29
OCTOBRE 1914
I)
Jeudi
29 octobre
Les
Allemands doivent réellement être affaiblis dans la région de
l'Yser où, d'après toutes les relations Anglaises, ils ont subi
d'effroyables pertes, leurs attaques sur tout le front du Nord se
sont faites moins violentes... Nous avons progressé au nord et à
l'est d'Ypres, c'est-à-dire dans la direction de Dixmude, où
l'ennemi a jusque-là, concentré ses efforts. De même nous poussons
une offensive vigoureuse dans une toute autre direction, entre la
Bassée et Lens.
En
Woëvre nous avançons entre Apremont et Saint-Mihiel.
Les bulletins de l'état-major Russe, toujours remarquables par leur sobriété et leur discrétion, indiquent que la bataille entre les troupes de nos alliés et les Austro-Allemands s'est déployée sur un front colossal.
Les
troupes russes sont maintenant entrées à Lodz, qui est la seconde
ville de Pologne (elle a 600.000 âmes) et l'un des plus grands
centres manufacturiers de l'Europe Orientale.
Le cabinet de Vienne semble d'ailleurs complètement découragé par les résultats de la campagne en Galicie. Il porte tous ses efforts vers la Serbie et le Monténégro, laissant à l'Allemagne (déjà incapable de le soutenir,) tout le poids de la lutte contre les armées du grand-duc Nicolas.
M.Venizelos
a fait d'importantes déclarations à la Chambre d’Athènes pour
justifier l'occupation de l’Épire du nord par les troupes
Grecques. Cette occupation qui, en d'autres temps, eût peut-être
mécontenté l'Italie, ne soulève maintenant à Rome aucune
irritation.
Le général von Beseler, le chef de l'armée Allemande qui prit Anvers, un théoricien et un tacticien remarquable, d'après les écrivains militaires Allemands... s'est suicidé à Bruges !
Il
a eu à se plaindre des procédés de l'état-major de Guillaume II
qui multipliait les actes de favoritisme.
Le prince de Battenberg, cousin du roi d'Angleterre George V et frère de la reine d'Espagne, a succombé aux blessures qu'il a reçues sur le champ de bataille.
Les
intellectuels Allemands prodiguent les manifestations pour soutenir
la justice de la cause que défend leur pays. Mais ils se heurtent
partout au dédain et à la colère.
II)
Journal
du Rémois Paul Hess (extraits)
Vers
4h30, les détonations de nos grosses pièces, installées à La
Villageoise, nous réveillent. Les Allemands ripostent et pendant
quelque temps ce duel d’artillerie dans un bruit de tonnerre, donne
à croire qu’une sérieuse bataille est engagée.
Plus
tard, on entend éclater des obus en ville et lorsqu’à 8h30 je
passe chez P. Simon, 10, rue du Cloître, j’apprends que les
schrapnells ont tombé dru sur une partie du centre avoisinant la
place royale , une balle qui a traversé une vitre, a été ramassée
dans l’escalier de la maison...
D’autres
obus, 77 et gros calibres, ont été envoyés encore vers le faubourg
de Laon et le quartier du Barbâtre.
L’ennemi
cherche évidemment à entretenir un état de frayeur permanent parmi
la population.
Toute
la ville est lasse et fatiguée d’avoir supporté déjà 46 jours
de ce continuel bombardement, qui accumule les ruines et augmente
chaque jour le nombre des victimes civiles... Les journaux en ont
annoncé, ces jours-ci de 6 à 700.
III)
Les
troupes Allemandes composées des IR 24, 64 et 84 se lancent à
l’assaut des positions Françaises au sud du Chemin des Dames et
prennent d’assaut le bourg de Vailly-sur-Aisne.
Les
29 et 30 octobre 1914, 2 772 soldats Français vont être mis hors de
combat (tués, blessés et disparus) dans les combats de
Vailly-sur-Aisne, sans que les Allemands ne puissent dépasser le
canal de l’Aisne. La population de Vailly-sur-Aisne est évacuée
tandis que les maisons sont bombardées...
IV)
A
mon arrivée, une batterie Française, installée derrière ma
maison, tire sur Vauquois.
Les
Allemands ont envoyé 3 obus sur le village sans dégâts. Un obus
est tombé dans les décombres d’une maison incendiée.
V)
Le
général Lespinasse s’explique :
Le
Général Espinasse commandait le 15e Corps au début du
conflit.
« Limogé » après l’échec de l’attaque du 29 octobre 1914 sur la position fortifiée Montfaucon - Cuisy-Bois de Forges, il rédige un résumé journalier des opérations du 15ème Corps sous son commandement.
Ce résumé, non publié, est dédié « à la mémoire des officiers, sous-officiers, caporaux et soldats du 15e Corps morts pour la France devant Dieuze, Luneville, Bar-Le-Duc et Verdun en 1914 ».
« Limogé » après l’échec de l’attaque du 29 octobre 1914 sur la position fortifiée Montfaucon - Cuisy-Bois de Forges, il rédige un résumé journalier des opérations du 15ème Corps sous son commandement.
Ce résumé, non publié, est dédié « à la mémoire des officiers, sous-officiers, caporaux et soldats du 15e Corps morts pour la France devant Dieuze, Luneville, Bar-Le-Duc et Verdun en 1914 ».
VI)
Contre
toute attente, la Turquie attaque des navires russes et français en
mer Noire et signe un pacte avec l’Allemagne.
Le
28 octobre au soir, la flotte, après une croisière, rentre en rade
de Sébastopol sans trouver nulle part trace de navires Turcs.
Le
29 octobre à 5h, le commandant de la flotte reçoit un rapport
d’Odessa, disant qu’à 3h, 2 torpilleurs Ottomans ayant des feux
rouges et verts et battant pavillon Russe sont entrés dans le port
d’Odessa.
8
corps d’armée se jettent impétueusement à l’assaut. Ypres, que
nos troupes sont obligées de traverser, devient le but d’un
infernal bombardement. Une division du 32e corps, qui vient d’arriver
en automobile, fait belle contenance et même parvient, à avancer...
Mais,
le lendemain, après une alternative de succès et de revers, le 1e
corps Anglais est obligé de céder devant des forces très
supérieures et de laisser aux Allemands le village de
KleinZillebeke.
Une
perte plus grave encore, celle d’Hollebeke, livre à l’ennemi une
des voies d’accès d’Ypres et va lui permettre d’approcher de
très prés la ville.
Prévenu
à temps, Dubois envoie 3 bataillons de zouaves reprendre le village.
Ils y réussissent par une véhémente contre-attaque.
VIII)
Le
29 octobre 1914 du 56e régiment d’infanterie de Chalon. Dans la
journée, bombardement des avant-postes ayant causé 2 tués et 3
blessés.
Léger
bombardement de Brasseitte sans résultat.
À
Mécrin, bombardement à 17h30, 4 coups sont tombés entre les
batteries et le village et 6 au bas du pays. Aux avant-postes,
fusillade à feu nourri et continu toute la nuit avec un léger
bombardement.
Vers
12h30, bombardement de Sampigny.
Vers
22h, sérieux bombardement.
À
4 h 30, nouveau bombardement de Mécrin. 18 obus sont tombés sur le
village au Sud-ouest.
La
2e compagnie a eu 3 blessés, dont un a le pied cassé. 3 granges en
feu sur le même alignement, environ à 10 mètres à droite du
bureau du maire.
État
des pertes : 3 caporaux et soldats tués et 6 blessés.
Toute
la journée, combat d’artillerie, canonnade soutenue.
Bombardement
des villages de Pont-sur-Meuse et Boncourt.
À
3h35, un Blériot survole le village en même temps qu’un Taube.
À
4h30, une huitaine de schrapnels sont envoyés sur Mécrin.
À
22h, 12 obus sont tombés dans la partie haute du village sur
l’ex-bureau du colonel.
La
relève des avant-postes s’est effectuée à la tombée de la nuit
(17h) sans incident. Extrait du « Journal de marches et
opérations »,
IX)
29
octobre 1914. Ménil-aux-Bois
Écoutez-moi
ça ! Quels tonnerres ! Toutes les gueules de tous nos
canons crachent de la mort sur les Barbares.
Musique
sublime que celle de l’obus qui part, porteur de nos tragiques
commissions.
« Pars…
ne flâne pas… et droit au but ! que ton sifflement leur glace
les moëlles…
Il
faut qu’ils entendent de loin, qu’ils comprennent sa sentence
implacable :
A
mort ! A mort pour Reims, pour Louvain, pour Arras !
A
mort pour tant de veuves, de mères douloureuses, d’orphelins !
A
mort pour l’enfant émigré de Deyvillers qui râle dans sa petite
voiture !
A
mort pour les ruines de Baccarat, l’église de Badonviller, celle
de Sainte-Barbe, et celle de Roville, et celle de Bagien, et celle de
Ménil, et celle de Saint-Benoît, et celle de Raon-l’Etape, et
celle de Cirey et celle… Et de toutes celles dont les clochers
maintenant sans cloches jettent sur eux la malédiction redoutable de
leur silence… A mort !.. A mort !.. A mort !.. »
Ah !
Comme il en pleut, aujourd’hui, de nos obus sur leurs tranchées,
leurs batteries, leurs cantonnements, leurs ponts, leurs
observatoires !… Ils ne répondent presque pas… Une marmite
par-ci par-là qui fait sonner les bois… Les bois où il n’y a
personne… Quelques obus sur Sampigny (le toit Poincaré tient
toujours bon.)
Ce
ne sont pas là des réponses, ce ne sont que des balbutiements de
gens intimidés… Auraient-ils de mauvaises nouvelles de Dixmude ?
Celles
que nous en recevons sont bonnes.
Et
celles qui viennent de la région de Nancy également…
Également
celles qui nous viennent de l’Argonne…
Également
les nouvelles des Vosges…
Également
les nouvelles de Russie… Ah ! Ah ! Ils se taisent !
les Boches !…
… Je
crie et j’écris ces imprécations dans une singulière position :
Je suis assis sur la botte de paille (pardon ! sur le lit) du
lieutenant commandant de la batterie de 155... La chambre à coucher
n’est pas vaste et je ne crois pas que je pourrais m’y tenir
allongé, mais elle offre un certain confort avec ses murs de terre
et son toit de sapin. Elle possède le téléphone et, entre
parenthèses, ce qu’on entend en ce moment au récepteur est bien
agréable :
« Allô !
même angle, même direction. L’objectif est en feu. »...
C’est la voix du lieutenant, qui, de là-haut sur la crête,
surveille les effets du tir. Quant à l’objectif c’est la ferme
Pichaumet, au pied du Camp des Romains : Les Allemands n’y
dormiront pas ce soir…
Les
Allemands attaquent encore, même dans la région de la Meuse et dans
la Woëvre. Tandis qu’en Argonne, la tentative Française pour
reprendre Vauquois est un échec.
X)
Un
correspondant du journal « Le Temps » télégraphie que
Strasbourg se prépare à un siège, jour et nuit, des ouvriers sont
occupés aux travaux de fortifications. Il arrive continuellement des
trains chargés de matériel de guerre. On ne peut sortir de la ville
parce que toute la périphérie et la ligne des forts est couverte de
réseaux de fils métalliques inextricables. Tous les ponts sur le
Rhin sont barricadés.
Le
journal publie aussi une interview de M. Fallières, ancien président
de la République.
Il
est très lucide sur la situation dramatique que vit le pays mais il
reste résolument positif, en voici les grandes lignes :
«
On me demande souvent, est-ce que ce sera long ?
Oui,
la campagne sera longue, très longue. A mon avis la guerre ne fait
que commencer. Pour abattre la puissance militaire ennemie, il faudra
des mois et des mois. (…)
Notre
pays, qui médisait trop de lui-même, se retrouve tel qu'il a
toujours été aux heures de péril, mieux, il a acquis une vertu
nouvelle la constance dans l'effort. Certes, oui, nous vaincrons. Et
puis, sans compter notre ardent patriotisme et les ressources
inépuisables de ce pays, ressources morales et matérielles. (…)
Le
droit monsieur, ne tombera pas, et la France ne périra pas.
Dussions-nous sacrifier le dernier homme, et si l'on doit appeler
l'arrière-ban, je suis prêt à partir.
Mais,
pour le pays tout entier, il n'y a, il ne peut y avoir qu'un mot
d'ordre Confiance, confiance, confiance absolue ! »
La
flotte Turco-Allemande bombarde le littoral Russe de la mer Noire,
Odessa, Novorossisk, Théodosia et coule un destroyer Russe.
En
Belgique, l’inondation de la plaine de l’Yser est complète, elle
oblige les Allemands à évacuer en catastrophe le terrain conquis et
fait échouer sa tentative de débordement de l’aile gauche alliée.
Les
Belges ont pu maintenir leur position sur le chemin de fer de
Nieuport et à Dixmude.
Dans
la campagne Russe, après 4 jours de combats dans les forêts au sud
de la Pilitza, sur la ligne Bialogura – Glovatchof - Politehna -
Janovete, la résistance Allemande face à l'offensive Russe, à
l'ouest de la Vistule est brisée.
En
Prusse Orientale, l’artillerie Allemande bombarde les positions
Russes avec violence et l’infanterie opère dans la région de
Bakalarjevo des attaques réitérées. Les troupes Russes réoccupent
Lodz et Radom.
Une
dépêche publiée dans Le Temps annonce que : « Des tempêtes
retardent l'assaut général contre Tsing-Tao. »
Sur
mer, le vapeur anglais Manchester-Commerce heurte une mine Allemande
au nord de l'Irlande et coule. Le capitaine et 13 hommes de
l'équipage périssent.
Les
attaques Allemandes entre Nieuport et Arras diminuent de violence et
paraissent bien enrayées.
Le
2e corps d’armée Britannique, très éprouvé après un mois de
combats, est relevé par le corps Indien.
Au
vingtième jour de la bataille de La Bassée, un gros combat se
déroule à Festubert.
Insolite :
Du
foot pour remonter le moral des troupes...
Voici
une lettre publiée dans le Journal « Le Temps », d’un
caporal cycliste, qui se trouve actuellement sur le front :
«
J'ai mis hier sur pied une belle partie de football mais les
circonstances sont vraiment exceptionnelles... Tout d'abord, le canon
n'arrête pas à 10 kilomètres de là.
Et
à la mi-temps, on est venu réclamer un des équipiers qui est
affecté aux batteries comme pointeur, pour remplacer un camarade mis
hors de combat.
On
lui serre la main.
On
le remplace dans l'équipe et la partie continue...
Aujourd'hui
on a les jambes raides, mais quand l'entraînement va venir, cela
nous fera rudement du bien et nous fortifiera contre les douleurs et
les courbatures.
Et
puis cela fait passer le temps et change les idées, et si on
rencontre les copains Anglais, on pourra organiser un match.
Les
officiers m'ont complimenté d'avoir organisé cette occupation qui
entraîne les hommes. »
Les
premiers essais de munitions chimiques débutent dès le début de la
campagne. Ces initiatives sont encore marginales mais la fin de
l'année est marquée par le commencement du programme industriel
Allemand, visant à produire des munitions toxiques en masse... La
situation de la France est rétablie, mais c’est la fin de la
guerre de mouvement, qui fait place bientôt à une toute nouvelle
forme de combats : La guerre de position. Les espoirs des
états-majors en une guerre courte s’évanouissent, et laissent
place à une situation que personne n’a prévue.
Les
armées s’enterrent l’une en face de l’autre sur un front de
700 km qui traverse la France de la Belgique à la frontière Suisse.
La déconvenue des états major est totale, aucun n’ayant prévu
une telle situation.
Très
rapidement, un dénouement à cette situation inédite est recherché,
du côté des Empires centraux comme du côté allié, au travers du
développement de nouvelles techniques, comme celle de l’arme
chimique.
De
chaque côté, des études et des travaux, dont certains ont débutés
bien avant guerre, sont ressortis des cartons.
Les
Armées Françaises, qui utilisent depuis le début des combats des
grenades chargées de substances chimiques agressives, cherchent à
développer ces initiatives... De nouveaux projectiles sont proposés
et adoptés, leur usage s’intensifiant progressivement à partir de
janvier 1915.
Ces
initiatives resteront néanmoins modestes, freinées par les accords
internationaux d’interdiction signés avant-guerre, et limités par
la faiblesse de l’industrie chimique Française de ce début du XXe
siècle.
Du
côté Allemand, sous l’impulsion de l’État major et de
l’industrie chimique extrêmement développée, les recherches
aboutissent plus rapidement. Dès le 29 octobre 1914, ils envoient 3
000 obus « Ni » de 105 mm contenant du chlorhydrate de dianisidine
sur Neuve-Chapelle, lors d’une offensive.
La
substance irritante ne produit pas les effets escomptés, mais
d’autres travaux suivent.
Un
obus susceptible de transporter des substances chimiques liquides est
mis au point. A la fin de l’année 1914, la production de plusieurs
substances agressives (lacrymogènes et suffocantes) sont mises en
œuvre
XI)
Le
31 juillet 1914, Amédée Dunois est au café du Croissant avec Jean
Jaurès. Il assiste, impuissant, à l’assassinat du député du
Tarn.
3
mois plus tard, Dunois rencontre le philosophe Théodore Ruyssen,
professeur à la faculté des lettres de Bordeaux. Dunois écrit au
sujet de Ruyssen :
« Le
dirai-je ? Je me sens ému jusqu’au fond de moi-même (…) J’ai
là en face de moi un homme de volonté et de conscience et je sais
que ce sont ces hommes-là qui, toujours, dictent en fin de compte la
loi de l’avenir : Ils prêtent au droit méconnu la force qu’ils
ont dans l’âme. »
Qu’a
dit et qu’a fait le professeur Ruyssen de si remarquable pour
mériter pareil éloge de la part d’un proche de Jaurès ?
Il
s’est tout simplement montré constant dans ses convictions
pacifistes. Dans L’Humanité du 29 octobre 1914, le professeur
Ruyssen déclare ainsi à Amédée Dunois :
« [La
défaite du pacifisme] n’est que d’un jour ! Dites-le bien : nous
ne renions aucune de nos idées. Nous demeurons sans défaillance ce
que nous étions hier. Nous persistons à estimer néfaste l’œuvre
de froide violence à laquelle est, hélas, associée la patrie.
Les
nations passent, les frontières se font, se défont. Mais le dernier
mot est inévitablement à la justice (…) Cette guerre n’est ni
fatale, ni bienfaisante, ni divine. Elle est le résultat de
malentendus effroyables, ourdis, hors du consentement des peuples,
par de mauvais bergers. Elle est détestée, au fond, de l’immense
majorité de ceux qui y ont été acculés. »
Ruyssen
condamne donc sans appel ceux qui sanctifient la guerre, qui en font
un rendez-vous joyeux ou qui brodent à son sujet en espérant
se rendre intéressants aux yeux de l’opinion Française.
Et
quand Dunois, subjugué par la ferme résolution de son
interlocuteur, ose l’interroger sur sa vision de l’avenir, voici
ce que ce dernier lui répond :
« Pour
l’instant (…) nous assistons impuissants au déchaînement des
forces monstrueuses que d’autres ont mises en jeu. Nous nous
bornons à recueillir un à un les enseignements des faits actuels.
Puis, lorsque l’heure sera venue des négociations nécessaires,
nous entrerons en lice :
Nous
invoquerons alors la modération du vainqueur, en lui rappelant le
danger des victoires excessives, nous réclamerons l’insertion dans
le traité de paix de clause d’arbitrage obligatoire et sans aucune
restriction. En somme, le but de la guerre, c’est la paix :
Nous
proclamerons que les idées dont nous avons la garde peuvent être
momentanément vaincues, mais qu’elles ne meurent ni ne se
rendent. »
Le
but de la guerre, c’est la paix...
N’oublions
pas que nous sommes à la fin d’octobre 1914. L’hiver approche.
La guerre s’enlise dans des tranchées qu’on commence à creuser
de part et d’autre. L’avenir est sombre et totalement incertain.
Et,
dans ce triste décor, dans ce contexte difficile, il y a un
homme, le professeur Théodore Ruyssen, qui défie la censure et la
bien-pensance de son époque afin de rappeler des principes simples :
1°)
Le pacifisme n’est que provisoirement vaincu. Il sera appelé à
avoir une nouvelle légitimité dès la fin de la guerre.
2°)
La guerre est là. Il faut faire avec. Mais n’oublions jamais
qu’elle laissera un jour la place à la paix. Et c’est quand
la paix réapparaîtra qu’il faudra se remettre a rebâtir un
monde nouveau fondé sur des relations internationales équilibrées
et sur le règlement pacifique des différends.
3°)
La guerre est là pour le moment. Il nous faut donc la gagner, mais
avec le désir d’établir la paix dans la modération et la
justice, c’est-à-dire sans le désir d’humilier le vaincu. Il
conviendra d’être particulièrement attentif lorsqu’un traité
de paix pourra être négocié et signé. On ne construira pas la
paix sur le dos du vaincu...
Le
professeur Théodore Ruyssen s’est exprimé au futur de
l’indicatif... C’est dire la force de ses convictions.
Et
il a tracé des perspectives claires pour les années à venir.
On
comprend donc que Ruyssen ait séduit Amédée Dunois qui s’est
sans doute senti moins seul en constatant que le pacifisme n’est
pas tout à fait mort en cette période d’Union sacrée.
La
guerre n’est pas une fin en soi.
Il
faut faire de cette guerre l’instrument de la paix future.
Il
faut dépasser l’opinion dominante, volontiers belliqueuse et
cocardière.
Il
faut dépasser les sentiments de vengeance.
Deux
observations en guise de conclusion.
1°)
La publication de l’article de Dunois dans les colonnes de
« L’Humanité » montre que la censure n’est pas
infaillible. En effet, elle peut laisser passer, de temps en temps,
des opinions sur la guerre qui ne cadrent pas du tout avec le
sentiment majoritairement exprimé par les organes de presse.
2°)
Le mouvement socialiste est clairement divisé. Il y a quelques
semaines, Édouard Vaillant fustigeait les idéologues de la paix
qualifiés d’imbéciles doctrinaires. Aujourd’hui, ces derniers
lui répondent implicitement.
XII)
29
octobre 1914 : les bons de la Défense ont la cote
La
IVe armée Allemande prépare une nouvelle offensive dans les
Flandres. La situation des régions soumises à la guerre et de
celles qui bordent le front et exigent une présence militaire
importante décide le gouvernement à préparer des mesures adaptées
à cette situation.
Dans
un télégramme qu’il adresse aux préfets, le président du
Conseil René Viviani précise l’intention de l’exécutif : « de
faire appel aux régions préservées des atteintes de l’ennemi
pour venir en aide aux populations victimes de la guerre »
.
Le « Journal des Débats » vante les bons placements pour l’épargne et en profite pour insister sur l’utilité des bons de la Défense nationale : « Les occasions de placer ses disponibilités font défaut, c’est avec le plus grand empressement que les capitalistes comme la petite épargne se rendent acquéreurs des Bons qui constituent un placement de premier ordre ».
Le « Journal des Débats » vante les bons placements pour l’épargne et en profite pour insister sur l’utilité des bons de la Défense nationale : « Les occasions de placer ses disponibilités font défaut, c’est avec le plus grand empressement que les capitalistes comme la petite épargne se rendent acquéreurs des Bons qui constituent un placement de premier ordre ».
XIII)
Le
Journal officiel publie la liste de généraux qui sont placés dans
la section de réserve, en réalité ceux qui ont été ou sont
limogés par le généralissime Joffre et une liste de ceux qui les
remplacent dans leurs responsabilités antérieures.
Le besoin de trouver des chefs aptes à faire face à une situation qui se durcit et à un front qui se gèle, est déterminant pour le grand état-major.
Le besoin de trouver des chefs aptes à faire face à une situation qui se durcit et à un front qui se gèle, est déterminant pour le grand état-major.
XIV)
Jeudi
29 - Canonnade violente, et 51 bombes (?) à 5h du matin. Matinée
tranquille.
Visite
à Saint Rémi, église, patronage, Hôtel-Dieu, où j'ai été reçu
par l’Économe, le D. Hanel, la Directrice, qui tous m'ont fait le
meilleur accueil, et m'ont fait visiter toutes les salles.
Je
voulais voir M. Maruchet. On va le prévenir, et l’Économe lui
fait savoir que Mgr veut visiter l'hôpital. Je ferais plaisir aux
malades, aux infirmières et aux Docteurs... C'est ainsi que je suis
amené à entrer à l'Hôtel-Dieu.
M.
Guichard me remercie, et me dit quelques jours après, que je peux
visiter tous les hôpitaux et hospices, que cela fait plaisir à tout
le monde, que je serais très bien accueilli.
Tout
le temps de la guerre, il en fut ainsi...
On
me dit de visiter toutes les salles, à commencer par les caves où
sont installés les malades, tout le grand bâtiment, et les
appartements où sont soignés les petits enfants, atteints alors de
maladies contagieuses.
Le
réveil est sonné à 4h par nos gros canons qui pendant 2h, font un
vacarme infernal, ils recommenceront d’ailleurs à 19h30 et à 22h,
mais en abrégeant leur sérénade.
Entre
6 et 7h, une variante survient, qui n’est pas précisément une
amélioration à notre régime, c’est la réapparition de bombes
incendiaires qui accomplissent leur sinistre mission en 6 endroits
différents. Heureusement, des secours arrivés en temps opportun ont
permis d’arrêter l’extension du feu.
XV)
Seda
Babel (Écho de Babylone), dont la publication commence en 1909
à Bagdad, est l'un des premiers journaux d'Irak.
L'hebdomadaire
paraît le vendredi. Jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale,
l'Irak fait partie de l'Empire Ottoman, et le pays est par conséquent
soumis au droit Ottoman.
En 1908,
grâce à la révolution émancipatrice des Jeunes-Turcs, la
régulation de la presse au sein de l'empire est assouplie,
permettant aux intellectuels et aux auteurs Irakiens de publier des
journaux, des magazines et des livres.
Seda
Babel compte parmi la bonne douzaine de journaux qui résultent de
cette libéralisation, et il s'inscrit dans une tendance qui se
généralise sur tout le territoire Ottoman.
Bien
qu'il appartient à 2 personnalités littéraires issues de la
communauté chrétienne Chaldéenne, qui le dirigent également, son
contenu, d'intérêt général, ne manifestait pas spécialement
d'orientation chrétienne.
Il
s'ancre ainsi dans la même lignée qu'Al-Zaura, journal publié à
Bagdad entre 1869 et 1917... L'ours de Seda Babel indique que ce
dernier a pour but d'aborder « l'actualité politique,
littéraire et commerciale au service du
développement
de la nation », mission à laquelle ses articles et
commentaires adhérent. Ne prônant pas d'idées politiques
radicales, le journal vise à informer plutôt qu'à persuader.
L'historien
amateur Yusuf Ghanimah en est le rédacteur en chef (mudir).
Son
éditeur (sahib al-imtiaz), Da’ud Sliwa, également professeur et
poète, est exilé d'Irak pendant la Première Guerre mondiale pour
ses écrits politiques.
Octobre
1914 - La grande guerre au jour le jour
grande.guerre.pagesperso-orange.fr/octobre141.html
Octobre
1914. Jeudi 1er octobre. La situation est proclamée satisfaisante.
...... Jeudi 29 octobre. Les Allemands doivent réellement s'être
affaiblis dans la région
86/Journal
de la grande guerre: le 29 octobre 1914 | 1914 ...
https://reims1418.wordpress.com/.../29/86journal-de-la-grande-guerre-le...
29
oct. 2014 - Jeudi 29 octobre 1914 Journal du rémois Paul Hess
(extraits) Vers 4 h 3à, les détonations de nos grosses pièces,
installées à La Villageoise, ...
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octobre 1914. Ecoutez-moi ça ! Quels tonnerres - NR Blogs
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Écho
de Babylone, n° 258, 29 octobre 1914 - Bibliothèque ...
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Seda
Babel (Écho de Babylone), dont la publication commença en 1909 à
Bagdad, fut l'un des premiers journaux d'Irak. L'hebdomadaire
paraissait le vendredi.
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