jeudi 20 novembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 8 NOVEMBRE 1914

 8 NOVEMBRE 1914


I)
Les engagements en Flandre, comme partout d'ailleurs, demeurent à l'avantage des alliés.
Sur l'Aisne, près de Vailly, nous avons reconquis tout le terrain précédemment cédé.
Dans l'Argonne et dans les Hauts-de-Meuse, les tentatives ennemies ont totalement échoué.
Les communiqués Anglais et Belges sont très réconfortants et le bulletin Belge spécialement annonce la retraite d'une partie des forces Allemandes dans la direction de Bruxelles.
L'Angleterre publie maintenant un récit officiel du combat naval dans les eaux Chiliennes, combat qui, malheureusement, ne lui a pas été favorable...

Mais cet échec est peu de chose près proche de la défaite ou mieux du désastre que les Russes ont infligé aux Austro-Hongrois en Galicie.
Les armées de François-Joseph décimées, et qui ont laissé des milliers et des milliers de prisonniers, ont été rejetées sur les Carpathes, et coupées des armées Allemandes, la route de Cracovie et de la haute Wartha est désormais libre pour nos alliés.
La flotte Russe qui opère dans la mer Noire a bombardé Songouldak et détruit plusieurs transports Ottomans qui portaient des hommes, des vivres et des munitions.
Les troupes du tsar dans le Caucase ont complètement dispersé les régiments Turcs et Kurdes qui leur sont opposés.
L'armée Japonaise s'est emparée de l'arsenal de Tsing-Tao. C'est un échec pour l'orgueil de Guillaume II, qui se flattait de créer un empire Germanique d'Extrême-Orient, en face du Japon.
L'état-major Suisse dément le bruit d'après lequel l'Allemagne aurait demandé le libre passage de ses troupes à travers le district de Porrentruy.

II)
Bordeaux, 8 novembre, 16h20.
Hier, entre la mer du Nord et la Lys, l'action a été moins violente.
Quelques attaques partielles de l'ennemi ont été repoussées, vers Dixmude et au nord-est d'Ypres.
Sur presque tout ce front, nous avons pris l'offensive à notre tour et avancé, notamment dans la région au nord de Messines.
Autour d'Armentières, les troupes Britanniques ont légèrement progressé.
Entre La Bassée et Arras, les attaques ennemies ont été repoussées.
D'Arras à Soissons, aucun incident notable. Autour de Soissons, avance marquée de nos forces dans la région de Vailly.

Également sur la rive droite de l'Aisne, nous avons consolidé nos progrès au nord de Chavanne et de Squir.
Une attaque Allemande sur Craonelle et Heurtebise a été repoussée.
Autour de Verdun, au nord-ouest et au sud-est de la place, nous organisons les points d'appui récemment enlevés.
Un brouillard intense a régné toute la journée, tant dans le Nord qu'en Champagne et en Lorraine, restreignant l'action de l'artillerie et de l'aviation.

III)
Nancy, 8 novembre.
L'approvisionnement du marché est toujours abondant en légumes frais de saison et en fruits : Poires et pommes. Les prix sont les mêmes que les semaines précédentes.
Suppression des télégrammes de Presse sous ce titre, l' « Éclair » écrit :
« Depuis 3 jours, nous ne savons sous quelle suggestion le gouvernement a supprimé à la presse Nancéienne toute distribution des dépêches Havas.
On nous crée ainsi une situation contre laquelle, au nom du public et en notre nom, nous protestons avec la dernière énergie.
Aucune raison valable ne saurait être invoquée en faveur de ce nouvel accès d'un mutisme déconcertant.
On voudrait énerver la population et créer une panique qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
Les télégrammes Havas sont visés et contrôlés par les agents du gouvernement. Il ne peut donc s'y trouver rien de dangereux et le public y puise tous les renseignements que ne peuvent donner les communiqués officiels réservés strictement aux opérations militaires.

Il nous faut donc maintenant attendre la presse parisienne pour lui emprunter les informations que le télégraphe continue à lui fournir avec générosité. Nous voyons bien quels intérêts sont ainsi protégés. Mais nous contestons avec vigueur au gouvernement le droit qu'il s'est ainsi arrogé de ruiner les journaux de province. »

Nous ne croyons pas que le gouvernement ait supprimé les télégrammes à la presse Nancéienne. Il doit y avoir une raison qu'il nous est impossible de considérer comme une brimade.

Toutefois, il serait bon que ce qui reste du Comité de l'Association de la Presse de l'Est réunît ses membres, peut-être dissiperait-on, en l'étudiant, un malentendu cruel pour la population Lorraine qui désire avoir des nouvelles et s'étonne de ne pas les trouver dans les journaux Lorrains.

D'autre part, nous recevons la lettre suivante : Paris, 5 novembre 1914.
Monsieur le directeur de l' « Est républicain », Nancy.
Chacun comprend que Nancy soit isolée du reste de la France, lorsque les événements pouvaient faire craindre ce que nos braves troupes nous ont évité.
Personne ne comprend pourquoi notre ville continue à être mise en interdit par des administrations qui doivent être les premières à savoir ce qui s'y passe.

Actuellement, on ne peut télégraphier à Nancy de divers endroits et en particulier de Paris, par contre, les dépêches de Brest ou de Mostaganem arrivent très facilement.

Arrivé à Paris, après un long voyage, j'ai voulu télégraphier : « Bien arrivé en bonne santé », ce n'était pas très dangereux.
Les bureaux de la rue du Louvre et de la Bourse ont refusé de transmettre cette dépêche, malgré mes demandes réitérées du pourquoi d'un semblable interdit, aussi injustifié qu'inexplicable, aucune réponse plausible n'a pu m'être donnée.J'ai invoqué les nouvelles instructions qui permettent de télégraphier de partout à Nancy. Elles sont lettre morte à Paris.
Nancéiens, vous êtes prévenus, ne demandez pas à un correspondant, parent, ami ou indifférent une dépêche de Paris, vous ne l'auriez pas. Par contre, vous pouvez écrire facilement... Les lettres de Nancy sont distribuées ici, 6 jours après leur mise à la poste.

Cet état de choses porte à nos concitoyens le plus grave préjudice et il nous faut protester énergiquement contre des instructions qui nous isolent, sans aucune raison, du reste du monde.

Le plus beau, le voilà : après avoir eu des refus de ma dépêche dans plusieurs bureaux, j'en ai trouvé un qui l'a acceptée.
Est-elle parvenue ? Je l'ignore, mais il y a quand même dans Paris un bureau télégraphique qui sait Nancy toujours heureusement à sa place !...
Honneur à cet intelligent bureau, je ne l'indique pas pour lui éviter les foudres qui l'atteindraient pour avoir fait preuve d'initiative intelligente.
Veuillez agréer, monsieur le directeur, mes salutations empressées. Nehac
IV)
Les réfugiés de la Meuse au cap d'Ail.
Nous recevons la lettre suivante d'un réfugié de la Meuse :
« Après avoir été hospitalisés pendant près d'un mois à Commercy, entourés des soins les plus bienveillants des administrations sous-préfectorale et municipale, 200 émigrés ont été dirigés soit sur Cannes, Nice, Villefranche et c'est au Cap-d'Ail, d'où je vous écris, que nous sommes arrivés à 80.

Notre départ de Commercy est des plus touchants. L'aimable et actif sous-préfet, M. Vallat, la bonne et charitable Mme Thiéry, femme du député de notre arrondissement, qui sert la France, sont là sur les quais. Elle distribue aux enfants des madeleines.

Au moment de quitter Commercy, les réfugiés, pour prouver leur gratitude, ont signé l'adresse suivante :
« Les soussignés émigrés de l'arrondissement de Commercy, de la région des Hauts-de-Meuse et de la Woëvre, ont l'honneur d'adresser à l'administration municipale, à MM. René Grosdidier, maire et sympathique sénateur, et Garnier, adjoint, conseiller général, leur plus vive et sincère gratitude pour l'hospitalité bienveillante et l'accueil aimable avec lesquels ils ont été reçus à Commercy dans les circonstances douloureuses qu'ils traversent. Ils les prient de remercier en leur nom les fonctionnaires qui sous leurs ordres, ont exécuté leurs instructions avec dévouement.
Ils expriment aussi leur sentiment de la reconnaissance la plus vive et la plus inaltérable pour l'hospitalité si large et généreuse qu'ils ont reçue. »

Après un voyage bien long, mais durant lequel nous avons été l'objet des soins empressés des fonctionnaires à Lyon, Marseille, Toulon et Nice, nous sommes installés au Cap-d'Ail, dans une magnifique demeure, le « Sanitas », appartenant à un Autrichien qui a pris la fuite.

Là, un comité s'occupe de nous. Ce sont MM. Blanc, maire, président, Jules Saudessières, homme de lettres Liégeois, secrétaire-trésorier, l'abbé Jageot, curé de la paroisse, Mme Blanc, femme du maire, qui avec des jeunes filles dévouées, nous entoure de soins assidus, M. Clapié, instituteur, apporte sa part de bienveillance, et M. le Préfet des Alpes-Maritimes s'intéresse à nous.
Tout cela est consolant et fait supporter avec résignation l'exil auquel nous sommes condamnés jusqu'au jour où nous pourrons rentrer.
Tsingtao: la bataille de la Première guerre ... - AFP.com
www.afp.com/.../tsingtao-la-bataille-de-la-premiere-guerre-mondiale-qui...
6 nov. 2014 - 7 novembre 1914: la garnison allemande de Tsingtao, sur la côte ... (aujourd'hui Qingdao), bataille méconnue de la Grande guerre, n'a fait que …


V)
Il faut lire la lettre suivante écrite par une paysanne à son mari, qui est soldat. Elle est datée du 24 septembre. Dans sa rusticité, elle donne une idée frappante de ce qu'a souffert la population dans une petite localité de Lorraine et encore des moins dévastées :

« Cher Henri,
« J'ai reçu quatre lettres de la même journée (voilà la deuxième que je t'envoie) tu me demandes comment je n'écris pas, tu ne te figures pas que les Allemands ont été 3 semaines chez nous à nous faire de la misère.
Car, les vaches, ils ont porter le deuil chez nous, mon cher Henri, je vais te dire la vérité car je ne peux garder cela pour moi, mais il faut que tu aies du courage comme j'en ai eu.
Comme je te l'ai dit, le 28 j'ai eu mon enfant dans un grand bombardement (j'étais toute seule) il n'y avait que ma pauvre mère et père avec moi, mais rien de cela (ce n'était encore rien), mais le lendemain ils nous ont fait prisonniers dans l'église...
Là, ils nous ont fait mourir de faim et tous les jours, le soir il y avait autre chose (pour nous fusiller) ils montaient au clocher tous les soirs pour éclairer, faire voir qu'ils étaient là et les bombes tombaient toute la journée.
Le 1er septembre, jour de malheur pour nous comme pour bien d'autres, une bombe tue ma pauvre mère, Vinée- Elène et notre petite Fernande ont été tuées sur le coup.
Notre enfant a été traversée sur le côté droit et a souffert une heure. Elle disait : « Maman Marie, emmène-moi de l'église, il fait pas bon. »
Elle demande à manger, rien à lui donner, ses derniers mots : « Maman ! je crois que je vais mourir. »
En plus que cela ma pauvre mère tenait notre nouveau-né, qui avait une jambe traversée, et elle a (vécu) jusqu'au 18 septembre car elle était très forte, c'était une deuxième Fernande.
Le lendemain 2 septembre, d'autres Prussiens sont arrivés. Quand ils ont vu cela, qu'il y avait tant de morts, il y en avait une trentaine, il nous ont fait évacuer ce monde-là dans la prairie. Voilà une pluie de boulets qui tombe sur nous ou nous envoie la terre en pleine figure. Il n'y a eu ni mort ni blessé, moi j'ai fait la course comme les autres, je suis tombé deux fois à plat ventre.
Les bras et les jambes ne pouvaient plus me supporter mais le courage m'a repris.
Tu sais que je suis courageuse et j'ai repris ma course jusqu'à Moncel. Là, je porte notre pauvre enfant à la Croix-Rouge des Pruscoffs.
La blessure était trop grave.
Il m'a donné un passeport pour venir à Lunéville, car on pouvait marcher que dans les endroits où il y avait des Prussiens.
Là, j'ai été plus heureuse car je connais bien du monde. J'ai été dans le logement de Pauline où j'ai été bien reçue par les parents de la pauvre Kellemière.
J'aurai toujours de la reconnaissance pour eux.
Si tu peux me donner des nouvelles de lui, donne-moi les, car elle a encore rien reçu.
Maintenant ne te fais plus de bile pour ta famille, car tu n'as plus que moi à penser, mais je suis bonne pour me débrouiller.

« Tu vois que j'ai été courageuse, - le courage fait la force. C'est pour cela qu'il faut que y sois (courageux), pour venger tes deux enfants et notre pauvre famille.
Vous pouvez prendre tout courage pour les écraser tous, ne plus les laisser entrer chez nous (car moi s'il était permis,) j'irai prendre un fusil, tâcher d'en tuer « un père » (une paire). Toi peux le faire de suite qu'un boulet sortira, - tu peux en mettre 15 pour 1, tu peux faire part de cette lettre à tes camarades pour que tous les soldats Français puissent nous venger, car la haine sera toujours plus grande pour ces barbares.
Ne te fais pas de bile pour moi, car je n'ai plus d'enfants. S'il en revient encore (des Prussiens), je ne reste plus sous leur ordre, j'en ai assez, (je me sauve avec la troupe,) jusqu'à ce que je trouve un endroit sûr pour mon pauvre père. Je vais pas le laisser, car je suis une mère pour lui, - je suis la plus vieille et je suis empressée pour rien, je n'ai plus rien qui m'occupe pour le moment. Ils sont à Kermeuil, il arrache les pommes de terre, il déballe notre maison, car ils (les Prussiens) nous ont volé tout notre linge, il ne te reste pas une chemise, ni à mon père, mais enfin pour le linge je m'en moque.
La femme Menu et Maurice toute la famille Henry, il ne reste que le père et le petit du Maireri, la mère Bevelot, tous ont été tués par les Boches. La femme du Maurice a été fusillée sur sa porte avec sa bonne et deux garçons. Je ne peux t'en dire davantage, mais je crois que cette lettre doit vous encourager pour me venger.
Mon pauvre Henri - prends courage ; - fais comme moi, - j'ai toujours l'espoir qu'on se retrouvera. De suite que tu recevras cette lettre, dis-moi ce que tu penses.
Ta femme qui pense à toi.
M. G. »
Dimanche 8 novembre 1914
VI)
Avec le 2e bataillon du 149e R.I. : 
J.M.O. de la 33e brigade d’infanterie.
Dans le secteur de droite, le commandant de la Bastide et le capitaine Pretet (2e bataillon du 149e R.I.) viennent rendre compte vers 21h du fait que les Allemands se sont infiltrés dans le bois au sud du canal et que la ligne de défense a du être reportée en arrière.

J.M.O. du 53e régiment d’infanterie.
0h25 : L’attaque a continué sa progression et la 1ère ligne arrive à 100 m environ de la lisière nord-ouest du bois de Klein-Zillebeke.
Le groupe de maisons de Zwarteleen est occupé par des fantassins ennemis qui prennent d’écharpe les troupes d’attaques. Une compagnie de renfort est chargée d’enlever ce groupe de maisons.
3h30 : Les premières lignes sont arrêtées à 100 m environ, par des tranchées ennemies depuis 2 heures environ, sans pouvoir arriver à progresser davantage, par suite de la violence du feu ennemi. Ordre leur est donné de s’installer et de s’organiser, avant de pousser plus loin.
4h10 : La situation est la suivante : Le bataillon Saisset tout entier est déployé et est arrivé à 100 m de la lisière nord-ouest du bois de Klein-Zillebeke et il y creuse des tranchées à sa gauche, le reliant aux Anglais. Les deux compagnies du bataillon Dufor (la 9e compagnie est toujours restée à Voormezelle) renforcent la 1ère ligne des tranchées Anglaises derrière le bataillon Saisset. Les 2 compagnies du bataillon Laffiteau sont en réserve et creusent des tranchées.
7h40 : L’ordre arrive de reprendre à 8h30 le mouvement offensif.
Le 53e R.I. progresse dans la direction du château d’Hollebeke. Ce mouvement sera soutenu par des fractions du 90e R.I. et du 149e R.I. qui sont placées le long de la voie ferrée.

Malgré son extrême fatigue, le régiment, qui n’a pas eu une minute de repos depuis le 30 octobre, reprend le mouvement en avant.
La progression est bientôt arrêtée de front par des feux de l’infanterie et des mitrailleuses, et en enfilade par des feux venant du nord-est de Klein-Zillebeke. Les Anglais ont évacué toutes les tranchées entre le chemin de fer et la route.
10h00 : L’attaque n’a pu progresser, les tranchées Anglaises ont été améliorées et réunies les unes aux autres. La progression est fortement renforcée par des travaux, mais malgré tous les efforts, il est impossible de pousser plus en avant.
12h00 : Les tranchées sont soumises depuis le matin à un violent bombardement, il est impossible de se montrer hors des tranchées. Le bombardement devient de plus en plus violent sur les tranchées de 1ère ligne qui sont démolies et les hommes ont les plus grandes peines à s’y maintenir.
Étant donné l’état d’épuisement des hommes, il ne peut plus être question d’attaque, si ce n’est avec des troupes fraîches...
13h00 : Néanmoins, le régiment qui vient de recevoir un nouvel ordre d’attaque essaie encore une fois de se jeter en avant.
Les Anglais inquiets font demander si nous tenons alors que le régiment va attaquer. Le colonel leur demande leur appui, mais ils répondent qu’ils ne peuvent attaquer et nous souhaitent « un heureux événement ».
14h00 : Un bombardement plus violent a complètement détruit les tranchées de 1ère ligne. Quelques hommes de ces tranchées ont reflué en arrière, par la voie ferrée, mais ils sont bientôt ramenés à leur place et la situation un instant compromise est rétablie. L’attaque est reprise.
15h15 : Le bataillon Dufor débouche lentement sur la gauche, en liaison avec les Anglais qui ne bougent toujours pas.
18h30 : Le bataillon Dufor gagne du terrain, il progresse dans le bois. Il arrive à une cinquantaine de mètres des mitrailleuses allemandes qu’il se dispose à enlever à la baïonnette, lorsque les Anglais, voyant un mouvement dans le bois, ouvrent sur lui un violent feu de mitrailleuses.
Sous ce double feu, le bataillon Dufor est obligé de refluer et perd ainsi la partie du bois qu’il avait conquise.
Il se cramponne au village de Zwarteleen dont il tient les lisières, ayant à sa gauche une fraction, en liaison directe avec la droite Anglaise. Sur le reste du front, la situation n’a pas changé, mais les hommes sont de plus en plus fatigués, tant par le bombardement ininterrompu, que par le manque total de sommeil depuis 4 jours.
22h30 : Malgré cela, un nouvel ordre d’attaque est reçu pour 23h30. Le 1er bataillon devra se maintenir dans ses tranchées, et soutenir par un feu violent les 3 compagnies du bataillon Dufor, qui reçoivent l’ordre de déboucher de Zwarteleen.
À la même heure, une contre-attaque sera tentée sur notre droite, entre la voie ferrée et le canal, pour repousser des infiltrations ennemies qui se sont produites dans les bois.

23h30 : L’attaque est tentée, mais elle ne peut pas déboucher.

V)
J.M.O. du 81e régiment d’infanterie.
En exécution d’un ordre du général commandant l’armée, le 3e bataillon dans les tranchées de Strombeck, est mis à la disposition du général Moussy. Il se rend par Wielje, Saint-Jean, Potyze dans la direction nord de Zillebeke. Le 2e bataillon tient seul les tranchées de Stombeck.
Au matin, le 1er bataillon en réserve de division à Saint-Jean se porte également dans la région nord de Zillebeke.

Ces deux bataillons sont au bivouac, en attendant de nouveaux ordres. Le 3e bataillon est remis à la disposition du colonel commandant le 81e R.I. qui reçoit l’ordre de se porter dans la direction de la ferme Blawe-Poort, avec mission d’organiser une ligne de défense entre la voie ferrée et le canal.
VI)
Du côté des Allemands :

Historique du I.R. n° 105. 
À cette date le groupe d’assaut von Linsingen est constitué. Il est sous les ordres du général commandant le IIe C.A.. Ce groupe est composé du XVe C.A. et du corps combiné Plettenberg ( ?) (Garde Prussienne). Le I.R. n° 105 reçoit l’ordre d’attaquer les positions ennemies dans le bois nord du grand virage du canal, à l’ouest de la voie ferrée.
Pour cela, 3 compagnies du I.R. n° 132 et 2 compagnies du 15e bataillon de génie sont placées sous ses ordres.
À 13h15 arrive l’ordre de déclencher l’attaque à 14h00. Les unités trop mélangées ne peuvent pas être réorganisées si vite. L’attaque est donc ajournée jusqu’à 15h00. Le régiment dépasse le talus de la voie ferrée aux roulements de tambours, tandis que sa musique placée derrière la clique joue la « marche d’attaque ».
Simultanément, les mitrailleuses, qui sont engagées en position surélevée d’un talus, tirent par-dessus les troupes d’assaut, sur les positions ennemies dans le bois.
Les attaquants essuient déjà de lourdes pertes en franchissant le talus. Celui-ci est sous le feu des mitrailleuses ennemies qui tirent de flanc depuis les cotes 59 et 60.
Les compagnies des 2e et 3e bataillons réussissent à pénétrer dans le bois et gagnent 200 m de terrain.
Elles prennent plusieurs bouts de tranchées et font quelques prisonniers. L’attaque s’enraye en raison des pertes élevées, notamment à la suite des tirs de flanc depuis les cotes 59 et 60.
Au 3e bataillon, ce tir a eu des effets les plus meurtriers. Sa 12e compagnie a réussi  à franchir le talus de la voie ferrée. Les compagnies qui sont à sa droite sont clouées sur place sur les positions de départ, par le tir de flanc ennemi. Elles ne sont pas parvenues à franchir le terrain dégagé devant leur secteur, dominé par le feu des mitrailleuses ennemies.
Pour protéger le flanc ouvert du 2e bataillon, la 2e compagnie avance et nous nous replions un peu sur cette aile.
Une section de la 1ère compagnie relance l’attaque enrayée du 2e bataillon. Nous parvenons ainsi à prendre la tranchée la plus avancée de la nouvelle ligne de défense ennemie.
Nous faisons des prisonniers. Puis l’attaque prend définitivement fin, suite aux pertes importantes.
Dans l’après-midi, nous engageons encore toutes les mitrailleuses du régiment en 1ère ligne ainsi qu’un canon de 77 du F.A.R. 66 à hauteur du virage du canal, sur la route reliant le château de Hollebeke à Verbranden-Molen. Il faut porter l’attaque plus loin. Mais cela reste irréalisable pour l’instant, à cause du tir ennemi très violent.

Le I.R. n° 105 a pris d’assaut plusieurs tranchées Françaises dans le bois entre la voie ferrée et la route de Verbranden-Molen. La 30e D.I. qui est à la droite de la 39e D.I., repousse une attaque Anglaise avec de lourdes pertes pour l’assaillant.

Il faut tenir la position, mettre de l’ordre dans les unités et retirer les réserves. Dans la nuit du 8 novembre, les Anglais et les Français fortifient leurs positions, surtout  sur la cote 60 à l’ouest de Zwarteleen, dans le quartier nord du village et sur son glacis.
À 11h40, la division ordonne au I.R. n° 105 de prendre le bois à l’ouest de la voie ferrée. Elle place pour cela sous ses ordres, 3 compagnies de notre 3e bataillon (10e, 11e et 12e compagnies) près de son aile droite.
Au terme d’une préparation d’artillerie de 2 heures, l’attaque débute à 15h15. Elle n’a que quelques succès à l’aile gauche du I.R. n° 105.
À l’aile opposée, le 3e bataillon essuie un tir frontal et de flanc. Ce tir venant du nord-ouest est si violent, qu’en dépit des réclamations permanentes du I.R. n° 105, et des instances de commandement supérieures, l’attaque s’enraye. Notre bataillon a de lourdes pertes.
Le chef de bataillon est tué, les compagnies n’ont plus d’officiers.
Il avait déjà été très difficile de faire sortir les hommes de la tranchée pour les faire attaquer.

Pour le 8 novembre, il est ordonné de tenir la ligne atteinte et d’effectuer des reconnaissances des positions ennemies. En plusieurs endroits, il tente aussi des attaques, mais sans succès.
Une patrouille de reconnaissance de la 9e compagnie est capturée en totalité par les Anglais.

Dans la nuit du 8 novembre, vers 1h00, les Anglais essayent à nouveau une attaque par surprise. Elle est repoussée aisément.
Les 8 et 9 novembre, le tir d’artillerie se poursuit.

VII)
Extraits de l’ouvrage « Jours de gloire, jours de misère Histoire d’un bataillon » de Henri René aux éditions Perrin et Cie. 1917.
«  Le 8 au matin, nous arrivons au repos à la Clytte. Voici des toits, peut-être de la paille… Hélas ! Il faut rester dehors, au bivouac dans la boue, tout est bondé.
Malgré ce désenchantement, on apprécie à sa juste valeur, à défaut de confortable, le calme de l’atmosphère, la pensée que le bruit du canon restera distant de quelques kilomètres. »

VIII)
Extraits de l’ouvrage « Souvenirs d’un médecin major 1914-1917.», d’Édouard Laval aux éditions Payot (1932). 
 « … Le 149e R.I. est au repos dans le village (La Clytte). Il l’a bien mérité, après 5 jours de tranchée. Beaucoup d’hommes ont les mains qui tremblent. Effet physique dû à l’ébranlement prolongé des centres nerveux par l’explosion des obus de fort calibre.
Ces pauvres diables sont des héros. Ils circulent tranquillement, la capote toute jaune de terre, les mains gonflant les poches, la pipe au coin de la bouche.
Or, en les regardant de près, on s’aperçoit que chez beaucoup d’entre eux, la capote est trouée comme des drapeaux glorieux des Invalides, que chez d’autres, c’est le képi qui est traversé, ou encore le soulier. Vestiges émouvants de la bataille dont ils ne songent guère à tirer vanité, sans doute parce qu’ils sont tous ainsi… » 

IX)
Journal du Rémois Paul Hess (extraits)
Journée calme.
La légion d’honneur au Dr Langlet.- 
M. Viviani, président du Conseil des ministres remet à M. le Dr Langlet, maire, la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Il se rend compte des dégâts accumulés par le bombardement continu des Allemands.

X)
Le 272ème RI en fôret d’Argonne
L’état major succède à des rotations des bataillons sur le front de l’Argonne, le 6e bataillon du 272e RI part en repos à La Harazée, le 5e bataillon quant à lui remonte en première ligne face à l’Est. Le poste de commandement reste au Four de Paris.

XI)
 Le 62e RI dans la Somme en novembre
Situation sans changement. Les patrouilles reconnaissent les tranchées Allemandes. Ces tranchées fortement organisées sont protégées par des réseaux de fils barbelés.

France.
Les engagements en Flandre, comme partout d’ailleurs, demeurent à l’avantage des alliés.
Sur l’Aisne, près de Vailly, nous avons reconquis tout le terrain précédemment cédé.
Dans l’Argonne et dans les Hauts-de-Meuse, les tentatives ennemies ont totalement échoué. Les communiqués Anglais et Belges sont très réconfortants et le bulletin Belge spécialement annonce la retraite d’une partie des forces Allemandes dans la direction de Bruxelles.

XII)
8 novembre 1914. Courmelles
J’ai passé une heure dans Soissons :
Soissons-la-Morte !… Trois, quatre militaires… Une vieille femme qui trottine en longeant les murs, le cou dans les épaules… Des chiens maigres qui fouillent un tas d’ordures… Un épicier qui lève pour quelques instants le rideau de sa devanture… Une nuée de corneilles étonnées de ne plus retrouver leur logis dans les flèches brisées de Saint-Jean-des-Vignes… Voilà le peu de vie que j’ai rencontré dans Soissons.

Cette belle ville silencieuse, close, froide, comme une morte, quelle terrible vision de guerre ! Et comment l’homme oserait-il y vivre sous la menace incessante du canon ?
Les toitures trouées, les murs effondrés disent assez le danger qu’il y aurait à vouloir dormir ailleurs que dans une cave.
Seules les petites gens sont restées : les duretés de la vie leur ont depuis longtemps donné une ingéniosité qu’ils utilisent aujourd’hui contre un danger nouveau.
Ils ont creusé, près de leurs bicoques, des refuges dans le sable et c’est là qu’ils accourent se terrer au premier obus, comme des lapins dans leur terrier au premier coup de fusil du chasseur.
Ces petites gens-là ont une bravoure bien à eux : Elle est faite d’un mélange de résignation et d’indifférence qui l’isole de la bravoure de l’homme de guerre, faite d’indifférence et d’action.
Je leur trouve une familiarité curieuse avec les choses de bombardement : Je vois des femmes ramassant, pour leur feu, les débris du parquet d’une maison voisine, touchée par un obus, soyez-sûr qu’en leur for intérieur elles bénissent la cause d’une pareille aubaine, sans songer que leur maison peut, d’un moment à l’autre, subir un sort analogue. […]

Soissons-la-Morte !… En auront-ils tué des villes !… Et des villages !… Et des châteaux !… Et des arbres !… Et aussi des paysages !…
Et comme cette guerre toute barbare qu’elle est, est riche en inattendus ! pendant que je me promène, insouciant, dans les rues désertes de Soissons, les Allemands se promènent également, insouciants, à deux cents pas de là dans le faubourg de Condé. Je ne le savais pas !…
Mais eux savent que nous venons aux provisions à Soissons, et cela leur est indifférent !
A Missy nous occupons deux tiers du village, les Allemands un tiers : ils sont dans le cimetière et aux alentours.
Entre les occupants des tranchées adverses il s’établit des rapports bien curieux. Je ne parle pas des interpellations qui se lancent d’une tranchée à l’autre, des « Bonsoir, Kamarad », ni des « Ça va, les Boches ? »
Il y a entre Français et Allemands une sorte de convention tacite qui donne le loisir à un individu de chaque parti de quitter sa tranchée quand le « besoin » s’en fait sentir : on ne lui tire pas de coups de fusil. Par contre si l’on en voit deux, on tire dessus.
Voilà comment on se fait la guerre quand on commence à être las de la guerre ! les haines s’éteignent et d’obscures sympathies s’éveillent entre ces hommes qui mènent la même existence de privations et de sacrifices.

XIII)
Le président du Conseil René Viviani part de Paris, accompagné de M. Léon Bourgeois, pour les chefs-lieux des départements envahis de l'Est.
Il s’arrête à Reims où, dans la grande salle de la mairie, il remet au nom du gouvernement, au maire de la ville, M. Langlet, la croix de la Légion d'honneur.

Sur le plan militaire, autour de Soissons, les Français attaquent les lignes Allemandes.
Dans la région de Vailly, également sur la rive droite de l'Aisne, nous avons consolidé nos progrès au nord de Chavonne et de Soupir.
Une attaque allemande sur Craonnelle et Heurtebize est repoussée.
Autour de Verdun, au nord-ouest et au sud-est de la place, l’armée Française organise les points d'appui récemment enlevés.

Les Russes en Allemagne
Communiqué du grand état-major Russe : sur le front de la Prusse Orientale, nos troupes ont délogé les Allemands de la région de Wiezbolow, puissamment fortifiée, et elles ont progressé jusqu'à Staluponen.
Dans la région des forêts de Rominten et de Lyck, les Russes continuent à talonner les arrière-gardes ennemies.
Sur la rive gauche de la Vistule, la cavalerie Russe a pénétré sur le territoire Allemand et détruit la voie ferrée près de la gare de Pleschen, au nord-ouest de Kalisz.
Sur la route de Cracovie, les troupes du Tsar attaquent les arrière-gardes Autrichiennes sur la rivière Nida et, le lendemain, elles opérent sur la rivière Nidzica.

En Galicie, les troupes Russes poursuivent leur offensive.
Dans les derniers combats sur le San, ils ont fait prisonniers 125 officiers et 12 000 soldats. Ils se sont emparés de mitrailleuses et de munitions.

Au sud de Przemysl, les Russes font plus de 1 000 prisonniers.

Autour d'Armentières, les troupes Britanniques passent à l’offensive et gagnent quelques mètres, tandis que les Allemands attaquent encore et toujours entre La Bassée et Arras.

XIV)
Le journal « Le Temps » publie les impressions d’un témoin lors de la bataille des Flandres, et met en valeur l’héroïsme des Anglais, en voici quelques extraits :
« La bataille des Flandres est à un tournant décisif. Après 15 jours d'attaques furieuses, l'effort Allemand paraît s'être momentanément ralenti, et tout le long du front immense qui s'étend depuis Arras jusqu'à Nieuport. (…)
Ce que je voudrais faire ressortir, c'est l'admirable vaillance que les troupes Anglaises ont déployée sans répit depuis leur arrivée sur le nouveau front. (…) Elles ont reçu la mission difficile de barrer la route à la nouvelle invasion Allemande depuis la Bassée jusqu'à Ypres.
Pour s'acquitter de cette mission, elles ont dû tenir dans des tranchées pendant plusieurs semaines en face d'un ennemi non seulement supérieur en nombre, mais qui les attaquait avec une sorte de résolution désespérée. Certains jours, ou plutôt certaines nuits, il arrivait parfois que des tranchées Anglaises se laissaient surprendre par l'ennemi, mais, une contre-attaque était
aussitôt préparée et les tranchées reprises, fût-ce au prix des plus grands sacrifices. (…)
J'ai vu passer des bataillons entiers couverts de boue, réduits de moitié, comptant dans leurs rangs des hommes manifestement éreintés tirant la jambe.
Ces bataillons retournent au feu avec le même entrain que les autres et l'on n'a pas signalé une seule défaillance. (…)
C'est peut-être la cavalerie Anglaise qui s'est distinguée le plus brillamment. L'effort Allemand s'est porté précisément contre elle.
Le feu d'artillerie qui est dirigé contre cette partie du front, atteint une intensité inimaginable. Certains régiments, de cavalerie Anglais subissent en quelques heures, des pertes équivalant à 50% de leur effectif.
Il y a des tranchées où les gros obus allemands que nous appelons des « marmites » et les soldats Anglais des « black maria », éclatant à quelques mètres du parapet, ensevelissent d'un seul coup une ligne entière de défenseurs.(…)
Cette même cavalerie Anglaise, qui s'est laissé décimer sans broncher, revient elle-même à la charge avec un complet mépris de la mort.

On peut lire dans « Le Temps » :
« Pour la première fois, sans doute, un avocat étranger a plaidé devant une juridiction militaire Française. Me Jules Tedesco, avocat à la cour d'appel de Bruxelles, réfugié à Paris depuis l'occupation Allemande, s'est mis à la disposition du bâtonnier Henri-Robert, qui s'est empressé de le commettre d'office dans différentes affaires. Le premier client qu'il a à défendre, un nommé Lenexer, a eu la malencontreuse idée de crier « Vive l’Allemagne ! » et de dire à des mobilisés
« Il faut être vraiment bête pour aller se faire trouer la peau pour le gouvernement. La scène se passait aux Halles, à 3 heures du matin, après boire, et le conseil n'a condamné Lenexer qu'à 25 jours de prison !


Secteur sud-est d'Ypres. Journée du 8 novembre 1914. - Un ...
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1 nov. 2010 - Un régiment spinalien dans la Grande Guerre. > ... Journée du 8 novembre 1914. ... L_gende_carte_journ_e_du_8_novembre_1914. Avec le ...

Novembre 1914 - La grande guerre au jour le jour
grande.guerre.pagesperso-orange.fr/nov141.html
Lundi 2 novembre. Les Allemands continuant leurs attaques autour d'Ypres ont été partout repoussés par nos troupes. Ils n'ont pas été plus heureux dans la …

96/journal de la grande guerre: le 8 novembre 1914 | 1914 ...
https://reims1418.wordpress.com/.../96journal-de-la-grande-guerre-le-8-...
Il y a 7 jours - 8 novembre 1914 Journal du rémois Paul Hess (extraits) Journée calme. ... 96/journal de la grande guerre: le 8 novembre 1914 ... 95/Journal de la grande guerre: le 7 novembre 1914Dans "journal de la Grande guerre". 3/10.

8 novembre 1914. J'ai passé une heure dans Soissons ...
www.nrblog.fr/.../8-novembre-1914-jai-passe-une-heure-dans-soissons/
8 novembre 1914. ... Publié le 8 novembre 2014 par Laurent ... Cette entrée a été publiée dans Un Goncourt dans la Grande Guerre, avec comme mot(s)-clef(s) ...

Le dernier combat : Vrigne-Meuse, 10 et 11 novembre 1918
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de A Fauveau - ‎2008 - ‎Cité 1 fois - ‎Autres articles
3Le 8 novembre au soir, la 163e division d'infanterie atteignait la Meuse entre ...... Le vagabond de la Grande Guerre – Souvenirs de la guerre 1914-1918 de ...

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