jeudi 13 novembre 2014

923... EN REMONTANT LE TEMPS

 Cette page concerne l'année 923 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol

L'EMPIRE DE CHARLEMAGNE CONTINUE DE SE DÉLITER


Bérenger Ier de Frioul (Berengar) († 924), dit aussi Bérenger Ier d'Italie, a été roi d'Italie de 888 à 915 et empereur d'Occident de 915 à 924.
Il est l'un des 11 enfants d'Évrard (Eberhard) († 866), marquis de Frioul (lui-même fils d'Unroch, comte du Ternois) et de son épouse Gisela (Gisèle) († 874), fille de l'empereur Louis le Pieux.

D'abord marquis de Frioul appartenant à la famille des Unrochides et héritier de la cour d'Annappes (avec toutes ses dépendances sauf Gruson).

Bérenger est élu roi des Lombards à Pavie, le 6 janvier 888, mais il est vaincu dès l'année suivante par son compétiteur Guy (Wido) († 894). Ce dernier, duc de Spolète, est élu roi à son tour le 16 février 889.

Bérenger ne cesse de lutter pour reprendre le pouvoir, ce à quoi il parvient à plusieurs reprises :
En 898 après la mort de Lambert de Spolète, fils de Guy III de Spolète qui a été associé au trône. Un nouveau compétiteur surgit en la personne de Louis de Provence, le petit-fils d'un autre empereur Louis II d'Italie que ses opposants élisent roi d'Italie le 5 octobre 900 à Pavie et qui est couronné le 22 février.

Il le défait une première fois pendant l'été 902 et Louis III doit se retirer en Provence.
En 905 Louis III revient en Italie à l'appel d'un parti de nobles, Bérenger se réfugie en Germanie et grâce à l'aide de troupes Bavaroises, il réussit à capturer Louis III à Vérone et le 21 juillet 905, lui fait crever les yeux et reprend la couronne royale d'Italie.
Louis III regagne définitivement la Provence.

Pour la troisième fois Bérenger se réinstalle à Pavie mais il doit ensuite faire face à l'invasion des Magyars qui ravagent le nord de l'Italie.
Le 17 juillet 923 Bérenger est défait à Fiorenzuola par un nouveau compétiteur Rodolphe II de Bourgogne, appelé en Italie par son propre gendre, Adalbert d'Ivrée... Béranger doit se retirer à Vérone pendant qu'en 924, Pavie est assiégée, prise et pillée par les Magyars.

En novembre 915, à Rome, Bérenger a été couronné empereur des Romains par le pape Jean X qui espère son aide contre les attaques des musulmans dans le Latium et en Campanie. Toutefois le péril Magyar oblige le nouvel empereur à retourner dans le nord de l'Italie, abandonnant le Pape à ses propres forces. Ce « titre impérial » n'apporte aucun surcroît de prestige particulier à Bérenger et après sa mort, le titre d'empereur subit une longue vacance avant le couronnement de Otton Ier en 962...

Bérenger Ier de Frioul épouse :
Bertilla (morte peu après 910) issu de la famille des Supponides
Vers 914 Anna (morte après 924) , fille de l'empereur Léon VI le Sage et de Zoé Carbonopsina.
Sa fille, Gisèle de Frioul ( morte en 910), née de son premier mariage, épouse Adalbert, marquis d'Ivrée. De cette union naît Bérenger II († 966), qui devient à son tour roi d'Italie en 950 : Ce dernier est l'ancêtre des comtes palatins de Bourgogne.

Bérenger Ier est l’un des rois dont parle « Réginon de Prüm », l’un de ces multiples souverains apparus à l’intérieur des territoires que la disparition de Charles III le Gros ne permet plus de rattacher à aucun centre.

Fils du marquis de Frioul, Evrard, et de Gisla, c’est un neveu de Charles le Chauve. Il appartient à la très puissante lignée des Unrochides dont les membres gouvernent le Frioul.

Il n'est pas destiné à régner ni même d’ailleurs à gouverner la marche de Frioul : Son frère aîné, Unroch, mort en 875, aurait dû avoir ce rôle.
Toutefois, les hasards dynastiques et la complexité de la situation politique l’ont amené à se porter sur le devant de la scène.

L’empereur Louis II, cousin de Bérenger, est mort en 875 sans descendance mâle : La succession impériale échoit à Charles le Chauve, empereur de 875 à 877.

Elle passe ensuite aux Carolingiens Germaniques et à Charles le Gros qui exerce effectivement la fonction impériale jusqu’à sa déposition en 888... À partir de ce moment, l’Italie se trouve dans la même situation dynastique et politique que les autres royaumes issus de l’Empire.

L’absence de Carolingiens pleinement légitimes et en âge de régner, comme en situation de le faire, entraîne une pléthore de candidatures d’hommes issus des plus puissants groupes familiaux de la noblesse.

En Italie, les Unrochides, en partie du fait de leur appartenance à la lignée Carolingienne, semblent pouvoir l’emporter. Ils sont à la tête d’un réseau complexe d’alliances et de clientèles qui, grâce au soutien de la famille des Supponides, leur permet de maîtriser une bonne partie de l’Italie du Nord. Face à eux, le seul candidat de poids est le représentant de la famille des Widonides, ducs de Spolète et fermes soutiens de la papauté.

Dès 888, Bérenger revendique et obtient la royauté sur l’Italie. Immédiatement contesté par Gui de Spolète, il est battu militairement par celui-ci et doit se contenter de gouverner le Frioul entre 888 et 898 jusqu’à la disparition de Lambert, le fils de Gui, en 898. Après la mort accidentelle et tout à fait inattendue de Lambert, il étend de nouveau sa domination à l’ensemble de l’Italie du Nord, c’est-à-dire à la plaine du Pô et à la Toscane :

Le duché de Spolète lui échappe et lui échappera toujours, son titulaire, Albéric, étant trop intéressé par les affaires Romaines pour considérer les intérêts de Bérenger. Sa souveraineté ne s’étend donc réellement que sur une partie du territoire du royaume.

Bérenger continue, durant toute cette période, de porter le titre royal et la lutte qu’il mène contre Gui, puis contre son fils est constante. Il est cependant bel et bien bloqué dans le Frioul et autour de Vérone durant 10 longues années.
(Liutprand de Crémone, dans  P. Chiesa ).,

Les Spolétins ne sont pas les seuls à lui contester son droit au pouvoir. Les Provençaux puis les Bourguignons s’efforcent eux aussi de s’emparer de l’Italie...

Il doit ainsi, entre 903 et 905, affronter un ennemi extrêmement dangereux, Louis III de Provence qui revendique pour lui, à titre héréditaire, la couronne d’Italie.

Provisoirement vainqueur, Louis III parvient à se faire couronner empereur et contraint Bérenger à un nouveau repli sur ses possessions familiales centrées sur Vérone. Un coup de main réussi lui permet de capturer Louis III.

De 905 à 923, il n’est plus contesté de l’extérieur et parvient à consolider sa position. Sa réussite est marquée par l’obtention, en 915, du titre impérial, et cela bien qu’il ne contrôle aucun territoire au sud des Apennins : Les marquis Adalbert de Toscane et Albéric de Spolète s’étant rapprochés de lui acceptent l’opération dont, pour de multiples raisons, la papauté éprouve la nécessité.

Malgré cela, Bérenger est absent de la grande bataille du Garigliano qui, en 916, permet aux Romains, menés par le pape Jean X et le duc Albéric de Spolète, de débarrasser l’Italie méridionale du nid de pirates installé depuis une vingtaine d’années à mi-chemin de Rome et de Naples.

La domination sur l’Italie lui est une dernière fois disputée en 922 par le roi de Bourgogne, Rodolphe, qui le bat très sévèrement lors de la bataille de Fiorenzuola près de Plaisance , il doit alors se rabattre une dernière fois sur ses possessions familiales et se replier sur sa base territoriale de Vérone. Il meurt assassiné par un de ses vassaux, Flambertus, en 923, devant l’église du palais où il est allé prier.

Bérenger jouit dans l’historiographie Européenne d’une réputation exécrable. Chef de guerre, il a toujours été battu et, en quarante ans de pouvoir, n’a remporté aucune victoire militaire d’importance sur ses adversaires.
Ne combattant qu’en état de supériorité numérique écrasante, il est cependant toujours vaincu en bataille et souvent très gravement, comme à La Trebbia en 899 face aux Hongrois ou à Fiorenzuola en 923.
Du fait de ces débâcles répétées, il passe pour être à l’origine de la disparition en Italie des institutions militaires Carolingiennes. Les rares combats qu’il a remportés, de plus, l’ont été grâce au soutien des Hongrois avec lesquels il s’allie après l’épouvantable défaite de la Trebbia. Cette alliance et cette proximité politique ne contribuent qu'à à noircir encore l’image du personnage.

Il est également accusé d’avoir, par l’ampleur de ses largesses, dilapidé le fisc royal et, plus grave, d’avoir contribué au démantèlement du pouvoir de l’État en donnant des droits régaliens en toute propriété à des membres de l’élite politique et sociale.
Se privant de ressources financières importantes, parce qu’il donne des droits générateurs d’importants revenus, des tonlieux, des droits de marchés et même des monnaies, il passe pour avoir transféré à des alliés ou à des clients des fractions non négligeables de la richesse royale ainsi que des éléments concrets de souveraineté.
Il a ainsi contribué au renforcement des patrimoines laïques et ecclésiastiques au détriment du fisc, attribué aux grands des pouvoirs diminuant d’autant sa capacité d’action sur le territoire et accéléré la construction des pouvoirs locaux.
Les plus pessimistes pensent qu’il n’a pu exercer le pouvoir royal qu’en le démantelant, ses générosités l’ayant empêché de maintenir et la richesse et la puissance de l’État.

Au total cependant, le personnage, toujours menacé, souvent battu, et très près de l’élimination politique définitive, resurgit toujours et résiste à toutes les tentatives d’éviction.
Ce n’est en aucune façon forcer les faits qu’émettre l’hypothèse d’une habileté politique peu commune et d’une capacité à rebondir tout aussi exceptionnelle. Sa fin est provoquée par la défection d’une partie de l’aristocratie appuyée par une invasion extérieure : Ce schéma est celui de tout son règne où il vit sous la menace constante des trahisons et des invasions.
Son assassin, Flambertus, est l’un de ses proches, un membre du groupe recevant du souverain distinctions et richesses : Peu de temps avant ce meurtre, Bérenger lui a encore fait de somptueux cadeaux d’objets en or.
B. Kreutz,  University of Pennsylvania, 1996. G. Fasoli.

Depuis le début des années 2000, cependant, le jugement sur Bérenger tend à être plus équilibré. On note d’abord qu’il ne se contente pas de se maintenir au pouvoir envers et contre tout.
Il accomplit également une carrière personnelle, parvenant à se faire décerner le titre impérial par le pape Jean X, ce qui, pour ce petit-fils de Louis le Pieux, est un accomplissement personnel.
Il atteint ainsi un but symbolique important en se plaçant au même niveau de prestige, sinon de pouvoir, que ses prédécesseurs et ses compétiteurs :
Louis II,
Gui et Lambert de Spolète,
Louis III l’Aveugle.

D’une manière ou d’une autre, ses contemporains ont dû juger qu’il exerce la fonction royale avec savoir-faire et en se conformant à ce que l’on attend de lui.
La fonction impériale est cependant alors en grande partie vidée de sa substance : Il ne s’agit en aucune manière de reprendre le programme d’unité territoriale de l’Italie de Louis II ou d’entreprendre quelque politique de conquête que ce soit.
Le titre, depuis le couronnement de Charlemagne, correspond d’abord à la fonction de défenseur de Rome et de protecteur de la papauté.
L’existence d’un empereur régnant sur l’Italie, même nominalement, donne à celle-ci un poids plus grand dans les relations internationales en adossant la fonction pontificale au titre impérial et en rappelant que les deux pouvoirs universels, l’empire et la papauté, sont organiquement liés l’un à l’autre.
La présence physique d’un empereur retarde enfin l’émergence à Rome d’une principauté territoriale qui ne peut exister, sous la direction d’Albéric II, que dans les années 920-950.

Par ailleurs, le pouvoir de Bérenger est réel, il doit être comparé, d’un côté, avec celui des princes territoriaux et, d’autre part, avec celui des rois ses contemporains, Eudes et Charles le Simple.

Comme ailleurs en Europe occidentale, en effet, l’effacement de la structure Carolingienne, dont la crise est révélée par la question des successions à partir des années 830, permet d’apercevoir la réalité politique et sociale apparue dans le courant du IXe siècle, à savoir l’émergence des principautés territoriales aux mains de grands groupes familiaux aristocratiques dont la fortune est désormais moins liée à la fonction royale ou impériale qu’à la capacité de ses membres à ancrer leur pouvoir et leur prestige sur des dominations construites à l’échelle régionale.

L’organisation politique Carolingienne a produit, en dessous de l’empereur, une pléiade de groupes familiaux susceptibles d’exercer le pouvoir à l’échelon régional ou multi régional, mais n’ayant pas les ressources matérielles, humaines ou symboliques pour s’imposer sur des aires territoriales plus vastes.
Ils sont cependant en mesure de concurrencer le pouvoir royal à l’échelon régional et d’exprimer des revendications de souveraineté sur les territoires qu’ils gouvernent.
Cela est perçu dès le IXe siècle par « Réginon de Prüm » lorsqu’il note l’existence d’un trop-plein de compétences et de puissances, sans qu’aucune hiérarchie efficace ne puisse plus être instaurée entre elles.

En l’absence de Carolingien en âge de régner, il n’y a en effet aucune raison pour qu'un prince s’efface devant un autre, sinon provisoirement du fait de circonstances particulières. Dans ces conditions, pouvoir se rattacher au groupe familial Carolingien est un atout essentiel dans la course au pouvoir : Parmi les princes Italiens, seul Bérenger en dispose et il y a là un facteur important pour comprendre son maintien au pouvoir.
De grandes enquêtes historiographiques ont été lancées sur ce point dans les années 1980...

En Italie du Nord et du Centre, les principales de ces entités sont, à la fin des années 880 :
Le duché de Spolète,
Le marquisat de Toscane,
Le marquisat d’Ivrée
Le marquisat de Frioul.
Leur émergence traduit aussi bien l’affaiblissement et le redimensionnement du pouvoir royal que la segmentation de la haute aristocratie susceptible de constituer et de soutenir des ensembles politiques fortement rivaux entre eux.

Les familles aristocratiques se rassemblent désormais derrière l’un des princes et n’assoient plus leur fortune sur le service des rois.
La structure des patrimoines, de plus en plus locaux et non plus interrégionaux, le montre à l’envi.

Bien que la réalité du pouvoir ait, en Italie comme en Francie ou en Germanie, glissé vers les princes territoriaux, le titre royal demeure l’objet d’une véritable compétition entre les plus puissants des acteurs.
Il y a à cela de très bonnes raisons.
La force de l’idéologie du pouvoir héritée de l’époque Carolingienne n’est pas la moindre.
En Italie, ce sont les Spolétins et les Frioulans qui sont les mieux placés dans cette compétition dont les Toscans sont immédiatement exclus.
Gui et Lambert de Spolète et, après eux, Bérenger, se conduisent comme s’ils pouvaient exercer un pouvoir de nature impériale au moins sur l’Italie.
Cela signifie une conception très élevée de leur mission : Des hommes comme Gui et Lambert de Spolète gouvernent en légiférant et en édictant des capitulaires lors des assemblées réunissant les grands de leur royaume. Ils le font au nom du bien commun et d’une certaine idée de la souveraineté dérivée de conceptions romanisantes du pouvoir.
Cela implique aussi des rapports constants avec la papauté.

Quant à Bérenger, le sentiment et la fierté d’être un Carolingien ont dû jouer un rôle important dans son comportement politique.
Comme tous les autres souverains Européens, les rois d’Italie, qu’il s’agisse des Widonides ou de Bérenger, sont limités dans le développement et dans l’intensification de leur pouvoir.
Les souverains, même s’ils ont la volonté de gouverner et l’énergie pour y parvenir, n’ont pas à leur disposition d’institutions fortes et pérennes.
Tous sont donc contraints d’agir par la médiation de réseaux de fidélités dont les grands sont les chefs. Il faut gagner et conserver leur amitié, garante de leur fidélité, notamment en étant d’une grande générosité à tous points de vue.

Or, désormais, les grands refusent ce rôle de médiation entre le roi et le territoire et se replient sur leur sphère de domination locale.
Ils n’acceptent plus, sauf exception, de faire reposer leur fortune et leur destin social sur le seul facteur de leur proximité avec le roi : Il est désormais impossible de maintenir le niveau social et la richesse d’un groupe familial en s’appuyant seulement sur lui.
Il y a là un changement considérable dans l’attitude à l’égard de la royauté, général en Europe, qui se manifeste à partir des années 890.

Les Supponides, s’alliant avec Bérenger, soutiennent le clan Germanique présent en Italie lequel appuie les ambitions des descendants de Louis le Germanique. Ils le font contre les ambitions d’autres groupes, notamment de celui des Bosonides de Provence.
Quoi qu’il en soit, le fait d’avoir épousé cette femme mettait d’une certaine manière Bérenger sur un pied d’égalité avec Louis II et renforçait son appartenance au groupe familial Carolingien.
Prenant une épouse dans la même famille que Louis II, il devient son allié et renforce ainsi ses prétentions à la légitimité.
En sens inverse, les Supponides réitèrent avec Bérenger l’opération qu’ils ont réussie sous le règne précédent.
En donnant une femme au roi, ils établissent un accès permanent à sa personne et acquièrent ainsi la possibilité d’intervenir dans les processus de décision.
Ils s’insèrent donc dans le service du roi au plus haut niveau.
Mais, comme l’a montré F. Bougard, leur attitude et leurs choix sont anachroniques, parce que, si les faveurs du roi enrichissent encore, la proximité avec le souverain ne fournit plus autant de prestige et de pouvoir concret qu’aux générations précédentes.
En particulier, Bérenger, s’il peut donner des terres et des droits, est dans l’incapacité totale d’attribuer à l’un de ses fidèles un grand commandement politique et militaire en dehors de sa propre aire immédiate de domination et d’action 

Ceux-ci sont très présents cependant au centre du pouvoir. Ils accaparent la fonction d’archichancelier, c’est-à-dire de chefs des offices d’écriture.
De 903 à 922 le même personnage, Ardingus, évêque de Brescia et membre de la famille, dirige une chancellerie qui compte parmi les plus actives du moment. En même temps, cependant, la famille connaît alors un certain déclin...

Vers 850, les Supponides sont en position dominante à l’intérieur de l’aristocratie Italienne, ils ont des possessions dans l’ensemble de la plaine du Pô et maîtrisent au moins 4 comtés : Plaisance, Parme, Turin, Asti.
Dans les années 870, on l’a vu, ils obtiennent également la charge du duché de Spolète mais ne parviennent pas à s’y implanter.
Ils ne peuvent plus, au début du Xe siècle, maintenir l’ensemble de ces positions.
Dès 905, le rôle de Bertilla à la cour diminue.
Le fait qu’elle n’ait pas eu de fils rend sa situation fragile et, par conséquent, rend aussi vulnérable l’ensemble de la famille : Il semble bien qu’elle ait été empoisonnée... Bérenger s’est avéré être un mauvais choix pour les Supponides qui n’ont pu exploiter la présence de leur sœur dans le lit du roi que jusqu’à la consolidation de son pouvoir en 905, après sa victoire sur Louis l’Aveugle.

Comme tous les souverains de son temps, Bérenger gouverne en faisant des dons.
Il utilise largement les diplômes pour concrétiser ses actes et trouve là l’occasion et le moyen de communiquer avec ses sujets en insérant ou en faisant insérer dans les préambules, sous forme concentrée, des formules décrivant le pouvoir royal et permettant de justifier les actes décrits.
Il donne certes des terres et des droits.
Il donne aussi des mots et les documents qui transfèrent les droits et les propriétés du roi aux bénéficiaires qui font partie du présent offert.
Donner, c’est certes faire participer le bénéficiaire à la richesse du roi. Celui-ci fait mieux que redistribuer, il partage, comme on partage de la nourriture au cours d’un repas, offrant ainsi, en même temps que des biens, un peu de l’éclat de sa grandeur et permettant au bénéficiaire de participer en quelque manière à son pouvoir.

Nous sommes particulièrement bien informés sur les dons de Bérenger grâce à une abondante documentation diplomatique.
Il nous reste de son règne 192 diplômes donnés entre 888 et 923 (dont 140 conservés).
Ce chiffre prend sens si on le compare à ceux concernant son prédécesseur immédiat et ses contemporains.
Ainsi, Louis II a émis en 25 ans, entre 850 et 875, 113 diplômes
En 10 ans, en revanche, de 888 à 898, Gui et Lambert de Spolète ont octroyé 32 actes de cette nature.
D’Eudes, roi de France entre 888 et 898,
Charles le Simple, pour sa part, nous a laissé 122 actes pour les 30 années de son règne (893-923),
Bref, la chancellerie de Bérenger, est au-dessus de la moyenne d’activité des chancelleries royales de son temps et peut donc être considérée comme particulièrement active.
Il faut bien sûr faire la part de pertes qui sont considérables : L’éditeur des actes de Gui et de Lambert les estime, mais sans argument, à la moitié de la production.

L’octroi des diplômes est en effet l’occasion de créer un événement social au cours duquel le roi, le récipiendaire, mais aussi ceux qui ont en son nom présenté le souhait d’obtenir telle ou telle faveur jouent un rôle.
Elles donnent lieu à une mise en scène de la vie de cour dont les actes écrits portent témoignage.
Le rôle principal est naturellement tenu par le souverain qui reçoit les pétitions.
Mais une place conséquente doit être accordée aux intermédiaires, c’est-à-dire à ceux et à celles qui se placent entre le roi et les hommes ou les institutions qu’il entend gratifier.
CHÂTEAU TRICANO
A la cour de Bérenger, de 890 à 905, la reine Bertilla est l’un des principaux intervenants.
Elle présente la requête et la place sous son patronage, ce qui signifie que, d’une certaine manière, les récipiendaires sont autant ses clients qu’ils sont les fidèles du roi.
Bertilla n’est pas la seule à intervenir : Les noms des médiateurs nous donnent une cartographie des réseaux de clientèles à la cour du roi et, si tous ne sont pas identifiables, il s’en dégage une idée des amitiés et des solidarités.


Bérenger Ier de Frioul — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Bérenger_Ier_de_Frioul
Bérenger Ier de Frioul (Berengar) († 924), dit aussi Bérenger Ier d'Ialie, a été roi d'Italie de 888 à 915 et empereur d'Occident de 915 à 924. Il était l'un des onze ...

Bérenger Ier de Frioul - Histoire de l'Europe
www.histoireeurope.fr/RechercheLocution.php?...Bérenger+Ier+de+Frio...
Événements historiques concernant -Bérenger Ier de Frioul- extrait d'une base historique comportant plus de 40 000 événements et plus de 3 150 images.
L'exercice du pouvoir par Bérenger Ier, roi d'Italie (888-915 ...
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L'exemple mobilisé est celui de Bérenger Ier. ... Bérenger n'était pas destiné à régner ni même d'ailleurs à gouverner la marche de Frioul : son frère aîné, ...
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Heilwide de Frioul
fjaunais.free.fr/h0frioul.htm
La marche (marquisat) de Frioul se situe en Italie dans la région de Trieste ... Bérenger I marquis de Frioul, emp. d'Occident (vers 843 - 7/4/924 Vérone).

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