I)
Le
mauvais temps persiste et le canon s’est tu, sauf de 15 à 16h. Au
moment de rentrer du Salut avec Élise, un bruit formidable nous fait
sauter... Le tram F vient de tamponner devant l’habitation de Mme
Despature une auto non éclairée qui vient de déposer 3 officiers
chargés de réquisitionner 4 000 bouteilles du vin du pauvre
commandant. L’auto a été chassée du coup sur le trottoir en
enfonçant le pylône du trolley. La motrice du car est très
détériorée, les vitres de l’avant sont en miettes. Quelques
secondes plus tôt, Élise et moi étions aplatis sous l’auto
bousculée avec tant de violence.
Les
Allemands, pas émus pour si peu, pénètrent chez Mme Despature qui,
toute tremblante, tient à la main son papier de réquisition des 4
000 bouteilles. Elle me supplie de lui venir en aide, mais la grande
porte se referme brusquement sur elle et sur ses visiteurs qui ne se
montrent pas tendres après l’accident... A chaque bruit de bottes,
à chaque coup de sonnette, nous tressaillons. Nos deux gros bleus
rentrent de leur absence de 3 jours de garde. Ils nous ont occasionné
un moment d’émotion, mais enfin le souper se passe sans incident.
Journal
d’Alfred Wolff,agent auxiliaire de la Police municipale Rémoise
II)
« Bétheny
pillé »
Calme
! Calme ! toujours. Les troupes passent bien en ordre pour la relève
des tranchées.
La
nuit, tantôt, à 12h, 4, 3 ou 2h le 75 pète, pas d’émotion, il
devient une clocheréveil.
Je
remplace pour 8 jours le sous-brigadier Rofidal qui est au repos. Que
vais-je découvrir dans mes courses aux renseignements ?…
(Parc
à fourrages) Retrouve Halary fidèle à son poste depuis une année.
Le
Petit Bétheny est ce qu’on peut vraiment appeler un désert,
et surtout pillé me dit-on ce jour à 15h40.
Au
lieu de l’animation de l’an dernier je trouve le silence
absolu, tout fermé, bombardé, déchiqueté, maisons éventrées.
A
l’entrée et sur la droite du boyau prenant naissance sur la route
de Bétheny se trouvent deux tombes de soldats atteints par éclats.
En
ce moment 15h45 les 75 (scieries) donnent une sérénade.
Je
trouve l’échiquier de la défense de Reims et allant vers Cernay
bien changé, la crête de Beauregard « Le mamelon » est
occupé par nous, Bétheny et le Linguet, et bien plus loin, la route
Romaine tout cela est tenu par nos méridionaux.
Je
fais connaissance de Mr Le Capitaine Beauvisse commandant la section
de mitrailleuse du 40e de ligne, casernée en la crèche de l’avenue
de Bétheny.
La
suite sur les Archives de la ville de Reims:
III)
A
SAVOIR
Puisieulx.
Un
berger, Alfred Durot, est condamné par le Conseil de guerre à la
peine de mort pour trahison et exécuté.
Le
général, commandant en chef, rappelle que : La chasse est interdite
dans la zone des armées aux militaires de tous grades aussi bien
qu’aux personnes étrangères à l’armée.
Attaque
générale en direction de Chauvoncourt. Assaut de la côte 322 face
à Saint-Mihiel. Deux jours de combats sans résultat contre les
Bavarois. Retour au bois de Lamorville.
Certains
commerçants, profitant de la crédulité de nos familles, proposent
des prétendues cuirasses sans en avoir contrôlé l’efficacité.
Mais
aussi en raison du nombre croissant des blessures à la tête, nous
mettions nos gamelles sous nos képis avant que l’on nous distribue
des calottes en fer.
Attaques
du 58e RI à Ménonville (Meuse)
Une
compagnie de volontaires est constituée dans la brigade. Elle a pour
objectif la tranchée de la cote 277. Elle est renforcée d’une
compagnie du 40e, une compagnie de 58e doit attaquer Menonville.
L’attaque a lieu le 15 novembre. Dès le départ, l’ennemi ouvre un feu extrêmement violent d’artillerie et de mitrailleuses. La troupe d’assaut éprouve des pertes très sensibles et ne parvient pas à déboucher. Les unités en réserve à la lisière de Malimbois subissent un tir d’artillerie lourde très bien réglé.
Dans la nuit du 16 au 17 la compagnie de volontaires parvient à enlever la tranchée de la cote 277, mais elle lui est reprise peu de temps après, par une contre attaque.
IV)
Mort
de René Serpette de Bersaucourt de l’école nationale de
Chartres
Blessé
sur le front, René Serpette de Bersaucourt est évacué sur
l’Auvergne et meurt peu de temps après dans une ambulance de
Châtelguyon (Puy-de-Dôme). Né à Douai, berceau de sa famille, il
n’a pas eu, avant de rendre le dernier soupir, la joie de voir les
Français rentrer dans cette ville douloureusement occupée par
l’ennemi, et que n’eût-il pas donné pour collaborer à cette
reprise !
Il
n’a pas davantage eu le temps de mettre au point, pour une
impression future, l’étude biographique composée et présentée
comme thèse en 1908 sur le maréchal Philippe de Crèvecœur,
seigneur d’Esquerdes, un prédécesseur des vaillants chefs de nos
armées modernes, qui passe sa vie à lutter précisément dans la
région du nord de la France si éprouvée, en lisant le récit de
ses exploits, en effet, on voit cités les mêmes noms, Arras,
Béthune, la Somme, Tournai, Gand, Orchies, la Flandre, qui pendant 4
années ont retenti si fréquemment à nos oreilles, évocateurs de
singuliers rapprochements dans les événements.
René
Serpette de Bersaucourt a été élevé dans le culte de la patrie et
de l’honneur, c’est pour la patrie et pour l’honneur qu’il a
fait le sacrifice de sa vie.
V)
Lu
dans Le Moniteur en date du lundi 16 novembre 1914
France.
Les
Allemands ont été repoussés de la position très étroite de la
rive gauche de l’Yser qu’ils occupent encore, en sorte que tous
les combats de la semaine dernière, qui leur ont coûté tant
d’hommes restent stériles pour eux.
Les
Russes ont gagné 100 kilomètres de terrain dans la Prusse
Orientale (…) Ils enveloppent maintenant toute la
région des lacs Mazures d’où ils débusquent pied à pied leurs
adversaires.
Ils
livrent encore de belles batailles ininterrompues sur le front
de la Vistule, à l’est de Thorn, près de Kalisch, près de
Czenstoschow, et en Galicie, où se poursuit régulièrement la
marche sur Cracovie et le refoulement des forces Austro-Hongroises
vers les Carpathes. D’aucun prétendent même que Cracovie s'est
livrée sans combat.
Le
tsar, répondant sans doute aux récentes propositions
Allemandes (que le cabinet de Berlin n’a pas démenties)
déclare qu’il ne conclura pas la paix avant d’avoir totalement
brisé la résistance de l’Allemagne (…)
Grande
Bretagne.
Le
cabinet de Londres annonce, dans une note officieuse, qu’il
n’attaquera pas le littoral arabe et que tout au contraire il
viendra en aide éventuellement à la révolte des tribus arabes
contre la Turquie.
Ce
soulèvement que l’on peut en effet escompter, car la sédition est
à l’état presque chronique en Arabie, créerait aux jeunes Turcs
de très sérieux embarras, et d’ailleurs la popularité d’Enver
bey à Constantinople même diminue de jour en jour.
On
l’accuse de trahir les intérêts Ottomans au profit du kaiser.
Italie.
Le
nouveau ministre de la Guerre Italien, le général Zuppelli, a
demandé 400 millions de crédits pour la remise en état des
armements, et le conseil des ministres les a accordés.
VI)
Ce
jour-là, le Petit Journal publie une photo du Roi des Belges, Albert
Ier, auquel il rend hommage. Selon Stpéhen Pichon, les Allemands ne
savent pas tout.
Les
Allemands rejetés sur la rive droite du canal de l'Yser. M. de
Monzie évoque la « suite du séquestre » des biens
Allemands en France.
VII)
Bulletin
de la guerre :
Les
Allemands rassemblent des troupes.
La
presse Britannique annonce que les soldats Français se couvrent de
gloire. Les champs de bataille de l'Yser.
Mort
du maréchal lord Roberts.
Offensive
victorieuse des armées Russes.
M.
et Mme Caillaux au Brésil.
VIII
Le
lundi 16 novembre 1914
Il
pleut depuis 4 jours.
13h
Mon cher père,
Depuis
le commencement de la guerre je n’ai pas passé un dimanche comme
celui d’hier. J’ai assisté à la messe à 9h et aux vêpres
à 14h dans la petite église de Ville-sur-Cousances, à 6 km
environ au midi [au Sud-Est] de Clermont-en-Argonne (Meuse).
La
cérémonie était imposante. Nous étions au moins 400 soldats
et officiers, il n’y avait qu’une vingtaine de femmes.
L’église était pleine, je suis sûr qu’il n’y avait
jamais eu autant d’affluence.
Le
soir, nous avons récité le chapelet, une petite fille le récitait
et les 400 soldats de tout âge lui répondaient.
Ces
400 soldats de toutes les conditions récitant le chapelet avec
une petite fille, dans un village dévasté par la guerre, au
son du canon, formaient un tableau émouvant, les larmes en venaient
aux yeux. Chacun se retrouvait par la pensée dans l’église de son
village, au milieu des siens.
Nous
sommes bien tranquilles en ce moment et à l’abri. Le mauvais temps
continue : La pluie et le froid, voilà ce qui nous attend. Hier il
est tombé de la neige fondue, aujourd’hui il fait moins froid.
Je
me porte toujours très bien. J’ai reçu ce matin une lettre
d’Aimée datée du 10 novembre.
J’ai
reçu samedi soir 14 novembre un colis envoyé par Eugénie. Je
ne manque de rien en ce moment, c’est-à-dire de rien de ce qui est
nécessaire, assurément nous n’avons pas de friandise, mais malgré
cela je mange tous les matins mon chocolat ou mon café au lait,
depuis que nous sommes au repos.
Je
pense toujours à vous et espère toujours revenir un jour auprès
de vous.
Votre
fils qui vous aime. H. Moisy
IX)
16
Novembre 1914
JMO/Rgt
: « Le 5e bataillon (commandant Villemin) reçoit la mission de
flanquer à l’Ouest, l’attaque de Circy (colonne de gauche) en
occupant à 5h:
1°
les lisières N et N.E. du bois des Haies (20e Cie)
2°
le village de Montreux et les hauteurs (ride 338) (19e Cie)
3°
le village de Neuviller (17e et 18e Cie)
La
20e Cie se rallie à gauche avec le bataillon du 297e de Merviller
qui occupe la ligne Ancerviller-hameau, Clair Bois, Bois des Chiens.
La
19e Cie occupe avec 2 sections la lisière N. du village de Montreux,
établit une section en soutien d’artillerie sur le flanc ouest du
village et une section en échelon sur le flanc Est avec le même
rôle, une batterie de 90 occupe les pentes S.E. de la cote 333.
Cette compagnie assure en outre la liaison avec la cavalerie du Bois
de la Tour.
La
18e Cie construit 2 tranchées à l’Est du bois des Haies (à
hauteur de la route Ancerviller - Neuviller) pour 2 sections de 1e
ligne, les 2 autres sections en repli et également retranchées au
saillant du bois des Haies.
La
17e Cie construit 2 tranchées à la sortie O. de Neuviller pour 2
sections, les 2 autres sections en réserve au village.
La
section de mitrailleuses flanque au centre du repli le terrain des
approches (épaulements construits)
11h,
violente canonnade du coté de Cirey.
A
16h, la Cie établie au bois des Haies reçoit quelques obus, la Cie
fait étape à Montreux reçoit à la même heure en pendant 30mn des
obus fusants dirigés vers la cote 338 et semblant venir de la ferme
Saint-Jean. Toutes les unités restent sur leurs emplacements de
combat jusqu’à 22h, heure à laquelle elles reçoivent l’ordre
de se diriger sur Sainte-Pôle, Vacqueville pour y assurer le service
d’avant-postes.
6ème
bataillon : Travaux pour les compagnies de Vathiménil (21e, 23e, 6e
section de mitrailleuses)
22e
et 24e Cie aux avant-postes : Rien d’important à signaler. Une
demie section (22e) envoyée sur Chazelles par Domjevin, Blemerey,
cote 297 protège de concert avec une demie section du 221e
l’évacuation des villages de Domjevin et Blemerey.
Pertes
: néant, prisonniers : néant.
Propositions
: sergent de l’active Gérard (19e Cie) « Étant chargé
d’assurer la liaison avec la cavalerie de l’attaque, a rempli sa
mission avec beaucoup d’énergie et de sang-froid, malgré les
rafales de l’artillerie adverse »
Consommation
de munitions : néant. »
X)
JMO/SS
:
« Indisponibles
= 41, évacués néant
Le
6e bataillon a les mêmes emplacements que la veille. Le 5e bataillon
part à 13h30 pour aller occuper les emplacements de combat en avant
de Mervillers, à Montreux et sur la lisière du bois des Haies. La
19e Cie subit le feu de l’artillerie Allemande sans éprouver de
pertes ni de blessures. Le bataillon passe la nuit sur ses
emplacements. »
XI)
La
guerre est menée pour défendre la démocratie :
C’est en contradiction avec les faits les plus élémentaires. L’Allemagne pratique le suffrage universel pour les individus majeurs, alors qu’en Angleterre, dont l’Irlande, près de 40 % des hommes n’ont pas le droit de vote. En Allemagne, il y a aussi des tentatives de justifier la guerre par le fait qu’elle est menée pour défendre des vertus de civilisation contre un État militaire et répressif, sous la forme de l’autocratie Russe.
C’est en contradiction avec les faits les plus élémentaires. L’Allemagne pratique le suffrage universel pour les individus majeurs, alors qu’en Angleterre, dont l’Irlande, près de 40 % des hommes n’ont pas le droit de vote. En Allemagne, il y a aussi des tentatives de justifier la guerre par le fait qu’elle est menée pour défendre des vertus de civilisation contre un État militaire et répressif, sous la forme de l’autocratie Russe.
L’Angleterre
est entrée en guerre à cause de l’obligation, inscrite dans un
traité, de défendre l’indépendance de la Belgique :
Il n’existait pas d’obligation claire et acceptée de la part de l’Angleterre d’agir ainsi et, en fait, avant que le sujet de la Belgique n’apparaisse, le parti de la guerre soutenait une intervention Britannique sur une base entièrement différente, celle d’obligations navales envers la France.
Il n’existait pas d’obligation claire et acceptée de la part de l’Angleterre d’agir ainsi et, en fait, avant que le sujet de la Belgique n’apparaisse, le parti de la guerre soutenait une intervention Britannique sur une base entièrement différente, celle d’obligations navales envers la France.
Ces
obligations avaient été développées lors d’accords secrets
passés entre les militaires de ces deux pays et n’ont jamais
été soumises à une quelconque forme de responsabilité
démocratique.
Les
Allemands offrent même des garanties vis-à-vis de la
souveraineté de la Belgique, que le gouvernement Britannique refuse
de prendre en considération.
L’agression
Allemande est la force motrice derrière le déclenchement de la
guerre :
Quelque
agressifs qu’aient pu être les dirigeants Allemands en 1914,
l’establishment Britannique est au moins autant déterminé à
saisir l’opportunité d’entrer en guerre avec son rival impérial.
Pour justifier l’entrée en guerre contre l’Allemagne, le
ministère des Affaires étrangères Britannique (le Foreign Office)
L’enthousiasme évident de la classe dirigeante Britannique pour la
guerre invalide toutes les justifications selon lesquelles la
guerre a été déclenchée par l’agression
Allemande.
L’Allemagne
a commencé une course à l’armement naval avec l’Angleterre.
Durant
les 15 années précédant l’entrée en guerre et la course à
l’armement associée, les 2 États sont en compétition pour
régner sur les marchés et les ressources.
La
force navale de l’Angleterre est l’élément vital de sa capacité
à restreindre l’accès des Allemands aux marchés et aux
ressources de par le monde. A moins que l’Angleterre ne permette à
l’Allemagne de s’étendre économiquement, la logique de la
compétition impérialiste voulait que l’Allemagne remette en
question la suprématie navale Britannique.
La
violence latente de la nation impériale dominante [ici l'Empire
Britannique, NdT] fournit toujours le contexte de remises
en question agressives du statu quo, de la part de forces en
expansion [ici l'Allemagne].
L’impérialisme
Allemand était particulièrement vicieux et devait être remis en
question :
Les
atrocités commises contre les Herreros en Namibie sont en effet des
crimes terribles, mais elles n’ont rien d’unique :
d’autres horreurs ont été commises par tous ceux qui sont
impliqués dans l’industrie du caoutchouc au Congo Belge, pour ne
prendre qu’un exemple. De plus, l’opinion Européenne a été
horrifiée, quelques années seulement avant 1914, par la brutalité
d’une autre force coloniale engagée à étendre impitoyablement sa
domination sur des États indépendants en Afrique : La
Grande-Bretagne. Lors de ses guerres d’agression contre les États
Boers en Afrique du Sud, elle utilise, pour la première fois,
des camps de concentration afin de contrôler une population civile.
L’opinion
publique était unie en faveur de la guerre, comme le montrent les
images de foules en liesse en 1914.
Il
est maintenant habituellement admis que le degré d’enthousiasme
pour la guerre était très limité. La preuve en est que les foules
rassemblées au moment du déclenchement de la guerre ne sont en
aucune manière unies dans un enthousiasme martial. En fait, des
manifestations importantes et disséminées ont eu lieu, tant en
Angleterre qu’en Allemagne. Si les dirigeants des partis
socialistes et travaillistes d’Europe n’avaient pas cédé aux
demandes émanant de leur classe dirigeante nationale pour
soutenir l'entrée en guerre, il est très possible que le conflit
aurait pu être arrêté.
Le
moral des troupes Britanniques qui combattent sur le front occidental
reste intact jusqu’à la fin de la guerre.
La Grande-Bretagne n’a peut être pas souffert de mutineries aussi importantes que celles des armées Françaises et Allemandes. Mais, à certain moments, il y a des zones de front entières où les troupes sont devenues si peu fiables, que les généraux n’osent pas leur ordonner de combattre. Les preuves de cynisme généralisé au sujet des stratégies, le mépris pour la hiérarchie militaire, les doutes graves au sujet des objectifs de la guerre, ne peuvent être effacées par les révisionnistes. Quand au fait que les soldats ont continué volontairement à se battre, la cause doit en être recherchée dans l’habitude d’obéir aux ordres, ainsi qu’aux exécutions ordonnées par les Cours martiales.
La Grande-Bretagne n’a peut être pas souffert de mutineries aussi importantes que celles des armées Françaises et Allemandes. Mais, à certain moments, il y a des zones de front entières où les troupes sont devenues si peu fiables, que les généraux n’osent pas leur ordonner de combattre. Les preuves de cynisme généralisé au sujet des stratégies, le mépris pour la hiérarchie militaire, les doutes graves au sujet des objectifs de la guerre, ne peuvent être effacées par les révisionnistes. Quand au fait que les soldats ont continué volontairement à se battre, la cause doit en être recherchée dans l’habitude d’obéir aux ordres, ainsi qu’aux exécutions ordonnées par les Cours martiales.
La
direction militaire, surtout le général Haig, n’est pas
constituée d’une bande d’ânes incompétents :
Les
tentatives de réhabiliter les gens comme le général Haig
s’effondrent devant quelques faits basiques relatifs aux
tactiques qu’il a implacablement employées. Les assauts
d’infanterie répétés contre les tranchées opposées ont
constamment échoué à rapporter quelque avantage que se soit, tout
en causant des pertes colossales. Le premier jour de la bataille de
la Somme, le 1er juillet 1916, 57 000 soldats sur 120 000 sont
tués ou blessés. En dépit du carnage perpétré à une échelle
sans précédent, Haig continue à ordonner toujours plus d’attaques.
Lorsque tout espoir de percées dans les lignes Allemandes est perdu,
l’objectif des batailles devient alors celui pur et simple de
l’usure. Le plan est maintenant de tuer plus de soldats Allemands
qu’en ont perdu les Britanniques. Comme il n’existe pas de
méthode fiable pour mesurer les pertes ennemies, Haig se fiait à
une estimation faite par rapport aux pertes de son propre camp. Il
commence ainsi à être courroucé, lorsque l’armée a eu trop peu
de pertes, comme lorsqu’il se plaint de ce qu’une division ait,
en septembre, perdu moins de 1 000 hommes. On ne peut défendre
ce type de mépris pour la vie humaine.
La
fin de la guerre marque le triomphe du capitalisme libéral sur les
empires autocratiques en délitement.
En
fait, tous les États impliqués dans la guerre sont profondément
déstabilisés. Même les États-Unis, dont l’implication est la
plus limitée, connaît un Été rouge en 1919, avec des
révoltes ouvrières sans précédent, comme la grève générale de
Seattle, ainsi qu’une répression sauvage contre les socialistes et
les Afro-étasuniens. La Grande-Bretagne connaît le début de la
guerre d’indépendance Irlandaise, ainsi que des troubles en Inde,
événements qui marquent le début de la dislocation de l’Empire
[Britannique]. A l’intérieur du territoire, il y eu aussi une
vague d’agitation ouvrière radicale, surtout dans la
RedClydeside [la zone rouge de Clydeside, NdT], qui culminent
avec l’arrivée de troupes à Glasgow pour instaurer la
loi martiale.
En
dépit du massacre et des destructions, la guerre en valait la
peine :
La
guerre a ouvert une période de dislocation économique endémique,
ainsi qu’une crise absolue. En Angleterre, il y a eu une décennie
de déclin industriel, accompagné d’un chômage important, et cela
bien avant la Grande Dépression. En Effet, ce n’est que la
Deuxième Guerre mondiale qui fera sortir les principaux pouvoirs
capitalistes des bidonvilles. La première Guerre mondiale est le
moment où le capitalisme commence à dépendre de la guerre et
d’une économie permanente d’armement. La guerre a démontré la
capacité du capitalisme à créer des destructions, des carnages,
des gaspillages industrialisés à une échelle colossale. Le
souvenir de la guerre est un moment approprié pour pleurer sur les
horreurs, les pertes et le gaspillage, engendrés par tout cela. Mais
il doit aussi susciter une détermination à résister à
l’insistance de nos dirigeants quand ils promeuvent la guerre
pour parvenir à leurs fins. La guerre ne peut rien apporter d’autre
que des conditions favorables pour toujours plus d’autres guerres.
Depuis
la fin de la Première Guerre mondiale, l’opinion publique s’en
est toujours souvenue comme d’une période de misère et de
massacres abominables, incarnant l’incompétence politique et
militaire des dirigeants, ainsi qu’un manque total de respect de la
vie humaine. Le jugement populaire, qui a contribué à
retourner l’opinion publique contre la guerre, est correct et nous
ne devons pas laisser les fauteurs de guerres faire fi de la sagesse
des gens ordinaires.
Dominic
Alexander
Traduit par Jean-Jacques pour vineyardsaker.fr
Traduit par Jean-Jacques pour vineyardsaker.fr
Journal
de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914 ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../journal-de-paul-destombes-10-au-16-novembre-1...
11
nov. 2014 - Journal de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914) : «Le
vent d'ouest ... tient son journal du premier au dernier jour de la
Grande Guerre.
104/
Journal de la grande guerre/16 novembre 1914 ...
https://reims1418.wordpress.com/.../16/104-journal-de-la-grande-guerre...
16
nov. 2014 - Journal du rémois Paul Hess (extraits) "Pendant la
nuit, coups de canon et obus. Journée assez calme." Journal
d'Alfred Wolff,agent auxiliaire ...
16
novembre 1914 : « Ces 400 soldats récitant le chapelet ...
www.nrblog.fr/.../16/16-novembre-1914-ces-400-soldats-recitant-le-cha...
16
nov. 2014 - Le lundi 16 novembre 1914 Théorie et revue le matin.
Exercice le soir. ... Comme en 14. Une plongée dans le quotidien de
la Grande Guerre.
16
novembre 1914 : « Ces 400 soldats récitant le chapelet ...
www.nrblog.fr/.../16/16-novembre-1914-ces-400-soldats-recitant-le-cha...
16
nov. 2014 - Le lundi 16 novembre 1914 Théorie et revue le matin.
Exercice le soir. ... Comme en 14. Une plongée dans le quotidien de
la Grande Guerre.
Dix
mythes utilisés pour justifier le massacre de la Première ...
www.vineyardsaker.fr/.../dix-mythes-utilises-pour-justifier-le-massacre-d...
Il
y a 2 jours - La Grande-Bretagne connut le début de la guerre
d'indépendance irlandaise, ainsi ... The Darkest Days: The Truth
Behind Britain's Rush to War, 1914 .... Carte des opérations
militaires en Novorossia le 16 novembre 2014 17 ...
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