samedi 13 décembre 2014

EN REMONTANT LE TEMPS... 898


Cette page concerne l'année 898 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LORSQUE LA FRANCIE ORIENTALE ET LA FRANCIE OCCIDENTALE SE SÉPARENT

Eudes, ou Odon, né après 852 et mort le 3 janvier 898 à La Fère (Aisne), comte de Paris et marquis de Neustrie (866-888), est un roi des Francs (888-898), premier roi de la dynastie des Robertiens.

Fils aîné de Robert le Fort, marquis de Neustrie, il appartient à la branche des Robertiens. À la mort de son père en 866, il hérite du titre de marquis de Neustrie, mais le roi Charles II le Chauve le dépossède en 868 de ce titre qu'il donne à Hugues l’Abbé. Dès lors, Eudes ne dispose plus que d'un petit patrimoine personnel en Neustrie, territoire qui constitue le cœur de son pouvoir.

En 882 ou 883, il est fait comte de Paris sans doute avec l'accord d'Hugues l'Abbé et le soutien de l'évêque Gozlin, ce qui « rééquilibre ainsi vers le nord, et la France mineure, l'assise des Robertiens ». Paris, « capitale de la Francie [et] clé des royaumes de Neustrie et de Bourgogne » si l'on en croit Foulques de Reims, devient un élément essentiel du dispositif Robertien.

C'est à ce titre qu'Eudes soutient, avec l'aide de l'évêque Gozlin, le siège de Paris par les Vikings au cours de l'hiver 885/886. Au cours de ce siège, la mort du comte Henri lui permet, en septembre 886, d'être investi marquis de Neustrie.

Il obtient en outre de Charles III le Gros, empereur d'Occident et roi des Francs Occidentaux depuis juin 885 suite à la mort de Carloman en décembre 884, un certain nombre de comtés (Tours, Blois, Angers notamment) qui élargissent encore son assise territoriale importante en Neustrie, d'autant qu'il récupère par ailleurs, après la mort d'Hugues l'Abbé en 886, la fonction d'abbé laïc de Saint-Martin de Tours dont a disposé son père.

On lui reproche notamment d'avoir trop tardé à envoyer des troupes afin de lutter contre les Normands, et de s'être contenté en octobre 886, malgré la résistance acharnée de la ville, de leur proposer de les payer pour qu'ils cessent leurs agissements, sans succès d'ailleurs (ils vont piller la Bourgogne).
Cette incapacité à rétablir l'ordre dans le royaume déconsidère Charles III et amène une partie des grands, au sein desquels les Robertiens tiennent une place éminente, à choisir Eudes, lequel a soutenu paris lors du siège de Paris par les Vikings au cours de l'hiver 885/886, pour le remplacer.

Eudes contre Charles III le Simple
Qu'à cela ne tienne. Les barons d'Occident, comme leurs homologues d'outre-Rhin l'année précédente, se refusent à porter sur le trône l'héritier Carolingien en titre, le fils posthume de Louis le Bègue, un enfant de 8 ans, Charles. Ils lui préfèrent l'un des leurs, Eudes, comte de Paris.
Dès son sacre, le roi Eudes reprend la lutte contre les Normands et vainc ceux-ci à Montfaucon, en Argonne, le 24 juin 888. Mais les Normands reviennent en force et Eudes se résout à faire comme ses prédécesseurs, autrement dit à acheter leur départ. Comme un malheur ne vient jamais seul, Eudes doit combattre aussi le jeune Charles qui revendique sa place au soleil.

Tandis que l'héritier légitime du trône, le futur Charles III le Simple, est écarté en raison de sa jeunesse, Eudes est élu roi des Francs et sacré en l'abbaye Saint-Corneille de Compiègne, par son parent l'archevêque de Sens Gautier.
Le fait qu'Eudes, comme le chef de guerre Boson élu à la tête du royaume de Provence en 879, ne soit pas un descendant de Charlemagne montre à quel point la position de la haute aristocratie s'est affermie vis-à-vis de l'État Carolingien. Sans contester une certaine légitimité royale aux membres de la famille Carolingienne, les grands ne souhaitent pas rester prisonniers de celle-ci pour choisir l'homme qui, au sein du royaume, dispose des qualités les plus évidentes pour assumer la fonction royale : « L'élection et l'acclamation par les grands sont redevenus les éléments constitutifs de l'accession au trône, tandis que le sacre perd encore de son efficacité comme fondement du pouvoir royal ».

Eudes défend vaillamment Paris durant le siège qu’il a à soutenir contre les Normands en 885. Il l’abandonne un moment pour aller solliciter des secours auprès de l’empereur Charles le Gros, laissant en son absence le commandement de la place à Ebles, abbé de Saint-Germain-des-Prés. A son retour il traverse victorieusement les lignes ennemies, le duc de Saxe qu’il a devancé, et qui commande le renfort obtenu, étant moins heureux, laisse, par sa défaite et sa mort, les Parisiens tristement déçus dans leur attente...

Quelque temps après, l’empereur n’arrive lui-même que pour traiter avec les Normands, à de honteuses conditions.

Tout à coup, au milieu de la plaine, les 2 armées rangées en bataille, les Parisiens armés voient Sigefroy s’avancer vers l’empereur, prêter serment sur son épée, et l’empereur faire compter 700 pièces d’argent que le barbare emporte... C'est un cri d’indignation dans toute la ville quand on voit les Normands fuir sur leurs barques rapides chargés de ce honteux trophée : Ils ne quittent pas la France... L’imbécile empereur leur a laissé le droit de séjourner 6 mois en Bourgogne, et s'en est retourné dans ses montagnes. Sigefroy tente encore une fois une attaque surprise sur Paris, mais inutilement... il est repoussé.

C’est alors que l’ineptie de Charles le Gros se montrant à tous, sa propre sœur Hildegarde conseille, dans l’assemblée de Mayence, de le déposer et de donner la couronne de Germanie à Arnould, petit-fils de Louis le Germanique et d’Emma par Éléonore, leur dernière fille... Ainsi s’est accomplie cette grande révolution. Charles se laisse déposer sans chercher à conserver sa couronne, et Paris, qui ne veut pas du roi de Germanie, nomme unanimement Eudes, le défenseur de la ville, ce Eudes « qui abat autant de têtes de Danois qu’il lance de javelots », dit Abbon, et que tant de valeur doit rendre cher à des peuples qui redoutent les Normands à l’égal des fléaux les plus destructeurs.

Boson, le frère chéri de Richilde, le favori de Charles le Chauve, profite de ces troubles pour prendre le titre de roi de Bourgogne Cisjurane.
Rodolphe, fils d’un Conrad qui avait été comte de Paris, récupère l’Helvétie avec le titre de roi de Bourgogne Transjurane, son royaume comprend la Suisse, le Valais, Genève, la Savoie, le Bugey.
Les marquis de Frioul, les comtes de Spolète se disputent les lambeaux de l’Italie, et cherchent à se faire nommer empereurs à Rome.
Les papes conservent Rome mais tant d’ignorance, tant de désordres, tant de crimes qui amènent dans l’Europe chrétienne un si monstrueux mélange de superstitions, de brutalités, de brigandages, qu’on a lieu d’admirer que la foi se soit bien gardée, il faut pour la conserver les efforts et le zèle des âmes saintes qui gémissent dans le silence, et quand, au bout de quelques années, le pape Grégoire VII apparaît avec l’amour du bien, le sentiment de l’ordre, la foi, la science, et la mission, comme pontife, de ramener à l’ordre le trône de Saint Pierre, il doit lutter de vive force contre toutes les passions, contre tous les préjugés armés... il périt à l’œuvre et peut prononcer avec vérité ces belles paroles : « Mon Dieu, j’ai haï l’injustice et aimé l’équité, c’est pourquoi je meurs dans l’exil. »

En 888, les Français, les Neustriens et les Bourguignons, dans une assemblée générale des grands du royaume, qui suit la mort de Charles le Gros, payèrent par le trône les services d’Eudes.

Cependant, Eudes reste contesté, notamment du fait de l'opposition de l'archevêque de Reims, Foulques, et de celle du comte de Poitiers, tuteur du jeune Charles le Simple. Il lui faut l'appui d'Arnulf de Carinthie, roi de Francie Orientale, pour obtenir le soutien de l'ensemble des grands du royaume, officialisé par un second couronnement à Reims le 13 novembre 888, à l'aide du matériel (manteau, couronne, sceptre) envoyé par Arnulf, sans doute d'Aix-la Chapelle.

[Cette élection doit beaucoup à l'incapacité des rois Carolingiens à faire face aux attaques Normandes. Elle porte un coup sévère à l'empire fondé par Charlemagne de part et d'autre du Rhin et prépare l'avènement d'une dynastie proprement « Française ».
L'autorité du nouveau souverain s'étend sur les territoires occupés par les Francs et situés à l'Ouest de la Meuse, soit à peu près le nord de l'actuelle France. Notons toutefois qu'elle reste purement nominale...
André Larané.]

Eudes, en tant que roi, remporte sur les Vikings une première victoire le 24 juin 888, dans la forêt de Montfaucon d'Argonne, une seconde en 892, près de Montpensier en Limagne.
Les Normands mettent néanmoins à sac les villes de Meaux, Troyes, Toul, Verdun, Évreux et Saint-Lô. Malgré tout, sa volonté de lutter contre les invasions Normandes demeure intermittente, dans la mesure où il se contente souvent de leur verser tribut (Danegeld) pour détourner leur violence...

Eudes ne parvient pas en fait à rétablir l'autorité du pouvoir royal au niveau de ce qu'elle est à l'époque de Charles II le Chauve : « il ne contrôle réellement que les régions situées entre Loire et Seine ». Cela s'explique en partie par le fait que, pendant tout son règne, Charles va chercher à récupérer le trône de son père, en s'appuyant sur la persistance d'un légitimisme Carolingien, notamment entre Seine et Meuse.

Il dispose dans cette lutte d'alliés parmi les grands comtes, princes féodaux, notamment Baudouin II de Flandre... Ces derniers sont en effet inquiets de la volonté d'Eudes de réaffirmer la capacité royale à disposer à son gré d'honores que leurs titulaires considèrent s'être appropriés définitivement. Plus largement, les grands souhaitent contenir l'extension de la puissance Robertienne et au contraire maintenir et développer l'étendue de leurs réseaux et de leurs possessions, éventuellement au détriment du fisc royal. Il s'agit avant tout de bien faire comprendre à la puissance royale, quelle qu'elle soit, que désormais les princes du royaume disposent seuls de la puissance d'action : Le roi doit se contenter d'une allégeance formelle, sans prétendre intervenir directement dans chacun des « regna » qui composent l'ensemble franc.
En 893, il profite d'une expédition d'Eudes en Aquitaine pour se faire couronner par l'archevêque Foulques à Saint-Remi de Reims. Après plusieurs années de guerres, Eudes et son rival concluent un arrangement.

A la guerre succède la révolte : Eudes doit combattre quelques seigneurs qui méconnaissent son autorité ; il les vainc, fait trancher la tête de leur chef, le comte Valtguire, et poursuit les restes de leur parti jusqu’en Aquitaine.

Son éloignement éveille l’audace des amis du jeune Charles III, dit le Simple. Foulques, archevêque de Reims, et Hébert, conte de Vermandois, qui lui ont mis la couronne sur la tête doivent la défendre, et ils le font par la fuite...

Eudes, après avoir forcé son faible compétiteur à se retirer en Bourgogne, consent à composer avec lui.

Le couronnement à Reims, le 28 janvier 893, de Charles III le Simple fournit l'occasion aux princes de soutenir plus ou moins ouvertement un roi « alternatif » dont l'existence met à mal la légitimité et donc la puissance du Robertien.

De ce point de vue, le fait que matériellement Eudes domine Charles, en le contraignant à la défensive et en prenant Reims, ne change rien au fait qu'idéologiquement, sa position n'est pas assurée. Les grands aristocrates du royaume le savent et s'en servent, jouant ainsi successivement un roi contre l'autre pour augmenter leur assise au sein du royaume, y compris en terme territorial. Le royaume est partagé : la partie située entre le Rhin et la Seine cédée à Charles III et le reste conservé par Eudes, qui en jouit paisiblement jusqu’à sa mort, arrivée le 3 janvier 898 à La Fère (Aisne), son corps est porté à Saint-Denis dans la sépulture des rois.

Finalement, Eudes reconnaît, juste avant sa mort, Charles III le Simple comme son successeur, en échange d'un nouveau prélèvement de terres appartenant au fisc royal au bénéfice de son frère Robert.

Il meurt en 898 à La Fère, et est inhumé à Saint-Denis.

Il épouse Théodérade, qui est peut-être la petite-fille d'Aleran, comte de Troyes, dont il a un fils :
  • Gui : connu par une unique mention dans une Charte de Redon comme témoin le 28 août 903 d'un acte du duc Alain de Bretagne, acte qui est peut-être un faux.
D'autres sources[Lesquelles ?] lui donnent deux autres fils :
  • Raoul (882- mort après 898) ;
  • Arnoul (885-898).


On ne sait guère de la femme de Eudes que son nom, Théodrate ou Théodérade. Fille du comte de Troyes, elle épouse Eudes lorsqu’elle a seize ans. Charles le Simple, fils de Louis le Bègue, parvenu à l’âge de 12 ans, dispute l’autorité royale à Eudes... Il revient d’Angleterre où sa mère l’a conduit, après 2 ans de guerre, Eudes se voit forcé de le reconnaître et de lui céder une partie de la Francie (29 janvier 893), à la mort d’Eudes, en 898, Charles règne seul, les enfants de la reine n’héritant pas de la couronne. Écartée de la Cour, Théodrate meurt oubliée...

En 996, son petit-neveu, le roi Hugues Capet sera inhumé à ses côtés et en 1263, le roi Louis IX de France décidera d'un programme visant à réaliser des monuments funéraires pour marquer le rôle de nécropole royale dévolue à l'abbaye de Saint-Denis.

Il commandera une série de 14 mausolées ornés de gisants pour recouvrir les restes des derniers Carolingiens ainsi que les premiers Capétiens.

Parmi les tombeaux commandés figurent ceux de Eudes et Hugues Capet.
Ceux-ci se trouvent à la croisée du transept à côté de l'autel matutinal et derrière les tombeaux de Robert II le Pieux et de Constance d'Arles.

En août 1793, ils sont parmi les premiers tombeaux détruits par ordre de la Convention à l'instigation du citoyen Barère.
Les deux gisants d'Eudes et Hugues disparaissent en même temps que celui du roi Dagobert Ier.
De ces tombeaux, seul un dessin de l'historien et collectionneur François Roger de Gaignières est conservé à la Bibliothèque nationale de France.

Eudes de France — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Eudes_de_France
Titre complet, Roi de Francie Occidentale ... Eudes , ou Odon, né après 852 et mort le 3 janvier 898 à La Fère (Aisne), comte de Paris et marquis de Neustrie ...
Biographie - ‎Mort et tombeau - ‎Descendance - ‎Notes et références

Reines, Impératrices - La France pittoresque
www.france-pittoresque.com/spip.php?rubrique706
9 janv. 2013 - Épouse Charles II (roi de France (Francie occidentale)) en 842 ... Théodrate ou Théodérade (née vers 868, morte après 898). Épouse Eudes (pas encore roi de France) en 884 ... Avant de devenir roi puis d'épouser Berthe de Bourgogne à la fin de l'année 996, Robert II épousa Suzanne-Rozala de ...


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