mardi 25 novembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR LE 14 NOVEMBRE 1914

14 NOVEMBRE 1914


I)
Une circulaire du maire blâme l’action de certaines femmes dans la matinée de jeudi, et conseille une plus grande réserve au passage des prisonniers Français et Anglais.
Les réquisitions continuent de toutes parts, on dirait que les sauterelles ne veulent rien laisser aux troupes alliées qui pourraient survenir. On n’entend presque pas le canon aujourd’hui. Est-ce l’effet de la tempête qui sévit ou bien la bataille s’est-elle éloignée ?
Nous ne savons encore plus rien de ce qui se passe. Je profite d’une accalmie pour aller jusqu’au cimetière. Le carré réservé à la sépulture des soldats s’emplit : D’un côté 13 Allemands, de l’autre 7 Français et un Anglais.
Ces dernières tombes sont littéralement couvertes de fleurs, on ne voit pas le sol. Un bouquet de chrysanthèmes mêlés à de petits drapeaux Anglais porte sur une carte de visite les noms de 4 jeunes filles et la mention : « A notre ami l’Anglais ».
Une surprise désagréable (il n’en est pas d’autres en ce moment) m’attend au retour.
Deux hommes de la dernière classe de la Landsturm, à la vareuse bouse de vaches, sont venus inventorier notre cave à vins, après avoir exhibé un ordre écrit en Français sans réplique.
Nous éprouvons un violent dépit d’être ainsi traités chez nous.
Mais qu’y faire ?
Du reste toute la ville est soumise à pareils agissements.
Heureusement… la perquisition était-elle attendue et prévue. De plus, ces messieurs ont la bonté de nous autoriser à continuer notre consommation ordinaire de vin !

II)
Journal du Rémois Paul Hess (extraits)
« Les obus arrivent déjà vers 8h45, tandis que je me dirige vers le bureau à la mairie. »

Le sous-préfet demande le 14 novembre 1914 aux maires de vérifier que les semailles des paysans se fassent jusqu’aux parapets des tranchées
pour mieux masquer à la vue de l’ennemi les lignes de défense autour de Paris.
C’est à la fois une illustration de la guerre totale qui mobilise les forces civiles à l’arrière et l’annonce du développement


III)
Les 13 et 14 novembre 1914, les troupes Allemandes essaient encore d’ébranler nos lignes.
Tentative aussi infructueuse que les précédentes. Enfin, en présence du caractère inexpugnable qu’ont acquis nos positions, les attaques de l’ennemi se ralentissent, puis cessent... Alors, pour se venger de cette résistance, les Allemands s’acharnent à la destruction d’Ypres et de ses merveilles architecturales.
La cathédrale et la Halle aux Drapiers s’écroulent sous le tir des canons lourds  (…)
La seule bataille d’Ypres coûte à l’ennemi plus de 150 000 hommes. 
Mais ce qui reste de la Belgique est sauvé. Dunkerque et Calais voient s’évanouir la menace qui pesait sur eux (…)
La guerre de mouvement est terminée pour longtemps, et toujours face à face les 2 armées vont se stabiliser pendant longtemps dans les tranchées.

IV)
Lu dans Le Moniteur en date du 14 novembre 1914
France.
Les troupes Françaises tiennent bon derrière le canal de l’Yser que les Allemands n’ont pas réussi à franchir en dépit de leurs efforts incessants.
Autour d’Ypres nos positions n’ont pas varié, et c’est là que l’ennemi a cru trouver le point sensible de nos lignes.
Entre Armentières et l’Oise, avance générale de notre côté, et nous sommes arrivés aux réseaux de fils de fer qui gardent les tranchées Allemandes. Un détachement ennemi a été, par nous, enlevé en Lorraine.

Russie.
Les Russes cheminent pas à pas dans la région des lacs Mazures que l’état-major Prussien croyait avoir constituée en camp retranché imprenable.
On annonce que de ce côté cet état-major a complété son plan d’opérations. Guillaume II a lancé une proclamation à l’armée de Silésie pour lui demander de tenir jusqu’à ce que l’armée de Flandre ait occupé Calais et Boulogne.

Turquie.
Des mutineries de soldats Turcs ont eu lieu en Thrace contre les officiers Allemands.

Italie.
Le parti nationaliste Italien, dont le chef est M. Federzoni, réclame énergiquement après les partis démocratiques, la coopération armée de la péninsule avec la Triple Entente.

En Roumanie, les manifestations se multiplient dans le même sens.
L’Espagne a décidé de demander une réparation pécuniaire à l’Allemagne pour l’exécution de plusieurs de ses nationaux à Liège.

V)
Une journée qui n'est marquée par rien… une de ces journées comme nous en avons tant vu, comme nous en verrons tant dans cette sinistre guerre d’usure. Nous sentons là sur ces belles collines la barrière infranchissable construite par l’ennemi.
Là-haut derrière ce bois commence le réseau des fils barbelés, il va ainsi jusqu’à… Nieuport, sur la mer du Nord, jusqu’à Cirey dans les Vosges.
Derrière lui, ils ne sont pas très nombreux, mais ils sont assez pour fusiller un à un les audacieux qui veulent passer.
Que faire contre un ennemi inabordable ?… L’user, le « grignoter », comme dit Joffre. C’est long, c’est piétinant, on fait bêtement les cent pas devant ce mur gris hérissé de pointes de casques. Il faut que le mur s’use, s’use, s’use…

VI)
Revue de sacs montés en tenue de campagne. Vaccination anti-typhoïdique l’après-midi et repos.
L’adjudant Lanzie est nommé s/lieutenant, le sergent Laffitte est nommé adjudant, le caporal Vénier est nommé sergent, le soldat Baratin est nommé caporal.
Le sergent Labbé et le sergent Jasnon sont toujours à ma section. Il arrive un renfort de la classe 1914.

VII)
Au large de Toulon
Lieutenant de vaisseau Gabriel de Saint-Aignan, les vagues de la Méditerranée clapotent en s’écrasant contre les flancs du Bouvet, qui s’avance lentement sur les flots.
Gabriel de Saint-Aignan, enfoncé dans son manteau noir au milieu des autres officiers, a les yeux levés vers les drapeaux qui claquent dans le vent au-dessus du pont.
Telle une nuée d’oiseaux colorés, ils s’agitent bruyamment autour de l’énorme cheminée du cuirassé. Un épais nuage charbonneux s’élève des machines.
« Messieurs, votre attention s’il vous plaît. »

Le commandant a tiré de son manteau un papier qu’il déplie avec soin.
Devant lui, le lieutenant et le reste de l’état-major du navire s’impatientent, chacun attendant de savoir s’il s’agit d’une nouvelle affectation pour le Bouvet... Les paris vont bon train depuis des jours :
La Manche, peut-être, pour escorter les convois Britanniques qui la traversent ?
La mer du Nord, pour aller soutenir le blocus Anglais sur l’Allemagne ? L’Atlantique, à la recherche des navires ennemis qui ont réussi à tromper la vigilance Anglaise ?

« Nos ordres viennent d’arriver. Nous restons en Méditerranée dans le cadre de notre mission de protection des navires alliés. »

Non loin de Gabriel de Saint-Aignan, un aspirant qui a parié sur cette issue a un large sourire, du moins jusqu’à ce que les têtes des marins plus gradés se tournent vers lui. Il reprend bien vite une mine plus sérieuse pour ne pas donner l’impression qu’il nargue ses supérieurs.

« J’attire particulièrement votre attention sur plusieurs éléments. Pour commencer, comme vous le savez, depuis le 3 novembre, nous sommes officiellement en guerre contre la Turquie.
- Comme s’il n’y a pas déjà assez de monde sur notre dos ! ricane doucement un lieutenant à côté de Gabriel de Saint-Aignan. Je ne sais même pas à quoi ça ressemble, un Turc !
— Et alors ? lui répond son camarade tu n’as jamais vu un Japonais, et pourtant, je ne t’ai pas entendu te plaindre qu’ils se battent à nos côtés. Ils viennent même de prendre Tsing-Tao aux Allemands. Alors ce n’est pas parce que tu n’en as jamais vu qu’ils ne sont pas dangereux au combat. »

Le lieutenant arrête de rire et hausse les épaules. Gabriel de Saint-Aignan sait bien qu’à bord, on ne le considère ni comme le plus drôle, ni comme le plus aimable des officiers, mais il n’en a que faire. Il n’est pas là pour ça. Il est un Saint-Aignan, et les Saint-Aignan servent le pays depuis des générations.

« Nous devons donc redoubler d’attention sur ces eaux, poursuit le commandant, ce nouvel ennemi est beaucoup plus proche de nous que ne le sont les Allemands. Et puisque nous évoquons les Boches, je vous rappelle que les Anglais ont sous-estimé leurs sous-marins. Ce qu’ils prenaient pour des gadgets leur a déjà coulé plusieurs croiseurs, aussi je vais vous demander d’être extrêmement vigilants quant à l’apparition de périscopes. »

Gabriel de Saint-Aignan ne dit rien, mais n’en pense pas moins.
Quand bien même ils repéreraient un sous-marin, que faire ?
Lorsqu’ils sont en immersion, ces engins sont trop bas pour leurs canons et leurs torpilles.
À moins qu’un obus soit particulièrement chanceux et touche l’un de ces appareils avant qu’il ne plonge, la flotte n’a rien pour lutter contre cette menace.
« Redoubler d’attention », c’est tout ce que l’on a trouvé à dire en attendant de trouver quelque chose de vraiment efficace à faire.
Enfin, l’état-major Anglais planche sérieusement sur le sujet après les pertes qu’il a essuyées. Du moins, c’est ce que le lieutenant a entendu dire par le télégraphiste.
Le commandant range le papier dans son manteau, et conclut son annonce.
« Enfin, dernier élément. Les Allemands utilisent de nouvelles tactiques, ou plutôt dirais-je en ressuscitent d’anciennes, pour s’en prendre aux navires que nous défendons.
— C’est-à-dire, mon commandant ? interroge un officier avec inquiétude.
— C’est-à-dire qu’ils camouflent des armes sur des navires marchands pour s’approcher des nôtres, souvent avec un faux drapeau. Et sitôt qu’ils sont assez près, ils révèlent fusils et canons, coulent les navires, et pillent tout ce qu’ils peuvent. »

Un chef mécanicien lâche une grande exclamation :
« Mon commandant ! Vous voulez dire qu’ils font… »
Le commandant sourit sous sa moustache et coupe son subordonné :
« Vous avez deviné. Les Allemands ont relancé la guerre de course. »

Il s’avance au milieu des officiers et lance, superbe :
« Comme nos vénérables ancêtres, nous combattons des corsaires. Et maintenant, tout le monde à son poste ! »

VIII)
Mon cher père, nous étions très bien à Boisemont à 30 km au nord ouest de Paris, on nous déménage demain pour Saillancourt, affreux trou à 3 km plus loin, nous allons creuser des tranchées et fortifier cette région du camp de Paris, il y a donc des chances pour que nous y restions quelques temps, peut-être un mois. Il fait très mauvais, pluie et humidité, mais pas froid. J’aimerais mieux du froid que cette humidité persistante, mais je vais très bien. Quels sont les projets de Georges ? T’embrasse pour nous trois.

Nous sommes arrivés dans notre nouvelle résidence avec une pluie torrentielle mais enfin nous avons rencontré des gens très gentil qui nous offrent leurs maison pour faire la cuisine et nous mangeons tous à la fortune du pot, les enfants son très contents de manger avec les militaires. Madeleine vous donneras ma nouvelles adresse ici, il ont vu les Allemands a 25 km et ils commencent a avoir peur. A bientôt »

IX)
A travers cette initiative inédite en Alsace, la Région poursuit son engagement pour une politique mémorielle forte, notamment en faveur d’un public jeune...

Le 1er bataillon, commandé par le chef de bataillon Ducarre, occupe la partie E du secteur « Four de Paris ».
Le 17 novembre, le 1er bataillon rejoint le 2e bataillon, qui a perdu un élément de tranchée et doit le reprendre. L'opération réussit et des travaux de fortification en vue de prévenir un retour offensif de l'ennemi sont commencés.
Le 21 novembre, le régiment est relevé et va cantonner à Chaudefontaine, où il reste jusqu'au 27 novembre.
Les officiers et les hommes tombent de fatigue.
Le 28 novembre, le régiment est à nouveau en tranchées.
d'Alexandre Abd-El-Nour, médecin traitant à l’hôpital militaire de Sedan (août-25 août 1914).

Le témoignage inédit, riche de détails et d’une grande liberté de parole vis-à-vis de la hiérarchie militaire que je présente aujourd’hui est exceptionnel par sa densité (26 pages), la qualité de son sujet et celle de son auteur, Alexandre Abd-El-Nour, médecin, homme politique et notable Ardennais.
En raison de son importance, le dossier « Sedan 1914 » est divisé en 3 parties :
- La première et la seconde partie présentent in-extenso le témoignage d'Alexandre Abd-El-Nour, de la Mobilisation à son départ en Allemagne (du 3 août au 18 novembre 1914) ;
La troisième partie présente de manière croisée le témoignage – ou l’absence de témoignage – de ses pairs sur l’action du docteur Abd-El-Nour.

Le témoin :
Alexandre Abd-El-Nour (Damas, 29 octobre 1869 – Bazeilles, 23 janvier 1956) originaire de l’Empire Ottoman, fait des études à Constantinople, puis à Paris. Médecin diplômé de la Faculté de médecine de Paris (1895), il s’oriente vers la gynécologie-obstétrique avant de s’installer à Bazeilles près de Sedan (1899). Conseiller municipal (1902) il devient maire de Bazeilles en 1912. Élu conseiller général radical de Sedan en 1919, il occupe sa fonction jusqu’en 1937. Passionné de sports mécaniques et aéronautiques il est à l’origine de la fondation des aéro-club et automobile-club Ardennais....

Officier de réserve du service de santé militaire, il est affecté le 3 août 1914, à près de 55 ans, en qualité de médecin aide-major de 1ère classe (lieutenant) à l’hôpital militaire de Sedan.
Témoin disert de l’activité hospitalière de sa formation, il est fait « prisonnier » le 25 août par les Allemands et poursuit à Sedan son service jusqu’au 11 septembre 1914, date à laquelle il est envoyé en Allemagne.
En séjour au camp de Halle, en Saxe (14 septembre – 14 novembre 1914), il est libéré conformément aux articles de la Convention de Genève et rentre en France via la Suisse.
Médecin-major de 2e classe (capitaine) il est affecté, le 1er août 1915, en qualité de médecin-chef au 240e régiment d’infanterie territoriale à Saint-Leu. Le 15 septembre 1916, il rejoint aux mêmes grade et fonction, le 4e régiment de dragons avec lequel il sert jusqu’à l’Armistice.

« Rapport de Monsieur le docteur Abd-El-Nour, Major de 2e classe, médecin-chef du 240e Territorial sur sa captivité en Allemagne. 25 août – 11 septembre – 16 novembre 1914. [dact., 26 p., daté de Saint-Leu, le 16 août 1915]
L’histoire de ma captivité est aussi celle de tout le personnel médical de l’hôpital militaire de Sedan auquel j’avais été affecté, régulièrement [souligné dans le texte], dès le 3 août 1914.
Cette affectation avait été faite au moment du passage de la région de Sedan, de la 6e à la 2e région.

1 – Renseignements préliminaires
Quand je me suis présenté le 3 août à 8h. à l’hôpital de Sedan, j’y ai trouvé M. le Dr. Aubertin, médecin principal de 2e classe, mis par sa feuille de mobilisation à la disposition de M. le directeur du service de santé de la 2e région, mais sans être affecté à l’hôpital de Sedan. Mr. le Dr. Aubertin venait de solliciter télégraphiquement cette affectation.
En attendant, il venait de prendre la direction [page 2] de cet hôpital, dont le médecin-chef, M. le major de 1ère classe Fèvre va partir.

Pendant quelques jours, nous avons donc assuré le service de l’hôpital à nous deux.
2 ou 3 jours plus tard, trois médecins civils : MM. Le Dr. Volpert, de Stenay ; et Dr. Goujont, d’Ernont ; et Dr. Baye de Damery-Boursault, appartenant tous les 3 au service auxiliaire, et attachés par leurs ordres de mobilisation à une ambulance n°4 (je crois), à Sedan, s’étant présentés à cette ambulance qui a été supprimée depuis plusieurs mois et se trouvant ainsi sans emploi, sont venus se mettre à notre disposition.

Monsieur le Principal Aubertin, les a gardés, et a demandé télégraphiquement à Amiens, leur nomination comme médecins auxiliaires et, en même temps, leur affectation à l’hôpital militaire de Sedan.
Je m’empresse d’ajouter qu’aucune réponse n’a encore été faite à ces deux demandes, quand nous sommes partis en Allemagne...

Entre temps, est arrivé à Sedan, un major de 1ère classe, dont le nom m’échappe (Dr. Busquet, je crois) avec une lettre de service le désignant comme médecin chef de l’hôpital.
Arrivé dans la matinée, il est allé voir directement M. le Dr. Aubertin, qui, le soir même l’a remis dans le train pour Amiens, à la suite, paraît-il, d’une crise cardiaque qui a failli le tuer.
Le jour même, il en rend compte, par dépêche, à Amiens et demande d’être confirmé dans les fonctions de médecin chef à la place du major reparti.

Néanmoins, quelques jours [page 3] plus tard, vers le 10 ou 12 août, au moment où nous faisons notre visite de salles, est arrivé M. le major de 1ère classe Lehmann, envoyé directement par la Direction d’Amiens, en remplacement du Dr. Busquet, dont il vient d’être question.

Mr le Major Lehmann croit être médecin chef de l’hôpital, mais quoique les explications entre lui et M. le Principal Aubertin n’ont pas éclairci la situation, il accepte de rester à Sedan... Dès ce jour, chargé de la partie chirurgicale de cet hôpital, aidé par MM. Volpert et Goujon, alors que j’assume la partie médicale sous la direction de M. Aubertin, avec M. le Dr. Baye.

Nous avons fonctionné ainsi jusqu’au 15 ou 18 août, quand un matin, s’est présenté le Dr. Boniot, aide-major de 1ère classe, appartenant au 9e ( ?) Dragons de Vincennes qui est arrivé par le train à Bouillon, avec l’état-major de son régiment, s’est trouvé dans l’impossibilité d’en repartir et de suivre son régiment, n’ayant jamais touché un cheval et partant ignorant l’équitation...

Sa situation à l’hôpital étant irrégulière, M. le Principal l’a renvoyé à Bouillon, d’où il est revenu le lendemain avec un ordre d’évacuation de son général, le mettant à la disposition du médecin chef de l’hôpital de Sedan dont le personnel se trouve donc ainsi composé le dimanche 23 août (48 h. avant l’invasion).
M. Aubertin, médecin principal de 2e classe, médecin chef
M. Lehmann, médecin major de 1ère classe
M. Abd-El-Nour, médecin aide-major de 1ère classe (seule désignation faite avant la guerre)
M. Bonniot, médecin aide-major de 1ère classe
[page 4] M. Volpert, M. Goujon, M. Baye (infirmiers, faisant fonction de médecins auxiliaires).

Comment avons-nous été faits prisonniers [ ?]
Et tout d’abord devions-nous être faits prisonniers [ ?] A ceci je réponds : Non [ !] Voici, en effet, ce qui s’est passé.

Depuis le 20 août, nous recevons à Sedan des trains complets de blessés provenant des batailles de Belgique : Neufchâteau, Rossignol, Bertrix, etc. Des flots d’expatriés Belges passent racontant les horreurs commises par les Allemands, semant la crainte et la panique.

L’approche des Allemands ayant été confirmée, M. le médecin chef obtient, (de Mézières, je crois) la permission de s’absenter 24 ou 48 heures et part pour Paris, dimanche 23 août, pour affaires personnelles très importantes.
Lundi matin, le Dr. Lehmann s’est donc trouvé médecin chef de l’hôpital.
Parti vers 11h pour déjeuner en ville, il ne doit revenir que pour la contre visite du soir.

Ce même lundi matin, j’ai été envoyé par lui à Charleville pour y transporter le commandant de Saint-Exupéry, arrivé la veille de Belgique, dans un état demi comateux, grièvement blessé à la tête, et qu’une trépanation peut sauver.
Je l’ai transporté en automobile à la clinique du Dr. Baudoin, chirurgien de profession qui l’a opéré immédiatement... Je viens de rentrer [page 5] à l’hôpital de Sedan vers 14h et de prendre mon poste de médecin de service, quand un messager cycliste est venu me dire de la part du commissaire de la gare qu'un train vient d'être formé et que 200 places sont mises à notre disposition pour l’évacuation immédiate de nos blessés et de notre personnel.
Il faut une réponse sans délai... Ne sachant où est M. le Dr. Lehmann, j’envoi à sa recherche, 3 infirmiers dans 3 directions différentes.
Cependant vu la gravité du moment, et après en avoir délibéré avec le Dr. Bonniot, qui vient d’arriver, j’ai pris l’initiative de donner les ordres [souligné dans le texte] nécessaires pour faire habiller et évacuer le plus rapidement possible sur la gare, tous les hommes en état de marcher, ce qui est fait très rapidement grâce à l’empressement et à la bonne volonté de tout le monde : employés, infirmiers et dames de la Croix-Rouge.

Je ne sais exactement combien de blessés, au moins 80, ont déjà pu partir, entre autres 4 officiers dont l’un ayant eu la poitrine traversée, mais quand même marchant droit, ils sont dans la cour répondant à l’appel du gestionnaire et prêts à partir, quand, hélas, M. le Major Lehmann arrive.

Mis par moi au courant de la situation, il entre dans une violente colère, assurant qu’aucun danger ne nous menace, que des personnes très averties viennent de lui dire, il y a quelques minutes, que jamais les Allemands ne viendront à Sedan, que nous sommes ceci, que nous sommes cela, etc...
Je n’ai pas besoin d’insister sur des choses que seule ma qualité de subordonné m’a obligé à entendre [page 6], non toutefois sans murmurer.
Bref, il a donné l’ordre formel, aux sous-officiers ainsi qu’aux hommes qui sont dans la cour de remonter dans leurs dortoirs.

Malgré leurs vives protestations, ils ont dû réintégrer leurs lits et M. le Major Lehmann ayant pris quelques livres s’en est retourné chez lui, lire des choses amusantes, comme il l’a dit, pour se distraire de la couardise de ses subordonnés...

Et j’ai repris mon poste de médecin de service. Mr. Le Dr. Bonniot qui a eu sa part du blâme du chef, écœuré et las, s’est éloigné également et personne ne l’a jamais plus revu... Je crois qu’il a rejoint à la gare les blessés qui ont eu la chance de s’éloigner avant l’arrivée de M. Lehmann.

A 23h, M. le Principal, rentré de Paris est venu me voir dans ma chambre à l’hôpital, je le mets au courant de ce qui s’est passé.
Ayant promis de venir le lendemain de bonne heure, il me donne l’ordre d’empêcher n’importe quelle initiative avant son arrivée, et il est rentré chez lui en ville.
A 5h du matin, mardi 25, je suis réveillé de nouveau par M. Le Major Lehmann tout effaré, m’annonçant l’arrivée imminente des Allemands et m’encourageant à me lever, et à partir le plus tôt possible, comme il a l’intention de le faire lui-même... Sans vouloir lui rappeler ses assurances de la veille, je lui communique l’ordre de M. Aubertin.

Il en paraît très contrarié, mais il doit se résigner à attendre dans ma chambre l’arrivée du médecin chef.

A 7h après un court conciliabule entre nous, il est décidé qu’on évacuera tout ce que nous pourrions.
Cependant [page 7] que M. le Major Lehmann qui s’est absenté, vient déclarer à M. le Principal qu’il demande à s’en aller.
M. Aubertin lui répond qu’il est libre de faire ce qu’il veut...
Il est parti seul avec un infirmier portant un grand sac dans lequel M. le Major Lehmann a entassé ses affaires personnelles.

En une heure tous les blessés pouvant plus ou moins marcher, sont habillés et réunis dans la cour.
Le Principal les fait accompagner par la moitié du personnel infirmier.
Or, il y a ce matin là plus de 90 infirmiers à l’hôpital [souligné dans le texte]. Il ne reste, dans leurs lits, qu’une vingtaine de blessés [souligné dans le texte] dans l’impossibilité de marcher.

Le Principal a déclaré que notre devoir est de rester avec eux, de les soigner jusqu’à guérison, ensuite de quoi nous serions évacués par les Allemands, conformément à la Convention de Genève.

Or, tout le monde veut s’en aller.
Je fait part à M. le Principal de ce désir général, et ayant fait descendre les 23 brancards, et j’ai insisté énergiquement auprès de M. Aubertin, afin qu’il nous permette de transporter nos blessés à bras d’homme et de traverser la Meuse.

Tout le monde est disposé à le faire de très bon cœur. M. Aubertin s’y est refusé catégoriquement. Ordre nous est donné de rester à notre poste, les brancards sont remisés, tous les malades réunis dans la même salle et chacun se dispose à remplir ses devoirs.

M. Aubertin est alors rentré chez lui en ville et de nouveau, j’ai pris mes fonctions de médecin de service. Vers 10h, on fait [page 8] sauter les ponts sur la Meuse, la fusillade devient de plus en plus nourrie...
A 11h, nous voyons arriver, à la porte de l’hôpital, les premiers blessés Allemands, des Uhlans, auxquels nous nous sommes empressés de prodiguer les soins nécessaires.
Vers 14h. 2 officiers suivis de soldats armés se sont présentés à l’hôpital que j’ai dû leur faire visiter soigneusement. Après avoir contrôlé les blessures de nos soldats alités et après en avoir noté le nombre, ils m’ont déclaré :
« Monsieur, vous devez savoir que tous ceux qui se trouvent ici, aussi bien médecins qu’infirmiers et que blessés, vous êtes nos prisonniers. Personne ne doit sortir et vous en répondez sur votre tête. »

Je n’ai eu qu’à m’incliner... Ils sont partis, les portes de l’hôpital ont été fermé et des sentinelles Allemandes, postées devant l’entrée.
C’est ainsi que nous avons été faits prisonniers après avoir eu largement le temps de nous sauver, en sauvant nos blessés.

Nous étions ce jour-là : 5 médecins, 3 pharmaciens, 2 officiers d’administration et 25 infirmiers. »

Le docteur Abd-El-Nour est affecté, à son retour d’Allemagne au 240e régiment d’infanterie territoriale formé le 1er août 1915 qui appartenait à la 104e division d’infanterie territoriale (août-janvier 1917).

X)
JMO/Rgt :
« Le 5e bataillon a continué les travaux de défense et la confection de piquets pour réseaux de fil de fer barbelés.
6e bataillon : les 22e et 24e Cies vont relever aux avant-postes les 23e et 21e Cies respectivement à Bénaménil et Thiébeauménil. Les 21e et 23e Cies rentrées dans leur cantonnement à 14h et 15h30 ont exécuté des travaux.
Le commandant des grand gardes ne signale rien de particulier aux avant-postes.
Un peloton de Hussards a pu traverser sans incidents Vého, Reillon et Blemerey qui sont inoccupés.
Une demie section de la 24e Cie a été envoyé vers la station d’Emberménil (adjudant Milhau) n’a fourni aucun renseignement, la station est également inoccupée. »
JMO/SS :
« Rien de particulier. Les Cies fortifient la position de Vathiménil
Indisponibles = 29 + 1 officier »

XI)
Sur le service de santé de l'armée Allemande
Les hôpitaux militaires du département des Ardennes pendant la guerre 1914-1918 seront traités dans le tome 5 de la collection des Hôpitaux Militaires dans la Guerre 1914-1918, à paraître aux éditions Ysec de Louviers


Journal de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914 ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../journal-de-paul-destombes-10-au-16-novembre-1...
11 nov. 2014 - Journal de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914) : «Le vent d'ouest ... tient son journal du premier au dernier jour de la Grande Guerre.
26 ème ri | 1914-1918: Reims dans la Grande Guerre
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La Grande Guerre en Auvergne, novembre 1914 à Brioude.
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Maroc : l'autre guerre de 1914 - Jeune Afrique
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13 nov. 2014 - Le 13 novembre 1914, la France essuie la première débâcle de son expédition .... galvanisés par l'annonce de la Grande Guerre, convaincus qu'ils ... un désastre pour l'armée espagnole, qui perdit ce jour-là entre 12 000 et ...
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102/Journal du 14 novembre 1914: « vérifier le semailles ...
https://reims1418.wordpress.com/.../14/102journal-de-la-grande-guerre-...
14 nov. 2014 - ... vers le bureau à la mairie." Carte postale d'un poilu rémois le 14 novembre 1914 ... Recherche pour : carteE1. journal de la Grande guerre ...
14 Novembre 1914 - Le 217ème RI dans la Grande Guerre ...
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14 nov. 2014 - 14 Novembre 1914. JMO/Rgt : "Le 5ème bataillon a continué les travaux de défense et la confection de piquets pour réseaux de fil de fer ...





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