lundi 29 décembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR LE14 DECEMBRE 1914

 14 DÉCEMBRE 1914


I)
14 Décembre – Répartition du Btn :
1ere ligne : 1 peloton de la 11e à la tranchée Ouest de l’ouvrage N, 1 peloton dela 9e Cie à la tranchée Est de l’ouvrage N, 3 sections de la 12e Cie aux Mélèzes.
2e Ligne: 1 peloton de la 11e Cie tranchée Ouest de l’ouvrage.
1 peloton de la 9e Cie à la tranchée Est de l’ouvrage ? et 1 section 12e Cie.

Pendant toute la seconde moitié du mois de Décembre, le 3e Bataillon continue à retourner le terrain, organisant défensivement les positions conquises, reliant tranchées et ouvrages les uns aux autres.

Cette fois, l'ennemi bien que toujours très combatif, a montré moins de pugnacité qu'à l'ordinaire. Tous les assauts Français sur cette partie du Front sont couronnés de succès. Sur les 4 km que présente le Front, 1 500 m ont été gagnés par les troupes Françaises.
A nouveau, la combativité et le courage de nos soldats ont su pallier à la faiblesse de notre artillerie. Culbutés, les Allemands se repositionnent sur la crête du bois et se hâtent d'organiser le terrain.

En parallèle à ces événements, le 167e RI participe aux opérations visant à la réduction du bastion de Mort Mare. Une action d'envergure est organisée sur le flanc ouest de ce point.
Aux 1er et 2e bataillons du Commandant Duchaussoy, alors en réserve à Royaumeix, est confiée l'attaque des lisières Nord du bois de Remières.
Le mois de décembre 1914 est épouvantable dans la région.
La boue de la Woêvre rend difficile les manœuvres.
L'attaque est différée jour après jour.

Dans la nuit du 14 au 15 Décembre, les bataillons du 167e est relevé par le 252e et regagne les cantonnements désignés de Ansauville, (E.M et 1er Btn), et Ménil la Tour, (2e Btn), où ils arrivent respectivement à 2h00 et 5h00.

II)
Cuinchy (Pas-de-Calais).
À 8h30, un ordre d’opérations de la Division maintient les ordres de la veille... objectif : Voie ferrée La Bassée – Grenay.

À 9h20, un autre ordre d’opérations arrive de la Brigade, même objectif.
À 13h, on annonce un feu roulant de 3 batteries de 75 et une batterie de 120 sur le front devant durer de 13h30 à 13h40 pour permettre le mouvement en avant si l’ennemi abandonne les tranchées.

Nous sommes étroitement liés avec la gauche du secteur Sud (295°).
Cette gauche n’ayant pas bougé, nous n’avons pas pu progresser, les tranchées devant nous sont occupées.
20h: Ordre de la Brigade annonçant l’attaque du 295e par une préparation d’un feu violent de notre demi-secteur Nord.
Le colonel Peron fixe son heure d’attaque pour 6h.
Le tir de notre ½ secteur commencera à 5 h 50. 23 heures ; Contre ordre repoussant à une date ultérieure cette attaque. Les mortiers tirent encore à la tombée de la nuit.
Extrait du Journal de Marches et opérations issu du site internet http://www.pourceuxde14-regimentschalonsursaone.fr

III)
En Belgique, un télégramme du correspondant du « Handesblad » nous apprend que des mouvements de troupes importants ont eu lieu à Anvers.
Des régiments de landsturm ont traversé la ville, se dirigeant vers l'ouest. On annonce aussi la concentration de troupes Allemandes entre Liège, Namur et Maubeuge.
Une dépêche d'Amsterdam annonce que des troupes Anglaises ont repris Passchendaele.

Le « Daily Expres » reçoit de la frontière Néerlandaise : « Les flottes alliées ont recommencé après-midi le bombardement de la côte Belge occupée par les Allemands. Le feu des navires a été dirigé principalement contre l'extrême droite de la ligne Allemande. »

Sur le front Russe, les attaques opiniâtres des Allemands contre le front Ilow-Lowicz-Strykow-Lodz et une ligne nord-sud à 16 km à l'ouest de Piotrkow ont été repoussées.
Néanmoins, en raison de sa position en flèche, les Russes ont cru devoir évacuer Lodz.

En Galicie, les Autrichiens, qui paraissent avoir reçu des renforts Allemands, ont repris l'offensive dans la région Neu-Sandec, contre l'aile gauche Russe.

En Serbie, les armées Serbes progressent dans les hautes vallées de la Morava occidentale et sur la rive gauche du Ljig.
Ils se sont emparés des hauteurs de Meljen, faisant de nombreux prisonniers et prenant des canons à l'ennemi.
Dans la région de Kosmaj, ils ont eu contact avec les troupes Autrichiennes.

IV)
Dans la nuit du 14 au 15 Décembre, les bataillons du 167e est relevé par le 252e et regagne les cantonnements désignés de Ansauville, (E.M et 1er Btn), et Ménil la Tour, (2e Btn), où ils arrivent respectivement à 2h00 et 5h00.

V)
Début de la première bataille de Champagne... La bataille de Champagne par rétronymie première bataille de la Champagne  est une offensive des armées Françaises contre les armées Allemandes dans cette région lors de la première guerre mondiale... L’offensive commence le 14 décembre 1914 et se poursuit jusqu’au 17 mars 1915.

VI)
Combats dans le pays Rémois avec le 347e RI
Vers 5h, canonnade ennemie : 2 obus allemands de 77 mm tombent près du Moulin de la Housse.
Vers 6h, un autre obus de 77 éclate près des tranchées de 3e ligne, et blesse le soldat Boitieux de la 22è Cie.

Le 347e quitte, sur l’ordre du Général commandant la 103e Brigade, le sous-secteur de la « Butte de Tir  » pour occuper le sous-secteur du Linguet.

VII)
Fraternisation entre Poilus et Alboches
Extrait de Paroles de poilus lettres et carnets du front 1914-1918-Librio- (extrait)

Tranchées-Palace, le 14 décembre 1914
« Chers parents,
Il se passe des faits à la guerre que vous ne croiriez pas, moi-même, je ne l’aurais pas cru si je ne l’avais pas vu, la guerre semble autre chose, eh bien, elle est sabotée.
Avant-hier et cela a duré 2 jours dans les tranchées que le 90e occupe en ce moment Français et Allemands se sont serré la main, incroyable, je vous dis ! Pas moi, j’en aurais eu regret.
Voilà comment cela est arrivé : Le 12 au matin, les Boches arborent un drapeau blanc et gueulent : « Kamarades, Kamarades, rendez-vous. »

Ils nous demandent de nous rendre « pour la frime ». Nous, de notre côté, on leur en dit autant, personne n’accepte.
Ils sortent alors de leurs tranchées, sans armes, rien du tout, officier en tête, nous en faisons autant et cela a été une visite d’une tranchée à l’autre, échange de cigares, ciga­rettes, et à 100 mètres d’autres se tirent dessus, je vous assure, si nous ne sommes pas propres, eux sont rudement sales, dégoûtants ils sont, et je crois qu’ils en ont marre eux aussi.

Mais depuis, cela a changé on ne communique plus, je vous relate ce petit fait, mais n’en dites rien à personne, nous ne devons même pas en parler à d’autres soldats.
Je vous embrasse bien fort tous les trois.
Votre fils, Gervais. »

VIII)
Lu dans « le Miroir »  en date du lundi 14 décembre 1914 (N°57 du 27 décembre 1914)
France :
-Journée relativement calme, sauf aux alentours d’Ypres, où 3 attaques d’infanterie Allemandes ont été repoussées.
A Senones, où l’ennemi a été également refoulé, et à Aspach (Haute-Alsace) où il a vainement esquissé une tentative sur la gare.

Les Serbes ont poursuivi leur beau succès. Après avoir forcé l’armée Austro-Hongroise à se diviser en 2 tronçons, ils ont rejeté l’un, celui du Nord, dans la direction de Chabatz, en occupant Kamenitsa, l’autre a repassé la Drina rentrant en Bosnie.
De ce côté, les forces Serbes ont repris les localités frontières de Rogatitsa et de Baïna-Basta. Elles vont à nouveau pénétrer sur le sol Austro-Hongrois où les Monténégrins les ont précédés en se saisissant de la ville Bosniaque de Visegrad.

L’ambassadeur de Turquie à Rome a déclaré au ministre des Affaires étrangères, M. Sonnino, que la Sublime Porte donnera une réparation au sujet de l’incident d’Hodeïdah et qu’elle désire entretenir de bons rapports avec la Péninsule.
Mais le ton très décidé dont a usé M. Sonnino pour exposé l’affaire à la Chambre a frappé tout le monde et en Italie et au dehors.
Prusse.
Le ministre du Commerce de Prusse a fait afficher dans tous les lieux publics du royaume une proclamation pour engager les Prussiens à se montrer ménagers du pain, des pommes de terre et de tous les aliments.
Ce document atteste que la disette se fait sentir durement outre-Rhin. Par ailleurs les journalistes Italiens qui reviennent de Berlin déclarent que les milieux dirigeants ne dissimulent point leur inquiétude.
Le maréchal von der Goltz est arrivé à Constantinople après s’être arrêté quelques temps à Sofia.
Ayant réorganisé jadis l’armée Turque, il est de nouveau chargé d’une mission auprès d’elle, avec des pouvoirs très étendus, ceux d’un vice-roi, paraît-il.

Grèce-Bulgarie.
-Les relations s’améliorent entre la Grèce et la Bulgarie. Elles ont décidé de nommer une commission mixte qui examinera les conflits survenus où à survenir et leur cherchera des solutions amiables.

La Russie dote la Galicie d’une organisation complète. La province est d’ailleurs presque totalement occupée par ses troupes.

« Le Goeben », le croiseur allemand au service de la Turquie a tiré quelques coups de canon devant le port Russe de Batoum dans la mer Noire. Mais cette canonnade est demeurée inefficace, et le Goeben, bombardé par les forts a dû prendre la fuite.
« Le Goeben qui sous le nom de Sultan Yavouz Selim bat maintenant pavillon Turc »

Belgique.
-Les dommages que l’armée Allemande a causés à la Belgique sont estimés à
5 312 millions. Dans ce chiffre colossal les dégâts de Liège s’inscrivent pour 173 millions, ceux de Louvain pour 185, ceux de Charleroi pour 515, ceux des districts ruraux pour 1 410, ceux d’Anvers pour 505, ceux subis par l’État (chemins de fer, routes, etc.) pour 1 200, et ceux provoqués par l’interruption du commerce pour un milliard...

IX)
Le repos du lieutenant de Gaulle et de ses hommes aura été de courte durée, il est interrompu par les visites d’officiers supérieurs qui n’ont pas ménagé leurs critiques sur leur relâchement pourtant légitime, en retrait du front.
Celui qui devient l’adjoint du colonel du 33e RI effectue en ce 14 décembre 1914 un exercice avec sa compagnie et au retour, en fin d’après-midi, en rentrant dans le village Marnais de Crugny près de Fismes, il croise le capitaine Spitz qui est le chef d’état-major de la division et qui lui confie :
« On part demain ».
Il faut se tenir prêt mais ce n’est pas une certitude que le retour au front va s’effectuer dans un délai aussi court. Cela signifie d’abord qu’il faut être prêt dans l’heure à repartir pour le front et si possible de faire mouvement dans la demi-heure.

X)
Dans le « Journal Le Temps », nous voyons apparaître des articles relatifs à une éventuelle trêve de Noël, souhaitée par le Pape, mais qui n’est pas près de se réaliser.
En voici un issu du journal « l'Osservatore Romano », organe du Saint-Siège, qui publie la note suivante :
« Plusieurs journaux ont annoncé que le pape avait pris l'initiative d'une trêve d'armes, s'appliquant au moins à la journée de Noël.
Cette nouvelle est conforme à la vérité. En effet, le Saint-Père, en hommage de foi et de dévouement au Christ rédempteur, qui est par excellence le roi pacifique et le prince de la paix, obéissant en même temps à un noble sentiment d'humanité et de pitié, principalement envers les familles des combattants, s'était adressé confidentiellement aux gouvernements des puissances belligérantes, afin de connaître comment serait accueillie par eux la proposition d'une trêve en ce jour de fête si cher et solennel.
Toutes les puissances auxquelles il s'est adressé répondent qu'elles apprécient hautement l'esprit élevé de l'initiative pontificale.
La plupart y adhérent avec sympathie, cependant quelques-unes ne croient pas pouvoir seconder pratiquement cette initiative, qui ne peut en conséquence se réaliser, par suite du manque d'unanimité des consentements nécessaires pour atteindre le résultat bien-faisant qu'attendait le pape. »

XI)
Sur le plan militaire, informée par Bâle, un article de La « Vossische Zeitung » précise que presque chaque jour on aperçoit autour de Mulhouse et au-dessus de la région du Sundgau des aviateurs Français, par groupes de deux ou trois, venant de la direction de Belfort, mais ces aviateurs volent à de telles altitudes que les poursuites restent sans succès.

Le communiqué du ministère de la Guerre indique que
De la frontière Belge à la Somme, rien à signaler.

De la Somme à l'Argonne, canonnades intermittentes et peu intenses, sauf dans la région de Crouy.

En Argonne, nous avons fait quelques progrès et conservé notre avance des jours précédents.

Dans les Vosges, la gare de Saint-Léonard, au sud de Saint-Dié, a été violemment bombardée à grande distance par les Allemands.

En Alsace, grande activité de l'artillerie ennemie. Sauf à Steinbach, où une attaque d'infanterie Allemande partie d'Uffholtz a pu prendre pied, nous avons partout maintenu nos progrès antérieurs.

Le communiqué officiel indique qu’en Belgique de la mer du Nord à la Lys : Les Anglais ont enlevé un petit bois à l'ouest de Wytschaete. Le terrain gagné par nos troupes, le long du canal d'Ypres et à l'ouest d'Hollebeke a été conservé malgré une vigoureuse contre-attaque de l'ennemi. (Wytschaete est une commune de la Flandre occidentale, à 7 kilomètres au sud d'Ypres.)

Dans la campagne Russe, sur le front Lowich-Ilof, les Allemands s'acharnent dans leur offensive.

Dans les autres régions, au nord de la Vistule, le communiqué ne signale que des actions de détail.
Au sud de Cracovie, la situation est sans modification, la bataille continuant toujours.

L'effort Allemand en Pologne paraît toujours concentré sur Lowitch, où l'on estime que, sur un front de 50 kilomètres, 10 à 12 corps d'armée Allemands sont massés.
Les dernières nouvelles des environs de Lodz indiquent que la résistance des Russes n'est aucunement brisée jusqu'ici.
Leurs nouvelles positions sur la Miazga (affluent de la Pilitza coulant au sud-est de Lodz) n'ont été coupées qu’à une vingtaine de kilomètres à l'est de Lodz, ce qui démontre selon le journaliste du « Temps », qu'il reste beaucoup à faire avant que la résistance Russe puisse être considérée comme définitivement brisée... Le journaliste continue son analyse de la situation, ainsi : Quant à l'avance Allemande de Mlawa, dans le nord de la Pologne, elle ne paraît pas sérieuse.
Tout le pays au nord de la Vistule est marécageux et la forteresse de Novo-Georgiewsk, près du confluent de la Narew et de la Vistule, barre la route.
Cette offensive a plutôt pour objet de contenir l'avance Russe dans la région au sud des lacs de Mazurie.
Dans la région difficile des lacs de Mazurie, où une couche épaisse de neige est tombée, les Russes continuent à se frayer lentement un chemin.

En Galicie, télégraphie le correspondant du « New-York Herald » à Petrograd, les combats n'ont pas encore donné de solution.
La position des forces opposées dans les passages des Carpates est peu définie.
Les Russes semblent avoir évacué Bartfeld.
En revanche, ils tiennent le col d'Ouschok et le village de Madjanka.

Les Autrichiens, qui luttent avec un acharnement désespéré, n'ont pas encore renoncé à leur manœuvre débordante.
Elle ne leur a procuré jusqu'ici que des échecs partiels et de lourdes pertes. Przemysl est toujours étroitement bloquée. Les sorties de la garnison sont journellement repoussées.

Le correspondant du Times dans le nord de la France confirme que nos canons ont réduit au silence des batteries Allemandes qui se trouvent à l'ouest de Lille.
Leurs obus ne tombent plus sur Armentières, et Béthune aussi est hors de portée de leur artillerie lourde.
Les Allemands ont enfin évacué les hauteurs au sud-est de la Bassée, qui sont pour eux des positions stratégiques de premier ordre.
L'offensive Française sur la ligne Lille-Arras et la capture de Vermelles ont contraint les Allemands à se retirer de ces points, qu'ils ont défendus si longtemps avec opiniâtreté.

Les officiers Allemands tentent de déserter de toutes les manières possibles.
Dans le Figaro, nous apprenons qu’un officier Allemand a été retrouvé dans un coffre :
« Les journaux signalent qu'un douanier de Gravesend a remarqué ce matin qu'un immense coffre était embarqué sur un vapeur Néerlandais, à destination de Rotterdam. La vue du coffre éveille ses soupçons et il le fait ouvrir. Un officier Allemand en sort, il est promptement conduit en prison. »

XII)
14 décembre 1914, Berry
Voici quelles sont les tranchées que nous occupons entre Hautebraye et la cote 150, exactement au nord-est de Saint-Christophe. J’y ai passé la journée.
Pour atteindre aux tranchées de feu il faut, une fois passée la carrière de la compagnie de réserve, suivre un boyau indéfini, taillé dans le calcaire blanc, zigzaguant comme un serpentin déroulé. Les balles et les obus se croisent en sifflant au-dessus du chemin. On leur oppose une totale indifférence. Au bout de 800m on débouche dans un chemin creux semblable à tous les chemins creux, boisé et irrégulier, tantôt large, tantôt étroit, un de ces chemins où l’on vient en été cueillir la noisette. C’est là la tranchée qu’occupe le bataillon.
Le chemin est bordé de tout un charmant petit village, véritable capitale de Lilliput. Chaque homme, à peu près, a sa maisonnette, à peine y tient-il à 4 pattes, à peine y tient-il étendu. Elle est faite de terre, de planches, de branchages. Elles portent un nom : « L’antre Pau », « Villa des Roses », « Maison à louer ».
Celle des officiers est un peu plus vaste. On y trouve matelas et table. Une cheminée faite de quelques pierres, avec deux gouttières accolées comme tuyau de tirage pour le chauffage. Aux « murs » des gravures, des dessins extraits de journaux, des cartes des opérations en France, en Russie. Le capitaine Dufour a un lit complet au-dessus duquel il fait installer un baldaquin en planches destiné à le protéger contre les éclats d’obus. Il possède également un fourneau de cuisine…

Au-dessus des cabanes se trouvent les meurtrières de tir, en sorte que le troupier sort de sa maison, la pipe aux dents, pour aller de temps à autre tirer son coup de feu. Une sentinelle suffit pour plusieurs meurtrières. On se promène là librement, absolument à l’abri des balles, indifférent aux obus qui pour l’instant se croisent entre les batteries. Les hommes raccommodent leur pantalon, décrottent leurs brodequins, gravent des facéties sur la terre de leur bicoque. Déjà ils connaissent les principaux acteurs de la scène d’en face, la scène boche, et leur donnent des noms.

Il y a Maxime.
Maxime est un troupier Allemand qui se tient perché sur un peuplier, là au bord de ce ruisseau. Quand Maxime aperçoit un troupier qui grimpe vers… la feuillée (c’est le nom des W.C. en langue militaire) il envoie 2 balles dans sa direction. Et puis, c’est tout. Il attend le suivant pour tirer 2 nouvelles balles.
Il y a Krupp.
Krupp se tient au bord de ce chemin, au bout du champ de betteraves, dans un petit abri. C’est un observateur.
Et il y en a 20 autres.

« Pourquoi ne tire-t-on point sur eux ? », vous exclamez-vous.
Bast ! on ne tire pas sur un isolé, aussitôt ce coup de feu amènerait des bombes dans la tranchée. Autant se tenir tranquille. Et alors on continue de bourrer sa pipe ou d’écrire à sa payse.

La 7e compagnie, outre ses meurtrières de tranchée, possède des meurtrières dans un moulin incendié, le moulin de Chevillecourt.

Là le spectacle cesse d’être riant. Il devient sinistre. Des créneaux ont été percés dans les murs noircis de fumée. On marche sur les débris des machines, sur des roues dentées, brisées, tordues…
Du moulin on voit les… pierres des maisons en ruines de Chevillecourt derrière lesquelles sont tapis les Allemands, si près, si près que vraiment on ne peut en croire ses yeux.
Elles sont en somme à quelques mètres. A quelques mètres de nous commence un territoire si bien isolé du reste de la France que les gens de Berry pour avoir des nouvelles de leurs cousins de Chevillecourt doivent faire passer leurs lettres par la Suisse !
Un caillou, une ficelle, au bout de cette ficelle la lettre et hop ! on pourrait l’envoyer à son destinataire. Au lieu de ces 20 mètres il lui faut 1 200 kilomètres… A cause d’un fil de fer et de quelques canons de fusil que l’on aperçoit le long de ce chemin vicinal.

Pour couper au court en rentrant à Berry je prends un chemin extraordinairement boueux :
A certains endroits il est enfilé par les balles et à ces endroits-là il est dit qu’il faut prendre le pas de course.
C’est commode à dire, on se voit contraint, pour avancer plus vite, à tirer ses pieds de la boue en soulevant les genoux avec les mains.
Et le pied en sortant fait : Môâff !… Et l’on est ahuri, l’endroit franchi, de ne pas avoir reçu 10 balles dans le dos.
Cette promenade en terrain mouvementé m’a mis mon pied hors d’usage. Le Dr Caussade monte, à la nuit, me relever.
Je descends à Vic s/ Aisne à bicyclette. Au passage dangereux de Saint-Christophe une balle vient en sifflant mourir sur les rayons de ma roue arrière qui l’envoie promener dans son rapide tourniquet avec un bruit amusant.
A Vic on m’a préparé une chambre dans la maison du notaire. Comme à Vic, pays riche, il n’y a qu’un notaire, je vous laisse à penser que cette chambre est magnifiquement et bourgeoisement notariale, acajou, reps et tapisserie.

Fraternisations dès 1914...lettres de poilus, textes de Lénine ...
librepensee04.over-blog.com/page-2132001.html
Paroles de poilus lettres et carnets du front 1914-1918 -Librio- (extrait). Tranchées-Palace, le 14 décembre 1914. Chers parents,. Il se passe des faits à la guerre ...
Decembre 1914/167eRI - 167e Régiment d'Infanterie
167e.regiment.free.fr/167eregimentinfanteriedecembre1914.html
La 73e DI lance l'attaque le 7 décembre 1914, avec sept bataillons (167e, 346e, ... A 14h30, la progression ne pouvant pas s'effectuer, la compagnie d'attaque ...
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Lundi 14 décembre 1914 : Armentières et Béthune hors de ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../lundi-14-decembre-1914-armentieres-et-bethune-...
15 déc. 2014 - Lundi 14 décembre 1914 : Armentières et Béthune hors de portée des canons allemands. Par la rédaction pour Il y a 100 ans - La Grande ...
Décembre 1914 - Chroniques - Pierre Aulas
aulas.pierre.free.fr/chr_g14_dec.html
Le 20 décembre 1914, le 160e régiment se trouvait rassemblé à Wœsten. ..... Le président de la République à Reims », Le Temps, lundi 14 décembre 1914.
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