministres. M. Ribot a laissé à Bordeaux les autres services du ministère des Finances dont le fonctionnement a une connexité avec celui des services du ministère de la Guerre.
M. Ribot a reçu ce matin le syndic des agents de change et le préfet de police, avec lesquels il s'est entretenu de diverses questions relatives à la réouverture de la Bourse de Paris, qui, comme on le sait, s'est effectuée aujourd'hui. »

Le communiqué officiel émanant du ministère de la Guerre nous indique que « de la mer à la Lys, combats d'artillerie.
Dans la région d'Arras et plus au sud, rien à signaler.
Toutes les positions gagnées par nous dans les 2 dernières journées ont été organisées et consolidées.
Dans la région de l'Aisne, combats d'artillerie où nous avons eu l'avantage.
Dans l'Argonne, l'activité de notre artillerie et de notre infanterie nous a valu des gains appréciables.
Plusieurs tranchées allemandes ont été enlevées.
Nous avons progressé sur tout le front, sauf sur un point unique où l'ennemi a fait sauter à la mine une de nos tranchées.
Sur les Hauts-de-Meuse, notre artillerie a nettement maîtrisé l'artillerie ennemie.
Dans cette région, de même qu'en Argonne, nous avons progressé sur tout le front et enlevé plusieurs tranchées ennemies. Il en a été de même dans le bois Le Prêtre.
Dans les Vosges, nous avons repoussé plusieurs attaques au nord-ouest de Senones.
Dans le reste du secteur des Vosges, l'ennemi n'a pas essayé pendant la journée d'attaquer sérieusement les positions enlevées par nous la semaine dernière.

En Belgique, un télégramme du correspondant du Handesblad nous apprend que des mouvements de troupes importants ont eu lieu à Anvers. Des régiments de landsturm ont traversé la ville, se dirigeant vers l'ouest. On annonce aussi la concentration de troupes Allemandes entre Liège, Namur et Maubeuge.
Une dépêche d'Amsterdam annonce que des troupes Anglaises ont repris Passchendaele.

Le « Daily Express » reçoit de la frontière Néerlandaise cette dépêche:
« Les flottes alliées ont recommencé après-midi le bombardement de la côte Belge occupée par les Allemands. Le feu des navires a été dirigé principalement contre l'extrême droite de la ligne Allemande. »

Sur le front Russe, les attaques opiniâtres des Allemands contre le front Ilow – Lowicz – Strykow - Lodz et une ligne nord-sud à 16 km à l'ouest de Piotrkow ont été repoussées. Néanmoins, en raison de sa position en flèche, les Russes ont cru devoir évacuer Lodz.

En Galicie, les Autrichiens, qui paraissent avoir reçu des renforts Allemands, ont repris l'offensive dans la région Neu-Sandec, contre l'aile gauche Russe.

En Serbie, les armées Serbes progressent dans les hautes vallées de la Morava occidentale et sur la rive gauche du Ljig.
Ils se sont emparés des hauteurs de Meljen, faisant de nombreux prisonniers et prenant des canons à l'ennemi.
Dans la région de Kosmaj, ils ont eu contact avec les troupes Autrichiennes.
Et pendant ce temps-là dans la région.
Un télégramme venant de Londres, du « Times », publié dans Le Figaro nous apprend que les communications des Allemands sont menacées. « La prise du village de Vermelles et du Rutoire est importante parce qu'elle met les Français en possession d'une position qui commande une grande étendue de terrain.

Les Français ne sont plus qu'à 7 km de Lens et tout près de la ville industrielle de Pont-à-Vendin où convergent des voies ferrées et un grand nombre de routes.
Si ce succès, que les Allemands affectent de mépriser, est poursuivi, les Français ne tarderont pas à être maîtres de la route nationale qui relie Arras et Lens à La Bassée, par laquelle l'ennemi fait passer ses approvisionnements, à travers la plaine de La Gohelle.

Le journal Le temps publie le télégramme d’un correspondant de Copenhague au « Daily Mail » qui doit mettre du baume au cœur à la population parisienne sous la menace des Taube allemands. « Le Kaiser a peur des avions Russes : Le retour inattendu du kaiser du front oriental a causé beaucoup de désappointement dans toutes les classes de la société Allemande, où l'on espérait que l'empereur reviendrait seulement à la tête de ses troupes victorieuses.
Son retour a été causé par l'inquiétude que ressent l'empereur au sujet de l’activité des aéroplanes Russes qui le suivent partout. »

Et « Le Figaro » le même jour publie un télégramme de dernière heure, nous apprenant que le Kaiser est faible puisque malade. « La maladie du Kaiser : Des télégrammes de Berlin donnent des détails sur l'état de santé de Guillaume II. Cet état est jugé sérieux.
L'Empereur souffre d'une pneumonie, aggravée de dépression nerveuse. Guillaume II est extrêmement violent vis-à-vis de son entourage.
Les médecins qui le soignent lui ont conseillé de ne pas retourner sur le front.
La maladie de l'Empereur cause une grande anxiété en Allemagne. »


Journal du rémois Paul Hess (extraits)
Nuit calme. Détonations de grosses pièces le matin. L’après-midi et le soir, sifflement et obus.
« Le Courrier » proteste contre la censure.
« Lecteurs Rémois, lorsque vous remarquerez des blancs dans nos articles et que ces articles se rapportent à des questions étrangères aux opérations militaires, sachez bien que ces coupures nous sont imposées par la censure civile, parce que nous défendons trop énergiquement à son gré, vos droits, vos intérêts, vos libertés. »...

On peut encore lire plus loin: « C’est à M.le commissaire spécial de police qu’est dévolue présentement l’illégale censure des journaux Rémois……………. (supprimé)-————————————————————— Nous entretenons de bons rapports avec la police Rémoise et nous collaborons volontiers avec elle dans la chasse aux malfaiteurs de droit commun.
Par contre, il ne nous convient pas du tout d’être placé sous sa coupe, encore moins d’être déféré à ses chefs en attitude de prévenu.

Second point de vue :
Une censure policière est forcément une guillotine sèche. Par métier, un commissaire, si équitable soit-il, est disposé à trouver partout matière à incrimination.
Alors il ne peut que s’en donner à cœur joie à caviarder, à tailler, à sabrer dans notre modeste prose, qu’il épluche comme il le ferait de pièces à conviction.

Troisième point de vue… Restons en là pour aujourd’hui et concluons. Quelque puissent être les mérites de M.le commissaire, nous récusons absolument ce grand inquisiteur civil.
Contraint et forcé, nous devrons continuer à lui soumettre nos morasses. Mais nous protestons hautement contre cette double violation de la loi et des convenances.

VI)
Décision au 118 ème RIT de Verzenay
Chaussures. – Le général commandant la DES. fait connaître :
1° que les corps doivent effectuer sur place, le plus de réparations possible aux chaussures –
2° que les chaussures qu’ils ne peuvent réparer doivent être envoyées au dépôt. Par conséquent les Cies. qui ne peuvent réparer leurs chaussures encore susceptibles d’être utilisées devront les verser au magasin du corps à Verzenay. Le bureau du colonel tient d’un autre côté à leur disposition une liste des maisons d’Épernay qui se chargeront de réparer les chaussures...

VII)
Le retour du gouvernement à Paris
Le 8 décembre 1914 le Président de la République visite le Petit Palais, où sont exposés les objets religieux des églises bombardées...
Réfugié à Bordeaux depuis le 29 août, le gouvernement Français regagne Paris, une fois le front stabilisé, le 8 décembre.

Poincaré, le président de la République, et Viviani, le Président du Conseil, auraient quant à eux souhaité rentrer dans la capitale beaucoup plus tôt.
Mais Joffre, les mains totalement libres en l’absence de tout exécutif à proximité, et dotés de pouvoirs énormes en raison de l’état de siège, a fait reculer cette date autant que possible... Cette date marque le vrai retour du gouvernement civil en France, notamment en ce qui concerne la gestion du conflit.

VIII)
L’autre bataille des Falklands
Le Scharnhorst, ayant encaissé au moins 15 obus de 305 mm, est en feu, prend du gîte et, à 16h04, il chavire, puis coule à 16h17.
Tout sauvetage rendu impossible par le combat qui continue, il n’y a aucun survivant… 
Pendant ce temps, le reste de la flotte de Sturdee donne la chasse aux croiseurs légers Allemands.
Le Leipzig, en queue, est la première victime. Ralenti par les tirs du Glasgow, il finit par être à portée du Cornwall et, à 19h, il est en feu, deux cheminées et son mât principal abattus, à court de munition, il tente une attaque à la torpille contre le Cornwall et son équipage se prépare à l’évacuation.
Le Glasgow se rapproche alors et lui donne le coup de grâce.

Au bout de trois semaines de retrouvailles multiples... Sur mes terres ancestrales, des lectures multiples, dont les souvenirs de course du commandant en second du croiseur Allemand Gneisenau, Hans Pochhammer, au début de la première guerre mondiale.
J’y ai retrouvé des souvenirs des récits de l’Oncle Paul, parus dans Spirou durant les années 70 et 80...
C’est probablement aussi par ces récits d’histoire assez anecdotiques que le virus de l’histoire s’est lentement inoculé en moi. Mais le plus terrible dans ce récit de batailles aussi courtes que dramatiques (des mois de croisière pour deux batailles de quelques heures, l’une gagnée, celle de Coronel, l’autre perdue, celle des Falklands)…

Le plus terrible, ce sont les chiffres.
Lors de cette dernière bataille, les Anglais coulent 4 croiseurs Allemands, dont les effectifs se portent en tout à 2 200 hommes. Du Scharnhorst, le croiseur amiral du comte Von Spee, aucun survivant, du Gneisenau, 187 arrachés à la mer, du Leipzig, 18, du Nürnberg, 10.
Soit 2 000 hommes qui disparaissent en quelques heures au large des Falklands. Et, étonnamment, ces pertes colossales (mais les saignées n'ont-elles pas été aussi terribles sur l’Yser, sur la Somme au même moment ?) ne semblent impressionner personne alors, pas plus les vainqueurs que les vaincus.
Des chiffres hallucinants à notre époque, quand on sait que les Américains n’ont pas davantage perdu d’hommes en 2 ans de guerre Irakienne.
IX)
Lu dans le « Miroir » en date du mardi 8 décembre 1914 (tiré du Miroir de Noël 1914)
France.
-Nous continuons à attaquer les tranchées ennemies auprès de l’Yser, notre offensive progresse dans la région d’Armentières et auprès d’Arras, et  spécialement entre Béthune et Lens, avance sensible dans le Santerre, près de Roye (…)

Allemagne.
-D’après les dépêches de La Haye, des officiers Allemands du lansdsturm ont refusé d’aller au feu, et le prince héritier de Bavière serait blessé.
Certaines informations disent que  si Guillaume II a fait venir le comte Tisza à son quartier général c’est pour lui conseiller de faire de grandes concessions aux Roumains de Transylvanie... Le comte Tisza s’y est refusé.

Russie.
-Le Messager de l’Armée Russe présente un exposé complet de la situation sur le front oriental.
En Mazurie, dans la Prusse Orientale, la guerre a pris le caractère d’une campagne de tranchées. De Thorn à Biala, les parties adverses déploient une vive activité, mais sans grand résultat jusqu’ici.
De Thorn à Cracovie, c’est la grande bataille. Entre Czenstchowo et Cracovie, l’ennemi a été repoussé  avec de grosses pertes par les troupes Russes.
En Galicie, les armées Russes continuent à s’avancer avec rapidité, malgré la résistance désespérée des Austro-Hongrois.

L’Italie se plaint amèrement des manœuvres du consul Allemand à Tripoli.

Le roi de Monténégro, dans un message, déclare qu’il a perdu le tiers de son armée.

X)
Retour sur cet épisode singulier de la guerre 14-18, avec François Maekelberg, un passionné d'histoire nordiste qui organise, depuis 2007, une reconstitution sur les lieux des faits. Entre légende et réalité :

L'organisation des matches de foot?
Dans les Flandres, les seuls témoignages probants de matchs organisés concernent Frelinghien et Comines-Warneton au lieu-dit Le Touquet.
2 matchs ont opposé Britanniques et Allemands, avec une victoire (3-2, à chaque fois), de ces derniers.
Un registre régimentaire précise même qu'au Touquet, la rencontre s'est disputée « avec une vieille boîte de conserve en guise de ballon ».

« Ailleurs, on a sans doute aussi joué au foot, mais de là à parler de match organisé...», tempère François Maekelberg. 
Ainsi, toujours à Comines-Warneton,  au lieu-dit Saint-Yvon, une ébauche de match a été interrompue par les officiers Britanniques.
Ce qui n'a pas empêché la trêve, entamée la vieille de Noël, de se poursuivre au-delà du 1er janvier.
Dans la même zone, un lieutenant Britannique assure, dans ses mémoires, avoir refusé de boucher les trous d'obus pour qu'un match puisse se jouer le 1er janvier. 

Le partage des chants de Noël?
Cette histoire de chants est évoquée, dès le 8 décembre 1914, dans le journal d'un soldat Britannique posté à Comines-Warneton.
Il raconte : « Un Allemand vient de chanter notre hymne national. Notre officier demande de répondre (...) Je pense qu'à Noël, nous serons tous potes ». Pas d'autres témoignages. 

« Il y a peut-être eu d'autres situations identiques. Après tout, les tranchées ne sont séparées que par 20 à 40 mètres », précise François Maekelberg. D'ailleurs, des échanges d'objets entre les tranchées sont monnaie courante, en décembre 1914.

Les punitions pour les soldats ? :
C'est une photo parue le 8 janvier 1915, d'abord dans le « Daily Graphic », qui déclenche la foudre des autorités.
On y voit des soldats Britanniques et Allemands posant mélangés devant l'objectif, sans indication de lieu, ni de date. « Ces soldats savaient à quoi ils s'exposaient, glisse François Maekelberg. Pourtant, les régiments sont restés sur place et aucune sanction n'a été prise ». Il est vrai qu'à cette période, côté Britannique, l'armée était décimée.

XI)
Dans la nuit du 7 au 8, vers 18h00, une patrouille se distingue. Ordre ayant été donné de chercher à faire des prisonniers.
N'écoutant que leur courage, le Sous-lieutenant Lotz et le Sergent Tual de la 9e Compagnie, partent avec 8 hommes d'un groupe franc. Ils arrivent ainsi jusqu'au réseau de fils de fer allemand que l'un des soldats coupe sur une largeur de 8 mètres. Profitant de cette brèche, la patrouille continue à avancer.
Tout à coup, des coups de feu partent et en arrière de la patrouille. C'est le feu d'une salve Allemande. Ils ont dépassé la 1ère ligne ennemie, qu'importe, ils avancent et arrivent ainsi à la grande route Berles-aux-Bois – Ransart.
Là, tapis dans le fossé, ils attendent.
2 Allemands passent en courant. D'un bond, le Sous-lieutenant Lotz saute sur l'un deux et comme il peut crier, il lui enfonce une baïonnette dans la gorge. Pendant ce temps, le Sergent Tual est sauté sur l'autre Allemand et le maintient. Mais l'alarme est donné dans les lignes ennemies et la fusillade commence assez intense.
La patrouille retraverse les lignes par la brèche faite en allant et regagne ses tranchées, faisant escorte à leur prisonnier, pendant que les balles ennemies pleuvent autour d'eux mais heureusement sans atteindre personne...

Le Sous-lieutenant Lotz déjà médaillé est proposé par le Colonel pour la croix de la Légion d'Honneur, le Sergent Tual qui a déjà fait preuve à maintes circonstances d'un courage à toute épreuve est proposé pour la médaille militaire, en attendant il est nommé Adjudant.

Après cette patrouille, les Allemands craignant une attaque tirent toute la nuit se servant même de leurs mitrailleuses mais en vain, nous n'avons aucunes pertes à déplorer.

Le Colonel dans sa décision mentionne de nouveau copie de la citation du 41e à l'ordre de l'Armée, inscrite à l'historique des faits du 4 novembre qui a paru dans le Journal Officiel du 28 novembre 1914. Le Colonel mentionne aussi une lettre du Général Delors ainsi conçue :
Paris le 28 novembre 1914. Mon cher camarade, je viens de lire la citation du 41e RI à l'ordre du jour de l'Armée.
En ma qualité d'ancien Colonel de ce brave Régiment, j'en suis très fier et je suis heureux d'adresser tous mes compliments au Colonel, aux Officiers, aux Sous-officiers, Caporaux et soldats de mon cher 41e.
Bien cordialement
Signé Delors, 10 rue J.B. Dumas Paris.

Le Colonel a répondu :
Mon Général, je vous remercie au nom du Régiment de la lettre d'éloges que vous nous avez bien voulu nous adresser. Animé d'un esprit de Corps, dont ses anciens Colonels ont le droit d'être fiers, le 41e a lutté jusqu'à la destruction.
A la fin octobre, il ne reste plus que quelques débris autour du Drapeau. Depuis nous l'avons reconstitué et nous voici de nouveau à 3 600 hommes, avec de bons cadres, la plupart sorti de ses rangs, tous prêts à recommencer, tant que la France voudra, tant qu'il restera un soldat capable de porter les armes.
Gloire au 41e

XII)
 Les journaux ont parlé dernièrement de 25 à 30 obus par jour sur Béthune »
Publié par claude tronel le 08/12/2014 à 23:30:54
Léon Mortreux écrit à son oncle à Béthune. Le Sergent Léon Mortreux se languit toujours à Vimoutiers.
Dans cette lettre envoyée à Fernand Bar, il raconte que les départs sur le Front sont retardés à cause du changement de tactique des armées. Impatient de repartir affronter l’ennemi, Léon veut en finir avec cette guerre qui ne fait que débuter.
Depuis novembre 1914, les armées Françaises, Britanniques et Allemandes ont changé de stratégie militaire. De la guerre de mouvement, le conflit s’est installé dans une guerre de tranchées. Les mouvements de troupes sont moins nombreux.
Toujours ironique dans ses courriers, Léon Mortreux évoque le mois d’août 1914, les marches en campagne, « les patelins traversés en riant … on changeait de sites, on mourrait dans des champs ensoleillés ». 

Il évoque même les bons moments ! … L’exploration des poulaillers et des caves.
Et puis qu’est ce qui fait le « soldat », si ce n’est un vieux fond de canaillerie qui vit en nous et nous incite à profiter vite car demain !
Ironique, lucide sur ce qui l’attend, Léon craint de voir cette guerre de tranchées s’éterniser pour s’installer dans « un état de paix armé à minimum d’hostilités »

Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, le 8 décembre 1914
« Quels canards racontent ces journalistes ! Il faut cependant reconnaître qu’ils ont parfois un réel mérite à chercher à leurs sources les sujets de leurs narrations »






8 décembre 1914 | À la vie, à la guerre
www.alaviealaguerre.fr/8-decembre-1914/
Paris. Maurice Chaumette. Dans l'encadrement de la porte, Maurice regarde son bureau avec émotion. Le bureau de bois laqué, jadis parfaitement aligné avec ...
Mardi 8 décembre 1914: Nous gagnons la plaine de Gohelle
www.il-y-a-100-ans.fr/.../mardi-8-decembre-1914-nous-gagnons-la-plaine-...
8 déc. 2014 - Politique, société, culture, sport, insolite, qu'elle soit nationale, internationale ou régionale, retrouvez ce qui faisait l'actu dans nos journaux il y ...
8 Décembre 1914 | histoiresnousici
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7 déc. 2014 - Chère Epouse, Chère Mère Chers Enfants Depuis 7 ou huit jours j'ai reçu une lettre de toi tous les jours je n'y réponds pas pour le moment je ...
8 décembre 1914 : la butte de Vauquois s'embrase
lhistoireenrafale.blogs.lunion.presse.fr/.../8-decembre-1914-la-butte-de-v...
8 déc. 2014 - Tandis que les grandes administrations déménagent de Bordeaux pour retrouver Paris, de très durs combats sont à nouveau signalés en ...

Decembre 1914/167eRI - 167e Régiment d'Infanterie
167e.regiment.free.fr/167eregimentinfanteriedecembre1914.html
La 73e DI lance l'attaque le 7 décembre 1914, avec sept bataillons (167e, 346e, ... "Positions du 3e Bataillon du 167e d'Infanterie les 7 et 8 Décembre 1914".
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Herald Dick Magazine: Histoire parallèle : 8 décembre 1914 ...
herald-dick-magazine.blogspot.com/.../histoire-parallele-8-decembre-19...
8 déc. 2014 - 8 décembre 1914 : Au large des îles Malouines (ou Falkland Islands en anglais), l'escadre allemande des croiseurs basés dans le Pacifique, ...
Histoire: A-t-on vraiment joué au foot pendant la Trêve de ...
www.20minutes.fr › Lille
9 déc. 2014 - Cette histoire de chants est évoquée, dès le 8 décembre 1914, dans le journal d'un soldat britannique posté à Comines-Warneton. Il raconte: ...

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