12
NOVEMBRE 1914
I)
Un
agent de police vient présenter à tante Élise l’avis d’avoir à
loger et nourrir chez elle rue de la Gare un officier.
Elle
se rend avec maman au bureau des réclamations à l’hôtel de ville
et toutes deux parlementent avec l’adjoint M. de Brabander qui
finit par leur faire espérer que suite ne sera pas donnée à cette
sommation qui aurait les conséquences les plus ennuyeuses. Élise
revient un peu apaisée.
Vers
11h, j’assiste à une fuite de femmes du peuple vers la rue de
Lannoy, et j’apprends que, au passage de prisonniers Français et
Anglais, la foule ayant poussé des cris de : « Vive la France »,
les uhlans de l’escorte ont chargé avec la lance en avant. Pendant
cette alerte, un sous-officier de zouaves a trouvé le moyen de
donner en peu de mots d’heureuses nouvelles des opérations, il a
ajouté : « Ne vous apitoyez pas sur nous, tout va bien, et vous ne
tarderez pas à être libérés ».
Mme
Faidherbe, en passant l’après-midi chez Marie, lui raconte que son
frère Théo, fugitif à Fromelles, a passé 4 jours sous un lit avec
un camarade.
Nos
gros bleus vont cet après-midi assister aux funérailles d’un
officier, de 2 soldats Allemands et d’un Anglais, morts des suites
de blessures dans nos ambulances.
Au
cimetière, la sépulture de l’Anglais est en un clin d’œil
couverte de chrysanthèmes. Ce que voyant, les Allemands prennent des
poignées de fleurs pour orner la tombe des leurs qui ont l’air
délaissée par contraste.
Le
bruit se répand que les Allemands réquisitionnent le meilleur vin
des caves des habitations du boulevard de Paris, pour leurs
blessés... Je suis rue de Lille un soldat dont le sac au dos laisse
apercevoir 3 ou 4 goulots de bouteilles de champagne.... Après une
alerte, c’en est une autre !
II)
Maurice
Emery ( 204e R.I., 6e bataillon 22e Cie), âgé de 21 ans, tué à
17h sur le champ de bataille, ouvrier à l’usine Guilliet, marié
et domicilié 9 rue Rantheaume à Auxerre. « a été inhumé
près du village de Crouy. Soldat de la classe 1913 et affecté au 4e
d’infanterie, M. Emery a été malade et versé ensuite au 204e. ».
III)
Le
7e C.A. doit attaquer le plateau de Nouvron. Pour favoriser cette
attaque le 5e groupe de D.R. s’engage sur tout son front en
appuyant son attaque principale sur Ferrières.
Cette
attaque est dirigée par le colonel commandant la 109e Brigade qui
dispose indépendamment des troupes qui occupent la croupe Est de
Crouy d’un bataillon du 204e, d’un bataillon du 282, d’un
bataillon de chasseurs indigènes et 3 groupes de sapeurs du Génie
de 14 hommes chacun. (…)
Sous
les ordres du Lt colonel Auroux, bataillon du 204e et bataillon du
chasseurs indigènes.
Objectif :
Ligne de tranchées ennemies comprises entre la ferme Perrière et la
cote 173 puis chercher à déborder la ferme par l’Est et pousser
sur Sous-Perrière. (…)
L’attaque
débouche vers 8h30 sur le plateau. Elle a été précédée du
bombardement des objectifs à attaquer de 6h30 à 8h30.
Les
tranchées attaquées ont été soumises à un tir aussi violent que
possible. (…)
Le
6e bataillon du 204e et le 1er bataillon de chasseurs indigènes sont
rassemblés dans le ravin de Crouy à l’Est du cimetière entre 6h
et 7h (…)
Le
bataillon du 204e muni d’outils sachant s’en servir, capable
d’agir en liaison avec les sapeurs du Génie formant la tête
d’attaque, il a pour mission de venir à bout des obstacles. (…)
Le
chef de bataillon commandant le 6e bataillon (Ct Chalet) met en ligne
au début de l’action la 23e Cie face à l’objectif avec les
sapeurs et lui interdit l’usage des boyaux et l’arrêt dans les
tranchées du 246e pour qu’elle conserve entièrement son esprit
d’offensive en n’ayant qu’un but et une préoccupation :
aborder l’ennemi.
Le
chef de bataillon garde en réserve une Cie (probablement la
22e ) et un peloton pour faire sentir son action personnelle. (…)
A
plusieurs reprises la 23e Cie de 1ère ligne essaie de se relever,
chaque fois le feu la couche à terre.
Couchée,
elle a pu supporter le feu de l’infanterie, mais l’artillerie
commence alors à lui faire subir des pertes (…).
Le
peloton de gauche de la 22e Cie qui la flanque est arrêté
également par le feu de l’infanterie.
Il
faut donc chercher vers la droite le succès que le centre ne peut
obtenir. A 14h35 la compagnie Marocaine établit enfin la jonction
avec la Brigade mixte. (…)
16h
15 (…) ordre d’arrêter toute progression et de conserver les
positions conquises. (Maurice Emrey tombe à 17h)
La
ligne des positions conquises variant de la gauche à la droite de 40
à 150 mètres. (…) 11 tués, 28 blessés et 5 disparus. »
IV)
Journal
du Rémois Paul Hess (extraits)
Coups
de canon la nuit... Bombardement violent toute la journée.
Le
bombardement reprend avec une violence extrême : à 8h du matin, des
bombes tombent près du cirque et de l’Hôtel Continental, de 22 à
23h, une grêle de projectiles s’abat sur la ville.
V)
« Arrivé
le 12 novembre au matin, je prends part aux violents combats livrés
à Zillebeke, Zonnebeke, Hollebeke, à l’est et au sud-est d’Ypres.
Rien
ne peut donner une idée du spectacle effrayant de cette bataille.
Les
Allemands attaquent avec une violence inouïe, par masses énormes
d’infanterie, appuyées par une artillerie formidable.
Ils
subissent des pertes énormes et ne réussissent pas à rompre nos
lignes.
Bien
mieux, sur certains points, nous avons même gagné du terrain.
VI)
Au 118e
RIT basé à Verzenay, pas drôle le lieutenant-colonel !
Il
est interdit à tous les débitants de laisser consommer chez eux ou
de vendre, aux militaires en stationnement à Verzenay de l’absinthe
ou des alcools. En cas d’infraction à cet ordre, les
établissements en contravention seront interdits, non seulement à
la troupe, mais encore à la population civile.
La
gendarmerie sera chargée de pénétrer dans les établissements
publics pour s’assurer de l’exécution de cet ordre.
Le
clocher d’Autrêches détruit le 12 novembre 1914
VII)
Lu
dans Le Moniteur en date du jeudi 12 novembre 1914
France.
Les
Allemands ont réussi à entrer dans Dixmude en Flandre, mais comme
au nord de cette place, nous poussons notre propre progression, ils
n’ont pu tirer parti de leur avance.
Et
c’est en vain qu’ils ont essayé, une fois de plus de traverser
l’Yser le fleuve sur la rive gauche et dans le cours duquel ils ont
laissé tant d’hommes dans les premiers jours du mois.
On
sent qu’ils tentent l’effort désespéré, pour pallier l’effet
de leurs plus récents échecs.
Notre
position s’améliore le long de l’Aisne et en Lorraine, entre la
forêt de Parroy et la zone des dépressions qui se trouvent vers
Dieuze.
Les
arrière-gardes-Russes poussent vivement les troupes Allemandes en
Prusse Orientale.
Grande
Bretagne.
Les
journaux Anglais annoncent que le chancelier de Bethmann-Hollweg
aurait fait des propositions qui, bien entendu, ont été repoussées.
Depuis
le 5 septembre les alliés sont engagés les uns vis à vis des
autres par un pacte précis et aux termes de cet accord, nul ne
pourra conclure la paix séparément.
La
démarche de M.de Bethmann-Hollweg vis-à-vis du pays auquel il
a lancé sa première déclaration de guerre, au début de la guerre,
atteste de son inquiétude... Il est manifeste que le kaiser
appréhende une invasion rapide de l’empire par les forces Russes.
Caucase.
Les
combats entre les troupes Russes du Caucase et les Turcs près
d’Erzeroum, à Keuprikeui, n’ont pas encore abouti à une
solution
Islam ;
Le
loyalisme des Musulmans ressortissants de la France se marque de
mille façons, et il est à noter que le sultan Mehmed V, en dépit
des excitations Allemandes n’a pas encore osé proclamer la Guerre
Sainte en Islam.
Le
bey de Tunis a adressé un appel à son peuple pour lui demander de
remplir tous ses devoirs de fidélité vis-à-vis de la France.
VIII)
Courmelles.
Depuis
minuit canonnade immense. On dirait le bruit de plaques de zinc
fantastiques remuées dans de fantastiques réservoirs.
Sur
toute la ligne de l’Aisne, toutes les pièces donnent et leurs voix
se mêlent en un chœur monstrueux.
Nuit
Shakespearienne... Ma chambre tremble... Mes vitres vont certainement
céder sous l’ébranlement de l’air.
Le
vent souffle en tempête, la pluie tombe à torrents. Nuit sinistre.
Nuit d’enfer, de fin du monde…
Nuit
indescriptible avec des mots. Il me faudrait des bruits pour la
décrire : Il me faudrait les sifflements mêlés du vent et des
obus, les tonnerres confondus de l’ouragan et des canons...
Je
descends dans la rue au petit jour : Tous les troupiers sont
déjà dehors, s’attendant à partir. L’un d’eux me dit, en
roulant sa cigarette : « J’ crois qu’i causent, par
là… »
Vers
10h la canonnade s’atténue. La fusillade prend une soudaine
intensité.
Du
côté des carrières de Pasly je n’aperçois rien.
Tout
se passe à notre droite et surtout à notre gauche du côté de
Vic-sur-Aisne.
C’est
par là que les 3 autres bataillons doivent être engagés. Ils sont
partis cette nuit à 1h. Depuis nous n’en avons aucune nouvelle.
A
15h, sous un ciel d’ouragan, la canonnade reprend avec une rage
nouvelle : nous avons à notre gauche 264 pièces qui tirent !
Les Allemands répondent faiblement.
Cuffies,
occupé par eux, est en feu. Le vent emporte par fins écheveaux,
vite évanouis, la fumée bleue du village qui brûle.
Saint-Jean-des-Vignes
préside à cet infernal sabbat, dressé tout noir sous le ciel noir,
avec sa flèche épointée et sa flèche ébréchée.
Des
corbeaux volent en masse au-dessus de Courmelles, fuyant le canon.
Régulièrement, toutes les minutes, un énorme obus Français tombe
sur Cuffies et éclate avec un fracas qui fait trembler le ciel et la
terre.
Plus
loin, en aval de Soissons, des fumées s’élèvent : C’est
Vic-sur-Aisne qui brûle à son tour. Le 7e corps opère par là...
A
mesure que la nuit tombe l’intensité de la canonnade augmente.
Il
n’y a plus d’intervalle perceptible entre les coups de canon :
C’est un roulement continu.
Et
la grande lueur de Cuffies en feu éclaire les nuées basses de
l’ouragan.
IX)
Ce
jour-là, le Petit Journal évoque les dons envoyés par des enfants,
garçons et filles, aux soldats, en se félicitant de leur
patriotisme.
Le
bloc Anglais et l'admirable unité de leur empire. Situation
militaire : La bataille continue, très violente.
Offensive
Russe : Un commandant Allemand prisonnier, les Austro-Allemands
submergés par le flot Russe,
Les
renforts Allemands.
Les
hostilités contre la Turquie.
Réouverture
de la Bourse de Paris.
Bulletin
de la guerre.
Message
de George V au maréchal French.
Les
troupes Indiennes sur le front.
Discours
de Lloyd George.
X)
En
ce début du XXe siècle, les relations entre l’Église catholique
et le Gouvernement Français sont tendues, en raison des dispositions
législatives ayant trait aux libertés religieuses :
La
loi du 1er juillet 1901 sur les associations, soumettant les
congrégations religieuses à une reconnaissance légale rendue sur
avis conforme du Conseil d’État et supprimant ainsi 2 000
institutions religieuses d’enseignement et nombre d’établissements
conventuels,
loi
du 9 décembre 1905 sur la séparation des Églises et de
l’État, transférant aux communes et aux départements la
propriété des biens immobiliers et mobiliers de l’Église de
France.
- 1 - BONIFACE, X. L’Aumônerie française 1914/1962. Paris : Cerf, 2001, p. 68/88, p. 105/153.
Toutefois,
malgré la rupture des relations diplomatiques entre le Saint-Siège
et l’État Français, le Ministère de la Guerre continue
d’approvisionner des chapelles d’aumônier militaire pour les
besoins de ses troupes.
Par
décret du 5 mai 1913, il prévoit une centaine d’aumôniers
militaires.
Un
appel aux « volontaires » est lancé par Albert de MUN,
fondateur de l’œuvre des aumôniers militaires, et une circulaire
du ministère de la Guerre du 12 novembre 1914 porte ce nombre à
305.
En
réalité, ce sont près de 800 aumôniers qui seront nommés au
cours de ce conflit.
Lors
de la mobilisation générale du 1er août 1914, séminaristes,
prêtres et religieux sont mobilisés en application de la loi du
21 mars 1905, dite « des curés sacs au dos », loi
qui a supprimé toutes les dispenses de service militaire, et du
rescrit de 1912 levant l’irrégularité canonique encourue
lorsqu’ils portent les armes.
Il
se trouve que les prêtres, non aumôniers militaires, ne disposent
pas d’ensembles de célébrations du Saint-Sacrifice de la Messe.
La
fraternité instaurée dans les tranchées entre les « cléricaux »
et les « anticléricaux » apaise les esprits partisans et
à partir de la fin 1915 des valises de prêtre soldat sont fournies
par une institution catholique dans le but de favoriser le retour de
la foi dans les paroisses rurales : L’œuvre des campagnes.
Fondée
en 1857 dans la commune de Fleury-en-Bière (Seine-et-Marne) par
l’abbé Jean-Marie Vandel et la comtesse Auguste de La
Rochejaquelein, cette association a pour vocation d’aider les
prêtres soldats à supporter l’âpreté et la rudesse de la vie
militaire et leur permettre dans ces conditions de continuer à
célébrer la messe.
Bulletin
de l’Œuvre, janvier 1915, p. 3.
C’est
l’état d’esprit relevé dans le Bulletin de l’Œuvre de
Janvier 1915 :
« Ils
sont des milliers sur le front, qui n’ont même pas la consolation,
dans les intervalles d’un service toujours pénible, toujours
périlleux, de pouvoir offrir le Saint-Sacrifice, parce qu’ils
manquent de tout ce qui est nécessaire pour dire la messe, ils sont
des milliers qui sont privés de faire la charité. Donnons-leur pour
qu’ils puissent donner. Envoyons-leur de généreuses offrandes,
des vêtements chauds. »
Deux
types de colis sont ainsi constitués :
Les
premiers, essentiellement religieux, comprennent le nécessaire pour
célébrer l’office divin : Vases sacrés, vêtements
liturgiques, missels et objets de vénération populaire :
(crucifix, chapelets, médailles, ouvrages de piété…)
Les
seconds, plus matérialistes, sont adaptés aux circonstances de la
guerre de tranchées, ils contiennent des vêtements de dessous
(chemises, gilets et ceintures de flanelle…), des vêtements chauds
(chandails, cache nez, passe montagne, mitaines…), des vêtements
imperméables (capuchons, bottes,…) et quelques produits de
coopérative (pipes, briquets, cigarettes, savon, chocolat,
confitures, conserves….).
Lension-Rigau
Éric. Le donjon et le clocher. Paris : Librairie académique
Perrin, 2003, p. 340.
Jusqu’en
1915, 70 autels portatifs sont livrés. À partir de cette date,
l’Œuvre laisse à l’Association de Notre-Dame de Salut la charge
d’approvisionner ces autels.
Il
s’agit d’une malle en bois renforcée avec coins en laiton et
attaches en cuir, mesurant 70 cm de longueur, 35 cm de
largeur et 31 cm de haut. Elle ne contient ni vases sacrés ni
vêtements liturgiques. Le nécessaire pour célébrer la messe est
conservé : Un décor en bois incorporé dans le couvercle de la
cantine pour figurer un tabernacle, un support en bois repliable en
trois parties pour l’autel, des canons d’autel en carton, un
porte missel pliant en bois, un missel Romain daté de 1879, un
propre de la Messe en latin sur 3 cartons imprimés, un ensemble en
aluminium comprenant un plateau ovale et deux burettes, un goupillon
en laiton, une pale en soie blanche brodée de feuillages... Figurent
également : une statue en plâtre de « Notre-Dame de
Lourdes », une pierre noire gravée en creux à l’envers pour
impression, un chemin de croix en carton avec lithographies collées,
une petite bourse en damas blanc.
XI)
Situation
en France
Le
communiqué du ministère de la Guerre, indique :
«
Depuis le canal de La Bassée jusqu'à l'Oise, quelques actions de
détail.
Dans
la région de l'Aisne, autour de Vailly les alliés se maintiennent,
vis-à-vis d'une contre-attaque. Ils ont consolidé le terrain
reconquis précédemment.
Dans
la région de Craonne, à la ferme Heurtebise, l’artillerie
Française est parvenue à réduire au silence l'artillerie ennemie,
dont elle a même démoli quelques pièces.
Quelques
progrès également autour de Berry-au-Bac.
Dans
l'Argonne, en Voivre, en Lorraine et dans les Vosges, les positions
respectives
ne sont pas modifiées.
En
Belgique, le communiqué officiel nous apprend que les troupes
alliées progressent au nord de Nieuport, au-delà de Lombaertzyde,
qui est reprise par les Belges.
En
fin de journée les Allemands occupent Dixmude, tandis que les
alliées occupent solidement les positions sur le canal.
Les
attaques Allemandes se font plus violentes sur le front Dixmude -
Ypres, le mouvement de retraite d'un grand nombre de troupes signalé
en Belgique centrale se poursuit.
Un
télégramme d'Amsterdam au Central News assure même que le quartier
général Allemand a été transféré à Alost, la petite ville
située à mi-chemin entre Gand et Bruxelles.
42
trains de troupes sont passés à Liège et à Verviers se dirigeant
vers l'est.
Par
contre, deux trains chargés d'artillerie lourde sont passés par
Liège en route pour Anvers, ce qui semble indiquer que si l'ennemi
retire de la Belgique des forces considérables pour renforcer son
front oriental, il se dispose pourtant à défendre énergiquement
les points d'appui qu'il possède en Belgique.
En
Prusse Orientale, les troupes Russes s’approchent des débouchés
orientaux de la région des lacs de la Mazurie.
En
Galicie, un télégramme de Petrograd confirme à la Tribuna que le
flanc gauche de l'armée Austro-Hongroise, qui combat en Galicie, a
été complètement enveloppé par l'armée Russe, déjà victorieuse
sur les hauteurs de Lysagora et de Kielce.
Un
télégramme de Cettigné, publié dans « Le Figaro »,
nous informe qu’une grande bataille est engagée sur le front de
Grahovo, dans le conflit Austro-Serbe.
XII)
Le
journal « Le temps », par l’intermédiaire de son
correspondant de Saint-Omer nous donne quelques nouvelles de nos
villes du Nord.
«
On sait combien de nos villes du Nord ont déjà été saccagées par
les Allemands dont l'œuvre de destruction est systématique.
Deux
grandes villes industrielles, Roubaix et Tourcoing, ont jusqu'ici été
épargnées, et il est vraisemblable qu'elles le seront tout à fait.
Notre
correspondant nous écrit que récemment on a découvert sur un
officier Allemand prisonnier une carte d'état-major sur laquelle
l'agglomération de Roubaix-Tourcoing est encerclée au crayon rouge.
On
demande des explications au prisonnier. « Nous avons, »
répondit-il, « l'ordre d'épargner ces deux villes. »
«
Le prisonnier dit la vérité ! On m'assure, en effet, que les
Allemands se sont engagés envers les États-Unis à ne pas commettre
de dégâts dans les deux importants centres industriels du nord. »
Depuis
2 semaines la ville d'Armentières est chaque jour le but de tir des
canons Allemands.
Les
artilleurs Allemands ont entrepris la destruction systématique de la
ville industrielle et chacun des quartiers est tour à tour visé par
les assaillants.
Voici
l’exploit, militaire, d'un aviateur Français, raconté en première
page du journal « Le Temps ».
«
À Blangy, un aviateur Français a jeté une bombe qui a détruit la
voie ferrée et qui a ainsi empêché plusieurs trains Allemands
d'arriver à destination.
Un
détachement de dragons a été envoyé sur place.
Les
cavaliers ont trouvé les gros morceaux d'un canon de 420.
Il
a fallu 6 plates-formes pour transporter l'engin monstrueux mis en
pièces. Chaque obus pèse environ une tonne. »
XIII)
[Dans
: Archives > Activités culturelles > Chroniques de la Grande
Guerre > Création du dépôt d’éclopés d’Hesdin]
Création
du dépôt d’éclopés d’Hesdin
En
langage militaire, la curieuse appellation d’ « éclopé »
s’applique à tout homme que la fatigue, le surmenage, les mille
maux qui ne sont ni maladies bien spécifiées, ni blessures causées
par le feu, rendent momentanément incapables de combattre... (Paul
Delay, Histoire anecdotique de la guerre de 1914-1915, fascicule 9,
c/, "Les services d’arrière", septembre 1915).
Dès le début de la guerre, les autorités pourvoient les zones proches du front de dépôts d’éclopés : c’est ainsi que celui d’Hesdin voit le jour le 12 novembre 1914.
Les
archives départementales n’ayant pas vocation à conserver les
archives des armées, le Pas-de-Calais ne disposait, jusqu’à
présent, d’aucun document sur cet établissement sanitaire
temporaire. Un petit dossier relatif à ce sujet a toutefois été
récemment acquis, provenant des papiers personnels du docteur Louis
Dubreuil-Chambardel, médecin-chef du dépôt en 1916.
En
règle générale, les dépôts d’éclopés sont souvent installés
dans des casernements vacants ou des établissements scolaires et
hospitaliers publics ou privés.
On
en compte environ 240 en 1916. Leur emplacement, stratégique, ne
doit pas se trouver trop à l’arrière, car ils constituent une
réserve de combattants susceptibles de rejoindre rapidement le
front.
En
effet, les pathologies soignées sont considérées comme bénignes :
Faiblesse
générale ou fatigue, entorses, hernies, engelures, maladies
courantes non contagieuses, etc...
Le
dépôt constitue pour eux une brève halte destinée à retremper
leur moral et leur corps (la durée moyenne du séjour étant d’une
vingtaine de jours).
Sous
l’égide du Service de santé et du Commandement des armées, les
dépôts sont organisés en compagnies où règne la discipline
militaire : Les malades ne doivent pas cesser d’être des
combattants, car ils sont amenés à réintégrer très vite leur
place dans le rang.
À
leur sortie, on estime qu’environ 80 % d’entre eux regagnent le
front, 14 % sont transférés dans un hôpital et 6 % sont évacués
à l’arrière
Mais
les officiers gestionnaires déplorent fréquemment le manque de
crédits alloués à la bonne tenue de leurs dépôts.
Dénués
de tout, ils sont tributaires des œuvres apportant leur concours à
l’armée, telles que l’Œuvre d’assistance aux dépôts
d’éclopés ou la Croix-Rouge. Leur aide précieuse permet
l’approvisionnement en mobilier, vêtements, matériel médical,
etc... : Les archives du docteur Dubreuil-Chambardel l’illustrent
parfaitement pour le dépôt d’Hesdin.
Nommé
médecin-chef du dépôt en mars 1916, ce dernier n’occupe que
brièvement cette fonction, jusqu’à la fermeture de son
établissement à la fin du mois. Il a néanmoins conservé des
statistiques récapitulatives des deux ans d’existence du centre :
relevé mensuel des entrées (12 novembre 1914-mars 1916), moyenne du
temps de présence, modes d’évacuation (juillet 1915-mars 1916),
graphiques des mouvements (novembre 1915-mars 1916), tableau des
effectifs quotidiens (janvier-mars 1916).
Le
dossier comprend également des pièces concernant le fonctionnement
et la fermeture du dépôt (instructions et correspondance reçue,
février-5 mai 1916), des recommandations individuelles de
convalescents (11 mars-8 septembre 1915) et une série de documents
illustrant l’activité et les loisirs (concours et exposition-vente
d’objets réalisés par les patients, concerts et revue).
Créé
le 12 novembre 1914, le dépôt d’Hesdin (10e armée) ferme ses
portes le 31 mars 1916, par fusion avec les centres du Tréport et
d’Abbeville (circulaire du 20 mars 1916).
En
plus des affections générales qu’on soignent dans ce type
d’établissements, Hesdin est spécialisé en médecine dentaire
(d’où un envoi massif d’édentés), en podologie
(essentiellement gelures aux pieds) et en dermatologie (1/4 des
malades atteints de maladie de peau souffrent de psoriasis,
d’ecthymas et de gale).
XIV)
JMO/Rgt
:
« 6ème
bataillon, le Capitaine Bidegaeay a pris le commandement du
bataillon. Aujourd’hui, relève des compagnies d’avant-postes,
les 2 compagnies sont parties de Fraimbois à 3h45, la 21e allant
relever la 24e à Thiébeauménil, la 23e, la 22e à Benaménil,
relève terminée à 9h.
Les
22e et 24e sont toutes 2 installées dans leur cantonnement à 13h30.
La garde du village et des issues a été assurée jusqu’à 19h par
la 6e section de mitrailleuses.
5e
bataillon : 2 compagnies du 5e bataillon (17e et 18e Cies) quittent
Vathiménil à 2h et ne rentrent dans leur cantonnement qu’à 20
heures.
Opération
: Un détachement de contact, sous le commandement du chef de
bataillon Villemin, fort de deux Cies (17e et 18e), de 2 pelotons de
cavalerie et d’une section d’artillerie doit opérer dans la zone
au N. de la Vezouze, sur l’axe général Domjevin, Vého, Reillon,
Gondrexon.
Le
détachementen marche, 2 compagnies échelonnées sur l’axe, avec
flanc garde à droite et à gauche, réserve de cavalerie vers
Blemerey et section d’artillerie vers Domjevin.
Renseignements
: 1er bond jusqu’à Vého, rien à signaler, 2e bond vers Reillon,
de petites fractions d’infanteire (20 à 60 hommes) qui occupent
Blémerey, Reillon , Leintrey, bois de Reinabois, attaquées, se
replient, 3e bond vers Gondrexon, des groupes d’infanterie (20 à
60 hommes) qui occupent les cotes 297 et 303 sur la crête à l’est
de Reillon et le petit bois Carré ne disparaissent qu’après
l’intervention de l’artillerie.
L’artillerie
ennemie ne s’est pas révélée au cours de notre progression sur
des glaciers découverts.
Chazelles,
Gondrexon, Bois de Vannequel et abords semblent constituer les points
avancés les plus fortement tenus de la position principale de
Verdenal, Grandseille, Autrepierre, Igney.
Pertes
: néant, prisonnier : néant.
La
section du Ss/lieut. Buisson a été laissée vers Vého avec une
mission d’embuscade et de reprise de contact pour la matinée du
13.
Le
sergent Farci (17e Cie) est cité à l’ordre de la brigade de
Hussards pour son énergie et son sang-froid : Ayant reçu l’ordre
de pénétrer coûte que coûte jusqu’au village de Leintrey, a
accompli sa mission et ayant été entouré par une vingtaine de
fantassins et quelques cavaliers ennemis a pu se dégager sans
pertes. »
JMO/SS
:
« Départ
par alerte à 2h. Les 17e et 18e Cies du 5e bataillon qui vont en
reconnaissance vers Reillon et Laucher. Une section reste en
embuscade à Chazelles.
Indisponibles
22 + 1 officier »
XV
Jeudi
12 novembre 1914, la perte de la ville de Dixmude
Depuis
le 20 octobre 1914, les 2 armées ennemies se battent autour des
villes Belges d’Ypres et de Dixmude.
Les
Français subissent des offensives violentes de la part de l’armée
Allemande mais ces attaques vont être « toutes repoussées ».
Le
12 novembre 1914, le journal transmet le communiqué officiel diffusé
par le Gouvernement Français installé à Bordeaux :
«
Au nord de Nieuport, nous avons même pu réoccuper Lombartzyde et
progresser au-delà de cette localité mais vers la fin de la
journée, les Allemands ont réussi à s’emparer de Dixmude ».
La
ville est donc prise après une résistance acharnée des Français.
La ville d’Ypres, défendue par l’armée Anglaise, tient le coup
et résiste à l’ennemi.
Le
77e et le 135e régiment d’infanterie sont nommés à l’ordre du
jour au 9e corps d’armée.
Le
journal dévoile la liste des hommes décorés. Ainsi, par exemple, «
Lestoquoi, commandant le 77e régiment d’infanterie a conduit avec
entrain, un sang-froid et un courage remarquable l’attaque d’une
position, emmenant des pièces à bras à petite distance et par la
prise de cette position a grandement contribué au succès de la
journée ».
Journal
de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914 ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../journal-de-paul-destombes-10-au-16-novembre-1...
11
nov. 2014 - Journal de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914) : «Le
vent d'ouest ... tient son journal du premier au dernier jour de la
Grande Guerre.
100/Journal
de la grande guerre: le 12 novembre 1914 ...
https://reims1418.wordpress.com/.../12/100journal-de-la-grande-guerre-l...
12
nov. 2014 - Bombardement violent toute la journée. 12 novembre 1914.
– Reims. – Le bombardement reprend avec une violence extrême : à
8 heures du ...
Témoignages
religieux de la Grande Guerre - In Situ
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C Aliquot - 2011 - Autres articles
Témoignages
religieux de la Grande Guerre ... aumôniers militaires, et une
circulaire du ministère de la Guerre du 12 novembre 1914 porte ce
nombre à 305.
Jeudi
12 novembre 1914 : Roubaix et Tourcoing épargnées ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../jeudi-12-novembre-1914-roubaix-et-tourcoing-e...
12
nov. 2014 - Jeudi 12 novembre 1914 : Roubaix et Tourcoing épargnées
par les Allemands grâce à un accord avec les ... Il y a 100 ans -
La Grande Guerre.
Création
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Créé
le 12 novembre 1914, le dépôt d'Hesdin ( 10e armée) ferme ses
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