jeudi 4 décembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 18 NOVEMBRE 1914


18 NOVEMBRE 1914


I)
Lille Aspirant Lambert Voigt
« Laissez cela tranquille, soldat. »
Le soldat Allemand à qui Lambert vient de s’adresser laisse tomber la boîte à bijoux. Il se retourne pour saluer maladroitement son supérieur qu’il n’a pas entendu arriver. Lambert lui adresse un signe de tête et poursuit l’inspection de l’appartement Lillois dans lequel ils viennent d’entrer. Ses hommes ouvrent les portes une à une. Parfois, ils s’arrêtent, interdits, en découvrant un vaste et prospère salon au mobilier feuilleté d’or, une penderie emplie de lourds et luxueux manteaux de fourrure, ou un boudoir dont les murs disparaissent sous des tableaux impressionnistes.

Lambert pense à ce jour, quelques mois auparavant, où il peignait dans son atelier de Hambourg et où son père était venu lui annoncer la mobilisation du pays. Ses journées de peinture lui paraissent si lointaines.

Des cris le tirent de ses pensées. L’appartement résonne du bruit de ses bottes lorsqu’il se dirige vers un petit salon où deux de ses hommes sont aux prises avec une femme d’une soixantaine d’années. Elle place maladroitement ses mains au-dessus de sa tête, comme si elle craignait d’être battue, son chignon est défait, des mèches grises tombent sur le col noir de sa robe.

Brutalement, les deux subalternes de Lambert la poussent vers lui.
« Taisez-vous ! crie l’un d’entre eux en allemand. Ça suffit !
— Allez-vous-en ! Lâchez-moi ! répond la femme en français.
— Laissez-la. »

Les deux soldats qui tentaient de maîtriser la Lilloise s’écartent d’un pas sur l’ordre de Lambert. Il tousse poliment et repense à ses leçons de français.
« Madame, nous ne vous voulons aucun mal, annonce impeccablement Lambert.
— Ah, vous parlez français, monsieur ! Alors, sortez de chez moi ! s’emporte la femme.
— Hélas, madame, ce n’est pas possible, dit-il avec délicatesse. Vous avez des oiseaux dans votre appartement.
— Mes oiseaux ? Mais qu’en avez-vous à faire ? crie-t-elle avec violence.
— Voyons, madame, vous connaissez la règle, j’en suis sûr. Pas d’oiseau susceptible de porter des messages en territoire occupé.
— Mais mes colombes ne portent pas de message ! répond la femme en tremblant. Je vous en prie, elles ont toujours vécu en cage ! Ce sont de simples oiseaux ! »

Elle s’approche d’une splendide cage dorée qui abrite deux magnifiques colombes aux plumes d’un blanc éclatant.
Lambert, résigné, fait signe à ses hommes de s’emparer de la Française. Elle s’accroche avec force à la cage. Les volatiles remuent frénétiquement des ailes, perturbés par cette agitation. Les Allemands doivent l’arracher de la volière, qui tombe au sol.

« Je vous en prie ! dit-elle, presque suppliante. Elles n’ont rien fait !
— Madame, je ne fais qu’exécuter les ordres, dit sobrement Lambert, qui se doit d’ignorer sa compassion pour la détresse de la Lilloise. (Il sait qu’il devrait reporter cette possession illicite d’oiseaux messagers à la Kommandantur, mais il n’en fera rien.) Laissez-nous faire et vous ne risquerez rien.
— Prenez ce que vous voulez, mais laissez-moi mes colombes ! »

La femme a des larmes dans ce dernier cri.
Elle sanglote mais ne se débat plus. Sur un signe de tête de Lambert, l’un des soldats l’emmène avec lui hors de la pièce. Lambert désigne la cage au subordonné resté dans le petit salon puis il sort de la pièce.
Derrière lui, deux détonations retentissent dans l’appartement. Des cris de femme suivent presque immédiatement...

Sur le palier, Lambert prend une grande inspiration. Ses hommes sortent les uns après les autres. Il sort son calepin et raye l’adresse de la première ligne.
« Encore 6 visites à faire », annonce-t-il pour lui-même alors que le dernier soldat quitte l’appartement dans une odeur de poudre.

II)
Ce qui faisait l’actu dans nos journaux il y a tout juste 100 ans.

En France :
Le journal « Le Temps » publie le bulletin qui fait le point sur la situation militaire, en voici quelques extraits :
« La deuxième grande bataille livrée par les Allemands en Flandre semble tirer à sa fin. On sait que la première s'est engagée sur le front Nieuport - Dixmude et a été, de la part de nos adversaires, une incontestable faute tactique. Prétendre arriver sur Dunkerque et Calais en longeant le rivage de la mer, alors qu'ils se heurtaient aux excellentes troupes Franco-Belges garnissant la rive gauche de l'Yser, et recevant un efficace appui de l'escadre Franco-Britannique, et en plus une inondation très facile à organiser, voilà une conception qui ne fait pas honneur au grand état-major Allemand. (…)

La seconde tentative de l'ennemi pour conquérir le tant désiré Pas-de-Calais est plus raisonnable, puisqu'elle consiste à peser sur notre front dans la région d'Ypres, c'est-à-dire dans un secteur où les Allemands n'ont à craindre ni l'inondation, ni les canons de la flotte alliée. Pour augmenter le nombre de leurs atouts, ils ont d'ailleurs déplacé une fois de plus le centre de gravité de leurs forces et fait refluer vers le nord des corps d'armée actifs tels que le 2e Bavarois et la garde, préalablement complétés par l'afflux incessant de recrues et de réservistes.

C'est donc à très forte partie qu'ont eu affaire les contingents Franco-Britanniques qui défendent Ypres et ses abords. (…) Mais après une lutte acharnée, qui a duré 5 jours, l'effort Allemand semble cette fois encore brisé. Ça été, comme dans les tentatives précédentes, le massacre de ces lignes épaisses d'infanterie menées à l'assaut par des officiers frais émoulus dont la bravoure ne compense pas l'inexpérience.
Au corps de la garde et au 2e Bavarois, nombre de compagnies voient de nouveau leur effectif tombé au-dessous de 100 hommes. 3 mois de guerre ont trempé l'armée Française et déprimé l'armée Allemande. »

Le bulletin fait aussi le point sur les autres théâtres d’opération, en voici les extraits :
« Cependant de graves événements se sont passés en Pologne. L'offensive aussi rapide qu'imprudente que le général de Hindenburg a poussée jusque sur les rives de la Vistule, de Sandomir aux environs de Varsovie, a été immédiatement suivie d'un recul encore plus rapide, et de l'évacuation à peu près totale du territoire Russe.
Tandis que les Autrichiens sont rejetés sur Cracovie, abandonnant toute la Galicie, les Allemands exécutent une retraite divergente pour venir border leur frontière.
Un premier groupement semble s'être formé de Czentochow à Zarky, couvrant la Silésie méridionale, un second serait dans les environs de Kalich, à peu près à égale distance de Breslau et de Posen.
Plus au nord, la place de Thorn est le point d'appui d'un détachement assez fort installé à cheval sur la Vistule, au sud-est de Thorn, et qui semble avoir quelque velléité d’offensive, à l'est de Thorn, vers Soldau, quelques troupes défendent l'accès de la Prusse occidentale.
Enfin la petite armée de la Prusse occidentale bat en retraite sur la ligne Gumbin-nen-Rastenburg. (…)
Et ce n'est certainement pas l'entrée en lisse de la Turquie qui peut ajourner sensiblement la réalisation de nos espérances...
Le Caucase a très suffisamment de troupes Russes pour se protéger contre une offensive Turque, même dirigée par des officiers Allemands, et le poids du « rouleau compresseur » dont le territoire Prussien, après la Galicie, va éprouver la puissance, ne sera pas diminué d'une once. »

Très peu de nouvelles de la région, le communiqué officiel n’indique que « entre, Armentières et La Bassée, une lutte d'artillerie particulièrement vive. »

Comment démystifier l’ennemi, si ce n’est en se moquant de ses entrailles. Voici un article publié dans Le Temps : L’intestin allemand
« Dans une de ses dernières chroniques, notre collaborateur, M. Pierre Mille, rapportait que, d'après l'éminent chirurgien de Strasbourg, le docteur Bœckel, l'intestin de la race Germanique atteint un développement très supérieur à la moyenne. Il paraît que dès 1870, le fait n'est pas ignoré. La découverte du docteur Bœckel sur l'intestin allemand, se trouve déjà mentionnée par Blanqui dans son journal la Patrie en danger, de 1870,
« Ignorez-vous que le Seigneur a marqué la race Germaine du sceau de la prédestination ?... Elle a un mètre de tripes de plus que la nôtre. »

D'autre part, notre collaborateur M. Cunisset-Carnot écrit à M. Pierre Mille : Je viens de lire votre savoureux article sur « l'Intestin allemand ». Voulez-vous me permettre d'apporter un modeste caillou à l'édifice scientifique que vous cherchez si bien à élever devant le monde à l'organe primordial de la « kultur » Germanique ? Oui ! Eh bien, écoutez !

« C’était pendant l'hiver 1870-71, Manteuffel, sous la terreur que lui inspire Garibaldi, a envahi notre Côte-d'Or. Un beau jour, un fort détachement, artillerie, cavalerie, infanterie, arrive et s'installe dans ce charmant petit bourg de Pouilly. Pas de résistance de la part de cette paisible population, dont tous les éléments valides sont aux armées et dont les habitants font ce qu'ils peuvent pour s'épargner les horreurs classiques de l'occupation Allemande. (…) Mais voici que le soir du troisième jour il manque un fantassin ! Alerte, « râhoum ! » etc..., sentinelles partout, menaces horribles aux habitants s'ils sortaient. Vous connaissez le scénario ! Le maire, qui était mon père, vieux médecin du pays, attaché par une courroie, assistait a l'opération, avec la promesse d'être fusillé, ainsi qu'une dizaine de notables, si la perquisition ne faisait pas retrouver le disparu.

On découvre celui-ci précisément chez notre fermier, il est étendu raide mort, dans une sorte de réserve en sous-sol, où la fermière a cherché à cacher quelques provisions. Alors, ce n'est pas long ! Les « hauts civilisés » collent au mur mon père, le fermier, sa femme, je ne sais qui encore et ils vont les fusiller, lorsque le médecin-major du détachement, survient, s'informe et obtient de l'officier que l'exécution n'ait pas lieu avant que l'on ait examiné la victime et fait son autopsie.

Aussitôt mon père est détaché, aide à installer le cadavre sur la grande table de la ferme, puis à faire l'opération... Elle est vite terminée l'homme ne présente aucune blessure, mais son ventre distendu fait bourrelet au-dessus de ses cotes.
Empoisonnement alors ?
Les Allemands n'en doutent pas. Incision à la cavité abdominale. Elle explose ! Elle a été distendue et gonflée jusqu'à la mort par une seule matière que l'on ramasse et que l'on pèse...
Du lard cru, il y en a 11 livres ! Et mon père, en me racontant la scène, ajoute gravement « Si ce cochon-là n'avait pas avalé tout ça sans le mâcher, il l'aurait peut-être digéré ! »
Sans, doute son intestin n'a pas encore ces « proportions harmonieuses », comme vous dites, que la plus haute civilisation du monde a développées chez ses représentants les plus qualifiés.
Cependant, 11 livres de lard, c'est bien quelque chose déjà et la marche vers le progrès se dessine joliment bien. »

III)
Courmelles
Il a gelé cette nuit, si ferme que la glace des ornières et des ruisseaux ne dégèle pas de la journée, malgré le soleil. Les coups de canon pètent sec dans l’air très pur.
FLAQUE GELÉE
Les avions allemands ne cessent de tourner au-dessus de nos troupiers occupés à creuser des tranchées et à tendre des réseaux de fil de fer du côté de l’Arbre de Bourges. Au-dessus de Bucy-le-Long nos shrapnells posent dans le ciel des nuages blancs qui seront les seuls de cette merveilleuse journée. Les Allemands ne répondent pas… […]

Toute la journée et toute la nuit, les bataillons cantonnés à Vignot ont été maintenus en état d’alerte. Aucun incident à signaler.
Quelques avions ont survolé le village. Le soir, les bataillons des 29e et 171e sont partis faire la relève. La 1re compagnie partie le 17 au Bois Brûlé est restée dans les tranchées, les autres compagnies rentrées cantonnées à Boncourt partent au soir faire la relève du 172e au Bois Brûlé.
Les 9e et 10e Compagnies du 3e bataillon, après avoir passé la nuit du 17 au 18 aux tranchées de la Vaux Féry rentrent à 11 heures à Pont-sur-Meuse où sont cantonnées les deux autres compagnies du Bataillon. Le 3e Bataillon a quitté Pont à 18h30 pour relever le 3e Bataillon du 171e placé au Bois de Vaux Féry. La relève s’est effectuée sans incident.
État des pertes : un sous-officier, le sergent Lebatard, a été blessé à la cuisse. Caporaux et soldats : deux blessés : soldat Blanc, blessé à la cuisse et soldat Thibault blessé au mollet, tous deux par éclat d’obus).

Repos toute la journée. Nous devons aller aux tranchées ce soir. Le bataillon quitte Ville-sur-Cousances à 19 h. Passé à Jubécourt, Auzéville, Vraincourt, Aubréville.

IV)
Les Allemands radiés de la Légion d’honneur
Sur proposition du président du Conseil René Viviani, le 18 novembre 1914 un décret présidentiel radie de l’ordre de la Légion d’honneur les ressortissants Allemands qui y ont été reçu. Cette décisions est une conséquence directe de la guerre et la rupture est totale.
Le même jour, le général Durand, blessé gravement le 16 septembre 1914 près de Craonne dans l’Aisne à la tête de la 65e brigade d’infanterie succombe à la Rochelle.

La situation en Russie est préoccupante puisque le ministre de la Guerre convie les ambassadeurs de Grande-Bretagne et de France à un échange au cours duquel il affirme que son pays est en rupture de production d’obus d’artillerie et de munitions.
En clair, les usines ne parviennent pas à élever leur production pour répondre aux besoins des armées et aux commandes qu’elles passent.

V)
Le lieutenant Charles de Gaulle de la 7e compagnie du 33e régiment d’infanterie adresse cette fois une carte militaire à sa mère :
« Rien de bien nouveau en ce qui me concerne, sinon que notre repos relatif de ces derniers jours se termine ce soir. La nuit prochaine, nous passons de nouveau en première ligne, mais cette fois en dehors des bois ce qui nous enchante ».
L’officier qui s’ennuie lorsqu’il est au repos en pleine campagne dévastée par les tirs d’artillerie a envie de s’expliquer avec l’adversaire :
« Il gèle le matin maintenant. Puisse-t-il geler désormais tous les jours et tout le temps pour que nous soyons débarrassés de la boue, ennemi redoutable des troupes qui ne bougent guère ».
Avant de confier : Le moral de tous continue d’être excellent. Il est dorénavant établi à la face du monde que notre armée, plus puissante que jamais moralement et physiquement après 4 mois de guerre bientôt, est un instrument merveilleux et elle le fera de mieux en mieux sentir ».

VI)
... Les Français n'étaient pas prêts...
L'Allemagne ne perd pas espoir de désunir les alliés et de conclure une paix séparée soit avec la Russie, soit avec la France.
Elle continue avec nous en temps de guerre ce système de douche écossaise qu'elle a adopté pendant la paix : ce sont des alternatives de violence et de flatterie.
En ce moment, les Allemands voudraient nous faire croire que l'invasion n'a été qu'une bourrade amicale. Entre les avances qu'elle nous fait, il vient d'arriver à La Gazette de Cologne d'écrire quelque chose d'humoristique et de terrible à la fois :
« La meilleure preuve que les Français ont été entraînés dans cette conspiration contre l'Allemagne, est qu'ils n'ont pas, à la différence de leurs alliés, prémédité cette agression contre nous, c'est qu'au point de vue militaire ils n'étaient pas prêts. »

Nous n'étions pas prêts et le gouvernement de la République faisait une politique étrangère qui menait droit au plus grand conflit des temps modernes. Le Livre bleu Anglais fournit la preuve que, dès la première heure, M. Sazonof et notre ambassadeur étaient d'accord et résolus à conduire la guerre avec énergie jusqu'au bout. On saura peut-être un jour les dessous de cette grande intrigue, l'histoire vraie des missions malheureuses qui se sont succèdées à Petrograd depuis le marquis de Montebello (l'amiral Touchard, Bompard, Georges Louis), la rencontre de l'activité bien connue de l'ambassadeur Isvolski à Paris avec l'esprit d'entreprise de Delcassé, ses ambitions de grande diplomatie. Or, depuis l'Affaire Dreyfus, Paléologue (ambassadeur de France à Moscou) est l'auxiliaire le plus intime de Delcassé.

Dans le journal où un Français habitant Petrograd - le capitaine de C... - a écrit ses impressions des journées décisives du conflit, journal publié par Le Correspondant du 10 septembre, je trouve ceci : « 31 juillet : je vais à l'ambassade de France... Je trouve l'ambassadeur fort occupé... M. Paléologue paraît tout à fait certain de la guerre, et s'en réjouit presque en songeant que la situation actuelle est la plus favorable que l'on ait jamais pu espérer... »

Ainsi, le 31 juillet, quand on annonçait à Paris que la diplomatie faisait tous ses efforts pour conserver la paix, l'ambassadeur de France en Russie « paraissait tout à fait certain de la guerre et « s'en réjouissait presque ». Ô peuple souverain ! Ô volonté des électeurs !

Le 1er août, le même témoin note encore : « Une petite inquiétude est dans l'air au sujet de l'Angleterre, mais, en, tout cas, pas à l'ambassade de France. La guerre sera terrible, affreuse, me dit l'ambassadeur, mais nous devons l'envisager d'un cœur hardi, car jamais, jamais nous n'avons été aussi appuyés, aussi prêts et surtout aussi affermis dans notre bon droit... »

Comment, dès le 1er août, pouvait-on ne pas douter du concours de l'Angleterre, qui affirmait au contraire que le conflit ne l'intéressait pas ? Il y a là une énigme qui sollicite toutes les curiosités...

On me dit que le général Joffre demande 500.000 hommes pour arriver à chasser les Allemands de France.
Le fait est qu'il importe d'en finir. L'envahissement, depuis 3 mois qu'il dure, prend le caractère d'une véritable occupation. Je lis dans les journaux Allemands qu'une commission impériale des mines est nommée pour établir le régime de la métallurgie dans le bassin de Briey. La presse Française ne souffle pas mot de cela.
Un amiral, dans Les Tablettes des Deux-Charentes, déplore l'inactivité de notre flotte, qui, depuis 3 mois, dans l'Adriatique, n'a pas fait autre chose que couler un croiseur et bombarder Cattaro. Au fait, avons-nous intérêt à sacrifier nos marins et nos navires pour détruire la flotte Autrichienne et prendre Trieste, c'est-à-dire tirer les marrons du feu pour les Italiens ?

VII)
La nuit a été assez calme. L'après-midi, obus sur le 5, le 11, cela devient épouvantable..
C’est ce jour que le destin de la famille Moreau va basculer dans l’horreur.
L'Affaire « Moreau »
La tragédie vécue par toute une famille soupçonnée à tort d'espionnage.
Louis Moreau raconte leur aventure au journal Nord-Matin le  Mercredi 12 avril 1966
Reportage Gérard Coucke -
Toute l’affaire commence un jour de Novembre 1914.
« Nous habitions alors à Grenay, nous avions évacué notre maison de Bruay pour fuir les Allemands. Nous étions 6 à la maison : Mon père Louis âgé alors de 48 ans, trop vieux pour être mobilisé et qui comptait déjà 35 ans de mine, ma mère Adèle, mes frères Arthur  19 ans, Raoul 6 ans et Alfred 5 ans, et ma sœur Georgette 14 ans. Mon autre frère Georges était au front. J’avais 18 ans. Je travaillais à la mine avec mon père…
La maison se trouvait à la cité du Maroc, un coron peuplé exclusivement de mineurs.
En ce mois de novembre 1914, il est également occupé par des troupes Françaises et la maison des Moreau a été réquisitionnée comme les autres pour héberger des soldats. Le front est tout proche. Lignes Allemandes et Françaises se touchent presque.
Nuit et jour autour des « cahutes » restées debout, de furieux combats  aux issues incertaines s’engagent. De là une vague d’appréhension, de craintes et de soupçons, une espionnite aiguë que la plus infime coïncidence vient fortifier et exalter.

Chez les Moreau, la vie continue tant bien que mal. Les deux Louis père et fils, et la famille partagent leur  pain avec les soldats qu’ils reçoivent. L’un d’entre eux, ordonnance d’un capitaine du 21° régiment d’infanterie, pour remercier les Moreau de leur hospitalité, leur offre du savon, une brosse et la lanterne d’un cycliste Allemand récupérée dans les lignes au cours d’une attaque... Le jeune Louis, qui reçoit ce cadeau, l’accepte avec d’autant plus de joie qu’il le destine à son frère Georges le jour où celui ci viendra en permission. C’est un objet précieux et rare.

Le 18 novembre 1914, il est environ 21h, nous étions tous couchés. Mon père en revenant de la mine, a essuyé sur la route un violent bombardement et il en est encore commotionné... Soudain on tambourine à la porte. Une voix crie : Ouvrez ! ou nous enfonçons la porte !
Ma mère se lève et va ouvrir. Des hommes, revêtus de longues pelisses d’automobilistes entrent en trombe dans la maison, poussent violemment ma mère en lui criant :
- Vous avez un espion chez vous ! Où est-il ?
Entre temps mon père est également descendu. Les hommes le séparent de ma mère chacun d’un côté et l’accusent lui aussi d’héberger un espion. Affolé par tout ce vacarme et croyant qu’il s’agit des allemands, je descends à mon tour. C'est pour recevoir une magistrale paire de gifles !... Les hommes, des soldats Français, fouillent alors la maison de fond en comble, et découvrent la lanterne Allemande.
C’est avec ça, hein que vous faisiez des signaux aux allemands ? Avouez !…

Un signau, réplique naïvement Adèle Moreau, qu’est ce que c’est ?
L’étonnement des Moreau est d’autant plus grand qu’ils parlent tous le patois du Nord et comprennent fort mal le Français.
Ils sont tous illettrés ou presque, il faut leur expliquer qu’ils sont accusés d’avoir envoyé par la fenêtre de leur maison des messages chiffrés à l’ennemi, sans doute avec la lanterne saisie !...

Nous ne comprenions rien de rien à toute cette histoire, comment aurions nous pu faire des signaux aux Allemands alors que nous n’avions aucune goutte de pétrole à la maison ?
La lanterne n’a d’ailleurs jamais fonctionné depuis que ce soldat me l’a donnée.
C’est si vrai que nos accusateurs craquent presqu’une boite d’allumettes  entière pour arriver à la faire marcher... Et encore faut-il sur leur demande que mon frère Arthur  humecte la mèche avec de l’huile pour la faire prendre !... Les soldats se mettent de plus belle à hurler, nous traitant d’espions et nous brutalisant.
Coups de poing et de pieds s’abattent sur nous. On nous accuse, nous des Français, d’être des agents de l’ennemi, alors que mon frère Georges se bat au front pour sa Patrie !

Finalement les soldats nous emmènent tous au château de Bully, Rue J. Jaurès, où l’on nous parque dans une cave sous la garde de soldats en armes. Puis, nous sommes séparés.
Mon père, mon frère Arthur et moi-même sommes conduits devant des officiers pour être interrogés... Ils ne nous posent  pas beaucoup de questions, parlent surtout entre eux, et sans cesse, le mot espion revient dans leurs propos... Ils nous font signer  des papiers en blanc, certains sont écrits, mais nous ne pouvons comprendre quoi que ce soit, et pour cause, nous ne savions pas lire ! Enfin, on nous conduit  tous dans les écuries à chevaux de la fosse n°1 pour y passer la nuit. »

Que s’est-il donc passé ?
Les Moreau le sauront, mais bien plus tard dans le box des accusés, face au conseil de guerre.
Depuis le 12 novembre 1914, les batteries allemandes installées devant Grenay, ne cessent de bombarder le village.
Louis Moreau le père, est rentré de Périgueux où il a été démobilisé en raison de son âge et de ses charges familiales.
Et depuis ce jour là, une épicière du village a cru voir à la fenêtre de leur maison d’étranges lueurs qui coïncident avec les bombardements ennemis.

Chaque soir depuis le 12 novembre, à la tombée de la nuit, et peu après que ces mystérieux signaux soient émis, les allemands harcèlent la commune.
Dans ce lourd climat d’inquiétudes et de soupçons qui pèse sur le village menacé, l’épicière intriguée par cette coïncidence, formule rapidement la conclusion qui s’impose à son esprit tourmenté : Les Moreau informent l’ennemi ! Le père ne vient-il pas de rentrer alors que tous les hommes sont au front ?

Certes on a dit qu’il revenait de Périgueux, mais ne rentre-il pas de la zone occupée, de son ancien village là où se trouvent les Allemands ? Pourquoi, depuis son retour, chaque soir, l’ennemi bombarde-t-il Grenay toujours à la même heure ?
Et sans chercher à en savoir davantage, l’épicière dénonce les Moreau aux autorités militaires... L’énigme pourtant reste entière les Moreau niant farouchement et la lampe trouvée chez eux n’ayant jamais fonctionné !

L’explication vient plus tard... bien plus tard, après que toute la famille eût été envoyée au bagne,
C’est Paul Painlevé, alors ministre de la guerre, qui la révèle après coup : La lumière que l’on a prise pour un signal est celle de la veilleuse à huile dont les Moreau, faute de pétrole, se servent  chaque soir pour aller se coucher.
Le travail à la mine est dur, les journées longues et le réveil matinal. Pour cette raison et faute d’un éclairage suffisant, la famille se couche peu après la tombée de la nuit. Chaque soir, pendant qu’ils gravissent l’escalier pour monter dans leurs chambres à l’étage, cette veilleuse portée par Adèle Moreau est visible de l’extérieur. En défilant chacun à leur tour devant la veilleuse, ils provoquent ainsi une interruption de lumière... C’est ce qui fait croire à un signal codé, ajoute le Ministre... D’ailleurs on s’aperçoit plus tard que leur maison n’est pas visible des lignes Allemandes !
On s’y trompa de bonne foi à l’époque mais on s’y trompa !!!

Conseil de Guerre

« Ils nous interrogent les uns après les autres, parfois ensemble. Ce ne sont que coups et menaces.
Ils sont furieux de nous voir résister. Tous les jours, nous sommes battus. Une fois un des policiers a mis son revolver sur la tempe de ma sœur Georgette, âgée alors de 14 ans, pour la forcer à avouer au nom de toute la famille ! Mais Georgette n'a rien dit. Ils se sont acharnés surtout sur ma mère qui était accusée de porter la lanterne et qui a dit aux petits de ne jamais dire oui. Pour eux, elle a commis un véritable crime ! »
Ils sont jugés le soir du 10 décembre 1914 dans la classe d’une école de Sains-en-Gohelle.
« La séance a duré plusieurs heures et parmi les officiers qui nous jugeaient, certains même se sont assoupis pendant l’audience ! Nous étions devant le conseil de guerre de la 13° division d’infanterie, accusés de complicité d’espionnage et d’intelligence avec l’ennemi ! c'est une parodie de justice. »
Une seul pièce à conviction : La fameuse lampe Allemande qui n’a jamais servi...

L’accusation repose sur la dénonciation de l’épicière et la défense est assurée par un sergent, commis d’office et qui se borne à quelques timides observations.

Adèle Moreau reprend devant ses juges son argumentation naïve : « Je vous jure que je ne sais point ce que c’est qu’un signau. Dites le moi et je vous dirai si j’en ai fait.
Louis Moreau, le père, clame son innocence et celle de tous les siens, invoquant la présence de son fils aîné au front.
Louis, le fils, soutient crânement son père et Arthur réclame qu’on l’envoie lui aussi au combat, « Afin, dit-il, que mon acte prouve mon innocence et mes sentiments de bon Français ! » 
C’est dans la cave de l’école que, tard dans la nuit, les Moreau prennent connaissance du verdict :
Adèle Moreau est condamnée à mort
Son mari et Louis à 5 ans de travaux forcés au bagne. Arthur qui au cours de l’audience s’est révolté contre la mauvaise foi de ses accusateurs et les a traités de menteurs, est condamnés à 5 années supplémentaires, soit 10 ans de bagne !
Georgette (14 ans) est envoyée dans une maison de correction et les petits Raoul (6 ans) et Alfred (5 ans) confiés à l’assistance publique !

La prison de Saint Pol les accueille à nouveau. Puis on les sépare, les hommes d’un côté pour le bagne, la mère de l’autre pour le poteau d’exécution. Cette sentence injuste provoque deux morts immédiates.

La sœur d’Adèle Moreau, Céline Lecos, devient folle à l’annonce du verdict. Elle part au hasard, en pleine bataille et se fait tuée d’une balle perdue dans une tranchée.
Georges, l’aîné des Moreau, bouleversé par la nouvelle, se porte volontaire pour les missions les plus dangereuses, lui aussi est tué peu après.

Personne n'a revu Adèle dont la peine est commuée à la détention à perpétuité et internée à la prison centrale de Rennes. Minée par le chagrin, elle meurt de désespoir en 1919 seule.

Pour les deux frères, Louis et Arthur, enchaînés ils sont conduits à Paris puis à Orléans et enfin à l’île de Ré où un navire spécialisé dans le transport de forçats vient chercher deux fois par an sa cargaison humaine.
En Mai 1915, Ils reçoivent une lettre d’une cousine qui dit que cette condamnation a soulevé l’indignation des habitants du village et des camarades mineurs du père et que des démarches ont été entreprises afin de les libérer...

Fin du mois de Mai 1915, ils embarquent sur un cargo « Le Loire » pour la Guyane.
Dès leur arrivée, le directeur du pénitencier et le gouverneur de la Guyane leur disent :
« Nous savons que vous êtes innocents, mais il vous faut attendre  la fin de la guerre pour que votre cas soit examiné, en attendant tenez vous tranquille !
Ils sont séparés : Arthur part au pénitencier de Kourou – Louis et son père sur celui de Saint Laurent du Maroni.

Louis Moreau n'a jamais été séparé de son père, ils se sont épaulés mutuellement pour survivre à cet enfer. La santé du père décline peu à peu, usé par trop d’espoirs déçus, par le chagrin et la misère.

En 1919 le directeur les appelle pour leur annoncer le décès de la mère à la prison de Rennes... Louis le père ne s’en remet pas, le 10 décembre 1919, ils sont libérés, mais la loi prescrit que tout forçat libéré doit doubler son temps en Guyane  avant de pouvoir rentrer en France.
Sans argent, sans travail, les libérés finissent par retourner au pénitencier.

Louis Moreau trouve à se faire embaucher comme ouvrier de voirie au salaire de 3 francs par jour.
En 1923, un matin le père donne des signes de faiblesse et s’éteint en disant «Adèle et mes ch’tiots », il est enterré en homme libre au cimetière civil de Saint Laurent du Maroni.

En Juin 1925 Louis a achevé son temps de peine.
Arthur a terminé sa peine mais ne peut partir, sa condamnation excédant 8 ans, il devait rester à vie en Guyane... C’est la mort dans l’âme que Louis revient en France seul avec la volonté de tout faire pour être réhabilité.

Il débarque le 23 Juillet 1925 et se rend à Grenay où il est accueilli avec joie par les habitants.
Il retrouve sa sœur Georgette qui s’est mariée. Mais une joie beaucoup plus grande encore l’attend : quelques jours à peine après son arrivée, il reçoit une lettre de son frère lui annonçant qu’il a été gracié et qu’il peut revenir en France... Pour la première fois depuis 11 ans, la justice intervient enfin en leur faveur.
Mais cette joie est de courte durée, ils vont à l’assistance publique pour voir leurs 2 frères ce qui leur est refusé car ils sont toujours condamnés.

Le député Alfred Maës s’emploie 3 ans durant à obtenir leur réhabilitation en vain et pour comble de malheur en 1926 les gendarmes viennent chercher Arthur qui entre temps s’est marié et a trouvé un travail de mineur – il s’indigne en prétextant qu’il a été gracié, mais l’armée exige qu’il fasse ses 3 années de service militaire !
Arthur est expédié comme un vulgaire assassin, menottes au poing entre deux gendarmes au dépôt de Collioure, puis jeté  dans les cales d’un cargo avec d’autres exclus, il est conduit à Oran et il est affecté à un  bataillon d’Afrique, il est gracié un an après.

Enfin le 19 janvier 1935,  la cour spéciale de justice militaire entame la procédure de révision du procès de novembre 1914, et annule purement et simplement la condamnation de 1914.
Le seul souhait émis par Louis est de retourner à Saint Laurent du Maroni pour se recueillir sur la tombe de son père.

Ce n’est qu’en 1967, grâce à la solidarité des associations, de la population, de la municipalité  de Bully-les-Mines et de son maire Jean Mallet qu’une somme de 5.000 frs est récoltée pour que les frères Moreau puissent s’envoler le 16 Mars 1967 pour la Guyane, en pèlerinage avec l’espoir de se recueillir sur la tombe de leur père, ce souhait ne se réalisera pas car, passé un délai de 5 ans les tombes qui n’ont pas de concession à perpétuité sont supprimées... La promesse faite a été tenue, ils rentrent chez eux ayant pu réaliser la seule chose qui leur tenait à cœur.

VIII)
...C'est de cette façon que j'ai été nommé au commandement provisoire du « un canon » remorqueur « Laborieux » avec mission d'aller chercher un gros navire allemand, le « Kalymnos », capturé dès le début des hostilités, et de le ramener à Malte pour le remettre aux Anglais qui en ont fait la prise, mais ont dû le laisser à Sidi Abdallah.

Le 18 Novembre 1914, dans la matinée, j'appareille fier comme Artaban, avec un bateau, un canon, mes 35 hommes d'équipage.
Dehors, j'ai rencontré un temps abominable, une mer à défoncer tous les « un canon » de l'univers. Je n'ai qu'une ressource, je suis à la hauteur de Gozo, l’îlot N.O. du groupe Maltais. Je dois rentrer me réfugier à Malte.
Vous pensez si cela m'ennuie.

Tous mes camarades ne tardent pas à me blaguer sur ma sortie. Et c'est effectivement ce qui m'est arrivé, car je ne peux plus étaler avec mon petit navire de 55 mètres, et je dois me décider à retourner à La Valette. Je suis furieux de ce contretemps, mais il faut rentrer et si je vous le dis, si je vous dis également que je m'attends aux sourires et demandes ironiques de tous, vous pouvez être sûr qu'il n'y a plus moyen de faire route... Aussi ai-je été bien accueilli à mon entrée dans le port !

Mon camarade Raffi m'envoie un mot : Commandant du Laborieux, je vous croyais plus hardi !!!!!! avec 6 points d'exclamation !
Quant au Commandant, il est stupéfait et me demande avec angoisse ce qui m'est arrivé. Je le rassure immédiatement et l'assure du bon état de mon navire... Enfin, tout le monde me « chinait » très gentiment, lorsqu'on apprend que des torpilleurs et contre-torpilleurs, sortis le matin, rentrent également.
Eux, non plus, n'ont pas pu tenir dehors !

Personne ne se moque plus de moi. Au contraire, on commence à m'approuver; j'ai eu du flair, sens marin très développé, etc...

Le N.O. souffle en coup de vent pendant 2 jours.
Enfin le 20, il y a une accalmie dont je profite pour appareiller de nouveau.
Dans la nuit du 20 au 21, le « Hurricane » se déchaîne à nouveau, et j'attrape un coup de tabac soigné.

Enfin, je réussis à arriver à Bizerte dans la nuit du 21, après, comme vous le voyez, bien des émotions.
Je ne suis pas resté du reste à Bizerte; le « Kalimnos » est à Sidi Abdallah, sur le lac. C'est là que j'ai amarré mon navire et ai pu dormir en toute sécurité.
Départ de Sidi Abdallah le 25, j'escorte le « Kalimnos » et suis derrière lui en ligne de file. A peine sommes nous arrivés à la hauteur de Farina à l'entrée ouest du Golfe de Tunis, que la mer se creuse, le vent prend au N.O., fraîchit.
Vers 22h, il vente à tout démolir...
Le « Kalimnos » étale, mais mon bateau bien qu'ayant la mer de la hanche fatigue énormément. Il a de tels coups de roulis que par moment, on pense qu'il va faire le tour complet.
Enfin, j'ai pendant toute la nuit une mer démontée, augmentant de force d'heure en heure, rendant la navigation de notre convoi, impossible. Nous relâchons à l'abri des vents de N.O. dans cette petite baie de Kélibia, d'où je vous ai envoyé une carte...

2 navires ont dû déjà s'y réfugier, un vapeur Français et le cuirassé « Latouche Trévill ». Dans cette même nuit, plusieurs torpilleurs se réfugient où ils peuvent, 2 d'entre eux sont en perdition et sont sauvés par des remorqueurs.

Enfin, vous le voyez, j'ai eu de la guigne pour mon premier commandement. Je n'ai quitté « Kélibia » que le 27 dans l'après-midi...

Le lendemain, en mer, par beau temps, je rencontres deux vapeurs Anglais, j'ai arraisonné l'un deux, j'ai visité l'autre. Rien de suspect dans leurs papiers. Nous les avons laissé continuer.

Je suis arrivé à Malte le dimanche 29 avec mon convoi en parfait état. J'y ai reçu les félicitations du Capitaine de Vaisseau délégué du Vice Amiral, Commandant en Chef et j'ai été relevé de mon commandement pour être dirigé sur le « Marceau » qui à ma très grande stupéfaction a quitté son mouillage de La Valette.

J'ai immédiatement été embarqué sur le « Casabianca », torpilleur de haute-mer, mouilleur de mines qui part dans l'après-midi du Dimanche pour la Mer Ionienne...



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18 nov. 2014 - Le 18 novembre 1914 : Trois mois de guerre ont trempé l'armée française et déprimé l'armée allemande. Par la rédaction pour Il y a 100 ans ...
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18 nov. 2014 - 18 novembre 1914. Courmelles Il a gelé cette nuit, si ferme que la glace des ornières et des ruisseaux ne dégèlera pas de la journée, malgré ...







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