mardi 25 novembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR LE 12 NOVEMBRE 1914

12 NOVEMBRE 1914

I)
Un agent de police vient présenter à tante Élise l’avis d’avoir à loger et nourrir chez elle rue de la Gare un officier.
Elle se rend avec maman au bureau des réclamations à l’hôtel de ville et toutes deux parlementent avec l’adjoint M. de Brabander qui finit par leur faire espérer que suite ne sera pas donnée à cette sommation qui aurait les conséquences les plus ennuyeuses. Élise revient un peu apaisée.

Vers 11h, j’assiste à une fuite de femmes du peuple vers la rue de Lannoy, et j’apprends que, au passage de prisonniers Français et Anglais, la foule ayant poussé des cris de : « Vive la France », les uhlans de l’escorte ont chargé avec la lance en avant. Pendant cette alerte, un sous-officier de zouaves a trouvé le moyen de donner en peu de mots d’heureuses nouvelles des opérations, il a ajouté : « Ne vous apitoyez pas sur nous, tout va bien, et vous ne tarderez pas à être libérés ».

Mme Faidherbe, en passant l’après-midi chez Marie, lui raconte que son frère Théo, fugitif à Fromelles, a passé 4 jours sous un lit avec un camarade.
Nos gros bleus vont cet après-midi assister aux funérailles d’un officier, de 2 soldats Allemands et d’un Anglais, morts des suites de blessures dans nos ambulances.
Au cimetière, la sépulture de l’Anglais est en un clin d’œil couverte de chrysanthèmes. Ce que voyant, les Allemands prennent des poignées de fleurs pour orner la tombe des leurs qui ont l’air délaissée par contraste.
Le bruit se répand que les Allemands réquisitionnent le meilleur vin des caves des habitations du boulevard de Paris, pour leurs blessés... Je suis rue de Lille un soldat dont le sac au dos laisse apercevoir 3 ou 4 goulots de bouteilles de champagne.... Après une alerte, c’en est une autre !

II)
Maurice Emery ( 204e R.I., 6e bataillon 22e Cie), âgé de 21 ans, tué à 17h sur le champ de bataille, ouvrier à l’usine Guilliet, marié et domicilié 9 rue Rantheaume à Auxerre. « a été inhumé près du village de Crouy. Soldat de la classe 1913 et affecté au 4e d’infanterie, M. Emery a été malade et versé ensuite au 204e. ».

III)
Le 7e C.A. doit attaquer le plateau de Nouvron. Pour favoriser cette attaque le 5e groupe de D.R. s’engage sur tout son front en appuyant son attaque principale sur Ferrières.
Cette attaque est dirigée par le colonel commandant la 109e Brigade qui dispose indépendamment des troupes qui occupent la croupe Est de Crouy d’un bataillon du 204e, d’un bataillon du 282, d’un bataillon de chasseurs indigènes et 3 groupes de sapeurs du Génie de 14 hommes chacun. (…)
Sous les ordres du Lt colonel Auroux, bataillon du 204e et bataillon du chasseurs indigènes.
Objectif : Ligne de tranchées ennemies comprises entre la ferme Perrière et la cote 173 puis chercher à déborder la ferme par l’Est et pousser sur Sous-Perrière. (…)
L’attaque débouche vers 8h30 sur le plateau. Elle a été précédée du bombardement des objectifs à attaquer de 6h30 à 8h30.
Les tranchées attaquées ont été soumises à un tir aussi violent que possible. (…)
Le 6e bataillon du 204e et le 1er bataillon de chasseurs indigènes sont rassemblés dans le ravin de Crouy à l’Est du cimetière entre 6h et 7h (…)
Le bataillon du 204e muni d’outils sachant s’en servir, capable d’agir en liaison avec les sapeurs du Génie formant la tête d’attaque, il a pour mission de venir à bout des obstacles. (…)
Le chef de bataillon commandant le 6e bataillon (Ct Chalet) met en ligne au début de l’action la 23e Cie face à l’objectif avec les sapeurs et lui interdit l’usage des boyaux et l’arrêt dans les tranchées du 246e pour qu’elle conserve entièrement son esprit d’offensive en n’ayant qu’un but et une préoccupation : aborder l’ennemi.

Le chef de bataillon garde en réserve une Cie  (probablement la 22e ) et un peloton pour faire sentir son action personnelle. (…)
A plusieurs reprises la 23e Cie de 1ère ligne essaie de se relever, chaque fois le feu la couche à terre.
Couchée, elle a pu supporter le feu de l’infanterie, mais l’artillerie commence alors à lui faire subir des pertes (…).
Le peloton de gauche de la 22e Cie  qui la flanque est arrêté également par le feu de l’infanterie.
Il  faut donc chercher vers la droite le succès que le centre ne peut obtenir. A 14h35 la compagnie Marocaine établit enfin la jonction avec la Brigade mixte.  (…)
16h 15 (…) ordre d’arrêter toute progression et de conserver les positions conquises. (Maurice Emrey tombe à 17h)
La ligne des positions conquises variant de la gauche à la droite de 40 à 150 mètres. (…) 11 tués, 28 blessés et 5 disparus. »
IV)
Journal du Rémois Paul Hess (extraits)
Coups de canon la nuit... Bombardement violent toute la journée.
Le bombardement reprend avec une violence extrême : à 8h du matin, des bombes tombent près du cirque et de l’Hôtel Continental, de 22 à 23h, une grêle de projectiles s’abat sur la ville.

V)
« Arrivé le 12 novembre au matin, je prends part aux violents combats livrés à Zillebeke, Zonnebeke, Hollebeke, à l’est et au sud-est d’Ypres.
Rien ne peut donner une idée du spectacle effrayant de cette bataille.
Les Allemands attaquent avec une violence inouïe, par masses énormes d’infanterie, appuyées par une artillerie formidable.
Ils subissent des pertes énormes et ne réussissent pas à rompre nos lignes.
Bien mieux, sur certains points, nous avons même gagné du terrain.

VI)
Au 118e RIT basé à Verzenay, pas drôle le lieutenant-colonel !
Il est interdit à tous les débitants de laisser consommer chez eux ou de vendre, aux militaires en stationnement à Verzenay de l’absinthe ou des alcools. En cas d’infraction à cet ordre, les établissements en contravention seront interdits, non seulement à la troupe, mais encore à la population civile.
La gendarmerie sera chargée de pénétrer dans les établissements publics pour s’assurer de l’exécution de cet ordre.

Le clocher d’Autrêches détruit le 12 novembre 1914

VII)
Lu dans Le Moniteur en date du jeudi 12 novembre 1914
France.
Les Allemands ont réussi à entrer dans Dixmude en Flandre, mais comme au nord de cette place, nous poussons notre propre progression, ils n’ont pu tirer parti de leur avance.
Et c’est en vain qu’ils ont essayé, une fois de plus de traverser l’Yser le fleuve sur la rive gauche et dans le cours duquel ils ont laissé tant d’hommes dans les premiers jours du mois.
On sent qu’ils tentent l’effort désespéré, pour pallier l’effet de leurs plus récents échecs.
Notre position s’améliore le long de l’Aisne et en Lorraine, entre la forêt de Parroy et la zone des dépressions qui se trouvent vers Dieuze.

Les arrière-gardes-Russes poussent vivement les troupes Allemandes en Prusse Orientale.

Grande Bretagne.
Les journaux Anglais annoncent que le chancelier de Bethmann-Hollweg aurait fait des propositions qui, bien entendu, ont été repoussées.
Depuis le 5 septembre les alliés sont engagés les uns vis à vis des autres par un pacte précis et aux termes de cet accord, nul ne pourra conclure la paix séparément.
La démarche de M.de Bethmann-Hollweg vis-à-vis du pays auquel il a lancé sa première déclaration de guerre, au début de la guerre, atteste de son inquiétude... Il est manifeste que le kaiser appréhende une invasion rapide de l’empire par les forces Russes.

Caucase.
Les combats entre les troupes Russes du Caucase et les Turcs près d’Erzeroum, à Keuprikeui, n’ont pas encore abouti à une solution

Islam ;
Le loyalisme des Musulmans ressortissants de la France se marque de mille façons, et il est à noter que le sultan Mehmed V, en dépit des excitations Allemandes n’a pas encore osé proclamer la Guerre Sainte en Islam.
Le bey de Tunis a adressé un appel à son peuple pour lui demander de remplir tous ses devoirs de fidélité vis-à-vis de la France.

VIII)
Courmelles.
Depuis minuit canonnade immense. On dirait le bruit de plaques de zinc fantastiques remuées dans de fantastiques réservoirs.
Sur toute la ligne de l’Aisne, toutes les pièces donnent et leurs voix se mêlent en un chœur monstrueux.
Nuit Shakespearienne... Ma chambre tremble... Mes vitres vont certainement céder sous l’ébranlement de l’air.
Le vent souffle en tempête, la pluie tombe à torrents. Nuit sinistre. Nuit d’enfer, de fin du monde…
Nuit indescriptible avec des mots. Il me faudrait des bruits pour la décrire : Il me faudrait les sifflements mêlés du vent et des obus, les tonnerres confondus de l’ouragan et des canons...

Je descends dans la rue au petit jour : Tous les troupiers sont déjà dehors, s’attendant à partir. L’un d’eux me dit, en roulant sa cigarette : « J’ crois qu’i causent, par là… »

Vers 10h la canonnade s’atténue. La fusillade prend une soudaine intensité.
Du côté des carrières de Pasly je n’aperçois rien.
Tout se passe à notre droite et surtout à notre gauche du côté de Vic-sur-Aisne.
C’est par là que les 3 autres bataillons doivent être engagés. Ils sont partis cette nuit à 1h. Depuis nous n’en avons aucune nouvelle.

A 15h, sous un ciel d’ouragan, la canonnade reprend avec une rage nouvelle : nous avons à notre gauche 264 pièces qui tirent ! Les Allemands répondent faiblement.
Cuffies, occupé par eux, est en feu. Le vent emporte par fins écheveaux, vite évanouis, la fumée bleue du village qui brûle.
Saint-Jean-des-Vignes préside à cet infernal sabbat, dressé tout noir sous le ciel noir, avec sa flèche épointée et sa flèche ébréchée.
Des corbeaux volent en masse au-dessus de Courmelles, fuyant le canon. Régulièrement, toutes les minutes, un énorme obus Français tombe sur Cuffies et éclate avec un fracas qui fait trembler le ciel et la terre.
Plus loin, en aval de Soissons, des fumées s’élèvent : C’est Vic-sur-Aisne qui brûle à son tour. Le 7e corps opère par là...

A mesure que la nuit tombe l’intensité de la canonnade augmente.
Il n’y a plus d’intervalle perceptible entre les coups de canon : C’est un roulement continu.
Et la grande lueur de Cuffies en feu éclaire les nuées basses de l’ouragan.

IX)
Ce jour-là, le Petit Journal évoque les dons envoyés par des enfants, garçons et filles, aux soldats, en se félicitant de leur patriotisme.
Le bloc Anglais et l'admirable unité de leur empire. Situation militaire : La bataille continue, très violente.
Offensive Russe : Un commandant Allemand prisonnier, les Austro-Allemands submergés par le flot Russe,
Les renforts Allemands.
Les hostilités contre la Turquie.
Réouverture de la Bourse de Paris.
Bulletin de la guerre.
Message de George V au maréchal French.
Les troupes Indiennes sur le front.
Discours de Lloyd George.

X)
Chapelle d’aumônier militaire
En ce début du XXe siècle, les relations entre l’Église catholique et le Gouvernement Français sont tendues, en raison des dispositions législatives ayant trait aux libertés religieuses :
La loi du 1er juillet 1901 sur les associations, soumettant les congrégations religieuses à une reconnaissance légale rendue sur avis conforme du Conseil d’État et supprimant ainsi 2 000 institutions religieuses d’enseignement et nombre d’établissements conventuels,
loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, transférant aux communes et aux départements la propriété des biens immobiliers et mobiliers de l’Église de France.
  • 1 - BONIFACE, X. L’Aumônerie française 1914/1962. Paris : Cerf, 2001, p. 68/88, p. 105/153.

Toutefois, malgré la rupture des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et l’État Français, le Ministère de la Guerre continue d’approvisionner des chapelles d’aumônier militaire pour les besoins de ses troupes.
Par décret du 5 mai 1913, il prévoit une centaine d’aumôniers militaires.
Un appel aux « volontaires » est lancé par Albert de MUN, fondateur de l’œuvre des aumôniers militaires, et une circulaire du ministère de la Guerre du 12 novembre 1914 porte ce nombre à 305.
En réalité, ce sont près de 800 aumôniers qui seront nommés au cours de ce conflit.

Valise de prêtre soldat :
Lors de la mobilisation générale du 1er août 1914, séminaristes, prêtres et religieux sont mobilisés en application de la loi du 21 mars 1905, dite « des curés sacs au dos », loi qui a supprimé toutes les dispenses de service militaire, et du rescrit de 1912 levant l’irrégularité canonique encourue lorsqu’ils portent les armes.

Il se trouve que les prêtres, non aumôniers militaires, ne disposent pas d’ensembles de célébrations du Saint-Sacrifice de la Messe.
La fraternité instaurée dans les tranchées entre les « cléricaux » et les « anticléricaux » apaise les esprits partisans et à partir de la fin 1915 des valises de prêtre soldat sont fournies par une institution catholique dans le but de favoriser le retour de la foi dans les paroisses rurales : L’œuvre des campagnes.
Fondée en 1857 dans la commune de Fleury-en-Bière (Seine-et-Marne) par l’abbé Jean-Marie Vandel et la comtesse Auguste de La Rochejaquelein, cette association a pour vocation d’aider les prêtres soldats à supporter l’âpreté et la rudesse de la vie militaire et leur permettre dans ces conditions de continuer à célébrer la messe.
Bulletin de l’Œuvre, janvier 1915, p. 3.
C’est l’état d’esprit relevé dans le Bulletin de l’Œuvre de Janvier 1915 :
« Ils sont des milliers sur le front, qui n’ont même pas la consolation, dans les intervalles d’un service toujours pénible, toujours périlleux, de pouvoir offrir le Saint-Sacrifice, parce qu’ils manquent de tout ce qui est nécessaire pour dire la messe, ils sont des milliers qui sont privés de faire la charité. Donnons-leur pour qu’ils puissent donner. Envoyons-leur de généreuses offrandes, des vêtements chauds. »

Deux types de colis sont ainsi constitués :
Les premiers, essentiellement religieux, comprennent le nécessaire pour célébrer l’office divin : Vases sacrés, vêtements liturgiques, missels et objets de vénération populaire : (crucifix, chapelets, médailles, ouvrages de piété…)
Les seconds, plus matérialistes, sont adaptés aux circonstances de la guerre de tranchées, ils contiennent des vêtements de dessous (chemises, gilets et ceintures de flanelle…), des vêtements chauds (chandails, cache nez, passe montagne, mitaines…), des vêtements imperméables (capuchons, bottes,…) et quelques produits de coopérative (pipes, briquets, cigarettes, savon, chocolat, confitures, conserves….).
Lension-Rigau Éric. Le donjon et le clocher. Paris : Librairie académique Perrin, 2003, p. 340.
Jusqu’en 1915, 70 autels portatifs sont livrés. À partir de cette date, l’Œuvre laisse à l’Association de Notre-Dame de Salut la charge d’approvisionner ces autels.

Composition des nécessaires de célébration
Il s’agit d’une malle en bois renforcée avec coins en laiton et attaches en cuir, mesurant 70 cm de longueur, 35 cm de largeur et 31 cm de haut. Elle ne contient ni vases sacrés ni vêtements liturgiques. Le nécessaire pour célébrer la messe est conservé : Un décor en bois incorporé dans le couvercle de la cantine pour figurer un tabernacle, un support en bois repliable en trois parties pour l’autel, des canons d’autel en carton, un porte missel pliant en bois, un missel Romain daté de 1879, un propre de la Messe en latin sur 3 cartons imprimés, un ensemble en aluminium comprenant un plateau ovale et deux burettes, un goupillon en laiton, une pale en soie blanche brodée de feuillages... Figurent également : une statue en plâtre de « Notre-Dame de Lourdes », une pierre noire gravée en creux à l’envers pour impression, un chemin de croix en carton avec lithographies collées, une petite bourse en damas blanc.

XI)
Situation en France
Le communiqué du ministère de la Guerre, indique :
« Depuis le canal de La Bassée jusqu'à l'Oise, quelques actions de détail.

Dans la région de l'Aisne, autour de Vailly les alliés se maintiennent, vis-à-vis d'une contre-attaque. Ils ont consolidé le terrain reconquis précédemment.

Dans la région de Craonne, à la ferme Heurtebise, l’artillerie Française est parvenue à réduire au silence l'artillerie ennemie, dont elle a même démoli quelques pièces.

Quelques progrès également autour de Berry-au-Bac.

Dans l'Argonne, en Voivre, en Lorraine et dans les Vosges, les positions
respectives ne sont pas modifiées.

En Belgique, le communiqué officiel nous apprend que les troupes alliées progressent au nord de Nieuport, au-delà de Lombaertzyde, qui est reprise par les Belges.
En fin de journée les Allemands occupent Dixmude, tandis que les alliées occupent solidement les positions sur le canal.
Les attaques Allemandes se font plus violentes sur le front Dixmude - Ypres, le mouvement de retraite d'un grand nombre de troupes signalé en Belgique centrale se poursuit.

Un télégramme d'Amsterdam au Central News assure même que le quartier général Allemand a été transféré à Alost, la petite ville située à mi-chemin entre Gand et Bruxelles.
42 trains de troupes sont passés à Liège et à Verviers se dirigeant vers l'est.
Par contre, deux trains chargés d'artillerie lourde sont passés par Liège en route pour Anvers, ce qui semble indiquer que si l'ennemi retire de la Belgique des forces considérables pour renforcer son front oriental, il se dispose pourtant à défendre énergiquement les points d'appui qu'il possède en Belgique.

En Prusse Orientale, les troupes Russes s’approchent des débouchés orientaux de la région des lacs de la Mazurie.

En Galicie, un télégramme de Petrograd confirme à la Tribuna que le flanc gauche de l'armée Austro-Hongroise, qui combat en Galicie, a été complètement enveloppé par l'armée Russe, déjà victorieuse sur les hauteurs de Lysagora et de Kielce.

Un télégramme de Cettigné, publié dans « Le Figaro », nous informe qu’une grande bataille est engagée sur le front de Grahovo, dans le conflit Austro-Serbe.

XII)
Le journal « Le temps », par l’intermédiaire de son correspondant de Saint-Omer nous donne quelques nouvelles de nos villes du Nord.
« On sait combien de nos villes du Nord ont déjà été saccagées par les Allemands dont l'œuvre de destruction est systématique.
Deux grandes villes industrielles, Roubaix et Tourcoing, ont jusqu'ici été épargnées, et il est vraisemblable qu'elles le seront tout à fait.
Notre correspondant nous écrit que récemment on a découvert sur un officier Allemand prisonnier une carte d'état-major sur laquelle l'agglomération de Roubaix-Tourcoing est encerclée au crayon rouge.
On demande des explications au prisonnier. « Nous avons, » répondit-il, « l'ordre d'épargner ces deux villes. »

« Le prisonnier dit la vérité ! On m'assure, en effet, que les Allemands se sont engagés envers les États-Unis à ne pas commettre de dégâts dans les deux importants centres industriels du nord. »

Depuis 2 semaines la ville d'Armentières est chaque jour le but de tir des canons Allemands.
Les artilleurs Allemands ont entrepris la destruction systématique de la ville industrielle et chacun des quartiers est tour à tour visé par les assaillants.

Voici l’exploit, militaire, d'un aviateur Français, raconté en première page du journal « Le Temps ».
« À Blangy, un aviateur Français a jeté une bombe qui a détruit la voie ferrée et qui a ainsi empêché plusieurs trains Allemands d'arriver à destination.
Un détachement de dragons a été envoyé sur place.
Les cavaliers ont trouvé les gros morceaux d'un canon de 420.
Il a fallu 6 plates-formes pour transporter l'engin monstrueux mis en pièces. Chaque obus pèse environ une tonne. »

XIII)
[Dans : Archives > Activités culturelles > Chroniques de la Grande Guerre > Création du dépôt d’éclopés d’Hesdin]

Création du dépôt d’éclopés d’Hesdin
En langage militaire, la curieuse appellation d’ « éclopé » s’applique à tout homme que la fatigue, le surmenage, les mille maux qui ne sont ni maladies bien spécifiées, ni blessures causées par le feu, rendent momentanément incapables de combattre... (Paul Delay, Histoire anecdotique de la guerre de 1914-1915, fascicule 9, c/, "Les services d’arrière", septembre 1915).

Dès le début de la guerre, les autorités pourvoient les zones proches du front de dépôts d’éclopés : c’est ainsi que celui d’Hesdin voit le jour le 12 novembre 1914.
Les archives départementales n’ayant pas vocation à conserver les archives des armées, le Pas-de-Calais ne disposait, jusqu’à présent, d’aucun document sur cet établissement sanitaire temporaire. Un petit dossier relatif à ce sujet a toutefois été récemment acquis, provenant des papiers personnels du docteur Louis Dubreuil-Chambardel, médecin-chef du dépôt en 1916.

En règle générale, les dépôts d’éclopés sont souvent installés dans des casernements vacants ou des établissements scolaires et hospitaliers publics ou privés.
On en compte environ 240 en 1916. Leur emplacement, stratégique, ne doit pas se trouver trop à l’arrière, car ils constituent une réserve de combattants susceptibles de rejoindre rapidement le front.
En effet, les pathologies soignées sont considérées comme bénignes :
Faiblesse générale ou fatigue, entorses, hernies, engelures, maladies courantes non contagieuses, etc...
Le dépôt constitue pour eux une brève halte destinée à retremper leur moral et leur corps (la durée moyenne du séjour étant d’une vingtaine de jours).
Sous l’égide du Service de santé et du Commandement des armées, les dépôts sont organisés en compagnies où règne la discipline militaire : Les malades ne doivent pas cesser d’être des combattants, car ils sont amenés à réintégrer très vite leur place dans le rang.
À leur sortie, on estime qu’environ 80 % d’entre eux regagnent le front, 14 % sont transférés dans un hôpital et 6 % sont évacués à l’arrière

Mais les officiers gestionnaires déplorent fréquemment le manque de crédits alloués à la bonne tenue de leurs dépôts.
Dénués de tout, ils sont tributaires des œuvres apportant leur concours à l’armée, telles que l’Œuvre d’assistance aux dépôts d’éclopés ou la Croix-Rouge. Leur aide précieuse permet l’approvisionnement en mobilier, vêtements, matériel médical, etc... : Les archives du docteur Dubreuil-Chambardel l’illustrent parfaitement pour le dépôt d’Hesdin.
Nommé médecin-chef du dépôt en mars 1916, ce dernier n’occupe que brièvement cette fonction, jusqu’à la fermeture de son établissement à la fin du mois. Il a néanmoins conservé des statistiques récapitulatives des deux ans d’existence du centre : relevé mensuel des entrées (12 novembre 1914-mars 1916), moyenne du temps de présence, modes d’évacuation (juillet 1915-mars 1916), graphiques des mouvements (novembre 1915-mars 1916), tableau des effectifs quotidiens (janvier-mars 1916).

Le dossier comprend également des pièces concernant le fonctionnement et la fermeture du dépôt (instructions et correspondance reçue, février-5 mai 1916), des recommandations individuelles de convalescents (11 mars-8 septembre 1915) et une série de documents illustrant l’activité et les loisirs (concours et exposition-vente d’objets réalisés par les patients, concerts et revue).

Créé le 12 novembre 1914, le dépôt d’Hesdin (10e armée) ferme ses portes le 31 mars 1916, par fusion avec les centres du Tréport et d’Abbeville (circulaire du 20 mars 1916).
En plus des affections générales qu’on soignent dans ce type d’établissements, Hesdin est spécialisé en médecine dentaire (d’où un envoi massif d’édentés), en podologie (essentiellement gelures aux pieds) et en dermatologie (1/4 des malades atteints de maladie de peau souffrent de psoriasis, d’ecthymas et de gale).

XIV)
JMO/Rgt :
« 6ème bataillon, le Capitaine Bidegaeay a pris le commandement du bataillon. Aujourd’hui, relève des compagnies d’avant-postes, les 2 compagnies sont parties de Fraimbois à 3h45, la 21e allant relever la 24e à Thiébeauménil, la 23e, la 22e à Benaménil, relève terminée à 9h.

Les 22e et 24e sont toutes 2 installées dans leur cantonnement à 13h30. La garde du village et des issues a été assurée jusqu’à 19h par la 6e section de mitrailleuses.
5e bataillon : 2 compagnies du 5e bataillon (17e et 18e Cies) quittent Vathiménil à 2h et ne rentrent dans leur cantonnement qu’à 20 heures.

Opération : Un détachement de contact, sous le commandement du chef de bataillon Villemin, fort de deux Cies (17e et 18e), de 2 pelotons de cavalerie et d’une section d’artillerie doit opérer dans la zone au N. de la Vezouze, sur l’axe général Domjevin, Vého, Reillon, Gondrexon.
Le détachementen marche, 2 compagnies échelonnées sur l’axe, avec flanc garde à droite et à gauche, réserve de cavalerie vers Blemerey et section d’artillerie vers Domjevin.

Renseignements : 1er bond jusqu’à Vého, rien à signaler, 2e bond vers Reillon, de petites fractions d’infanteire (20 à 60 hommes) qui occupent Blémerey, Reillon , Leintrey, bois de Reinabois, attaquées, se replient, 3e bond vers Gondrexon, des groupes d’infanterie (20 à 60 hommes) qui occupent les cotes 297 et 303 sur la crête à l’est de Reillon et le petit bois Carré ne disparaissent qu’après l’intervention de l’artillerie.

L’artillerie ennemie ne s’est pas révélée au cours de notre progression sur des glaciers découverts.
Chazelles, Gondrexon, Bois de Vannequel et abords semblent constituer les points avancés les plus fortement tenus de la position principale de Verdenal, Grandseille, Autrepierre, Igney.
Pertes : néant, prisonnier : néant.

La section du Ss/lieut. Buisson a été laissée vers Vého avec une mission d’embuscade et de reprise de contact pour la matinée du 13.
Le sergent Farci (17e Cie) est cité à l’ordre de la brigade de Hussards pour son énergie et son sang-froid : Ayant reçu l’ordre de pénétrer coûte que coûte jusqu’au village de Leintrey, a accompli sa mission et ayant été entouré par une vingtaine de fantassins et quelques cavaliers ennemis a pu se dégager sans pertes. »

JMO/SS :
« Départ par alerte à 2h. Les 17e et 18e Cies du 5e bataillon qui vont en reconnaissance vers Reillon et Laucher. Une section reste en embuscade à Chazelles.
Indisponibles 22 + 1 officier »

XV
Jeudi 12 novembre 1914, la perte de la ville de Dixmude
Depuis le 20 octobre 1914, les 2 armées ennemies se battent autour des villes Belges d’Ypres et de Dixmude.
Les Français subissent des offensives violentes de la part de l’armée Allemande mais ces attaques vont être « toutes repoussées ». 

Le 12 novembre 1914, le journal transmet le communiqué officiel diffusé par le Gouvernement Français installé à Bordeaux :
« Au nord de Nieuport, nous avons même pu réoccuper Lombartzyde et progresser au-delà de cette localité mais vers la fin de la journée, les Allemands ont réussi à s’emparer de Dixmude ».
La ville est donc prise après une résistance acharnée des Français. La ville d’Ypres, défendue par l’armée Anglaise, tient le coup et résiste à l’ennemi.

Le 77e et le 135e régiment d’infanterie sont nommés à l’ordre du jour au 9e corps d’armée.
Le journal dévoile la liste des hommes décorés. Ainsi, par exemple, « Lestoquoi, commandant le 77e régiment d’infanterie a conduit avec entrain, un sang-froid et un courage remarquable l’attaque d’une position, emmenant des pièces à bras à petite distance et par la prise de cette position a grandement contribué au succès de la journée ». 
Journal de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914 ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../journal-de-paul-destombes-10-au-16-novembre-1...
11 nov. 2014 - Journal de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914) : «Le vent d'ouest ... tient son journal du premier au dernier jour de la Grande Guerre.
100/Journal de la grande guerre: le 12 novembre 1914 ...
https://reims1418.wordpress.com/.../12/100journal-de-la-grande-guerre-l...
12 nov. 2014 - Bombardement violent toute la journée. 12 novembre 1914. – Reims. – Le bombardement reprend avec une violence extrême : à 8 heures du ...
Témoignages religieux de la Grande Guerre - In Situ
insitu.revues.org › Numéros › 16 › Varia
de C Aliquot - ‎2011 - ‎Autres articles
Témoignages religieux de la Grande Guerre ... aumôniers militaires, et une circulaire du ministère de la Guerre du 12 novembre 1914 porte ce nombre à 305.
Jeudi 12 novembre 1914 : Roubaix et Tourcoing épargnées ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../jeudi-12-novembre-1914-roubaix-et-tourcoing-e...
12 nov. 2014 - Jeudi 12 novembre 1914 : Roubaix et Tourcoing épargnées par les Allemands grâce à un accord avec les ... Il y a 100 ans - La Grande Guerre.
Création du dépôt d'éclopés d'Hesdin - Chroniques de la ...
www.archivespasdecalais.fr › ... › Chroniques de la Grande Guerre
Créé le 12 novembre 1914, le dépôt d'Hesdin ( 10e armée) ferme ses portes le ... des mutilés de guerre, dans des expositions-ventes qui rencontrent un grand ...

















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire