mardi 11 novembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 28 OCTOBRE 1914

 28 OCTOBRE 1914

I)
Le 28 novembre 1912 : L'Albanie proclame son indépendance, alors qu'une partie de son territoire est encore occupée par la Serbie.

16 mars 1913 : Occupation d'une partie de l'Albanie par la Grèce.

23 avril 1913 : Occupation d'une partie de l'Albanie par le Monténégro.

6 mai 1913 : Fin de l'occupation de l'Albanie par le Monténégro.

14 mai 1913 : Occupation d'une partie de l'Albanie par une Administration internationale.
29 juillet 1913 : L'indépendance de l'Albanie est reconnue par les Grandes puissances.

II)
Notre ligne est très solidement établie entre l'Yser et Lens... Non seulement nous n'avons pas subi le moindre recul, mais encore nous avons réalisé quelques progrès entre Ypres et Roulers.

Sur l'Aisne, plusieurs batteries ont été détruites par les nôtres.

Enfin, à la frontière de la Lorraine annexée, nous avons pris une offensive victorieuse.

Guillaume II a pris le commandement suprême des forces Austro-Allemandes. Les officiers Austro-Hongrois commencent à protester contre le traitement subordonné qu'on leur assigne, et ils estiment que les officiers Allemands prennent trop de place dans leur pays.

Les troupes Autrichiennes continuent d'ailleurs à être battues sur toute la ligne par les Russes. Une de leurs divisions a été complètement détruite à Sambor.

On annonce que le maréchal von der Goltz, gouverneur général de la Belgique, depuis la prise de Bruxelles, serait rappelé...
La Grèce a décidé d'occuper l’Épire Septentrionale
Ce Pays, habité par des populations de langue et de souche Helléniques, sont depuis la guerre des Balkans aux mains d'un gouvernement insurrectionnel. Or il vient d'être assailli par les bandes Albanaises, en sorte que l'action du gouvernement d'Athènes a un caractère de protection.

Les Allemands ont attaqué l'Angola. La plus grande des colonies Portugaises, qui est située sur la côte occidentale d'Afrique, et qui est peuplée de 4 millions et demi d’habitants.

Un paquebot Français qui portait des réfugiés du Nord et du Pas-de-Calais a sauté sur une mine, près de Boulogne. Il y a trente victimes.

III)
Le 28 octobre 1914, le temps est pluvieux et  l’artillerie Allemande canonne violemment les bois du Luxembourg durant toute la journée (et plus particulièrement les tranchées Cadiot et Villecourt) ainsi que la zone comprise entre ces bois et le canal en face du « Fort Chabrol ».

Vers 18 heures, sous l’effet de cette canonnade, les troupes de la 9e compagnie occupant la tranchée Villecourt reculent.
Ce mouvement est signalé au commandant du secteur (Lieutenant Roussel commandant le 3e bataillon ainsi que la 11e Cie).
Le lieutenant Vié de la 10e compagnie,  s’y porte personnellement et en confie la garde à un détachement sous les ordres de l’aspirant Masson-Forestier. Retournant à sa compagnie face Est du bois rectangulaire, il trouve le bois triangulaire violemment attaqué par l’infanterie Allemande qui a passé le canal sur l’écluse de Loivre.
Prévenu de ce repli, le lieutenant-colonel Armand, commandant le régiment, envoie une compagnie (la 1re compagnie, lieutenant Bonjean) du 1er bataillon alors en réserve à la ferme du Luxembourg renforcer la position Française à la corne Nord du bois avec mission « d’en chasser l’ennemi » avec le 3e bataillon. Il ordonne en même temps aux 3 autres compagnies du 1er bataillon de se porter à la mare Ouest du Luxembourg ou le poste de commandement est installé.

Vers 18h30, les tranchées, très éprouvées suite aux bombardements de la journée, sont abandonnées malgré une défense au corps à corps (baïonnette et couteau).
L’attaque Allemande se concentre alors sur les tranchées du bois rectangulaire. Les assaillants les attaquent à l’aide de grenades et de cartouches de dynamite.
Fortement attaquées, les 10e et 11e compagnies se défendent et, repoussent par 2 fois, à la baïonnette, l’adversaire... Durant cette période, le 5e RI est mis en alerte.
Vers 19h, une colonne Allemande venant de Loivre attaque le bois sur son flanc gauche.
Le 119e RI contre attaque une nouvelle fois à la baïonnette et parvient à contenir un moment l’ennemi. Le surnombre ennemi pousse alors  le 3e bataillon du 119e RI à abandonner « un peu précipitamment » le bois. 
La 10e compagnie reste la dernière dans le bois pour maintenir l’adversaire et ne le quitte que vers 20h. La 10e compagnie se replie alors à environ 150 mètres de la lisière ouest du bois.
Prévenu des progrès ennemis, le lieutenant-colonel lance immédiatement 2 compagnies sur les bois du Luxembourg par son saillant Nord-Ouest gardant seulement une demi-compagnie en réserve. Le but de cette manœuvre étant de contre attaquer violemment l’ennemi avant qu’il ait eu le temps de s’organiser dans les bois.
De plus le 3e bataillon qui vient d’évacuer les bois reçoit l’ordre de se reporter à l’attaque sur le côté Ouest du bois et la compagnie de réserve du 2e bataillon reçoit quand à elle l’ordre d’attaquer le bois par le Sud près du ruisseau.

Suite à ces 2 replis successifs, le général commandant le 119e RI fait appel à un bataillon de renfort. De plus l’artillerie Française bat la lisière Nord des bois ainsi que le bord du canal.

À 19h, les 4 compagnies du 2e bataillon du 5e RI (capitaine Sigaud commandant le 2e bataillon) sont envoyées en renfort au 119e RI.
À 20h, les compagnies du 5e RI arrivent en renfort.
À 20h20, les compagnies du 5e RI partent au combat, deux compagnies sur la face Nord Ouest, une compagnie sur la face Sud-ouest.

Le dispositif d’attaque est alors le suivant :
- au centre et sur l’ouest : reste du 3e bataillon, c'est-à-dire 2 compagnies (10e, lieutenant Vié et 11e, lieutenant Roussel) solidement et vigoureusement « commandées ».
- sur le flanc nord ouest : 3 compagnies du 119e RI appuyées par 2 compagnies du 5e RI ;
- sur le flanc sud ouest : une compagnie du 5e RI (la 8e compagnie), la compagnie du 119e RI n’ayant pas été saisie par son ordre de participer à cette attaque.
- une compagnie du 5e RI en réserve.

À 22h, pendant que les soldats situés sur les ailes avancent aisément et  que le centre avance plus péniblement, la compagnie du 5e RI attaquant au sud du ruisseau se replie en hâte au Luxembourg,  suite à un défaut de liaison avec le 119e RI. Le lieutenant-colonel décide alors de la reporter en avant au moyen d’une section  du 5e RI prise sur la compagnie de réserve en attendant un nouveau renfort du 5e RI.

Vers 22h30, le mouvement en avant recommence mais des comptes rendus signalent la lenteur de l’avance sur tout le front.
À 23h Le lieutenant-colonel Arnaud renforce cette compagnie en demandant une compagnie du 5e RI en renfort au commandement de Cauroy (commandant Picard). La 3e compagnie est envoyée en renfort.
Situation de prise d'armes :
28 Officiers 2105 Hommes.
Rien de nouveau. Même emploi du temps que la veille.
IV)
Le colonel cite à l'ordre du Régiment : Le soldat 2e classe [Quernin], CHR.
« A assuré son service de cycliste par tous les temps et dans toutes les circonstances avec intelligence et dévouement et a montré depuis le début de la guerre une parfaite compréhension du devoir ».

Les combats de ces derniers jours ont fait énormément de victimes, la fatigue étant là, les attaques Allemandes sur le front des Flandres et du Nord diminuent en nombre et en intensité.

Le général Foch voit son offensive stoppée devant Ypres. Les Allemands tentent de nuit une offensive très violente dans la région de Craonne, sur les hauteurs du Chemin-des-Dames, ils sont repoussés.

En Voivre et en Lorraine, ce sont les Français qui prennent l'offensive.
Sur les autres théâtres d’opération

Une dépêche de Sluis (Pays- Bas) au Telegraaf décrit la bataille qui se livre actuellement dans la Flandre Occidentale, laquelle est très acharnée :
Les obus des navires de guerre font de grands ravages dans les rangs Allemands.
Les canons ennemis installés à Nieuport et à Ostende répondent.
Les Allemands ont encore traversé l'Yser à plusieurs reprises, mais chaque fois, ils ont été repoussés par l'artillerie et les mitrailleuses.
La bataille qui se livre entre Dixmude et Ypres et tout le long de l'Yser est encore indécise.

Les blessés continuent à affluer en grand nombre à Bruges.

Des troupes Allemandes patrouillent dans les dunes situées le long de la côte.

Au sud de Varsovie, la bataille s'étend de Rava au confluent de l’Iljanka avec la Vistule, sur un front de 100 kilomètres.
Dans la région au nord-est de Rava, les Russes infligent aux Allemands de grosses pertes.
Des combats acharnés ont lieu dans les bois, entre Kozienice et Radom.

Très peu de nouvelles, en provenance de la région Nord – Pas-de-Calais, arrivent à Paris, en ce mercredi 28 octobre, « Le Temps » publie un seul télégramme, le voici :
« Télégraphiant d'un point situé au nord-est de la France, un correspondant du « Central News » écrit :
Les Allemands ont remporté la semaine dernière dans le voisinage de Lille la plus « brève » victoire de la guerre. S'étant massés derrière une colline, ils se précipitent sur les tranchées Anglaises comme un torrent impétueux.
Ils sont accueillis par une grêle de mitraille mais la force du nombre l'emporte et leur flot submerge les tranchées Anglaises.
Continuant leur marche, ils s'avancent, certains de la victoire, lorsqu’ils se trouvent en présence de réserves Anglaises qui, sur ce point, sont composées des troupes de l'Inde.
Une courte mêlée se produit puis les Cipayes et les Gourkhas, après avoir sérieusement houspillé l'adversaire, se lancent contre lui avec une énergie sauvage. Bientôt l'ennemi est rejeté au-delà des tranchées prises par lui quelques instants auparavant, puis derrière la colline qui lui ont servi d'abri tandis que la baïonnette des Cipayes et le redoutable poignard des Gourkhas causent de terribles ravages dans ses rangs.
Jamais on ne voit un tel carnage. Suivant un officier d'état-major le total des pertes Allemandes a été de 20 000 à 22 000. Les pertes des alliés n’ont pas dépassé 2 000. »
Le Temps publie une nouvelle venant de « L’lmparcial de Madrid », qui doit réjouir les combattants, comme à leur habitude...
Elle annonce qu'un des 3 canons de 420 qu'emploient les Allemands à leur aile droite explose par excès de charge et provoque une terrible catastrophe.
Les servants et 250 hommes qui sont à proximité de la pièce sont horriblement déchiquetés, leurs membres sanglants retombent sur un détachement de cavalerie, à 11 kilomètres du lieu de l'explosion.
Des éclats de mitraille atteignent des forces d'infanterie qui se tiennent à 7, kilomètres, tuant et blessant de nombreux soldats.

V)
28 octobre 1914. Ménil-aux-Bois
Ah ! les pauvres bougres !
Ils sont arrivés une cinquantaine dans le village, cette nuit, couverts de boue et de poussière de plâtre, les yeux hagards, les mains tremblantes, les lèvres blanches.
Ils viennent de Sampigny, en débandade, ayant monté la côte en courant. Et il est difficile pendant quelques minutes de savoir quels sont ces soldats barbus, affolés, sans arme, sans sac, sans parole.

Ce sont des territoriaux arrivés hier soir à Sampigny pour renforcer les contingents. Ils menaient à Cosne une vie mi-civile, mi-militaire, balayant les rues le matin, apprenant mollement à creuser des tranchées, l’après-midi.
« Des tranchées ? Peuh ! à quoi ça sert ? C’est pour embêter le monde puisque nous ne sommes pas pour aller au feu… »
Ils menaient à Cosne une vie douillette, agrémentée de la visite hebdomadaire de leurs femmes, chargées de vin, de pain tendre et de tabac…
Et puis samedi dernier on en a mis 250 dans un train, destination inconnue. Le lundi matin ils se sont retrouvés débarqués à Sorcy.
Sorcy ?
« Qu’est-ce que ça peut ben être que ce patelin-là ?… »

Et hier soir, Mardi, ils viennent à Sampigny prendre leurs cantonnements. Comme ils sont las d’un si long voyage, on leur ouvre une belle grange, bien garnie de foin. Ils s’y tassent et s’endorment.

A 10h, un sifflement ! Piuuuu !… Oh ! Cela ne les a pas réveillés. Ils ne savent pas encore !… Et c’est en plein sommeil qu’ils reçoivent cet effroyable baptême du feu.

Le premier obus tombe dans le tas des dormeurs et le sang qui gicle est abondant puisque parmi les survivants qui sont accourus à Ménil il n’y en a pas un qui n’ait sa capote, sa musette, son pantalon maculés du sang des camarades... L’un d’eux avait sur son képi de la matière cérébrale…

Ah ! les pauvres bougres !… Il y a de quoi devenir fou. Quitter un Cosne si paisible pour un pareil Sampigny !
VI)
Les nouvelles de la bataille du nord, disputée depuis une vingtaine de jours, sont bonnes aujourd’hui, peut-on espérer enfin voir s’engager bientôt les opérations en vue de repousser les Allemands de Brimont, Witry, Berru, etc, d’où ils ne cessent de bombarder Reims ?

Les combats du 28 – 29 octobre 1914 près de  Cauroy-lès-Hermonville vers la guerre des tranchées ?...

VII)

Le combat de Penang est un engagement naval  ayant opposé, le 28 octobre 1914, le croiseur Allemand SMS Emden à des navires Français et Russes, dans le port de Penang  île de la côte ouest de la péninsule Malaise  alors sous contrôle Britannique (aujourd’hui Malaisie), dans le détroit de Malacca.
VIII)
Ce matin, visite du Médecin-chef, le professeur Jean-Louis Faure, c’est, paraît-il, un des plus réputés chirurgiens de Paris.
Il m’interroge très amicalement et m’encourage d’une manière tout à fait cordiale.
IX)
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Nuit tranquille pour la ville. Coups de canon dans la matinée.

Visite au Petit Séminaire, à M. le Curé de Saint André, à son École de Filles, très endommagée,
A l’École Ch. Rogelet le rez-de-chaussée est seul utilisable : Le reste détruit,
A l'église paroissiale, dont les vitraux sont très endommagés, plusieurs fenêtres crevées, voûtes percées en plusieurs endroits. Inhabitable pour le moment.
Visite à la Chapelle provisoire, chapelle du Cercle (rue d'Ormesson) où s'exerce le culte, et peut contenir 200 personnes.

Canonnade violente et bombes à 21h.

Dès 8h15, une affectueuse lettre de Marcel (du 24) vient éclairer d’un rayon de soleil les si sombres heures que nous traversons.
Il a participé aux engagements du Nord, peinant tant et plus et de toutes façons, supportant vaillamment la fatigue des jours de bataille avec la crânerie du vrai soldat Français, mais ce qui abat notre cher fils, c’est de savoir la mort d’André, que j’ai cru ne pas devoir lui cacher, de crainte qu’il ne l’apprenne indirectement.

Sa douleur égale la nôtre, et plein de fraternelle commisération pour Marie-Thérèse, il s’unit à nos prières pour lui obtenir la résignation et le courage qui lui sont si nécessaires.
Et d’Épernay (22 Octobre) c’est Marie qui se fait l’interprète de tous pour dire l’ennui d’un exil aussi prolongé, et l’inquiétude que provoque la rareté des nouvelles.
(Réclamer à ce sujet au Ministre des Postes, car la faute n’en doit être imputée à aucun de nous, je crois ; en ce qui me concerne, j’ai lancé à ce jour à Épernay des lettres en date des 14-15-16-20-21-23-25-26 et 28 octobre, et on ne m’a encore accusé réception que des 3 premières).

On est heureux d’apprendre que son paresseux de Jean vient enfin de faire ses premiers pas.

Dans l’après-midi, M. René Varin rentre à la maison dont il était parti depuis le 31 août. Son retour s’est effectué de Bourges à Paris en auto, de Paris à Dormans par l’Est, et de Dormans à Reims par le C.B.R.

Pour se mettre au courant de notre vie « en état de siège » il ne saurait mieux arriver, car un calme relatif nous permet de respirer, mais si au Reims lugubre qu’il ne soupçonne pas ainsi, vient s’ajouter une séance de canonnade un peu vive ou de bombardement même intense, je crois bien qu’il ne tardera pas à me fausser à nouveau compagnie.

X)
« Mes oncles, Jacques et André, sont soldats pendant la Première Guerre mondiale », raconte Dominique Létondot, ancien combattant de 83 ans.
Ils appartenaient au 119e Régiment d'infanterie de Lisieux. « Jacques avait rêvé que la guerre toucherait à sa fin le 28 octobre 1914. Il a été tué ce jour-là, à 19 ans. »
Hier, la famille Létondot, originaire de Mézidon-Canon, entre Caen et Lisieux, a commémoré les cent ans de la disparition de Jacques.
Dominique, qui habite près de Bayeux, a organisé une expédition, avec « 2 de mes frères, et 13 petits-enfants, sur 21 », en Champagne.
Plus précisément à Cauroy-lès-Hermonville, où ils ont découvert la Ferme du Luxembourg, entièrement reconstruite. C'est dans ce lieu, surnommé « La ferme de l'enfer » par les soldats, que Jacques Létondot a trouvé la mort. Comme beaucoup de soldats Normands.

Ce 28 octobre 1914, André et Jacques, respectivement caporal et sergent, combattent côte à côte. Dans les tranchées, sous les bombardements des « Boches », les deux frères « portent un uniforme rouge, mais pas de casque. »

Soudain, Jacques ne répond plus aux appels d'André. Ce dernier s'aperçoit de sa blessure au front. « Quand il tente de le secourir, il prend une balle dans le bras », explique Dominique Marie André Jacques Létondot, son quatrième prénom rendant hommage à son oncle.
Bilan de cette terrible journée : Jacques est mort, André est hospitalisé.
« Après la guerre, André et son père sont retournés à la Ferme du Luxembourg. Mais nous n'avons jamais retrouvé son corps. (Ils les laissaient souvent sur place), témoigne le neveu, l'un des seuls survivants de sa classe à l'école Sainte-Marie, bombardée à Caen, pendant la Seconde Guerre mondiale cette fois...

André a rebondi en devenant professeur principal du lycée Émile-Maupas, à Vire. « Il est décédé en 1974, le 11 novembre », jour anniversaire de l'Armistice.

XI)
Nous sommes retombés dans l'ambiance des manœuvres d'avant-guerre, aujourd'hui.
Il semble que les chefs aient décidé de reprendre en main l'ensemble de la troupe. Donc, exercices de combat aux alentours du cantonnement !
Comme si on ne se battait pas assez !
Ils ont sûrement besoin de se rassurer. Faire leurs gammes. Réviser les ordres de bataille pour ne pas perdre pied quand on sera de nouveau confrontés pour de vrai.

Parce que pour nous, ça ne change pas grand-chose. Se déployer, se poster, courir, tirer, ramper, monter à l'assaut baïonnette au canon.
Toujours la même rengaine. Étonnamment facile à l'exercice. Sous le feu de l'ennemi, ce n'est pas la même débandade. On faisait moins les fiers, quand on reculait vers la Marne !

Faut sûrement exercer les jeunes officiers et sous-officiers à leur nouveau commandement. Avec les pertes des semaines passées, les derniers nommés doivent avoir besoin de s'affirmer, et d'asseoir leur autorité. D'apprendre leur nouveau métier. Si seulement on leur apprenait à éviter les pertes et les morts inutiles !

Il faut aussi certainement intégrer les nouveaux venus dans les sections. Apprendre à tous à fonctionner ensemble. C'est qu'il en arrive tous les jours, des nouveaux.
Alors entre les anciens, fatigués et râleurs, et les jeunes, apeurés et gouailleurs, il y a du boulot !
Pourtant, je crois qu'on essaye de bien les accueillir, les nouveaux. De les aider à surmonter le choc de se retrouver propulsés là, sans autre forme de procès. Enfin, ça dépend des anciens !
Il y a quand même quelques c... qui essayent d'en profiter, pour échapper aux corvées, ou pour se rendre intéressants. Ça doit leur donner l'impression d'exister.

Ceci dit, faudrait pas qu'on cogite de trop non plus. C'est dans ces moments là qu'on se dit que ça n'a que trop duré. Qu'on se demande à quoi rime cette guerre. Les jeunes conscrits arrivent, et nous, on rentrerait bien chez nous !
D'ailleurs, 3 hommes ont été portés déserteurs lundi... Sont rentrés hier soir. Ils ont dû en avoir marre, et aller courir la gueuse ... Je les comprends
Et donc, après l'exercice, séance de nettoyage et de récurage !
Lavage des vêtements, des équipements, des armes, des bonshommes...
Et passage en revue de l'ensemble, bien sûr !
Même les caleçons et les ongles y sont passés.
Rasage de près, cirage des cuirs, il y avait intérêt à sentir le propre devant l'adjudant !
Pas facile quand même : Juste un seau, avec presque pas d'eau. De toute façon, froide. J'en ai aussi profité pour passer chez le « coiffeur ». Rasage intégral. Ça m'épargnera au moins les poux...

XII)
... Tu me dis que tu viendras me voir quand nous recommencerons la navette entre Verdun et les forts. Mais nous n’avons jamais été à Verdun, pour ma part je n’y ai été qu’une fois de 17 à 19h. Quant aux forts, nous n’y avons jamais séjourné, mais nous y allons pour exécuter des travaux, c’est tout.

Notre existence depuis 3 mois, ne s’est passée que dans les tranchées et aux avant-postes (à part 15 jours passés à Chevert). Il est certain que beaucoup de femmes de territoriaux ont pu aller voir leurs maris, mais il faut te dire qu’il y à peu de régiments d’infanterie territoriale qui aient l’honneur d’être en première ligne comme le 15è.

Cette idée de voyage est à abandonner complètement pour le moment car il est à peu près certain qu’aussitôt les Allemands chassés de la Woëvre, nous entreprendrons le siège de Metz.

Il faut accepter courageusement l’idée d’une longue séparation et cette séparation elle-même, et ne mettre notre espoir qu’en Dieu. Tu sais que ceux qui mettent leur confiance en Notre Divin Maître, n’ont jamais lieu de désespérer.

Pour ma part, je Le remercie chaque jour davantage de la résignation et du courage qu’Il me donne, ainsi que de la santé qu’Il m’accorde, bien heureux qu’un accès de goutte ne vienne pas mettre obstacle à l’accomplissement de mon devoir.
En partant de Laon, le Colonel et tous les officiers considèraient le régiment comme complètement sacrifié. Dieu ne l’a pas voulu ainsi, remercions-Le donc
de sa providence et remettons-nous entièrement à Lui. En ne le faisant pas, ce serait Le méconnaître.


28 octobre 1914. Ah ! les pauvres bougres ! | Comme en 14
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28 oct. 2014 - 28 octobre 1914. Ménil-aux-Bois Ah ! les pauvres bougres ! Ils sont arrivés une cinquantaine dans le village, cette nuit, couverts de boue et de …

85/ Journal de la grande guerre: le 28 octobre 1914 | 1914 ...
reims1418.wordpress.com/.../28/85-journal-de-la-grande-guerre-le-28-o...
28 oct. 2014 - 28 octobre 1914 Journal du rémois Paul Hess (extraits) Les nouvelles de la bataille du nord, disputée depuis une vingtaine de jours, sont ...




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