14
NOVEMBRE 1914
I)
Une
circulaire du maire blâme l’action de certaines femmes dans la
matinée de jeudi, et conseille une plus grande réserve au passage
des prisonniers Français et Anglais.
Les
réquisitions continuent de toutes parts, on dirait que les
sauterelles ne veulent rien laisser aux troupes alliées qui
pourraient survenir. On n’entend presque pas le canon aujourd’hui.
Est-ce l’effet de la tempête qui sévit ou bien la bataille
s’est-elle éloignée ?
Nous
ne savons encore plus rien de ce qui se passe. Je profite d’une
accalmie pour aller jusqu’au cimetière. Le carré réservé à la
sépulture des soldats s’emplit : D’un côté 13 Allemands, de
l’autre 7 Français et un Anglais.
Ces
dernières tombes sont littéralement couvertes de fleurs, on ne voit
pas le sol. Un bouquet de chrysanthèmes mêlés à de petits
drapeaux Anglais porte sur une carte de visite les noms de 4 jeunes
filles et la mention : « A notre ami l’Anglais ».
Une
surprise désagréable (il n’en est pas d’autres en ce moment)
m’attend au retour.
Deux
hommes de la dernière classe de la Landsturm, à la vareuse bouse de
vaches, sont venus inventorier notre cave à vins, après avoir
exhibé un ordre écrit en Français sans réplique.
Nous
éprouvons un violent dépit d’être ainsi traités chez nous.
Mais
qu’y faire ?
Du
reste toute la ville est soumise à pareils agissements.
Heureusement…
la perquisition était-elle attendue et prévue. De plus, ces
messieurs ont la bonté de nous autoriser à continuer notre
consommation ordinaire de vin !
II)
Journal
du Rémois Paul Hess (extraits)
« Les
obus arrivent déjà vers 8h45, tandis que je me dirige vers le
bureau à la mairie. »
Le
sous-préfet demande le 14 novembre 1914 aux maires de vérifier que
les semailles des paysans se fassent jusqu’aux parapets des
tranchées
pour mieux masquer à la vue de l’ennemi les lignes de défense autour de Paris.
C’est à la fois une illustration de la guerre totale qui mobilise les forces civiles à l’arrière et l’annonce du développement
pour mieux masquer à la vue de l’ennemi les lignes de défense autour de Paris.
C’est à la fois une illustration de la guerre totale qui mobilise les forces civiles à l’arrière et l’annonce du développement
III)
Les
13 et 14 novembre 1914, les troupes Allemandes essaient encore
d’ébranler nos lignes.
Tentative aussi
infructueuse que les précédentes. Enfin, en présence du caractère
inexpugnable qu’ont acquis nos positions, les attaques de
l’ennemi se ralentissent, puis cessent... Alors, pour se venger de
cette résistance, les Allemands s’acharnent à la destruction
d’Ypres et de ses merveilles architecturales.
La cathédrale et la Halle aux Drapiers s’écroulent sous le tir des canons lourds (…)
La seule bataille d’Ypres coûte à l’ennemi plus de 150 000 hommes.
La cathédrale et la Halle aux Drapiers s’écroulent sous le tir des canons lourds (…)
La seule bataille d’Ypres coûte à l’ennemi plus de 150 000 hommes.
Mais
ce qui reste de la Belgique est sauvé. Dunkerque et Calais voient
s’évanouir la menace qui pesait sur eux (…)
La
guerre de mouvement est terminée pour longtemps, et toujours face
à face les 2 armées vont se stabiliser pendant longtemps dans
les tranchées.
IV)
Lu
dans Le Moniteur en date du 14 novembre 1914
France.
Les
troupes Françaises tiennent bon derrière le canal de l’Yser que
les Allemands n’ont pas réussi à franchir en dépit de leurs
efforts incessants.
Autour
d’Ypres nos positions n’ont pas varié, et c’est là que
l’ennemi a cru trouver le point sensible de nos lignes.
Entre
Armentières et l’Oise, avance générale de notre côté, et nous
sommes arrivés aux réseaux de fils de fer qui gardent les tranchées
Allemandes. Un détachement ennemi a été, par nous, enlevé en
Lorraine.
Russie.
Les
Russes cheminent pas à pas dans la région des lacs Mazures que
l’état-major Prussien croyait avoir constituée en camp retranché
imprenable.
On
annonce que de ce côté cet état-major a complété son plan
d’opérations. Guillaume II a lancé une proclamation à l’armée
de Silésie pour lui demander de tenir jusqu’à ce que l’armée
de Flandre ait occupé Calais et Boulogne.
Turquie.
Des
mutineries de soldats Turcs ont eu lieu en Thrace contre les
officiers Allemands.
Italie.
Le
parti nationaliste Italien, dont le chef est M. Federzoni, réclame
énergiquement après les partis démocratiques, la coopération
armée de la péninsule avec la Triple Entente.
En
Roumanie, les manifestations se multiplient dans le même sens.
L’Espagne
a décidé de demander une réparation pécuniaire à l’Allemagne
pour l’exécution de plusieurs de ses nationaux à Liège.
V)
Une
journée qui n'est marquée par rien… une de ces journées comme
nous en avons tant vu, comme nous en verrons tant dans cette sinistre
guerre d’usure. Nous sentons là sur ces belles collines la
barrière infranchissable construite par l’ennemi.
Là-haut
derrière ce bois commence le réseau des fils barbelés, il va ainsi
jusqu’à… Nieuport, sur la mer du Nord, jusqu’à Cirey dans les
Vosges.
Derrière
lui, ils ne sont pas très nombreux, mais ils sont assez pour
fusiller un à un les audacieux qui veulent passer.
Que
faire contre un ennemi inabordable ?… L’user, le
« grignoter », comme dit Joffre. C’est long, c’est
piétinant, on fait bêtement les cent pas devant ce mur gris hérissé
de pointes de casques. Il faut que le mur s’use, s’use, s’use…
VI)
L’adjudant
Lanzie est nommé s/lieutenant, le sergent Laffitte est nommé
adjudant, le caporal Vénier est nommé sergent, le soldat Baratin
est nommé caporal.
Le
sergent Labbé et le sergent Jasnon sont toujours à ma section. Il
arrive un renfort de la classe 1914.
VII)
Au
large de Toulon
Lieutenant
de vaisseau Gabriel de Saint-Aignan, les vagues de la Méditerranée
clapotent en s’écrasant contre les flancs du Bouvet, qui s’avance
lentement sur les flots.
Gabriel
de Saint-Aignan, enfoncé dans son manteau noir au milieu des autres
officiers, a les yeux levés vers les drapeaux qui claquent dans le
vent au-dessus du pont.
Telle
une nuée d’oiseaux colorés, ils s’agitent bruyamment autour de
l’énorme cheminée du cuirassé. Un épais nuage charbonneux
s’élève des machines.
« Messieurs,
votre attention s’il vous plaît. »
Le
commandant a tiré de son manteau un papier qu’il déplie avec
soin.
Devant
lui, le lieutenant et le reste de l’état-major du navire
s’impatientent, chacun attendant de savoir s’il s’agit d’une
nouvelle affectation pour le Bouvet... Les paris vont bon train
depuis des jours :
La
Manche, peut-être, pour escorter les convois Britanniques qui la
traversent ?
La
mer du Nord, pour aller soutenir le blocus Anglais sur l’Allemagne ?
L’Atlantique, à la recherche des navires ennemis qui ont réussi à
tromper la vigilance Anglaise ?
« Nos
ordres viennent d’arriver. Nous restons en Méditerranée dans le
cadre de notre mission de protection des navires alliés. »
Non
loin de Gabriel de Saint-Aignan, un aspirant qui a parié sur cette
issue a un large sourire, du moins jusqu’à ce que les têtes des
marins plus gradés se tournent vers lui. Il reprend bien vite une
mine plus sérieuse pour ne pas donner l’impression qu’il nargue
ses supérieurs.
« J’attire
particulièrement votre attention sur plusieurs éléments. Pour
commencer, comme vous le savez, depuis le 3 novembre, nous
sommes officiellement en guerre contre la Turquie.
–-
Comme s’il n’y a pas déjà assez de monde sur notre dos !
ricane doucement un lieutenant à côté de Gabriel de Saint-Aignan.
Je ne sais même pas à quoi ça ressemble, un Turc !
— Et alors ? lui répond son camarade tu n’as jamais vu un Japonais, et pourtant, je ne t’ai pas entendu te plaindre qu’ils se battent à nos côtés. Ils viennent même de prendre Tsing-Tao aux Allemands. Alors ce n’est pas parce que tu n’en as jamais vu qu’ils ne sont pas dangereux au combat. »
— Et alors ? lui répond son camarade tu n’as jamais vu un Japonais, et pourtant, je ne t’ai pas entendu te plaindre qu’ils se battent à nos côtés. Ils viennent même de prendre Tsing-Tao aux Allemands. Alors ce n’est pas parce que tu n’en as jamais vu qu’ils ne sont pas dangereux au combat. »
Le
lieutenant arrête de rire et hausse les épaules. Gabriel de
Saint-Aignan sait bien qu’à bord, on ne le considère ni comme le
plus drôle, ni comme le plus aimable des officiers, mais il n’en a
que faire. Il n’est pas là pour ça. Il est un Saint-Aignan, et
les Saint-Aignan servent le pays depuis des générations.
« Nous
devons donc redoubler d’attention sur ces eaux, poursuit le
commandant, ce nouvel ennemi est beaucoup plus proche de nous que ne
le sont les Allemands. Et puisque nous évoquons les Boches, je vous
rappelle que les Anglais ont sous-estimé leurs sous-marins. Ce
qu’ils prenaient pour des gadgets leur a déjà coulé plusieurs
croiseurs, aussi je vais vous demander d’être extrêmement
vigilants quant à l’apparition de périscopes. »
Gabriel
de Saint-Aignan ne dit rien, mais n’en pense pas moins.
Quand
bien même ils repéreraient un sous-marin, que faire ?
Lorsqu’ils
sont en immersion, ces engins sont trop bas pour leurs canons et
leurs torpilles.
À
moins qu’un obus soit particulièrement chanceux et touche l’un
de ces appareils avant qu’il ne plonge, la flotte n’a rien pour
lutter contre cette menace.
« Redoubler
d’attention », c’est tout ce que l’on a trouvé à dire
en attendant de trouver quelque chose de vraiment efficace à faire.
Enfin,
l’état-major Anglais planche sérieusement sur le sujet après les
pertes qu’il a essuyées. Du moins, c’est ce que le lieutenant a
entendu dire par le télégraphiste.
Le
commandant range le papier dans son manteau, et conclut son annonce.
« Enfin,
dernier élément. Les Allemands utilisent de nouvelles tactiques, ou
plutôt dirais-je en ressuscitent d’anciennes, pour s’en prendre
aux navires que nous défendons.
— C’est-à-dire, mon commandant ? interroge un officier avec inquiétude.
— C’est-à-dire qu’ils camouflent des armes sur des navires marchands pour s’approcher des nôtres, souvent avec un faux drapeau. Et sitôt qu’ils sont assez près, ils révèlent fusils et canons, coulent les navires, et pillent tout ce qu’ils peuvent. »
— C’est-à-dire, mon commandant ? interroge un officier avec inquiétude.
— C’est-à-dire qu’ils camouflent des armes sur des navires marchands pour s’approcher des nôtres, souvent avec un faux drapeau. Et sitôt qu’ils sont assez près, ils révèlent fusils et canons, coulent les navires, et pillent tout ce qu’ils peuvent. »
Un
chef mécanicien lâche une grande exclamation :
« Mon
commandant ! Vous voulez dire qu’ils font… »
Le
commandant sourit sous sa moustache et coupe son subordonné :
« Vous
avez deviné. Les Allemands ont relancé la guerre de course. »
Il
s’avance au milieu des officiers et lance, superbe :
« Comme
nos vénérables ancêtres, nous combattons des corsaires. Et
maintenant, tout le monde à son poste ! »
VIII)
Mon
cher père, nous étions très bien à Boisemont à 30 km au nord
ouest de Paris, on nous déménage demain pour Saillancourt, affreux
trou à 3 km plus loin, nous allons creuser des tranchées et
fortifier cette région du camp de Paris, il y a donc des chances
pour que nous y restions quelques temps, peut-être un mois. Il fait
très mauvais, pluie et humidité, mais pas froid. J’aimerais mieux
du froid que cette humidité persistante, mais je vais très bien.
Quels sont les projets de Georges ? T’embrasse pour nous
trois.
Nous
sommes arrivés dans notre nouvelle résidence avec une pluie
torrentielle mais enfin nous avons rencontré des gens très gentil
qui nous offrent leurs maison pour faire la cuisine et nous mangeons
tous à la fortune du pot, les enfants son très contents de manger
avec les militaires. Madeleine vous donneras ma nouvelles adresse
ici, il ont vu les Allemands a 25 km et ils commencent a avoir peur.
A bientôt »
IX)
A
travers cette initiative inédite en Alsace, la Région poursuit son
engagement pour une politique mémorielle forte, notamment en faveur
d’un public jeune...
Le
1er bataillon, commandé par le chef de bataillon Ducarre, occupe la
partie E du secteur « Four de Paris ».
Le
17 novembre, le 1er bataillon rejoint le 2e bataillon, qui a perdu un
élément de tranchée et doit le reprendre. L'opération réussit et
des travaux de fortification en vue de prévenir un retour offensif
de l'ennemi sont commencés.
Le
21 novembre, le régiment est relevé et va cantonner à
Chaudefontaine, où il reste jusqu'au 27 novembre.
Les
officiers et les hommes tombent de fatigue.
Le
28 novembre, le régiment est à nouveau en tranchées.
d'Alexandre
Abd-El-Nour, médecin traitant à l’hôpital militaire de Sedan
(août-25 août 1914).
Le
témoignage inédit, riche de détails et d’une grande liberté de
parole vis-à-vis de la hiérarchie militaire que je présente
aujourd’hui est exceptionnel par sa densité (26 pages), la qualité
de son sujet et celle de son auteur, Alexandre Abd-El-Nour, médecin,
homme politique et notable Ardennais.
En
raison de son importance, le dossier « Sedan 1914 » est divisé en
3 parties :
-
La première et la seconde partie présentent in-extenso le
témoignage d'Alexandre Abd-El-Nour, de la Mobilisation à son départ
en Allemagne (du 3 août au 18 novembre 1914) ;
La
troisième partie présente de manière croisée le témoignage –
ou l’absence de témoignage – de ses pairs sur l’action du
docteur Abd-El-Nour.
Le
témoin :
Alexandre
Abd-El-Nour (Damas, 29 octobre 1869 – Bazeilles, 23 janvier 1956)
originaire de l’Empire Ottoman, fait des études à Constantinople,
puis à Paris. Médecin diplômé de la Faculté de médecine de
Paris (1895), il s’oriente vers la gynécologie-obstétrique avant
de s’installer à Bazeilles près de Sedan (1899). Conseiller
municipal (1902) il devient maire de Bazeilles en 1912. Élu
conseiller général radical de Sedan en 1919, il occupe sa fonction
jusqu’en 1937. Passionné de sports mécaniques et aéronautiques
il est à l’origine de la fondation des aéro-club et
automobile-club Ardennais....
Officier
de réserve du service de santé militaire, il est affecté le 3 août
1914, à près de 55 ans, en qualité de médecin aide-major de 1ère
classe (lieutenant) à l’hôpital militaire de Sedan.
Témoin
disert de l’activité hospitalière de sa formation, il est fait
« prisonnier » le 25 août par les Allemands et poursuit
à Sedan son service jusqu’au 11 septembre 1914, date à laquelle
il est envoyé en Allemagne.
En
séjour au camp de Halle, en Saxe (14 septembre – 14 novembre
1914), il est libéré conformément aux articles de la Convention de
Genève et rentre en France via la Suisse.
Médecin-major
de 2e classe (capitaine) il est affecté, le 1er août 1915, en
qualité de médecin-chef au 240e régiment d’infanterie
territoriale à Saint-Leu. Le 15 septembre 1916, il rejoint aux mêmes
grade et fonction, le 4e régiment de dragons avec lequel il sert
jusqu’à l’Armistice.
«
Rapport de Monsieur le docteur Abd-El-Nour, Major de 2e classe,
médecin-chef du 240e Territorial sur sa captivité en Allemagne. 25
août – 11 septembre – 16 novembre 1914. [dact., 26 p., daté de
Saint-Leu, le 16 août 1915]
L’histoire
de ma captivité est aussi celle de tout le personnel médical de
l’hôpital militaire de Sedan auquel j’avais été affecté,
régulièrement [souligné dans le texte], dès le 3 août 1914.
Cette
affectation avait été faite au moment du passage de la région de
Sedan, de la 6e à la 2e région.
1
– Renseignements préliminaires
Quand
je me suis présenté le 3 août à 8h. à l’hôpital de Sedan, j’y
ai trouvé M. le Dr. Aubertin, médecin principal de 2e classe, mis
par sa feuille de mobilisation à la disposition de M. le directeur
du service de santé de la 2e région, mais sans être affecté à
l’hôpital de Sedan. Mr. le Dr. Aubertin venait de solliciter
télégraphiquement cette affectation.
En
attendant, il venait de prendre la direction [page 2] de cet hôpital,
dont le médecin-chef, M. le major de 1ère classe Fèvre va partir.
Pendant
quelques jours, nous avons donc assuré le service de l’hôpital à
nous deux.
2
ou 3 jours plus tard, trois médecins civils : MM. Le Dr. Volpert,
de Stenay ; et Dr. Goujont, d’Ernont ; et Dr. Baye de
Damery-Boursault, appartenant tous les 3 au service auxiliaire, et
attachés par leurs ordres de mobilisation à une ambulance n°4 (je
crois), à Sedan, s’étant présentés à cette ambulance qui a été
supprimée depuis plusieurs mois et se trouvant ainsi sans emploi,
sont venus se mettre à notre disposition.
Monsieur
le Principal Aubertin, les a gardés, et a demandé télégraphiquement
à Amiens, leur nomination comme médecins auxiliaires et, en même
temps, leur affectation à l’hôpital militaire de Sedan.
Je
m’empresse d’ajouter qu’aucune réponse n’a encore été
faite à ces deux demandes, quand nous sommes partis en Allemagne...
Entre
temps, est arrivé à Sedan, un major de 1ère classe, dont le nom
m’échappe (Dr. Busquet, je crois) avec une lettre de service le
désignant comme médecin chef de l’hôpital.
Arrivé
dans la matinée, il est allé voir directement M. le Dr. Aubertin,
qui, le soir même l’a remis dans le train pour Amiens, à la
suite, paraît-il, d’une crise cardiaque qui a failli le tuer.
Le
jour même, il en rend compte, par dépêche, à Amiens et demande
d’être confirmé dans les fonctions de médecin chef à la place
du major reparti.
Néanmoins,
quelques jours [page 3] plus tard, vers le 10 ou 12 août, au moment
où nous faisons notre visite de salles, est arrivé M. le major de
1ère classe Lehmann, envoyé directement par la Direction d’Amiens,
en remplacement du Dr. Busquet, dont il vient d’être question.
Mr
le Major Lehmann croit être médecin chef de l’hôpital, mais
quoique les explications entre lui et M. le Principal Aubertin n’ont
pas éclairci la situation, il accepte de rester à Sedan... Dès ce
jour, chargé de la partie chirurgicale de cet hôpital, aidé par
MM. Volpert et Goujon, alors que j’assume la partie médicale sous
la direction de M. Aubertin, avec M. le Dr. Baye.
Nous
avons fonctionné ainsi jusqu’au 15 ou 18 août, quand un matin,
s’est présenté le Dr. Boniot, aide-major de 1ère classe,
appartenant au 9e ( ?) Dragons de Vincennes qui est arrivé par le
train à Bouillon, avec l’état-major de son régiment, s’est
trouvé dans l’impossibilité d’en repartir et de suivre son
régiment, n’ayant jamais touché un cheval et partant ignorant
l’équitation...
Sa
situation à l’hôpital étant irrégulière, M. le Principal l’a
renvoyé à Bouillon, d’où il est revenu le lendemain avec un
ordre d’évacuation de son général, le mettant à la disposition
du médecin chef de l’hôpital de Sedan dont le personnel se trouve
donc ainsi composé le dimanche 23 août (48 h. avant l’invasion).
M.
Aubertin, médecin principal de 2e classe, médecin chef
M.
Lehmann, médecin major de 1ère classe
M.
Abd-El-Nour, médecin aide-major de 1ère classe (seule désignation
faite avant la guerre)
M.
Bonniot, médecin aide-major de 1ère classe
[page
4] M. Volpert, M. Goujon, M. Baye (infirmiers, faisant fonction de
médecins auxiliaires).
Comment
avons-nous été faits prisonniers [ ?]
Et
tout d’abord devions-nous être faits prisonniers [ ?] A ceci je
réponds : Non [ !] Voici, en effet, ce qui s’est passé.
Depuis
le 20 août, nous recevons à Sedan des trains complets de blessés
provenant des batailles de Belgique : Neufchâteau, Rossignol,
Bertrix, etc. Des flots d’expatriés Belges passent racontant les
horreurs commises par les Allemands, semant la crainte et la panique.
L’approche
des Allemands ayant été confirmée, M. le médecin chef obtient,
(de Mézières, je crois) la permission de s’absenter 24 ou 48
heures et part pour Paris, dimanche 23 août, pour affaires
personnelles très importantes.
Lundi
matin, le Dr. Lehmann s’est donc trouvé médecin chef de
l’hôpital.
Parti
vers 11h pour déjeuner en ville, il ne doit revenir que pour la
contre visite du soir.
Ce
même lundi matin, j’ai été envoyé par lui à Charleville pour y
transporter le commandant de Saint-Exupéry, arrivé la veille de
Belgique, dans un état demi comateux, grièvement blessé à la
tête, et qu’une trépanation peut sauver.
Je
l’ai transporté en automobile à la clinique du Dr. Baudoin,
chirurgien de profession qui l’a opéré immédiatement... Je viens
de rentrer [page 5] à l’hôpital de Sedan vers 14h et de prendre
mon poste de médecin de service, quand un messager cycliste est venu
me dire de la part du commissaire de la gare qu'un train vient d'être
formé et que 200 places sont mises à notre disposition pour
l’évacuation immédiate de nos blessés et de notre personnel.
Il
faut une réponse sans délai... Ne sachant où est M. le Dr.
Lehmann, j’envoi à sa recherche, 3 infirmiers dans 3 directions
différentes.
Cependant
vu la gravité du moment, et après en avoir délibéré avec le Dr.
Bonniot, qui vient d’arriver, j’ai pris l’initiative de donner
les ordres [souligné dans le texte] nécessaires pour faire habiller
et évacuer le plus rapidement possible sur la gare, tous les hommes
en état de marcher, ce qui est fait très rapidement grâce à
l’empressement et à la bonne volonté de tout le monde : employés,
infirmiers et dames de la Croix-Rouge.
Je
ne sais exactement combien de blessés, au moins 80, ont déjà pu
partir, entre autres 4 officiers dont l’un ayant eu la poitrine
traversée, mais quand même marchant droit, ils sont dans la cour
répondant à l’appel du gestionnaire et prêts à partir, quand,
hélas, M. le Major Lehmann arrive.
Mis
par moi au courant de la situation, il entre dans une violente
colère, assurant qu’aucun danger ne nous menace, que des personnes
très averties viennent de lui dire, il y a quelques minutes, que
jamais les Allemands ne viendront à Sedan, que nous sommes ceci, que
nous sommes cela, etc...
Je
n’ai pas besoin d’insister sur des choses que seule ma qualité
de subordonné m’a obligé à entendre [page 6], non toutefois sans
murmurer.
Bref,
il a donné l’ordre formel, aux sous-officiers ainsi qu’aux
hommes qui sont dans la cour de remonter dans leurs dortoirs.
Malgré
leurs vives protestations, ils ont dû réintégrer leurs lits et M.
le Major Lehmann ayant pris quelques livres s’en est retourné chez
lui, lire des choses amusantes, comme il l’a dit, pour se distraire
de la couardise de ses subordonnés...
Et
j’ai repris mon poste de médecin de service. Mr. Le Dr. Bonniot
qui a eu sa part du blâme du chef, écœuré et las, s’est éloigné
également et personne ne l’a jamais plus revu... Je crois qu’il
a rejoint à la gare les blessés qui ont eu la chance de s’éloigner
avant l’arrivée de M. Lehmann.
A
23h, M. le Principal, rentré de Paris est venu me voir dans ma
chambre à l’hôpital, je le mets au courant de ce qui s’est
passé.
Ayant
promis de venir le lendemain de bonne heure, il me donne l’ordre
d’empêcher n’importe quelle initiative avant son arrivée, et il
est rentré chez lui en ville.
A
5h du matin, mardi 25, je suis réveillé de nouveau par M. Le Major
Lehmann tout effaré, m’annonçant l’arrivée imminente des
Allemands et m’encourageant à me lever, et à partir le plus tôt
possible, comme il a l’intention de le faire lui-même... Sans
vouloir lui rappeler ses assurances de la veille, je lui communique
l’ordre de M. Aubertin.
Il
en paraît très contrarié, mais il doit se résigner à attendre
dans ma chambre l’arrivée du médecin chef.
A
7h après un court conciliabule entre nous, il est décidé qu’on
évacuera tout ce que nous pourrions.
Cependant
[page 7] que M. le Major Lehmann qui s’est absenté, vient déclarer
à M. le Principal qu’il demande à s’en aller.
M.
Aubertin lui répond qu’il est libre de faire ce qu’il veut...
Il
est parti seul avec un infirmier portant un grand sac dans lequel M.
le Major Lehmann a entassé ses affaires personnelles.
En
une heure tous les blessés pouvant plus ou moins marcher, sont
habillés et réunis dans la cour.
Le
Principal les fait accompagner par la moitié du personnel infirmier.
Or,
il y a ce matin là plus de 90 infirmiers à l’hôpital [souligné
dans le texte]. Il ne reste, dans leurs lits, qu’une vingtaine de
blessés [souligné dans le texte] dans l’impossibilité de
marcher.
Le
Principal a déclaré que notre devoir est de rester avec eux, de les
soigner jusqu’à guérison, ensuite de quoi nous serions évacués
par les Allemands, conformément à la Convention de Genève.
Or,
tout le monde veut s’en aller.
Je
fait part à M. le Principal de ce désir général, et ayant fait
descendre les 23 brancards, et j’ai insisté énergiquement auprès
de M. Aubertin, afin qu’il nous permette de transporter nos blessés
à bras d’homme et de traverser la Meuse.
Tout
le monde est disposé à le faire de très bon cœur. M. Aubertin s’y
est refusé catégoriquement. Ordre nous est donné de rester à
notre poste, les brancards sont remisés, tous les malades réunis
dans la même salle et chacun se dispose à remplir ses devoirs.
M.
Aubertin est alors rentré chez lui en ville et de nouveau, j’ai
pris mes fonctions de médecin de service. Vers 10h, on fait [page 8]
sauter les ponts sur la Meuse, la fusillade devient de plus en plus
nourrie...
A
11h, nous voyons arriver, à la porte de l’hôpital, les premiers
blessés Allemands, des Uhlans, auxquels nous nous sommes empressés
de prodiguer les soins nécessaires.
Vers
14h. 2 officiers suivis de soldats armés se sont présentés à
l’hôpital que j’ai dû leur faire visiter soigneusement. Après
avoir contrôlé les blessures de nos soldats alités et après en
avoir noté le nombre, ils m’ont déclaré :
«
Monsieur, vous devez savoir que tous ceux qui se trouvent ici, aussi
bien médecins qu’infirmiers et que blessés, vous êtes nos
prisonniers. Personne ne doit sortir et vous en répondez sur votre
tête. »
Je
n’ai eu qu’à m’incliner... Ils sont partis, les portes de
l’hôpital ont été fermé et des sentinelles Allemandes, postées
devant l’entrée.
C’est
ainsi que nous avons été faits prisonniers après avoir eu
largement le temps de nous sauver, en sauvant nos blessés.
Nous
étions ce jour-là : 5 médecins, 3 pharmaciens, 2 officiers
d’administration et 25 infirmiers. »
Le
docteur Abd-El-Nour est affecté, à son retour d’Allemagne au 240e
régiment d’infanterie territoriale formé le 1er août 1915 qui
appartenait à la 104e division d’infanterie territoriale
(août-janvier 1917).
X)
JMO/Rgt
:
« Le
5e bataillon a continué les travaux de défense et la confection de
piquets pour réseaux de fil de fer barbelés.
6e
bataillon : les 22e et 24e Cies vont relever aux avant-postes les 23e
et 21e Cies respectivement à Bénaménil et Thiébeauménil. Les 21e
et 23e Cies rentrées dans leur cantonnement à 14h et 15h30 ont
exécuté des travaux.
Le
commandant des grand gardes ne signale rien de particulier aux
avant-postes.
Un
peloton de Hussards a pu traverser sans incidents Vého, Reillon et
Blemerey qui sont inoccupés.
Une
demie section de la 24e Cie a été envoyé vers la station
d’Emberménil (adjudant Milhau) n’a fourni aucun renseignement,
la station est également inoccupée. »
JMO/SS
:
« Rien
de particulier. Les Cies fortifient la position de Vathiménil
Indisponibles
= 29 + 1 officier »
XI)
Les
hôpitaux militaires du département des Ardennes pendant la guerre
1914-1918 seront traités dans le tome 5 de la collection des
Hôpitaux Militaires dans la Guerre 1914-1918, à paraître aux
éditions Ysec de Louviers
Journal de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914 ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../journal-de-paul-destombes-10-au-16-novembre-1...
11
nov. 2014 - Journal de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914) : «Le
vent d'ouest ... tient son journal du premier au dernier jour de la
Grande Guerre.
26
ème ri | 1914-1918: Reims dans la Grande Guerre
reims1418.wordpress.com/tag/26-eme-ri/
13
nov. 2014 - 101/Journal de la grande guerre: le 13 novembre 1914 «
Envoyer du ... Il fut musicien au 26 ème de ligne (26 ème RI- de la
11 ème division, ...
La
Grande Guerre en Auvergne, novembre 1914 à Brioude.
www.regardsetviedauvergne.fr/.../11/la-grande-guerre-en-auvergne-nov...
8
nov. 2014 - Samedi 7 novembre 1914 : Une grande victoire a été
remportée par les Russes en Galicie. 11 heures soir: Les militaires
de passage on
Maroc
: l'autre guerre de 1914 - Jeune Afrique
www.jeuneafrique.com/Article/JA2809p051.xml0/
13
nov. 2014 - Le 13 novembre 1914, la France essuie la première
débâcle de son expédition .... galvanisés par l'annonce de la
Grande Guerre, convaincus qu'ils ... un désastre pour l'armée
espagnole, qui perdit ce jour-là entre 12 000 et ...
Journal
de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914 ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../journal-de-paul-destombes-10-au-16-novembre-1...
11
nov. 2014 - Journal de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914) : «Le
vent d'ouest ... tient son journal du premier au dernier jour de la
Grande Guerre.
102/Journal
du 14 novembre 1914: « vérifier le semailles ...
https://reims1418.wordpress.com/.../14/102journal-de-la-grande-guerre-...
14
nov. 2014 - ... vers le bureau à la mairie." Carte postale d'un
poilu rémois le 14 novembre 1914 ... Recherche pour : carteE1.
journal de la Grande guerre ...
14
Novembre 1914 - Le 217ème RI dans la Grande Guerre ...
217emeri.canalblog.com
› Messages novembre 2014
14
nov. 2014 - 14 Novembre 1914. JMO/Rgt : "Le 5ème bataillon a
continué les travaux de défense et la confection de piquets pour
réseaux de fil de fer ...
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