LE SIÈGE DE PARIS
Depuis
799, date de leur première attaque sur l'empire Carolingien, les
Vikings essayent d'étendre leur emprise sur tout le continent,
remontant les fleuves et établissant des bases à leur embouchure.
Après
une pause entre 870 et 880, la défaite des Danois en Angleterre à
Ethandun et la paix avec Alfred le Grand, roi du Wessex, relancent
leurs raids contre les Carolingiens.
Ils
ravagent les rives de la Somme dès 879, mais sont rejetés à la
bataille de Saucourt-en-Vimeu par Louis III en 881.
L'année
suivante ils attaquent la Lotharingie. L'empereur Charles le Gros les
assiège dans leur camp fortifié d'Ascaloha (Elsloo ou Asselt, dans
le Limbourg)... Mais, au moment d’attaquer, il préfère payer un
tribut de 2 800 livres d’argent pour que les bandes de
Godfred, Sigfred et Vurm quittent la région (juillet 882).
Au
printemps 883, ils pillent à nouveau la Flandre, puis, après avoir
battu le roi Carloman sur la Somme, ils s'établissent à Amiens.
Le
2 février 884, Carloman leur propose 12 000 livres d'argent
pour qu'ils quittent cette ville, ce qu'ils font en octobre. Ils
s'embarquent à Boulogne, certains passent en Angleterre, d'autres
hivernent à Louvain.
Charles
le Gros est devenu roi de Francie occidentale à la mort de Carloman,
réalisant une dernière fois l'unité de l'empire d'Occident.
Il
reçoit à Ponthion les serments de ses nouveaux sujets, et ordonne
une expédition conjointe des Francs de Neustrie et de Lotharingie
contre les Vikings de Louvain, qui échoue.
Les
Danois décident une grande expédition contre la Francie
Occidentale, et choisissent Rouen comme lieu de concentration.
La
ville est prise le 5 juillet.
Ceux
de Louvain s'y rendent par voie terrestre ou par mer.
Ils
sont renforcés par une bande venue d'Angleterre, et forment une
redoutable force, estimée par Abbon à 30 à 40 000 hommes
montés sur 700 navires, chiffre très discutable.
Le
siège de Paris est relaté par les poèmes du moine Abbon de
Saint-Germain-des-Prés. Ce dernier est connu pour ses récits qui
glorifient les héros Francs. Ainsi l'historicité du siège qui va
suivre est celle du moine et non la véritable. Mais cette version
imaginaire du siège n'est peut-être pas due qu'au moine Abbon :
En
effet, les lignes qui suivront mentionnent la présence d'un
trébuchet, arme de siège n'apparaissant qu'au XIIe siècle.
De
même, l'utilisation d'huile bouillante était extrêmement rare à
cette époque... Alors que savons-nous du siège ?
Pas
grand-chose :
Les
Vikings sont arrivés avec l'intention de piller la ville, s'ensuit 2
ans de sièges relativement lucratifs pour les assaillants, et enfin
une forte rançon aux envahisseurs.
Le
siège change aussi la dynastie Carolingienne et dynastie Capétienne.
Désormais on ne parle plus de Francs, mais de « Français ».
Tout
comme les sièges précédents, les Vikings ne veulent pas s'emparer
de la capitale Franque... Ce qu'ils convoitent, ce sont les richesses
de Paris.
A
partir de 840, les Vikings remontent la Seine sans rencontrer
d’opposition autre que celle de paysans mal armés. Leurs navires,
les drakkars, peuvent remonter le cours des rivières car ils ont un
très faible tirant d’eau. Quand le vent est favorable, on hisse la
voile, sinon deux rangées de rameurs propulsent le navire.
Il
existe deux navires de taille différente. Le plus grand mesurait
environ 24 mètres et était large de 5, avec une soixantaine
d’hommes à bord dont 32 rameurs. La cale était lestée de
cailloux.
Un navire plus petit (navaes parvae) a l’avantage d’être plus léger et peut être porté d’une rivière à l’autre à dos d’homme ou tiré sur des rouleaux comme c'est le cas dans notre région quand les Vikings passent de l’Epte à la Seine de Gasny à La Roche-Guyon en 861.
Un navire plus petit (navaes parvae) a l’avantage d’être plus léger et peut être porté d’une rivière à l’autre à dos d’homme ou tiré sur des rouleaux comme c'est le cas dans notre région quand les Vikings passent de l’Epte à la Seine de Gasny à La Roche-Guyon en 861.
De
Rouen, la flotte remonte la Seine jusqu’à Pont-de-l'Arche où elle
est arrêtée par le pont fortifié construit par Charles le Chauve.
Les
Normands (les hommes du Nord) s'installent à l’ouest du pont au
lieu qui deviendra « Les Cans » puis Les Camps.
Là
ils sont attaqués par les forces du duc du Maine, Ragenold, formées
de soldats de Neustrie et de Bourgogne.
Ragenold
est tué dans le combat et ses hommes quittent les lieux, sans que
l'on en sache plus sur le combat.
La
flotte continue de remonter le fleuve et force le passage au fort de
Pitres, près du confluent de l'Andelle.
Après que la forteresse de Pontoise soit évacuée par le comte Aleran, à l'approche des Vikings, la Grande Armée se présente devant Paris le 24 novembre 885.
Après que la forteresse de Pontoise soit évacuée par le comte Aleran, à l'approche des Vikings, la Grande Armée se présente devant Paris le 24 novembre 885.
Le
lendemain, le chef Viking Siegfried (Sigfredhr) demande à parler à
la plus haute autorité de la cité, il est reçu par l’évêque
Gozlin.
Siegfried
demande à ce que les Parisiens laissent passer la flotte plus en
amont, en échange de quoi, la cité ne sera pas attaquée. Gozlin
refuse la proposition de l'ambassadeur Viking... Ceux-ci lancent leur
premier assaut le 26 novembre 885 contre le Grand Châtelet, qui
n'est alors qu'une tour de pierre inachevée, qui ferme l'entrée du
Grand Pont sur la rive droite.
Eudes,
comte de Paris et l’évêque Gozlin défendent fermement la ville.
Les Francs peuvent compter sur un dispositif défensif efficace, à
savoir des ponts munis d'échauguettes et le tout, couvert par une
tour, dont le rayon d'action des archers et des jets de projectiles
rend toute progression impossible... L'opération échoue.
Les
Francs renforcent la tour à la faveur de la nuit, puis les Vikings
recommencent leur assaut les 27 et 28. Les combats sont horribles et
cruels. Le Grand Châtelet subit assauts sur assauts, sans succès.
Les Danois essayent alors de détruire le mur adjacent à l'aide
d'une sape, mais ils sont inondés d'huile bouillante, de cire et de
poix. Trois cents des leurs sont tués, ce qui les oblige à changer
de tactique... Après deux jours de combats, ils décident de mettre
le siège devant la ville, sans pouvoir établir un blocus complet.
Depuis
la moitié du IXe siècle, les Parisiens ont dû faire face à
plusieurs attaques des Vikings, en 845, 856, 857, 866, et 876.
Ceux-ci n’hésitent pas à brûler la cité, comme en 856. Cette
fois-ci, devant une ville fortifiée depuis 877 et la présence de
deux ponts qui barrent le fleuve, les Normands doivent adopter une
stratégie différente. Ils établissent un camp retranché autour de
Saint-Germain-le-Rond et ravagent le pays environnant pour assurer
leur ravitaillement.
Durant 2 mois, ils construisent divers engins de siège... Abbon note la construction de 3 béliers, de catapultes, ainsi que de chats et de mantelets. Les Francs, de leur côté, s'équipent d'un mangonneau ou d'un « trébuchet »...
Le
31 janvier 886, les Vikings divisés en 3 groupes lancent un assaut
général contre la tour et le pont rive droite, à la fois par la
terre et par le fleuve, sans parvenir à briser la résistance des
Francs.
L'assaut est renouvelé le 1er février : Les Vikings tentent de combler les fossés de la tour, le lendemain ils avancent avec leurs 3 béliers, mais le tir nourri des mangonneaux ou des « trébuchets » francs ne leur permet pas de faire approcher les béliers. Ils essaient alors d'incendier le pont en lançant des brûlots, mais la plupart s'arrêtent sur les piles en pierre, et la population parisienne, invoquant les reliques de Saint Germain, parvient à éteindre le feu et à s'emparer des navires.
Le 3 février, les Normands se retirent dans leurs camps avec leurs engins de siège, abandonnant les 3 béliers aux Parisiens... Siegfried se retire alors momentanément avec ses troupes pour aller dévaster l'Est de la Francie, du côté de Reims, comme en témoignent les lettres contemporaines de l'archevêque Foulques.
Le
6 février 886, les Normands parviennent à s'emparer du petit
châtelet, qui défend le Petit-Pont, sur la rive gauche de la Seine,
à la faveur d'une crue de la Seine qui l'a isolé de l'Île de la
Cité en emportant le Petit-Pont, ils l'incendient... Pensant être
rachetés par une forte rançon, ses défenseurs se rendent après
avoir libéré leurs faucons, mais les 12 hommes sont massacrés
ainsi qu'une partie des habitants... Après cet épisode le siège
continue.
Le
16 février suivant, une partie des Normands attaque Chartres sans
succès, ils sont aussi mis en échec devant Le Mans, mais prennent
et pillent Évreux.
Au
mois de mars 886, appelé par Gozlin par le truchement du comte de
Boulogne, Erkenger, le comte Henri de Franconie échoue dans sa
tentative pour secourir Paris et échappe au massacre.
Après
son départ, les Normands s'établissent sur la rive gauche de la
Seine, autour de Saint-Germain-des-Prés. Eudes et Gozlin entament
des négociations avec le chef Siegfried lui proposant 60 livres
d'argent contre sa retraite. Payé, Siegfried entraîne sa troupe à
la conquête facile de Bayeux mais nombre de soldats (dont il n'est
par ailleurs pas le chef) n'ont pas profité de ce tribut et refusent
de le suivre. Ils persistent dans leurs attaques mais sont repoussés.
L'évêque
Gozlin meurt le 16 avril, victime de l'épidémie qui sévit dans la
cité...
Le
12 mai, après la mort de Hugues l’Abbé à Orléans les assiégés
perdent l'espoir de son renfort.
Après
la Saint Germain (28 mai), le comte Eudes quitte secrètement la
ville pour chercher de l'aide auprès de l'empereur.
L'abbé
de Saint-Denis, Ebles, défend efficacement Paris contre les attaques
Normandes et assure son ravitaillement en son absence.
Le
retour d'Eudes ne se fait pas sans difficulté, et il doit forcer les
lignes des assiégeants pour rentrer dans la ville, selon les récits
Francs.
Le
30 juillet 886, l'empereur Charles le Gros, de retour d'Italie, est à
Metz où il décide de marcher contre les Normands de Paris... Il
avance lentement, ralenti par la pluie et les inondations.
Il
est à Attigny le 16 août,
le
22 à Servais près de Laon.
Arrivé
à Quierzy, il envoie le comte Henri de Franconie en
reconnaissance... Celui-ci est tué dans une embuscade devant Paris
le 28 août.
Pendant
ce temps, avant l'arrivée des troupes impériales, les Normands
tentent une nouvelle offensive contre la ville.
Ils
réussissent à rentrer dans la cité car les murs ne tiennent plus.
Par cet effet de surprise, ils parviennent à piller les différents
édifices religieux, et exterminent quiconque ose se dresser devant
eux.
Cependant
ils doivent ressortir afin de ne pas être pris au piège au retour
de l'armée Franque.
Le
gros des troupes Franques arrive devant Paris au mois de septembre.
L'empereur n’ose pas affronter les Vikings et négocie avec eux
quand il apprend le retour de Siegfried et de sa bande, menaçant de
mettre le feu dans tout Paris si les Vikings ne sont pas payés.
Début
novembre 887, l'empereur traite avec les Normands assiégeant Paris
et leur promet de payer un tribut de 700 livres d’argent au mois de
mars prochain comme prix de leur retraite définitive.
Il
les autorise à aller piller la Bourgogne en amont de Paris durant
l'hiver, cette région étant peut-être en révolte contre lui.
Le
6 ou le 7 novembre, Charles le Gros quitte Paris pour Soissons, où
il distribue des bénéfices. Il est suivi par Siegfried et ses
hommes qui dévastent l'Abbaye Saint-Médard de Soissons après le
départ de l'empereur Charles vers l'Alsace...
Les
Normands de Paris doivent contourner la ville et ses ponts en tirant
leurs bateaux sur la terre ferme jusqu'à la Marne, les Parisiens
leur refusant le droit de passage qui n'est pas prévu par le traité.
Ils remontent la Seine, puis l'Yonne.
Ils
attaquent Melun puis le 30 novembre 886, mettent le siège devant
Sens, qui résiste... Comme à Paris, ils ravagent le pays
environnant (l'Abbaye Sainte-Colombe de Saint-Denis-lès-Sens est
cependant épargnée cette fois).
Ils
pillent les abbayes de Saint-Germain d'Auxerre, Bèze et Flavigny où
ils séjournent du 11 au 25 janvier 887.
Au
mois de mai, comme convenu, ils retournent à Paris, passent le pont
sans opposition et s'installent dans leur ancien campement de
Saint-Germain-des-Prés.
Ils
reçoivent leur tribut de 700 livres, somme que le nouvel évêque
Anschéric est allé chercher auprès de l'empereur à Kirchen, en
Alémanie... Mais au lieu de redescendre le fleuve, ils tentent de
repartir en amont et de passer les ponts par surprise.
Après
une altercation, ils obtiennent des Parisiens le droit de passage, à
condition qu'ils ne s'aventurent pas sur la Marne.
Ils
avancent en direction de Sens, puis font demi-tour et à l'automne
remontent la Marne jusqu'à Chessy, près de Lagny, où ils prennent
leurs quartiers d'hiver.
A
l'annonce de la rupture du traité et du massacre de 20 chrétiens
par les Vikings, les Parisiens exécutent une poignée d'entre eux
qui se trouvent dans la ville, à l'exception de ceux protégés par
l'évêque Anschéric, probablement des otages.
Le
récit d'Abbon sert à grandir le personnage d'Eudes, mais il n'en
oublie pas pour autant d'autres qui participent à l'affrontement.
Notons,
du côté Viking, le nom de Siegfried, qui ne doit pas être chef de
cette armée, mais plutôt une sorte d'ambassadeur sachant maîtriser
le latin afin de pouvoir parlementer avec les chrétiens, celui-ci
repart vers la Frise à l'automne 887 où il meurt.
Abbon
est plus prolixe en ce qui concerne le camp chrétien. Nous avons
donc le comte Eudes, fils de Robert le Fort, et futur roi de la
Francie Occidentale . Les comtes Régnier, Érilang et Utton.
Gauzlin,
l'évêque de Paris, l'abbé Ebles de Saint-Denis, neveu de Gauzlin,
le fils de sa sœur Bilchilde.
Abbon
nous donne également le nom de ces « 12 combattants héroïques
de la tour » prise le 6 février :
Ermenfrois,
Hervé, Herland, Ouacre, Hervi, Arnoud, Seuil, Jobert, Gui, Hardre,
Aimard et Gossouin.
Paris,
ville d'importance mineure sous les Carolingiens, affirme sa position
stratégique au centre de la Francie Occidentale. Bien que malgré
une solide résistance de Paris, les Normands repartent néanmoins
victorieux :
Une
partie de la ville est pillée entre 886 et 887.
De
plus, les pillards lèvent le siège suite à un énorme tribut.
Cependant
les Danois n'oseront plus s'aventurer sur la Seine.
Les
raids danois en Francie Occidentale se font moins fréquents après
le siège... Battus près de Chartres en 911, les Normands
s'installent sous leur chef Rollon dans la basse vallée de la Seine,
qui devient le duché de Normandie, convertis au christianisme, ils
deviennent vassaux des Francs.
Siège
de Paris (885-887) — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Siège_de_Paris_(885-887)
Le
siège de Paris par les Vikings a lieu entre 885 et 887. ... sept
cents livres d'argent en mars de l'année suivante, les autorise à
aller piller la Bourgogne. .... Après deux jours de combats, ils
décident de mettre le siège devant la ville, sans ... Le 31 janvier
886, les Vikings divisés en trois groupes lancent un assaut
général ...
Le
siège de Paris par les Normands. 885
www.vallee-du-ciron.com/Documents/Ouvrages/.../885.Normand.htm
Paris,
épuisé par trois invasions successives des Normands n'occupait plus
qu'une île ... Le 28 janvier 886 ils s'avancèrent vers la tour dont
ils voulaient s'emparer, ... l'éloignement des barbares qui étaient
depuis une année devant Paris.
2.
Des Vikings aux Normands | Parcours pédagogiques du ...
www.larocheguyon.ac-versailles.fr/?p=48
28
mars 2013 - Ière période : pillages et razzias (845/886). 845 : Ier
passage des Vikings devant La Roche. Retour ligne automatique. Ragnar
est à la tête de 120 navires qui remontent la seine jusqu'à Paris.
... Charles le Chauve réussit à repousser les Vikings qui s'en
reviennent à Jeufosse en fin d'année 856. Retour ...
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