mardi 11 novembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 29 OCTOBRE 1914

29 OCTOBRE 1914


I)
Jeudi 29 octobre
Les Allemands doivent réellement être affaiblis dans la région de l'Yser où, d'après toutes les relations Anglaises, ils ont subi d'effroyables pertes, leurs attaques sur tout le front du Nord se sont faites moins violentes... Nous avons progressé au nord et à l'est d'Ypres, c'est-à-dire dans la direction de Dixmude, où l'ennemi a jusque-là, concentré ses efforts. De même nous poussons une offensive vigoureuse dans une toute autre direction, entre la Bassée et Lens.

En Woëvre nous avançons entre Apremont et Saint-Mihiel.

Les bulletins de l'état-major Russe, toujours remarquables par leur sobriété et leur discrétion, indiquent que la bataille entre les troupes de nos alliés et les Austro-Allemands s'est déployée sur un front colossal.
Les troupes russes sont maintenant entrées à Lodz, qui est la seconde ville de Pologne (elle a 600.000 âmes) et l'un des plus grands centres manufacturiers de l'Europe Orientale.

Le cabinet de Vienne semble d'ailleurs complètement découragé par les résultats de la campagne en Galicie. Il porte tous ses efforts vers la Serbie et le Monténégro, laissant à l'Allemagne (déjà incapable de le soutenir,) tout le poids de la lutte contre les armées du grand-duc Nicolas.

M.Venizelos a fait d'importantes déclarations à la Chambre d’Athènes pour justifier l'occupation de l’Épire du nord par les troupes Grecques. Cette occupation qui, en d'autres temps, eût peut-être mécontenté l'Italie, ne soulève maintenant à Rome aucune irritation.

Le général von Beseler, le chef de l'armée Allemande qui prit Anvers, un théoricien et un tacticien remarquable, d'après les écrivains militaires Allemands... s'est suicidé à Bruges !
Il a eu à se plaindre des procédés de l'état-major de Guillaume II qui multipliait les actes de favoritisme.

Le prince de Battenberg, cousin du roi d'Angleterre George V et frère de la reine d'Espagne, a succombé aux blessures qu'il a reçues sur le champ de bataille.

Les intellectuels Allemands prodiguent les manifestations pour soutenir la justice de la cause que défend leur pays. Mais ils se heurtent partout au dédain et à la colère.

II)
Journal du Rémois Paul Hess (extraits)
Vers 4h30, les détonations de nos grosses pièces, installées à La Villageoise, nous réveillent. Les Allemands ripostent et pendant quelque temps ce duel d’artillerie dans un bruit de tonnerre, donne à croire qu’une sérieuse bataille est engagée.

Plus tard, on entend éclater des obus en ville et lorsqu’à 8h30 je passe chez P. Simon, 10, rue du Cloître, j’apprends que les schrapnells ont tombé dru sur une partie du centre avoisinant la place royale , une balle qui a traversé une vitre, a été ramassée dans l’escalier de la maison...
D’autres obus, 77 et gros calibres, ont été envoyés encore vers le faubourg de Laon et le quartier du Barbâtre.
L’ennemi cherche évidemment à entretenir un état de frayeur permanent parmi la population.

Toute la ville est lasse et fatiguée d’avoir supporté déjà 46 jours de ce continuel bombardement, qui accumule les ruines et augmente chaque jour le nombre des victimes civiles... Les journaux en ont annoncé, ces jours-ci de 6 à 700.

III)
Les troupes Allemandes composées des IR 24, 64 et 84 se lancent à l’assaut des positions Françaises au sud du Chemin des Dames et prennent d’assaut le bourg de Vailly-sur-Aisne.
Les 29 et 30 octobre 1914, 2 772 soldats Français vont être mis hors de combat (tués, blessés et disparus) dans les combats de Vailly-sur-Aisne, sans que les Allemands ne puissent dépasser le canal de l’Aisne. La population de Vailly-sur-Aisne est évacuée tandis que les maisons sont bombardées...

IV)
A mon arrivée, une batterie Française, installée derrière ma maison, tire sur Vauquois.
Les Allemands ont envoyé 3 obus sur le village sans dégâts. Un obus est tombé dans les décombres d’une maison incendiée.

V)
 Le général Lespinasse s’explique :
Le Général Espinasse commandait le 15e Corps au début du conflit.
« Limogé » après l’échec de  l’attaque du 29 octobre 1914 sur la position fortifiée Montfaucon - Cuisy-Bois de Forges, il rédige un résumé journalier des opérations du 15ème Corps sous son commandement.
Ce résumé, non publié, est dédié « à la mémoire des officiers, sous-officiers, caporaux et soldats du 15e Corps morts pour la France devant Dieuze, Luneville, Bar-Le-Duc et Verdun en 1914 ».

VI)
Contre toute attente, la Turquie attaque des navires russes et français en mer Noire et signe un pacte avec l’Allemagne.

Le 28 octobre au soir, la flotte, après une croisière, rentre en rade de Sébastopol sans trouver nulle part trace de navires Turcs.
Le 29 octobre à 5h, le commandant de la flotte reçoit un rapport d’Odessa, disant qu’à 3h, 2 torpilleurs Ottomans ayant des feux rouges et verts et battant pavillon Russe sont entrés dans le port d’Odessa.

VII)
8 corps d’armée se jettent impétueusement à l’assaut. Ypres, que nos troupes sont obligées de traverser, devient le but d’un infernal bombardement. Une division du 32e corps, qui vient d’arriver en automobile, fait belle contenance et même parvient, à avancer...
Mais, le lendemain, après une alternative de succès et de revers, le 1e corps Anglais est obligé de céder devant des forces très supérieures et de laisser aux Allemands le village de KleinZillebeke.
Une perte plus grave encore, celle d’Hollebeke, livre à l’ennemi une des voies d’accès d’Ypres et va lui permettre d’approcher de très prés la ville.
Prévenu à temps, Dubois envoie 3 bataillons de zouaves reprendre le village. Ils y réussissent par une véhémente contre-attaque.

VIII)
Le 29 octobre 1914 du 56e régiment d’infanterie de Chalon. Dans la journée, bombardement des avant-postes ayant causé 2 tués et 3 blessés.
Léger bombardement de Brasseitte sans résultat.
À Mécrin, bombardement à 17h30, 4 coups sont tombés entre les batteries et le village et 6 au bas du pays. Aux avant-postes, fusillade à feu nourri et continu toute la nuit avec un léger bombardement.
Vers 12h30, bombardement de Sampigny.
Vers 22h, sérieux bombardement.
À 4 h 30, nouveau bombardement de Mécrin. 18 obus sont tombés sur le village au Sud-ouest.
La 2e compagnie a eu 3 blessés, dont un a le pied cassé. 3 granges en feu sur le même alignement, environ à 10 mètres à droite du bureau du maire.
État des pertes : 3 caporaux et soldats tués et 6 blessés.
Toute la journée, combat d’artillerie, canonnade soutenue.
Bombardement des villages de Pont-sur-Meuse et Boncourt.
À 3h35, un Blériot survole le village en même temps qu’un Taube.
À 4h30, une huitaine de schrapnels sont envoyés sur Mécrin.
À 22h, 12 obus sont tombés dans la partie haute du village sur l’ex-bureau du colonel.
La relève des avant-postes s’est effectuée à la tombée de la nuit (17h) sans incident. Extrait du « Journal de marches et opérations »,

IX)
29 octobre 1914. Ménil-aux-Bois
Écoutez-moi ça ! Quels tonnerres ! Toutes les gueules de tous nos canons crachent de la mort sur les Barbares.
Musique sublime que celle de l’obus qui part, porteur de nos tragiques commissions.
« Pars… ne flâne pas… et droit au but ! que ton sifflement leur glace les moëlles…
Il faut qu’ils entendent de loin, qu’ils comprennent sa sentence implacable :
A mort ! A mort pour Reims, pour Louvain, pour Arras !
A mort pour tant de veuves, de mères douloureuses, d’orphelins !
A mort pour l’enfant émigré de Deyvillers qui râle dans sa petite voiture !
A mort pour les ruines de Baccarat, l’église de Badonviller, celle de Sainte-Barbe, et celle de Roville, et celle de Bagien, et celle de Ménil, et celle de Saint-Benoît, et celle de Raon-l’Etape, et celle de Cirey et celle… Et de toutes celles dont les clochers maintenant sans cloches jettent sur eux la malédiction redoutable de leur silence… A mort !.. A mort !.. A mort !.. »

Ah ! Comme il en pleut, aujourd’hui, de nos obus sur leurs tranchées, leurs batteries, leurs cantonnements, leurs ponts, leurs observatoires !… Ils ne répondent presque pas… Une marmite par-ci par-là qui fait sonner les bois… Les bois où il n’y a personne… Quelques obus sur Sampigny (le toit Poincaré tient toujours bon.)
Ce ne sont pas là des réponses, ce ne sont que des balbutiements de gens intimidés… Auraient-ils de mauvaises nouvelles de Dixmude ?
Celles que nous en recevons sont bonnes.
Et celles qui viennent de la région de Nancy également…
Également celles qui nous viennent de l’Argonne…
Également les nouvelles des Vosges…
Également les nouvelles de Russie… Ah ! Ah ! Ils se taisent ! les Boches !…

Je crie et j’écris ces imprécations dans une singulière position : Je suis assis sur la botte de paille (pardon ! sur le lit) du lieutenant commandant de la batterie de 155... La chambre à coucher n’est pas vaste et je ne crois pas que je pourrais m’y tenir allongé, mais elle offre un certain confort avec ses murs de terre et son toit de sapin. Elle possède le téléphone et, entre parenthèses, ce qu’on entend en ce moment au récepteur est bien agréable :
« Allô ! même angle, même direction. L’objectif est en feu. »... C’est la voix du lieutenant, qui, de là-haut sur la crête, surveille les effets du tir. Quant à l’objectif c’est la ferme Pichaumet, au pied du Camp des Romains : Les Allemands n’y dormiront pas ce soir…

Les Allemands attaquent encore, même dans la région de la Meuse et dans la Woëvre. Tandis qu’en Argonne, la tentative Française pour reprendre Vauquois est un échec.

X)
Un correspondant du journal « Le Temps » télégraphie que Strasbourg se prépare à un siège, jour et nuit, des ouvriers sont occupés aux travaux de fortifications. Il arrive continuellement des trains chargés de matériel de guerre. On ne peut sortir de la ville parce que toute la périphérie et la ligne des forts est couverte de réseaux de fils métalliques inextricables. Tous les ponts sur le Rhin sont barricadés.

Le journal publie aussi une interview de M. Fallières, ancien président de la République.
Il est très lucide sur la situation dramatique que vit le pays mais il reste résolument positif, en voici les grandes lignes :
« On me demande souvent, est-ce que ce sera long ?
Oui, la campagne sera longue, très longue. A mon avis la guerre ne fait que commencer. Pour abattre la puissance militaire ennemie, il faudra des mois et des mois. (…)
Notre pays, qui médisait trop de lui-même, se retrouve tel qu'il a toujours été aux heures de péril, mieux, il a acquis une vertu nouvelle la constance dans l'effort. Certes, oui, nous vaincrons. Et puis, sans compter notre ardent patriotisme et les ressources inépuisables de ce pays, ressources morales et matérielles. (…)
Le droit monsieur, ne tombera pas, et la France ne périra pas. Dussions-nous sacrifier le dernier homme, et si l'on doit appeler l'arrière-ban, je suis prêt à partir.
Mais, pour le pays tout entier, il n'y a, il ne peut y avoir qu'un mot d'ordre Confiance, confiance, confiance absolue ! »

La flotte Turco-Allemande bombarde le littoral Russe de la mer Noire, Odessa, Novorossisk, Théodosia et coule un destroyer Russe.

En Belgique, l’inondation de la plaine de l’Yser est complète, elle oblige les Allemands à évacuer en catastrophe le terrain conquis et fait échouer sa tentative de débordement de l’aile gauche alliée.
Les Belges ont pu maintenir leur position sur le chemin de fer de Nieuport et à Dixmude.

Dans la campagne Russe, après 4 jours de combats dans les forêts au sud de la Pilitza, sur la ligne Bialogura – Glovatchof - Politehna - Janovete, la résistance Allemande face à l'offensive Russe, à l'ouest de la Vistule est brisée.

En Prusse Orientale, l’artillerie Allemande bombarde les positions Russes avec violence et l’infanterie opère dans la région de Bakalarjevo des attaques réitérées. Les troupes Russes réoccupent Lodz et Radom.

Une dépêche publiée dans Le Temps annonce que : « Des tempêtes retardent l'assaut général contre Tsing-Tao. »

Sur mer, le vapeur anglais Manchester-Commerce heurte une mine Allemande au nord de l'Irlande et coule. Le capitaine et 13 hommes de l'équipage périssent.

Les attaques Allemandes entre Nieuport et Arras diminuent de violence et paraissent bien enrayées.
Le 2e corps d’armée Britannique, très éprouvé après un mois de combats, est relevé par le corps Indien.

Au vingtième jour de la bataille de La Bassée, un gros combat se déroule à Festubert.

Insolite :
Du foot pour remonter le moral des troupes...
Voici une lettre publiée dans le Journal « Le Temps », d’un caporal cycliste, qui se trouve actuellement sur le front :
« J'ai mis hier sur pied une belle partie de football mais les circonstances sont vraiment exceptionnelles... Tout d'abord, le canon n'arrête pas à 10 kilomètres de là.
Et à la mi-temps, on est venu réclamer un des équipiers qui est affecté aux batteries comme pointeur, pour remplacer un camarade mis hors de combat.
On lui serre la main.
On le remplace dans l'équipe et la partie continue...
Aujourd'hui on a les jambes raides, mais quand l'entraînement va venir, cela nous fera rudement du bien et nous fortifiera contre les douleurs et les courbatures.
Et puis cela fait passer le temps et change les idées, et si on rencontre les copains Anglais, on pourra organiser un match.
Les officiers m'ont complimenté d'avoir organisé cette occupation qui entraîne les hommes. »

Les premiers essais de munitions chimiques débutent dès le début de la campagne. Ces initiatives sont encore marginales mais la fin de l'année est marquée par le commencement du programme industriel Allemand, visant à produire des munitions toxiques en masse... La situation de la France est rétablie, mais c’est la fin de la guerre de mouvement, qui fait place bientôt à une toute nouvelle forme de combats : La guerre de position. Les espoirs des états-majors en une guerre courte s’évanouissent, et laissent place à une situation que personne n’a prévue.

Les armées s’enterrent l’une en face de l’autre sur un front de 700 km qui traverse la France de la Belgique à la frontière Suisse. La déconvenue des états major est totale, aucun n’ayant prévu une telle situation.
Très rapidement, un dénouement à cette situation inédite est recherché, du côté des Empires centraux comme du côté allié, au travers du développement de nouvelles techniques, comme celle de l’arme chimique.
De chaque côté, des études et des travaux, dont certains ont débutés bien avant guerre, sont ressortis des cartons.
Les Armées Françaises, qui utilisent depuis le début des combats des grenades chargées de substances chimiques agressives, cherchent à développer ces initiatives... De nouveaux projectiles sont proposés et adoptés, leur usage s’intensifiant progressivement à partir de janvier 1915.

Ces initiatives resteront néanmoins modestes, freinées par les accords internationaux d’interdiction signés avant-guerre, et limités par la faiblesse de l’industrie chimique Française de ce début du XXe siècle.

Du côté Allemand, sous l’impulsion de l’État major et de l’industrie chimique extrêmement développée, les recherches aboutissent plus rapidement. Dès le 29 octobre 1914, ils envoient 3 000 obus « Ni » de 105 mm contenant du chlorhydrate de dianisidine sur Neuve-Chapelle, lors d’une offensive.
La substance irritante ne produit pas les effets escomptés, mais d’autres travaux suivent.

Un obus susceptible de transporter des substances chimiques liquides est mis au point. A la fin de l’année 1914, la production de plusieurs substances agressives (lacrymogènes et suffocantes) sont mises en œuvre

XI)
Un homme de volonté et de conscience
Le 31 juillet 1914, Amédée Dunois est au café du Croissant avec Jean Jaurès. Il assiste, impuissant, à l’assassinat du député du Tarn.
3 mois plus tard, Dunois rencontre le philosophe Théodore Ruyssen, professeur à la faculté des lettres de Bordeaux. Dunois écrit au sujet de Ruyssen :
« Le dirai-je ? Je me sens ému jusqu’au fond de moi-même (…) J’ai là en face de moi un homme de volonté et de conscience et je sais que ce sont ces hommes-là qui, toujours, dictent en fin de compte la loi de l’avenir : Ils prêtent au droit méconnu la force qu’ils ont dans l’âme. »

Qu’a dit et qu’a fait le professeur Ruyssen de si remarquable pour mériter pareil éloge de la part d’un proche de Jaurès ?
Il s’est tout simplement montré constant dans ses convictions pacifistes. Dans L’Humanité du 29 octobre 1914, le professeur Ruyssen déclare ainsi à Amédée Dunois :
« [La défaite du pacifisme] n’est que d’un jour ! Dites-le bien : nous ne renions aucune de nos idées. Nous demeurons sans défaillance ce que nous étions hier. Nous persistons à estimer néfaste l’œuvre de froide violence à laquelle est, hélas, associée la patrie.

Les nations passent, les frontières se font, se défont. Mais le dernier mot est inévitablement à la justice (…) Cette guerre n’est ni fatale, ni bienfaisante, ni divine. Elle est le résultat de malentendus effroyables, ourdis, hors du consentement des peuples, par de mauvais bergers. Elle est détestée, au fond, de l’immense majorité de ceux qui y ont été acculés. »

Ruyssen condamne donc sans appel ceux qui sanctifient la guerre, qui en font un rendez-vous joyeux ou qui brodent à son sujet en espérant se rendre intéressants aux yeux de l’opinion Française.
Et quand Dunois, subjugué par la ferme résolution de son interlocuteur, ose l’interroger sur sa vision de l’avenir, voici ce que ce dernier lui répond :
« Pour l’instant (…) nous assistons impuissants au déchaînement des forces monstrueuses que d’autres ont mises en jeu. Nous nous bornons à recueillir un à un les enseignements des faits actuels. Puis, lorsque l’heure sera venue des négociations nécessaires, nous entrerons en lice :
Nous invoquerons alors la modération du vainqueur, en lui rappelant le danger des victoires excessives, nous réclamerons l’insertion dans le traité de paix de clause d’arbitrage obligatoire et sans aucune restriction. En somme, le but de la guerre, c’est la paix :
Nous proclamerons que les idées dont nous avons la garde peuvent être momentanément vaincues, mais qu’elles ne meurent ni ne se rendent. »

Le but de la guerre, c’est la paix...
N’oublions pas que nous sommes à la fin d’octobre 1914. L’hiver approche. La guerre s’enlise dans des tranchées qu’on commence à creuser de part et d’autre. L’avenir est sombre et totalement incertain.
Et, dans ce triste décor, dans ce contexte difficile, il y a un homme, le professeur Théodore Ruyssen, qui défie la censure et la bien-pensance de son époque afin de rappeler des principes simples :
1°) Le pacifisme n’est que provisoirement vaincu. Il sera appelé à avoir une nouvelle légitimité dès la fin de la guerre.
2°) La guerre est là. Il faut faire avec. Mais n’oublions jamais qu’elle laissera un jour la place à la paix. Et c’est quand la paix réapparaîtra qu’il faudra se remettre a rebâtir un monde nouveau fondé sur des relations internationales équilibrées et sur le règlement pacifique des différends.
3°) La guerre est là pour le moment. Il nous faut donc la gagner, mais avec le désir d’établir la paix dans la modération et la justice, c’est-à-dire sans le désir d’humilier le vaincu. Il conviendra d’être particulièrement attentif lorsqu’un traité de paix pourra être négocié et signé. On ne construira pas la paix sur le dos du vaincu...
Le professeur Théodore Ruyssen s’est exprimé au futur de l’indicatif... C’est dire la force de ses convictions.
Et il a tracé des perspectives claires pour les années à venir.

On comprend donc que Ruyssen ait séduit Amédée Dunois qui s’est sans doute senti moins seul en constatant que le pacifisme n’est pas tout à fait mort en cette période d’Union sacrée.
La guerre n’est pas une fin en soi.
Il faut faire de cette guerre l’instrument de la paix future.
Il faut dépasser l’opinion dominante, volontiers belliqueuse et cocardière.
Il faut dépasser les sentiments de vengeance.

Deux observations en guise de conclusion.
1°) La publication de l’article de Dunois dans les colonnes de « L’Humanité » montre que la censure n’est pas infaillible. En effet, elle peut laisser passer, de temps en temps, des opinions sur la guerre qui ne cadrent pas du tout avec le sentiment majoritairement exprimé par les organes de presse.
2°) Le mouvement socialiste est clairement divisé. Il y a quelques semaines, Édouard Vaillant fustigeait les idéologues de la paix qualifiés d’imbéciles doctrinaires. Aujourd’hui, ces derniers lui répondent implicitement.

XII)
29 octobre 1914 : les bons de la Défense ont la cote
La IVe armée Allemande prépare une nouvelle offensive dans les Flandres. La situation des régions soumises à la guerre et de celles qui bordent le front et exigent une présence militaire importante décide le gouvernement à préparer des mesures adaptées à cette situation.
Dans un télégramme qu’il adresse aux préfets, le président du Conseil René Viviani précise l’intention de l’exécutif : « de faire appel aux régions préservées des atteintes de l’ennemi pour venir en aide aux populations victimes de la guerre »
.
Le « Journal des Débats » vante les bons placements pour l’épargne et en profite pour insister sur l’utilité des bons de la Défense nationale : « Les occasions de placer ses disponibilités font défaut, c’est avec le plus grand empressement que les capitalistes comme la petite épargne se rendent acquéreurs des Bons qui constituent un placement de premier ordre ».
XIII)
Le Journal officiel publie la liste de généraux qui sont placés dans la section de réserve, en réalité ceux qui ont été ou sont limogés par le généralissime Joffre et une liste de ceux qui les remplacent dans leurs responsabilités antérieures.
Le besoin de trouver des chefs aptes à faire face à une situation qui se durcit et à un front qui se gèle, est déterminant pour le grand état-major.

XIV)
Jeudi 29 - Canonnade violente, et 51 bombes (?) à 5h du matin. Matinée tranquille.
Visite à Saint Rémi, église, patronage, Hôtel-Dieu, où j'ai été reçu par l’Économe, le D. Hanel, la Directrice, qui tous m'ont fait le meilleur accueil, et m'ont fait visiter toutes les salles.
Je voulais voir M. Maruchet. On va le prévenir, et l’Économe lui fait savoir que Mgr veut visiter l'hôpital. Je ferais plaisir aux malades, aux infirmières et aux Docteurs... C'est ainsi que je suis amené à entrer à l'Hôtel-Dieu.

M. Guichard me remercie, et me dit quelques jours après, que je peux visiter tous les hôpitaux et hospices, que cela fait plaisir à tout le monde, que je serais très bien accueilli.

Tout le temps de la guerre, il en fut ainsi...

On me dit de visiter toutes les salles, à commencer par les caves où sont installés les malades, tout le grand bâtiment, et les appartements où sont soignés les petits enfants, atteints alors de maladies contagieuses.

Le réveil est sonné à 4h par nos gros canons qui pendant 2h, font un vacarme infernal, ils recommenceront d’ailleurs à 19h30 et à 22h, mais en abrégeant leur sérénade.

Entre 6 et 7h, une variante survient, qui n’est pas précisément une amélioration à notre régime, c’est la réapparition de bombes incendiaires qui accomplissent leur sinistre mission en 6 endroits différents. Heureusement, des secours arrivés en temps opportun ont permis d’arrêter l’extension du feu.

XV)
Seda Babel (Écho de Babylone), dont la publication commence en 1909 à Bagdad, est l'un des premiers journaux d'Irak.
L'hebdomadaire paraît le vendredi. Jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, l'Irak fait partie de l'Empire Ottoman, et le pays est par conséquent soumis au droit Ottoman.
En 1908, grâce à la révolution émancipatrice des Jeunes-Turcs, la régulation de la presse au sein de l'empire est assouplie, permettant aux intellectuels et aux auteurs Irakiens de publier des journaux, des magazines et des livres.

Seda Babel compte parmi la bonne douzaine de journaux qui résultent de cette libéralisation, et il s'inscrit dans une tendance qui se généralise sur tout le territoire Ottoman.

Bien qu'il appartient à 2 personnalités littéraires issues de la communauté chrétienne Chaldéenne, qui le dirigent également, son contenu, d'intérêt général, ne manifestait pas spécialement d'orientation chrétienne.

Il s'ancre ainsi dans la même lignée qu'Al-Zaura, journal publié à Bagdad entre 1869 et 1917... L'ours de Seda Babel indique que ce dernier a pour but d'aborder « l'actualité politique, littéraire et commerciale au service du
développement de la nation », mission à laquelle ses articles et commentaires adhérent. Ne prônant pas d'idées politiques radicales, le journal vise à informer plutôt qu'à persuader.

L'historien amateur Yusuf Ghanimah en est le rédacteur en chef (mudir).
Son éditeur (sahib al-imtiaz), Da’ud Sliwa, également professeur et poète, est exilé d'Irak pendant la Première Guerre mondiale pour ses écrits politiques.



Octobre 1914 - La grande guerre au jour le jour
grande.guerre.pagesperso-orange.fr/octobre141.html
Octobre 1914. Jeudi 1er octobre. La situation est proclamée satisfaisante. ...... Jeudi 29 octobre. Les Allemands doivent réellement s'être affaiblis dans la région
86/Journal de la grande guerre: le 29 octobre 1914 | 1914 ...
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Écho de Babylone, n° 258, 29 octobre 1914 - Bibliothèque ...
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Seda Babel (Écho de Babylone), dont la publication commença en 1909 à Bagdad, fut l'un des premiers journaux d'Irak. L'hebdomadaire paraissait le vendredi.





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