samedi 27 décembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 10 DECEMBRE 1914

10 DÉCEMBRE 1914



I)
Le 10 décembre, un nouveau gain de 100 mètres est enregistré. Une compagnie, composée de 2 sections de la 9e Cie, d'une section de la 11e et une autre de la 12e, est placée sous les ordres du Lieutenant Colin. Une attaque doit être tentée par 3 sections pendant que la 4e doit essayer de se rabattre sur le flanc de la tranchée Allemande. Le mouvement doit être facilité par les feux partis du mur du parc Bamberger et qui prendront de flanc la tranchée ennemie. Les sections d'attaque ont pour base de départ, les ouvrages D et E.
La 12e Cie reste sur ses positions pour parer à toute attaque sur le flanc droit (1 peloton de la 9e Cie est en réserve, en seconde ligne dans l'ouvrage D, 3 sections de la 11e Cie sont en première ligne dans l'ouvrage E et une compagnie de territoriaux est placée en réserve générale).
A 12h35, les canons de 90 placés aux routes de Vilcey et de Norroy, ouvrent le feu sur les tranchées Allemandes.

A 13h10, des brèches sur les tranchées sont signalées.
A 13h30, les sections désignées pour l'attaque, quittent les ouvrages D et E et s'élancent à l'assaut. Malgré une vive fusillade, la première tranchée, (située à une centaine de mètres de l'ouvrage D), est enlevée. Nos troupes sont beaucoup moins heureuses en tentant d'aborder les tranchée de seconde ligne. Les tirs partant d'un ouvrage de seconde ligne, situé à une centaine de mètre de la première tranchée, empêche toute progression.
En effet, cette seconde ligne Allemande est particulièrement bien organisée, établie sur une crête, on en aperçoit à peine le tracé et n'a pu être bouleversée par la préparation d'artillerie en raison de la haute futaie et du rapprochement des arbres qui la dissimule en grande partie.
A 14h30, la progression ne pouvant pas s'effectuer, la compagnie d'attaque doit camper sur ces positions afin de conserver les positions conquises.
Pendant toute l’attaque, le Haut-de-Rieupt et la partie située au sud des ouvrages D et E ont été soumis à un fort bombardement d’artillerie de 77. Les défenseurs de Bamberger et de Haut-de- Rieupt ont reçu également des obus de 105.

En résumé, la ligne obtenue est à cheval sur les tranchées de Vilcey et Norroy, sa droite à 30 ou 40m de l’extrémité Nord du parc, sa gauche en avant de l’ouvrage E.
18 blessés et 10 tués, (le Lieutenant Magnin succombe à ses blessures, le lendemain, à Pont-à-Mousson), sont à déplorer. Les combats continuent toute la nuit, et le lendemain, 11 décembre...

II)
Les trois Bataillons du 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Étranger aux ordres du colonel Giuseppe Garibaldi, ayant comme adjoint le commandant de Duplaa de Parot, se rejoignent au camp de Mailly : Deux bataillons viennent de Montélimar, et un de Nîmes. Ils sont exclusivement composés d’Italiens. L’effectif du Régiment est de 57 officiers, 2194 sous-officiers et légionnaires, et 184 chevaux et mulets.
A son arrivée au camp de Mailly, le Régiment a été placé sous l’autorité du Général De Torcy, commandant la 20e Région, et le Haut Commandement du généralissime Joseph Joffre.

Du 10 au 16 décembre, le Régiment séjourne au camp de Mailly.
Puis le Régiment cantonne à la Pierre Croisée, où il essuie un bombardement intermittent, mais il ne subit pas de pertes.

III)
Le bilan réconfortant d'une semaine :
Notre artillerie ne connaît que le succès
Notre infanterie ne connut pas le recul

Paris, 10 décembre, 18h29.
Une note officielle expose les principaux faits de guerre entre le 27 novembre et le 5 décembre.
Bien que cette période ne soit pas marqué par de grandes opérations, elle a permis de constater partout l'ascendant de notre artillerie et de notre infanterie.
Notre artillerie, sans souffrir beaucoup, a fait taire, en de nombreux points, les batteries ennemies, dont elle a démoli plusieurs.
Notre infanterie a progressé partout et n'a jamais reculé...

De la mer à l'Oise, le 1er décembre, notre artillerie lourde a endommagé, à Bixschoote et à Merken, les batteries allemandes.

Nous avons détruit, à Wydrendreft, une section de mitrailleuses ennemies.

Le 4 décembre, notre grosse artillerie a imposé silence à l'artillerie allemande.

Elle a détruit, le 29 novembre, dans la région de Knocke, et le 2 décembre, à Bixschoote, des passerelles et des approvisionnements de l'ennemi.

Le 27 novembre, nous avons bombardé, près de Lens, des trains de ravitaillement.

Le 5 décembre, nous avons démoli les travaux de l'ennemi dans la région de Roclincourt.

Voici les principales attaques qui ont été repoussées par notre infanterie :

Le 27 novembre à Paschendaele,
le 30 novembre à Bixschoote,
le 3 décembre à Pasohendaele,
le 5 décembre à Wydrendreft,
le 29 novembre, à Brodseinde, à l'est d'Ypres.
Nous avons progressé dans toute la section nord de 60 à 500 mètres.

3 beaux faits d'armes :
La Maison du Passeur
Les opérations à la suite desquelles nous nous sommes emparés de la maison du passeur constituent un brillant et pénible fait d'armes.
Il s'agissait de déblayer des Allemands la rive gauche de l'Yser, où ils étaient installés.
Sur 1.800 mètres, le canal est bordé là par un marais infranchissable. Une attaque n'est possible qu'en longeant la berge et sur un front très étroit.
En outre, la rive droite domine et nous place sous le feu des mitrailleuses.
Cent volontaires des bataillons d'Afrique combattent, dans l'eau jusqu'à mi-jambe et sous une pluie intense.
De leur côté, les Allemands se montrent extrêmement courageux, et nous avons dû tuer un officier et 15 hommes qui refusaient de se rendre.

Le château de Vermelles :
L'attaque du parc et du château de Vermelles est également remarquable.
Le 1er décembre au matin, les Allemands, assaillis de toutes parts par 2 pelotons, de spahis à pied et 3 compagnies d'infanterie, s'enfuient en essayant vainement de se retrancher dans les bâtiments du château. Les jours suivants, nous repoussons toutes les contre-attaques.

L'attaque de Fay :
L'attaque de Fay, le 28 novembre, est également remarquable. Malgré une fusillade ininterrompue de l'ennemi, nos tirailleurs et sapeurs détruisirent le réseau de fils de fer. Ils trouvent, le 30 novembre, un second réseau.
Malgré une fusillade qui leur cause des pertes sensibles, ils achèvent l'organisation du terrain conquis représentant 400 mètres.

De l'Oise à l'Argonne, notre artillerie a dispersé des colonnes d'infanterie, au nord du fort de Condé, et a obtenu des résultats appréciables.

En Champagne, une batterie de 75 a démoli, le 27 novembre, à l'ouest de Presles, une pièce allemande de 105, tandis que notre artillerie lourde éteint le feu de l'ennemi dans la région de Rouge-Maison, L'activité de notre artillerie, dans cette partie du front, a réduit nos pertes quotidiennes à une moyenne de 100 à 20 hommes.

Nous avons détruit, le 28 novembre, 6 mitrailleuses et une batterie de 21. Nous avons éteint le feu de l'ennemi, le 29 et le 30 novembre.
Nous avons détruit, le 1er décembre, une batterie de 88.
Sur le plateau de Craonne, nous avons fait exploser, le 2 et le 3 décembre plusieurs dépôts de munitions et nous avons réduit au silence, le 4 et le 5 décembre, les canons qui bombardaient Reims.

Nous avons bombardé des trains.

Les répliques de l'artillerie allemande sont généralement assez molles.
Ses seuls succès consistent en deux ou trois bombardements de Reims.

Dans l'Argonne et sur les Hauts-de-Meuse :

Dans le secteur de l'Argonne, aux Hauts-de-Meuse, l'ennemi a montré son maximum d'activité.
Il a dirigé 15 attaques, notamment au nord du Four-de-Paris, sur Fontaine-Madame et le Bois-de-Grurie.

Toutes ont été repoussées avec une extrême vigueur.

Nous avons attaqué et progressé chaque jour dans tout ce secteur.

Nous avons enlevé, le 4 décembre, près de Saint-Hubert, plusieurs tranchées.

Le prétendu succès des Allemands dans le Bois de Grurie, le 1er décembre, consiste en l'explosion d'une tranchée française minée et où une compagnie est presque anéantie.

Mais les compagnies voisines résistèrent dans leurs tranchées, et, grâce à un furieux corps à corps, rétablirent leurs lignes dans une tranchée nouvelle, à 26 mètres en arrière, de la tranchée détruite.

Sur les Hauts-de-Meuse, un épais brouillard et la pluie ont arrêté pendant plusieurs jours les opérations, puis, le 3 et le 5 décembre, notre artillerie a détruit une section de mitrailleuses et bombardé des trains.

Elle a réduit au silence une batterie de 21.

Nous avons toujours repoussé les rares attaques de l'infanterie et progressé de 150 à 325 mètres dans les régions de Saint-Mihiel, Varennes, Vauquois.

Sur la Moselle :
Nous avons progressé sur la rive gauche de la Moselle, dans le Bois-le-Prêtre.

Dans les Vosges :
Notre offensive nous a conquis des positions importantes.

En Haute-Alsace :
En Haute-Alsace, la prise d'Aspach-le-Haut a déjà été signalée. Nous avons pris, le 2 décembre, au sud du col du Bonhomme, la crête de la Tête-de-Faux. où l'ennemi a un observatoire d'artillerie qui domine la haute vallée de la Meurthe.

Nos chasseurs ont enlevé cette crête, en 2 heures, animés d'un magnifique entrain, en chantant la « Marseillaise ». Ils ont subi des pertes assez sensibles.

Nous avons progressé sur la côte de Grimaude.

Nous avons repoussé toutes les contre-attaques au Nord-Ouest de Senones.
L'ardeur de nos troupes dans les Vosges est admirable !


La Note se termine en signalant quelques actes de bravoure, notamment le suivant :
Deux sapeurs télégraphistes, Carles Antoine et Louis Demoizet, ont rétabli, le 28 novembre, sous un bombardement violent, les fils téléphoniques coupés entre le moulin de Zuvdschoote et l'écluse de Hetsas.
Ils ont été cités à l'ordre du jour.

IV)
Au flanc des pentes ouest de l’Argonne, nous faisons halte dans un petit village où le général Gérard, commandant le corps d’armée, a établi son quartier général.

Nous sommes ici à l’extrême droite de l’armée du Général de Langle de  Cary, dans la juridiction du Général Gérard.
Celui-ci nous reçoit très courtoisement et, avec beaucoup de simplicité, nous fait l’éloge de son corps d’armée.
« Mes soldats, nous dit-il, se battent comme des lions, dans un pays difficile, contre un ennemi très supérieur en nombre. Mon corps d’armée tient tête, depuis la bataille de la Marne, à deux corps Allemands, parmi lesquels se trouve le 16e  corps de Metz, réputé pour ses qualités militaires. Ici, pas un jour ne s’écoule sans que nous soyons attaqués ou sans que nous attaquions. Entendez ! »
La voix du canon couvre, en effet, à ce moment celle du général. Nous prenons congé et nous allons vers elle.
Nous voici sur une crête d’où l’on découvre les bois désormais fameux de la Grurie, d’Apremont nom prédestiné, de la Chalade, etc.
Nous ne voyons rien que des arbres au-dessus desquels, vers la Grurie surtout où l’on se bat, paraît-il, avec acharnement, et où éclatent des schrapnells.
Ici, pour découvrir la guerre, il faut ramper.
Nous nous défilons donc à travers un ravin étroit, boueux et malaisé. Tout à coup, un bruit effroyable qui paraît avoir pris naissance à notre droite nous cloue
sur place.
-On tire sur nous, dit quelqu’un.
-Non pas, dit en souriant l’officier qui nous accompagne, on tire « au-dessus » de nous venez voir la batterie.
Elle est à dix mètres à notre droite et nous n’avions pas soupçonné sa présence. Telle une personne bien élevée, elle se tait à notre approche, mais nous lui demandons naturellement de reprendre devant nous sa conversation avec les Boches.

Le commandant de la batterie nous explique que ses canons des 120 long ont réussi depuis ce matin à encercler une batterie allemande qui se trouve à 6 km 500 de là.
Ses Taubes sont venus survoler la batterie, mais ils n’ont rien découvert naturellement, et, depuis le matin, le cercle de feu et de fer se resserre méthodiquement autour des pièces ennemies.
Sans doute nous apprendrons demain ou après-demain, à Paris, que « dans l’Argonne, notre artillerie lourde a réduit l’artillerie allemande au silence »

Donc, à notre grand plaisir, le bombardement recommence. Les pointeurs et les servants, les uns en capote, les autres en veston, les autres en bras de chemise, font du beau travail. Ils ont surnommé leurs pièces de noms illustres. En face de nous, la Joconde est l’objet de mille prévenances.

C’est, en effet, une belle fille bien campée, solide et joufflue mais quelle grosse voix, et comme les bois se chargent de la grossir encore... A l’abri de pareilles pièces, on peut vivre et dormir en paix. C’est pourquoi, à quelques centaines de mètres derrière elles, nos troupes qui combattent dans l’Argonne ont construit la plus paisible et aussi la plus pittoresque des villes qui soient au monde.

En pleine forêt, surgit devant nos yeux une agglomération étrange d’habitations qui tiennent du tata soudanais et de la case de l’oncle Tom. Le toit extérieur est uniformément construit de rondins, de terre et de branchages les intérieurs sont tout en profondeur.
Voici une case où logent 6 sous-officiers. Pour y pénétrer, l’on descend cinq marches taillées dans le sol. La porte est en bois avec un judas et un loquet à droite, sur une étagère en terre, le râtelier réglementaire pour les fusils et les baïonnettes. Au centre de la pièce d’un volume de 6 mètres cubes, une table faite sur place au fond, une cheminée dans laquelle un bon feu pétille, de chaque côté, deux bas flancs construits avec des piquets et des lianes.
Toutes les cases se ressemblent celles des hommes sont un peu plus vastes celles des officiers un peu plus petites, mais décorées avec un soin plus minutieux. Il se trouve toujours des artistes pour mettre une tête à Guillaume au-dessus de la porte ou un kronprinz d’argile comme garniture de cheminée.
Il y a dans ces villages des cuisines où l’on fleure des mets odorants et sains, des écuries qu’envieraient en ce moment bien des chevaux de maîtres, des water-closets discrets et verdoyants.
Et ce n’est pas tout. Il y a, en outre, des jardins publics.
Nos soldats égayant le village de plantations symboliques, de plates-bandes, de corbeilles du meilleur goût il y a aussi un service de voirie dont les citoyens soldats prennent le plus grand soin.
Enfin, il ne faut pas oublier le cimetière où reposent les camarades tombés à quelques pas de ces lieux tranquilles, dans les tranchées de première ligne. C’est à qui, parmi ceux qui restent, imaginera le moyen le plus délicat d’honorer les chers morts les uns sculptent, dans le bois, des croix unes avec des inscriptions savantes les autres taillent dans une pierre, dans un caillou, des monuments funéraires minuscules.
Chacun a pour chacun le cœur d’un frère.
Chaque jour, un journal parait dans le village et dans les villages voisins.
Ce journal est intitulé l’Écho de l’Argonne et rédigé par un officier.
Il contient les communiqués officiels de la guerre, des extraits des meilleurs articles et des poésies poèmes et chansons propres à entretenir le patriotisme. L’Écho de l’Argonne prolonge en somme, dans les pampas de l’Est, l’action bienfaisante du Bulletin des armées de la République.

Il a dû rendre compte, avec force détails de la visite que le président de la République a faite aux troupes de l’Argonne. Ce jour-là, il y eut grande allégresse dans les tatas. J’en ai trouvé la trace dans cette inscription apposée à la porte d’une case :
3ème  compagnie, escouade.
M. le président de la République a visité ce gourbi le 27 novembre 1914.
Et j’ai trouvé, en outre, la preuve qu’un excellent esprit habite les « gourbis » de l’Argonne, dans  cette anecdote que M. président de la République connaît bien. M. Poincaré aborde un soldat qui ne le connaît pas et lui demande :
- Eh bien ! mon garçon, comment ça va-t-il ?
Et l’autre, philosophe des bois aujourd’hui, gavroche de Paris hier, de répondre
- Ça va on suit la pente.
Il la suivra, soyez-en sûrs, jusqu’au delà du Rhin, si on le lui demande.

V)
Source : La Croix, le 10  décembre 1914
10 décembre - ELLE.- J’ai reçu une lettre de Marie M. furieuse contre l’oncle Vautrin auquel elle a écrit l’état de Mère et qui lui a répondu ceci :
« Ta pauvre mère est atteinte depuis 2 ans d’une tumeur maligne dans les intestins. Si elle gagne le foie comme tu me le dis, le terme est inévitable. Il n’y a rien à tenter, ni radium ni opération. D’ailleurs je vous avais prévenus » etc...

Là-dessus Marie tonne, dit qu’il aurait dû le lui dire depuis longtemps, qu’elle aurait tenté tout pour sauver sa mère, qu’elle n’est plus une enfant, qu’il ne l’a pas prévenue du tout, que c’est peut-être à nous, les Georges qu’il l’a dit, que nous aurions dû lui communiquer ce que nous savions.
Je vais lui répondre que nous ne savions rien du tout, que d’autre part l’oncle Vautrin, puisqu’il n’y a rien à tenter, a bien fait à mon avis de ne pas lui dire la vérité depuis 2 ans, car elle aurait passé des jours bien pénibles à attendre les progrès du mal.
J’ai vu Paul tout à l’heure à Épinal et nous en avons causé. Il me dit qu’en effet l’oncle Vautrin lui a dit cet hiver : « Ta mère est atteinte aux intestins et au foie », mais sans lui préciser davantage et lui n’a pas cru que c’était si grave, ayant l’exemple de personnes atteintes de maladies de foie depuis longtemps et continuant à vivre néanmoins.

J’ai été stupéfaite cet après-midi en arrivant à la Place pour faire viser mon laissez-passer, car j’ai été conduire Maman, Kommer ayant encore beaucoup de choses à faire à l’usine avant son départ lundi prochain, lorsque Manuel me dit : « J’ai eu de bonnes nouvelles de votre mari par votre beau-frère ce matin - Quel beau-frère, dis-je ? - Mais Paul Cuny, il est ici depuis hier soir ».
J’ai bien vite été à son bureau avec Noëlle que nous avions emmenée en grande récompense.
Il avait bien à faire et semblait très triste pour sa mère ayant vu à Nancy toute la famille larmoyante à son sujet. Il ne la croyait pas si malade, et a télégraphié à sa femme de revenir avec lui à Thaon, mais Marie a répondu qu’elle ne pouvait pas. D’autre part, il n’est pas démobilisé, il n’a qu’un sursis d’appel de 2 mois, donc ne peut aller en Suisse voir sa mère.
Et la réponse de sa femme lui prouve que Mère n’est pas bien, aussi il est bien navré.
J’ai vu aussi Gustave. Il a admiré ma science et mon adresse à conduire une jolie petite auto, il semblait ravi de m’avoir vue à l’œuvre.
Je t’embrasse mon amour. Soigne-toi bien. As-tu fait faire tes piqûres anti-typhoïdiques ? N’as-tu pas de fièvre ? Ta petite femme. Mi.

VI)
10 décembre - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Le groupe reçoit du dépôt un détachement de renfort composé de 4 s/officiers, 1 brigadier et 6 servants. Un brigadier faisant partie du détachement est resté à Villers-Cotterêts pour maladie.

VII)
Journal du Rémois Paul Hess (extraits)
« A partir de 17 heures, nous entendons régulièrement, du bureau, les sifflements d’un certain nombre d’obus passant près de l’hôtel de ville, pour aller éclater au loin. Le bruit des explosions ne nous parvient pas.

Le Courrier d’aujourd’hui, faisant toujours allusion à la Censure, donne ainsi les nouvelles concernant le bombardement: »
Le bombardement (86e jour)
« Le bombardement: la consigne serait, suivant un mot célèbre, d’y penser toujours, et n’en parler jamais.
Nous ne pouvons que constater chaque jour  qu’il continue avec une désespérante régularité, avec ses conséquences désastreuses.
Avant hier soir, une vingtaine d’obus est tombée ici et là. Hier, dans la matinée, nouvel envoi d’obus qui causent leurs méfaits. C’est tout ce que nous pouvons dire. »
Décision au 118ee RIT de Verzenay
*Punitions. – S….. Auguste, soldat de 2e cl., 8e Cie., 8 jours de prison du capitaine commandant la Cie. :
«  Au moment du départ de la Cie. pour le bivouac de l’Espérance, était dans un état d’ivresse tel qu’il n’a pu se mettre en route et a du être porté au poste de police. »
En prison jusqu’à décision à intervenir une plainte en conseil de guerre étant établie contre lui pour abandon de son poste devant l’ennemi.

VIII)
Lu dans le Miroir en date du jeudi 10 décembre 1914
France.

-Combat d’artillerie, de la mer à la Lys, dans la région de l’Aisne, dans l’Argonne, sur les Hauts-de-Meuse. Avance française dans l’Argonne et le Santerre.
Attaques ennemies repoussées à Sénones (Vosges) et à Tracy-le-Val, près de Soissons.
Guillaume II est assez gravement malade. Il est atteint de pneumonie et ses médecins lui interdisent de retourner, au moins actuellement sur le front.

Les Russes ont remporté un avantage signalé au sud-est de Cracovie. Il est établi, d’autre part , que les Allemands n’ont occupé Lodz que 15 heures après leur départ.

Les Serbes, reprenant l’offensive, ont chassé les Autrichiens de Valjevo et d’Uchitsé. Ils ont capturé 50 canons et 20.000 hommes.

L’escadre Allemande de l’amiral Von Spee qui a détruit deux bâtiments Anglais, au large des côtes du Chili, dans le Pacifique, au mois de novembre, vient de subir un désastre. L’escadre Britannique de l’amiral Sturdee lui a coulé trois navires: le Sharnhorst, le Gneisenau et le Leipzig, au large des îles Fakland dans l’Atlantique sud. Nos alliés poursuivent encore le Dresden et le Nurnberg qui ont pris le large.

Georges Deschodt nous cause un sensible plaisir en venant nous montrer le numéro du « Matin » en date du 18 novembre, tombé par aéroplane dans un chantier de bois à Saint André, appartenant à Georges Lehoucq.
Le paquet se compose de 6 numéros du même jour, mais, comme on n’en avait pas fait la découverte immédiate, celui du dessus qui a souffert de la pluie, se trouve en marmelade. Un journal ! un vrai journal ! non plus une copie, un communiqué tronqué ou un extrait falsifié. Nous palpons le « Matin », nous en considérons le titre gothique comme quelque chose en effet d’un autre temps !
Puis Georges nous donne des détails sur les dernières exactions commises à Lille, les Allemands ont mis la main sur l’usine Delespaul-Havez à La Madeleine et y fabriquent un chocolat qu’ils débitent au magasin de détail de la rue Nationale.

Le pain devient de mauvaise qualité, ainsi que nous le dit Charles Pennel à l’enterrement de Thérèse. Georges n’a pas de pensionnaires, mais Charles possède toujours ses indésirables. Pas plus de nouvelles de Charles fils que de Pierre, le premier est peut-être encore à Bellac, à moins que, parti au feu étant de la classe 1914, le second sans doute à Hesdin où il s’est dirigé.

IX)
Jeudi 10 décembre 1914 : Les Allemands fléchissent à La Bassée
Situation en France.
L'ennemi a montré hier quelque activité dans la région d'Ypres. Il a dirigé contre nos lignes plusieurs attaques, dont trois ont été complètement repoussées. Sur un point unique du front, les Allemands ont réussi à atteindre une de nos tranchées de première ligne. De notre côté, nous avons continué à progresser dans la direction des lignes ennemies.

Dans la région d'Arras et dans celle de Juvincourt, ont lieu des combats d'artillerie.

Dans l'Argonne, nous avons poussé en avant plusieurs de nos tranchées et refoulé deux attaques Allemandes.

Dans la région de Varennes, nous avons consolidé nos gains des jours précédents. L'artillerie allemande s'est montrée très active, mais ne nous a pas infligé de pertes.

Il en a été de même sur les Hauts- de-Meuse. Dans le bois Le Prêtre, notre progression s'est poursuivie et accentuée.

Au sud de Thann, nous avons enlevé la gare d'Aspach.

Sur le reste du front des Vosges, des combats d'artillerie.

En Belgique, les Belges et les Français, selon le « Daily News » usent du moyen des radeaux pour tendre un piège aux Allemands.
Ils ont ostensiblement construit des radeaux destinés à transporter des troupes sur la rive droite de l'Yser.
Les Allemands concentrent aussitôt le feu de leur artillerie sur les radeaux qu'on monte a et massent des forces d’infanterie pour parer à l'attaque.

Pendant ce temps, les Belges et les Français franchissent tranquillement l'Yser près de Pervyse et enlèvent les tranchées allemandes à peu près dégarnies.

Dans la campagne Russe, au sud de Cracovie, les Autrichiens renforcés par des Allemands prennent énergiquement l'offensive, mais, d’après le communiqué officiel Russe, ils sont vigoureusement culbutés et perdent 5 batteries et une colonne d'automobiles blindées.
Une dépêche de Vienne annonce officiellement que les Russes bombardent la ville de Cracovie.

Les hostilités Austro-Serbes : Le journal Figaro publie le télégramme suivant reçu par la légation de Serbie « Aujourd'hui est le huitième jour de l'offensive serbe. L'armée Autrichienne fuit au-delà de Valjevo, vers Chabatz, dans la direction de Belgrade. Tandis que d'interminables convois de prisonniers arrivent à Nich, les troupes Serbes poursuivent l'ennemi sans arrêt et font de nouveaux prisonniers. »
Les informations reçues par le journal sur les opérations Austro-Serbes, des derniers jours mettent « en relief l'heureuse action exercée personnellement par le roi Pierre qui s'est rendu au front malgré son grand âge. Sa présence a véritablement électrisé les troupes et a décidé l'état-major à prendre sur toute la ligne l'offensive qui vient d'être couronnée de succès, Le Roi a trouvé des paroles qui ont été au cœur des paysans Slaves. On s'accorde à lui attribuer en partie le retour de fortune qui vient de se produire, et depuis lequel l'armée Autrichienne a été arrêtée et repoussée. »

Les opérations autour de La Bassée : Un correspondant du « Daily Mail » dans le nord-est de la France dit que sur le front de La Bassée, la résistance Allemande commence à fléchir. Le feu de l'artillerie Allemande est beaucoup moins efficace, les obus dont se servent maintenant les Allemands sont de qualité inférieure et de modèle ancien.

La plupart des meilleures pièces d'artillerie lourde et légère ont été envoyées dans le nord. Quant à l'infanterie qui occupe les rives du canal de La Bassée, elle ne comprend plus les meilleurs régiments Allemands qui ont été retirés. Cependant, l'ennemi continue à opposer une assez vive résistance dans cette région. Béthune est constamment bombardée et la ville a beaucoup souffert du feu des grosses pièces tirant d'une distance de 16 km.
Les Allemands font, en outre, un grand usage de leurs petits mortiers dans les combats de tranchées. Ces engins sont si courts qu'il est extrêmement difficile de localiser leurs positions et ils lancent jusque dans l'intérieur des tranchées des obus dont l'éclatement est accompagné d'une épaisse fumée noire. Pour y répondre, les troupes alliées se servent de grenades qui, pendant la semaine dernière, ont été presque exclusivement employées sur ce point du front.

A l’approche des fêtes, le journal Le Temps demande à ses lecteurs de changer leurs habitudes le temps de la guerre, pour éviter un engorgement des services de la poste. Il leur demande un non-envoi patriotique. Les cartes au Jour de l'an : « II est probable que cette année on introduira un changement au protocole mondain, en s'abstenant d'envoyer des cartes au Jour de l'an. On épargnera ainsi aux services postaux un supplément énorme de travail, dont l’effet risque de provoquer un retard forcé dans la distribution des correspondances.

Il faut songer aux commis, ambulants, agents des postes, facteurs et vaguemestres, dont la tâche et la responsabilité sont si lourdes. Le triage, le routage, le timbrage, le contrôle et la distribution des correspondances n'ont nullement besoin qu'on les complique par un « excédent de bagages », constitué par les cartes de visite.

X)
« Situation militaire », « Le Temps », jeudi 10 décembre 1914.
L'occupation de Lodz par les Allemands nous semble confirmée par le télégramme de Pétrograd, où la défense de cette ville est présentée comme ayant de grands inconvénients au point de vue militaire. Quel sera le lendemain de cette occupation ? Les Allemands disposent-ils dans cette zone de forces assez nombreuses pour être en état, malgré leurs pertes, de rompre complètement le centre Russe ? Ils paraissent avoir sur leur front est beaucoup plus de corps d'armée qu'on ne nous l'a dit, nous en trouvons en Prusse Orientale, en Pologne Russe, où le développement qu'ont pris leurs opérations exige qu'ils soient particulièrement nombreux entre Tschenstokhovo et Cracovie, nous en trouvons même, d'après le communiqué de l'état-major général Russe du 7 décembre, au sud de Cracovie où ils esquissent un mouvement enveloppant contre l'armée du général Radko Dimitrief qui poursuit l'investissement de cette place.
Avec les 270 000 hommes dont il dispose, ce général doit être en situation de répondre à cet enveloppement. Nous n'avons guère le moyen de faire le dénombrement de tous ces corps d'armée, nous nous demandons seulement où ils les ont pris.
Depuis plusieurs jours on parle de transports de corps d'armée Allemand de l'Ouest vers l'Est c'est peut-être vrai. Alors le moment n'est-il pas venu de vérifier ce qu'il reste d'ennemis dans les tranchées et en arrière des tranchées qui sont devant les nôtres ?
La supériorité de notre offensive et les avantages très marqués que nos batteries de 75 et d'artillerie lourde ont pris dans presque toutes les circonstances sur celles de l'ennemi nous en donnent certainement la possibilité sans nous exposer à sacrifier trop de soldats.

XI)
La Croix-Rouge d’Issoire... Ce sont 72 bénévoles, 6 braderies par an, près de 400 m3 de vêtements collectés… Et 100 ans d’existence aujourd’hui !

La Croix-Rouge d'Issoire souffle ses cent bougies. Au programme, pas de gâteaux ni de cadeaux, mais une foule de souvenirs évoqués par les 72 bénévoles de l'association qui chaque jour, par leur engagement, continuent à faire vivre le collectif.

« En Roumanie, nous avons passé une semaine dans un orphelinat. »
Michelle Valette en fait partie. Celle que l'on surnomme affectueusement Mamie a 81 ans, dont 40 de bénévolat. « Il a toujours été important pour moi d'aider les autres », souligne-t-elle. Mamie évoque les grandes interventions menées par la Croix-Rouge d'Issoire, ce dernier quart de siècle...
[En l'absence d'archives sur les débuts de l'association, créée le 10 décembre 1914 par le docteur Gautrez, ses souvenirs constituent un précieux témoignage.

1989 :
183 Kurdes arrivent à Clermont-Ferrand... Ils ont fui l'Irak, persécutés par le régime de Saddam Hussein. « On les a récupérés à l'aéroport d'Aulnat, se souvient Mamie. Il y avait des hommes, des femmes, et beaucoup d'enfants.
Le plus jeune avait 3 mois... Le plus vieux, 100 ans. Ce dernier ne demandait qu'une chose : mourir chez lui ».
Les réfugiés sont installés au camp militaire de Bourg-Lastic. La Croix-Rouge d'Issoire intervient et donne autant de réconfort que de boissons et de couvertures.
1999. La guerre du Kosovo éclate sur le territoire de l'ex-Yougoslavie. Une grande collecte nationale se met en place. « Chaque colis doit contenir 1 kg de farine, de sucre, du savon et des spaghettis », précise Mamie. Issoire parvient à réunir 33 m3 de victuailles, qui seront envoyées au Kosovo.
1993. La Croix-Rouge de la cité Saint-Austremoine participe à un programme humanitaire.
Des bénévoles partent en Roumanie. « On a passé une semaine dans un orphelinat, pour apporter notre aide, du matériel médical, des jouets et des vêtements », se souvient René Turbot, le président de la Croix-Rouge d'Issoire.]

XII)
La guerre de mouvement aurait-elle repris ? Nous avons reçu l'ordre, hier, de nous préparer à occuper un nouveau secteur. Un bond de quelques centaines de mètres vers le nord, en réalité. Le régiment relève le 8e d'infanterie autour de Berry-au-Bac. Pas un grand changement, donc, mais l'occasion de m'accaparer un nouvel environnement. Je dois de nouveau apprendre les cheminements abrités des tirs, les boyaux de communication, les abris de commandement des bataillons ... Un nouvel exercice physique et mental qui me sort de la routine dans laquelle je commençais à m'encroûter quelque peu. Une petite remise en question.
Et dois-je l'avouer ?
C'est plutôt bienvenu. Je me suis senti heureux de devoir m'y plonger. Un peu comme un jeu de piste.
Je dois m'approprier les lieux, ses subtilités, et graver dans ma mémoire les détails qui auront peut-être de l'importance demain.
Ou pendant les nuits à venir, quand je devrai y progresser tous feux éteints...
Noter des points de repère, des abris pour éviter les tirs ou les éclats d'obus, deviner les positions de l'ennemi pour mieux m'en protéger. L'action est de nouveau un moteur, et je la prends à bras le corps pour oublier le froid, la faim et la nostalgie née des circonstances et de l'ennui dans lequel nous baignons. Remuer, courir, m'agiter. Qu'importe pourvu que le temps passe plus vite et me sorte de là.

Decembre 1914/167eRI - 167e Régiment d'Infanterie
167e.regiment.free.fr/167eregimentinfanteriedecembre1914.html
La 73e DI lance l'attaque le 7 décembre 1914, avec sept bataillons (167e, 346e, ... "Positions du 3e Bataillon du 167e d'Infanterie les 7 et 8 Décembre 1914".
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Décembre 1914 - La Vie en Lorraine (1/3) - blamont.info
www.blamont.info/textes871.html
Accès à la rubrique des textes concernant 1914-1918 ... DECEMBRE 1914 ...... Nos troupes croyaient à la victoire, quand, vers le 10 septembre, elles reçurent ...
Vous avez consulté cette page 2 fois. Dernière visite : 19/12/14
Dans la presse le 10 décembre 1914 : Comment on se bat ...
argonne1418.com/.../dans-la-presse-le-10-decembre-1914-comment-on-...
17 mai 2011 - Récit d'un journaliste du journal La Croix daté du 10 décembre 1914 évoquant sa visite sur le front du 2ème Corps d'Armée : description du ...
128/journal de la grande guerre/ 10 décembre 1914:Les ...
https://reims1418.wordpress.com/.../10/128journal-de-la-grande-guerre-...
10 déc. 2014 - Dans un article de La Croix daté du 10 décembre 1914. Au flanc des pentes ouest de l'Argonne, nous faisons halte dans un petit village où le ...
Jeudi 10 décembre 1914 : les Allemands fléchissent à La ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../jeudi-10-decembre-1914-les-allemands-flechissen...
10 déc. 2014 - Politique, société, culture, sport, insolite, qu'elle soit nationale, internationale ou régionale, retrouvez ce qui faisait l'actu dans nos journaux il y ...

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