12 DÉCEMBRE 1914
I)
Le
12 décembre, la 12e Cie s'empare des Melèzes et du bois Munier, sa
gauche appuyée à la tranchée de Vilcey, atteinte par le 6e
bataillon du 346e RI. Cette opération marque un nouveau de gain de
200 mètres. Le 3e bataillon organise une forte ligne qui va servir
de base à de nouvelles attaques sur la lisière Nord du bois Munier
et les bois communaux.
A 18h, ordre est reçu du colonel Cdt la 128e Brigade, de porter le Btn de Mandres à la sortie Est de Beaumont, route de Seichprey, face au Nord-Est, en réserve de Brigade et de rapprocher le bataillon d’Ansauville à Mandres aux 4 Tours. Ce dernier bataillon arrive à 20h30 à Mandres.
La mission des 2 Bataillons (1er et 2e) du 167e Régiment d'Infanterie (renforcé d'un bataillon et de 2 sections de mitrailleuses de la 128e Brigade, ainsi que de 2 sections du Génie), telle qu'elle est prescrite par l'ordre d'attaque du Colonel Petitjean (Commandant la 128e Brigade), est d'attaquer le 13 Décembre, les tranchées du Bois de Rémières et le Bois de la Sonnard, depuis la pointe Ouest du Bois jusqu'à environ 700 mètres plus à l'Est, tout en essayant de déborder le Bois par l'Ouest.
La
première phase sera menée par la 128e Brigade :
Les renseignements fournis par les avions semblent indiquer que les Allemands ont établi, sur une grande partie du Front, deux lignes de tranchées. Ce qui implique que nos troupes seront contraintes à des efforts successifs afin de vaincre une résistance ennemie qui s'annonce très sérieuse.
Les renseignements fournis par les avions semblent indiquer que les Allemands ont établi, sur une grande partie du Front, deux lignes de tranchées. Ce qui implique que nos troupes seront contraintes à des efforts successifs afin de vaincre une résistance ennemie qui s'annonce très sérieuse.
Le Colonel Petitjean préconise la formation d'importantes chaînes de tirailleurs qui auront pour mission de pousser en avant sans se laisser arrêter par les tranchées de guetteurs, afin d'aborder les objectifs visés au plus tôt. « ...l'abordage de ces tranchées dépend essentiellement de la force des troupes qui les occupent, et de l'importance des réseaux de fil de fer qui les doublent, d'une manière générale, devant des tranchées fortement tenues et précédées d'un véritable réseau, il faut une fois ce réseau atteint, empêcher les tirailleurs ennemis de tirer sur les hommes qui ouvrent des passages, et ces passages ouverts, en venir vivement à l'action à la baïonnette qui est le but général de toute action d'Infanterie. Les renforts et troupes disponibles renforceront la chaîne et l’entraînera à l'assaut, assureront l'occupation des tranchées conquises et s'opposeront aux contre-attaques. Elles agiront éventuellement sur les ailes des tranchées occupées pour étendre latéralement cette occupation et poursuivre l'opération jusqu'au bout, et produiront enfin un nouvel effort sur les tranchées ennemies qui viendraient à se révéler en arrière.
Le signal de l'attaque sera donné par les Chefs de Bataillon, à l'heure prescrite et sera suivi quelques instants après de la sonnerie de la charge ordonnée par le Colonel commandant le 1er Régiment ».(Régiment de 1ere ligne).
La
seconde phase sera menée par le 167e Régiment d'Infanterie
:
L'attaque du Bois de la Sonnard « ...sera exécutée par le 167e Régiment, renforcé dès le début par un bataillon et 2 sections de mitrailleuses de la 128e Brigade et de 2 sections du Génie.
L'attaque du Bois de la Sonnard « ...sera exécutée par le 167e Régiment, renforcé dès le début par un bataillon et 2 sections de mitrailleuses de la 128e Brigade et de 2 sections du Génie.
L'emplacement initial du 167e, avant de partir à l'attaque, sera constitué par les abris établis en arrière de la 1ere ligne des tranchées, dans la partie droite de la position, (Boqueteau dans la partie du Bois de Rémières et Bois de Rémières. Le bataillon de la 128e Brigade, à la disposition du 167e, sera dans les abri de la partie gauche.
De 5h à 6h30, distribution des cisailles [...], arrivée des sections de mitrailleuses et des sections du Génie mises à la disposition du 167e, reconnaissance, par les officiers du Régiment, du franchissement de nos parallèles et placement des unités face à leur objectif.
Une fois la lisière Sud du Bois atteinte, il est de la plus grande importance que l'artillerie soit avisée, dans les grandes lignes, des mouvements sous bois, pour allonger son tir en conséquence. Cette indication d'allonger son tir sera donnée par des fanions rouges agités latéralement à la lisière du Bois et si possible par une liaison téléphonique que l’État-Major de la 128e Brigade s'efforcera d'établir entre la lisière du Bois et le poste de commandement du Boqueteau voisin du Bois de Rémières ».
En exécution de cet ordre, les 2 Bataillons du 167e, se présentent les 13 Décembre à 4 heures, à Seicheprey et se dirigent, conduits par des guides, par le bois de Rémières, dans le boqueteau situé au Nord-Est de ce bois et prennent leur dispositif face aux objectifs, le 1er Btn, à droite, secteur I, 2 Cies en première ligne (1ere et 2e), 1 cie en arrière sur le flanc droit (3e), 1 Cie à la disposition du Cdt du Rgt au Sud du Boqueteau 2e Btn dans le secteur II, dispose de 2 Cies (5e et 6e), la 7e Cie en seconde ligne à la disposition du Cdt du Rgt au Sud-Est du Boqueteau. Le colonel cdt l’attaque se réserve la disposition de la 8e Cie placée dans les abris du ravin.
6h30 – Arrivées à la pointe du jour sur une position inconnue des chefs de section, ne disposant dans ce petit boqueteau pour les compagnies en réserve que de boyaux de communication insuffisamment protégés et, de circulation très pénible par l’eau et la boue, les Compagnies sont soumises immédiatement à des rafales très bien réglées de l’artillerie adverse.
Et
ce, bien avant que la nôtre soit entrée en action. La progression
des unités jusqu’à nos tranchées de 1ere ligne, que le
commandant de l’attaque leur a prescrit d’occuper, en se
substituant aux unités de la 128e Brigade, afin de se trouver ainsi
placées pour le mouvement ultérieur, est accueillie par une
fusillade nourrie qui joint ses effets à la canonnade. Une partie
des fractions du 252e ne peut même pas se reporter en arrière, ni
céder sa place dans les tranchées, néanmoins, les Compagnies
parviennent à se placer face aux objectifs.
8h – La chaîne de tirailleurs sort des tranchées. Ce mouvement, protégé par le feu d’un certain nombre de fractions des ailes, est rendu long et très pénible par l’état du terrain, la boue épaisse et glissante s’opposant au franchissement. Des tranchées de première ligne Allemande, la fusillade cloue sur place cette chaîne qui, sur certains points, a pu faire une dizaine de mètres.
Les Commandants de Cie des 1ere (Pointener), 2e (Rossi) et 6e (Brière) tombent tués. La chaîne, ne pouvant progresser, cherche, sur certains points, à s’enterrer, l’état du sol ne permet pas de le faire. Sur presque tout le front, les tirailleurs reprennent leur place dans les tranchées, la fusillade continue très intense sur tout le front.
A la droite du secteur I, une section de la 1ere Cie a cru pouvoir faire un bond plus considérable, a même gagné 400 mètres environ, mais son chef est tué (Morel), les chefs de ½ sections, tués ou blessés. La section, très réduite, se replie à hauteur des tranchées, grâce à la protection de la section de mitrailleuses placée à la lisière Est du boqueteau, qui s’oppose à une contre-attaque tentée par l’ennemi sur nous. Le feu des tranchées allemandes de la partie Hors-Bois prend d’enfilade la partie gauche de l’attaque dans le secteur I, ce qui nous immobilise dans la tranchée sur ce point. La section de mitrailleuses placée au centre de la face Est du boqueteau essaye d’intervenir, mais une de ses pièces est rendue précisément inutilisable par la boue.
Une
grande partie des fusils ne fonctionne pas, en effet, les mains des
hommes sont pleines de boue et ceux-ci en introduise dans l’arme
avec les cartouches, les armes étant elles-mêmes couvertes de boue
par le moindre contact avec le sol.
Dans
le secteur II, mêmes difficultés, la compagnie d’attaque ne peut
progresser au-delà de la parallèle. Le Cdt de Cie, un officier et
le sergent-major sont tués ou blessés dès le début. Sur ce point
également la progression ne peut être poursuivie.
En présence de ces difficultés et devant la constatation que l’occupation en force par l’ennemi de ses premières lignes, d’une part, et l’état du terrain qui ne permet pas de se mettre à couvert à chaque bond, d’autre part, rendent toute progression très difficile, que les pertes qu’elle entraînera seront hors de proportion avec le résultat, qu’il n’y aura malgré tout, guère de chances d’atteindre... Le Cdt du secteur d’attaque décide de suspendre ce mouvement en attendant la décision du Cdt de la Brigade. Les unités du Régiment demeurent donc, jusqu’à la décision à intervenir, sur leur positions.
16h00 – Le 167e reçoit l’ordre de garder défensivement le secteur de droite. Il place une compagnie dans chacun des sous-secteurs I, II, III, IV et conserve 4 compagnies en réserve.
Le
2e bataillon du 168e RI participe aussi à ces événements. Son
objectif est d'enlever plusieurs tranchées importantes, formant un
saillant à l'est et à l'ouest de la voie ferrée de Toul à
Thiaucourt. Ici aussi, les mitrailleuses allemandes font merveilles.
Les
pertes du bataillons sont importantes.
La
6e Cie du capitaine Eyries, lancée en pointe, est prise sous le feu
convergeant de l'ennemi.
La
compagnie sera citée à l'Ordre de l'Armée... Le Caporal Morin
recevra la Médaille Militaire.
Parti
avec un entrain admirable, il s'est porté seul à 30 mètres au delà
de la tranchée conquise, puis arrêté par un feu violent devant un
poste Allemand, a répondu par des coups de fusil à l'invitation qui
lui est faite de se rendre.
Pierre
Parra, soldat au 339e RI, nous présente une relation de ces instants
tragiques :
II)
« Le 12 décembre, dans le secteur de Rémières, le 286e, soutenu par le 252e, attaque les tranchées allemandes. Nous sommes en réserve. L'attaque réussit. Mais quelques heures plus tard l'ennemi reprend les tranchées qu'il a perdues et deux Compagnies du 286e sont presque entièrement faites prisonnières. Il faut tout recommencer le lendemain 13 décembre. Ce sera notre tour.
Heure H : 8h nous prenons position à 7h seulement, en plein jour déjà, une heure trop tard. Nous avons été aperçus et l'artillerie ennemie prévient notre attaque.
« Le 12 décembre, dans le secteur de Rémières, le 286e, soutenu par le 252e, attaque les tranchées allemandes. Nous sommes en réserve. L'attaque réussit. Mais quelques heures plus tard l'ennemi reprend les tranchées qu'il a perdues et deux Compagnies du 286e sont presque entièrement faites prisonnières. Il faut tout recommencer le lendemain 13 décembre. Ce sera notre tour.
Heure H : 8h nous prenons position à 7h seulement, en plein jour déjà, une heure trop tard. Nous avons été aperçus et l'artillerie ennemie prévient notre attaque.
Avant
que nos canons aient ouvert le feu sur les tranchées ennemies, nous
recevons un déluge d'obus.
Fusants
et percutants, par rafales passent sur nos têtes, pour éclater à
une cinquantaine de mètres en arrière avec un bruit d'enfer.
Des
sections entières du 167e, de Nancy, qui se cachent sur notre
droite, dans un petit bois de sapins, sont anéanties.
Notre
Cie n'a pas encore trop souffert : Quelques blessés seulement. Nous
sautons à la hâte dans nos tranchées où nous avons de l'eau
jusqu'à mi-jambes, parfois jusqu'aux genoux. On n'y regarde pas de
si près et on patauge résolument.
La 19e Cie doit se porter la première en avant et la 20e la renforcer dans les tranchées qu'elle a occupées. Au commandement de : « En avant ! », des hommes de la 19e sortent et tombent après avoir fait quelques mètres seulement, car l'ennemi nous attend de pied ferme, les fusils braqués.
Presque
tous les coups portent. A notre droite, les « petits gars d'active »
du 167e tombent sous les rafales de mitrailleuses comme les épis de
blé sous la faux.
Ceux
qui ne sont pas atteints reviennent dans nos tranchées.
L'attaque
est impossible dans ces conditions.
Au cri de : « En avant ! » pour la 19e, le lieutenant Croguennec commandant notre section, croyant qu'il s'agissait de la 20e, sort du boyau et enjambe le parapet en faisant un grand signe de croix. Après quelques mètres il tombe en disant
« 1ère section vous n'avez plus de lieutenant ! »
Au cri de : « En avant ! » pour la 19e, le lieutenant Croguennec commandant notre section, croyant qu'il s'agissait de la 20e, sort du boyau et enjambe le parapet en faisant un grand signe de croix. Après quelques mètres il tombe en disant
« 1ère section vous n'avez plus de lieutenant ! »
L'ami Rodde, de Pléaux, qui se trouve derrière lui dans la tranchée se dresse par-dessus le parapet pour lui porter secours. Il tombe, tué raide d'une balle en plein front. Un autre soldat est frappé mortellement à ses côtés dans la tranchée.
Il
faut cependant aller chercher le lieutenant qui a besoin de soins et
que d'autres balles peuvent atteindre et achever.
Aidé
de son ordonnance, je creuse, avec les mains d'abord, puis avec une
pelle qu'on me passe enfin, une ouverture dans le parapet.
Je
m'y glisse, et en me traînant sur le ventre et sur les genoux, je
parviens jusqu'au lieutenant.
Le
saisissant sous les bras, je l'entraîne à reculons. Mes camarades
me tirent par les pieds dès que j'arrive à leur portée et nous
font suivre tous les deux, l'un traînant l'autre, dans la tranchée.
Nous emportons ensuite sur un brancard le Lieutenant au poste de secours : Deux kilomètres en terrain à peu près découvert et à la vue de l'ennemi. Heureusement il ne tire pas sur nous et nous arrivons sans encombre.
Une
balle dans le côté droit, le poumon est atteint.
Blessure
guérissable, mais demandant des soins immédiats... Il devait en
effet guérir par la suite. Je suis heureux à la pensée de lui
avoir, peut-être, sauvé la vie.
Je le quitte pour retourner à la tranchée où nous restons encore à grelotter dans l'eau jusqu'à minuit, heure à laquelle nous sommes relevés.
J'ignore le chiffre des pertes de ces deux journées, mais il a dû être élevé.
En
effet, au début de février 1915, la bande de terrain d'une
cinquantaine de mètres environ qui sépare les lignes est jonchée
des cadavres des nôtres, depuis les attaques les 12 et 13 décembre
1914.
A
certains endroits les morts sont si nombreux qu'on ne distingue plus
que le bleu des capotes. Une centaine au moins sont couchés là,
dans les positions les plus diverses. Vision d'horreur que le temps
aura du mal à effacer... »
III)
Une
cérémonie non-officielle a eu lieu, vendredi matin, devant le
monument aux morts situé dans l'enceinte du jardin Henri-Vinay, au
Puy.
Il
s'agissait de tirer de l'oubli le sacrifice des soldats du 286 e RI
qui s'est fait décimer le 12 décembre 1914, dans les bois de
Remières, commune de Seicheprey.
Cette
cérémonie a permis de se remémorer les conditions de ce terrible
12 décembre, jour le plus meurtrier de la Grande guerre pour les
soldats de la Haute-Loire.
Ce
jour-là, la boue est partout. Elle « envahit tout. Les vêtements,
les mains, les armes. Les soldats ont des difficultés pour manier
leurs fusils. Les culasses se remplissent de boue, rendant le tir
très difficile, voire impossible ».
Le
286e sortira de ses tranchées à 13h35 puis à 14h15, les Allemands
passeront à la contre-attaque. Elle sera accompagnée d'un violent
bombardement et de tirs de mitrailleuses. « Vu l'état de leurs
armes, les nôtres ne peuvent qu'opposer une faible résistance et se
voient dans l'obligation de reculer.
À
17h, le colonel donne l'ordre de repli ».
Le
lendemain, le décompte des absents est effectué :
Il
manque à l'appel 999 hommes de troupe et 14 officiers. L'attaque du
bois de Remières est un échec... Il restera le jour le plus
meurtrier pour les combattants du département.
Emplacements
du 56e : État-Major, poste du colonel Bois-Mulot (ravin de la cote
284).
Bureaux
: Mécrin, 1er bataillon et 2e bataillon, Bois d’Ailly. 3e
bataillon, Bois-de-la-Vaux-Ferry-Vignot-Mécrin.
D’après
les ordres donnés la veille par le colonel, départ de Vignot à
14h. Le détachement est composé du personnel des bureaux, du
personnel sanitaire (musique) et des sapeurs. Nous arrivons à Mécrin
à la tombée de la nuit. Le voyage s’est effectué par Boncourt et
Pont, sans incident...
Travaux
exécutés : 56e, continuation de la tranchée T3 jusqu’à T2 T3.
Continuation de la tranchée C1 du boyau B1, fabrication et pose de
défenses accessoires au Bois-Mulot.
Amélioration
des abris, 171e continuation du travail sur la section avancée
fournie par le Génie de Brasseitte (tranchée, abri, réseau).
Amélioration
des abris de la compagnie installés face au Bois d’Ailly, des
parapets et des communications.
Tirs
de l’Artillerie : 56e, un tir de 75 a été fait, à 4h, sur la
partie des tranchées allemandes opposées à la tranchée T4, ce tir
fusant ne paraît pas avoir eu une efficacité bien importante,
l’ennemi n’a pas tiré 171e... L’ennemi a tiré ce matin sur
Sampigny, un incendie s’est déclaré.
Quelques
coups de 77 tirés sans résultats sur la tranchée de la Maison
Blanche.
Relèves
: Les compagnies du 171 se sont relevées. Amélioration des abris de
la compagnie installés face au Bois d’Ailly, des parapets...
Extrait
du Journal de marches et opérations issu du site internet
http://www.pourceuxde14-regimentschalonsursaone.fr .
IV)
Pages
d'Histoire : Propos d'Artois
Qui
de nous n’a pas entendu parler des « Tours de
Mont-Saint-Élo » ? Quel voyageur, fût-il le plus insouciant,
n’a jeté, en passant, sur cet amas architectural de pierres, un
simple regard de curiosité ?
Bâties
dans un endroit des plus pittoresques, elles dominaient et dominent
encore notre belle région d’Arras.
J’ai dit… elles dominent encore, car l’esprit vandale et destructeur de nos barbares ennemis, a essayé de détruire et de réduire à néant, ces reliques des temps passés !
J’ai dit… elles dominent encore, car l’esprit vandale et destructeur de nos barbares ennemis, a essayé de détruire et de réduire à néant, ces reliques des temps passés !
Et pourquoi ?... Je n’ai garde de vouloir ici rechercher le mobile qui poussa les « Boches » à passer, sur un bâtiment historique, leur mauvaise humeur et leur colère mal contenues de n’avoir pu atteindre Paris.
Qu’il
nous suffise de savoir que, comme Paris, nos tours de Mont-Saint-Éloi
sont restées debout.
– Endommagées,
il est vrai, mais toujours défiantes. Elles sont là, semblant jeter
à la face de l’ennemi, terré un peu plus loin, le défi du
célèbre Français de jadis qui, dans un moment des plus critiques
s’écriait : « J’y suis, j’y reste !... »
Grâce
à la complaisance de l’autorité militaire, j’ai pu les voir ces
« Tours d’Artois », il y a une huitaine, d’un peu
loin, il est vrai, mais je les ai vues !...
Mon
cœur a battu bien fort dès que je les eus aperçues !
Que
de souvenirs, en effet, ne rappellent-elles pas à ceux qui ont vécu
près d’elle ?...
Plus heureuses que la Cathédrale de Reims, elles sont, je crois, réparables. Semblables en ce moment à des bougies « qui brûlent mal » elles sont là, attendant que le génie de l’homme vienne réparer leurs larges plaies et cicatriser leurs béantes blessures.
Plus heureuses que la Cathédrale de Reims, elles sont, je crois, réparables. Semblables en ce moment à des bougies « qui brûlent mal » elles sont là, attendant que le génie de l’homme vienne réparer leurs larges plaies et cicatriser leurs béantes blessures.
Pierres
et plâtras gisent au pied. La trace des souffrances s’effacera,
mais les souvenirs du bombardement seront pieusement conservés.
Et, comme les cités les plus anciennes et les plus laborieuses, nos humbles tours auront leur blason glorieux, où sur le fond, brillera, je l’espère, la croix des braves !... Elles aussi furent à la peine, pourquoi ne seraient-elles pas à l’honneur ?...
… Le
jour baissait, le bruit d‘un moteur, quelques coups de feu me
rappelèrent à la réalité.
Un
dernier regard à ces tours aimées, un ardent baiser envoyé dans
l’espace à des êtres chéris et je reprend ma route… Heureux
d’avoir vu, content d’avoir pensé !
J.
Laurent (le 12 décembre 1914)
V)
Situation
en France
Le
communiqué officiel indique que « la journée du 12 décembre est
particulièrement calme. L'activité de l'ennemi s'est manifestée
surtout par une canonnade intermittente en différents points du
front. Il a, toutefois, tenté, dans la région au sud-est d'Ypres, 3
violentes attaques d'infanterie qui ont été repoussées.
Dans
le Bois-Le-Prêtre, nous avons sérieusement progressé.
Dans
les Vosges, l'ennemi a attaqué à diverses reprises le signal de la
Mère-Henry, au nord-ouest de Senones, mais a été repoussé. »
Les
dépêches venues de Petrograd nous annoncent qu’en Russie, dans la
région de Mlawa, les violentes attaques des Allemands ont été
repoussées. Les Russes ont repris l'offensive contre des colonnes
ennemies se retirant en désordre.
Dans
la région au nord de Lowicz, des attaques acharnées des Allemands
ont été également repoussées.
Dans
la région au sud de Cracovie, l'offensive Russe s'est poursuivie
malgré une résistance opiniâtre.
Le
Figaro annonce qu’en Serbie, les armées Serbes, qui ont atteint la
Kolubara, ont franchi cette rivière entre Valievo, dont elles se
sont emparées, et le confluent du Ljig.
Au
nord, elles ont occupé Lazaevatz. Le nombre des prisonniers qu'elles
ont faits au cours des derniers combats s'élève à environ 18 000.
Les
hostilités Austro-Serbes : Au sud de Belgrade, des combats
acharnés contre d'importantes forces Autrichiennes continuent à
Kosmai et au nord de Madengvatz.
Un
long article du « Times » sur les combats dans la Région
est repris dans le Figaro : « sauf au sud d’Ypres où ils ont fait
quelques contre-attaques sans résultat, les Allemands sont
maintenant contraints à la défensive. L'artillerie a joué le rôle
le plus important dans les combats de la semaine dernière. Il y a eu
de fortes canonnades entre Ypres et Lille et entre Lille et Arras et
l'ennemi a perdu sous ce rapport son ancienne supériorité.
Les
canons lourds que les Anglais utilisent maintenant sur le front ont
une portée supérieure à celle de l'artillerie lourde des
Allemands.
L'artillerie
de campagne des alliés est au moins égale et peut-être supérieure
à la leur numériquement... Les obusiers Anglais et les 75 Français
ont obligé les batteries allemandes à abandonner plusieurs
positions, notre infanterie a avancé, tenu ferme et a fortifié les
positions qu'elle a conquises.
Au
nord-est d'Ypres, les forces Anglaises ont progressé sensiblement,
rejetant l'ennemi vers Roulers.
Nos
canons ont réduit au silence les batteries ennemies à l'ouest de
Lille.
Leurs
obus ne tombent plus sur Armentières.
Béthune
est également hors de portée de leurs grosses pièces.
L'ennemi
a abandonné ses positions sur les hauteurs et au sud-est de La
Bassée où il se sont maintenu si longtemps avec tant de ténacité.
La pression de l'offensive Française sur la ligne Lille-Arras et la
prise brillante du village de Vermelles, officiellement annoncée il
y a quelques jours, a rendu leur retraite inévitable.
Vermelles
n'est qu'à quelques kilomètres au sud de La Bassée et commande une
grande étendue de pays. Les troupes françaises ont réussi à
s'avancer jusqu'à 7 kilomètres environ de Lens, tout près de
Pont-à-Vendin, où se croisent les lignes de chemins de fer entre
Lille, La Bassée et Arras. La position de l'ennemi à La Bassée
n'était plus tenable.
A
Arras, l'ennemi fait une résistance plus acharnée. Mais, là aussi,
les Français vont de l'avant, particulièrement au sud-ouest de la
ville vers Douai et Cambrai où plusieurs tranchées de l'ennemi ont
été prises et conservées. »
VI)
Le
Figaro se moque ouvertement du Kaiser, supposé malade, en
interprétant les événements de la semaine écoulée qui accumule
les mauvaises nouvelles pour l’Empereur, et concluant chaque jour
par sa température corporelle, la fièvre monte au fur et à mesure
que le temps passe.
«
La semaine du Kaiser
Lundi
:
A
l'Ouest, prise de la maison du passeur.
Bombardement
de Fribourg-en-Brisgau.
A
l'Est, offensive Allemande arrêtée en Pologne.
Aviateurs
Russes au-dessus de l'automobile impériale.
Retour
précipité à Berlin - Température : - 37°9.
Mardi
:
Nettoyage
complet de la rive gauche de l'Yser.
Les
Français s'établissent à Vermelles.
Avance
à Parvillers – 38°.
Mercredi
:
Avance
des Français autour d'Arras et dans l'Argonne.
Grosses
pertes Allemandes en Pologne. - 38°2.
Jeudi
:
A
l'ouest. Nouvelles tranchées allemandes enlevées.
Grande
victoire Serbe.
Destruction
du Scharnhorst, du Gneisenau et du Leipzig. - 38°6.
Vendredi
:
Nouveaux
progrès des alliés.
Fribourg-en-Brisgau
bombardée une seconde fois.
Destruction
du Nurnberg. - 38°9.
Samedi
: Avance vers Varennes.
Prise
de la gare d'Aspach.
Ouverture
du bombardement de Cracovie. - 39°.
Dimanche
: Les médecins, inquiets, ordonnent une prompte victoire...
Demain
: - L'ordonnance n'est pas exécutée. »
VII)
Page
de couverture de L'Illustration: Noël aux tranchées
Créé
en 1843, l'hebdomadaire Français L'Illustration se démarque de la
presse contemporaine en accordant une place prépondérante à
l'image documentaire.
Disposant
de moyens logistiques considérables pour l'époque, la rédaction
fait appel aux meilleurs journalistes, dessinateurs et graveurs.
En
outre, dès 1883, la revue publie des photographies couvrant
l'actualité internationale et nationale.
Principal
organe de presse Français à partir de 1905, L'Illustration joue un
rôle majeur durant la Première Guerre mondiale où son tirage
atteint le chiffre record de 400 000 exemplaires imprimés.
Malgré
un prix de vente relativement élevé (un franc le numéro), l'impact
auprès du lectorat est loin d'être négligeable : Le patriotisme
que diffuse le périodique maintient le moral de la société civile
comme celui des soldats sur le front.
Les
états-majors alliés salueront d'ailleurs la qualité des reportages
et des documents publiés.
Le
numéro du 26 décembre 1914 illustrera, en couverture, un groupe de
soldats recueillis, entourant un prêtre qui célèbre la messe de
Minuit.
La
scène, située dans une tranchée quelconque, est plus symbolique
que réaliste, la lumière émanant de l'Évangile ouvert et le geste
de bénédiction du prêtre jettent une lueur d'espoir au milieu des
combats.
VIII)
Journal
du Rémois Paul Hess (extraits)
Paul
Hess évoque un communiqué du Courrier et daté de « Mordeaux
10 décembre ».
« Dans
la région de l’Aisne et de la Champagne, pas de changement.
L’artillerie
allemande sur laquelle nous avions pris l’avantage les jours
précédents s’est montrée hier plus active, mais elle a été de
nouveau maîtrisé par notre artillerie lourde, celle-ci, aux
environs de Reims, a obligé les Allemands à évacuer plusieurs
tranchées; cette évacuation s’est faite sous le feu de notre
infanterie. »
D’autre
part on lit aujourd’hui, en ville, qu’un état-major qui se
trouvait à Trigny, se serait transporté à Berry-au-Bac, mais des
bruits de ce gendre, souvent plus ou moins fondés, courent
facilement (…)
Le
« Courrier »donne aussi le récit d’une visite du
cardinal à Saint-Jean-Baptiste (…)
IX)
2e
classe Eugen Koch
« Koch,
qu’est-ce que tu fous ? »
Une
main collée sur ses yeux, Eugen fouille bruyamment dans un sac de
jute avec celle restée libre. Autour de lui, dans l’abri, ses
camarades échangent des regards interloqués. L’un d’entre eux
finit même par chuchoter à son voisin
« Il
est peut-être devenu fou ».
Mais
Eugen ne réagit pas. Il poursuit son étrange tâche, jusqu’à
tirer du sac une boîte de sardines.
Il
se découvre les yeux et regarde sa prise avec satisfaction. Il
s’assoit sur une souche que l’on a apportée là en guise de
tabouret puis ouvre lentement la conserve, comme s’il s’agissait
d’un trésor.
Alors
qu’Eugen semble se préparer à un réel festin, un soldat tape
durement du pied pour attirer enfin son attention :
« Qu’est-ce
que tu fais, bon sang ? interroge le militaire en s’allumant
une cigarette.
— Ben, je mange ! répond Eugen comme une évidence.
— Et depuis quand tu dois pêcher ta pitance au hasard dans ton sac ? Et puis d’abord, où as-tu trouvé des sardines ? »
— Ben, je mange ! répond Eugen comme une évidence.
— Et depuis quand tu dois pêcher ta pitance au hasard dans ton sac ? Et puis d’abord, où as-tu trouvé des sardines ? »
Eugen
en avale goulûment une avant de réaliser que tous ses camarades ont
arrêté ce qu’ils faisaient pour l’observer avec attention.
« Vous
n’êtes pas protestants ? demande Eugen en suçant ses
doigts.
— Si tous les protestants ont un sac magique duquel sortent des sardines, je suis prêt à me convertir tout de suite ! s’esclaffe un caporal alors que le soldat qui lui coupe les cheveux reprend sa besogne. Ça nous changera des patates !
— Moi, je suis athée, annonce l’un de ses camarades.
— Moi, je suis juif, répond un autre.
— Et moi, je m’en fous. Je veux juste comprendre ce que tu fiches ! » reprend le soldat à la cigarette.
— Si tous les protestants ont un sac magique duquel sortent des sardines, je suis prêt à me convertir tout de suite ! s’esclaffe un caporal alors que le soldat qui lui coupe les cheveux reprend sa besogne. Ça nous changera des patates !
— Moi, je suis athée, annonce l’un de ses camarades.
— Moi, je suis juif, répond un autre.
— Et moi, je m’en fous. Je veux juste comprendre ce que tu fiches ! » reprend le soldat à la cigarette.
Eugen
avale la seconde sardine de la boîte, puis explique, alors qu’il
trempe un morceau de pain dans l’huile :
« Chez
les protestants, avant Noël, on distribue tous les jours de décembre
un petit quelque chose aux enfants pour les faire patienter. Par
exemple, ma mère découpait des images dans les journaux toute
l’année. Nous avions tous un calendrier au-dessus de nos lits et
nous allions y coller nos images, jour après jour.
— C’est bizarre ! commente le caporal.
— Je ne sais pas si c’est bizarre, mais c’était comme ça à la maison, se défend Eugen. Alors pour me sentir un peu comme là-bas, j’ai réuni des conserves et des biscuits que j’ai trouvés dans les villages du coin, et tous les jours, je me fais plaisir en mangeant quelque chose au hasard.
— Hé bien, tu t’es amassé un sacré butin là-dedans, dit l’un de ses camarades. Moi qui mange ce que je trouve dès que je l’ai entre les mains, je t’avoue que je suis un peu jaloux.
— Et le 25 décembre ? s’enquiert alors un autre soldat.
— Hé bien, tout au fond, il y a un pot de confiture. Je l’ouvrirai ce jour-là.
— De la confiture ? »
— C’est bizarre ! commente le caporal.
— Je ne sais pas si c’est bizarre, mais c’était comme ça à la maison, se défend Eugen. Alors pour me sentir un peu comme là-bas, j’ai réuni des conserves et des biscuits que j’ai trouvés dans les villages du coin, et tous les jours, je me fais plaisir en mangeant quelque chose au hasard.
— Hé bien, tu t’es amassé un sacré butin là-dedans, dit l’un de ses camarades. Moi qui mange ce que je trouve dès que je l’ai entre les mains, je t’avoue que je suis un peu jaloux.
— Et le 25 décembre ? s’enquiert alors un autre soldat.
— Hé bien, tout au fond, il y a un pot de confiture. Je l’ouvrirai ce jour-là.
— De la confiture ? »
Tous
les soldats se sont redressés, le regard empli d’une lumière
nouvelle, et si le coiffeur du caporal n’avait pas éloigné ses
ciseaux, le geste brusque du sous-officier lui aurait sûrement valu
une belle estafilade. Eugen a à peine le temps de bondir sur ses
pieds que tous ses camarades se sont déjà jetés sur le sac pour
essayer de trouver le trésor sucré.
« Hé !
crie Eugen, indigné. Ne touchez pas à mon calendrier de l’Avent ! »
X)
Cutry
Les
ordres sont dictés… Discussion entre les capitaines sur l’ordre
de bataille des compagnies. Les disposera-t-on en commençant par la
droite ou bien par la gauche ?… Il faut savoir qu’à droite
les Allemands sont occupés à miner une de nos tranchées…
Ha !
Ha ! nous y allons enfin dans les tranchées… Déjà notre
mentalité change : on nous en a tant conté !… Nous
a-t-on assez parlé de sifflement incessant des balles, de
l’éclatement insupportable des petites marmites lancées par les
crapouillots !…
Nous
allons, à nous seuls, relever toute une division. Notre bataillon
est chargé d’occuper le secteur dit « secteur de Berry »
au nord-est de Vic-sur-Aisne.
A
9h30 ce matin 2 officiers par compagnie et moi partons de Cutry pour,
avant la nuit, aller reconnaître les tranchées à occuper.
Le
temps est beau. Nous marchons d’un pied léger, très gais à la
perspective d’une vie nouvelle. Nous suivons la belle route de
Soissons à Compiègne, bordée de superbes peupliers que les obus
ont bien voulu épargner. Jusqu’à Vic-sur-Aisne tout va bien, tout
paraît simple, clair et facile…
A
Vic, presque personne dans les rues, quelques militaires qui longent
les murs… Les maisons ont leur toit troué, leurs murs éventrés
par les obus…
Le
pont sur l’Aisne a été dynamité en septembre, mais dans la
précipitation de leur retraite de la Marne, les Allemands l’ont
mal démoli. On y passe aisément grâce au renfort de quelques
poutres.
Nous
traversons la ville en groupe compact, suivis des fourriers, des
cyclistes et des caporaux d’ordinaire.
A
la sortie, alors que nous nous engageons, en bavardant, sur la route
de Saint Christophe, un sergent du 44e d’infanterie court après
nous : « Messieurs les officiers ! Messieurs les
officiers !… Vite ! Dispersez-vous ! Vous allez vous
faire canonner !… » Nous nous éparpillons. Il nous
explique qu’à la ferme de la carrière Saint Victor qui nous
domine, là, à gauche, se trouvent des observateurs Allemands qui
font envoyer des obus sur les groupes de militaires se risquant sur
la route…
Un
par un nous nous avançons en une longue file indienne, nous
dissimulant derrière les arbres, les talus…
La
voie de chemin de fer sur laquelle nous nous sommes engagés pour
mieux nous défiler est en effet bordée d’ « entonnoirs »
de toutes les dimensions.
Nous
passons devant Saint-Christophe dont toutes les maisons sont crevées
par les obus.
Et
nous arrivons à Berry, tout petit hameau d’une trentaine de
bicoques, toutes lamentablement éventrées par l’artillerie.
XI
Quelle
joie d’apprendre que j’allais être père. Mon Eugénie chérie,
comme je voudrais tant être à tes côtés, te protéger, t’entourer
tous les jours de notre vie. Cette guerre distribue tant de
souffrances, nous sépare et nous déchire.
Partout, chacun a son histoire personnelle, secrète, avec sa famille et ses proches. Quand le courrier arrive, on est tous là, assoiffés d’espérance. Il y a ceux qui n’ont rien. C’est un crève-cœur, alors on compense en leur lisant nos propres lettres. Ils imaginent que c’est aussi pour eux et ça nous rapproche, mais ils pleurent.
Partout, chacun a son histoire personnelle, secrète, avec sa famille et ses proches. Quand le courrier arrive, on est tous là, assoiffés d’espérance. Il y a ceux qui n’ont rien. C’est un crève-cœur, alors on compense en leur lisant nos propres lettres. Ils imaginent que c’est aussi pour eux et ça nous rapproche, mais ils pleurent.
C’est confirmé, j’accompagne un convoi sanitaire comme gendarme vers Nantes dans trois jours, le 15 décembre pour une petite semaine. Comme je suis heureux de retrouver Fontenay, mon Eugénie et toute la famille. Faudra aller passer un moment chez moi à Mouilleron-en-Pareds avec mes parents, à moins qu’ils ne viennent à Fontenay, je ne sais encore, je leur écris une lettre dans ce sens. Le pire, c’est que je repars le 22 décembre avec les « guéris » des hôpitaux de l’arrière. J’espère que Valentin ne sera pas du lot…
Voilà, je serai pour Noël sur le front avec tous ceux que je vais raccompagner vers les tranchées. Ici, ce n’est plus comme à mon arrivée il y a un mois et demi. Rien ne bouge, plus de guidage des convois de troupes, plus d’enquêtes sur des récalcitrants, déserteurs et autres voyous qui font de mauvaises choses dans les cantonnements. Tout s’est calmé, c’est comme si l’hiver qui vient, nous figeait dans une attente glacée.
Malgré toute cette vie, je ne suis pas à l’aise dans cette position. D’un côté, c’est bien, je ne suis pas en danger, mais de l’autre, je me sens inutile avec des missions désagréables parfois. Comme je voudrais être avec les fantassins, vivre avec eux et ne plus être le gendarme qu’ils considèrent comme presque un ennemi quand nous arrivons pour enquêter.
Ce
n’est pas du tout ce que je veux de ma venue sur le front. Je veux
être avec ceux qui se battent.
A mon retour, je vais demander une mutation en régiment d’infanterie. Mais je ne peux le dire aux miens dans quelques jours, à Fontenay, ils ne comprendraient pas, surtout Eugénie.
A mon retour, je vais demander une mutation en régiment d’infanterie. Mais je ne peux le dire aux miens dans quelques jours, à Fontenay, ils ne comprendraient pas, surtout Eugénie.
Je suis mélangé dans mes envies, mes sentiments. Rester où je suis, tranquille et l’espoir d’être sûr de revenir et puis, être utile comme Valentin, Lucien et le cousin Jacques. Je ne sais que penser et pourtant je vois bien où est mon devoir. Pourquoi se poser toutes ces questions ?
A bientôt petit carnet, je te raconterai bientôt ma venue à Fontenay.
XII)
Trois
attaques Allemandes repoussées près d'Ypres : Des combats
d'artillerie près d'Arras et dans le Santerre, des progrès dans
l'Argonne, et plus à l'est, dans le bois Leprêtre,la prise de la
gare d'Aspach au delà de Thann : Tel est le bilan officiel de la
journée pour nous.
Une
dépêche Anglaise signale une forte avance des contingents
Britanniques en Flandre jusqu'à 9 kilomètres de Roulers.
Les
Russes ont repoussé à nouveau en Pologne tous les assauts Allemands
qu'ils ont eu à subir dans les régions de Mlava et de Lowicz, où
ils ont de plus infligés des pertes énormes à l'ennemi.
Au
sud-est de Cracovie, ils ont enfoncé les Austro-Allemands.
Les
Serbes complètent leur grande bataille en refoulant les corps
d'armée Autrichiens en déroute vers Chabatz et la Hongrie.
Leurs
envahisseurs ont reculé en 8 jours de 50 à 80 kilomètres.
Cette
série de batailles apparaît décisive : Elle doit libérer
définitivement le territoire Serbe.
Un incident sérieux s'est produit à Hodeïdah, sur la côte arabique de la mer Rouge.
Les
Turcs, poursuivant le consul Anglais, ont été le rechercher jusque
dans le consulat Italien dont ils ont violé l'immunité.
Une partie de la presse Roumaine demande au gouvernement de prendre des mesures énergiques.
L'état de Guillaume II n'a pas changé.
Les socialistes du Wurtemberg approuvent l'attitude de M. Liebknecht qui a refusé de voter les crédits de la guerre au Reichstag.
Le gouvernement Allemand a fait saisir la Gazette de Voss, organe d'ordinaire officieux pour avoir reproduit cette phrase de l'exposé du chancelier au Reichgtag : « Il importe que toute la nation se restreigne afin de pouvoir tenir le plus longtemps possible. »
Les Turcs prennent des précautions et construisent des tranchées à la frontière Bulgare.
XIII)
Charles
de Gaulle n’a pas sa langue dans sa poche
Le
lieutenant de Gaulle s’interroge sur le sens à donner au mot repos
lorsqu’il constate en ce 12 décembre 1914 l’agitation qui règne
à Crugny ( Marne) en raison de la présence d’officiers
généraux et supérieurs qui multiplient les commentaires et les
critiques sur les cantonnements, leur entretien et l’état général
des soldats.
« Ils
poussent des cris d’orfraie de voir les hommes sales ! Mais non
d’un chien, c’est bien naturel ». Le lieutenant qui a connu
la réalité du combat dans les tranchées et la vie sur ces
positions sait que l’on en revient crasseux faute de pouvoir faire
une vraie toilette au quotidien.
Dans
son journal il écrit encore : « Le colo arrive vers 11h et
fait une musique de tous les diables. Après un amphi d’un heure
pour attraper le commandant, il repart enfin et nous passons un
après-midi tranquille. Que c’est drôle de ne plus éprouver cette
tension nerveuse, continue des tranchées. Comment, aucun obus ne
peut nous atteindre, aucune balle ne risque de nous entrer dans le
crâne à chaque tournant de rue ? ».
Decembre
1914/167eRI - 167e Régiment d'Infanterie
167e.regiment.free.fr/167eregimentinfanteriedecembre1914.html
La
73e DI lance l'attaque le 7 décembre 1914, avec sept bataillons
(167e, 346e, ... "Positions du 3e Bataillon du 167e d'Infanterie
les 7 et 8 Décembre 1914".
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avez consulté cette page le 16/12/14.
Le
12 décembre 1914, travaux de tranchées au 56e RI
www.lejsl.com/.../12/12/le-12-decembre-1914-travaux-de-tranchees-au-...
12
déc. 2014 - Emplacements du 56e : état-major : poste du colonel :
Bois-Mulot (ravin de la cote 284). Bureaux : Mécrin. 1er bataillon
et 2e bataillon : Bois ...
Le
12 décembre 1914 : les tours du Mont-Saint-Éloi - À l ...
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12 décembre 1914 : les tours du Mont-Saint-Éloi. Le 12 décembre
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