lundi 17 novembre 2014

LA GRANDE GUERRRE AU JOUR LE JOUR 4 NOVEMBRE 2014

 4 NOVEMBRE 1914


I)
Les Allemands ont abandonné presque complètement la rive gauche de l'Yser, dont les passages ont été réoccupés par les troupes alliées. Sur la Lys, nos positions sont maintenues comme sur la Scarpe et sur l'Aisne. Au nord-ouest de Pont-à-Mousson, nous avançons avec méthode.

Le communiqué Belge, qui ajoute de nombreux détails au bulletin Français atteste que la situation est bonne pour les forces alliées dans le nord de la France.

Trois Taube ont été détruits par nos soldats à Souain, entre Reims et l'Argonne.

L'empereur Nicolas II est parti une fois de plus pour le front de son armée qui, maintenant, en Pologne, est arrivée à 40 kilomètres de la frontière Prussienne.

Les autorités Autrichiennes se sont enfuies de Cattaro.
Une note de l'amirauté Anglaise annonce que la mer du Nord est interdite aux navires marchands, l'Allemagne y ayant fait poser des mines par des bâtiments battant pavillon neutre.

Le ministre de Serbie, suivant l'exemple, des ambassadeurs de France et d'Angleterre et de Russie, a quitté Constantinople.
Un croiseur Anglais, le Minerva, a bombardé Akaba, au pied du massif du Sinaï, et qui est le premier fort Turc en venant de la frontière Égyptienne.

La Perse dément qu'elle ait un accord avec la Turquie.

Le gendre et successeur de Krupp est nommé docteur de l'Université de Bonn. C'est le salut des intellectuels Allemands au mortier 420.

II)
la guerre Turque
La Turquie entre en guerre aux côtés des Allemands. Ces derniers lancent de nombreux investissements dans le pays comme un signe d’une collaboration active entre les deux pays. Le Journal du Maine-et-Loire écrit que des officiers Allemands affluent à Constantinople et réorganisent l’armée et la marine.
Il précise que la Turquie joue « la comédie de l’achat des croiseurs « Goeben » et « Breslau » ». En réalité, l’achat de ces navires permet à la Turquie d’augmenter les capacités de son armée mais cela permet surtout que ces navires ne soient pas détruits suite aux bombardements qu’ils ont commis « de nos villes ouvertes d’Algérie, Bône et Philippeville ». Le journal explique que « l’objectif principal de l’Allemagne est d’atteindre l’Angleterre à un de ses points les plus sensibles, au canal de Suez et en Égypte de façon à couper les communications des Îles Britanniques avec les Indes ».

Un détachement de l’armée Turque doit attaquer les provinces Russes. L’auteur de l’article précise que « les inépuisables réservoirs d’hommes dont dispose la Russie […] lui permettent de négliger la menace Turque ». En revanche, le cas de l’Égypte est considéré comme plus sérieux. Quoi qu’il en soit si le pays est envahi, les nations Balkaniques répondront à la Turquie. L’auteur conclut : « la question des Détroits va se rouvrir et finalement la Turquie, aux gages de  l’Allemagne, pourrait payer cher sa déclaration de guerre à la France, à l’Angleterre et à la Russie ».

III)
Les cantonnements, la vie à l'arrière du front
Après les combats très meurtriers de l'automne 1914 et plusieurs semaines passées dans les tranchées boueuses infestées de parasites, la vie de cantonnement est très appréciée des Indiens en cette fin d'année 1914. Plusieurs secteurs de cantonnements importants sont choisis : La région d'Auchel, la vallée de la Lys, le Lillerois et les régions de Béthune et Aire-sur-la-Lys.
Les granges des fermes, les dépendances d'usines ou de brasseries deviennent le lieu d'habitation du simple soldat. La chambre dans le corps de logis celui de l'officier subalterne alors que les maisons bourgeoises hébergent des officiers supérieurs.
D'autres villages situés à quelques kilomètres des tranchées tels que Gorre, Locon, La Couture Vieille-Chapelle, Lestrem... sont choisis pour héberger les unités placées en réserve dans l'attente d'être appelées en renfort en cas de nécessité.

IV)
André est en train de faire une division à 4 chiffres, il commence à bien savoir les faire.
Noëlle fait des multiplications, elle sait à peu près son livret maintenant. Elle a une mémoire surprenante cette petite, quand on lui donne une fable à apprendre, elle la sait en deux minutes, c’est dommage que ce ne soit pas un garçon car elle a beaucoup de facilités.
Quant à Robert inutile d’en parler, c’est la paresse incarnée...

V)
Il y a tant de militaires qui ne font rien dans les bureaux, on pourrait bien en employer à relever les noms des blessés et à les envoyer à leurs familles.
Je n’ai toujours pas de nouvelles de Maman et de Georges et en suis bien ennuyée. Nous voilà au 4 et depuis le 8 octobre où il a été blessé, c’est surprenant qu’il n’ait pas trouvé le moyen de nous écrire ou nous faire écrire.
Maman n’est pas rentrée et, comme dans sa lettre de vendredi arrivée dimanche elle nous dit que si elle ne trouvait rien jusqu’au lendemain elle reviendrait ici, cela me fait espérer qu’elle a enfin découvert la trace de Georges.
Elle attend encore des réponses aux divers télégrammes qu’elle a envoyés à Béthune, à Saint Pol s/Mer, à Berck... Ce service de santé est vraiment bien mal fait. Il y a tant de militaires qui ne font rien dans les bureaux, on peut bien en employer à relever les noms des blessés et à les envoyer à leurs familles.
Je suis allée à Épinal hier, à la Place. Mr Manuel m’a encore dit que je devrais télégraphier au bureau des Comptabilités à Bordeaux, que je pourrais trouver là encore quelques renseignements.
Je l’ai fait de suite naturellement. Il s’est offert aussi à téléphoner au dépôt de Gray. Voyant que Georges ne nous fait rien dire, je crains qu’il ne soit mort en route, puisque au commencement on disait qu’il ne lui fallait aucun mouvement dans son lit...
J’ai peur qu’on l’ait évacué trop vite et qu’il en ait souffert. Le jeune Lang, beau-frère de Manuel a été tué le 8 près d’Arras.
GRAND DUC NICOLAS
La femme de Pierre Geny est parti de Lens par le dernier train qui quitte la ville avant l’arrivée des Allemands. La pauvre jeune femme a eu de grosses angoisses, il a fallu au dernier moment opérer son petit qui avait une hernie étranglée, enfin tout a bien réussi.

Thérèse nous quittera prochainement. Sa belle-sœur, partie en Bretagne au mois d’août a le désir de revenir au pays, mais n’ose pas encore rentrer à Raon dont les Allemands ne sont pas assez éloignés. Cela ennuie Thérèse qui est obligée de remettre sa maison en état, de faire des provisions, etc., alors qu’elle avait fait son compte pour rester avec nous jusqu’à la fin de la guerre...

VI)
Leur élan est brisé sur les bords de l'Yser :
Bordeaux, 4 novembre, 16h26 :

A notre aile gauche
Au nord, la situation ne s'est pas modifiée depuis hier.
L'ennemi s'est replié sur la rive droite de l'Yser. Nous avons repris Lombartzyde.
Les Allemands ne tiennent plus, sur la rive gauche de l'Yser, qu'une tête de pont, à mi-chemin entre Dixmude et Nieuport., Ils ont abandonné, outre des prisonniers et des blessés, un nombreux matériel, dont des pièces d'artillerie enlisées.
Entre Dixmude et la Lys, l'action a continué avec des alternatives d'avance et de recul, mais, dans l'ensemble, les forces alliées ont sensiblement progressé.
Entre la Lys et la région d'Arras, canonnade et actions de détail.
Entre la région d'Arras et l'Oise, nous avons avancé, à l'est du Quesnoy-en-Santerre, jusqu'à hauteur de Parville.

Au centre
L'attaque Allemande qui s'est développée sur la rive droite de l'Aisne, dans la région de Vailly, et nous a fait perdre les premières pentes des plateaux au nord de Vailly et de Chavonne, n'a pas continué.
Dans la journée d'hier, une contre-attaque de nos forces nous ont rendu une partie de terrain perdu.
Violente canonnade et vives attaques Allemandes repoussées, sur les hauteurs du Chemin-des-Dames et autour de Reims, Aucun événement important entre Reims et la Meuse, ni en Woëvre.

A notre aile droite
En Lorraine, rien de nouveau.

VII)
Nancy, 4 novembre.
J'ai sous les yeux les N° 2, 3 et 4 d'un petit bulletin imprimé chez Mattenklott, à Berlin, et que l'Allemagne envoie à profusion dans les pays neutres, sous prétexte de « Renseignements explicatifs sur la guerre ». C'est le « Bureau des deutschen Handelstages, Berlin » qui se charge de la confection, de la rédaction, et de la diffusion de ces nouvelles. Le Bulletin est édité en français.

On voit, en le lisant, comment il peut se faire que l'opinion du peuple Allemand ne soit pas révoltée contre cette guerre atroce. Le mensonge y est étalé avec un cynisme déconcertant. On n'a aucune sorte d'égards pour la vérité. Et naturellement on accuse les autres nations des crimes dont chaque jour se rendent coupables les Allemands.

Ainsi dans le n° du 7 septembre, on déclare que :
Les Français et les Anglais se servent de balles dum-dum.
Les Belges crèvent les yeux des blessés.
Louvain a été brûlée, car la population tirait sur les soldats Allemands.
Les Russes coupent les seins aux femmes, et martyrisent les enfants.
Le parti ouvrier Anglais s'est fait l'accusateur de Grey.
Cela n'est rien... On est habitué à la mauvaise foi Allemande.

Les Allemands pourtant croient à toutes ces basses ou grotesques accusations. S'ils avaient pour un sou de cette méthode psychologique dont ils sont si vains, ils auraient vite fait de se rendre compte qu'on les trompe. Ils n'auraient qu'à rapprocher les Bulletins les uns des autres. La comparaison leur ouvrirait les yeux.

Faisons cette comparaison pour eux.
Elle est édifiante. Dans le numéro du Bulletin du 8 septembre on lit :
« Les armées du prince royal de Bavière et von Heeringen luttent contre les troupes de défense Française dans les positions de Verdun, Toul, Épinal, Belfort.
Le 5 septembre a commencé l'assaut de Nancy en présence de l'empereur. » (...)
Voilà des précisions :
On sait que ni Verdun ni Toul, ni Épinal, ni Belfort, ni Nancy n'ont vu de troupes Allemandes à cette date.

Dans le Bulletin du 21 septembre, les Allemands ont le droit d'espérer qu'ils apprendrons la reddition de Verdun, de Toul, d’Épinal, de Belfort, ou de Nancy, ou même de ces 5 villes à la fois.(...) Le rédacteur du Bulletin, qui n'a pas osé aller jusque-là, abandonne subitement Nancy, Belfort, Épinal et Toul, et s'attaque plus spécialement à Verdun.

Sous le titre : « La situation militaire au 20 septembre », il écrit :
« L'attaque des forts d'arrêt au sud de Verdun est préparée. La décision finale de cette seconde phase de la guerre est imminente. »

Si la décision est imminente au 21 septembre, assurément nous allons en être informés par le Bulletin du 2 octobre. Or ce Bulletin parle seulement de « l'échec d'une forte sortie de la garnison de Verdun, le 21 septembre. »

C'est donc que cette décision imminente menace de s'éterniser, et que Verdun n'est pas pris ?
En effet, le Bulletin ajoute qu'on doit signaler parmi les événements importants « l'ouverture du feu de la grosse artillerie contre les forts d'arrêt au sud de Verdun. »

Si les Allemands comprennent ainsi le mot « progresser », c'est qu'ils n'ont pas le progrès exigeant.
Le 5 septembre ils font l'assaut de Nancy en présence de l'Empereur et ne réussissent à rien.
Le même jour ils luttent contre les positions de Verdun, de Toul, d’Épinal et de Belfort.
8 jours après, ils ne parlent plus de Toul, d’Épinal, de Belfort, ni de Nancy, mais proclament que la décision finale est imminente à Verdun.(...)
8 jours encore après, ayant définitivement abandonné l'idée de l'attaque de Toul, d’Épinal, de Belfort et de Nancy, ils considèrent comme un événement important l'ouverture du feu de la grosse artillerie non point contre Verdun, mais contre les forts d'arrêt au sud de Verdun.

Les Allemands ont beau avoir subi dès le début de la guerre l'amputation de leur libre arbitre, ils n'auront pas de peine à constater que leur progression est une progression à reculons.
Mais la palme de la fantaisie appartient sans conteste aux communiqués Autrichiens. En voici un dont la saveur est exquise :
(Bureau de correspondance Viennois.) Une édition spéciale du « Journal officiel » déclare :
« En septembre, les revenus de l'impôt sont passé de 5.800.000 couronnes à 11 millions 900.000 couronnes.
Les dépôts à la caisse d'épargne de Vienne atteignaient à la fin de septembre 1914 une somme totale de 38 millions de couronnes plus élevée qu'à la fin de l'année 1913. La Caisse de prêt de guerre et la Banque de crédit de guerre se chargent des crédits, demandés dans une proportion croissante par le monde du commerce.
Pendant la première quinzaine du mois d'octobre, l'office de placement a procuré du travail à 9.229 personnes. Les artisans et les ouvriers trouvent suffisamment de l'ouvrage.(...)

La situation sanitaire est très favorable, aucun cas de choléra n'a été signalé dans la population indigène. La population est pleine de confiance, la circulation est intense dans les rues, tous les théâtres sont ouverts. » (…)

Le Journal de Genève, qui est un bien amusant pince-sans-rire, souligne ce joli communiqué de cette observation délicieusement ironique :
« Ainsi, en Autriche, la guerre a grandement accru la prospérité publique, augmenté le rendement des affaires. C'est un phénomène qui valait à coup sûr d'être annoncé à l'étranger, car il est sans exemple. »
Que les Austro-Allemands continuent à inonder les pays neutres et les pays alliés de leurs billevesées. Dans l'obscur mensonge chacun trouvera sans peine une petite lumière de vérité.
On nous fera croire difficilement qu'en ce temps présent, dans le service de l'Autriche, le civil, pas plus que le militaire, devienne riche.
René Mercier .

VIII)
Du « Temps » :
« Nous avons des nouvelles de notre ami et collaborateur M. Alfred Mézières. Le village de Rehon qu'il habite est occupé depuis plus de 2 mois par les étrangers. Il ne peut par conséquent ni circuler ni correspondre avec la France.
« Nous sommes heureux de rassurer ses amis. Sa santé demeure bonne.
« Cette nouvelle nous est parvenue par lettre ouverte de Genève, datée du 29 octobre. »

IX)
Un homme retrouvé entre les lignes
Vincent Le Calvez 18:45
Bonjour à tous,

Le 3 novembre 1914, le 28e RI se fait surprendre et perd le secteur de Sapigneul. Le lendemain, après plusieurs contre-attaques menées par le 28e RI, le 24e RI, le 148e RI et le 284e RI, Sapigneul est réoccupé et le pont est passé à la moulinette. Alors que les hommes du 148e RI s'emparent du pont de Sapigneul, ils découvrent un soldat Français du 127e RI, blessé, seul, depuis 15 jours

Voici ce qu'on peut lire dans le JMO du 148e RI (SHD, 26N696) :
« Le Caporal brancardier Géraud, s'est fait remarquer depuis 15 jours par son zèle et son dévouement. Chaque jour, il est allé jusqu'à quelques mètres des tranchées Allemandes chercher, sous un feu violent, des blessés considérés comme perdus. Il s'est particulièrement distingué à la reprise de Sapigneul en ramenant au prix des plus grandes difficultés un soldat blessé du 127e Régiment d'infanterie dont on connaissait la situation mais qui n'a pu être secouru depuis 21 jours, abandonné entre les lignes de feu (le Soldat Vandenberghe, Louis de la 8e Compagnie du 127e, matricule 4710, blessé le 15 octobre d'un éclat d'obus ayant déterminé une plaie pénétrante de la jambe gauche, est par la suite atteint au cou et à l'autre jambe par des éclats d'obus. Il est resté du 15 octobre au 4 Novembre sans capote, se traînant sur le sol, et se nourrissant de feuilles de choux et de betteraves qu'il avait à sa portée.) »

X)
Jacques Vignaud, retraité, est ancien administrateur du collège Henri Matisse et du conservatoire de musique d’Issy-les-Moulineaux. Professionnellement, il a occupé de nombreuses fonctions dans l’industrie chimique puis dans des sociétés d’apprentissage des langues étrangères. Par ailleurs, il a été représentant de la France dans les institutions internationales des Auberges de Jeunesse.
 
L’un de ses amis lui a confié le carnet de route d’un aïeul, Poilu de la Grande Guerre, Louis Vincent. Voici le début de ce récit :
 
« C’est le samedi 1er août 1914 que sonne la mobilisation générale, et je l'apprend qu’à 10 heures du soir, en sortant de travailler de la Société des mines d’or et de charbonnages de Chavaignac. J'en suis saisi d’une profonde émotion, en apprenant que la mobilisation générale a éclaté.
 
Mais je finis par me rendre à l'évidence, et me dire en moi-même que j’accomplirai mon devoir de vaillant Français. Étant de la classe 14, et ayant passé le conseil de révision depuis 4 mois, je m’attend
à être appelé de suite... J’attends ma feuille de route avec impatience. Tellement que tous les soirs à 16h, je vais à la gare avec 2 camarades de ma classe, attendre le courrier pour savoir si notre feuille de route n’est pas arrivée.
Mais elle n’arrive jamais, et on s’en retourne en se disant que peut-être elle arriverait le lendemain. Et le 4 septembre, je reçois la feuille si attendue. Je dois rejoindre le 75e RI à Romans, immédiatement et sans délai : aussi dès le lendemain je parts pour Romans.
 
J’arrive à la caserne à 11 heures du soir, mais en rentrant au poste on me dit qu’ils n’ont pas de place pour me faire coucher... Je ressors pour aller coucher en ville et je reviens le lendemain matin. Ils me trouvent de la place et je ne tarde pas à être habillé en militaire. Je reste en caserne jusqu’au 18 septembre et le lendemain, à 4h, nous partons sac au dos au camp de Chambaran, dans le département de l’Isère, à 50 kilomètres de là.
Nous y faisons nos classes qui ne sont pas trop longues. Je commence à trouver que je ne suis pas si bien qu’en caserne. A Romans, je couche dans un lit, tandis qu’au camp de Chambaran nous couchons sous des marabouts et sur la terre que je trouve bien dure. Mais encore, ce n’est à proportion de ce que j’ai souffert plus tard sur le front.
 
Le 4 novembre 1914, nous quittons le camp en chemin de fer pour rentrer à notre dépôt puis nous sommes dirigés vers le front.

Le 7 novembre, 16h le commandant passe dans les rangs et demande tous ceux qui sont volontaires pour partir sur le front.
Moi, je suis du nombre pour aller aider à chasser ces vulgaires Prussiens. Et le lendemain, à 8h, nous partons en détachement de 300 en direction de la frontière, vers les Boches.
XI)
le 4 novembre dès 7h45. Ils profitent du brouillard matinal et arrivent à destination à 8h45. Ils doivent attendre d'autres instructions sur place. Les
deux bataillons s’enterrent sur le lieu de leur rassemblement derrière la position déjà occupée par notre 3e bataillon. La position du 3e bataillon se trouve à l'est d'Oosttaverne et au nord-est de la route qui relie cette localité à Hollebeke. Il fait alors front vers le nord-ouest. Le 2e bataillon se trouve à sa droite, échelonné en arrière, derrière les 3e et 1er bataillons, et il est tenu en deuxième ligne derrière le 3e.
Les quelques tranchées et trous d'avant-postes déjà présents sont alors renforcés afin d'être à peu près sécurisés contre les tirs de balles ennemies. En effet, on tire constamment sur nous depuis un boqueteau situé au nord de cette position. Ces tirs nous infligent des pertes. Nos patrouilles ont pu identifier des tireurs Français. Il s'agit sans doute d'hommes qui ont perdu leur unité.
Ainsi est venue la quatrième nuit qu'il faut passer à l'air libre. Le temps de novembre est exécrable et il faut rester dans des tranchées bien provisoires et dans des trous individuels. Le 5 novembre, notre régiment a de nouveau passé toute la journée en ce même lieu, toujours dans ses tranchées qu'on continuait de renforcer et d’approfondir. Il se trouve, en effet, toujours en disponibilité, au service de la 25e D.I. Prussienne qui faisait partie du « corps Gerock » Le tir d'armes légères en provenance du boqueteau précité devenait de plus en plus fréquent sans qu'on puisse y repérer l'ennemi avec une précision quelconque. Nos pertes étaient donc en constante augmentation. Une  balle trouvée sur le terrain se révélait être un projectile doum-doum, et certaines de nos patrouilles prétendaient même y avoir reconnu la présence de civils.
Au soir, notre 20e de réserve (sans son 2e bataillon) quitte les lieux pour prendre du repos en cantonnant à Comines. Fatigués à l’extrême par les énormes efforts accomplis, les hommes se sont alors écroulés sur place dès leur arrivée aux quartiers. La faim est oubliée, il faut seulement dormir, dormir et encore dormir !
Le 2e bataillon est désigné, suite à un ordre du colonel du R.I.R. n° 21 Bavarois, pour accomplir la mission spéciale suivante :
« Le boqueteau au nord-est de Wytschaete se trouve toujours occupé par l'ennemi. Le bataillon prendra cette nuit possession de ce bois.» Cette désignation d'un objectif certainement très difficile à prendre a été accueillie par l'état-major du bataillon avec des sentiments plus que mitigés. En effet, la troupe est  insuffisamment instruite. Comment peut-elle attaquer et occuper au cinquième jour de son engagement au front, ce bois qui lui est totalement inconnu. Personne ne connaît sa position exacte et sa constitution. Le terrain d'attaque est également inconnu en tous points. Et l'opération doit se faire sans préparation d'artillerie ni reconnaissance préalable ! Dès 19h, le bataillon s'est mis en mouvement en direction de Wytschaete pour s’approcher de son objectif. Il faut tout d'abord se mettre en contact avec le général commandant  la 5e brigade d'infanterie bavaroise. Jusqu'à 22h, les recherches sont effectuées dans ce but, à l'intérieur de Wytschaete qui est entièrement démoli et incendié. Elles devaient rester vaines. Cela commence bien  pour nos hommes !
PONT DE SAPIGNEUL
L'Oberstleutnant Jägerhuber qui commande notre 2e bataillon, déplace son unité qui attend la suite des événements à la sortie est de Wytschaete, jusqu'au bois de Rondell au nord-ouest d'Oost-taverne. En effet, ce bois ne lui est pas inconnu. Il essaye de contacter au moins le chef du R.I.R. n° 5 Bavarois. Avant de partir, chaque homme a reçu un fagot fabriqué par les pionniers. Ces fagots doivent servir à incendier le bois qu'il faut prendre d'assaut. À l'arrivée du bataillon qui a trouvé son chemin à travers champs  grâce à la lueur des incendies, le 5e de réserve est sur le point d'être relevé par des troupes Prussiennes. Dans leur largeur d'esprit, ces dernières ont alors hautainement repoussé l'aide offerte par notre bataillon. Ce dernier (bien soulagé par l'issue de l'affaire) est donc reparti pour Oosttaverne, Wambeke, puis Warneton, avec Comines pour destination. Il arrive le 6 novembre à 3 h 15 du matin. Immédiatement on lui a désigné des cantonnements sur place. Puis chacun suit l'exemple des camarades de nos deux autres bataillons. Il n’y a plus rien d'autre à faire que de dormir !

Novembre 1914 - La Vie en Lorraine (1/3) - blamont.info
www.blamont.info/textes866.html
Accès à la rubrique des textes concernant 1914-1918 ... La Grande guerre. La Vie en Lorraine ..... Le communiqué officiel du 2 novembre, 23 heures, dit :
Vous avez consulté cette page le 14/11/14.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire