dimanche 16 novembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 1er NOVEMBRE 1914

1er NOVEMBRE 1914


I)
Journal du Rémois Paul Hess (extraits)
Beau temps et journée assez calme. Quelques obus seulement aux extrémités Nord et Est de la ville (…)

Journal du Rémois  Paul Dupuis (extraits)
Par le feu lent, mais continu, du bombardement qui nous a été servi pendant toute la journée, il faut bien reconnaître que cet avis est dicté par la prudence même, nous le suivons, en nous abstenant de faire à nos morts la pieuse et traditionnelle visite.
C’est, pour nos cœurs attristés, une douleur de plus s’ajoutant à toutes celles dont se compose notre vie quotidienne.

Les vêpres des Morts sont chantées à Saint-Jacques alors que se répercutent lugubrement les détonations de nos grosses pièces de canon, et les nerfs fatigués résistent difficilement à l’impressionnant effet de la cérémonie. Et pourtant, c’est une journée estivale que celle de ce  1er novembre 1914. Un clair soleil nous réchauffe de ses rayons, faisant un saisissant contraste avec la détresse de nos âmes.

A 14h, lettre d’Hélène (29  octobre) passant les nouvelles reçues de Marcel (24) qui complètent celles qu’il m’a envoyées directement. 
Notre brave soldat déplore l’emploi qu’on fait de son arme, pas de charges, pas de coups de sabre, mais le combat à pied en tirant avec la carabine derrière les arbres ou dans les tranchées, comme un simple fantassin... Quelle désillusion pour un Cuirassier !

Et avec cela, les pays traversés sont dévastés et n’offrent aucune ressource permettant d’agrémenter d’une douceur quelconque le peu de variété de l’ordinaire. C’est pourquoi Père, se plaçant au point de vue pratique me fait lui adresser 750 gr de chocolat, que j’entoure d’un cache-nez, et qui s’ajoutant aux divers envois déjà faits par sa chère épouse, lui montreront que tous pensent à lui.

Lettre de Lucien Pinet à sa femme Madeleine le 1er novembre 1914 :
1 novembre au matin, on signale qu’un poste d’écoute composé d’un caporal et de 6 hommes du 1er Bataillon n’est pas rentré.

II)
S.P.A. : 31 Officiers 2 219 hommes.
Le régiment commence avec ses seules ressources l’amélioration des travaux du secteur (tranchées, abris, boyaux de communication), mais ces travaux, qui ne peuvent être exécutés pendant le jour qu’avec de très grandes précautions, seront poussés plus activement sous la protection de la nuit.

III)
La Royal Navy humiliée à Coronel
L’escadre Allemande quitte le port Chilien de Valparaiso après sa victoire de Coronel...
La première bataille navale importante de la Première Guerre mondiale survient le 1er novembre, 5 navires Allemands, sous les ordres de l’amiral comte Maximilian von Spee, et l’escadre Britannique des Indes Occidentales, sous les ordres de l’amiral sir Christopher Cradock.

IV)
Lu dans Le Moniteur en date du dimanche 1er novembre 1914
France.
-Les Allemands se sont livrés à une offensive furieuse, mais sans résultat sur toute notre ligne de front.
En Flandre, nos avances et nos reculs se compensent, comme au nord de l’Aisne. L’ennemi a subi des pertes énormes qui viennent encore s’ajouter à toutes les pertes des derniers jours.

Guillaume II a évidemment donné ordre de nous percer coûte que coûte, mais l’ordre est d’une exécution difficile.

Russie.
-Les Russes vont pouvoir cheminer sans coup férir jusqu’à la frontière Silésienne : L’état-major Allemand annonce que ses troupes ont été rappelées en arrière jusqu’au moment où la bataille aura été terminée en Flandre.

Marine.
-La flotte Russe pourchasse le Goeben et le Breslau dans la mer Noire. Mais la situation est loin d’apparaître claire, car on affirme maintenant que la Turquie a donné des assurances pacifiques, le 28 encore, à l’ambassadeur d Angleterre.

Japon.
-Le gouvernement Japonais a prescrit l’attaque générale de Tsing-Tao sur terre et sur mer.

Italie.
-Les Italiens ont occupé l’île de Saseno, qui ferme l’entrée de la rade Vallona dans l’Adriatique.

V)
A la suite de la difficile bataille de l’Yser livrée par le général Foch en octobre, Dunkerque échappe à l’occupation Allemande. Mais elle n’échappe pas aux effets de la guerre, le front n’étant éloigné que de 40 km. Si une partie de la garnison, dont le 110e régiment d’infanterie, a quitté la ville en août 1914 à destination du champ de bataille, des renforts arrivent à l’automne pour défendre le port, lien vital avec l’Angleterre.
Des troupes de toutes origines (Français, Britanniques et Belges, mais aussi Canadiens, Australiens, tirailleurs coloniaux...) transitent par Dunkerque.
Une importante base logistique Anglaise (Divisional Naval Transport Office) fonctionne avec plus de 4 000 dockers.
On fait aussi appel à la main-d’œuvre étrangère, aux travailleurs Égyptiens puis aux milliers de coolies Chinois.
L’intendance militaire Française gère également dans l’agglomération les approvisionnements de 200 000 hommes.

32 hôpitaux de fortune peuvent accueillir 6 000 blessés de guerre, mais après les bombardements de 1915, leur nombre se réduira au profit des formations sanitaires de l’intérieur du pays, moins exposées...
Un corps d’armée assure la défense terrestre du camp retranché.
Des aérodromes Français et Anglais, dont le plus important se trouve à Saint-Pol-sur-Mer, couvrent les alentours : 200 appareils y stationnent.

Dunkerque a subi au cours de la guerre plus de 200 bombardements par avions et par canons à très longue portée.
Ils ont causé près de 600 morts et 1 100 blessés, tant civils que militaires, détruit 400 immeubles et endommagé 2 400 sur 3 000.
Les communes limitrophes, notamment Rosendaël, sont aussi très touchées.

Au large, les sous-marins et les champs de mines adverses rendent la navigation dangereuse. .
Un secteur de 7 000 hectares de Watten à Ghyvelde est inondé en 1914-1915, puis en 1918 à partir des eaux de l’Aa et de l’Yser...
La “Dover patrol”, formée de chalutiers réquisitionnés et armés, surveille le détroit du Nord-Pas de Calais et les abords de la côte Flamande. L’agglomération ne connaîtra le répit qu’après avoir été dégagée par l’offensive générale alliée, fin septembre 1918.
Mais les menaces n’entravent que ponctuellement l’activité portuaire.

Si 4 500 mouvements de navires ont été enregistrés en 1913, après un léger recul en 1914 et 1915, il y en aura 6 400 en 1916 (dont deux tiers de bâtiments Anglais), puis autant en 1918... C’est dire l’importance des échanges liés à la guerre, qui nécessitent d’adapter les infrastructures portuaires : 64 km de voies ferrées s’ajoutent aux 82 km existants sur les quais en 1914 et 56 nouvelles grues sont dressées.

Après l’occupation de Valenciennes et de Lille, Dunkerque reste la principale ville libre du département du Nord.
Elle devient donc le siège de la préfecture et du Conseil général dès 1915.
C’est là aussi que s’installe, dans des locaux de l’hôtel de ville, le ministre Belge de la Guerre, le baron de Broquerville, après l’invasion de son pays.
Le roi Albert Ier passe à plusieurs reprises dans la ville, qui accueille par ailleurs, le 1er novembre 1914, un sommet interallié.
La population civile essaie de continuer à vivre normalement, en dépit des combats tout proches.
L’état de siège est proclamé le 3 août 1914 : Le gouverneur du camp retranché dispose dès lors d’importants pouvoirs sur l’ensemble de l’agglomération.
Le maire, Henri Terquem, mobilisé sur place, continue à gérer sa ville en lien avec les autorités militaires.
Et les difficultés abondent... Dès septembre 1914, des milliers de réfugiés venus de Belgique puis, plus tard, de la région Lilloise, affluent à pied et en bateau.
Des bandes de soldats fuient également devant l’avance Allemande : Il faut les accueillir, les nourrir et les héberger... Tous les bâtiments disponibles (édifices religieux, hangars, écoles) leur sont ouverts.
La marine les évacue ensuite sur les ports Normands.
Une autre difficulté à laquelle se trouve confrontée la municipalité tient aux problèmes de ravitaillement. Des terrains militaires ou municipaux désaffectés sont mis en culture pour subvenir aux besoins de la population.
Le charbon vient parfois à manquer et il faut en importer par voie maritime, à cause de l’occupation des mines du Nord et du Pas-de-Calais par les Allemands.

La guerre bouleverse les habitudes quotidiennes. Un arrêté municipal d’août 1914 a fait fermer les théâtres, les cinémas et les bals.
Un comité de secours est créé pour venir en aide aux familles des mobilisés. La presse, soumise à la censure, continue à paraître malgré les difficultés.
Mais, si le « Nord Maritime » se maintient, le « Phare du Nord » disparaît en avril 1915 à cause de la diminution du nombre d’habitants et donc de lecteurs...

En effet, dès le 25 août 1914, le général Bidon, gouverneur de Dunkerque, invite les « bouches inutiles » à partir.
Puis les témoignages et les rumeurs (parfois confondus) colportés par les réfugiés sur les « atrocités » Allemandes en Belgique persuadent des habitants à quitter la ville avant qu’il ne soit trop tard.
Les bombardements, à partir du printemps 1915 surtout, conduisent d’autres Dunkerquois à s’en aller à leur tour.

La ville, forte de 39 000 habitants à la veille de la guerre, en compte moins de 15 000 en juillet 1916 et 7 000 seulement à l’automne 1917.
La cité de Jean Bart a particulièrement souffert de la guerre.
Outre d’importants dommages matériels, elle déplore la mort de 1 200 de ses enfants.

VI)
Chili
Première défaite navale Britannique avec la perte des navires Monmouth et Good Hope entraînant la mort de 1 600 marins Anglais et causant une profonde émotion à Londres.

Empire Ottoman
Entré en guerre aux côtés des Empires centraux. Les ambassadeurs occidentaux quittent Constantinople.

Égypte
Ajouter une légende
Proclamation de la loi martiale par le général Anglais Maxwell. La IVe armée bloque le canal de Suez à Damas.

Somme
Prise du Quesnoy-en-Santerre par les troupes Françaises.

Nord de la France et Belgique
Attaques Allemandes entre Dixmude et la Lys, toutes repoussées.

Dunkerque
Sommet interallié, en présence du président de la République Raymond Poincaré, du ministre de la Guerre Alexandre Millerand et du général Joffre, du président du Conseil et ministre de la Guerre Belge Charles de Broquerville, et de Lord Kitchener, ministre de la Guerre Britannique.

VII)
« Continuation des travaux et exercices dans la matinée. L’après-midi, visite au cimetière pour les unités disponibles.
A 19 heures, une Cie du 221e vient relever les postes des issues et les postes de police de Baccarat (rive droite et gauche) en vue d’un mouvement qui doit se produire dans la nuit.

Le 5e bataillon part à 20h15 pour Merviller et Montigny où il doit relever le 41e Bataillon de Chasseurs et y rester jusqu’à nouvel ordre.

Le 6e bataillon (commandant De Gourlet) est parti dans la nuit du 1er au 2 Novembre, à 3h, avec une mission particulière. La 20e compagnie (5e bataillon) prend part à ces opérations. »

VII)
La Grande guerre. La Vie en Lorraine
René Mercier
Edition de "l'Est républicain" (Nancy)
Date d'édition : 1914-1915
En novembre, tandis que les Allemands, après avoir pris Anvers, sont arrêtés par l'effort allié sur les rives de l'Yser et, ne pouvant plus passer, se vengent en jetant des bombes sur Notre-Dame de Paris et sur Nancy, le front de Lorraine se fixe au-dessous de Saint-Mihiel, sur la Meuse.

Les attaques de l'ennemi sont repoussées vers la région du Ban-de-Sapt, dans les Vosges, et là aussi la colère Germaine, impuissante devant la valeur de nos troupes, se manifeste par l'inutile bombardement de Saint-Dié.

Pont-à-Mousson reçoit presque journellement des obus. Mais la confiance Lorraine, qui ne s'est jamais affaiblie, s'affermit encore au spectacle de la rage ennemie, et regarde avec calme les préparatifs pour la saison d'hiver.
Les cours scolaires sont rouverts, la vie reprend presque normale...
René Mercier.

VIII)
Nancy, 1er novembre.
Le général Joffre a les yeux limpides, un front de chef. Il est de haute stature et a de larges épaules. Il a l'air d'un bloc.
Joffre est un Latin de pure race.
Les journaux l'appellent maintenant « Fabius Cunctator ». Assurément il a les qualités du général romain qui « usa » les Barbares et en délivra le sol Romain.

Mais tandis que Fabius élevait la temporisation en principe, Joffre l'a recueille des circonstances. Il ne la considère pas comme une théorie définitive. Il est prêt à l'offensive comme il a été prêt à la défensive... On le verra.

L'œuvre n'est qu'à peine ébauchée.
Elle a déjà de belles et fortes lignes. Il convient de ne pas la juger dès les premiers coups de pouce.
Je n'ai pas la prétention d'estimer la science militaire du généralissime.
Je ne connais point ses projets. Les événements d'ailleurs peuvent les modifier.
Mais je connais l'homme, et je connais le caractère.

J'ai souvent causé autrefois avec le lieutenant-colonel Joffre. J'étais un peu jeunet pour comprendre, mais attentif déjà aux leçons des actes. Je me gardais de laisser voir mon admiration. L'officier n'aime pas les compliments, même-ceux qui, n'étant pas exprimés, se reflètent seulement dans les yeux.
Joffre a comme une sorte de pudeur au rappel de ce qu'il a fait. Il déteste les épithètes. Il a la fière modestie de son action. Si l'action est belle, il écoute sa conscience qui le lui dit, et pas les parleurs qui le lui répètent.
Joffre est une force sereine, une force irrésistible. Il en a l'apparence. Il en a la réalité.
Sa figure est calme. Son front n'a pas de subits froncements. Son regard est doux. Sa parole est apaisée. Sa bouche est légèrement souriante.

Joffre sait ce qu'il veut. Il fait ce qu'il veut. Non par vain entêtement, il entend volontiers les avis, s'ils sont brefs et pleins de faits, mais parce qu'il a étudié sans trouble les motifs de sa décision, parce qu'il s'est décidé après avoir réfléchi, et aussi parce qu'il a une intuition qui le dirige vers le meilleur.
Il est celui que n'inquiètent pas les sourds murmures des mécontents, ni les craintes des timides.
Il va son chemin, sans peur, sans hésitation, avec son idée, suivant son plan, ne déviant jamais. Il a prévu les obstacles. Il les abat. Seulement il prend son temps. Il est dédaigneux des impatiences.
On l'a vu lors de la retraite des armées Françaises au début de la campagne. Bien des gens s'indignent qu'on ne volât pas au secours des Belges, qu'on permît ensuite à l'ennemi de fouler le sol sacré de la patrie.

Joffre n'a rien entendu. Il a amené les Allemands sur la Marne. Et au moment où, dans le peuple Français, on commence à douter, il a dit :

« - Voici l'heure de vaincre. Il faut maintenant tenir ou mourir. »

Il a conduit les Barbares où il doit les battre. Il les a battus. Il les a fait reculer jusque sur les rives de l'Aisne.
Quand il juge que la horde Germaine est suffisamment épuisée par son inutile et terrible effort, il commandera : En avant !

Ce jour-là, les Allemands reculeront encore, car il ne leur reste, pour éviter l'écrasement, pas d'autre moyen que de reculer.
Joffre est l'énergie qui sait attendre, et se développe à l'instant précis où elle doit détruire la résistance.
Le généralissime ménage les existences. Il ne sacrifie pas un homme pour un succès brillant et incertain. Il veut que la victoire coûte à la France le moins de sang qu'il peut. Il aime les soldats comme il aime le peuple, d'où il vient, d'une tendresse fraternelle qui s'émeut près du foyer et se revêt de fermeté dans la rude bataille.

Un ami disait de lui :
- Joffre est en deux métaux. Une âme d'acier, un cœur d'or.
C'est vrai.
L'homme a une allure naturellement noble. Il donne une impression de sûreté absolue. Quand nul souci ne fait travailler sa robuste intelligence, il charme par la grâce familière de sa causerie.
Dès qu'on le voit, on a confiance. S'il vous parle, vous êtes enveloppé d'une sympathie rayonnante.
Vous lisez ses communiqués. Ils ne sonnent pas de fanfares. Ils disent exactement ce qu'il faut dire. Rien de plus.
Et pourtant vous avez dès le premier jour été conquis par cette concision.
Vous avez eu foi en ce général dont, il y a peu de temps, vous ignoriez peut-être le nom.
Aujourd'hui toute la nation en est convaincue, rien ne saurait résister aux armées alliées commandées par cet homme.
Tel est Joffre.
René Mercier.
IX)
Les cyclistes Luxembourgeois répudient les Allemands :
Paris, 1er novembre, 2h20.
La fédération cycliste du grand-duché de Luxembourg adresse à l'Union cycliste internationale une protestation contre la violation de la neutralité du Luxembourg et contre les actes de barbarie des Austro-Allemands.
Les signataires de la protestation déclarent qu'ils refusent désormais de se rencontrer avec les représentants de l'Allemagne et de l'Autriche, dont ils demandent la radiation de l'Union… L'Union examinera la question à une date ultérieure.

X)
Verdun :
Pour une place investie et sur le point d'être prise (ce sont les Allemands qui le disent) Verdun ne traite pas trop mal ses hôtes militaires, si nous en jugeons par deux petits papiers qui viennent de là-bas : le menu d'un dîner et le programme d'un concert offerts par une compagnie du ...e d'infanterie aux jeunes soldats de la classe 1914.

On se nourrit bien à Verdun, ville prétendument assiégée : potage, sardines, plat de bœuf rôti, légumes, salade, confitures, café, liqueurs, cigares, bière de la Meuse... Et ce menu est orné d'un amusant dessin représentant un petit pioupiou offrant à une fort jolie femme (la République), pour son dîner, un Boche, dressé et paré, sur un plat d'argent.

Le programme du concert est également illustré. Devant Paris que couronne un soleil resplendissant, surmonté d'un magnifique coq gaulois, un soldat français envoie promener bien loin, d'un coup de pied au bon endroit, un soldat Allemand dont le fusil est brisé en deux.
La légende : « Au revoir et merci », confirme les dires des communiqués officiels affirmant que le moral des troupes est excellent…

XI)
En haute Alsace la Situation des Armées :
Genève, 1er novembre Dépêche particulière du « Journal de Genève »
« De nombreuses nouvelles inexactes ont été lancées ces temps derniers, au sujet de la situation en Haute-Alsace. On a parlé de combats victorieux livrés par les troupes Allemandes, de la prise d'assaut des positions Françaises de Thann, de concentrations de troupes faites près de Leopolshohe et d'une offensive générale préparée dans cette région. Ces renseignements, de source Allemande, n'ont d'autre but que de donner le change et de détourner l'attention des grands préparatifs qui se font en vue de l'offensive en Belgique.

Si les Allemands préparent une attaque contre Verdun, il est à peu près certain qu'à ce moment-ci, ils n'ont en vue aucune opération sérieuse contre Belfort. Leurs troupes sont peu nombreuses dans la région. Sur la ligne d'Altkirch à Colmar, ils n'ont, en ce moment, que huit régiments d'infanterie de landwehr, Badoise et Wurtembergeoise, peu d'artillerie de campagne, mais d'excellente artillerie lourde, surtout en face des positions Françaises de Thann. Vers la frontière Suisse, il n'y a que des troupes de landsturm.

Au cours des dernières semaines, les deux armées sont restées dans l'expectative. Il n'y a eu d'affaire un peu sérieuse que le combat de Ferrette, au cours duquel des obus allemands sont tombés sur le territoire Suisse. De part et d'autre, on reste dans les tranchées aménagées pour abriter les troupes au besoin, pendant des semaines, et l'on échange quotidiennement.
quelques obus qui ne font pas grand mal.

Les Français occupent la rive gauche de la Largue, tous les villages de la vallée jusqu'à Dannemarie, puis Gommersdorf et Ballersdorf, de là, leur ligne se dirige au nord vers le village de Sentheim. Ils n'ont pas un instant cessé de tenir Thann, où ils ont fait des travaux importants. Ils sont maîtres de la vallée de Massevaux et de toutes les crêtes des Vosges.

La ligne allemande va à travers la plaine d'Altkirch à Cernay, les réserves étant à Mulhouse. Les Français n'ont pas attaqué Cernay jusqu'ici. On ne se bat guère qu'autour de Bisel, qui-a été pris et repris plusieurs fois. Je ne sais au juste à qui cette localité appartient aujourd'hui.
Récemment, j'ai visité les positions françaises de Thann. Elles sont très fortes et ne paraissent nullement menacées en ce moment-ci. Ce sont les usines qui ont le plus souffert du bombardement des grosses pièces allemandes, en particulier les grandes fabriques de blanchiment et de produits chimiques. Il est très curieux de constater que la partie de cette dernière fabrique qui a été visée en premier lieu est celle où l'on prépare la vanilline, en concurrence avec les maisons Allemandes. A Belfort, on se sent parfaitement en sécurité et le moral est excellent. »

XII)
Deux Lorraines à l'ordre de l'armée :
M. le préfet de Meurthe-et-Moselle vient d'être avisé que Mlle Guy, ainsi que M. et Mme Voillot ont été cités à l'ordre général n° 77 de la 1re armée pour leur belle conduite.

Mlle Guy, institutrice à Martincourt :
« Depuis l'installation d'une ambulance à Martincourt, elle soigne les blessés en qualité d'infirmière volontaire avec un dévouement digne des plus grands éloges. »
M. Voillot, menuisier, et Mme Voillot, à Noviant-aux-Prés :
« Depuis le début des hostilités autour de Noviant, ont soigné chez eux avec le plus parfait dévouement un grand nombre de blessés sans vouloir accepter la moindre rétribution. Au cours du dernier bombardement de Noviant, et bien que leur maison ait reçu des éclats d'obus, y sont restés courageusement, afin de confectionner des cercueils qui leur ont été commandés pour des officiers tués à l'ennemi. »

XIII)
L'inutile acharnement leurs mensonges seuls leur donnent des succès :
Bordeaux, 16h
Rien de nouveau sur le front Nieuport-Dixmude… Les Allemands ont continué hier leurs violentes attaques sur toute la région, au nord, à l'est et au sud d'Ypres. Toutes ces attaques ont été repoussées et nous avons même progressé légèrement au nord d'Ypres, sensiblement à l'est de cette ville.
Au début de la journée d'hier, des forces ennemies débouchant de la Lys, se sont emparées de Hollebeck et de Messines.
Ces deux villages ont été repris dans la soirée par de vigoureuses contre-attaques des forces alliées.
Sur le reste du front, la journée d'hier a été marquée par de violentes canonnades et par quelques contre-attaques de l'ennemi, restées sans résultat, pour reprendre le terrain conquis par nous au cours des dernières fournées.
La lutte est toujours très âpre en Argonne, où les Allemands ne font, d'ailleurs, aucun progrès.

D'après les statistiques fournies par nos services de l'arrière, et pendant, la seule semaine du 14 au 20 octobre, il a été interné 7.683 prisonniers Allemands.
Dans ce chiffre ne se trouvent pas compris les blessés soignés dans nos ambulances, ni le détachement en voie d'acheminement du front à l'arrière.

XIV)
La paroisse Sainte Barbe célèbre la fête de tous les saints, exception faite de la grand-messe, en raison des circonstances et à cause de l'absence du sacristain prisonnier en Allemagne, la grand-messe est remplacée par une messe basse appelée « Messe Militaire ».
Les troupes Françaises ont commencé à cantonner dans la cité des Brebis depuis la mi-octobre, on remarque le 144e territorial du midi, le 109e R.I., le 21e corps d’armée.
Ces 2 régiments resteront aux Brebis jusque mi-décembre, ils passent à tour de rôle 4 jours aux tranchées et 4 jours au repos.
En ce dimanche, on assiste à une parade à Bully-les-Mines, on décore de la médaille militaire un caporal du 144e territorial qui a pris une mitrailleuse.
 En cette première quinzaine de novembre la guerre est bien installée dans le secteur, les obus continuent à tomber inlassablement sur les fosses 5,7,9,11, & 12.

On apprend le retour des mineurs mobilisés dans la région de Périgueux.
La bataille pour la prise de Vermelles par nos troupes s'intensifie.

A Liévin et ses abords, au lieu de reculer, les Allemands se fortifient, ils y resteront de longs mois… On espérait que les événements militaires iraient plus vite.

XV)
J’ai reçu hier ta lettre du 26, elle est donc venue bien vite. Je t’ai fait ce matin l’expédition demandée, du chocolat, du tabac et un caleçon en tricot qui te sera plus commode pour monter à cheval que ceux en cretonne.
Les cachets sont partis par la poste pour t’arriver plus vite. Tu vois, mon chéri que j’avais raison de te dire de faire des provisions à Besançon. Je savais bien que dans la zone des armées on ne trouve pas ce qu’on veut, surtout là où les Allemands ont passé.
Nous sommes toujours sans nouvelles de Georges, cela m’effraie, car il est inadmissible qu’il ne nous ait pas écrit depuis qu’il est à l’ambulance, je crains qu’il ne lui soit arrivé malheur.

Maman nous écrit jeudi soir de Paris qu’elle n’a encore pas trouvé sa trace, elle a fait des masses de démarches infructueuses. Heureusement que Paul Picard a été charmant pour elle et l’a beaucoup aidée en téléphonant lui-même aux agences de la Banque dans les villes où on lui avait dit que Georges était.
Il lui a même donné son auto pour aller jusqu’au Bourget, qui est la gare de triage des trains allant vers le front comme de ceux de blessés en revenant, mais on n’a pu lui donner nulle part de renseignement.
Elle semblait bien découragée et disait que si elle n’avait rien trouvé jusqu’au lendemain, elle reviendrait à Docelles.

Pourvu qu’on ne l’ait pas évacué de Béthune trop tôt et qu’il soit mort en route, c’est ce que je crains... Comprends-tu que le dépôt de Gray ignore où il est ? Alors, depuis qu’il est blessé, le pauvre garçon n’a reçu aucune de nos lettres…
Comme Maman n’est pas revenue ce matin, j’espère encore que c’est de bon augure et qu’elle aura fini par découvrir quelque chose.

Marie Paul a reçu un télégramme de Dedovo, plus favorisée que nos usines Françaises, celle-ci marche, en partie naturellement, 5 jours par semaine. A Schlestadt (Sélestat), la municipalité oblige la filature à reprendre le travail pour enrayer la misère. Les machines marcheront en partie au mois de novembre.

Autour de Strasbourg les Allemands creusent de grandes tranchées, donc ils craignent notre prochaine offensive…

Madeleine va très bien, est toujours bonne nourrice, la petite Colette est délicieuse, mais les pauvres gens sont toujours sans nouvelle de leur mère et tante Anna a dû partir il y a 8 jours pour chercher Gogo en Angleterre, c’est un bien long voyage en ce moment. Jusqu’alors on a de bonnes nouvelles d’Édouard et du jeune Henry Boucher.

Marie M. est revenue à Nancy voir son mari, elle y a passé 3 jours avec Germaine.
Mère m’écrit que Marie Paul a été très bonne pour elle pendant tout ce temps, venant la voir beaucoup.
Elle a été souffrante ces derniers temps. Le docteur lui trouve le foie congestionné et lui a ordonné le lit pendant quelques jours.
Elle se sent mieux depuis qu’elle est restée au lit. Il lui faut décidément beaucoup de repos à la pauvre Mère, sa santé s’est bien affaiblie cette année. De ce point de vue, elle est mieux dans un hôtel que chez elle, où elle se crée toujours mille obligations. Plus tard elles iront dans le Midi, ce sera meilleur pour Mère.

Marguerite Victor Perrin est toujours à Plombières.
LA BATAILLE DE CORONEL
L’oncle Alphonse espérait que les événements militaires iraient plus vite et qu’elle pourrait rentrer, mais il veut qu’elle attende qu’il y ait un résultat plus sûr dans la Haute Alsace et qu’on n’ait plus à craindre la venue des Allemands. Ici nous ne la craignons plus. On dégarnit d’ailleurs beaucoup la place d’Épinal, en infanterie comme en artillerie.

Nous allons partir aux vêpres des morts sauf une bonne qui garde la maison... Louis fait ses premiers pas, cela me rappelle nos premières années de mariage quand nous surveillions avec tant d’amour les faits et gestes de Dédé.
Si par hasard, tu passes dans une ville où il y ait encore quelques ressources, fais quelques provisions, car je doute que vous trouviez ce qu’il vous faut dans les campagnes.

XVI)
En août 1914, l’Afrique du Nord n’est pas un enjeu du premier conflit mondial. Tout a été verrouillé par les Puissances au bénéfice de la France. Mais Paris n’est pas aux commandes d’un ensemble totalement apaisé. Pendant ce conflit, révoltes et rébellions surgissent en permanence. Mouvements limités et marginaux cependant, qui ne remettent en cause ni l’effort de guerre ni la stabilité politique de l’ensemble Français. Il manque encore à ces mouvements l’articulation d’une pensée structurée et de chefs charismatiques qui surgiront plus tard. En d’autres termes, l’Afrique du Nord tient.

XVII)
L’appel au Djihad du Sultan de Constantinople :
Pourtant tout aurait pu basculer à l’automne 1914.
l’Empire Ottoman entre en guerre aux côtés des puissances centrales et le Sultan de Constantinople, Mahomet V, commandeur des Croyants, proclame le Djihad, la Guerre sainte contre les Infidèles, la France et la Grande-Bretagne. Cet appel, relayé le 23 novembre par une fatwa du Grand Mufti de Constantinople, inquiète Paris et Londres.
Les données stratégiques de la guerre sont bouleversées.
On craint le soulèvement des populations musulmanes en Afrique du Nord, en Égypte et aux Indes…
La Triple Entente décide immédiatement de mettre en place un blocus des côtes Ottomanes, entraînant aussitôt la suspension du pèlerinage de la Mecque et fragilisant par là même l’autorité du Chérif Hussein, opposant à l’Empire Ottoman.

La politique des « égards »
À une autre échelle et face au déploiement en métropole des Nord-Africains, militaires et travailleurs, l’institution militaire s’est préoccupée très tôt du respect des rites religieux de l’Islam dans ses rangs.
Le nombre de combattants concernés, blessés et morts au front, la concurrence Germano-Turque et surtout la perspective du retour en Afrique du Nord ont justifié cette « politique des égards ».
L'« indigènophilie » et la guerre précipitent la mise en place d’une politique « musulmane ». L’oratoire du jardin colonial, la kouba de Nogent-sur-Marne et la participation de la République au financement de l’institut musulman de la Mosquée de Paris sont autant de symboles de la gratitude des autorités Françaises et d’une politique active vis-à-vis du monde arabe.
XVIII)
Journée des tristesses et des consolations… Journée des souvenirs et des béatitudes.
« Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu’ils seront consolés. »
Tombés, là-bas, sous la mitraille meurtrière, les pères, mères, épouses, enfants, grand-parents, amis, pleurent le fils, l’époux, le père, le petit-fils, l’ami, qu’ils chérissaient tant, ils pleurent la disparition de celui qu’ils aimaient, ils le pleurent de toutes les larmes de leur corps. Pauvres gens ! Pleurez, pleurez, Notre-Seigneur vous l’a dit « Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu’ils seront consolés. » « Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume des cieux est à eux. »
La France et tous les Français souffrent la persécution de ce peuple vandale Germanique.
La France lutte pour la civilisation, la liberté et la justice. Comment ne devra-t-elle pas être victorieuse et posséder le plus grand, le plus précieux des biens : le Royaume des Cieux.

Elle saigne la France sous la persécution barbare, elle offre l’holocauste des plus purs de ses enfants, elle en appelle à la Justice de Dieu !

Et chacun prie de toute son âme, en ce jour plus triste que les autres, et aux messes matinales nombreuses sont les Saintes communions reçues.
Le tantôt je vais au cimetière de la ville (le matin je suis allé au cimetière de Vienne, ma première visite a été pour la tombe où reposent mon cher père et mes chers grands parents), au cimetière de la ville les tombes militaires sont décorées de drapeaux Français. Il y a foule, et cette foule, elle ne vient pas à un pieux pèlerinage, elle vient voir et assouvir sa curiosité. Les uns et les autres parlent à haute voix, ou se bouscule presque pour lire les inscriptions, on lit à haute voix les noms de ceux qui sont morts dans nos ambulances, nul respect, nul sentiment d’émotion.

Que sera-ce dans un an, dans deux ans, dans 10 ans ! L’oubli ! L’oubli le plus profond !! Dieu seul n’oublie pas…. !
DUNKERQUE

Ceux qui prient sur ces tombes sont bien peu nombreux, il en est –cependant – et j’en vois – qui prient tout leur cœur, mais comme ils sont rares !
Je vais aux deux emplacements réservés aux sépultures militaires, j’y dépose – à chacun – une belle fleur de chrysanthème et ma prière, puis je quitte le cimetière après quelques prières déposées sur des tombes chères.
Je vais ensuite aux vêpres à la cathédrale et je rentre.




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Novembre 1914 - La Vie en Lorraine (1/3) - blamont.info
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