mardi 18 novembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 6 NOVEMBRE 1914








LE 6 NOVEMBRE 1914


I)
6 novembre 1914
Journal du Rémois Paul Hess (extraits)
Nuit passée dans le calme absolue. Brouillard intense toute la journée dans une ville sans aucune lumière, ce qui rend la circulation difficile.
Paul Hess note un avis important dans « le Courrier »:
« à partir du 6 novembre la circulation de la population civile est interdite sur les ponts du canal de 19h à 6h sauf pour les personnes munies d’une autorisation spéciale délivrée par le général commandant la division, par le général commandant d’armes ou par le maire de Reims. »

Autre communiqué
« aux propagateurs de fausses nouvelles. »
Certaines personnes colportent sans discernement des bruits mal fondés, qui provoquent dans la population de la ville des alarmes injustifiées, nous les prévenons charitablement qu’elles s’exposent de ce fait à de graves désagrément (…)
« C’est ainsi qu’on a parlé ces jours-ci de sommations lancées par les Taubes, sans qu’aucune enquête civile ou militaire ait pu établir la moindre trace.
Nous rappelons d’ailleurs à ce propos que toute personne qui, éventuellement posséderait un renseignement de ce genre, doit le communiquer aussitôt à la police ou à l’autorité militaire. »

II)
6 novembre 1914. (Reims) Des obus sont encore lancés vers 11h craignant la violence du bombardement des jours précédents, une grande partie de la population s’abrite dans les caves ou gagne les alentours de la ville, vers la Haubette.

III)
Nouvelles du 118e RIT:  
Décision du 6 novembre 1914. – Mailly-Champagne
Départ du commandant Gaillard. Le lieutenant-colonel ne voit pas s’éloigner sans tristesse, du régiment, le commandant Gaillard, qui passe au dépôt, il espère conserver avec lui jusqu’à la fin de la campagne, ce vieux combattant de 1870 qui, après avoir vu la défaite de l’Année terrible aurait certainement contribué à la Victoire de 1914 et à la Revanche.

Marche du 4 novembre. – Malgré le peu d’entraînement des hommes, le mauvais temps, l’état des routes, le régiment s’est admirablement comporté dans l’étape de Vrigny à Mailly-Champagne puisqu’il n’a pas laissé un homme en arrière, c’est d’un bon présage pour l’avenir et le lieutenant-colonel compte bien que le 118e, depuis hier au feu, saura maintenir la bonne réputation qu’il a acquise depuis 3mois.

IV)
Secteur sud-est d’Ypres
L’ordre  d’opérations du 16e C.A. pour le 6 novembre porte l’offensive dans les mêmes conditions qu’hier. Le groupement Moussy doit maintenir l’ennemi dans le parc et le château d’Hollebeke pour favoriser la progression du groupement Olleris.

V)
Georges Battanchon – 1879 – Tué le 6 novembre 1914 au Kemmel (Belgique) Né à Tlemcen (Algérie). Études au lycée de Mâcon, licence de lettres à Lyon. Il enseigne à Paris à l’École Alsacienne. Sous-chef de cabinet sous le ministère Barthou en 1913. Auteur d’un recueil de poésies : Brumes et Reflets.

VI)
 Lu dans Le Moniteur en date du 6 novembre 1914
France.-
Les forces alliées sont maintenant sur la rive droite de l’Yser, où elles progressent peu à peu. Nous avançons également dans le Santerre, près de Roye, et partout ailleurs l’offensive ennemie a été brisée.

Le Président de la République, qui vient de parcourir le front, a adressé au ministre de la Guerre une lettre éloquente où il rend un hommage mérité à nos soldats.
L’armée Russe a pris la ville de Bayazid en Arménie Turque, et les croiseurs Anglais ont bombardé Jaffa, en Syrie, tandis que le gouvernement de Londres proclamait l’annexion de l’île de Chypre occupée par lui depuis 1878.
Sir Edward Grey déclare aussi que le Royaume-Uni respectera les Lieux-Saints de l’Islam.
Marine.
Un combat naval où un croiseur britannique a été coulé a eu lieu au large du Chili. Par contre, un croiseur Allemand l’York a coulé sur une mine à Wilhelmshaven, dans golfe de Jahde.

Espagne.
-Le président du Conseil Espagnol, M.Dato a insisté aux Cortès sur sa volonté de garder la stricte neutralité.

VII)
L'offensive Allemande est enrayée à Ypres du fait de la résistance Franco-Anglaise. La veille le Kaiser Guillaume II qui pensait faire une entrée triomphale afin de marquer la conquête de la Belgique est rentré en Allemagne. Les fusils à tir rapide Britanniques ont raison des soldats Allemands dont beaucoup d'entre eux sont des volontaires. La mort de 25 000 étudiants est appelée en Allemagne Kindermord (massacre des étudiants).

VIII)
Courmelles (Aisne) par Laurent
Notre régiment, dispersé dans 3 villages, est ici en réserve générale d’armée. Avec nous se trouvent deux groupes d’artillerie de 75. Le tout sous le commandement de notre colonel Pichoud.

L’ennemi occupe la rive droite de l’Aisne, où il est solidement retranché dans des carrières. Ces carrières donnent du fil à retordre à nos artilleurs. Et puis… voilà tout ce que je sais.

En vain, du haut du clocher où je me suis hissé en compagnie de Plaisant, cherchons-nous à percer le brouillard qui voile l’horizon. L’ennemi est là, tout près, derrière ce léger rideau de brume... Son bon plaisir, heureusement, n’est pas de nous canonner aujourd’hui. D’ailleurs, jusqu’à présent, Courmelles ne l’a guère intéressé. Un obus a démoli le toit du presbytère et décapité un beau chapiteau roman de l’église. Le curé a été emmené comme otage. Le calice et le ciboire ont été volés : Ils étaient modernes… mais ils brillaient. Tandis que le petit Saint-Georges naïvement sculpté, que l’on porte dans les processions, et qui ne brille pas, lui... En dépit de sa valeur, ils l’ont laissé !

IX)
Il pleut.
Les communiqués se suivent et se ressemblent, on ne nous a rien dit d’un engagement qui aurait eu lieu à Mailly, dont l’ennemi fait une grande victoire.
Comme toujours, il y a des gens disposés à croire les racontars les plus extravagants, je les rapporte tels qu’on les fait circuler :

-On dit qu’un grand personnage, blessé en Argonne, agonise à Strasbourg, l’on veut que ce soit le « Kronprinz », (ce serait bien son tour, il a été tué assez souvent déjà !)
-On dit que devant Varsovie un grand personnage a été tué et transporté en Prusse avec des marques de respect ne laissant aucun doute sur sa qualité…C’est le « Kronprinz » ! Une fois de plus !
-On dit que le général en chef des armées Allemandes en France, blessé grièvement en Flandre, agonise à Namur !

X)
Retournons aux abris et creusons des tranchées de tir à côté. Brouillard à couper au couteau. Dans l’après-midi formidables marmites, trous effrayants à côté de nous.
Le 13e Hussards 10 hommes d’un coup
2 Dragons mutilés et enterrés dans une tranchée à côté de nous.
Les balles sifflent pour rentrer au village, obligé de m’arrêter un quart d’heure derrière une maison.
Enfin nous passons. Après dîner l’ordre arrive de retourner aux chevaux.

Départ à 10h30, remplacés par la 1e division. Étape difficile : 6 km. En montant. Arrivons aux chevaux à minuit et à 4h à Boeschepe. Lait chaud et dodo !

XI)
Les forces alliées sont maintenant sur la rive droite de l'Yser, où elles progressent peu à peu. Nous avançons également dans le Santerre, près de Roye, et partout ailleurs l'offensive ennemie a été brisée.

Une nouvelle offensive Austro-Hongroise est déclenchée le 6 novembre 1914, suite à la consolidation et à l'accroissement des moyens mis à la disposition de ses troupes Balkaniques. Cette attaque devait inciter la Bulgarie à entrer elle-même en guerre contre la Serbie.
Très supérieure numériquement, parfaitement préparée et disposant d'une grande suprématie au point de vue de l'artillerie, l'armée Austro-Hongroise enfonce la première ligne de défense Serbe, qui est privée d'artillerie lourde. Contrainte de se replier, l'armée Serbe effectue sans combattre un retrait tactique de Belgrade, le 3 novembre, laissant à l'ennemi le secteur situé autour de la rivière Kolubara.
Les pertes du côté Serbe sont énormes. 3 mois de guerre ininterrompue ont laissé des traces sur le moral de l'armée Serbe.

A Berlin et à Vienne, la chute de la capitale Serbe est célébrée comme une grande victoire. Dans l'attente de la chute finale de la Serbie, des plans de
découpage de son territoire sont préparés : Un général Autrichien d'origine Croate, Stjepan Sarkotić, est désigné comme futur gouverneur général...

Le gouvernement Serbe rejette une proposition du maréchal Putnik consistant à réfléchir à la signature d'une paix séparée.
Pašić menace de démissionner, et une réunion commune permet de coordonner la résolution des milieux civils et militaires afin de lutter jusqu'aux limites extrêmes de l'épuisement.
On envoya au front le Bataillon d'élèves de Skoplje, composé de 1 300 étudiants et élèves qui, après une courte formation militaire, sont promus au rang de caporaux, afin de relever le niveau du commandement subalterne.
Ils contribuent sensiblement au redressement du moral au sein de l'armée Serbe.
Dans un discours aux étudiants, tenu le 6 novembre 1914, le régent Alexandre intime l'ordre suivant : « Pas un pas en arrière ! »
Et aux premières lignes de l'armée Serbe, face à l'artillerie ennemie située à proximité, apparaît, sans crainte des canons Austro-Hongrois, le vieux roi Pierre, qui est accueilli par les ovations enthousiastes des soldats. Le nouveau commandant de la Première armée Serbe, le général Živojin Mišić, raccourcit le front en procédant à un regroupement rapide des forces près de Gornji Milanovac, ce qui permet aux troupes épuisées de bénéficier d'un répit longtemps attendu.

XII)
« 1h30, ordre au 5e bataillon de pousser activement ses détachements au contact sur Verdenal, bois du Trière(?), lisière Ouest du bois des Haies, l’artillerie et la cavalerie devant les appuyer au petit jour.

7h30, marche retardée par le brouillard, des patrouilles rencontrant quelque résistance, en résumé l’ennemi semble s’être retiré sur ses anciennes positions.

9h30, le régiment reçoit l’ordre de reprendre ses positions antérieures à l’exception des détachements de contact.
A signaler la belle attitude sous le feu du sergent rengagé Castany de la 17e, du sous-lieutenant Blachot et de l’adjudant Leys.

13h30, le bataillon De Gourlet rentre à Baccarat pour des travaux de propreté et de cantonnement.

XIII)
La guerre a aussi lieu sur les mers. Des combats maritimes se déroulent entre les 2 camps. Ainsi, le journal, reprenant une dépêche publiée par le « Daily Telegraph », annonce que 12 transporteurs Allemands-Turcs portant des cargaisons de charbon coulent sur la côte d’Anatolie.
Le « Times » déclare que le croiseur allemand « York » est touché par un sous-marin Anglais et fait naufrage. 

Du côté adverse, la Triple Alliance peut aussi faire des dégâts.
Le Journal de Maine-et-Loire indique qu’une bataille navale s’est produite sur les côtes du Chili, à proximité du port de Coronel, entre 5 navires Allemands et une partie de l’escadre de l’amiral Craddock.
La Grande-Bretagne perd un bateau qui a sombré dans les eaux. Un autre navire échoue suite à de graves avaries dans sa coque. 

XIV
Les forts des Dardanelles sont bombardés, ainsi que Jaffa, par la flotte alliée.
Les Turcs vont (je crois) passer le détroit pour toujours.
Mais où iront-ils ? En attendant ils passent un vilain quart d’heure.
Tristes gens ! Turcs, assassins des chrétiens d’Arménie et Allemands, assassins des chrétiens de France, tout ce joli monde là se vaut !
La Justice de Dieu s’appesantira sur eux…

On annonce la mort au champ d’honneur de M. Amaury de la Selle, de la Ferté-Beauharnais et de M. Barluet de Beauchesne, de Romorantin.
Je suis inquiet de ne pas recevoir de nouvelles du bon abbé Perly, auquel j’ai écrit (cependant) 3 ou 4 fois depuis sa dernière lettre.
L’horizon est si noir et tant de mauvaises nouvelles circulent !

XV)
6 Novembre 1914 ... Nous voici, à cette heure, en guerre avec la Turquie Quelle absurdité !
Cela fait la troisième puissance avec laquelle en 3 mois nous aurons rompu. Et quand on pense que la République est un gouvernement qui passait pour avoir la supériorité et le mérite de maintenir la paix !
Cette guerre avec la Turquie montre bien que la France est entraînée par ses alliances dans un tourbillon qu'elle ne dirige pas.
La Russie va prendre un bon morceau de l'Arménie.
L'Angleterre a déjà annexé Chypre, pour commencer, et supprimé les derniers liens qui rattachent l'île au sultan. Elle s'emparera probablement de l'Arabie.
Les Italiens, avec leur art de gagner à tout coup, conserveront le Dodécanèse. Nous, j'espère bien que la Syrie ne nous échappera pas puisque, plus que jamais, elle s'offre et se donne.
Mais notre protectorat en Orient, ce magnifique héritage d'influence politique, religieuse et intellectuelle, comment survivra-t-il à ces partages et à la chute de l'Empire Ottoman ?

Tiraillée en sens divers, toujours empêchée de suivre une idée jusqu'au bout, la diplomatie républicaine a cru bien faire, il y  a huit mois, en autorisant un prêt de 4 000 millions à la Turquie.
J'entends encore Ph..., un des négociateurs de l'emprunt, m'en expliquant le mécanisme ingénieux.
Si nous semions l'or Français en Turquie, c'était pour mieux récolter.
Les commandes allaient affluer chez nos métallurgistes, etc...
Cependant, c'est le général Liman Von Sanders et la mission militaire Allemande installés à Constantinople qui ont eu le maniement de nos millions, tandis que la Russie et l'Angleterre, dont les visées sont bien différentes des nôtres dans l'Empire Ottoman, forment des projets dont nous voici conduits à n'être que les serviteurs...

XVI)
Pour l'état de solidité de la cathédrale « ...lui dire adieu avant sa chute... » « ...qui tient encore sa place comme par miracle... », pour le démenti de Joffre au sujet des explications Allemandes du bombardement de la cathédrale « ...prétextes niaisement absurdes... », pour le début de l'organisation de la vie quotidienne sous les bombes :

« Le prêtre » qui reçoit Loti à l'archevêché pourrait être le curé L. Camus ou l'archiprêtre d'alors M. Landrieux, prêtre qui a rapporté une rumeur, que Loti cite, d'un sacrilège « ...préparé de longue main... », de toits arrosés d'avance d'une « ...substance diabolique... » ! Loti semble bien avoir, ensuite, brièvement rencontré le cardinal Luçon qui lui donne un guide pour aller à l'intérieur de la cathédrale. Il n'y a rien à cette date dans le journal du cardinal (publié dans Travaux de l'Académie de Reims TAR 1998, 173e volume, en accès libre dans la salle de lecture de Carnegie cote : PER CH IV 4) si ce n'est le quotidien des bombardements.

En réalité, le premier article dans L'Illustration sur l'incendie de la cathédrale est d'un journaliste Anglais alors présent à Reims, il est publié le 26 septembre, n° 3734 avec des photos. Suivent dans le n° 3735 un post-scriptum d'Henri Lavedan et dans le n° 3736 un courrier du lecteur illustré de l'abbé Thinot, témoin direct de l'incendie.

« Officier de Marine, Pierre Loti est sensible à l'équipement des Allemands en jumelles et il le mentionne souvent, d'une façon détournée, dans cet article : « ... sous les jumelles féroces... des sauvages embusqués... » « ... au bout de leurs lorgnettes, c'est la cathédrale, toujours la cathédrale... ».

Le 23 octobre 1914, Pierre Loti note qu'il s'achète à Paris « ...un de ces uniformes gris-bleu qui se voit de moins loin dans les jumelles allemandes... »

Le décret français du 25 août 1914 montrait le désir de priver l'ennemi de produits militairement utiles.
Une politique de contrôle de la contrebande a été depuis longtemps considérée comme une arme légitime pour un belligérant et elle avait été fréquemment utilisée dans les guerres passées.

En 1914, l'intention d'appliquer une telle politique est simplement décidée plus explicitement.
Comme sa réalisation repose sur la possibilité d'arrêter les bâtiments transportant cette contrebande chez l'ennemi, la marine Britannique doit supporter la part la plus lourde de ce fardeau. La participation de la marine française est si minime qu'elle n'eut que la signification symbolique d'une unité d'action alliée.
Le problème de la contrebande confronte les Alliés à de nouveaux problèmes en temps de guerre à cause de la position géographique de l'ennemi.
Un groupe d’États neutres, que l'on doit appeler (la Suisse, les Pays-Bas, et les 3 État Scandinaves), protége la frontière occidentale de l'Allemagne du blocus allié.
Les Alliés ne peuvent appliquer leur contrôle qu'indirectement, en restreignant la liberté commerciale des voisins neutres de l'Allemagne, ils incorporent ainsi ces petits États dans le système de blocus allié et atteignent leur but par des moyens maritimes et diplomatiques.
Peu après le début de la guerre, les bâtiments Allemands ont virtuellement disparu des mers.
Des barrages de mines dans la mer du Nord protègent les ports Allemands d'un blocus allié direct.
Les Alliés ont donc à vérifier le commerce Européen des neutres frontaliers pour éviter le passage à travers leur territoire de marchandises à destination de l'ennemi.
Très rapidement, ces neutres essaient de dissimuler l'éventuelle destination ennemie de produits figurant sur les listes alliées de contrebande.
Mais l'accroissement considérable des importations dans les États neutres frontaliers à l'automne de 1914 prouve que ces pays jouent un rôle de transit...

La destination théoriquement neutre, du moins initialement, de ces importations les met relativement à l'abri de l'action alliée.
Pour compléter leurs décrets sur la contrebande, les Alliés font adopter des lois interdisant à leurs propres ressortissants de commercer avec l'ennemi.
Un décret du 27 septembre 1914 interdit aux Français tout commerce avec les sujets ennemis, qu'ils fussent résidents en France ou dans d'autres pays et avec les originaires de tous pays résidant en territoire ennemi.
Cette loi, plus que les divers règlements sur la contrebande, devient la pierre angulaire de la législation Française de blocus.
Ce décret illustre le contraste entre les conceptions des Français et celles des Britanniques sur le commerce avec l'ennemi.
Les 2 concepts de nationalité et de domicile sous-tendent la législation Française, qui considère les ressortissants Allemands comme ennemis même quand ils résident en territoire neutre.
Les Britanniques, de leur côté, ne considèrent que le domicile, les sujets Britanniques peuvent ainsi légalement faire du commerce avec les Allemands habitant des pays neutres.
La France édicte aussi une série d'interdictions à l'exportation.
Le souci de réserver des produits dont on a besoin pour l'industrie nationale justifiait ces mesures autant que le souci d'en priver l'ennemi, l'effet de ces mesures n'en fut pas moins simultané.

Il devient de plus en plus clair, en novembre 1914, que la guerre sera longue et engagera tout le potentiel des belligérants.
La puissance économique prend une toute autre importance que dans la perspective d'une guerre courte. La victoire appartient au camp qui tiendra le plus longtemps.
Si les Alliés pouvaient restreindre l'accès de l'ennemi aux produits alimentaires et aux matières premières, ils pourraient affaiblir ainsi la résistance de l'adversaire.
La confirmation de cette hypothèse devait mener à un point de rupture signifiant d'une part, une intensification des mesures antérieures et, d'autre part, les premiers signes d'un changement majeur dans la politique de blocus.

A la première catégorie se rattachent un nouveau décret sur la contrebande de guerre, ainsi que des négociations diplomatiques.
Un ordre en conseil Britannique du 29 octobre 1914 et un décret Français du 6 novembre essaient de trouver une solution au problème de la contrebande conditionnelle et des conditions dans lesquelles elle peut être interceptée. Le décret Français du 25 août rencontre une opposition considérable des neutres pendant l'automne. Le point contesté est la théorie dite du voyage continu qui considère plutôt le destinataire final que le premier.
Le décret du 6 novembre stipule que la contrebande conditionnelle ne peut être saisie sur un bâtiment à destination d'un port neutre que si le cosignataire n'a pas un individu précis ou une firme installée à l'intérieur d'un pays neutre. Si les Alliés peuvent prouver qu'un État neutre a envoyé à l'ennemi des produits militairement utiles, ils peuvent appliquer alors les mesures jugées nécessaires aux bâtiments à destination de cet État.
L'article 35 de la déclaration de Londres, protègeant de la contrebande conditionnelle, cesse d'être applicable.
Le destinataire neutre, et non plus le capteur allié, doit prouver que l'expédition est innocente.
Au milieu de l'automne, les Alliés se rendent compte qu'ils doivent compléter leurs règlements sur la contrebande par un engagement des neutres sur les articles de contrebande auxquels les Alliés permettent de franchir le blocus.

Ils envoient alors un mémorandum aux 5 États neutres frontaliers, le 3 novembre 1914, pour leur demander d'interdire l'exportation de tous les produits figurant sur les listes de contrebande établies par les Alliés. Si les neutres veulent bien interdire la réexportation de toutes les marchandises classées comme contrebande, les Alliés leur promettent en retour de ne pas s'occuper des importations de ces produits.

Des mémorandums explicatifs sont expédiés dans les semaines suivantes. Ils précisent sous quelles conditions les gouvernements alliés autorisent les importations dans les pays neutres.
Par exemple, la note aux Pays-Bas suggère que le gouvernement Néerlandais agit en tant que cosignataire pour des produits d'importance vitale tels que les denrées alimentaires, les produits pétroliers et le cuivre.
Un organisme privé récemment créé, le Netherlands Overseas Trust, recevra tous les autres produits mentionnés sur les listes de contrebande et garantira leur non-réexportation.
Ces mémorandums de novembre ont servi de base aux négociations entre les neutres et les Alliés.
Ces derniers, accords = qui varient dans le détail, donnent aux neutres des facilités d'importation, en échange de leur promesse de ne pas réexporter les objets figurant sur les listes de contrebande des Alliés.
Mais la valeur effective des garanties est discutable, d'autant plus que la plupart des accords laissent aux neutres une certaine marge de manœuvre pour suspendre leurs restrictions à l'exportation...
Ces négociations entre les Alliés et les neutres constituent un premier pas vers un blocus diplomatique, par opposition à un blocus naval.
TSINGTAO
Elles appartiennent à l'histoire du contrôle de la contrebande plus qu'à celle de la guerre économique, car elles recherchent seulement une garantie des pays neutres quant à l'emploi des produits figurant sur les listes de contrebande. Elles représentent une intensification de la stratégie antérieure plus qu'un changement fondamental de politique.



6 novembre 1914. Notre régiment, dispersé dans trois ...
www.nrblog.fr/.../6-novembre-1914-notre-regiment-disperse-dans-trois-...
6 novembre 1914. ... Publié le 6 novembre 2014 par Laurent ... Goncourt dans la Grande Guerre, avec comme mot(s)-clef(s) Aisne, Courmelles, Maurice Bedel.

94/journal de la grande guerre: le 6 novembre 1914 | 1914 ...
https://reims1418.wordpress.com/.../94journal-de-la-grande-guerre-le-6-...
6 nov. 2014 - 6 novembre 1914 Journal du rémois Paul Hess (extraits) Nuit passée dans le calme absolue. Brouillard intense toute la journée dans une ville ...
Les Serbes dans la Première Guerre mondiale - Serbica
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En Serbie comme dans toute l'Europe, une grande émotion se fit jour. ..... Une nouvelle offensive austro-hongroise fut déclenchée le 6 novembre 1914, suite à ...
Pierre Loti à Reims pendant la Grande Guerre en 1914 ...
www.reims14-18.com/.../pierre-loti-à-reims-pendant-la-grande-guerre-e...
15 janv. 2014 - Pierre Loti à Reims pendant la Grande Guerre en 1914 - 1915 - 1918 ... et la conférence de François Cochet le 6/12/2013 : L'état-major et la guerre : pour en ... Article dans L'Illustration du samedi 21 novembre 14, n° 3742.

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