jeudi 13 novembre 2014

924... EN REMONTANT LE TEMPS


Cette page concerne l'année 924 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol

LES MAGYARS !

Les Magyars (comme ils se nomment eux-mêmes) ou Hongrois (nom que leur donnent les peuples étrangers)  sont des populations parlant, comme les Finnois, une langue du groupe finno-ougrien, qui appartient à la famille des langues ouralo-altaïques.
Les premiers documents nous les montrent vivant de leur chasse dans les régions de l'Oural, non loin de la Volga. Ces tribus nomades errant dans les plaines immenses de la Russie Orientale, se sont rapprochés peu à peu de l'Occident, et se sont établis d'abord vers les bords de la mer Noire : Là, 7 tribus ont conféré le commandement suprême à un jeune chef, Arpad, qui devient le fondateur d'une dynastie. Évidemment  la richesse de l'Europe attire ces nomades comme Rome a jadis attiré les Germains.
L'imprudence des souverains occidentaux va leur ouvrir une route facile jusqu'au centre de ces régions fortunées.
D'abord, l'empereur de Constantinople implore leur alliance contre les Bulgares, puis c'est Arnulf qui les appelle contre Svatopluk.
La région Danubienne où ils arrivent a depuis deux siècles été ravagée et occupée par une autre population ouralo-altaïque, les Huns...
« Dans toute l'histoire des invasions barbares, on trouve peu d'exemples d'une aussi grande migration. 216 000 hommes en âge de porter les armes, ce qui suppose une population totale de près d'un million, tels sont les chiffres adoptés par la tradition nationale, et l'on ajoute que cette multitude à mis près de 3 ans à traverser les Carpathes. On ne doit s'étonner ni de cette lenteur, ni de ce nombre immense, quand on songe d'une part à tous les chariots, à tous les ustensiles, à tout le butin que traîne cette population mouvante, d'autre part aux fréquents déplacements des masses ouralo-altaïques.
Cette nation est conduite avec une exacte et savante discipline admirée par un illustre connaisseur Byzantin. Ces corps vigoureux, habitués à toutes les privations du désert, ne succombent ni au froid, ni à la chaleur, ni à la faim, ni à la soif... Durs au mal, aucune tâche ne leur semble impossible.
Toutes les armes leur sont bonnes, l'épée, l'arc, la lance, car ils savent lutter à cheval et à pied, mais, cavaliers bien plus que fantassins, ils préfèrent combattre sur leurs montures petites, rapides, infatigables, les flèches sont leurs armes favorites.

Dans leur ordre de bataille, ils sont divisés en troupes de 1 000 hommes chacune, également prêtes à se rapprocher pour former une seule masse ou à fondre sur l'ennemi en escadrons mobiles de tous les côtés à la fois.

Une nuée de flèches lancées d'une seule bordée prélude à l'attaque furieuse, irrésistible et souvent une fuite simulée achevait par une folle confiance en la déroute de l'ennemi. » (Sayous).

L'histoire légendaire des Magyars nous donne les noms de petits princes Slaves qui ont céder les premiers devant cette formidable invasion, le Slovaque Zalan, le Bulgare Menmarot dans l'est et le sud de la Hongrie actuelle.
Mais elle ne nous dit rien sur la façon dont l'empire Morave succombe.
La fin du Xe siècle voit à la fois la ruine de cet empire et la domination des Magyars succéder à celle des Slaves, dans toute la contrée baignée au centre par le cours moyen du Danube et enveloppée au nord et à l'est par la chaîne des Carpathes. Cette invasion devait avoir pour l'histoire de cette région les plus graves conséquences : 
« Ce n'est pas la simple immigration d'un nouveau peuple [ouralo-altaïque] destiné à disparaître comme les Huns et les Avares, ou à être absorbé comme les Bulgares par la population vaincue. Les qualités intellectuelles des Magyars, élite des peuples Altaïques, leur vigueur physique, leur nombre immense, leur patriotisme déjà vivace devait les garantir contre toute chance de destruction lente ou rapide. » L'établissement de ce peuple nouveau et la ruine de la Moravie sont un coup mortel pour les Slaves :

 L'invasion des Hongrois, dit l'historien tchèque Palacky, est le plus cruel malheur que notre peuple ait jamais subi.
Du Holstein au Péloponnèse s'étendent des peuples Slaves peu unis et de mœurs différentes, mais partout actifs et préparés à la civilisation.
Au milieu de cette ligne étendue, un noyau se forme par les efforts de Svatopluk.
De même que sous l'influence latine la monarchie Franque s'est formée en Occident, de même un empire Slave peut sous l'influence Byzantine se former en Orient, la destinée de l'Europe Orientale est devenue tout autre, l'arrivée des Magyars au cœur de l'organisme naissant anéantit toutes ces espérances. »

Cependant les contrées où ils se sont établis ne suffisent pas aux nouveaux conquérants : Le pays Danubien n'est pour eux qu'une étape, une base d'opérations pour des envahissements futurs.
Les diverses hordes ont apporté des instincts nomades et guerriers, que le temps et l'influence de la religion chrétienne peuvent seuls transformer et mettre au service de la civilisation.
L'Italie, « à qui le ciel a fait le don malheureux de la beauté », attire tout d'abord leurs convoitises. Ils envahissent le pays Vénitien, mais échouent devant la cité des lagunes qui a déjà défié les Huns.

En 907, Arpad meurt et, suivant la tradition, ses restes reposent au pied du rocher de Bude où il a établi sa capitale ou son campement.
Sous son jeune fils Zoltan, les excursions continuent : Les Allemands subissent une sanglante défaite à Presbourg en 907, puis près d'Augsbourg (910), mais ils repoussent les Magyars devant Wels.
S'il faut en croire leurs récits, 86 Magyars ont seuls échappé : Une vieille poésie Allemande célèbre superbement cette victoire...
[« On combattit un combat terrible, maint Hongrois perdit la vie : les Bavarois vengèrent leurs femmes et leurs enfants. On tua tellement de Hongrois que personne ne peut le dire, ni compter les morts. Ils s'enfuirent nuit et jour jusqu'à la Leitha. Cependant ils n'étaient pas encore las de combattre. »]
C'est aussi en 910 que les Magyars envahissent la France pour la première fois. Charles le Simple est alors roi.
La Lorraine est dévastée, les monastères de Remiremont, Saint-Dié, Moyenmoutiers, Etival, Liepsies, sont pillés.
En 915, les Magyars reviennent, cette fois, l'Alsace, la Lorraine, la Bourgogne, sont saccagées.
Charles le Simple, abandonné de tous ses vassaux, ne peut empêcher les envahisseurs de rester près de 3 ans dans ces provinces, et d'y exercer d'affreux ravages...
Flodoard dit que l'archevêque de Reims, Hérivée, est le seul de tous les princes ecclésiastiques qui soit venu se joindre au roi avec 1 500 hommes.
Avec cette faible troupe, Charles III n'ose pas s'écarter de la montagne de Laon, sa résidente habituelle, et il attend que les Hongrois, chargés de butin, se retirent d'eux-mêmes.
En 924, les Magyars viennent de ravager l'Italie, lorsque Bérenger Ier les appelle contre son rival, Hugues de Provence. Ils se jettent sur cette province, la ravagent ainsi que le Languedoc, et ne se retirent que décimés par une épidémie... Poursuivis par Raymond, comte de Toulouse. Le pays, après leur départ, est désert, disent les auteurs du temps, et il ne reste plus de prêtres pour le service divin.
2 ans plus tard, en 926, les Hongrois reviennent, dévastent Bâle, le Verdunois, pénètrent jusqu'à 10 lieues (40kms) de Reims, mais l'arrivée du roi Raoul Ier les force à battre en retraite... Puis Henri de Saxe les repousse devant Mersebourg (933).
Ils ne reparaissent qu'en 936, cette invasion est terrible : Dole et les rives de la Saône sont dévastées, Lyon échappe, grâce au courage du comte Guillaume. Ils entrent en Italie par Nantua. Raoul Ier les a encore empêchés de pousser plus loin leurs ravages.

En 937, ils reviennent... Metz, Trêves, Aix-la-Chapelle, la Champagne, Sens, le Berry, l'Aquitaine, Autun, Langres, Besançon et Pontarlier sont mis à feu et à sang dans cette horrible incursion.
En 938, ils reviennent encore, cette fois c'est en Flandre, dans le Hainaut, puis en Aquitaine, que les Hongrois portent leurs fureurs.

Ils ne reparaissent plus jusqu'en 950, où ils envahissent l'Alsace, la Franche-Comté, et pillent Besançon. Conrad, roi d'Arles, parvient, au moyen d'un stratagème, à détruire cette horde.

En 951 ils reviennent en Aquitaine.
En 953, ils reparaissent dans la Flandre, où il assiègent inutilement Cambrai.
En 954, le mouvement d'invasion continue encore sous le successeur de Zoltan.
ils font leur dernière invasion en Lorraine, Champagne et Bourgogne.

La victoire que l'empereur d'Allemagne, Othon Ier le Grand, remporte sur les Magyars, à Augsbourg, en 955 limite fortement leur incursions.
Dès lors, les Magyars doivent se replier sur eux-mêmes et se contenter des domaines qu'ils se sont assurés dans la vallée du Danube.

Le roi Geiza (972-997) est le premier souverain pacifique de la Hongrie païenne... Sous son règne, les Hongrois essaient d'intervenir dans une querelle entre Henri de Bavière et l'empereur Oton II. L'empereur détache de la Bavière l'Autriche actuelle en faveur de Léopold de Babenberg, qui vainc les Hongrois et les rejette près de Vienne... Un nouvel état militaire apparaît, qui doit jouer un grand rôle dans l'histoire de ces contrées. 

La Hongrie est enfermée dans les limites qu'elle ne doit plus franchir, toutefois les Magyars ne sont pas seuls dans ces régions, presque partout ils sont entourés par des Slaves dont la langue et les institutions vont exercer sur eux une durable influence :

Au sud-est, ils confinent à l'élément Romain ou Valaque qui depuis les Colonies Romaines de Trajan se sont développé dans ces contrées... De nombreux mariages avec ces peuples voisins modifient peu à peu le type primitif des Magyars, beaucoup ont perdu depuis longtemps les pommettes saillantes et les yeux obliques des Mongols.

La religion des Hongrois païens a laissé peu de traces, et il est difficile de dégager un système mythologique des superstitions populaires.
Un dieu suprême (Isten) paraît les dominer : Il est le père des hommes, au-dessous de lui, on trouve un certain nombre de génies secondaires, le démon ördôg, le mano esprit sinistre, puis les tünder, les merveilles, les fées, les apparitions, agissant de diverses manières sur la destinée des hommes.
« Quelque part dans les montagnes de Transylvanie se trouve le palais du roi des tünder avec la reine et de belles jeunes filles, palais d'argent et de cuivre protégé par un lion d'or, se mirant dans un lac resplendissant et entouré de grands bois où les oiseaux font entendre des mélodies ravissantes. Une tradition du comitat de Hont rapporte que dans un endroit aujourd'hui désert et pierreux, avec quelques vieilles racines, vivaient des fées qui au lever de l'aurore peignaient leurs cheveux d'or sur le pays, de telle sorte que tout le monde était riche... Mais un avare ayant saisi une de ces fées pour lui couper sa chevelure, toutes s'enfuirent et la misère, la désolation succédèrent à l'abondance.
Dans la ville de Deva, la fée bienfaisante apparaissait tous les sept ans, d'autres fées bâtissaient les murs pour les mortels et les enrichissaient de leurs trésors, mais toujours l'ingratitude humaine les décourageait et leur faisait quitter la place » (Sayous)...
A côté des fées de la terre, il y avait les fées de l'air et les fées des eaux. Une des plus poétiques et des plus originales fantaisies de l'imagination Magyare était Delibab, la fée du Midi, la personnification du mirage, fille de la plaine, sœur de la mer et amante du vent.
Les lacs et les fleuves étaient peuplés de génies mystérieux. Les divers éléments étaient l'objet d'un culte. Un ordre sacerdotal partageait le pouvoir avec le prince.
Les prêtres envoyaient à la divinité des chants, des prières, des sacrifices même humains dans les bois sacrés sur les autels.
« Dans l'ensemble des choses, l'âme humaine conserve son existence indestructible et immortelle, mais elle pouvait revenir sur la terre, surtout si elle avait appartenu à un illustre guerrier.
L'âme passait à cheval sous la voûte de la mort et traversait un pont qui la conduisait au bonheur de l'autre monde : Bonheur guerrier, comme les funérailles étaient guerrières » (Sayous).
« Les chefs de famille et de tribu sont, comme les ducs eux-mêmes, à moitié héréditaires, à moitié électifs ou acclamés.
Les terres assignées à la tribu et à la famille par le duc ou par l'Assemblée de la nation sont la propriété de tous, même lorsque les diverses branches de la famille se les ont partagées pour y construire des huttes qui deviennent peu à peu des maisons, et pour y faire paître leurs troupeaux en attendant la culture.
Les chefs n'ont pas encore de domaine à part : Ce n'est que plus tard, quand la Hongrie devient agricole, que les propriétés sont bien délimitées et que les chefs deviennent propriétaires pour une partie et seigneurs pour le reste. Dans les premiers temps, la tribu ducale, celle qui vit sous l'autorité immédiate du prince, s'établit au centre de la contrée du côté de Pest et d'Albe royale. »
BATAILLE DE LECHFELD

Un peuple nomade, comme l'est celui des Magyars avant leur conversion au christianisme, ne peut nécessairement avoir qu'une organisation très imparfaite.
Elle est plus militaire que politique.
La puissance du chef suprême ne reconnaît d'autres limites que l'autonomie relative des tribus.
Elle procède d'une élection par acclamation, élection qui paraît avoir été héréditaire dans la famille d'Arpad, mais sans que l'ordre de primogéniture soit rigoureusement consacré par l'usage ou par la loi.
Cette élection est consacrée par le suprême pouvoir judiciaire et par l'assemblée générale des chefs assistés de nombreux hommes libres. Tous les membres de la famille et même de la tribu se regardent comme frères, ils sont tous libres et tous nobles. C'est là l'origine de la nombreuse petite noblesse qui a toujours été le nerf de la Hongrie. 
Les anciens Magyars doivent naturellement goûter peu le séjour des villes, ils les abandonnent soit aux habitants qui les ont précédés, soit aux colons étrangers qu'ils appellent dans leur empire.
CHÂTEAU DE DEVIN
Cette vie nomade est peu favorable au développement de la culture intellectuelle et artistique, l'archéologie nationale n'a retrouvé que fort peu de débris de l'époque païenne, pas un vers ne nous est arrivé des rapsodies chantées par les bardes en l'honneur des héros ou à l'occasion des fêtes et des mariages.
On sait seulement que la musique jouait un grand rôle dans ces solennités. Les fameuses mélodies des Tsiganes nous ont peut-être gardé un écho affaibli de ces chants primitifs. (L. Léger).

Les Magyars.
www.cosmovisions.com/ChronoMagyars.htm
En 924, les Magyars venaient de ravager l'Italie, lorsque Bérenger les ... les avait encore empêchés de pousser plus loin leurs ravages; mais l'année suivante, ...
Atrium - Début du royaume d'Allemagne
www.yrub.com/histoire/10sempireall1.htm
Depuis 924, les Hongrois infestaient de nouveau la moitié de l'Europe. Henri ne put les arrêter, mais ses gens réussirent à capturer un Magyar de haut lignage. Il obtint, en échange de ce prisonnier et d'un tribut annuel, neuf années de paix ...

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